銀座・林檎・EXPO十八

Je continue à marcher entre les immeubles de Ginza, sans me perdre car l’organisation des rues en quadrillage autour des grandes avenues fait qu’on a toujours un point de repère. Je voulais faire un tour d’horizon des nouveaux buildings du quartier mais j’en trouve assez peu que je ne connaissais pas déjà. Je reviens donc par défaut vers celui fait de cubes de verre, conçu par Renzo Piano pour Hermes. Depuis que l’immeuble Sony au coin de rue a été démoli, on peut l’apercevoir pleinement du carrefour, notamment depuis les hauteurs de la tour Tokyu Plaza que je prends également en photo ci-dessus. Mais ça, je l’avais déjà dit dans un billet précédent et je me répète. De ce tour d’horizon du quartier, je garde en tête la beauté des matériaux de certaines devantures comme celle de Bottega Veneta sur la première photographie. Nous sommes assez tôt le matin avant que les boutiques et Department Stores n’ouvrent pour la journée et les rues sont calmes. J’aime particulièrement marcher le matin avant que l’activité démarre, mais l’occasion ne se présente que rarement.

J’avais une légère appréhension avant de regarder le Blu-Ray du concert Ringo Expo’18 de Sheena Ringo car je me demandais si elle avait conservé sur ce dernier concert en solo toute la passion que j’ai pu voir sur ses concerts précédents. Je m’inquiétais bien entendu pour rien car ce concert est grandiose, d’un style très différent de la sobriété du dernier concert News Flash de Tokyo Jihen par exemple (qui sortira d’ailleurs en DVD/Blu-ray le 14 Avril 2021). Le budget des concerts de Sheena Ringo dans le grand espace de Saitama Super Arena est bien different de celui de Tokyo Jihen au Tokyo International Forum. Ce blu-Ray était un de mes cadeaux de Noël et je l’ai acheté au Disk Union de Shinjuku. Je me suis en fait rendu compte qu’un nouveau magasin Disk Union avait ouvert ses portes à quelques dizaines de mètres de l’ancien, mais il est malheureusement caché dans une petite rue que je n’emprunte en général pas. Cette nouvelle boutique a un rayon assez important couvrant Sheena Ringo et Tokyo Jihen, et notamment des DVDs ou Blu-Ray de concerts qui manquaient dans l’ancienne boutique. Elle est devenue ma boutique préférée.

La tournée (Nama) Ringo Expo’18 – Fuwaku no Yoyū -「(生) 林檎博’18 – 不惑の余裕 -」se déroulait en 8 dates du 20 Octobre au 30 Novembre 2018, en commençant par deux dates à Shizuoka, puis deux à Osaka, trois dates au Saitama Super Arena et au final une dernière date à Fukuoka. Pour chaque tournée, je constate que Sheena est à chaque fois fidèle à la ville de son enfance, en passant systématiquement à Fukuoka. Cette tournée est sous-titrée Fuwaku no Yoyū. Fuwaku fait référence au fait d’avoir 40 ans, et Yoyū au fait d’avoir de la marge. Sheena fête ses quarante ans pendant cette tournée et la date de la captation vidéo au Saitama Super Arena est celle de son anniversaire, le 25 Novembre. Ce sous-titre doit donner l’idée qu’on ne doit pas se laisser perturber par le fait d’avoir 40 ans et que le temps ne manque pas pour continuer à faire de belles choses. En plus de ses quarante ans, cette tournée correspond également aux 20 ans de sa carrière musicale démarrée en 1998. C’est assez fréquent dans la vidéographie de Sheena Ringo de trouver des videos de concerts correspondant exactement à ces dates d’anniversaire.

Sur cette tournée, Sheena est accompagnée par un groupe de musiciens prenant un nom de formation tirée de la science fiction, The Mighty Galactic Empire. Les noms des membres nous sont familiers, car l’air de rien, même si Sheena est annoncée en solo, elle fait toujours partie d’un groupe bien identifié. On retrouve donc Hiizumi Masayuki (alias H Zett M), ancien membre de la première phase de Tokyo Jihen, aux claviers. Hiizumi intervient en fait assez régulièrement dans les compositions et aux enregistrements de certains morceaux de la carrière de Sheena, par exemple sur Shijō no Jinsei (至上の人生) dont je parlais auparavant. Yukio Nagoshi est à la guitare électrique. Il était déjà présent sur la tournée Ringo Expo 08 et participa notamment aux enregistrements de l’album Hi Izuru Tokoro. Midorin du groupe jazz SOIL&’PIMP’SESSIONS est à la batterie et c’est également un habitué des concerts de Sheena Ringo car il était notamment aux percussions sur la tournée Tōtaikai. Kameda Seiji n’est par contre pas à la guitare basse sur cette tournée, comme c’était le cas dix ans auparavant pour Ringo Expo 08, car il s’agit de Keisuke Torigoe. Torigoe joue aussi de la contrebasse et il était également présent sur la tournée Tōtaikai. C’est également un habitué car il faisait également partie de la formation de la mini tournée Chotto Shita Reco Hatsu en 2014. Ce dernier concert accompagnant la sortie de Gyakuyunyū: Kōwankyoku n’est d’ailleurs pas disponible en DVD ou Blu-ray mais était retransmis sur la chaîne du câble WOWWOW et on peut le trouver sans trop de difficultés dans les méandres de l’internet. Un orchestre de 32 musiciens pour 10 instruments (si mon compte est bon) mené évidemment par Neko Saito vient compléter la formation The Mighty Galactic Empire. On peut également voir sur scène deux groupes de danseuses: Ai et Bambi Naka, qui signe également certaines chorégraphies, et le groupe Elevenplay composé de 4 danseuses (Kohmen, Saya, Erisa et Kaori). J’étais surpris de ne pas retrouver la troupe Idevian Crew qui était présente sur plusieurs concerts comme Bon Voyage de Tokyo Jihen ou Ringo Expo 08. Ceci étant dit, j’ai trouvé les chorégraphies sur Ringo Expo 18 bien meilleures que ce que j’avais vu jusqu’à maintenant sur un concert de SR/TJ (surtout si on compare à Bon Voyage), notamment dans la manière dont les danseuses s’intègrent à la représentation et leur interactions avec Sheena. Je dirais même qu’elles deviennent un des (nombreux) intérêts du spectacle, surtout la présence de Bambi Naka et Ai en fait, qui serait presqu’aussi forte que celle d’Aya Sato. La chorégraphie générale du concert est assurée par la copine de Sheena, la chorégraphe MIKIKO (qui chorégraphie également des spectacles de Perfume) et je pense que c’est tout simplement la raison pour laquelle c’est réussi. Le concert inclut également plusieurs artistes invités, plus nombreux qu’à l’habitude d’ailleurs, mais j’y reviendrais un peu plus tard. Le nom de science fiction de la formation The Mighty Galactic Empire évoquerait plutôt le monde de Star Wars, mais la jaquette du DVD/Bu-Ray nous rappelle évidemment l’affiche de Rencontres du 3ème Type de Steven Spielberg, film inscrit dans ma culture cinématographique l’ayant vu et revu des dizaines de fois (et même dessiné des montagnes ce qui inquiétait un visiteur de ce blog). Le concert démarre également par une allusion très marquée à ce film, sorti en 1977 aux États Unis mais en 1978 au Japon, l’année de naissance de Sheena. On ne répétera jamais assez que rien n’est laissé au hasard chez Sheena Ringo et ça en deviendrait presqu’inquiétant (mais en même temps tellement intéressant). Dans sa totalité, ce concert est excellent mais je me rends compte que je ne suis plus très objectif dans mes évaluations. Il n’y a rien à mettre de côté, par rapport à certains concerts précédents où quelques morceaux m’intéressaient moins. La playlist du concert est assez variée mais couvre beaucoup plus la deuxième partie de carrière de Sheena, et plutôt les derniers albums: Hi Izuru Tokoro, les deux Gyakuyunyū et Ukina. On trouve également un assez grand nombre de singles qui seront plus tard inclus sur l’album Sandokushi. On y trouve également quelques reprises d’anciens morceaux pop japonais et de nombreuses collaborations sur scènes qui comptent parmi les meilleurs moments du concert. Musicalement, il ne s’agit peut être pas du meilleur concert que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, ni le plus prenant émotionnellement, mais il est de loin le plus beau et le plus abouti en terme de mise en scène.

