Une pluie imaginaire se superpose aux premières photographies jusqu’aux éclaircis le long de la rue murée à Shirogane. Les nuages sont encore insistants mais se désagrègent petit à petit alors que je rejoins la rivière bétonnée de Shibuya. La pluie superposée sur l’immeuble de béton de la première photographie lui donne une étrange apparence argentée que j’aime beaucoup. Cette composition photographique me ramène avec une certaine nostalgie des années en arrière, lorsque j’avais créé une série sur les éléments naturels. Cette série, créée d’Août à Octobre 2010, était composée de 5 éléments: 雪へ (À la neige), 雲へ (Aux nuages), 風へ (Au vent), 海へ (À la mer) et 雨へ (À la pluie). Elle voyait différents buildings dans Tokyo confrontés à ces éléments naturels comme à des épreuves. J’avais ensuite regroupé cette série dans le photobook « In Shadows » publié en Février 2011. Cette série dans son intégralité et le dernier épisode sur la pluie étaient un peu particuliers car ils avaient suscité une attente de la part de certains visiteurs, concrétisés dans les commentaires, à laquelle j’avais essayé de répondre. C’est peut être l’unique fois où ce genre de demande s’est produite. La première photographie de ce billet, elle, pourrait bien faire partie de 雨へ (À la pluie). Il faut absolument que je reprenne ce genre de séries métaphoriques.
Un peu plus d’une semaine après la sortie du morceau Lapin Kulta, dont je parlais dans un précédent billet, le groupe post-punk Ms.Machine sort un nouveau morceau le 1er Mai intitulé Nordlig Ängel (ange du Nord) sur YouTube. En fait, il ne s’agit apparemment pas d’un nouveau morceau, car il est déjà disponible sur un mystérieux troisième EP qui n’est malheureusement pas encore disponible sur iTunes ou Bandcamp (les deux seules plateformes que j’utilise pour acheter de la musique). Je me contente donc d’écouter ce nouveau morceau sur YouTube. J’aime beaucoup l’ambiance du morceau dès les premières notes formant une nappe de synthétiseur sombre et inquiétante. On retrouve bien sûr la voix grave et monocorde de SAI et un déchaînement de guitares bruyantes accompagnées d’un martèlement de batterie. Il se dégage une émotion poignante de cette association de sons puissants et de cette voix qui semble à la fois inattaquable et fragile. Suite à l’écoute de ce morceau, je me suis remis à écouter l’album Turn on the bright lights d’Interpol, pour les paroles et la voix au bord de craquage de Paul Banks, surtout les morceaux Obstacle 1, PDA, Obstacle 2 et Stella was a driver and she was always down. Il n’y a pas de ressemblance particulière entre la musique d’Interpol et celle de ce morceau de Ms.Machine, mais mon envie musicale me fait faire cette association inconsciemment. Il y a certainement quelque chose dans le ton de la voix et l’émotion qui s’en dégage. Pour continuer avec les évocations, la vidéo de Nordlig Ängel dans son esthétique générale me fait penser à un univers Lynchien. Les forêts de Nagano où ont été tournées les scènes de la vidéo doivent certainement me rappeler les forêts pleines de mystères qu’on voyait dans la série Twin Peaks. Pour continuer avec le son du groupe, j’écoute aussi dans la foulée le morceau Vår dont il n’existe, à ma connaissance du moins, qu’une version en concert.
Bonjour Frédéric,
Merci beaucoup d’avoir rappelé tes précédents billets sur la série de photos des éléments ! Je réalise qu’il y a un véritable trésor artistique à découvrir pour moi qui suis arrivé sur ton blog que récemment et qui n’ai pas entrepris de remonter les publications antérieures à mon arrivée…
Bonjour Nicolas, tout d’abord désolé de ne pas avoir répondu à ton précédent message sur un autre billet car je ne voulais pas relancer l’autre dans son monologue. J’ai préféré laisser passer la vague. Merci pour la série des éléments. Comme ce blog a bientôt 17 ans, je ne maitrise moi même plus la densité de ce qui s’y trouve, et je finis par oublier ce que j’ai créé à l’époque. Je me dis que je devrais créer un index pur diriger un peu le visiteur, mais en même temps, j’aime bien l’idée que ce site soit une forêt dense où on pourrait volontairement ou involontairement se perdre (j’y pose même parfois des liens ou des messages cachés).
Bonjour Frédéric,
tu as eu raison de laisser passer la vague. Je partage aussi ton sentiment. En plus des nouveaux billets, le potentiel de se perdre dans cette forêt dense rajoute de l’intérêt à ton site, j’aime aussi me se sentir comme un archéologue qui découvre la pointe émergée d’une pyramide et qui laisse courir son imagination en se demandant ce que réserve la partie encore immergée. Alors je continue à lire les nouveaux billets que tu partages et saisis chaque occasion que tu présentes pour explorer tes archives. Du reste, les liens et messages cachés m’intriguent fortement !!
Quant à la création d’un index, je n’ai pas de bon conseil. L’éclectisme de tes billets permet difficilement d’organiser de vraie visite thématique…pour ma part je continuerai à me laisser porter !
Merci Nicolas! tes commentaires réguliers m’aident à ajouter quelques branches à cette forêt :-)