Je savais que je serais amené à écouter l’album solo de Kim Gordon, No Home Record, un jour ou l’autre, mais il me fallait attendre le bon moment. J’ai mis un peu de temps à me décider car il est sorti l’année dernière. Je l’écoute désormais depuis quelques semaines. Je ne savais initialement pas trop à quoi m’attendre, mais je ne me doutais pas qu’il serait aussi intéressant. J’aurais dû pourtant m’en douter car j’aime en général beaucoup les morceaux qu’elle interprète dans Sonic Youth car ils ont tendance à bousculer les formats classiques des morceaux de rock. Les expérimentations sonores sont quasi omniprésentes dans les morceaux de cet album. Sur plusieurs d’entre eux, on retrouve un son rock qui rappelle celui de Sonic Youth, mais l’album part vers d’autres styles avec des morceaux introduisant une dose de rythmes et de sons électroniques, comme Paprika Pony jouant avec des sonorités d’Asie du Sud ou Don’t play it avec ses répétitions obsessionnels et ce son de percussion qui crachote. L’alternance entre les styles fonctionnent étonnamment bien. Un morceau comme Cookie Butter n’est pas sans me rappeler les premières heures de Sonic Youth, notamment à la fin du morceau faisant intervenir des bruits proches de ceux d’un atelier de bricolage. La toute fin de ce morceau ressemble à un ponçage de parquet, qui aurait tout de même la bonne idée de rester mélodique. D’une certaine manière, la voix de Kim Gordon est également expérimentale, car elle est très atypique. Les morceaux sont y souvent parlés, composés de phrases courtes comme des énumérations, mais savent aussi partir tout en puissance comme sur le morceau très sombre Murdered Out. La voix de Kim Gordon semble nous interpeler à tout moment et l’écoute force donc à l’attention. Ce n’est pas un disque qu’on écoute pour s’apaiser avant de se coucher le soir.