Le premier morceau du concert est instrumental et s’intitule Kichi to no sōgū, qui veut dire rencontre avec la sagesse. J’imagine que ce titre évoque la sagesse que l’on gagne petit à petit avec les années et qu’il s’agit là d’une première évocation de son passage vers la quarantaine. Cet instrumental ressemble à un morceau de chauffe pour l’orchestre de Neko Saito qui apparaît sur scène dès le début. Sheena n’est pas encore sur scène et n’apparaîtra que dans le morceau suivant. Une étrange machine de science fiction apparaît sur les écrans vidéo en arrière plan. Elle réagit à chacun des instruments de l’orchestre joués indépendamment les uns après les autres. La machine reconnaît chaque instrument joué en donnant son nom à l’écran et compose ensuite une réponse musicale. Le dialogue entre l’orchestre et la machine se construit petit à petit et n’est pas sans nous rappeler la scène emblématique de Rencontres du 3ème type où les scientifiques dialoguent par une succession de sons avec une présence extraterrestre. La musique qui en résulte s’accélère d’ailleurs de la même manière que dans le film. Le titre de ce morceau Kichi to no Sōgū (機知との遭遇) fait d’ailleurs référence directe avec le titre japonais du film Michi to no Sōgū (未知との遭遇), sauf que l’inconnu dans le titre du film est remplacé par la sagesse dans le titre du morceau. Mais cette machine musicale aux multiples yeux rouges me rappelle aussi les créatures Ohmu du film d’animation Nausicaä de la vallée du vent. On connaît l’affection de Sheena pour ce film et pour la princesse Nausicaä qu’elle imitait quand elle était petite, donc cette inspiration me paraît naturelle. La musique de ce premier morceau se fond ensuite avec le début de Honnō mais Sheena n’entre pas encore sur scène. Mummy-D du groupe de Hip-Hop Rhymester, un des plus anciens du genre au Japon, entre d’abord seul en scène alors que la voix de Sheena en version auto-tune se joue derrière. C’est une version très différente de ce que j’ai pu entendre jusqu’à maintenant. Sheena apparaît ensuite dans une cage de verre sous des rayons de lumière et casse petit à petit à l’aide d’un poing américain le verre qui l’enferme. La ressemblance avec les scènes du clip vidéo original de Honnō va jusqu’au coup de pied final que donne Sheena sur le reste de verre qui dépasse. La première tenue de scène de Sheena est peut-être la plus belle du concert. Comme sur la tournée Tōtaikai, elle porte une grande couronne de reine ou de princesse sur la tête. Sa robe prend un air médiéval. Il s’agit d’une robe Gucci de la collection Croisière 2018 avec l’inscription volontairement modifiée en Guccy. La robe est modifiée car des modèles d’insectes y sont accrochés. Les autres membres du groupe voient également leurs tenues de scène agrémentées de ce genre d’insectes. J’aime beaucoup cette tenue de scène parce que Sheena l’accorde avec des grosses plateformes boots noires qui contrastent avec le reste. On peut se demander pourquoi Sheena ne jure que par Gucci pour ses tenues de scènes ces dernières années. Il doit y avoir l’attrait pour le style vestimentaire mais cet intérêt pour la marque est également très certainement dû au fait que le directeur créatif de Gucci, Alessandro Michele, a la même date d’anniversaire que Sheena (mais de 6 ans son aîné). On pensera ce qu’on veut de ce choix vestimentaire, mais je trouve que ces tenues sont plutôt bien adaptées à la scène et le style de Michelle s’éloigne de l’image tape-à-l’œil que l’on peut avoir de la marque depuis la période Tom Ford. J’aime beaucoup quand Sheena choisit l’excentricité dans ses tenues de scène. Celles de Ringo Expo 18 ne surpassent tout de même pas la tenue finale avec coiffe amérindienne du concert Discovery de Tokyo Jihen, dont elle avait elle-même l’air très fière. Après être sortie de sa cage de verre, Sheena chante de sa vraie voix sans auto-tune et Mummy-D continue sa partie rappée qui fonctionne en fait très bien pour le morceau. Lorsque démarre le morceau suivant Ryūkō, la voix rappée de Mummy-D devient très naturelle car on est tout de suite saisi par l’ambiance de Sanmon Gossip, album qui était un tournant dans la carrière solo de Sheena Ringo. Mummy-D est extrêmement mobile sur scène par rapport à Sheena qui est plus statique, du moins au début. Elle reste cool et intouchable, c’est le personnage qu’elle joue sur scène, mais elle laisse quand même échapper une larme. On le devine car elle s’essuie l’oeil pendant la représentation de ce morceau. J’aime beaucoup ensuite la manière par laquelle Sheena se synchronise avec les deux danseuses pour effectuer le même mouvement. Comme je le disais plus haut, les chorégraphies sont un des points forts de ce concert. Pendant ce temps là, Mummy-D contrôle le flux du morceau, présente les musiciens et souhaite un joyeux anniversaire à Sheena qui le remerciera ensuite par une tape complice dans la main et un petit sourire presque caché. L’énergie qui se dégage du morceau me donne envie de revenir vers Sanmon Gossip, que je me remets à écouter dans la foulée.

