雑司ヶ谷の姫

Nous visitons beaucoup de sanctuaires et de temples ces derniers temps. Celui que j’ai visité, seul cette fois-ci, dimanche matin dernier se trouve à Zōshigaya (雑司ヶ谷), une des stations de la ligne de métro Fukutoshin, au delà de Shinjuku et tout près d’Ikebukuro. L’envie de visiter cet endroit aurait pu être liée au nom du lieu qui m’intrigue ou au fait qu’il est traversé par un petit tram pittoresque de la ligne Toden Arakawa Line, aussi appelé Tokyo Sakura Tram. Mais je suis venu jusqu’ici pour une autre raison. Je voulais voir de plus près le temple Hōmyōji où a été tournée la vidéo de Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) de Sheena Ringo. La première fois que j’ai vu la vidéo de ce morceau il y a plus de vingt ans, certainement sur la chaîne du câble Space Shower TV que je regardais en boucle à cette époque, j’ai tout de suite été impressionné par l’ambiance qui s’en dégageait, assez déconcertante pour ses tons sombres et pour le flottement continue de l’image comme si Sheena était observée par un spectre qui lui tournerait autour. Le morceau en lui-même laisse une empreinte forte en mémoire lorsqu’on l’écoute pour la première fois, mais la vidéo contribue également beaucoup à l’impact que le morceau nous laisse. J’étais tout d’abord persuadé que la vidéo avait été tournée dans le sanctuaire Hanazono, accolé au petit quartier de Golden Gai à Kabukichō, mais je me suis ensuite rendu compte que ce n’était pas le cas. En fait, je pense que la photo de couverture du single, où l’on voit le visage de Sheena et une des rues de Golden Gai en arrière-plan, m’a initialement fait penser que la vidéo était filmée au même endroit. L’histoire raconte que Sheena a écrit ce morceau après avoir été accostée, alors qu’elle rentrait chez elle, par un rabatteur à Shibuya lui proposant de manière plutôt agressive un job dans un club peu recommandable de Kabukichō. Elle était fraîchement arrivée de Fukuoka et travaillait à cette époque là dans un magasin de disques de Shibuya. L’histoire dit également qu’elle n’a jamais mis les pieds à Kabukichō avant l’enregistrement de Kabukichō no Joō, ce qui est assez intéressant car ce morceau et sa vidéo ont eu une empreinte tellement forte qu’on a fini par associer Sheena Ringo à Shinjuku, ce qui est d’ailleurs à l’origine directe du style Shinjuku-kei dont elle est la seule représente.

Images extraites de la vidéo de Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) par Sheena Ringo sur son premier album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム).

Pour alterner avec les concerts, je me suis mis en tête de regarder les DVDs de la série Seiteki Healing en commençant par le premier (性的ヒーリング~其ノ壱~) sorti le 10 Novembre 1999. La vidéo de Kabukichō no Joō est présente sur ce DVD et la revoir m’a donné l’idée et l’envie de me rendre dans le temple où elle a été tournée. En fait, je sais depuis longtemps que cette vidéo n’est pas été tournée à Kabukichō mais dans un temple quelque part dans l’arrondissement de Toshima. Je n’avais cependant pas poussé la curiosité jusqu’à aller voir le lieu de mes propres yeux. Comme je marche souvent aux mêmes endroits en ce moment, la perspective de découvrir un nouveau lieu m’attirait beaucoup, en plus du fait de partir à la recherche de ce lieu de tournage comme on pourrait partir pour une chasse au trésor. Arrivé à Zōshigaya, je marche directement vers le temple principal de Hōmyōji. L’enceinte est assez vaste et je l’explore méthodiquement à la recherche de la série de torii rouges distinctifs des autels dédiés au renard Inari, que l’on peut voir dans Kabukichō no Joō. Je tourne en rond et ne trouve rien. Je m’approche du cimetière tout en me disant que je fais fausse route. Je décide de faire le tour de l’enceinte du temple pour voir si on peut accéder à d’autres dépendances. Le long d’une allée étroite longeant le cimetière, je tombe finalement sur un chemin étroit coincé entre des habitations et l’enceinte du temple. On y trouve une longue série de torii rouges formant un chemin zigzaguant entre les murs. Je me dis que ça doit été l’endroit que je cherche, mais je n’en ai pas la certitude. En fait, je me souviens très bien d’inscriptions en kanji affichées sur un muret en ciment gris que l’on peut voir dans la vidéo. Mais je ne retrouve pas cet endroit ici. Après avoir marché jusqu’à l’autel Inari, je reviens sur mes pas sans être vraiment convaincu d’avoir trouvé le bon endroit. En sortant du chemin, je continue à faire le tour de l’enceinte du temple, mais la rue que j’empreinte m’en éloigne et je finis par rebrousser chemin. Je refais un tour à l’entrée du temple, explore d’autres recoins mais sans succès. Les inscriptions en kanji ont peut-être été effacées avec le temps. Peut-être étaient elles spécialement écrites pour la vidéo? Cette vidéo a été tournée il y a plus de vingt ans et les lieux ont peut-être changé entre temps, l’espace intérieur du temple a peut-être été modifié. J’ai tout de même du mal à me convaincre de cela car les sanctuaires et temples sont en général des espaces immuables. Le temps passe et il faut bien que je me rende à l’évidence que je ne trouverais pas d’indices ici.

