Il y a de plus en plus de têtes aux cheveux colorés à Tokyo, notamment ici dans les rues de Harajuku. Ce n’est pas un phénomène uniquement japonais car je remarque aussi beaucoup de touristes étrangers ayant les cheveux de toutes les couleurs. Je me croirais revenir 20 ans en arrière, quand l’image que l’on avait de Tokyo était celle d’une jeunesse aux cheveux colorés comme des personnages de Manga. C’était loin d’être le cas à l’époque et on se rapproche en fait un peu plus de cette image maintenant. Dans les rues de Harajuku, la foule est présente comme toujours. Je retrouve dans ces rues le building en porte-à-faux Undercover Lab de Klein Dytham dont je parlais dans le billet précédent. Je repasse également devant la galerie Design Festa à la façade déconstruite de tubes métalliques noirs. Elle ne se trouve pas très loin du Undercover Lab, mais les rues de Ura-Harajuku (l’arrière de Harajuku) deviennent vite un labyrinthe pour moi et je m’y perds souvent. Je reste intrigué par l’étrange objet bleu de la première photographie intitulé Coin Parking Delivery, qui me fait penser à une petit piste de skateboard, certes un peu dangereuse. Malgré la foule, je suis toujours attiré par ce quartier et notamment par la rue piétonne Cat Street. Un peu plus loin, dans le building GYRE, on y montre une exposition, intitulée From the fringes of the mind, de quelques œuvres de David Lynch, extrêmement étranges comme on pourrait s’en douter. On retrouve dans les quelques peintures et le petit film animé montrés dans cette exposition, une étrangeté assez proche de certains épisodes de la dernière saison de Twin Peaks. Il n’y a pas de liens directs entre cette exposition et la série télévisée, mais on retrouve la même sensibilité de l’auteur, l’impression en quelque sorte d’entrer dans un monde parallèle.
Des têtes colorées, je passe aux pieds. Une fois n’est pas coutume, j’accompagne cette série de photographies à Harajuku d’un nouveau morceau électronique. Il se mélange avec les sons de la rue pris sur Cat Street. Je n’avais pas construit de morceaux électroniques depuis plusieurs années (le dernier morceau datant de Mai 2017), mais j’avais par contre fait une petite série de sons de rues en quatre épisodes en février 2018. Ce nouveau morceau que j’appelle donc Harajuku walk et qui est disponible sur SoundCloud mélange ces deux approches de sons électroniques et de sons de rues. Le morceau commence par des notes lumineuses comme un émerveillement de découvrir ces espaces urbains riches en surprises, mais se transforme à mi-parcours en une machine beaucoup plus sombre au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans le dédales des rues de Harajuku. C’est une manière de représenter la densité urbaine qu’on trouve dans ces rues, que ça soit par la présence humaine ou par l’excès visuel qui s’y opère. Quelques décrochages volontaires de notes viennent s’introduire à certains moments sur la deuxième partie du morceau. J’aime beaucoup représenter l’imperfection des choses et essayer de la mettre en lumière en musique ou en images.