Ces photographies datent d’il y a exactement 1 an. Elles sont prises à Ōfuna dans la préfecture de Kanagawa, tout près de Kamakura, juste avant le déménagement de la mère de Mari. Je gardais ces photographies dans un billet en brouillon pendant tout ce temps et je me demande maintenant pourquoi. Les photos en elles-mêmes n’ont très certainement rien de vraiment intéressant pour le visiteur, mais le sont pour moi et je les regarde maintenant avec une nostalgie certaine. Je me rends compte qu’on arrive aux limites du blog, quand j’en viens à montrer des photos qui n’intéressent à priori que moi-même. Dans ce cas là, pourquoi les montrer sur Internet et ne pas les garder plutôt dans un dossier du disque dur de mon ordinateur? Pendant environ 18 ans, j’ai pris beaucoup de photos dans les quartiers de Kamakura et cette série ci-dessus vient conclure cet épisode. Cette conclusion visuelle m’est nécessaire, notamment parce qu’elle me rappelle la conversation que j’ai eu avec mon fils lorsque l’on marchait une dernière fois le long de la rivière montrée sur la quatrième photographie. Le petit sanctuaire en haut de la colline sur la première photo me rappelle les cérémonies du premier de l’an lorsqu’on s’y rendait après minuit le premier jour de chaque année, après avoir regardé l’emission Kōhaku. Cette photographie n’a pas de qualité particulière et ne parlera qu’à moi-même. Je les publie sur le blog car j’ai envie de tomber dessus par hasard, dans quelques années peut-être, lorsque je parcourais une nouvelle fois ces pages. Il m’arrive régulièrement de choisir un mois au hasard dans les 18 années d’archives de ce blog, et de relire ce que j’écrivais à l’époque. Pouvoir me relire des années après est une des raisons qui me font continuer mais la motivation est parfois en berne. Je prends beaucoup moins de photos en ce moment le week-end et l’envie d’en prendre est au plus bas, notamment car j’ai de plus en plus l’impression de me répéter. C’est un sentiment étrange car cela fait des années maintenant que je me répète dans mes photographies, mais ma motivation pour écrire au sujet de ces photos s’est atténuée ces derniers temps. Je pense que c’est dû au fait qu’on ne bouge pas beaucoup de chez nous ces dernières semaines à cause de la situation sanitaire et les recommandations de rester chez soi. Je regarde du coup beaucoup plus Netflix et notamment la série Lupin avec Omar Sy qui commence vraiment très bien. Mais je connais ces baisses de régime occasionnelles et la machine repart plus tard comme si de rien n’était. L’envie d’écrire sur la musique que j’aime est de toute façon plus forte que mes doutes sur l’utilité de ce blog.
Mois : janvier 2021
⁂▼神山へ▼⁂
se perdre dans un rouge profond
Il me reste encore quelques photographies de l’année dernière à montrer sur ce blog. Celles ci-dessus ont été prises en fin de journée au grand sanctuaire de Kanda, communément appelé Kanda Myōjin, dans les derniers jours du mois de Décembre. La lumière de fin de journée venait accentuer les couleurs rouges vermillon de la grande et magnifique porte Zuishin-Mon, construite en cyprès. La richesse de l’endroit tape tout de suite à l’oeil. Il s’en dégage une certaine ‘puissance’ que j’aurais du mal à expliquer mais que j’ai ressenti. Peut-être est-ce la richesse de l’architecture, notamment des toitures et de la porte principale, qui me donne ce sentiment. Kanda Myōjin fait d’ailleurs partie des Tokyo Jissha (東京十社), les 10 sanctuaires de Tokyo sélectionnés par l’Empereur Meiji, dans différents lieux de Tokyo, pour apporter prospérité à la ville. Nous avons déjà visité plusieurs sanctuaires de cette sélection, comme celui de Nezu, celui de Hikawa à Akasaka, ou encore celui de Hie, de Shinagawa ou encore de Kameido. Il faudra qu’on les visite tous pour compléter notre collection de goshuin. C’était la première fois que je venais à Kanda Myōjin, mais je suis pourtant passé plusieurs fois à quelques rues de son entrée sans avoir eu l’idée de m’y rendre. Le portique torii se trouve sur la pente Shin-Tsumakoi-zaka (新妻恋坂) dans le prolongement de la rue Kuramae-dori. Le nom de cette pente parlant d’amour d’une femme m’intrigue beaucoup. Juste à côté de ce torii, un vieil établissement s’appelant Amanoya et datant de l’époque Edo prépare et vend du amazake. Je n’ai pas résisté à l’envie de commander un verre. J’aime beaucoup prendre le temps de boire un verre d’amazake chaud, dehors dans la rue ou devant un sanctuaire, lorsqu’il fait froid. J’ai le sentiment que ce moment, bien que court, me donne assez de temps pour observer les choses autour de moi, de m’y attarder un peu plus, plutôt qu’être toujours en mouvement. Je rêve parfois de pouvoir rêver un peu plus.
