Je tente une nouvelle approche photographique en mélangeant des photographies prises récemment. Je les place directement sur le plan de travail, comme un patchwork. Il y a des images prises dans les rues de Aoyama et des photographies d’une exposition à la galerie Spiral que je visite d’ailleurs très souvent. L’exposition du moment, Oketa Collection: Love @ First Sight, présente quelques œuvres majeures d’artistes japonais comme Takashi Murakami, Hajime Sorayama, Tomoo Gokita et bien sûr Kusama Yayoi dont on peut admirer, dès l’entrée de l’exposition, une des ses emblématiques citrouilles à poids. Pour compléter les photographies de l’exposition, j’ajoute en toile de fond d’autres images prises la même journée dans les rues tout autour du Spiral. J’aime bien cet arrangement mélangeant les images, comme sur un bloc-note. J’ai toujours eu cette envie de concevoir les billets de ce blog sur un carnet papier et de scanner ensuite les pages pour les montrer ici comme un carnet de voyage un peu brouillon et bien rempli. Cela ne donnerait peut être pas un résultat très lisible ou agréable à voir au final, mais l’idée de recréer cela digitalement me traverse parfois l’esprit.
J’ai perdu l’habitude de partir à la recherche de nouvelles musiques sur iTunes et je ne souscris à aucun service de streaming musical qui pourrait pourtant me faire découvrir de nouvelles choses à travers les nombreuses playlists. En fait, je n’utilise aucun service de Streaming comme Apple Music ou Spotify, car je ne supporte pas l’idée d’être déposséder de toute la musique que j’écoute ou écoutais une fois l’arrêt éventuelle de ma souscription. Je ne ressens pas cette même contrainte forte avec les films et le cinéma en général. Je souscris actuellement à Netflix mais je n’aurais aucun problème à annuler la souscription et ainsi perdre accès à tout ce que j’ai pu y voir. En quelque sorte, la musique a pour moi une valeur plus forte que le cinéma. Cela a certainement à voir avec la force d’évocation que la musique procure, comme un stimulant pour l’esprit dont je ne voudrais me séparer pour rien au monde. Un peu comme mon appareil photo, je ne me déplace jamais sans mon iPod dans le sac, même si je sais que je n’aurais pas d’occasion d’écouter de la musique. Si j’exagérais juste un peu le trait, je dirais que c’est pratiquement vital. Le problème que j’ai maintenant est que mon iPod est presque plein avec plus de 62 Giga de musique et que je ne veux et peux rien effacer. Il faudrait que je le remplace bientôt par un iPod 128 Giga.
Quand je marche seul dans les rues de Tokyo, je me rends compte que je loupe peut être quelque chose en écoutant systématiquement de la musique aux écouteurs. C’est mon seul moyen d’écoute musicale, à part écouter de la musique en famille en voiture. En écoutant la musique aux écouteurs en marchant dans les rues tokyoïtes, je dois certainement perdre une partie des sensations de la ville en effaçant tous les bruits extérieurs. Je me suis fais cette réflexion personnelle le week-end dernier alors que je faisais un long jogging dans les rues près du cimetière d’Aoyama. Je devrais peut être courir en écoutant les bruits de la rue, les brins de voix s’échappant d’une conversation mais aussi le brouhaha de la circulation automobile. J’ai fait la moitié du parcours oreilles nues. Mais j’avais aussi envie d’écouter un morceau particulier de Tortoise intitulé I set my face to the hillside sur l’album TNT, car je voulais l’associer dans mon esprit aux lieux que je parcourais à ce moment là, le soir du dimanche alors que les lumières commençaient à s’amenuiser sur le décor urbain. Je ne sais pas pourquoi ce morceau sonne pour moi comme une fin de week-end, lorsqu’il fait doux, que les gens sont dehors, arrosent les plantes ou promènent le chien et que le soleil se couche doucement, sans précipitation. On n’a pas envie que le dimanche se termine alors on le fait s’éterniser. Il y a un parc pas très loin du cimetière de Aoyama. On ne sait pas si c’est un vrai parc ou un terrain vague où l’herbe a poussé, car il n’est pas organisé comme un parc, un peu laissé à lui même sans bornes bien délimitées. Il se mélange assez vite avec les maisons alentours. Lorsque je passe à cet endroit, l’envie de réécouter ce morceau de Tortoise me revient toujours. Je chéris ce moment car je suis sûr que je m’en souviendrais encore dans plusieurs dizaines d’années.