Les deux morceaux qui suivent proviennent tous les deux de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku où Sheena reprenait à sa manière des titres qu’elle avait écrit pour d’autres artistes. Les deux morceaux de cet album sont Amagasa écrit pour Tokio et Hiyori Hime pour Puffy AmyYumi. Il s’en dégage une atmosphère rock très dense même si Sheena n’est pas à la guitare. En fait, chose assez inhabituelle, c’est le premier concert que je vois où elle ne joue pas de la guitare. Mais Yukio Nagoshi à côté d’elle assure pour deux et nous donne des jolis brins de guitares en solo vers la fin de Amagasa. Le fond de la scène est couvert d’écrans montrant des rayons rapides de lumière et affichant les paroles du morceau. Tout s’affiche très vite, ce qui vient contraster avec la posture quasi immobile de Sheena. Hiizumi est le seul à être présenté pendant ce morceau, et il se montre un peu plus sur scène à ce moment là, mais reste assez discret par rapport à ce que j’avais pu voir de lui sur le concert Dynamite de Tokyo Jihen Phase 1. Pendant tout le long du concert, je m’attendais à ce qu’il fasse des gestes démonstratifs mais il reste à sa place car il ne s’agit pas là d’un revival de Tokyo Jihen. Midorin enchaine rapidement sur le morceau suivant Hiyori Hime, en y allant très fort à la batterie. J’avais pris l’habitude de percussions plus jazz de sa part, et on dirait même Toshiki Hata qui joue sur ce morceau en particulier. J’aime beaucoup le rythme de ce morceau et Sheena pousse sa voix sans dérailler une seconde. C’est quand même un vrai plaisir de voir qu’elle ne perd pas sa voix et qu’elle a même de la marge (le yoyū du sous-titre peut être). La puissance du son baisse ensuite de quelques tons avec le morceau très léger et délicat APPLE de Towa Tei, qui apparaît sur son album Lucky sorti en 2013 (celui avec les poix rouges dessinés par Kusama Yayoi) et qui est également repris sur Ukina, sorti la même année. Je me souviens que ce morceau avait attisé ma curiosité pour Towa Tei et que j’avais écouté et apprécié deux de ses albums a savoir Lucky (2013) et EMO (2017). Towa Tei n’intervient malheureusement pas en invité sur scène. Une vidéo animée à base de pomme est montrée en fond, tout en donnant les noms des membres de The Mighty Galactic Empire. Les danseuses Bambi Naka et Ai reviennent sur scène avec une pomme à la main et portent d’étranges blousons boursouflés au niveau des épaules. Sheena porte également au dessus d’une robe légère rosée ce même blouson couvert de fourrure avec ces sortes d’airbag sur les épaules. Ce blouson si particulier a en fait une histoire. Il a été initialement créé en 1989 par le désigner new-yorkais Dapper Dan (alias Daniel Day) en reprenant des motifs Louis Vuitton pour les manches boursouflées plutôt que les motifs Gucci de la version portée par Sheena et les danseuses pendant ce concert. Il s’avère que Dapper Dan s’était fait une réputation dans les années 80 depuis sa boutique d’Harlem auprès notamment du monde du hip-hop de l’époque, en dessinant des vêtements reprenant des logos et morceaux de tissus de marques de luxe sans autorisations préalables. Dapper Dan fut contraint de fermer sa boutique et son business en 1992 suite à une attaque en justice de la marque Fendi. Alessandro Michele de Gucci réhabilita en quelques sortes le designer en créant, vingt-huit ans après le modèle original, une nouvelle version de ce blouson avec les logos de la marque. On crut d’abord au plagiat mais il s’agissait en fait d’un hommage. Enfin, on n’en est pas absolument certain. Ce design très particulier est immédiatement remarquable, mais Sheena ne le gardera que pendant ce morceau. Elle laissera ce blouson tomber derrière elle pour ne rester qu’en robe légère rosée ressemblant à une nuisette, mais toujours avec sa grande couronne sur la tête. Les écrans vidéos derrière elle deviennent comme de gigantesques miroirs qui réfléchissent le public. Elle interprète maintenant Ma Chérie, morceau qui n’est pas encore sorti car il n’apparaitra que sur Sandokushi l’année d’après. Ce morceau est inédit mais comme il était utilisé en extrait pour une publicité Shiseido, le public devait déjà en partie le connaître au moment de ce concert. La version est identique à celle de Sandokushi sauf qu’elle chante d’une voix un peu plus grave, qui fonctionne mieux que sur l’album. Mais j’aime de toute façon beaucoup la dynamique de ce morceau dans ces deux versions.

On remonte ensuite soudainement dans le temps avec un morceau de Muzai Moratorium, Tsumi asobi. Toujours pas de guitares à l’horizon pour Sheena, mais un instrument particulier fait son apparition sur scène sous la forme de cloches tubulaires qu’elle vient frapper de manière occasionnelle pendant le morceau à l’aide de deux petits marteaux. Elle effectue également sa danse habituelle des mains pour ce morceau, mais en tenant en mains les deux petits marteaux. Cela donne un côté à la fois charmant et un peu ridicule, mais ça passe parce qu’elle sait rendre cette chorégraphie naturelle. Cette scène et la dangerosité, certes toute relative, de danser avec des marteaux en mains, me rappelle la scène du couteau dans Ringo Expo 08. Dix ans après, elle est toujours en mesure de créer ce genre de scènes un peu décalées où on a peur, en tant que spectateur, qu’elle finisse par se blesser devant nous. Ceci étant dit, les marteaux semblent quand même plus inoffensifs que la plaque de verre qu’elle brise au poing américain au tout début du concert, ou le découpage de pommes au couteau sur Ringo Expo 08. Quand elle ne danse pas avec les marteaux ou tape sur les tubes, Sheena prend sa position habituelle de côté avec la tête légèrement en arrière, en ayant l’air de maîtriser la situation. Il est clair qu’il n’y a aucune hésitation dans son chant et dans ses mouvements toujours très réfléchis. Elle a toujours cette présence théâtrale qui nous fait penser qu’elle joue un rôle devant la foule, comme une actrice. Mais les émotions transpercent et apparaissent véritable. La partition musicale est très dense et a beaucoup d’ampleur sur ce concert avec une grande complémentarité entre l’orchestre de Neko Saito que l’on oublie presque tellement il est présent et le groupe à base de guitares. Après une reprise coupée en cours de route du morceau Kojin Jugyō (datant de 1973) du groupe pop originaire d’Okinawa Finger 5, Sheena entame dans la foulée le morceau Donzoko made. Les deux morceaux se mélangent. Je suis surpris par l’intensité de son interprétation, car je n’avais jamais vraiment fait attention à ce morceau, éclipsé par l’autre morceau Shijō no Jinsei sorti sur le même single. Elle enlève sa couronne au milieu du morceau, laissant ses cheveux un peu ébouriffés. On sent l’intensité dans son visage et dans quelques mouvements brusques qui accompagnent la tension de son chant. Elle chante le morceau plus rapidement que d’habitude, me semble-t-il, et laisse échapper sa voix de temps en temps. Elle y met beaucoup de ferveur et ça fait plaisir à voir.