Tokyo Jihen nous fait la surprise de sortir un nouveau morceau intitulé Whiteout (闇なる白) le 23 Janvier 2021. Après les deux morceaux sortis au mois de Novembre 2020, Blue ID (青のID) et Veil of Life (命の帳), le groupe est en pleine activité pour notre plus grand plaisir. En annonçant ce nouveau single, Tokyo Jihen en profite pour nous rappeler que leur prochain album original est en cours de production, mais sans donner de date de sortie. Whiteout est un morceau composé par Izawa Ichiyō, qui est particulièrement actif depuis la réformation car il a également écrit Veil of Life (命の帳) et Aka no Dōmei (赤の同盟), entre autres. Izawa a un talent certain pour construire des morceaux atypiques et je trouve que tout ce que Tokyo Jihen a sorti depuis Aka no Dōmei (赤の同盟) en Aout 2020 suit cette même veine musicale. J’ai souvent envie de parler de Tokyo Jihen ces derniers mois, notamment car je suis épaté par leurs nouvelles compositions qui sortent des formats classiques. C’est le cas de Whiteout qui est musicalement superbe. Il est chanté à plusieurs voix (Sheena, Ukigumo et Izawa) mais seule celle de Sheena a un léger effet vocoder, un peu comme sur le morceau Nagaku Mijikai Matsuri, mais en moins prononcé. Certaines personnes sautent au plafond à la première utilisation d’un vocoder mais ce n’est pas mon cas. Je ne saute pas non plus au plafond quand Sheena chante à travers un mégaphone qui triture complètement sa voix. Toujours est il que la variation de tonalités du chant de Sheena est toujours pour moi un point d’interêt majeur. Le morceau n’a pas vraiment l’allure d’un single qui passerait à la radio, peut être parce qu’il est un peu court à 3 minutes. Je l’imaginerais bien en premier titre du futur album. Je dis peut être cela car la partie instrumentale électronique au 2/3 du morceau était déjà présente dans le teaser 東京事変2020+X et ressemble donc à une annonce pour le prochain album. Veil of Life (命の帳) reste le morceau que je préfère depuis leur réformation mais j’aime aussi énormément ce dernier morceau, ce qui laisse présager de bonne choses pour le nouvel album. Je pense qu’il sera moins conventionnel que le EP News de début 2020.
J’arrive assez bien jusqu’à maintenant à alterner les concerts de Sheena Ringo avec ceux de Tokyo Jihen. Après la revue de Just Can’t Help It de Tokyo Jihen, je reviens donc naturellement vers un concert solo de Sheena Ringo, même si Tokyo Jihen n’est pas très loin. Je regarde cette fois-ci le DVD de Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō (第一回林檎班大会の模様), sorti le 21 Février 2007. Comme pour Electric Mole, je l’ai acheté sur Mercari à un particulier vivant à Fukuoka. Il s’agit d’une captation vidéo de deux séries de concerts sous le nom Dai Ikkai Ringohan Taikai Adult Only (第一回林檎班大会 アダルト・オンリー) qui se sont déroulés les 12 et 13 Décembre 2005 au Garden Hall de Yebisu Garden Place à Ebisu, ainsi que les 20 et 21 Décembre 2005 dans la salle Daikanyama Unit. Les ambiances de ces deux salles étant très différentes, plutôt formelle pour le Garden Hall à Ebisu et underground pour Daikanyama Unit, les concerts qui y sont joués ont donc également des styles très différents. Comme le nom l’indique, il s’agissait de concerts réservés uniquement aux membres du fan club Ringohan (林檎班) et le public dans chacune des salles était donc limité, 1500 personnes au Garden Hall et 500 personnes au Daikanyama Unit.
Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō est assez particulier car Sheena évolue déjà au sein de Tokyo Jihen à cette époque, mais plus dans sa première phase Dai-Ikki (第一期) car Hiizumi et Hirama sont déjà partis. En fait il s’agit du premier concert de Tokyo Jihen en deuxième phase Dai-Niki (第二期), car Izawa et Ukigumo ont intégré le groupe en Septembre 2005 et ces quatre dates de concerts se déroulent deux mois après en Décembre 2005. Chronologiquement parlant, Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō se déroule après Dynamite Out (2005) et avant Domestic! Virgin Line et Just Can’t Help It (2006). C’est aussi le premier concert en solo de Sheena Ringo depuis Electric Mole en 2003. Ce n’est par contre pas la première fois que Sheena se produit sur scène avec une orchestration de Neko Saito, car il était déjà présent sur Baishō Ecstasy (2003). En y pensant maintenant, ce concert laissait déjà présager l’album orchestral Heisei Fūzoku (平成風俗) qui sortira deux mois après le DVD, en Avril 2007. Les morceaux joués lors de ces concerts sont donc un mélange de titres de sa carrière solo et d’autres de Tokyo Jihen, mais aussi des reprises dont certaines sont présentes sur Utaite Myōri.
Le DVD ne montre en fait que des parties des deux séries de concerts. Les deux concerts au Garden Hall les 12 et 13 Décembre 2005 se composaient de deux parties distinctes. La première partie faisait intervenir Tokyo Jihen pour 7 morceaux de leurs deux premiers albums tandis que la deuxième partie était consacrée à Sheena Ringo en solo mais accompagnée sur 10 morceaux par Neko Saito et par un orchestre de 27 personnes pour 10 instruments classiques. Seule cette deuxième partie de Sheena Ringo solo est montrée en intégralité sur le DVD Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō. Pour les dates du 20 et 21 Décembre 2005, le concert était également divisé en deux parties indépendantes. La première partie voyait Sheena Ringo collaborer sur scène avec le chanteur folk Hasegawa Kiyoshi (長谷川きよし) pour 8 morceaux, tandis que Tokyo Jihen interprétait la deuxième partie avec une série similaire à celle jouée lors des dates au Garden Hall de Yebisu Garden Place. Seule la première partie avec Sheena et Hasegawa Kiyoshi est montrée sur le DVD. En fait, toutes les séquences avec Tokyo Jihen ont été exclues du DVD sauf un morceau en rappel sur les dates au Daikanyama Unit. Je n’aime en général pas trop quand les concerts sont découpés, mais c’est beaucoup moins gênant de le cas de Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō car il s’agissait de parties très distinctes qui ont été enlevées, plutôt que des morceaux au milieu du concert. Mais j’aurais quand même été très intéressé de voir comment Tokyo Jihen interprète les mêmes morceaux dans des ambiances très différentes, entre le classicisme du Garden Hall et l’aspect très rock underground du Daikanyama Unit. Dans son ensemble, Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō donne une atmosphère intimiste dans l’esprit des concerts Baishō Ecstasy deux années auparavant en 2003 et Tōtaikai beaucoup plus tard en 2013.
