When all the ghosts are quiet, when everything is blue. J’ai parfois l’impression d’un long monologue qu’on aurait même plus envie de faire taire. On voyage sur ce billet dans le temps et l’espace entre les plages de Kamakura, la station de train monorail de Ofuna, la zone d’arrêt autoroutier Hanyu à la mode Edo sur l’autoroute de Tohoku, un arbre à l’oblique près de la station de Gokurakuji, une étrange maison inhabitée à Kichijoji et le petit poste de police au milieu du parc de Ueno. Autant de photographies prises à différents moments ces derniers mois, que je n’ai pas réussi à placer ailleurs et que je réunis ici entre les côtes du Pacifique et les recoins de la ville. Le monologue devrait sans doute être plus court et impersonnel, mais après tant d’années je n’arrive toujours pas à trouver la formule qui convient.
En alternance avec des albums ou des morceaux récents, j’écoute des albums plus anciens que j’avais parfois manqué à l’époque de leurs sorties dans les années 90. C’est le cas de l’album Ten, le premier album de Pearl Jam. Je ne connaissais jusqu’à maintenant que l’album Vs. sorti l’année suivant Ten en 1993. C’était la pleine période grunge. Nirvana sortait cette année là son meilleur album In Utero. Après avoir écouté Pixies presque exclusivement, je m’étais passionné comme beaucoup pour Nevermind, sorti en 1991, et par extension j’avais cherché à découvrir d’autres groupes de cette mouvance Grunge comme Pearl Jam ou Alice In Chains (l’album Dirt en particulier). Pour Pearl Jam, je m’étais arrêté à l’album Vs. Bien que j’aimais beaucoup cet album, je retrouvais pas chez Eddie Vedder et Pearl Jam, l’émotion brut que pouvait provoquer le chant de Kurt Cobain et musique de Nirvana. En écoutant l’album Ten maintenant, je me dis que j’aurais quand même dû l’écouter à l’époque. Même sentiment en écoutant l’album I.A.B.F. du groupe français Les Thugs sorti en 1991. J’aurais dû connaître un peu mieux ce groupe car ils sont originaires d’Angers, mais à cette époque je n’y faisais pas encore mes études. On ne décèle pas la douceur angevine dans la musique du groupe. Ils chantent en anglais et les guitares ont toute la puissance du grunge, et vont même vers les territoires punk sur certains morceaux (des atomes crochus avec Jello Biafra et les Dead Kennedys). Le morceau le plus marquant de cet album est I love you so, plus proche du shoegazing avec ces voix un peu effacées. Je suis étonné par la qualité de cet album mais il faut dire que le groupe a fait les premières parties de groupes importants comme Nirvana ou Noir Désir, en plus de leurs propres tournées bien entendu. Je pense que je connais le nom du groupe en raison de leur association à ces autres groupes plus majeurs que j’écoutais à l’époque. J’écoute aussi soudainement l’album The Lonesome Crowded West de Modest Mouse sorti un peu plus tard en 1997. On le trouve souvent dans les listes des meilleurs albums de rock indépendant des années 90. Je ne sais pour quelle raison je ne me suis jamais lancé dans l’écoute de cet album, peut être le nom du groupe ne m’inspirait pas beaucoup. Et pourtant, c’est une musique qu’il faut écouter pour ce sentiment d’instabilité qui ponctue les morceaux. Difficile de deviner sur quel pied va danser le groupe. Les changements de rythme sont nombreux. Les éclats dans le chant semblent imprévisibles. Ces morceaux n’ont pas une construction ordinaire et on apprécie cette liberté et ce son définitivement indé. Cet album est un régal et mérite bien sa notation de 10/10 sur Pitchfork. Cette même année 1997, Elliot Smith sort son troisième album Either/or que j’écoute ensuite pour calmer un peu les esprits. 1997 était apparemment une grande année pour le rock indé, car Either/or est tout aussi fabuleux. Le quatrième morceau à la guitare acoustique Between The Bars ne peut pas laisser indifférent. A chaque fois que je commence l’écoute de cet album, j’ai hâte d’arriver a ce quatrième morceau. Mais sur tous les morceaux, la voix et les mots sous-pesés de Smith sont d’une émotion palpable jusqu’à notre for intérieur.