Je ne connais le quartier de Shimo Kitazawa que superficiellement pour y avoir passer quelques fois et goûter à l’ambiance de quelques bars, mais dès que l’on pénêtre dans les rues près de la gare, on est tout de suite saisi par cette ambiance particulière de quartier-village. On baigne dans une foule piétonne jeune naviguant dans des petites rues étroites bordées de maisons basses, dans un bazard presque incontrôlé de petits magasins, restaurants et bars. Ce quartier est si différent du reste de Tokyo et les résidents de Shimo Kitazawa tiennent à cet aspect unique, cool et dynamique, à l’écart des grands axes. Ce quartier n’est pourtant qu’à 3 stations de train de Shibuya, mais parait pourtant si éloigné comme un bastion préservé.
J’arrive à Shimo Kitazawa à moto en circulant lentement sur les fines routes en zig-zag jusqu’au passage à niveau près du poste de police. Je stoppe à ce niveau là, car la conduite à l’intérieur de Shimo Kitazawa est difficile sinon impossible. On apprécie de toute façon beaucoup mieux le labyrinthe de rues à pieds. Je viens à Shimo Kita en ce dimanche suite à la lecture du compte rendu d’un Urban Typhon (de fil en aiguille internet, un lien vers une de mes photos sur le blog de Matias Echanove, me fait découvrir cet atelier dont il est l’un des organisateurs).
Urban Typhoon (mené du 26 au 29 juin 2006) était donc un atelier dédié à Shimo Kitazawa, menacé depuis 2003 par un vaste plan de redéveloppement urbain. La municipalité de Setagaya, dont Shimo Kitazawa fait partie, prévoit de construire une nouvelle route de 26m de large coupant Shimo Kitazawa en deux (d’ici 2013), développer une série d’immeubles d’environ 17 étages dans le centre près de la gare (District 10), d’enterrer la voie de chemin de fer Odakyu. Ce projet va bien entendu dénaturé le quartier, le faisant ressembler au reste de Tokyo en pardant ses particularités. L’atelier Urban Typhon avait pour but de témoigner de la valeur culturelle et de l’esprit si particulier de Shimo Kitazawa (à travers des témoignages vidéo, audio, manifestations artistiques, …) , de proposer des alternatives aux plans de redévelopement municipal et de sensibiliser les résidents. Urban Typhon réunissait une trentaine de personnes: des urbanistes, architectes (par ex: Kazuhiro Kojima et Kazuko Akamatsu de CAt), d’artistes, étudiants, membres de communautés de résidents ou de simples amoureux de Shimo Kitazawa. Je ne sais pas si les résultats de l’atelier ont été présenté à la municipalité et quelles ont été les réactions.
L’association Save the Shimokitazawa (STSK) faisait parti du groupe d’étude. Elle est composée d’amoureux de Shimo Kitazawa, militant pour la préservation de l’esprit du quartier et contre ce nouveau plan d’urbanisme. Sur le site Internet de STSK, on peut découvrir en détail les évolutions urbaines planifiées: de hauts immeubles, un terminal de bus et taxi près de la gare, invitant les automobiles à l’intérieur du quartier. Bien que ça ne soit pas encore confirmé par la municipalité, un des points positifs de ce plan de redévelopment est la mise en place de zones piétonnes, sur les espaces libérés par la ligne de train Odakyu enterrée.
Une fois que la ligne Odakyu serra enterrée, la municipalité de Setagaya prévoit l’élargissement de la route 54 coupant Shimo Kitazawa en deux (Nord et Sud).
Je voulais re-découvrir en ce dimanche l’ambiance du quartier, pour constater que les travaux sur la voie Odakyu ont apparemment déjà commencé. Le batiment près de la gare est également détruit et le « raconteur de mangas, hirsute et rauque » a disparu (il faisait parti du décor à l’entrée de la gare).
Pour découvrir un peu plus Shimo Kita, allez explorer les photos intimes de Karl. Je repense à son site en longue pause malheureusement, car j’ai cru apercevoir son auteur en sortant du quartier, mais je n’en suis pas certain…
Parler de quartier étudiant me rappelle ma jeunesse et la musique que j’écoutais il y a 15 ans. Tout d’un coup me revient en tête ce disque des Smashing Pumpkins, Siamese Dream, que je n’ai pas écouté depuis plus de 10 ans. Souvenez-vous, Smashing Pumpkins, était un groupe rock de Chicago mené par la voix de Billy Corgan, à l’époque du grunge de Nirvana/Pearl Jam. Je réécoute le disque avec nostalgie en écrivant cet article, connaissant les mélodies par coeur. J’étais fan au début des années 90 (avant qu’ils perdent leur mojo) du genre à collecter tous les singles et bootleg. Ca a un charmant air de démodé maintenant (bien que le groupe vient de se re-former cette année sans James Iha et D’arci).
tu deviens guide in tokyo :)
très sympas tes NB
mais euuhh! en quoi c’est démodé les smashing! Siamese Dream reste un album excellent J’imagine que tu connais le Pisces Iscariot egalement (rhaaa Blew Away…)
En parlant des Smashing Pumpkins, j’étais un fan aussi, je crois que j’ai tous les albums d’ailleurs. J’ai appris qu’il jouait dans ma ville natale en Août (à Colmar) mais effectivement pas le groupe complet d’origine… Tanpis moi je serais au Brésil à ce moment là, pas de regrets. :)
Il y a eu une histoire identique avec une léproserie à Taipei, on voulait y faire un parking à métro… Il me semble que la municipalité à renoncer. Excellent le site de Karl !