Kamisama, Hotokesama suit ensuite dans la playlist du concert, mais Sheena l’interprète seule sans Mukai Shutoku qui aurait pu quand même passer dire bonjour. Sheena se débrouille en fait très bien toute seule avec la voix de Mukai en bande son. Les six danseuses de la troupe accompagnent Sheena sur scène. Elles sont habillées de robes rouges ou grisâtres et drapées dans un grand foulard dans le style de l’album Hi Izuru Tokoro, qui devait d’ailleurs être vendu en produit dérivé à cette époque là. Sheena porte, elle, un kimono bleu posé nonchalamment sur sa nuisette rosée. Avec ces cheveux en bataille, elle prend un look sauvage exacerbé par les mouvements de danse, ressemblant à ceux d’un spectre, qu’elle effectue en synchronisation avec les danseuses. La chorégraphie sur ce morceau est merveilleuse, notamment quand les mouvements rapides des danseuses portant toutes le même foulard viennent se mélanger au final instrumental. La synchronisation entre l’orchestre qui dévoile tout son coffre et la chorégraphie précise et énergique des danseuses est très belle à voir. Sur la fin du morceau, avant de disparaître sans qu’on s’en aperçoive, Sheena prend une voix qui me rappelle celle du théâtre kabuki. Elle utilise cette manière de chanter de temps en temps, je l’ai entendu plusieurs fois dans d’autres concerts et j’adore quand elle fait ça. Une version instrumentale par l’orchestre de Kesho Naoshi fait office d’interlude pendant que Sheena change de tenue. Les six danseuses sont seules sur scène et on les présente par leurs noms sur les écrans géants à l’arrière. Elles portent toutes un parapluie semi-transparent à la main, celle avec une vague s’inspirant de celle de Kanagawa de Hokusai et un soleil japonais à larges rayons, qu’on retrouve également sur les petits drapeaux donnés au public. Alors que le morceau se termine doucement, une voix de petite fille commence à parler. C’est un message de la fille de Sheena Ringo qui a 5 ans, à la voix toute mignonne et appliquée. Elle a dû beaucoup s’entrainer car certaines formes verbales de politesse sont un peu compliquées. Il y a dix ans pour Ringo Expo 08, c’était son fils à l’âge de 7 ans qui avait laissé un message similaire à sa mère pour son anniversaire. Après cette interlude, le flot des violons et le son délicat de la harpe nous plongent tout de suite dans l’ambiance de Carnation, magnifique avec l’ecran gigantesque à l’arrière montrant une lune géante. Sheena est désormais vêtue d’une robe Gucci rose. Elle est désormais blonde sous un grand faisceau de lumière alors que le reste de la scène est dans les couleurs bleues nuit. Carnation n’est à priori pas le style de morceau que je préfère, mais je l’ai toujours aimé, que ça soit sur l’album Hi Izuru Tokoro ou ici sur scène. On continue ensuite avec deux morceaux de cet album à savoir Arikitarina Onna et Irohanihoheto. Son interprétation de Arikitarina Onna est assez poignante et elle est lumineuse avec ses cheveux blonds sous la lumière forte, comme si elle n’avait plus l’âge. Le solo de guitare vers la fin sous le sourire de Midorin à la batterie est très réussi. Sheena s’incline devant le public pour ce final, comme elle le fait régulièrement pour marquer le coup. Sur Irohanihoheto, les images des écrans géants se font plus dynamiques et graphiques. La scène est toujours sombre mais Sheena est seule éblouie par un spot de lumière comme une lumière de soleil trop forte. Elle ne force pas vraiment sa voix sur ce morceau et ce n’est pas l’interpretation que je préfère.

Le décor change ensuite complètement avec Kabukichō no Joō, qui imite bien entendu les rues de Kabukichō no Joō, avec sa multitude de panneaux lumineux et ses grandes portes rouges. Elle porte toujours sa robe rose, ce qui donne une sorte de contraste avec ce décor de rue reconstitué. Sur la toute fin du morceau, la voix de kabuki refait surface pour mon plus grand plaisir. Nous sommes à ce moment à la moitié du concert et le rythme ne va pas faiblir. Jinsei ha Yume Darake suit ensuite. C’est un morceau qu’elle avait initialement écrit pour l’actrice Takahata Mitsuki, et il s’agit d’un des morceaux préférés des fans. C’était aussi le morceau qui m’avait fait ré-réaliser de toute sa prouesse d’écriture musicale. Elle est d’abord seule sur scène avec le piano d’Hiizumi juste à côté, puis l’orchestre se réveille brusquement. Le morceau n’est pas simple à chanter et elle s’y donne à fond, ce qui donne une très belle performance. Le public ne s’y trompe pas et apprécie. La bonne surprise qui suit est l’arrivée sur scène de Ukigumo en costume de gentleman. Il interprète seul le morceau Tokyo ha Yoru no 7PM, composé par Sheena Ringo à partir de l’original écrit par Yasuharu Konishi pour Pizzicato Five. Ce morceau a été utilisé lors de la présentation des Jeux paralympiques de Tokyo à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro 2016. À cette époque, Sheena Ringo faisait partie, avec d’ailleurs MIKIKO, la chorégraphe de ce concert, du comité de préparation des Jeux Olympiques de Tokyo, récemment dissous. Ce qui m’amuse un peu, c’est que Sheena se proclamait être du mouvement Shinjuku-kei au début de sa carrière, en opposition au Shibuya-kei dont Pizzicato Five est le représentant le plus connu. Je n’ai que très peu d’intérêt pour Pizzicato Five, mais le version originale de Tokyo ha Yoru no 7PM chantée par Maki Nomiya est très plaisante (et l’introduction où on demande à Maki Nomiya quelle heure il est à Osaka quand il est 7h à Tokyo est assez charmante). Ukigumo sur scène prend une attitude complètement décontractée et extrêmement sympathique. Les deux danseuses Ai et Bambi Naka l’accompagnent et sont habillées d’amples tenues spatiales blanches marquées du logo de la NASA et d’un drapeau américain. Le morceau est plutôt plaisant et reste en tête longtemps après l’avoir écouté. L’interprétation d’Ukigumo n’est pas exceptionnelle mais je ne pense pas l’avoir déjà vu seul sur scène porter un morceau devant un si large public. Il y a quand même quelque chose d’attachant dans son interprétation qui n’en fait pas trop. Ukigumo reste sur scène pour le morceau suivant Nagaku Mijikai Matsuri qu’il interprète en duo avec Sheena qui apparaît dans une robe près du corps noire Yves Saint Laurent, dessinée par Hedi Slimane. Accompagnée des 6 danseuses, elles effectuent ensemble une chorégraphie synchronisée pendant qu’Ukigumo se promène sur scène toujours d’un air décontracté en s’amusant avec son petit drapeau. Il est tellement décontracté qu’il vient même s’asseoir pendant quelques minutes, pour ensuite rejoindre le centre de la scène où se trouve Sheena pour finir le morceau sur quelques paroles rappées comme il sait très bien le faire. Sheena esquisse un petit sourire et a l’air d’apprécier. Je remarque que Sheena a toujours ce genre de sourire quand Ukigumo fait son show, comme si il sortait de sa zone de confort pour faire plaisir à Sheena et qu’elle appréciait donc cet effort là. En fond sur les écrans géants, on revoit apparaître les danseuses de Matsuri du Koenji Awa Odori Shinkō Kyōkai, qui apparaissaient également lors du concert Ringo Expo 08 et plus récemment pendant l’émission Kōhaku du réveillon 2020 sur la NHK. Le morceau se termine avec le sortie de scène de Ukigumo accompagnée d’un high five de Sheena et de sourires complices qui font plaisir à voir.