Un peu comme sur Baishō Ecstasy d’ailleurs, le concert commence par Kareha, une reprise des Feuilles Mortes de Jacques Prévert, chantée en français par Sheena et accompagnée par le seul violon de Neko Saito. La scène se passe d’abord dans le noir presque complet. Neko en premier puis Sheena ensuite arrivent tranquillement en marchant vers le milieu de la scène entourés de halos de lumière. Le morceau n’est pas interprété en entier car l’orchestre au complet se met soudainement en mouvement pour le morceau qui suit, Kabukichō no Joō. Sheena regarde droit devant elle, sans sourire et avec un air extrêmement décidé. J’aime beaucoup ce regard sans compromis qu’elle nous montre souvent pendant ce concert. Elle est d’abord habillée d’un manteau noir qu’elle va ensuite enlever d’un mouvement brusque pour laisser apparaitre une robe de couleur rosée qu’elle gardera pendant tout le reste du concert. On peut même noter un certain air de satisfaction sur son visage après ce changement de vêtements. Ces changements brusques de tenues de scène sont même devenus une marque de fabrique de ses concerts. Orchestration étendue oblige, il y a plusieurs morceaux de KSK présents sur cette première partie de concert notamment Ishiki, STEM puis Meisai en final dans les rappels. Ces versions sont très réussies même si je ne suis pas certain que ce soient les meilleures versions que j’ai pu entendre de ces morceaux. Disons qu’il n’y a pas vraiment de spécificités, musicalement ou visuellement, dans les versions de ce concert par rapport aux autres concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. Le décor est très sobre sans écrans et sans effets d’éclairage très évolués. Ma première impression était de penser que ce concert n’était pas indispensable dans la discographie vidéo de Sheena Ringo, mais l’ambiance très intimiste du lieu rend en fait ce type de concert très attachant. Comme il s’agit d’un concert uniquement réservé au fan club Ringohan, je pensais qu’il serait plus détendu et moins formel, mais Sheena se donne à fond en toutes situations. Le final de STEM se révèle d’ailleurs être plein d’émotion, dans sa voix aux bords des pleurs. L’ambiance change ensuite très vite avec Dynamite où Sheena prend un air plus enjoué, appréciant la formation orchestrale qui l’accompagne. Le concert passe son temps à alterner les ambiances, plus émotionnelles ou plus enjouées. Elle annonce ensuite le nom de l’orchestre avec un certain formalisme. Comme on le sait très bien, chaque formation musicale qui l’accompagne prend un nom spécifique en fonction des concerts ou des séances d’enregistrement studio et cette formation là, annoncée par Neko Saito, s’appelle Matatabi Orchestra. Suit ensuite le morceau La Salle de Bain qui est la version orchestrale et en anglais de Yokushitsu de l’album Shōso Strip et que l’on trouve sur le EP Ringo no Uta. Cette version orchestrale est celle que je préfère, surtout pour l’intensité vocale qu’elle y met lors de ce concert. J’aime aussi beaucoup la version de Tōtaikai pour les percussions de Midorin, mais je préfère en fait cette version pour son intensité en milieu de morceau. Le morceau suivant Papaya Mango est présent sur l’album Heisei Fūzoku qui sortira plus tard, et c’est le seul morceau que je n’aime pas beaucoup de cet album. La version live passe mieux mais n’arrive tout de même pas à vraiment me convaincre, même si on apprécie le fait qu’elle chante en français au début. A noter que c’est quand même la deuxième fois qu’elle chante en français pendant ce concert. Le fait qu’elle nous fasse un petit sourire innocent à la fin du morceau en guise de remerciement vaut quand même le détour. Yume no Ato est tout de suite beaucoup plus poignant. Elle se cramponne sur son micro, son visage se tend et elle perd un peu le contrôle de ses mouvements. Ce sont les moments que je préfère dans les concerts de Sheena Ringo, quand elle semble être emportée par le morceau qu’elle interprète. En voyant son visage par moments sur ce morceau en particulier, elle me rappelle un peu Jun Togawa quand elle est également prise par l’intensité de son interprétation. Sheena annonce ensuite qu’il s’agit déjà du dernier morceau. Une personne dans le public crie “Yada” d’une voix assez forte, ce qui la gène visiblement un peu car elle n’est en général pas à l’aise sur ce genre de réaction. Comme elle a toujours un grand souci de satisfaire son public, je pense qu’elle n’aime pas beaucoup ce genre de commentaires qu’elle doit prendre au premier degré. Elle répond aimablement qu’il faudra dire cela à la fin du concert, tout en enchainant sans attendre. Sid to Hakuchumu est censé être le dernier morceau mais elle revient quand même rapidement pour les rappels avec le morceau Meisai de KSK. Elle fait un petit mouvement de ballet avant de démarrer Meisai, mouvement qu’elle n’a jamais fait en concert jusqu’à maintenant, à ma connaissance du moins. Elle fait aussi beaucoup de mouvements d’inclinaison pour remercier le public et va même jusqu’à toucher le sol lors de ce concert. L’interprétation de Meisai est très belle, fonctionnant en duo avec Sheena à la voix et Neko prenant le devant de la scène au violon. Cette interprétation est également très intense. Sheena part avant la fin laissant l’orchestre et Neko partir en improvisation. Les membres de l’orchestre partent les uns après les autres sauf les percussions, le pianiste et le bassiste, laissant Neko s’engager dans un chaos musical au violon du plus bel effet.