Shimokitazawa vit son agonie lente. Quelques pas, quelques rondes dans les rues tendres, le mouvement à la sortie de la gare est comme le vent sur les rizières. Il y a une vibration fébrile. Quelques promoteurs gourmands vont bétonner tout cela, et les rêveurs pousseront un peu plus loin la poésie péripapéticienne dans les rues sombres d’un autre village urbain.
Il reste encore quelques années d’oxygène, profitons en.
Fredox, Non, c’est pas dans mes plans de devenir guide :-) et je ne pourrais guider personne dans Shimo Kitazawa malheureusement…
Bikoko, Oui, Siamese Dream est un excellent album (je connais bient entendu les Pisces Iscariot et Gish). Le style rock ricain est peut être un peu moins à la mode par rapport au retour du rock à l’anglaise. Mais bon, les modes, on s’en fout et c’était mieux avant :-)
David, des photos du Brésil bientôt donc …
Yubai, Oui, et il a une belle écriture comme dans l’exemple ci-dessus :-). Karl, merci pour ce petit instant de poésie. Je vais essayer d’y respirer un peu plus souvent.
encore une fois une balade pleine de signes visuels, de réflexions sur un procés urbain familier. on attendra que la vie urbaine éxistante ne soit pas disparue sous le nom du faux progrés…
Bonjour, un ami m’a filer l’adresse de ton site pensant, à juste titre que j’apprécierai…
Ba oui, forcèment que j’apprécie, j’adore tes noirs et blancs, j’adore l’humain, j’adore les photos citadines, bref j’adore ton regard, les photos sont vraiment de qualité, alors je m’associe à d’autres, si un jour tu vends ton photo book, penses à moi..
Un jour j’irai au Japon, je voyage pas mal mais pour l’instant, je n’ai jamais été aussi loin , mais j’y pense chaque année, et je repousse, je repousse.. Mais j’attends d’avoir un budget assez conséquent pour y rester un mois complet..
Bref.. Fred, merci de faire partager tes photos…
Je te dis à plus, je repasserai souvent..
Bon ben ce post de rappel m’a finalement donner envie de réécouter les SP, et je suis même allé chercher le nouvel album Zeitgeist… Pas mal du tout, ça fait du bien après une si longue abscence.
PS: Oui sûrement des tas de photos du brésil en perspective, et peut-être même à titre professionnel…
Merci pour vos messages. David, oui, moi-aussi en fait, j’ai encouté SP en boucle ces derniers jours.
quand je résidais à Sétagaya Ku j’adorai prendre la rue paralelle a wakabayashi, enorme artère polluante,bruyante pour arriver en bas de Shimokitazawa. Ensuite je remontais une petite rue qui allait vers la gare Et là, recommandé par des japonais, sur la droite , le sushi bar le mois chère de tout le secteur. Quel bonheur! après la moiteur des fins de journée, la fraicheur du poisson frais.Pas d’extra mais que du bon.
J’adore ton regard du japon.
A bientot.
Sébastien
Salut Fred,
Je me replonge dans ton site pour la premiere fois depuis longtemps, je goute ta nostalgie pour Shimo Kita (j’en etais presque voisin a l’epoque, avant qu’on se connaisse, ou j’habitais a Sangenjaya), epoque donc lointaine ou j’ecoutais aussi la voix torturee de Billy Corgan. Today is the greatest…
Sam (desormais a Ho Ch Minh Ville)
Merci Sebastien.
Salut Sam, c’est faisait longtemps qu’on ne s’était pas donné de nouvelles. Tu es donc parti avec la petite famille pour de nouveaux horizons, de retour en Asie. Sympa ca.
Le conteur de manga rauque et hirsute est toujours aussi hilarant et officie désormais dans Inokashira Keon les dimanches de marchés.
Je vais régulièrement à Inokashira Koen, je l’apercevrais peut être parmi la foule.
Le conteur de mange officie toujours a Shimokita. Je l’ai vu il y a quinze jour.
J’aimerais penser que cela possible de faire quelque chose, en meme temps plus je travaille ici, plus je regarde ce qui c’est passe ici (pour exemple l’ensemble de logement sociaux de omotesando), je me dis qu’il y a peu de chance de faire reculer une administration japonaise. C’est aussi cela le japon…