Je n’ai pas pris de congés depuis plusieurs mois donc ceux de cette fin mars sont les bienvenus. Zoa commence aussi ses vacances du printemps avant la rentrée des classes au tout début du mois d’avril. Ces petites vacances commencent par un long week-end car le lundi 21 mars est férié au Japon. Nous partons pour Ofuna chez la mère de Mari. Ofuna se trouve juste à côté de Kamakura. Depuis Tokyo, la ville s’étend sans interruptions notables jusqu’à Yokohama, puis Totsuka, Ofuna, Fujisawa… jusqu’au bord de l’océan pacifique. Nous nous y rendons en voiture comme d’habitude en empruntant l’autoroute Daisan Keihin depuis la route Kanpachi puis l’autoroute Yokohama Shindō. Week-end de trois jours oblige, il y a pas mal de traffic sur ces autoroutes.
Nous écoutons Suiyōbi no Campanella 水曜日のカンパネラ (anglicisé en Wednesday Campanella) pour prendre notre mal en patience. Depuis leur concert au Nippon Budokan, on voit assez régulièrement ces derniers jours la chanteuse KOM_I コムアイ sur les plateaux de télévision japonaise. J’étais d’abord assez intrigué par la musique de ce groupe par les bribes de morceaux entendus à la télévision, et je me suis soudainement décidé à explorer cette musique à travers les vidéos Youtube du groupe (et elles sont nombreuses). Le groupe se compose de KOM_I au chant et à la performance artistique, de Hidefumi Kenmochi pour la composition musicale, et de Dir.F pour la production, la video, etc. En réalité, KOM_I est la seule membre visible du groupe. Le style musical de Suiyōbi no Campanella (abréviation en Suikan スイカン) est électronique avec beaucoup de rythmes, mais l’intérêt et la nouveauté, ce sont les paroles rappées, souvent pleine de non-sens et d’humour. Il s’agit souvent d’une accumulation de phrases sans liens directs entre elles mais en rapport avec un thème décrit dans le titre du morceau. Par exemple, le morceau intitulé Jeanne D’Arc ジャンヌダルク reprend des messages d’information que pourrait donné un accompagnateur de bus lors d’un voyage organisé. Mais dans le cas de cette chanson, la compagnie de bus s’appelle D’Arc Inc, le guide s’appelle Jeanne et le voyage semble avoir Orléans pour destination (bien qu’il parte du terminal de bus de Shinjuku). Il y a certaines allusions à l’histoire de Jeanne d’Arc dans le morceau mais tout ça est mélangé avec des références à Tokyo, ce qui donne un ensemble irréel, qui est vraiment intéressant à écouter (en plus d’apprécier la musique). Cela peut paraître bizarre, expliqué comme ça, mais la mise en musique et le rythme donné par KOM_I à ces phrases chantées donnent quelque chose de très frais et nouveau, avec l’approche décalée d’ artistes expérimentaux. Beaucoup de morceaux prennent comme thèmes et titres des noms de personnages illustres comme Marie Antoinette マリー・アントワネット, avec une accumulation de mots et expressions françaises prononcées à la japonaise, dans un environnement très japonais, celui de Asakusa dans la vidéo du morceau. Pour donner d’autres exemples, citons Rah ラー dans un décor doré de pyramides, Ikkyū San 一休さん pour une évocation du moine bouddhiste mais dans un décor de boîte de nuit, Aladin アラジン sur une piste de bowling… Le morceau le plus amusant que j’ai pu écouter est certainement l’histoire de Momotaro 桃太郎, inspiré d’un ancien conte populaire. Il vit chez ses grands parents et passe son temps à jouer à la PC Engine en ignorant ses devoirs. Momotaro (le garçon pêche) finit par se faire renvoyer de la maison avec seulement un kibi dango en poche, en se demandant s’il va pouvoir exterminer les démons de l’île aux démons 鬼ヶ島. La mise en chanson très contemporaine d’une vieille légende du folklore japonais est vraiment excellente. Certains morceaux du groupe peuvent être plus expériemtaux dans la musique et la vidéo, comme le très beau Baku バク, dont la vidéo avec ces formes organiques colorées en continuelles mutations est un chef d’oeuvre d’art visuel.
Je pioche différents morceaux par ci par là, dans la discographie déjà assez étendue de Suiyōbi no Campanella (malgré la jeunesse de la formation), entre les mini-albums et le dernier opus intitulé Superman, pour former une compilation que l’on écoute dans la voiture, en route pour Ofuna.