On change complètement d’ambiance sur la deuxième partie du DVD, car on se déplace dans la salle de concert Unit à Daikanyama. Cette deuxième partie est musicalement beaucoup moins dense car Sheena est seule au piano pour interpréter d’abord Kōfukuron. Il s’agit bien sûr de la version initiale de ce morceau, celle qu’on trouvait sur son premier single, plutôt que la version chaotique de Muzai Moratorium. On se concentre sur sa voix d’autant plus que l’ambiance est très sombre dans la salle. On ne voit qu’elle sur la scène et il n’y a rien pour nous distraire ou nous extraire de cette voix. La version de Gibs ensuite est très réussie, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce morceau n’est pas dans ses morceaux préférés sur Shōso Strip. J’aurais aimé qu’elle interprète pendant ce type de concert intimiste, un morceau comme Onaji Yoru de Muzai Muratorium, qui est le morceau qu’elle préfère sur Muzai Moratorium (elle le disait souvent dans l’émission de radio Etsuraku Patrol). La particularité de cette deuxième partie de concert est la présence de Hasegawa Kiyoshi au chant et à la guitare acoustique. On est tout de suite impressionné par la dextérité de ces doigts à la guitare. Les morceaux en duo démarrent par une reprise de Fly me to the moon. Le duo de voix fonctionne très bien. Le concert continue par Kesho Naoshi qui est également une version très réussie de ce morceau de Tokyo Jihen. Maki, la fille de Hasegawa Kiyoshi, vient ensuite rejoindre le duo. Elle les accompagnera à la flute traversière pour Ringo no Uta et les quelques morceaux qui suivent comme Omatsuri Sawagi. Ce sont également des excellentes interprétations. On ressent un grand respect de Sheena pour Hasegawa, pas forcément dans ses mots mais dans sa manière d’être sur scène et dans la façon dont elle l’accompagne à son entrée et à sa sortie de scène. Je ne connaissais pas particulièrement Hasegawa Kiyoshi mais on comprend vite qu’il est aveugle (il a perdu la vue à l’age de 2 ans), ce qui explique ses lunettes de soleil dans une salle très sombre et les accompagnements à son entrée et sortie. Le meilleur morceau de ce concert est Haiiro no Hitomi, qu’on trouvait sur le premier disque de Utaite Myōri: Sono Ichi. Il s’agit en fait d’un morceau de Hasegawa mais ce n’était pas avec lui que Sheena l’inteprêtait sur Utaite Myōri. Ils y ont tous les deux des voix très puissantes qui traversent la pénombre de la salle, pour arriver jusqu’à l’écran sur lequel je regarde ce DVD. Haiiro no Hitomi est annoncé comme étant le dernier morceau de cette collaboration sur scène, car le suivant est interprété par Hasegawa seul. Il s’agit de Wakare no Sanba qu’il a composé quand il avait 19 ans. Il nous explique que c’est un morceau que Sheena apprécie beaucoup et se demande d’ailleurs pourquoi elle le connait car elle ne devait pas être née à cette époque. Wakare no Sanba est sorti le 25 Juillet 1969. C’est en fait le single de ses débuts. Le DVD se termine sur une courte troisième partie composée d’un seul morceau qui est une collaboration de Tokyo Jihen avec Hasegawa Kiyoshi. Rakujitsu, qui est sorti le mois d’avant en Novembre 2005 avec le single Shuraba, est ici interprété en version quasi acoustique avec quelques effets de guitare électrique de Ukigumo. Seule Sheena chante sur ce morceau dans une ambiance générale détendue car nous sommes dans les rappels.
Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste des morceaux du DVD Dai Ikkai Ringohan Taikai no Moyō:
Sheena Ringo×Matatabi Orchestra dirigé par Saito Neko (マタタビオーケストラが誘う情憬)
1. Kareha (枯葉), reprise du morceau Les feuilles mortes écrit par Jacques Prévert et composé par Joseph Kosma, présent sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~)
2. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
3. Ishiki (意識), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
4. STEM (茎), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
5. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難) de Tokyo Jihen
6. La salle de bain, du EP Ringo no Uta (りんごのうた)
7. Papaya Mango (パパイヤマンゴー), qui sera plus tard sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗)
8. Yume no Ato (夢のあと), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
9. Sid to Hakuchumu (シドと白昼夢), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
10. Meisai (迷彩), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)Sheena Ringo×Hasegawa Kiyoshi et sa fille MAKI (長谷川きよしとやさしい唄の世界)
1. Kōfukuron (幸福論), du premier single du même nom
2. Gibs (ギブス), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
3. Fly me to the moon, reprise du morceau écrit en 1954 par Bart Howard
4. Kesho Naoshi (化粧直し), de l’album Adult (大人) de Tokyo Jihen
5. Ringo no Uta (りんごのうた), du EP du même nom
6. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
7. Haiiro no Hitomi (灰色の瞳), reprise du morceau écrit par Hasegawa Kiyoshi et Kato Tokiko et présent sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~)
8. Wakare no Sanba (別れのサンバ), premier single de Hasegawa KiyoshiTokyo Jihen×Hasegawa Kiyoshi pour les rappels (長谷川きよしと東京事変によるアンコール)
1. Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)
tant qu’il y a un soleil (2)
Ces quelques photographies sont également prises pendant les premiers jours de cette année, cette fois-ci dans le quartier de Kugahara et un peu plus loin jusqu’au grand étang Senzoku-Ike. L’étang a pris ce nom suite au passage du moine bouddhiste Nichiren Shonin qui s’y est arrêté pour se laver les pieds, lors de son pèlerinage vers le grand temple Ikegami Honmonji (que je montrais sur quelques photographies sur le billet précédent). Senzoku (洗足) veut dire se laver les pieds. Le parc est très agréable et ombragé, avec un petit sanctuaire posé sur un îlot auquel on peut accéder par un pont. Ce style de parc autour d’un étang me rappelle beaucoup les parcs de Inokashira ou de Shakujii. Il y a des carpes et de nombreux canards qui attendent patiemment, mais avec une certaine insistance, qu’on vienne les nourrir. Le petit garçon sur la dernière photographie leur envoie des morceaux de pain avec tant d’énergie que j’ai même un peu de mal à saisir son mouvement en photo.
Alors que je cherchais dans mon tiroir de CDs l’album de DJ Krush, je tombe par hasard sur l’album Tategami (鬣) du groupe de rock japonais GO!GO!7188, trio originaire de Kagoshima composé de Yū (Nakashima Yumi) à la guitare et au chant, Akko (Akiko Noma) à la guitare basse et au chant et Turkey (Takayuki Hosokawa) à la batterie. J’avais un peu oublié à quel point cet album est excellent, notamment pour la manière à laquelle le groupe mélange le rock le plus puissant avec un chant qui empreinte parfois aux tonalités Enka. Les voix très affirmées de Yū et Akko sont un réel atout, surtout quand elles se mélangent en duo, et s’ajustent parfaitement au rythme rapide des compositions. En fait, j’avais d’excellents souvenirs du single Ukifune et notamment de sa vidéo, car je l’ai régulièrement écouté mais j’avais un peu oublié le reste de l’album que je redécouvre maintenant sous un nouveau jour (je dis ça assez souvent ces derniers temps). Cet album sorti en Février 2003 est le troisième du groupe. J’en avais en fait parlé dans l’un des premiers billets de ce blog en Mai 2003. C’est amusant de se relire 17 ans après et de constater qu’à l’époque je m’étais tourné vers GO!GO!7188 car je recherchais de la musique rock dans l’esprit de ce que faisait Sheena Ringo à cette époque (d’autant plus qu’ils sont également originaires du Kyūshū et chez EMI). C’est vrai qu’il y a un petit air de ressemblance dans la manière de chanter par moments et sur certains morceaux avec des roulements de ´r’ occasionnels, mais GO!GO!7188 reste quand même plus lourd en guitares avec un côté plus spontané et moins excentrique. La plupart des morceaux tournent sans répit et lorsque le groupe s’accorde quelques moments de repos comme sur le morceau Ame nochi Ame nochi Ame (雨のち雨のち雨), c’est pour ensuite repartir de plus belle au quart de tour. L’ensemble de l’album Tategami suit une unité de style très cohérente, même si certains morceaux prennent des sonorités plus pop. Sans forcément être capable de le confirmer précisément, certains morceaux, notamment le dernier Tane (種), me rappelle l’ambiance des chansons folkloriques japonaises, avec même un côté insulaire. En fait, il s’avère que Yū apprécie beaucoup le groupe The Boom qui chantait le morceau très connu Shima Uta (que j’ai d’ailleurs ‘brillamment’ interprété en duo lors de mon mariage à Kamakura). Un des morceaux de l’album devait d’ailleurs prendre le même titre, comme une sorte d’hommage. Il s’agit du cinquième morceau qui s’est finalement appelé Nanashi (ななし – Sans nom), mais cette petite anecdote montre bien une certaine attirance pour ce côté folklorique insulaire, sans aller jusqu’aux spécificités de la musique d’Okinawa qu’on trouve dans Shima Uta. Après avoir réécouté Tategami plusieurs fois, ce morceau Tane est peut-être bien celui que je préfère. Je vais creuser un peu plus l’univers de GO!GO!7188.
