daita 2019 par Suzuko Yamada

Il arrive parfois que Twitter me donne des pointeurs vers des choses intéressantes à découvrir à Tokyo, notamment en architecture. Nisan Gogo donne sur son compte Twitter un lien vers un article du site Dezeen, couvrant l’architecture et le design, à propos d’une maison individuelle configurable par son utilisation de tubes métalliques ajustables. L’article indique que cette maison, conçue par l’architecte Suzuko Yamada, se nomme Daita 2019 (j’ai lu aussi Daita House). La déduction rapide que je fais est que cette maison doit se trouver quelque part à Daita dans l’arrondissement de Setagaya. Je ne connais pas particulièrement le quartier de Daita, à part qu’on le traverse régulièrement pour aller vers Kichijōji en voiture. Je ne sais pour quelle raison mais j’ai le sentiment immédiat que je peux trouver cette maison malgré les maigres indications qui me sont données. Je n’ai bien sûr pas son adresse car il s’agit d’une propriété privée. Pour espérer la trouver, je n’ai sous la main que les quelques photographies de l’article de Dezeen ainsi qu’une indication qu’elle se trouve sur une rue en forme de “Y”. J’ai cependant réussi plusieurs fois à trouver des maisons sans avoir l’adresse à travers des recherches minutieuses sur Google Map. Pour Daita House, il faut d’abord rechercher les rues en « Y » et ensuite essayer de reconnaître la forme de la maison vue du ciel. Le problème est que Google Map n’est pas toujours à jour et que cette maison est relativement récente car elle date de 2019 (du moins, c’est ce que j’en déduis d’après son nom). Il est fort probable qu’elle n’y soit pas montrée ou qu’elle soit encore en cours de construction. Je tente quand même ma chance et après quelques minutes, j’ai l’intuition d’avoir déjà trouvé cette maison. Google Map ne montre pas les tubes métalliques car ils ne semblent pas avoir été installés au moment où les photos de rue ont été prises. Daita 2019 sans sa forêt de tubes ressemble à une maison classique mais je reconnais tout de même le format variable des vitrages en cours d’installation. Il n’y a pas de doute, il s’agit bien de Daita 2019. Profitant de deux heures de temps libre (le temps libre fonctionne toujours par tranche de deux heures), nous partons à la recherche de cette maison en voiture, Mari m’accompagnant car nous irons ensuite à la chasse aux sanctuaires dans le quartier. Les rues sont étroites quand on s’enfonce dans les zones résidentielles de Setagaya et les voies à sens unique sont très nombreuses. Lorsque l’on découvre finalement Daita House à l’endroit que j’avais identifié sur Google Map, il faudra faire vite pour observer la maison et prendre quelques photos car on est obligé de se garer au milieu de la rue. Il n’y a heureusement pas grand monde dans ce quartier. Comme dans tous les quartiers résidentiels de Tokyo, ils sont remplis à ras bord de maisons et de résidences, mais il y a peu de monde dans les rues en pleine journée. Bien que l’on devine que chacune des maisons est bien habitée, on a l’impression qu’il s’agit de quartiers désertés tant il y a peu de personnes dans les rues en comparaison avec les nombre d’habitations.

Les deux photographies intérieures ci-dessus sont extraites de la page consacrée à la maison Daita 2019 de l’architecte Suzuko Yamada sur le site site Dezeen.

La particularité de Daita 2019 est d’avoir un espace couvert ‘classique’ et une extension extérieure modulable faite de nombreux tubes et plateformes métalliques. Les jointures sont apparentes et donnent l’impression que la configuration de cet espace extérieur peut être modifié à tout moment. Cette construction précaire posée en devant de l’espace habitable vient brouiller les lignes entre les espaces intérieurs et extérieurs, et c’est ce qui m’a paru très intéressant lorsque j’ai découvert cette maison sur l’article de Dezeen. La façade donnant sur le jardin est couverte en quasi totalité par des fenêtres, 34 ouvertures de tailles différentes, ce qui renforce grandement cette impression d’espaces intégrés sans limites visibles. Concrètement, je ne suis pas convaincu que les propriétaires décident de changer du tout au tout la configuration de ces tubes extérieurs mais on imagine bien la construction de structures additionnelles pour des besoins spécifiques. Ce que j’aime également beaucoup dans cette maison, c’est la manière dont les arbres et les plantes du jardin viennent se mélanger avec la structure métallique, notamment autour d’un escalier métallique en spiral. Cette végétation, comme une petite forêt en devenir vient également apporter une séparation avec l’espace de la rue. L’intérieur est composé principalement de bois mais d’une structure tout aussi enchevêtrée. L’aspect DIY (Do It Yourself) est également prédominant à l’intérieur de la maison. Les surfaces en contreplaqué des murs intérieurs sont par exemple laissées en l’état et ne sont pas peintes. L’arrangement intérieur donne également l’impression de pouvoir évoluer suivant les besoins et la manière dont la famille évolue ou grandit. Un des problèmes de cette maison est que, d’apparence, on a l’impression qu’elle est en éternels travaux, qu’elle n’est pas encore terminée. Mais ce concept de maison qui vit, qui grandit sans cesse est aussi ce qui rend ce concept intéressant. Il y a une originalité certaine dans cette architecture atypique et elle valait bien le déplacement, même s’il était un peu bref.

