La foule reste encore très présente au grand carrefour de Shibuya malgré le virus qui menace et le nombre de cas confirmés qui augmente un peu plus chaque jour dans tout le Japon. La proportion de personnes portant un masque pour se protéger, et protéger les autres, semble plus importante que l’année dernière, mais comme la période des allergies au pollen a déjà commencé, il est de tout façon assez normal de voir les gens se protéger de cette façon. Je fais la même chose même si l’allergie au pollen n’est pas très virulente pour moi cette année pour l’instant. Ces photographies datent en fait de la semaine dernière. Je pense que la proportion de gens masqués doit être plus importante maintenant. Je dirais environ 3/4 des personnes dans le train par exemple, même si les masques sont difficiles à se procurer. Dans les couloirs en dessous du carrefour de Shibuya, je découvre une exposition temporaire du photographe Tomokazu Yamada appelée Beyond The City. Il y documente en noir et blanc les changements actuels de Shibuya en montrant les zones de constructions. Des artistes sont invités à poser devant ces décors qui ont des airs apocalyptiques, et on reconnaît d’ailleurs KOM_I sur plusieurs photographies. Ça me rappelle qu’elle sera à l’écran sur Netflix dans la série Followers de Mika Ninagawa que je suis assez curieux de voir. Elle n’a pas le rôle principal ceci-dit.
En ce moment, les journées sont longues et difficiles et la musique relativement calme de Macaroom arrive au bon moment. J’écoute l’album Swimming Classroom du groupe sorti en 2018, mais que je ne découvre que maintenant au hasard d’une liste des meilleurs albums japonais de la décennie 2010 (créée par un groupe Discord que je suis depuis peu). C’est une excellente surprise et cet album a un petit quelque chose de réconfortant, certainement dû à la voix d’Emaru et aux compositions electro-pop lumineuses, comme des bulles de lumières, d’Asahi. Le morceau clé de l’album est le quatrième intitulé Tombi, qu’on ne se lasse pas d’écouter. La vidéo montre Emaru naviguer en zigzag dans les rues d’Ikebukuro, toute vêtue de blanc comme un être fantomatique. Ses mouvements ont beaucoup de liberté, ne se préoccupant pas des passants et des gens qui regardent. Cette inconsidération du regard d’autrui me fascine. Je ne suis pas sûr que la vidéo entière ait été prise à Ikebukuro mais je reconnais au moins le Tokyo Metropolitan Art Space de l’architecte Yoshinobu Ashihara dans lequel, ou à l’extérieur duquel, la plupart des scènes ont été prises. Un passage du morceau est parlé de manière rapide et ça me rappelle un peu Daoko. L’ambiance générale est cependant plus proche de l’univers musical d’Etsuko Yakushimaru, notamment pour les moments de fantaisie qui ponctuent certains morceaux. On y mélange les sonorités électroniques avec des bruitages extérieurs, des bruits de rues ou ceux d’une piscine (ou d’un bord de mer) sur le morceau titre. Un morceau comme naked lunch devient plus expérimental et mélange les directions musicales (j’y entends de brèves sonorités indonésiennes). La voix d’Emaru y est tellement modifiée dans ce morceau qu’on n’arrive plus à comprendre ce langage. Peut être s’agit il d’une langue imaginaire ou d’un japonais très modifié. Ce morceau ajoute une dose de mystère bienvenue. Les morceaux sont dans l’ensemble très mélodiques avec un grand souci de construction, mais souvent parasités de divers sons électroniques. L’album contient beaucoup de jolis morceaux, mais outre Tombi, j’ai une préférence pour le morceau d’ouverture akuma pour cette manière de chanter proche du parlé qui s’accélère par vagues et pour son final fait de soupires pleins d’une tension émotionnelle qui s’est amassée petit à petit au fur et à mesure que le morceau se déroule. Certains morceaux ont des côtés plus féeriques parfois ponctués de paroles énigmatiques comme le “2+2+2+ » en refrain sur le deuxième morceau woo. A force d’écouter cet album, il devient de plus en plus prenant et je finis par comprendre pourquoi il a été inclus dans cette liste des meilleurs albums japonais de ces dernières années. Ce type de liste reste de toute manière extrêmement suggestif et il y aurait beaucoup de choses à dire sur le classement, notamment la répétition excessive de certains artistes (Seiko Oomori, Ichiko Aoba, Tricot, Kinoko Teikoku…) dans le classement qui montre une certaine étroitesse de ce genre de communautés souvent centrées sur un groupe d’artistes et des styles musicaux bien déterminés. Toujours est-il que je suis friand de ce genre de listes car elles me permettent très souvent de découvrir de nouvelles choses, comme cet album Swimming Classroom de Macaroom. J’ y retrouve aussi beaucoup d’album dont j’avais parlé ici ces dernières années comme Shinsekai de Midori, Nightlife EP de Yuragi, Superman de Suiyoubi no Campanella (bien que ça ne soit pas mon préféré), Radio Onsen Eutopia d’Etsuko Yakushimaru, Eureka de Kinoko Teikoku, Itekoma Hits de Otoboke Beaver et Haru to Shura de Haru Nemuri.
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