真夏.1

(ア) Harumi (晴海): Structure temporaire CLT Park Harumi, par Kengo Kuma, composée de grandes plaques de bois faites de couches collées orthogonalement entre elles, appelées CLT pour ‘Cross-Laminated Timber’, et dont l’intérieur est utilisé comme espace de jeux pour enfants. (イ) Kichijōji (吉祥寺): Nature débordante le long de la voie ferrée de la ligne Inokashira près du parc du même nom. (ウ) Ginza (銀座): Grande avenue au centre de Ginza ouverte aux piétons le dimanche. (エ) Jingūmae (神宮前): Ruelle peu fréquentée à Jingumae, parallèle à l’avenue Meiji et donnant une vue intermittente sur la ligne de train Yamanote. (オ) Jingūmae (神宮前): Glaçon dessiné par Creative Designers International pointant vers le ciel comme un iceberg qui tenterait de nous rafraichir des 36 degrés quasi-permanents. (+) Accompagnement musical: deux morceaux de King Gnu, 白日 et どろん de leur album CEREMONY sorti en Janvier 2020.

Hiroshi Senju Museum Karuizawa

Il me restait des photographies de Karuizawa datant d’il y a plusieurs mois déjà, que je n’avais pas encore montré sur ce blog, celle du musée Hiroshi Senju. L’exposition permanente d’œuvres de cet artiste spécialisé dans les cascades aux couleurs bleutées ne nous intéressait pas spécialement car toutes ses peintures se ressemblent assez et on en a déjà vu certaines de ses œuvres dans des lieux publics comme à l’aéroport de Haneda. Je voulais surtout voir le musée en lui-même, tout en courbes, conçu par Ryue Nishizawa. Il est entouré de plantes et une allée nous permet de facilement faire le tour pour apprécier les parois de verre arrondies. Des rideaux empêchent bien sûr de voir l’intérieur du musée et donc les œuvres. La porte d’entrée du musée est opaque et nous fait tout de suite découvrir la quasi-totalité de l’immense espace intérieur lorsqu’elle s’ouvre. Une petite pancarte bien en évidence nous indique tout de suite qu’il est interdit de prendre des photos à l’intérieur. Un petit garde rondouillard nous regarde de suite dès que la porte s’ouvre comme pour me signifier que mon appareil photo en bandoulière ne me serra d’aucune utilité en ce lieu. Pendant ce bref instant, j’ouvre grand les yeux pour admirer l’intérieur tout en réfléchissant à l’intérêt de visiter une exposition qui ne nous intéresse que moyennement dans un musée où on n’a pas le droit de prendre des photos. La porte automatique se referme avant la fin de ma réflexion et il ne me reste de ces lieux que ma mémoire photographique, et les photos de l’intérieur que j’ai déjà pu voir dans des magazines d’architecture (comme celles ci-dessous empruntées au site arch2o). On passera notre tour cette fois-ci.

A l’entrée du parking du musée, se trouve un autre bâtiment, de petite taille, ressemblant à un avion de chasse militaire furtif. Pour être précis, il me rappelle fortement le Lockheed Martin F-117 Nighthawk qu’on apercevait parfois dans des films/séries d’action américains ou des jeux vidéos dans les années 90. Je pensais que l’ensemble du musée était dessiné par Ryue Nishizawa, donc les formes de ce petit bâtiment annexe, qui sert de café, m’a d’abord beaucoup étonné, car il est très éloigné de l’épure que l’on trouve chez Nishizawa. Ce café furtif construit de formes géométriques est en fait la création de l’Atelier Yasui Hideo et date de 2011. Le contraste qu’apporte ces formes aiguës et sombres par rapport à la blancheur et l’arrondi des formes du musée est en fait bien vu. Faire un bâtiment en contraste, plutôt que dans le style de, était certainement la meilleure manière d’exister à côté de la beauté intrinsèque de ce que conçoit Ryue Nishizawa.

la fleur bleue au bord du ravin

La fleur bleue en forme de bouton dessinée par Shun Sudo n’existait pas encore lorsque je suis passé pour la première fois devant ce building si particulier près de Kita Sando. Elle a été ajoutée bien après et je l’ai maintes fois vu sur Instagram avant de me décider à aller la voir à mon tour. Je saisis l’occasion de ma visite rapide à la librairie de la galerie GA pour passer la voir rapidement. Je me perds un peu en recherchant le building car je ne note en général pas l’adresse des bâtiments intéressants que j’ai vu dans le passé. Je garde en tête leur emplacement approximatif, ce qui me permet d’y retourner. Il y a quand même des exceptions où j’ai noté le lieu précis quelque part, quand l’architecture se trouve dans des endroits que je n’ai pas l’habitude de parcourir. Un des grands intérêts de la découverte architecturale est la marche parfois hasardeuse qui nous y mène. Le building Realgate se trouve à un carrefour et est assez imposant. Il n’est donc pas très difficile à trouver. Il est découpé à un coin d’un coup de sabre et le ravin créé par cette découpe donne accès à l’intérieur du building. La fleur bleue se trouve sur une des façades blanchâtres près du bord du ravin. Je trouve sa présence très poétique et on aimerait voir plus d’illustrations de ce genre, surtout quand elles sont bien exécutées et qu’elles ne sont pas saccagées par d’autres graffiti médiocres. J’aimerais également voir ce genre d’illustrations pleines de couleur sur la rudesse du béton brut.