一瞬にして放たれる強烈な光

Je montre beaucoup de photographies de sanctuaires en ce moment, car nous continuons notre petite tournée pour récupérer à différents endroits le sceau goshuin pour compléter notre collection. Nous ne procédons pas de manière très méthodique mais nous avons acheté un petit livre-magazine nous donnant des idées sur les endroits à visiter. Nous connaissons déjà le grand sanctuaire de Hie, que je montre sur les deux premières photographies. Il est positionné sur une colline entre Akasaka et Nagatachō. Ses couleurs vives sont frappantes. Il s’en dégage une certaine richesse. Nous sommes malheureusement arrivés un peu tard, car le comptoir où l’on peut demander le sceau du sanctuaire fermait plus tôt que d’habitude vers 3h de l’après midi. Nous avions d’abord l’intention de visiter le sanctuaire de Akasaka Hikawa, mais l’impossibilité de trouver une place de parking à un prix raisonnable (le prix des places de parking à la demi-heure dans Tokyo est très variable) nous a amené jusqu’au parking du sanctuaire de Hie. Se garer un peu loin nous a permis de marcher dans le quartier de Akasaka, devant les studios de télévision TBS et la tour Akasaka Sacas. A mon arrivée à Tokyo en 1999, j’ai vécu presque neuf mois dans ce quartier dans une résidence au mois qui a été détruite depuis, remplacée par une résidence plus récente. Le quartier a beaucoup changé, mais des souvenirs me reviennent en marchant dans ces rues. Le petit restaurant français en sous-sol appelé Astérix est toujours là mais il a changé de nom. Il ne s’agit peut être pas des mêmes propriétaires mais le petit drapeau français à l’entrée est toujours là, en mauvais état comme il y a vingt ans. Dans les rues qui nous amènent vers le sanctuaire de Akasaka Hikawa, les nouvelles résidences côtoient les anciennes baraques. On trouve parfois un restaurant traditionnel japonais planté au milieu de ce décor urbain en plein chamboulement. Il a l’air immuable comme une petite zone protégée. J’imagine que faire glisser les portes coulissantes nous entraîne dans un tout autre univers. On ressent également un sentiment d’intemporalité lorsqu’on approche du sanctuaire Hikawa. Le torii est caché par la verdure et la lumière couchante du soir nous éblouit. La photographie qui en résulte est intéressante. J’ai toujours l’impression de ne jamais pouvoir prendre une photographie claire et nette d’un sanctuaire, comme si les esprits des lieux venaient voiler l’image. Les deux dernières photographies sont prises dans un tout autre endroit. Il s’agit également d’un sanctuaire, à Kita Shinagawa. Il était malheureusement recouvert de bâches pour rénovation. En attendant qu’on nous imprime le goshuin, j’observe les poissons rouges qui m’observent à leur tour. A un certain moment, je ne sais plus vraiment qui observe qui. Un peu plus loin vers l’entrée du sanctuaire, une Alpha Roméo rouge m’intrigue. L’espace où elle pouvait se garer était assez vaste, mais elle a volontairement choisi de se garer dans la courbure de l’arbre. Je finis par me demander si la voiture n’était pas présente en ce lieu avant l’arbre. L’arbre a peut être poussé après en contournant soigneusement la carrosserie de la voiture. Ces quelques images prises dans les sanctuaires n’ont pas grand chose à voir avec la description du concert de Tokyo Jihen qui va suivre, sauf peut être l’aspect sacré de la chose.