Sheena Ringo interprète ensuite Shun, le morceau central de l’album Sanmon Gossip. C’est une version réussie même si j’ai une préférence pour la version de Tōtaikai. Le solo de H Zett M vaut par contre le détour et c’est le seul moment du concert où on le sent s’exprimer même si c’est forcément un peu trop court. Le morceau suivant est une reprise écourtée du morceau Koi no Jumon ha Sukitokimekitokisu datant de 1982 de Itō Sayaka. Il s’agissait du thème d’ouverture d’un dessin animé intitulé Sasuga no Sarutobi diffusé sur Fuji TV. Sheena avait 4 ans à cette époque et elle interprète peut-être ce morceau en souvenir de son enfance. Toujours est-il que j’adore maintenant la version originale de ce morceau et j’écoute assez souvent ce single au charme des années 80. Sheena est vêtue d’un manteau vert pomme, aux couleurs me rappelant la vidéo de Jinsei ha Yume Darake, mais elle l’enlèvera rapidement avant de passer au morceau suivant Chichinpuipui. Ce morceau est celui que j’aime le moins sur l’album Hi Izuru Tokoro, mais il prend une toute autre dimension sur scène. Il fonctionne beaucoup mieux en live car les « Ringo » scandés font réagir le public et sont comme une hymne à Sheena Ringo elle-même. Le grand panneau lumineux à l’arrière affichant une pomme rouge et ses mots scandés contribue à cela. Pendant ce morceau et le suivant, Sheena change encore de coiffure pour garder ses cheveux naturels coupés courts lui donnant tout d’un coup un air plus adulte. Peut être que sa robe blanche aux motifs de couleur, très longue, contribue à cette impression de maturité soudaine.

On entame ensuite la dernière partie du concert qui est à mon avis la plus grandiose. Tortoise Matsumoto apparaît sur scène pour interpréter en duo avec Sheena le morceau Menukidōri, sous un décor lumineux rappelant Ginza. Il se donne à fond sur scène et c’est génial à voir. On sent que Sheena jubile de le voir présent sur scène et de sortir le grand jeu. Le morceau en live me donne en fait une impression complètement différente de la version en single ou sur l’album Sandokushi. On voit même que Sheena se déchaîne sur ce morceau et cette joie exprimée est très communicative. C’est un grand moment du concert mais ce qui va suivre avec l’arrivée sur scène de Hiroji Miyamoto du groupe Elephant Kashimashi est encore une autre histoire. Il interprète bien entendu Kemono Yuku Hosomichi en duo avec Sheena. J’avais déjà vu ce morceau interprété dans l’émission Music Station sur TV Asahi diffusée le 9 novembre mais cette version en concert prend une toute autre dimension. Je dirais que sa performance est bestial. Sa voix, d’abord, est très puissante mais ce sont surtout ses mouvements qui impressionnent. Il bouge dans tous les sens, s’imprègne complètement de son personnage et devient même incontrôlable sur scène. Il finit par arracher sa cravate et sa chemise puis par se rouler par terre. Sheena garde son sérieux mais elle ne peut s’empêcher de sourire puis de se reprendre. Ce qui est très fort, c’est que Miyamoto réussi complètement son interprétation vocale malgré ses mouvements exagérés et théâtraux. C’est un personnage habité et je pense qu’il jubilait d’être sur scène. Je l’avais vu invité dans l’émission matinale de la NHK Asaichi présentée par les comédiens Hanamaru-Daikichi Hakata et Yurie Ōmi (qui va malheureusement quitter la NHK à la fin Mars 2021). Hiroji Miyamoto est vraiment une personnalité particulière. Il avait mentionné plusieurs fois pendant cette émission sa participation à ce morceau avec Sheena et il évoquait une grande reconnaissance et un profond respect. Le morceau qui suit, Jiyūdom, est du coup beaucoup plus calme et classique en comparaison et conclut le set avant les rappels. Elle annonce le morceau après un court message de remerciement extrêmement poli, comme d’habitude. Elle reprend les petits marteaux devant les cloches tubulaires, entourée des 6 danseuses pour un final plutôt enjoué. Sheena fait de grandes gesticulations en guise de remerciements mais tient toujours les deux marteaux en mains ce qui rend la scène assez cocasse. Je pense qu’elle le fait exprès ou alors, il est possible qu’elle ne s’en rende pas compte.

Hiroji Miyamoto revient pour les rappels, mais cette fois-ci avec sa guitare. Comme pour Kemono Yuku Hosomichi, il est très applaudi à son arrivée sur scène. Miyamoto lui souhaite plusieurs fois un bon anniversaire avant de commencer à jouer un morceau de Elephant Kashimashi, Kanashimi no Hate. Miyamoto est beaucoup plus posé sur ce morceau mais reste extrêmement expressif ce qui fait rire Sheena. Il fait sa sortie en criant « Sheena Ringo Omedetō » avec des grands signes des bras mais se trompe de sortie, ce qui donne un petit moment comique en fin de morceau. Sheena s’était changée une nouvelle fois pour un kimono rouge. Alors qu’elle était fabuleuse en kimono sur Electric Mole, je trouve que ce kimono rouge est un peu trop formel, surtout quand on le compare à sa robe noire Saint Laurent. Un bref interlude visuel et musical appelé Bonus stage, ressemblant au jeu Super Mario mais avec une musique réarrangée du jeu vidéo Famicom Ganbare Goemon! Karakuri Dōchū (がんばれゴエモン!からくり道中) de 1986, annonce l’arrivée du dernier invité. Il s’agit de Rekishi qui vient interpréter en duo l’avant dernier morceau Kira Kira bushi. Il s’agit d’un morceau écrit par Rekishi sur son album éponyme de 2011 et présent sur l’album Ukina. Sheena y participait mais sous le nom de code Deyonna. Je pense que la musique de Goemon était utilisée en introduction car il a écrit un morceau s’appelant Goemon. Il est habillé en kimono comme Sheena, avec des lunettes de soleil blanches et une coupe Afro, portant le petit drapeau en main. Il apporte une note très enjouée et même comique pour la fin du concert, et ça plait beaucoup au public. C’est difficile de passer après des monstres comme Tortoise Matsumoto et Hiroji Miyamoto, mais il apporte une note différente à cette fin de concert. Au final, ils s’approchent tous les deux du devant de la scène comme pour parler devant le public, mais ça tourne assez court car Rekishi vient demander en plaisantant jusqu’à quand ils vont parler comme ça sur le devant de la scène. On sait bien que Sheena n’est jamais très à l’aise pour parler spontanément sur scène et répète toujours un peu les mêmes remerciements. Elle se dit toujours surprise qu’après 20 ans il y ait toujours autant de personnes qui viennent la voir sur scène. Le dernier morceau Yume no Ato de Tokyo Jihen ajoute une dernière touche émotionnelle. Elle disparaît à la fin du morceau derrière un parasol avec la grande vague de Hokusai. Une version modifiée de Marunouchi Sadistics est jouée pour le générique de fin. On y voit principalement Sheena et les danseuses habillées des blousons boursouflés de Dapper Dan, mais un étrange moine dansant est aussi présent en image. Il s’agit de Strong Machine 1go (ストロングマシン1号) qui apparait dans la vidéo de Netsuai hakkaku-chū (熱愛発覚中) et qui apparaitra également plus tard dans la vidéo de Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Le concert se termine sur ces images mais le blu-ray propose deux bonus, dont le morceau Hai Hai, écrit par Hatsuiku Status pour la tournée Gokiritsu Japon et qui est présent sur le troisième disque de la compilation live Zecchōshū. La captation live de ce morceau date d’un autre jour, le 22 Novembre 2018. Le deuxième bonus Yoyū mi Jikan est un assortiment de messages au public par Sheena lors des diverses représentations de cette tournée. Au final, Ringo Expo 18 s’avère être une performance assez exceptionnelle, bien plus aboutie que ce qu’on pouvait voir 10 ans avant sur Ringo Expo 18 et très différente des prestations que je connais de Tokyo Jihen. Les interprétations sont toutes très bonnes, certaines exceptionnelles, mais on sent en même temps que Sheena se lâche moins émotionnellement par rapport à certains concerts où on la sentait perdre pied devant sa propre prestation. Ceci étant dit, ça n’enlève pas grand chose à la qualité du spectacle que j’ai déjà regardé trois fois. Et on se dit que Sheena Ringo a encore de la marge (余裕) pour continuer à nous montrer de belles chansons pendant quelques dizaines d’années.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste de morceaux interprétés lors du concert Ringo Expo 18:

1. Kichi to no Sōgū (機知との遭遇 -Sound&Vivision-), morceau instrumental inédit
2. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ), en duo avec Mummy-D
3. Ryūkō (流行), de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ), en duo avec Mummy-D
4. Amagasa (雨傘), de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~), morceau initialement écrit pour le groupe Tokio
5. Hiyori Hime (日和姫), de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~), morceau initialement écrit pour le groupe Puffy AmiYumi
6. APPLE, de l’album Ukina (浮き名)
7. Ma Chérie (マ・シェリ), morceau qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
8. Tsumiki Asobi (積木遊び), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
9. Kojin Jugyō (個人授業), reprise du morceaux datant de 1973 du groupe pop Finger 5 (フィンガー5) originaire d’Okinawa
10. Donzoko made (どん底まで), deuxième morceau du single Shijō no Jinsei (至上の人生) et qui sera inclus sur l’album Sandokushi (三毒史)
11. Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
12. Kesho Naoshi (化粧直し), version instrumentale du morceau de l’album Adult (大人) de Tokyo Jihen
13. Carnation (カーネーション), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
14. Arikitarina Onna (ありきたりな女), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
15. Irohanihoheto (いろはにほへと), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
16. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
17. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ), de l’album Gyakuyunyū ~Kōkūkyoku~ (逆輸入 ~航空局~), morceau initialement écrit pour Takahata Mitsuki
18. Tokyo ha Yoru no 7PM (東京は夜の七時), morceau interprété par Ukigumo (浮雲) et composé par Sheena Ringo à partir de l’original écrit par Yasuharu Konishi pour Pizzicato Five. Ce morceau était utilisé lors de la présentation des Jeux paralympiques de Tokyo à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro 2016
19. Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), single interprété avec Ukigumo qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
20. Shun (旬), de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
21. Koi no Jumon ha Sukitokimekitokisu (恋の呪文はスキトキメキトキス), reprise du single de 1982 de Itō Sayaka, qui était le thème d’ouverture de l’anime Sasuga no Sarutobi (さすがの猿飛) sur Fuji TV
22. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
23. Menukidōri (目抜き通り), single en duo avec Tortoise Matsumoto (トータス松本) qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
24. Kemono Yuku Hosomichi (獣ゆく細道), single en duo avec Miyamoto Hiroji (宮本浩次) du groupe Elephant Kashimashi (エレファントカシマシ) qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
25. Jiyūdom (ジユーダム), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
26. Kanashimi no Hate (悲しみの果て), morceau de Elephant Kashimashi (エレファントカシマシ) sur l’album Kokoro ni Hana wo (ココロに花を) de 1996, interprété avec Miyamoto Hiroji (宮本浩次)
27. Goemon (五右衛門), interlude instrumental inspiré de Goemon pour annoncer l’arrivée de Rekishi (qui a également sorti un morceau intitulé Goemon en 2018)
28. Kira Kira Bushi (きらきら武士), morceau écrit par Rekishi (レキシ) sur son album éponyme de 2011, interprété en duo et présent sur l’album Ukina (浮き名)
29. Yume no Ato (夢のあと), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
30. (Ending) Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version remixée (neetskills remix) utilisée en fond sonore pendant les crédits de fin du concert
31. (Bonus track) Hai Hai (はいはい), morceau écrit par Hatsuiku Status pour la tournée Gokiritsu Japon, présent sur le troisième disque de la compilation live Zecchōshū (絶頂集). La captation live de ce morceau était le 22 Novembre 2018
32. Yoyū mi Jikan (余裕み時間), assortiment de messages au public par Sheena lors des diverses représentations de cette tournée

Waseda El Dorado par Von Jour Caux

Après notre visite du temple Kannonji que je montrais dans un billet précédent, nous retournons voir un autre bâtiment des plus étranges, Rythms of Vision, Waseda El Dorado de l’architecte japonais Von Jour Caux. Il s’agit d’un nom d’emprunt car son véritable nom est Toshiro Tanaka. Ce bâtiment se trouve pratiquement dans l’enceinte de l’université de Waseda, et Von Jour Caux y a notamment fait ses études dans le département d’Architecture de l’université. On le surnomme le Gaudí japonais. La structure de l’immeuble El Dorado semble classique mais la décoration des surfaces est extravagante, mélangeant divers genres dans un patchwork de motifs assez désordonné. L’ensemble devient mystérieux, désorientant voire même mystique, lorsque l’on rentre à l’intérieur de l’immeuble. Une grande main pendue vers le bas nous y attend et cet agencement inattendu est plutôt inquiétant. Une porte d’acier noire aux formes arrondies me rappelant l’art nouveau nous empêche de pénétrer plus en avant à l’intérieur de l’immeuble. Je me demande vraiment à quoi ressemble les pièces de cet immeuble. Depuis l’extérieur, une grande ouverture arrondie au rez-de-chaussée nous permet quand même de voir l’intérieur d’un salon de coiffure. Les sculptures et céramiques posées sur les façades sont hétéroclites car Von Jour Caux n’a pas réalisé ce bâtiment seul mais avec un groupe de jeunes artistes ayant beaucoup de liberté dans leurs interventions. Il a réalisé quelques autres bâtiments dans Tokyo que je serais curieux de découvrir. J’étais déjà venu voir El Dorado il y a 13 ans et je l’avais à l’époque découvert un peu par hasard. Il date de 1983 et ne semble pas s’être dégradé depuis la dernière fois que je l’ai vu. En recherchant rapidement sur cet architecte, je trouve deux articles en anglais nous présentant un peu plus ce bâtiment et son architecte ainsi que deux ou trois autres de ses œuvres toutes aussi atypiques.