Je continue à écouter quelques morceaux de hip-hop, notamment un morceau intitulé SpaceShip2094, sorti récemment début Juillet, par l’artiste hip-hop ONJUICY et Utae, compositrice et interprète électronique dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ici pour quelques unes de ses compositions que j’apprécie toujours beaucoup. Le morceau est produit par Carpainter, un des fondateurs du label Trekkie Trax. Avant d’écouter ce morceau, j’avais d’abord découvert au hasard de YouTube une autre coopération entre Carpainter et ONJUICY sur un morceau intitulé PAM!!! sur lequel j’aimais beaucoup le phrasé rapide et continu de ONJUICY, surtout dans la première partie du morceau. Sur SpaceShip2094, j’apprécie le contraste de la voix rappée de ONJUICY avec le chant d’Utae beaucoup plus posé. C’est une très jolie association. Le chiffre 2094 correspond à 100 années passées depuis la naissance du producteur et du rappeur, apparemment nés la même année en 1994, avec la réflexion de se demander si ce morceau sera toujours écouté en 2094.

Pendant la période de l’état d’urgence au mois d’Avril et Mai, on a vu pointer sur YouTube une série de ré-interprétations du morceau Tokyo Drift de Teriyaki Boyz, le ‘super-groupe’ hip-hop composé de Ilmari et Ryo-Z de Rip Slyme, Verbal de M-Flo, Wise et Nigo, le fondateur de la marque de streetwear de luxe A Bathing Ape. Ce morceau, à plus de 250 millions de vues sur YouTube, apparaissait dans le film Fast & Furious: Tokyo Drift, que j’ai regardé récemment sur Netflix par curiosité. On ne peut pas dire que le film soit inoubliable mais il est relativement sympathique à regarder d’un œil distrait. En fait, j’aime bien la dynamique de la musique de ce morceau que l’on retrouve dans les multiples ré-interprétations récentes sur YouTube, sous le nom de Tokyo Drift Freestyle. Le principe est d’interpréter le morceau avec des paroles modifiées, reflétant souvent la situation particulière du ‘Stay Home’ en place pendant l’état d’urgence. J’ai écouté plusieurs versions du morceau, mais c’est la version Tokyo Drift Freestyle de Valknee (dont je parlais dans des billets précédents) que je préfère. Il y a quelque chose de très naturel et d’évident dans sa manière de rapper, qui pourrait faire croire que cette musique a été créée pour son interprétation verbale. Suite à mon dernier billet mentionnant certains morceaux de Valknee que j’aime beaucoup, une personne au nom de Tsukasa Tanimoto m’avait laissé un commentaire sur Twitter (de l’intérêt de publier sur Twitter un lien vers mes billets) indiquant un podcast qu’il coordonne avec Valknee et une autre personne s’appelant Riiko. J’avais écouté par curiosité un numéro de ce podcast intitulé Radioyasan gokko (バルニー・リー子・つかさのラジオ屋さんごっこ) qui parlait du morceau Zoom car il me l’avait conseillé. Je me trouve maintenant à écouter régulièrement les nouveaux épisodes de l’émission, qui parlent de sujets divers et variés avec parfois des invités exposant un problème particulier. J’aime surtout quand ils parlent de musique, souvent hip-hop, car ça me donne une perspective différente de la mienne (dans le sens où ils sont d’une génération un peu plus jeune que moi). Dans un des derniers épisodes, le groupe évoquait Kom_I dont les qualités artistiques avant-gardistes sont une évidence pour le plus grand nombre au point où on serait bien en mal de les contester. La contestation qui était tout de même donnée dans l’émission se rapporte au fait qu’elle n’écrit pas les paroles des morceaux de Suiyoubi no Campanella, ni ne compose les musiques, et de ce fait sa contribution à l’avant-garde de cette musique s’en trouverait amenuisé. Ceci étant dit, la manière dont elle chante les textes surréalistes des morceaux avec beaucoup d’assurance et le charisme certain de sa présence sur scène (du moins ce que j’ai vu du concert du Budokan sur YouTube) contribuent fortement à la nouveauté et à la particularité de ce groupe sur la scène musicale japonaise. Dans le groupe Suiyoubi no Campanella, j’ai plutôt confiance en la capacité de Kom_I de faire évoluer la direction du groupe, par rapport au compositeur Kenmochi Hidefumi qui, je trouve à tendance à répéter ses formules musicales, par exemple, quand il collabore avec d’autres artistes comme Xiangyu. Il est bien possible que le groupe ne parvienne pas à atteindre les sommets d’inspiration de leurs premiers albums, mais j’ai envie de croire que le prochain album sera meilleur que Galapagos (que j’ai d’ailleurs soudainement très envie de réécouter). Pour revenir à Valknee, j’aime aussi beaucoup son intervention avec le compositeur ANTIC (déjà présent sur des morceaux de Valknee) pour le morceau intitulé Hometenobiru du groupe d’idoles hip-hop Lyrical School sur leur dernier EP OK!!!!! On retrouve dès les premières notes la même agressivité si engageante des sons électroniques, et je ressens une certaine ironie dans les textes du morceau. Pour boucler la boucle de ce paragraphe, Lyrical school avait également participé au Tokyo Drift Freestyle avec leur propre version en remote bien entendu.