Le concert de la tournée Live Tour 2O2O News Flash (ニュースフラッシュ) de Tokyo Jihen, diffusé en streaming du Samedi 5 Septembre jusqu’au lendemain soir, était vraiment excellent bien qu’un peu court. Il a duré presqu’une heure et demi pour une playlist annoncée à l’avance de vingt morceaux. Je l’ai regardé sur le site Live Streaming de Pia, avec un mirroring sur la télévision du salon depuis l’iMac. La qualité de la retransmission était bonne malgré deux ou trois petits décrochages d’images en court de route, qui n’étaient pas dérangeant car le son n’était pas impacté et qui étaient certainement dû à mon Wifi. Les vingt morceaux du set se sont enchaînés sans interruptions, ou alors avec de très courtes pauses. J’aurais aimé que Sheena Ringo ou les autres membres du groupe disent quelques mots, mais ils ont seulement interprété les morceaux. Seule une voix synthétique accueillait les spectateurs au début du concert. Le fait de parler à une salle vide, celle du NHK Hall où a été enregistré ce concert, n’a certainement rien de très motivant. Il me semble avoir lu que le groupe avait aussi été avare de commentaires lors des deux premiers concerts du 29 Février et 01 Mars 2020, alors que le coronavirus commençait à frapper le Japon. Les deux premières représentations étaient aussi relativement courtes, d’une même durée que le Live en streaming d’aujourd’hui. Ces deux concerts au Tokyo International Forum près de la gare de Yurakuchō avaient enclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux, car la plupart des autres artistes et groupes annulaient leurs concerts à cette période par crainte d’une contamination. Les deux premiers concerts à Tokyo de la tournée nationale avaient quand même eu lieu avec des mesures de protection sanitaire, mais j’avais préféré annuler mon billet. En y repensant après coup, comme il n’y a eu aucun cas confirmé suite à ces deux concerts, je regrette de ne pas y avoir été. C’était de toute manière difficile de prendre une décision raisonnée à ce moment de la crise sanitaire. Les concerts suivants dans d’autres villes japonaises avaient cependant été annulées sans proposer de report ultérieur, mais avec remboursement des billets bien sûr. Ce concert sans public et en live streaming diffusé le Samedi 5 Septembre à partir de 6:30 du soir, est en quelque sorte une compensation pour ceux qui ont manqué la version ‘classique’ en salle. J’étais très heureux de pouvoir assister à cette séance de rattrapage à la maison. Il fallait s’acquitter de la somme de 2,222 Yens (le prix est bien entendu fixé en fonction de la symétrie des chiffres) pour pouvoir regarder le concert dès sa diffusion et pour pouvoir le revoir à son rythme jusqu’au Dimanche 6 Septembre jusqu’à minuit. C’est un peu dommage d’ailleurs qu’on ne puisse pas garder un lien d’accès vers la vidéo du concert après cette date.

Le concert commence par le disque dur qui redémarre doucement dans le noir avec le système d’exploitation Incidents 2020. Pendant que le système boot, les noms des membres de Tokyo Jihen s’affichent les uns après les autres jusqu’au démarrage brusque du premier morceau Atarashii bunmeikaika. On n’est pas tout à fait surpris par les costumes du groupe sur scène car ils sont repris de la vidéo du deuxième single du mini-album News, Eien no Fuzai Shōmei. Ce ne sont pas les costumes entièrement blancs des premières images qu’on a pu voir de la résurrection du groupe, mais ceux colorés qui nous rappelle des tenues de la noblesse occidentales du 12 ou 13 ème siècle avec des collerettes autour du cou. Sheena porte une longue robe rouge avec une fraise sur-dimensionnée et des plumes blanches de paon. Certains esprits moqueurs diront que la taille de cette fraise permet une bonne distanciation sociale. Chaque membre du groupe porte une tenue similaire mais de couleur différente comme s’il s’agissait d’un groupe d’idoles japonaises. En réfléchissant un peu, il s’agit plutôt des couleurs des anneaux olympiques car ce concert à été enregistré le 24 Juillet 2020, le jour supposé de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo. Le mégaphone fait son apparition dès ce premier morceau, et continue sur le suivant Gunjō Biyori où Sheena Ringo saisit également la guitare. Le rythme ne faiblit pas sur ces deux morceaux. C’est super agréable à voir, surtout quand Sheena fait son appel “guitare” et que Seiji Kameda, Ukigumo et Ichiyō Izawa partent sur un solo à trois (Izawa n’est pas au clavier sur les deux premiers morceaux). L’appel guitare sur Gunjō Biyori lance quant à lui un solo à quatre avec Sheena en plus donc, et quand ils s’alignent tous les quatre sur le devant de la scène, accompagné de Toshiki Hata se donnant déjà à fond à la batterie, ça tape vraiment très fort. Sheena pousse aussi beaucoup sa voix sur ces deux premiers morceaux jusqu’à la limite. Le rythme se calme ensuite avec le morceau suivant Botōmin. Le groupe change à ce moment-là de tenue et opte pour des longs manteaux grisâtres avec quelques logos Tokyo Jihen surimprimés. Ukigumo est très présent sur ce morceau, ainsi qu’Izawa qui est passé au clavier. Ce morceau me rappelle l’aisance vocale de Ukigumo. Izawa a un air détaché pendant toute la durée du concert mais les mains font tout le travail sur le clavier, et la vidéo du concert nous les montre souvent. Erabarezaru Kokumin est un des deux nouveaux morceaux du mini-album News. Son rythme plus lent continue sur la lancée du morceau précédent. Pas seulement sur ce morceau, mais l’exécution est dans l’ensemble irréprochable. L’ambiance devient plus sombre avec le rock de Fukushū, qui évolue dans des ambiances rougeâtres sur scène. C’est un beau morceau mais pas forcément, à mon avis, celui qui rend le mieux dans l’ensemble du concert. Le morceau se termine sur un geste de Sheena qui est étonnement brouillé d’une mosaïque. Je pense qu’elle imite le tir d’une arme à feu. On continue ensuite avec un morceau plus récent, Eien no Fuzai Shōmei, qui redonne un peu de dynamisme au concert après les trois morceaux précédents plus lents. Sheena Ringo est assez statique sur scène, ce n’est pas nouveau et on peut lui reprocher. Sauf sur Killer Tune dans la dernière partie du concert où elle fait quelques pas sur le devant de la scène d’une manière qui peut rappeler la vidéo du morceau. Elle porte des chaussures à très hauts talons. Je me souviens qu’il y avait eu des commentaires sur ces fameux talons pour les concerts de Février/Mars. Je comprends en les voyant sur la vidéo, qu’il doit être difficile de marcher d’un pas rapide.