tant qu’il y a un soleil (1)
Les premiers jours de l’année paraissent déjà bien loin. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans l’enceinte du grand temple Ikegami Honmonji et au plus petit sanctuaire Ontakesan à quelques stations de là. Nous découvrons petit à petit l’arrondissement de Ohta à travers ses temples et sanctuaires, mais nous y allons doucement pour éviter la foule. Visiter les temples et sanctuaires est aussi l’occasion de marcher, lorsqu’on finit par en avoir marre des émissions télévisées du Nouvel An. J’aime beaucoup cette période tranquille et sans obligations des premiers jours de l’année. Je pense à chaque fois que je vais pouvoir faire des choses que je ne trouve pas assez le temps de faire en temps normal, comme par exemple terminer Neige de Printemps de Yukio Mishima, que j’ai déjà commencé depuis quelques temps. En fait, je lis ce livre par petites doses comme pour le faire mijoter dans mon esprit. J’aime beaucoup cette histoire et l’écriture de Mishima, et je ne suis en fait pas pressé de le terminer car j’ai envie que Kiyoaki Matsugae et Satoko Ayakura continuent à m’accompagner encore quelques temps. J’avais un sentiment similaire envers les personnages de Murakami dans 1Q84, Aomame et Tengo Kawana, ou envers le narrateur anonyme du Meurtre du Commandeur. J’ai même trouvé une certaine tristesse à me séparer de ces personnages une fois terminé ces romans. Pendant les jours du Nouvel An, je pensais lire quelques chapitres de Neige de Printemps, ou peut être me remettre à écrire sur mon carnet, mais j’avais cependant oublié que le cerveau se met en pause à cette période de l’année et que toutes les bonnes volontés du monde ne peuvent l’emporter sur la lenteur générale de ces moments.
Musicalement parlant, je ne sais quelle raison m’a poussé à rechercher dans mon tiroir de CDs l’album de mix Code4109 de DJ Krush (Ishi Hideaki de son vrai nom). L’album est déjà sur mon iPod depuis très longtemps mais je ressentais tout de même le besoin d’ouvrir la boite du CD et de réouvrir le livret. Je n’avais pas écouté depuis longtemps cet album de hip-hop instrumental composé d’un mix de 19 morceaux formant un long morceau non-stop de 68 minutes. La beauté de Code4109 est dans les transitions et certains choix musicaux comme celui de faire intervenir des chœurs bulgares sur un morceau (le neuvième Taiyou Ga Arukagiri 太陽があるかぎり qui m’inspire d’ailleurs le titre de ce billet). En le réécoutant maintenant, je me rends compte que je connais chaque enchaînement et retournement de situation par cœur. Je ne pensais pas m’en souvenir aussi bien, mais il faut dire que je l’ai beaucoup écouté au début des années 2000. Code4109 est sorti en 2000 sur le label Mo’Wax. Je pense que j’ai connu DJ Krush à travers DJ Shadow également sur ce même label de James Lavelle. Endtroducing….. de DJ Shadow sorti en 1996 est un album grandiose que j’ai aussi beaucoup écouté. Toujours sur Mo’Wax, me revient en tête Psyence Fiction de 1998, par le groupe UNKLE composé de James Lavelle et Shadow, et où intervenaient de nombreux invités comme Thom Yorke ou Richard Ashcroft.