Je décide de repartir vers la gare en empruntant une route un peu différente me faisant découvrir un autre temple. J’apprends très vite qu’il s’agit en fait d’une dépendance faisant partie du même ensemble. Kishimojin-dō (鬼子母堂) fait partie intégrante de Hōmyōji même si ces deux temples ne sont pas directement reliés l’un à l’autre. Par rapport au reste de Hōmyōji, Kishimojin-dō se situe dans un espace beaucoup plus ouvert qui donne une impression de grandeur au bâtiment. Je visite d’abord le bâtiment principal. Une veille dame insiste pour que je prenne un petit livret explicatif car on y trouve toutes les informations nécessaires sur ce lieu. Je ne refuse pas car c’est proposé gentiment. Je dois avoir la tête d’un touriste égaré. En visitant les lieux, j’apprends que ce temple favorise les naissances et que les fidèles voulant avoir des enfants viennent prier ici depuis l’époque Edo. Je pense demander un goshuin mais je n’ai pas amené mon livret. En regardant autour de moi depuis la plateforme surélevée en bois du temple, j’aperçois un peu plus loin une série de torii qui me redonne un peu d’espoir. L’alternance de torii rouges et de tiges métalliques blanches portant des drapeaux rouges ressemble beaucoup plus à ce que j’ai pu voir sur la vidéo de Kabukichō no Joō. L’autel au fond de l’allée ressemble également à celui de la vidéo. L’allée de torii entoure un arbre Ginkgo géant de 6.30m de circonférence et 10m de haut, désigné monument national. J’emprunte l’allée dans un sens et dans l’autre pour essayer de refaire le lien avec la vidéo. En m’écartant un peu de l’allée, je découvre finalement les inscriptions en kanji que je recherchais, inscrites sur un mur de ciment gris. Les kanji sont en partie effacés mais il s’agit bien des mêmes inscriptions que dans la vidéo. Il n’y a pas de doutes, il s’agit bien du lieu de tournage. Alors que je m’approche un peu plus du mur en marchant dans les herbes hautes, un chat noir et blanc fait soudainement son apparition. Il est sorti de nulle part, ou du moins je ne l’avais pas vu jusqu’à maintenant. Il n’a pas peur et vient même à ma rencontre comme pour m’accueillir en ce lieu. Il s’assoit quelque instant près d’un des arbres à l’endroit exact où Sheena était assise guitare en mains dans la vidéo. J’ai à ce moment précis la certitude qu’il s’agit bien de l’endroit que je recherchais. Il n’y a plus aucun doute possible, j’ai enfin trouvé l’endroit où a été tourné Kabukichō no Joō. Je repars vers la gare de Zōshigaya avec un air satisfait, similaire à celui que je peux avoir lorsque je découvre volontairement ou par hasard de l’architecture remarquable aperçue dans des livres ou des magazines.

Images extraites de vidéos du DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~) de Sheena Ringo. De haut en bas: les crédits, Remote Controller (リモートコントローラー ) et Memai (眩暈).