Ensuite, une belle série de morceaux s’enchainent avec Zettai Zetsumei, que j’adore, Shuraba, Nōdōteki Sanpunkan et Denpa tsūshin. On est, pour moi, au coeur du concert à ce moment là, surtout quand Nōdōteki Sanpunkan s’enchaine de manière très serrée avec Denpa tsūshin où Sheena reprend la guitare. Les effets de lumière dans la salle semblent inarrêtables. Les caméras nous montrent d’ailleurs la salle vide à ce moment là. Le jeu est toujours parfait, comme si c’était du studio (c’en est assez proche finalement). Hata semble infatigable à la batterie, mais Kameda, lui, a l’air de souffrir un peu sur les derniers morceaux, notamment sur le solo final de Senko Shōjo, qu’il réussit pourtant très bien à la basse avec Ukigumo mais laisse esquisser un sourire de ses voisins. Il faut dire qu’il y a peu de pauses entres les morceaux. Sheena laisse tomber le manteau gris pour Nōdōteki Sanpunkan et sera en tenue blanche pour une bonne partie du reste du concert jusqu’à Konya ha karasawagi où elle se changera en robe noire avec chapeau noir sur-dimensionné (c’est apparemment la mode de la sur-dimension dans ce concert). Après le supersonique Denpa tsūshin, l’ambiance se calme de nouveau avec le morceau Superstar qui me donne tout de suite des frissons lorsqu’on entend les premières notes au clavier. J’avais un peu oublié ce morceau du deuxième album Adult, mais il est très beau. Les talons très hauts de Sheena ne l’empêchent pas de bouger tout de même. Elle fait notamment des petits mouvements de talons très discrets mais charmants sur Noriki, et fait des mouvements plutôt démonstratifs avec son petit drapeau jaune à une foule qui n’est pourtant pas présente, à la fin de Killer Tune. Comme les mouvements sont exagérés, on a l’impression qu’elle nous fait signe à travers l’écran. Elle se sert aussi de ce petit drapeau pour encourager tout le monde sur scène sur la fin de ce morceau. Sheena est souvent à la guitare dans ce concert notamment sur le morceau Superstar. OSCA est bien entendu au programme car il s’agit d’un des morceaux les plus emblématiques de Tokyo Jihen et on ressent sa folie dès les premières notes de basse et de batterie, accentuée à un moment par une spirale rouge tournante montrée sur scène. C’est peut être le morceau que je préfère du groupe. Dans l’ensemble, la sélection de morceaux du concert est excellente. OSCA manquerait certainement si il n’y était pas. Comme sur la vidéo du morceau, Sheena reprend le mégaphone. On voit souvent d’ailleurs des extraits des vidéos des morceaux sur les écrans en fond de scène, écrans reliés au disque dur qui s’est réveillé au début du concert, il y a déjà une bonne heure. Sur OSCA, Sheena pousse de nouveau sa voix et je n’ai pas l’impression qu’elle l’a perdue avec les années. On enchaîne ensuite sur le rythme hyper actif de FOUL accompagné d’effets de lumières fantastiques sur scène, avec le logo géant en forme de paon de Tokyo Jihen émettant des rayons laser verts dans la salle comme un Shin-Godzilla. Sheena Ringo reprend la guitare sur Kachiikusa et c’est la dernière ligne droite avec Tōmei Ningen et Sora ga natte iru. J’aime bien les quelques notes de complicité à certains moments comme des sourires sur Tōmei Ningen, comme pour apprécier le fait que le concert s’est déroulé sans pépins. Sora ga natte iru, qui est très dense émotionnellement, termine le set dans la pénombre et les guitares. Les nuages envahissent la scène jusqu’aux crédits de fin.

Vous aurez certainement compris que j’étais emballé par ce concert que j’ai regardé plus de 4 fois le week-end dernier, de l’ouverture le samedi à 19h00 jusqu’au dernières minutes le dimanche à minuit (en écrivant ces quelques lignes). Je ne suis pas vraiment en mesure de comparer avec les concerts récents de Sheena Ringo, car ceux que je possède en DVD sont plutôt anciens, d’avant Tokyo Jihen. Toujours est-il que, quand j’écoute ces morceaux et regarde ce concert, je me dis une nouvelle fois que c’est d’assez loin au dessus de tout ce que je connais en rock japonais (je ne connais pas tout non plus). J’espère qu’ils sortiront ce concert en Blue-Ray. Je n’ai pas vraiment l’habitude de regarder des concerts sur écran, mais celui-ci m’a réconcilié avec le genre, au point où c’était même un peu difficile de décrocher et de revenir à la réalité. Je n’exagère même pas en fait, il faut une petit période de réadaptation avant de décrocher de l’ambiance du concert, même si on n’était pas dans la salle. Le fait qu’il se soit déroulé sans public nous donne en fait l’impression qu’il s’agit d’un concert individuel qui nous est adressé.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la playlist des morceaux du set Live Tour 2O2O News Flash (ニュースフラッシュ):

1. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
2. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
3. Botōmin (某都民) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
4. Erabarezaru Kokumin (選ばれざる国民) du mini-album News
5. Fukushū (復讐) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
6. Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) du mini-album News
7. Zettai Zetsumei (絶体絶命) du 4ème album Sports (スポーツ)
8. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
9. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
10. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
11. Superstar (スーパースター) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
12. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)
13. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
14. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
15. Konya ha karasawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors
16. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
17. FOUL du 4ème album Sports (スポーツ)
18. Kachiikusa (勝ち戦) du 4ème album Sports (スポーツ)
19. Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
20. Sora ga natte iru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)

Les quelques images ci-dessus proviennent du site What’s in Tokyo dont le lien était partagé par le compte Twitter de sheena Ringo / Tokyo Jihen, à part la dernière qui est une capture d’écran que j’ai pris moi-même (remarquons le « Merci » en français sous la pomme).

ces étranges nuages blancs qui nous entourent

J’aime bien venir à bout de mon stock de photographies à montrer sur made in tokyo car ça m’oblige à réfléchir à des nouvelles expérimentations visuelles. Dans le cas de ces nuages blancs entourant la ville, ce n’est pas une représentation nouvelle car j’utilise souvent cette association de nuages avec l’environnement urbain tokyoïte. Dans mes compositions photographiques, je procède souvent à des effacements de parties de la ville par différents types de surfaces et de matériaux, en superposant parfois des surfaces de béton ou, comme ci-dessus, des éléments plus légers. Cela donne l’impression qu’une partie de la ville se trouve dans le ciel au dessus des nuages, un peu à la manière du royaume des nuages (雲の王国) dans le film d’animation Doraemon du même nom. Il faudrait que je réfléchisse un jour au pourquoi de ce ‘besoin’ incessant de vouloir ‘brouiller’ le paysage urbain. Je ne pense pas cependant que cette potentielle réflexion conclut en une théorie définitive. Tout simplement, comme j’aime les dissonances en musique, j’aime aussi celles affectant le paysage urbain.

Dans les visites journalières de made in tokyo, lorsque je regarde de temps en temps les statistiques sur l’accès au blog, j’aperçois que ma page A Propos est très souvent visitée, ce qui m’intrigue toujours un peu et me pousse à la relire régulièrement en partie. Comme je garde une note sur chaque évolution du design général du blog sur cette page, je me rends compte que le design actuel n’a pas changé depuis plus de trois ans. La version actuelle, la neuvième, date du 20 Juin 2017. Ceci me pousse à regarder de nouveaux thèmes WordPress, sans grand succès pour l’instant malheureusement. Le principal souci est qu’un changement de thème graphique nécessite de nombreux ajustements du fichier de style CSS. Il faut souvent procéder à tâtons pour obtenir ce que l’on recherche. Le thème actuel me satisfait assez mais je trouve qu’il a pris un petit coup de vieux, ou il s’agit peut être seulement d’une impression que j’ai maintenant, alors que je teste des nouveaux thèmes un peu plus actuels. Comme je ne vais pas m’engager à payer une somme mensuelle pour un thème de blog personnel (beaucoup de ces thèmes sont limités en fonctionnalités à moins de souscrire à un abonnement mensuel), les choix sont assez limités. Renouveler le thème du blog renouvelle en quelque sorte ma motivation à publier, donc j’essaie de changer régulièrement. La plus longue période où j’ai conservé le même design était de 5 ans pour l’évolution version 4 du blog. J’ai eu beaucoup de mal à en changer et je voudrais éviter cette nouvelle situation.

Je viens de récupérer l’ancien iPhone de Mari car elle vient de changer le sien. L’ancien iPhone 6s que j’utilisais comme iPod (et dont j’aimais beaucoup la petite taille et le design carré) vient donc d’être remplacé par un iPhone 7 Plus, qui fonctionne très bien comme iPod (indépendamment de mon iPhone 11 sur lequel je ne mets pas de musique). Il a l’avantage de conserver la reconnaissance digitale plutôt que la reconnaissance faciale qui est tout simplement inutilisable en ce moment où on porte tous des masques sans arrêt. Ce qui est dommage, c’est que cette version ne possède plus de prise jack pour les écouteurs (je n’utilise pas le bluetooth), il me faut donc garder l’adaptateur. La mémoire passe cependant à 128MB, ce qui me permet de copier la totalité de ma discothèque digitale, ce que je ne pouvais plus faire sur l’ancien iPhone 6s qui se limitait à 64MB. Ça m’apporte un certain confort d’esprit d’avoir la totalité de ma musique avec moi en permanence, tout en sachant que j’en écoute évidement qu’une infime partie par jour. Ma discothèque digitale doit durer plus de 22 jours non-stop.

