Pour changer un peu des couleurs estivales, retournons maintenant vers la noirceur des ombres. Celles-ci sont malgré tout lumineuses, éclairées par des nappes nuageuses fantomatiques qui remplissent ces lieux de mystère. Ce sont principalement des photographies de sanctuaires car Mari et moi avons décidé de commencer à collectionner les goshuin des sanctuaires (les sceaux de sanctuaire) que nous visitons. Il s’agit souvent d’un prétexte pour se déplacer dans des quartiers qu’on ne connaît pas ou peu, parfois au fin fond de zones résidentielles labyrinthiques. On tombe parfois sur des sanctuaires très paisibles sans personne, sans un bruit sauf celui des grillons accrochés dans les arbres entourant le site du sanctuaire comme une enceinte protectrice. Les sanctuaires sont parfois assez fréquentés avec un afflux constant de visiteurs. On trouve dans la collection des goshuin une nouvelle manière de découvrir Tokyo qui me plait beaucoup, car en cours de route à la recherche d’un sanctuaire, on découvre également toute sorte de détails urbains. Ces détails sont parfois insolites, mais je veux éviter de tous les montrer pour éviter que ce site ne devienne qu’une collection de photos du ‘Tokyo insolite’. A vrai dire, je vois régulièrement des sites ou des comptes Twitter sur Tokyo ou sur le Japon montrant des photos d’inscriptions vues sur les devantures de magasins avec des mots français mal traduits ou mal utilisés, du fanponais parfois humoristique ou gênant même si ce n’est pas voulu (comme certains étrangers se tatouant des kanji qui peuvent s’avérer ridicules). Je ne pense pas que je les prendrais en photos si je les voyais, mais je n’ai, en fait, jamais trouvé de telles inscriptions à Tokyo et je me suis toujours demandé où elles pouvaient bien toutes se trouver? Je ne dois pas avoir l’oeil pour les découvrir. L’oeil ne voit que ce qui l’intéresse même à travers le flou des ombres.
Je termine donc en dix épisodes ma série sur le plein été à Tokyo intitulée 真夏 (Manatsu), en suivant les symboles katakana de l’alphabet japonais. J’aime bien de temps en temps me donner des contraintes de publication de billets car ça me redonne une motivation pour continuer à écrire et montrer des photographies sur ce blog. La première fois, à mon souvenir, où j’ai pratiqué ce type de contrainte était en 2009 pour ma série Tokyo Series qui servit ensuite à créer le photobook du même nom. Je ne publiais qu’une dizaine de photographies sur un seul billet par mois pendant presqu’un an. La pratique à cette époque était plus ambitieuse car elle couvrait une année entière, suite à une remise en question assez profonde à l’époque. J’aurais un peu de mal à m’imposer maintenant un style unique de publication pendant une période aussi longue. Ce qui était intéressant cette fois-ci, c’était de m’obliger à n’écrire qu’une phrase pour chaque photographie sans m’étendre en commentaires additionnels comme j’ai souvent l’habitude de le faire. Cela ramenait les photographies à ce qu’elles sont. C’est parfois difficile de se contenir, surtout pour aborder l’accompagnement musical sans évoquer l’emotion qu’il procure. Pour conclure ce moment d’été, j’aime bien revenir vers le morceau de Zombie-Chang très adéquatement intitulé Summer Time.