Je parlais d’iTunes car, une fois n’est pas coutume ces derniers temps, j’y découvre une nouvelle artiste électronique que je ne connaissais pas du tout. Il s’agit de Syndasizung (신다사이정) avec le EP de 7 titres intitulé Instant of Kalpa. Je ne sais que peu de choses sur cette artiste, si elle est compositrice et interprète ou bien assistée d’un groupe. L’instagram de Syndasizung semble indiquer qu’elle est seule aux commandes. Les paroles posées sur cette musique électronique sont chantées en coréen. La musique est extrêmement bien ficelée avec de nombreuses montées en rythme et des sonorités un peu plus lentes à certains moments. La voix est légèrement auto-tunée à la limite de la saturation (comme peut l’être l’image de couverture du EP d’ailleurs), mais c’est bien géré et pas trop forcé. Les sons de néons ne sont pas forcément très neufs, mais il y a une grande évidence dans cette musique. Un des morceaux me rappelle par moment l’électronique du japonais Kaito. Il faut cependant quelques écoutes pour bien apprécier le trésor qui s’y cache. Des morceaux comme Blue eye, Human error ou le morceau titre du EP se révèlent assez vite mais chacune des écoutes successives les rend plus évident et accrocheurs.
J’aime beaucoup cette disposition en patchwork. J’imagine parfaitement les photos sous format papier superposées les unes aux autres dans un carnet ou épinglées à un mur.
J’ai écouté le morceau de Tortoise dont tu parlais et je ressens parfaitement l’ambiance de « fin de dimanche » que tu évoques.
Il est vrai que l’on peut passer à côté d’une expérience plus immersive en se coupant du monde à cause des écouteurs dans les oreilles. C’est comme tout : il suffit de trouver un équilibre.
Par exemple lorsque je fais du sport (comme toi avec ton jogging), je préfère écouter de la musique plutôt que de subir les bruits qui m’entourent. Cela me permet de rester concentrée sur mes efforts.
Au contraire, lorsque je me promène paisiblement dans une ville ou à la campagne, je préfère être attentive à ce qui se passe autour de moi afin de m’imprégner de l’espace dans lequel je suis :)
« les gens sont dehors, arrosent les plantes ou promènent le chien et que le soleil se couche doucement, sans précipitation. On n’a pas envie que le dimanche se termine alors on le fait s’éterniser. » C’est beau tout ça, ces mots sont touchants. Pour les compositions photos je trouve cela intéressant, mais, les arrières plans sont trop écrasés, on a envie de savoir, difficile effectivement pour trouver le bon dosage, peut-être en posant les photos de travers. En tout cas ton blog est un vrai laboratoire !!! c’est agréable.
Merci Sophie ! je pense que je vais alterner un peu plus lors de mes promenades de rues, notamment pendant mes joggings du soir le week end.
Merci Daniel, pour les mots (comme pour les photos), je suis attentif à tes commentaires ! Sur les compositions, l’impossibilité de savoir me paraissait intéressant. C’est un peu un sacrifice de ne pas montrer certaines photos en entier quand elles sont cachées par d’autres. En réalité, je résiste à l’envie de les montrer en entier dans un prochain billet. J’essaierais peut être une prochaine fois de mettre les photos de manière moins ordonnées pour se rapprocher d’un patchwork sur un carnet de route. Je pense qu’il y a moyen de faire un dosage plus intéressant. A voir… mais en tout cas, j’aime bien cette idée de laboratoire.