Le concert en Live streaming de Tokyo Jihen sur la tournée Live Tour 2020 News Flash a lieu ce soir. Après quelques hésitations, j’ai acheté mon billet digital hier. J’hésitais un peu car regarder un concert sur écran et sans public m’est étrange. Mais comme il s’agit de la même tournée que celle du concert au Tokyo international Forum auquel je n’avais pas assisté en Mars 2020, j’avais quand même très envie de rattraper le coup, d’une certaine manière. J’en parlerais très certainement dans un prochain billet, mais en attendant il faut que je retrouve mon t-shirt de Tokyo Jihen.

たった一度の人生ゲームさ

Alors que je mentionnais dans mon dernier billet mon intention de ne pas me concentrer sur le Tokyo insolite, je m’enfonce forcément, mais volontairement, dans la brèche avec quelques unes des photographies ci-dessus pour m’auto-contredire. Il m’arrive souvent sur ce blog d’avoir envie de faire le contraire de ce que je viens d’écrire, tout simplement parce que j’ai la liberté de le faire. Dernièrement, j’avais aussi abordé ce ‘Tokyo insolite’ en montrant ici et sur Twitter des photographies des toilettes publiques transparentes conçues par Shigeru Ban, pour deux petits parcs près de Yoyogi. Je me suis rendu compte que les deux photographies mises sur Twitter ont été reprises sur le site de Cnews le 18 Août, et par ricochet sur quelques sites parfois en anglais ou espagnol. Ça m’amuse d’ailleurs de voir comment le site de news propage des informations inexactes. Le site nous dit par exemple qu’il y a déjà cinq toilettes transparentes à Shibuya et qu’il y en aura bientôt 17, alors qu’il n’y en a que deux et que les autres toilettes ne sont/seront pas transparentes et ont des styles complètement différents (par des architectes différents d’ailleurs). L’article laisse aussi penser que ce projet couvre tout Tokyo, alors qu’il s’agit seulement de Shibuya.

Mais revenons aux photographies sur ce billet. Je connaissais ce King Kong en haut d’un bâtiment rose pour l’avoir déjà vu en photo quelque part mais je ne me souviens plus où exactement. On le découvre par hasard alors que nous partons à la recherche du sanctuaire Taishido Hachiman dans les zones résidentielles de Sangenjaya. Le gorille se trouve dans la rue commerçante principale de Sangenjaya, perpendiculaire à la longue route 246 qui passe à Shibuya et nous amènerait jusqu’à Numazu dans la préfecture de Shizuoka si on la suivait tout le long de ses 122.7kms. Le Maneki Neko et le lapin rose, tous deux gonflables, se trouvent à l’intérieur du sanctuaire Taishido Hachiman. On est surpris par la présence de ces objets insolites qu’on a, il faut bien le dire, peu l’habitude de voir à l’intérieur des sanctuaires, mais dont on ne peut ignorer la présence une fois qu’on les a aperçu. Il doit s’agir de la préparation d’un matsuri pour les enfants, car on voyait également un petit stand en cours d’arrangement juste à côté. Il y a un enclos avec un lapin à l’entrée du sanctuaire. Il est peut être involontairement le symbole de ce lieu. Il n’y avait personne dans le sanctuaire, à part la dame qui nous a donné le sceau Goshuin que nous étions venu chercher et dont je parlais précédemment. Le fait qu’il n’y avait personne dans ces lieux renforçait l’impression d’être observé par toutes choses, notamment par les 21 petits renards Inari (je ne prends pas en compte celui qui regarde à côté) qui sont en charge symbolique de garder l’enceinte du sanctuaire. Un peu plus loin sur la rue commerçante où se trouve le gorille sur le toit, on trouve un bâtiment rouge écarlate placé sur un espace triangulaire minuscule, qu’on pourrait sans aucun doute trouver dans le bouquin Pet Architecture de l’Atelier Bow Wow. Ce petit bâtiment, en plus d’utiliser l’espace de manière optimale, à la particularité d’avoir beaucoup d’ouvertures. Lorsqu’on le voit depuis la rue commerçante, notre regard traverse les parois pour voir l’autre rue en Y bordant le bâtiment. J’imaginerais bien pousser le concept, à la manière de Ryue Nishizawa ou Kazuyo Sejima de SANAA, en rendant ce petit bâtiment complètement transparent, en le couvrant entièrement de vitrages. La dernière photographie ci-dessus est également prise dans une rue à côté du gorille et il s’agit d’un restaurant de soba. La vitrine semble par contre refléter les intérêts cinématographiques du propriétaire avec ces figurines d’Ultraman, Kamen Rider ou encore Godzilla.

