Avec un peu de retard, voici la suite de cette petite série de photographies désordonnées mais toujours avec pour point de démarrage une mosaïque murale de Invader. J’ai trouvé celle ci-dessus dans les rues de Shimo-Kitazawa.Les autres photographies sont vraiment en vrac mais on peut y trouver un bout d’escalier doré du sanctuaire de Hikawa dans Shibuya-ku, la Cadillac de Misora Hibari, quelques photos de rues à Uehara et Shimo-Kitazawa avec quelques maisons à l’architecture intéressante. Celle avec les plaquettes de bois me fait penser à du Kengo Kuma, mais je n’en ai pas trouvé la trace sur son site internet. Certainement autre chose car la forme du bâtiment en elle même est en fait assez quelconque. Coté musique, je suis accroché en ce moment au dernier album de Flying Lotus « You’re Dead! » qui est vraiment très très bon. Avec le nouveau SBTRKT sorti égalent récemment, j’ai beaucoup de bonnes choses à écouter en me promenant dans les rues de Tokyo. Bien que je ne désespère pas, je n’arrive pas à trouver de musique japonaise, électronique ou pas, qui arrive à ce niveau d’inventivité. Cet album de Flying Lotus re-confirme une fois de plus tout le bien que je pense du label Warp.
Salut Frédéric,
Je me permets un voyage dans le temps de 8 ans. Ton post me rappelle que j’avais aussi accroché à l’album de Flying Lotus à l’époque (et qu’il m’avait pas mal dérouté). 8 ans plus tard, as tu le sentiment d’avoir trouvé depuis de la musique japonaise à ce niveau d’inventivité ? Probablement que oui !
Salut Nicolas, ça fait bizarre en fait d’écrire un commentaire sur un billet d’il y a 8 ans. J’ai comme l’impression de faire un voyage dans le temps. Ce billet me rappelle cette période où j’allais très souvent à Shimo Kitazawa. J’ai dû acheter le Flying Lotus au Disc Union de Shimo Kitazawa. L’album m’avait vraiment impressionné à l’époque et je l’écoute encore régulièrement maintenant mais plutôt la première partie qui mélange le jazz avec pleins d’autres sons. Le morceau avec Kendrick Lamar est particulièrement réussi. L’album est particulier car les morceaux sont dans l’ensemble assez court. Je viens de le réécouter en rentrant ce soir suite à ton message.Je ne connais clairement pas de musique similaire sur la scène japonaise. Je ne pense pas en premier à l’inventivité pour la musique japonaise en fait, mais elle n’est pas absente (me vient par exemple en tête des morceaux électronique hip-hop comme ceux d’4s4ki qui doivent fleurter avec l’hyper-pop si ça veut dire quelque chose). Mais j’adore le fait qu’au Japon le rock ne soit pas « démodé », même si certains groupes jouent à la manière de (de My Bloody Valentine pour le shoegaze par exemple). Il y a une grande honnêteté et conviction dans ces groupes indé. J’ai quand même tendance à mettre le rock et la pop japonaise dans une catégorie complètement à part, et j’ai un peu de mal à comparer avec le rock et la pop occidentale. J’aimerais pourtant trouver des équivalents à des groupes comme Boards of Canada par exemple (toujours chez Warp) ou Aphex Twin pour l’électronique.
Salut Frédéric,
C’est très intéressant ce que tu dis. J’ai aussi pensé pendant un temps que les groupes/artistes japonais que je découvrais étaient des versions jumelles d’artistes occidentaux. Mais c’est peut être parce que ma sensibilité n’était pas aiguisée ou que je me raccrochais à ce que je connaissais à l’époque, donc je cherchais des équivalents à tels ou tels artistes occidentaux, ou j’évoluais dans le rock/pop mainstream.
Mais désormais, ce sentiment a disparu et je ne connais pas d’équivalents occidentaux aux artistes japonais que j’écoute. C’est très agréable d’aimer un groupe pour ce qu’il est, et non pas « parce que c’est le rage against the machine japonais » (comme m’avait été présenté YKZ à l’époque).
Tiens une petite question : comment sont rangés tes disques ? Par genre ? Par ordre alphabétique ? Par pays ?