銀座 ジャガー

Ces photographies ont été prises à Ginza le même jour que les photographies que j’ai pris de l’immeuble futuriste de Louis Vuitton sur la rue Namiki. On était bien passé rapidement à Ginza ces dernières semaines ou mois, mais cela faisait très longtemps que je n’avais pas pris le temps de parcourir ces rues pour voir comment l’architecture avait évoluée. Je ne remarque pas de changements notables à part les couleurs vives sur les façades du Department Store Matsuya Ginza. Les personnages qui y sont dessinés pour Louis Vuitton (encore) sont vraiment étranges. Ces personnages sont issus de la collection Printemps-Été 2021 créée par Virgil Abloh pour la marque, sous le nom ‘Les aventures de Zoooom et des ses amis’. On se demande bien ce qui est passé par la tête du créateur. Je pense qu’on est ici dans le domaine où le ringard devient cool, mais la frontière est pour moi très difficile à identifier dans ce cas là. Enfin, c’est la mode en ce moment pour les marques de luxe d’utiliser des personnages animés. Louis Vuitton avait déjà utilisé les fleurs de Takashi Murakami il y a de cela plusieurs années. Loewe s’empare du monde de Ghibli ces derniers temps et notamment Totoro. Et pour Gucci, c’est Doraemon. J’avoue que j’ai énormément de mal à voir les relations qu’il peut y avoir entre l’univers très populaire de banlieue tokyoïte dans Doraemon et le luxe de Gucci. Enfin, Gucci utilise seulement l’image de Doraemon sans s’encombrer de tous les personnages du manga et de l’anime. Après, on n’enlèvera pas le fait que le résultat devient super mignon. Je ne sais pas quelle marque va s’emparer de l’imagerie de Sazae San? Peut être Chanel, je verrais bien Sazae San en tailleur Chanel, ça lui irait très bien je pense.

Dans la même rue, je jette souvent un œil à la devanture du magasin Wako, car elle est toujours joliment présentée et je la prends assez souvent en photo. On y voit, cette fois-ci, une série de petits bœufs ou vaches, signe chinois de cette année 2021, assis sur des boules de verdure comme des mini planètes. Je continue à marcher jusqu’à Higashi Ginza pour revoir le théâtre Kabukiza. Il avait l’air d’être ouvert car des affiches de spectacles étaient montrées à l’entrée et deux réceptionnistes s’y tenaient debout. Je n’ai pas vu de spectacle kabuki depuis longtemps (la première fois était en 2005), mais j’éprouve un certain plaisir à voir qu’il n’est pas fermé en ces temps de crise sanitaire. Sur les deux photographies du Kabukiza ci-dessus, celle à la verticale est prise à l’iPhone tandis que les autres ont toutes été prises au Reflex. Toutes les photographies sont prises à Ginza sauf celle du gâteau rouge avec le kanji 愛 prise à Shibuya, pendant la période de la Saint Valentin. Je m’interroge d’ailleurs sur la présence du mot hôtel juste à côté de ce kanji. J’ai de toute façon pensé que l’extravagance de cet objet allait bien avec l’atmosphère de Ginza. Oh, il est bientôt 10h du matin et il faut que je retourne rapidement devant la pâtisserie japonaise Kūya (空也) pour aller y acheter les monaka et wagashi que m’avait commandé Mari.

Je découvre l’artiste Jaguar Jonze à travers deux superbes morceaux intitulés Murder et Deadalive, sortis respectivement en Novembre et Septembre 2020. Jaguar Jonze est le nom d’artiste de Deena Lynch, 29 ans, née à Yokohama d’une mère Taïwanaise et d’un père Australien. Elle vit actuellement à Brisbane en Australie mais a passé les sept premières années de sa vie au Japon, ce qui explique l’imagerie japonisante de certaines de ses vidéos, notamment Deadalive. Elle a déjà sorti deux albums sous son vrai prénom et un EP et plusieurs singles depuis 2018 sous ce nom Jaguar Jonze. J’ai écouté au hasard quelques uns des ses derniers morceaux et les deux que je mentionne ici ont particulièrement attiré mon attention au point où je les écoute en boucle. J’aime beaucoup sa voix qui a beaucoup de présence et cette guitare à la sonorité de rock indé, similaire sur les deux morceaux. On accroche assez vite à cette musique aux accents pop derrière les guitares. C’est le morceau Murder qui m’a d’abord convaincu, notamment pour la dynamique de son chant et pour un passage instrumental particulièrement bien senti vers la fin du morceau, car l’association des notes ne suit pas une progression évidente. C’est une artiste à suivre.

le temple Kannonji par Osamu Ishiyama

La façade extérieure de béton du temple bouddhiste Kannonji est superbe, d’autant plus que le temple a l’air d’avoir été nettoyé et même repeint. Les fidèles de très longue date de made in tokyo se souviendront peut être de ce temple que j’avais déjà montré ici en Juillet 2007. Après l’avoir revu dernièrement en photo sur mon flux Instagram, je n’ai pu m’empêcher de revenir, avec Mari cette fois, vers Nishi Waseda où il se trouve, pratiquement à l’intérieur du campus de l’université de Waseda. Kannonji a été realisé par l’architecte Osamu Ishiyama en 1996. Il ressemble à une forteresse lorsque l’on voit les murailles de béton avec des ouvertures ressemblant à des meurtrières. Mais l’entrée est pourtant très ouverte sur d’extérieur et il est aisé d’y entrer. Comme la dernière fois que j’y suis venu il y a plus de 13 ans, il n’y avait personne à l’intérieur au point où le temple semblait déjà être fermé pour la journée. Osamu Ishiyama a fait ses études au département Architecture de l’université de Waseda et y sera même professeur à partir de 1888 et professeur émérite en 2014. L’architecture d’Osamu Ishiyama est tellement particulière qu’il fait figure d’outsider parmi les architectes japonais. Ce temple à Nishi Waseda en est un bon exemple, tout comme le bâtiment Gen-An (Fantasy Villa) datant de 1975 et situé à Shinshiro dans la préfecture d’Aichi.