Ceci me rappelle que j’ai vu pour la première fois de ma vie un film de la série Godzilla, en regardant sur Netflix le Shin-Godzilla datant de 2016. En réfléchissant un peu, j’ai quand même eu le malheur de voir au cinéma en France la version américaine de Godzilla par Roland Emmerich datant de 1998, avec Jean Reno me semble-t-il. J’ai beaucoup aimé ce Shin-Godzilla, notamment pour son réalisme. Pas le réalisme du monstre bien entendu, mais celui des lieux. Tous les endroits empruntés et détruits au passage par Godzilla sont cités très précisément, de Kanagawa jusqu’à Tokyo. Godzilla arrive par les mers et entre d’abord sur les terres depuis la baie de Tokyo. On le voit évoluer dans sa première forme dans les eaux de la rivière Nomigawa près de Kamata et il déambule ensuite dans les rues de l’arrondissement de Ota que je commence à bien connaître. Il réapparaît ensuite un peu plus tard près de Kamakura juste à côté de Inamuragasaki (que je connais assez bien aussi). Tout en regardant le film, je prie pour qu’il ne remonte pas jusqu’au sanctuaire de Tsurugaoka Hachimangu où nous nous sommes mariés. Il se dirige ‘heureusement’ vers Tokyo jusqu’au centre, près de la gare historique. Je regarde le film en espérant qu’il ne démolisse pas trop de bâtiments en cours de route car je pense tout de suite au travail énorme de reconstruction qui sera nécessaire, mais c’est peine perdue vue la taille du monstre. De toute manière, à partir du moment où il commence à cracher du feu et à émettre des rayons lasers radioactifs de son dos ou de sa gueule, on comprend vite que la ville est entièrement perdue. La déconstruction de Tokyo est un thème récurent du cinéma fantastique japonais, depuis le grand tremblement de terre de Septembre 1923 qui avait presque complètement détruit la ville (par exemple, les destructions et reconstructions de Tokyo en Neo Tokyo dans Akira et en Tokyo-3 dans Evangelion). Un des intérêts du film est la manière dont il se concentre au début sur la gestion de la crise par les organismes gouvernementaux tout en insistant sur la lourdeur administrative de la prise de décision. On arrive assez bien à imaginer cette complexité administrative quand il s’agit par exemple de décider de quel organisme gouvernemental ce type de crise est le ressort, la gestion de crise engendrée par un monstre surdimensionné ne tombant pas dans les schémas classiques déjà préparés et testés d’un tremblement de terre par exemple. Le film ne manque pas d’un certain humour un peu piquant dans ces moments là, ou lorsqu’il aborde la nécessaire invocation de l’aide américaine qui veut bien sûr prendre le sujet en mains d’une manière un peu trop radicale. On a par contre un peu de mal à croire au personnage d’experte japano-américaine interprétée par Satomi Ishihara, dont l’accent américain forcé est à la limite du ridicule. Ses interventions me font quand même penser qu’il s’agit de second degré. Reste à voir maintenant si je tente la version originale de Ishirō Honda datant de 1954, qui semble être disponible sur Amazon Prime (mais pas sur Netflix).

A l’arrière du Department Store PARCO à Shibuya, on pouvait voir affichés sur un des murs les portraits des membres de tous les groupes de l’agence Wack. On peut dire que les idoles alternatives de l’agence occupent le terrain à Shibuya ces derniers temps. La devanture du Tower Records affichent également en ce moment des grands posters des groupes BiS et PEDRO ainsi qu’une double affiche de BiSH et EMPiRE. À côté de ces multiples portraits parfois grimaçants et étrangement habillés de la même manière, une autre affiche nous explique qu’il s’agit d’un événement appelé School of Wack qui se déroulait au PARCO Museum sur un peu plus d’une semaine jusqu’au 31 Août. Sans vraiment comprendre de quoi il s’agit, j’ai l’impression que chaque membre des groupes passe du temps dans une petite salle fermée et bariolée comme une salle de classe vandalisée, pour y faire des jeux ou des gages devant un public très restreint derrière une vitre (à cause du corona virus). Je n’ai pas l’impression que des morceaux soient interprétés, donc cette organisation m’intrigue assez. Indépendamment de cette affiche et de cet événement, j’écoute pas mal de morceaux de groupes Wack en ce moment car je suis happé par leur énergie, mélangeant un certain esprit rock et un côté poussif pop qui m’attire malgré une répulsion initiale. C’est le cas du morceau にんげん (Ningen) de Carry Loose par exemple. Il me paraissait trop typé comme un morceau d’idole à première écoute, mais je tente tout de même une deuxième écoute en entier et me laisse prendre par l’urgence non-stop avec laquelle les quatre filles de Carry Loose mènent la marche. La voix de YUiNA EMPiRE (transfuge temporaire d’EMPiRE) est une épreuve au début, mais un peu comme pour AYUNi D sur BiSH, elle finit par apporter un contraste vocal qui donne de l’intérêt à l’ensemble et à la progression du morceau. En parlant d’EMPiRE, qui est à mon avis en phase ascendante, maintenant que BiSH est pratiquement devenu mainstream, j’ai appris à apprécier leurs morceaux que j’écoute beaucoup en ce moment. Je n’écoute pas leurs albums ou EPs en entier mais j’ai plutôt fait une sélection des morceaux qui m’intéressaient. Ma playlist se compose de quelques morceaux de leur premier album THE EMPiRE STRiKES START!!: FOR EXAMPLE??, Buttocks beat! beat!, コノ世界ノ片隅デ (KONOSEKAiNOKATASUMiDE) et アカルイミライ (Akarui Mirai), suivi de quelques morceaux du EP EMPiRE originals: EMPiRE originals, Dope et SO i YA, tout en écoutant quelques autres morceaux de leur dernier EP en date, notamment le morceau ORDiNARY. Les voix des membres d’EMPiRE sont dans l’ensemble plus uniformes que celles de BiSH, mais j’aime toujours quand il y a quelques dissonances (par exemple la voix de Mikina à la marque 2:20 sur FOR EXAMPLE??). Certains morceaux sont assez proches de ce qu’on connait de BiSH surtout quand ils prennent des sonorités rock, comme par exemple Buttocks beat! beat!. Les membres de BiSH font d’ailleurs des apparitions dans la vidéo tournée à Shibuya (comme souvent) faisant un clin d’oeil à la couverture de l’album FAKE METAL JACKET. Cette vidéo donne d’ailleurs une bonne idée du côté disruptif de cette musique, plutôt que le kawaii qui est en général associé à l’univers des idoles. Le kawaii ne m’intéresse pas beaucoup. Un des morceaux que je préfère du groupe est celui intitulé Dope, avec une manière vraiment particulière de chanter, comme une voix de fantôme sortie d’un ukiyo-e. Ce morceau avec I don’t cry anymore dont je parlais dans un billet précédent, m’a donné envie de fouiller un peu plus dans la discographie d’EMPiRE. Dans ma playlist, j’inclus également le dernier single intitulé 浪漫 (Roman) de PEDRO, le groupe de Ayuni accompagné de Hisako Tabuchi de Number Girl à la guitare. Je ne suis pas certain d’écouter son deuxième album en entier mais j’aime beaucoup ce morceau car elle ne pousse pas trop dans les aiguës. Mais, j’aime bien en général quand elle pousse la voix par passages dans les derniers morceaux de BiSH, notamment sur スーパーヒーローミュージック (Super Hero Music) ou TOMORROW. Ces deux morceaux sont extraits du dernier album LETTERS que je finis par apprécier même si les morceaux que j’ai écouté pour l’instant ne renouvellent pas vraiment le style de ce qu’on a déjà entendu du groupe. La dynamique rend cependant ces morceaux addictifs après quelques écoutes.

