En compositions ci-dessus, quelques cartes postales des paysages de bord de mer que nous avons emprunté à pieds à Okinawa. Les cartes sont bien entendu imaginaires. Je superpose ici des photographies avec des cartes timbrées collectionnées par le père de Mari, avant qu’il nous quitte. Il a collectionné des tonnes de timbres et cartes postales japonaises de style hagaki, entreposées dans plusieurs cartons.
Ce soir là, Zoa rentre de l’école avec un sourire radieux. Il est, en général, toujours d’un tempérament joyeux, mais ce soir là, quelque chose est un peu différent. Il a hâte de nous raconter son histoire du jour.
Comme tous les jours, le directeur de l’école primaire accompagné de quelques professeurs commencent la journée par des messages généraux, des rappels à l’ordre parfois et la prière matinale, donnés dans le grand hall de l’école. Ce matin là, le directeur sort une lettre et commence à la lire devant tous les écoliers de la première à la sixième année de primaire. Il s’agit d’une lettre de trois pages écrite à l’intention de l’école primaire par une vieille dame de 82 ans. Cette dame allait dans cette même école quand elle était petite. Elle tenait à raconter sur cette lettre un épisode qui s’est déroulé lors d’une journée d’Octobre. Cette journée là, elle assistait avec quelques amis à une réunion d’anciens élèves de l’école. Sur le chemin du retour, après avoir quitté ses amis, elle aperçoit deux petits garçons accompagnés d’une dame qui semble être la mère d’un des enfants. La mère et un de ces deux petits garçons prennent ensuite un taxi, et l’autre garçon en uniforme de l’école reste à marcher seul jusqu’à croiser le chemin de la vieille dame. Reconnaissant l’uniforme de l’école où elle était allée il y a plusieurs dizaines d’années, elle prend l’initiative d’entamer la conversation avec le petit garçon. Une discussion s’engage rapidement. La vieille dame lui dit qu’elle allait à la même école et que c’était un professeur américain qui donnait les cours d’anglais. Le petit garçon de cinquième année d’école primaire lui répond que dans son cas, c’est une professeur japonaise qui donne les cours d’anglais. Le petit garçon enchaîne la discussion en demandant à la vieille dame quels étaient ses cours préférés. « L’anglais et la musique ». La vieille dame écrit quelque part sur sa lettre qu’elle était autrefois organiste. Tout en continuant à marcher tous les deux dans la même direction, le petit garçon demande à la vieille dame quel est son chemin du retour et vers où elle habite. La vieille dame lui indiquant que c’est tout droit, le petit garçon lui répond alors qu’il va l’accompagner tout droit également. Elle est surprise et lui demande si ça ne lui fait pas faire un détour. « Pas de problème » lui répond le petit garçon, « marchons encore ensemble jusqu’au croisement, jusqu’à ce que nos routes nous séparent ». Au moment où les chemins se séparent finalement, la veille dame dit au revoir au petit garçon qui lui répond qu’il espère qu’ils pourront se croiser encore au hasard du chemin. La vieille dame lui répond de même et elle écrit même sur sa lettre qu’elle pensait cela de tout son cœur. Elle explique ensuite qu’à 82 ans, c’était peut être la dernière fois qu’elle assistait à sa réunion d’anciens élèves et que rencontrer et discuter avec ce petit « gentleman » de son école a été un bonheur. Elle s’est même sentie rassurée pour les générations à venir et elle remercie l’école de faire en sorte de si bien éduquer ses petits élèves.
Assis sur les bancs du grand hall, les écoliers écoutent attentivement le directeur. Zoa reconnaît cette histoire car il comprend très vite que c’est lui le petit garçon en question et qu’il a rencontré et discuté avec cette vieille dame dont il ignore le nom, il y a quelques semaines de cela. Il a du mal à se retenir de dire à quelques copains et copines de sa classe qu’il est le protagoniste de cette histoire. Les copains et copines finissent par faire échapper cette information jusqu’aux oreilles du professeur principal de la classe.
De retour à la maison, Zoa nous explique tout cela en détails, qu’il est ensuite allé avec le professeur principal voir le directeur qui l’a grandement félicité. Zoa n’était pas peu fier de nous raconter son histoire. Nous avons reçu le lendemain une copie de cette lettre que je lis en écrivant ce texte. Je ne peux esquiver une pointe d’émotion en lisant le récit et les dialogues retranscrits par la vieille dame. Je reconnais dans les écrits de cette lettre la curiosité de Zoa qui l’a poussé à vouloir en savoir plus sur l’histoire de cette vieille dame qui allait dans la même école que lui. En retour, il lui écrira bientôt un message de remerciement.
Chouette histoire… Félicitations à Zoa d’être un tel gentleman.
Pour Zoa, comme dirait l’autre ‘tel père tel fils’. A sa place je suis certain que tu aurais fait pareil. Les gens qui écrivent et fabriquent de jolies cartes postales sont tous des gens biens ; )
c’est très beau, merci et bravo à Zoa
Laurent, mahl, celine, Merci ! je lui passerais le message :-)
Pour les cartes postales, c’est assez amusant, je pense que j’en ferais d’autres…