Rechercher des images de l’architecture me fait découvrir l’excellent site web Ofhouses qui répertorie une série d’anciennes maisons individuelles aux formes particulières voire même artistiques. Elles ne sont pas toutes situées au Japon mais dans divers lieux du monde. Les photos qu’on nous y montre de ces maisons sont souvent prises à l’époque de leurs constructions et sont donc assez souvent en noir et blanc. J’ai le plaisir de revoir des maisons que j’avais recherché dans Tokyo, avec parfois beaucoup de patience. C’est le cas de House on a curved road (1978) et de House in Uehara (1973) de Kazuo Shinohara, que je montrais dans des billets de ce blog. Je n’avais pas eu trop de difficultés à trouver House in Uehara mais la recherche de House on a curved road avait par contre été beaucoup plus chaotique (et donc intéressante et mémorable). Je me souviens avoir évoqué la recherche de cette maison comme une quête s’étalant sur plusieurs billets. A cette époque, j’avais deux heures de libre tous les samedis pour découvrir le quartier de Yoyogi Uehara. Plus que l’extérieur, c’est vraiment l’intérieur de ces deux maisons de Shinohara qui est remarquable. La force qui se dégage des piliers de béton à l’intérieur est presque choquante. Le site web Ofhouses me fait aussi découvrir une résidence de la série Toy Block House par l’architecte Takefumi Aida. Je l’ai trouvé par hasard il y a quelques semaines de cela dans le quartier Kamiyamachō de Shibuya. J’avais remarqué que cette résidence était particulière mais je n’avais pas pu lui donner un nom et un architecte. On trouve également des grands classiques de l’architecture moderniste tokyoïte comme Tower House (1966) de Takamitsu Azuma, que j’ai plusieurs fois pris en photo. Il y a aussi Sky House (1958) de l’architecte métaboliste Kiyonori Kikutake, que je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller voir, ce qui est d’ailleurs impardonnable pour un blog parlant (de temps en temps) d’architecture tokyoïte. J’ai plaisir à revoir en photos la Gallery GA (1972-74) à Kita-Sando par les architectes Makoto Suzuki et Yukio Futagawa. Le béton de ce bâtiment est très photogénique. Le site me rappelle finalement qu’il a beaucoup d’autres trésors architecturaux à découvrir comme Akira Suzuki House (1990-1993) conçue par les architectes Bolles et Wilson ou encore Hayasaki Box (Blue Box) (1971) à Kaminoge par l’architecte Mayumi Miyawaki. Il me faut d’abord trouver leurs adresses. J’ai déjà cherché mais sans beaucoup de succès pour l’instant. Mais les recherches difficiles font partie entière du plaisir, surtout quand on finit par les trouver.

a street supreme

Ces photographies sont des petits instants de rues, certes très classiques sur Made in Tokyo. J’aime prendre ce genre de photographies de rues sans thèmes précis, seulement des détails qui ont attiré mon oeil à un moment donné. Ce sont parfois les plantes posées devant les immeubles, ou les couleurs de certains bâtiments qui me font m’arrêter pendant quelques secondes. Les photographies suivent le rythme de ma marche et il est rare que je revienne sur mes pas pour prendre une photo que j’aurais manqué quand mon pas est trop rapide. L’acte de marcher est en fait plus important que l’acte de photographier. Si je manque une photographie cette fois-ci, je la prendrais un autre jour. J’ai d’ailleurs déjà pris en photo certains lieux montrés ci-dessus comme les immeubles rectilignes de l’avant-dernière photographie. Le léger écart (隙間) qu’on devine entre les deux barres d’immeubles m’attire. On a l’impression que ces deux constructions sont en mesure de glisser l’une sur l’autre comme des plaques tectoniques.

J’écoute intensément depuis quelques jours l’album A love supreme de John Coltrane enregistré en Décembre 1964 et sorti en Janvier 1965. Intensément car le saxophone de Coltrane, inscrit dans un quartet, opère comme une sorte d’addiction qui me fait revenir sans cesse vers cet album. Je suis complètement néophyte en Jazz mais je ne suis pas pour autant réfractaire au genre. Je pense que je ne sais tout simplement pas par où commencer. J’ai toujours eu le sentiment que je me mettrais à écouter et apprécier le jazz quand je serais plus âgé et que j’ai encore du temps devant moi. Mon attirance est plutôt pour les formes atypiques du free jazz, qui est la tendance vers laquelle se dirige la musique de Coltrane. Il y a quelque chose de magnétique dans les sonorités non évidentes de saxophone et une grande liberté harmonique qui viennent gentiment pénétrer tous les recoins de mes neurones. Il se trouve que l’album A love supreme est un grand classique du Jazz, ce qui me donne envie de continuer à chercher un peu plus dans cette direction (toute recommandation est bienvenue). On peut se demander pourquoi cette bifurcation inattendue vers cet album de jazz? Un article de Pitchfork couvrant cet album est en fait tombé sous mes yeux de manière inattendue alors que je naviguais dans les flux de Twitter ou d’Instagram. À chaque fois que je lis un roman de Haruki Murakami, il nous parle discrètement mais systématiquement de jazz avec des noms de formations que je ne connais jamais. Je me dis à chaque fois que je devrais essayer d’explorer ce qu’il nous conseille dans ses livres, mais il m’a toujours manqué un déclencheur. Le déclenchement aurait pu être le film Whiplash de Damien Chazelle, que j’adore non seulement pour les interprétations de JK Simmons et Miles Teller mais aussi pour l’interprétation musicale notamment le final tout simplement grandiose. C’est un film que je regarde régulièrement, au moins une fois par an, et je m’y suis remis cette semaine encore. Mais le véritable déclencheur de mon écoute de A love supreme est l’association des deux images ci-dessous.

En lisant l’article de Pitchfork sur A love supreme de John Coltrane et en voyant la pochette de l’album, je me suis rappelé du rapprochement évident avec la couverture du morceau A life supreme (至上の人生) de Sheena Ringo, sorti en single accompagné du morceau To Rock Bottom (どん底まで) en Janvier 2015 (soit exactement 50 ans plus tard), et qu’on retrouvera ensuite sur l’album Sandokushi (三毒史) sorti quatre ans plus tard. Le style musical de ces morceaux de Sheena Ringo n’a absolument rien à voir avec le jazz de Coltrane, car les morceaux de Sheena sont résolument rock. Mais on remarque clairement que la typographie et le cadrage des mots, ainsi que le titre anglais, font directement référence à cet album de Coltrane. Je ne connais pas la raison exacte de ce rapprochement. En repensant au morceau Flight JL005 (JL005便で) sorti l’année d’avant en 2014 sur l’album Hi Izuru Tokoro (日出処), je me souviens qu’il lui avait été inspiré par le vol JL005 reliant l’aéroport international de Tokyo et l’aéroport international John F. Kennedy à New York. J’imagine que cette influence américaine a aussi gagné ce single A life supreme. Ses influences musicales sont assez vastes mais je n’ai jamais vu John Coltrane clairement mentionné. Ceci étant dit, je ne pense pas que la photographie de couverture montre une rue enneigée de New York. Les photographies accompagnant le single ont été prises par la photographe japonaise basée à Paris, Shimmura Mari (新村真理), et je pense donc qu’il s’agit plutôt de Paris. Le site web de la photographe ne le précise malheureusement pas. D’autres photographies de nature, superbes d’ailleurs, à l’intérieur du livret sont plutôt prises en Croatie.

C’est intéressant d’ailleurs de voir que cet album de John Coltrane peut être source de diverses inspirations. Pitchfork publiait également un article sur une vidéo de skateboard en noir et blanc de 1995 réalisée par l’artiste Thomas Campbell et prenant le même titre que l’album de Coltrane. Les deux premiers morceaux des quatre mouvements de l’album sont d’ailleurs joués en accompagnement. Cette vidéo est commanditée par la marque de street wear Supreme. Bien que je n’ai aucune affinité pour cette marque, j’ai toujours eu une certaine attirance pour l’esthétique DIY du monde du skateboard. En fait, je pense que j’aime surtout la manière dont les skateboarders s’approprient l’univers urbain, à la limite de l’interdit. Le petit film ne se concentre d’ailleurs pas seulement sur les scènes de skateboard et montre de nombreuses scènes de rues comme un documentaire du New York des années 90. La musique pousse même à une certaine méditation.