Quand je dis mainstream au sujet de BiSH, je veux dire que le groupe est désormais connu du grand public du fait de leurs nombreux passages à la télévision ces derniers temps, même sur la NHK samedi dernier dans l’émission Songs of Tokyo (épisode 13 disponible en ligne jusqu’au 28 Octobre 2020 avec sous-titres en anglais). Je pressens qu’elles seront cette année à l’affiche de l’émission musicale du réveillon, Kōhaku. C’est un pronostic, à moins que la NHK reste frileuse du fait du profil d’électron libre du producteur Junnosuke Watanabe, qui pourrait très bien contrarier l’image bon enfant du spectacle familial que représente Kōhaku. On se souvient du 57ème Kōhaku le 31 Décembre 2006 où OZMA (alias Show Ayanocozey, leader du groupe Kishidan) était accompagné d’une troupe de danseuses ou danseurs portant des t-shirts avec des seins nus dessinés dessus. Une partie du public télévisuel avait été choqué pensant qu’il s’agissait de personnes réellement nues sur scène et cette séquence a eu pour conséquence de radier à vie l’artiste de l’émission. Connaissant la popularité continuelle de Kishidan, il doit s’en mordre les doigts. Il faut dire que passer à Kōhaku au réveillon est vu encore maintenant comme une consécration pour les artistes japonais, au point où on n’existe pas vraiment aux yeux du grand public tant qu’on n’est pas passé dans cette émission. Ajouter un peu d’imprévu dépoussiérait quand même un peu l’émission. Le présentateur habituel, Teruyoshi Uchimura, essaie de temps de se moquer de la rigueur de la chaîne mais ça reste très contrôlé tout en faisant sourire. Je ne critique pas trop NHK car nous la regardons quand même assez régulièrement.

Il y a très souvent des émissions intéressantes sur NHK, comme celle que nous avons vu il y a quelques semaines, à la mi-Août, sur l’Art Brut. L’émission intitulé ‘no art, no life´ présentait le travail de plusieurs artistes avec handicap à travers des petits films de 5 mins, en les montrant en plein processus de création et parmi leur entourage (parents ou établissement spécialisé d’accompagnement pour certains). L’émission était très bien faite car elle ne s’encombrait pas de commentaires superflus. L’émission nous avait tellement plus que nous avions réservé dans la foulée une visite pour le lendemain à la galerie attachée à l’école des Beaux-arts de Tokyo où étaient exposées quelques unes des œuvres de ces artistes d’Art Brut. L’exposition s’intitule ‘Art As It Is: Expressions from the Obscure’. Il se dégage une grande force de ces œuvres, qui surprennent et fascinent. Le détail des œuvres exposées résultant d’un immense dévouement à l’acte de créer, un besoin vital certainement, est à chaque fois impressionnant. L’illustration grand format ultra détaillée sur la photo de gauche est de Makoto Fukui et la sculpture de petit monstre est de Shinichi Sawada. Ce sont deux des artistes que j’ai préféré avec les illustrations de Marie Suzuki.