Re-salut, oui je pense qu’inconsciemment on essaie de créer des liens avec des choses que l’on connaît, mais ce n’est pas spécifique à mon avis à la musique pop/rock japonaise. J’écoute beaucoup moins de musique occidentale ces dernières années et les tentatives de rapprochement se font donc moins fréquentes. J’exagère certainement un peu mais j’ai parfois l’impression que la musique japonaise évolue dans un continuum espace-temps différent du reste du monde. Pour ce qui est du classement de mes CDs, très bonne question. Comme on a un problème de place, ils sont malheureusement un peu éparpillés dans trois endroits différents. Tout SR/TJ a un rangement spécifique à part (parfois ça m’énerve moi-même d’être pointilleux sur ce genre de chose Ahahah), mais j’ai quand même mis Tricot avec. Je classe plutôt par groupes mais aussi par genre, par exemple à peu près tout le rock US alternatif est au même endroit, j’ai aussi une section Shoegazing, une zone Warp, une zone rock japonais (hors SR/TJ). J’achète ceci étant dit plus sur iTunes que je n’achète de CDs. J’achète les CDs pour les groupes que me sont important. Pixies par exemple, mais j’ai encore tous les EPs restés en France chez mes parents, tout Sonic Youth, Radiohead, The Cure… et toi, comment est ton classement. Mélanges tu la musique occidentale avec la musique japonaise dans ton classement (si tu en as un)?
Haha, s’il n’y avait que la musique japonaise qui évoluait dans un continuum espace-temps différent du reste de monde ! J’ai bien l’impression que c’est le tout Japon qui évolue un peu à la marge, dans une sorte de Sakoku culturel et sociétal (amplifié par le covid) pour le meilleur et pour le pire. Mais il ne faut pas se plaindre, c’est un moyen de préserver une identité forte et on s’enrichit des différences.
Concernant le rangement des CD, j’ai un rangement quasi géographique dans le sens Musique Classique > France > Reste de l’Europe continentale > Royaume Uni > Amérique > Australie > Japon/Asie. Il m’a fallu quelques réflexions pour aboutir à ce choix, l’ordre alphabétique était privilégié chez mes parents (quoiqu’il y avait musique française d’un côté, musique anglo saxonne de l’autre), mais je n’aime pas l’aspect rigide tout droit sorti d’un cadastre ou d’une bibliothèque des rangements parfaits. Et le rangement par genre m’aurait porté vers des débats internes sans fin sur les catégories parfois poreuses entre les différents genres. ça fait maintenant 6 ans que j’ai rangé les disques et j’aime ce côté « tour du monde » quand je promène mon regard.
Malheureusement je connais aussi des problèmes de place, mais je n’arriverais probablement pas à me résoudre à passer au tout numérique. Ceci étant, je connaissais un ralentissement de mes achats (car je réécoute aussi régulièrement mes disques) jusqu’à ce que déboule la cargaison du mois dernier qui a pris la place d’une pile de romans. Bref, le prix du centimètre carrés se négocie cher en ce moment sur mon étagère !
Salut Nico, je te rejoins sur le classement quasi géographique. Mais un classement parfait est de toute façon souvent empêché par le format particulier de certaines boites de disques et au final, je finis par garder un désordre organisé.
Tiens d’ailleurs, j’étais tombé il y a quelques temps sur ce livre « L’art de ranger ses disques » écrit par Philippe Blanchet Frédéric Béghin qui était en tête de gondole d’un rayon chez Gibert Joseph. Je ne l’avais pas acheté, mais le sujet est assez intéressant pour en faire un livre !
Salut Nicolas, oui, j’imagine qu’on pourrait en écrire des pages lorsqu’on touche à un sujet lié à une passion. J’ai l’impression que le livre est plutôt humoristique, plutôt que de proposer des solutions. Au final, l’ordre finit toujours par devenir désordre de toute façon. En repensant aux invasions murales, la photo ci-dessus est le Goldorak restant d’Invader près de la station d’Ebisu, envahi petit à petit par les plantes. J’espère qu’il ne va pas disparaitre.
Moi aussi, j’espère qu’il sera observable, même paré de son camouflage, lors de mon prochain passage. Et s’il n’est plus observable, c’est pour rester caché des envahisseurs en attendant la prochaine tentative d’invasion…