Après avoir découvert Mosaic House dans un quartier de Meguro, je pars à la recherche d’une autre maison très particulière des mêmes architectes Makoto Takei et Chie Nabeshima de TNA, s’appelant Tie House. Elle a également un nom japonais, Obi no ie (オビの家). Obi désigne la bande de tissu avec noeud portée autour de la taille sur un kimono, tandis que la dénomination Tie en anglais fait plutôt référence à une cravate. Dans les deux cas, ces noms donnent une idée d’un objet rectiligne sur lequel est posé un noeud. On trouve en effet ce type de formes sur cette maison construite à la verticale sur un étroit espace au sol, et avec des protubérances sortant sur certains murs donnant cette impression de noeud.
Tie House est placée au carrefour de deux petites rues dans un quartier résidentiel de l’arrondissement de Ōta. Vue son positionnement en coin, la principale préoccupation était de créer des ouvertures vers l’extérieur en minimisant le vis-à-vis. La maison est placée sur un plan carré avec un léger angle par rapport aux deux rues perpendiculaires. L’espace libéré par l’angle est utilisé pour former les ouvertures, dans des blocs triangulaires qui font le lien entre les espaces intérieur et extérieur. Ce positionnement à la diagonale des murs permet de contrôler l’espace visible depuis la rue à travers les grandes baies vitrées. On trouve ces ouvertures, s’échappant de la forme générale rectangulaire très simple de Tie House, à différents étages de la maison. Une ouverture au rez-de-chaussée couvre la porte d’entrée accessible depuis un petit escalier donnant sur le minuscule jardin formé sur les espaces triangulaires créés par la mise en diagonale de la maison. En plus d’être source de lumière pour l’intérieur de la maison, les deux grandes ouvertures verticales contiennent également l’escalier minimaliste composé principalement de marches accrochées directement sur le mur. Comme il donne directement sur la baie vitrée, cet escalier donne apparemment l’impression momentanée de marcher à l’extérieur comme sur un balcon. Le fait que les marches soient détachées les unes des autres et la proximité directe sur l’extérieur à travers la vitre, doit en effet donner une impression de liberté, et je dirais même de légèreté.
On trouve malheureusement très peu de photographies de l’intérieur de cette maison sur Internet. Je me permets ici de montrer les deux photographies ci-dessus extraites du magazine d’architecture Japan Architects. Il s’agit du numéro 105 du printemps 2017 donnant une rétrospective des créations architecturales de Makoto Takei et Chie Nabeshima (TNA) de 2004 à 2016. Tie House date de 2012, conçue plusieurs années après Mosaic House qui date de 2006 et qui est bien sûr également représentée dans ce numéro de Japan Architects. Les deux petites photographies intérieures ci-dessus donnent une bonne idée de la configuration à la verticale de cette maison. Il s’agit d’un espace très ouvert, comme on aurait pu s’en douter vu la taille du site, composé de quatre couches desservies par l’escalier dont je parlais auparavant, posé sur les murs à proximité du vitrage. Ces deux photographies donnent une bonne idée du sentiment de proximité avec l’extérieur mais également de la manière dont l’angle des murs permet de maintenir l’espace habitable hors de vue depuis la rue. Enfin, il s’agit plutôt d’une atténuation de cette vue depuis l’extérieur, car, comme très souvent à Tokyo, les rideaux restent la plupart du temps fermés. En parcourant de nouveau ce numéro 105 de Japan Architects, je me rends compte qu’il y a quelques autres maisons intéressantes de TNA à découvrir à Tokyo, notamment Figured Glass House (2008), Platinum House (2009), Mist House (2010), Helix House (2015) ou encore l’immeuble de béton Between Natsumezaka (2015). Il s’agira encore une fois de très longs travaux de recherches sur Internet ou ailleurs dans les magazines ou livres d’architecture contemporaine tokyoïte pour identifier leurs emplacements. Mais la satisfaction de trouver et de voir de ses propres yeux cette architecture formidable, après parfois des années de recherche, me fait continuer petit à petit.