「分からない」でも「感じる」

Je reviens vers ces images d’océan prises à Inamuragasaki sur la côte du Shonan car ce moment passé là bas, que je décrivais dans un billet précédent, m’a laissé une forte impression. Je joue par contre sur les contrastes et le noir et blanc sur ces images fabriquées. Je mélange maintenant volontairement les roches avec les flots pour essayer de créer des images fortes. Je ne prétends pas réussir à le faire, mais la noirceur des images mélangée à la complexité de ces formes imbriquées les unes avec les autres me laissent une impression d’un lieu surnaturel ou même lunaire. Ces images composites m’amènent à ressentir plutôt qu’à comprendre.

Alors que je suis en train de lire le numéro spécial des Inrockuptibles sur The Cure (que Micka m’a gentiment offert avec d’autres numéros), me vient maintenant en tête d’écouter Siouxsie and The Banshees. J’y repense car Robert Smith a fait partie du groupe pendant une courte période en parallèle de The Cure. Visuellement parlant, il partage avec Siouxsie Sioux un certain intérêt pour les chevelures désorganisées, et ils seront tous deux sans vraiment le vouloir les initiateurs du mouvement gothique. Avec Siouxsie and The Banshees, je commence par l’album Juju de 1981 et je ne suis pas déçu. Je ne connaissais du groupe que le morceau Hong Kong Garden que j’aimais déjà beaucoup. Je ne sais pas pour quelle raison je m’étais arrêté là, je regrette maintenant de n’avoir pas écouté plus tôt tant cet album est puissant, comme une musique de combat. Dès le début de l’album, je retiens cette batterie qui bat comme un cœur en pleine course pour ne pas se faire dépasser par la voix puissante et sûre de Siouxsie Sioux. Dès le premier morceau Spellbound, elle impose avec son chant affirmé une dynamique imparable. La voix de Siouxsie est clairement un des éléments qui m’accroche le plus dans la musique du groupe, mais la qualité des guitares est également exceptionnelle. Je ne connais pas encore les autres albums du groupe, mais on dit que Juju est le plus sombre. C’est tout de même moins noir que Pornography de The Cure sorti l’année d’après en 1982. Un morceau comme Monitor me fait un peu penser aux morceaux de Jun Togawa et de Yapoos, pas forcément dans le registre de chant qui est un peu différent, mais dans l’engagement émotionnel qui se dégage de la voix de Siouxsie. On n’atteint pas les sommets émotionnels de Robert Smith quand il chante sur les morceaux The figurehead ou A Strange Day en particulier (sur Pornography toujours), mais la tension sur un morceau comme Night Shift est palpable. Mais on trouve cette tension sur tout l’album, comme si Siouxsie ne voulait rien lâcher.

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