Outre Kabukichō no Joō, le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~) contient les vidéos de Kōfukuron (幸福論), Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。), Honnō (本能) ainsi qu’une version alternative de Koko de Kiss Shite. Le point intéressant est que Sheena Ringo y ajoute des vidéos supplémentaires, comme celle de Tsumiki Asobi (積木遊び) qui n’est bizarrement pas annoncée sur le livret accompagnant le DVD mais qui est bien présente à la suite d’un autre morceau. On y voit également des publicités parodiques pour d’autres morceaux de l’album Muzai Moratorium ou des B-sides de single. La courte vidéo du morceau Remote Controller (リモートコントローラー ) en B-side du single Koko de Kiss Shite ressemble à la bande annonce d’un film d’horreur. Ce morceau lui était venu en tête alors qu’elle recherchait en plein stress la télécommande de sa chaîne hi-fi. Ce sentiment est exacerbé dans cette fausse bande annonce. Memai (眩暈), l’autre morceaux en B-side sur Koko de Kiss Shite, a également sa petite vidéo aux couleurs sombres et saturées. Sheena est habillée de la même façon que dans la version alternative de la vidéo de Koko de Kiss Shite donc j’imagine que les vidéos ont été filmées en même temps. Je ne reconnais pas, par contre, les lieux où la vidéo a été tournée, qui ressemblent à une banlieue tokyoïte quelconque. Il y a également une petite vidéo amusante montrant la chaîne de production de CDs de Toshiba EMI, commentée par Sheena avec des expressions de voix volontairement exagérées. Les crédits du DVD s’affichent au dessus d’une vidéo en noir et blanc montrant un corbillard traditionnel japonais roulant dans un tunnel. Ce choix est très particulier mais l’image et l’effet visuel sont très beaux. On ne voit plus beaucoup de corbillards dans ce style traditionnel, aux formes ressemblant à un toit de temple bouddhiste. Il me semble qu’il était beaucoup plus commun d’en voir dans les rues, il y a vingt ans.

Images extraites de la vidéo de Kōfukuron Et de la version alternative de Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。) de Sheena Ringo.

Sur la vidéo de Kōfukuron, on reconnaît tout de suite le parc olympique de Komazawa, construit et utilisé pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964. Les scènes de la vidéo se déroulent en partie sur la grande place située entre le stade olympique et le gymnase. Sheena est allongée sur le sol, en bas des escaliers donnant sur cette place. J’aime beaucoup ce parc, cette place très étendue et ouverte et la fine tour de contrôle ressemblant à un plongeoir monté sur une minuscule piscine. Je ne reconnais par contre pas les lieux sur les scènes alternatives de la vidéo de Koko de Kiss Shite. On y voit des images d’un collège mais pas assez pour identifier clairement le lieu. En fait c’est plutôt sa tenue et sa coiffure hirsute qui m’intéressent et m’interpellent, car ça me rappelle la mode vestimentaire que l’on pouvait voir à Harajuku et à Shibuya à cette époque, à la toute fin des année 1990. J’imagine que la vidéo a été tournée en 1999. J’aime d’ailleurs beaucoup regarder le compte Instragram du feu magazine Fruits, qui montre jour après jour ses archives photographiques des années 1999 et 2000. Je me souviens bien de ces mélanges vestimentaires volontairement mal coordonnés et multicolores, mais j’avais oublié la mode des dreadlocks que l’on voit sur de nombreuses photos. Je comprends un peu mieux pourquoi Mari était coiffée de cette façon à l’époque, avant que je la connaisse. La mode actuelle est bien différente, beaucoup plus standardisée et donc moins fantaisiste dans son ensemble. Sauf peut être pour la coloration des cheveux qui est en plein boom en ce moment et qui n’était, il me semble, pas aussi étendue à la fin 1990/début 2000.

Image extraite de la vidéo de Tsumiki Asobi (積木遊び) de Sheena Ringo.

On peut dire que Sheena change beaucoup de personnalités dans ses vidéos et brouille les pistes. La vidéo de Honnō en tenue d’infirmière est maintenant devenue iconique. Dans les émissions de radio Etsuraku Patrol, elle s’est d’ailleurs plusieurs fois défendue de voir faire du cosplay. Le kimono est régulièrement de sortie dans les vidéos de Sheena Ringo et Tsumiki Asobi est peut être bien la première video où elle apparait habillée de cette manière. Les tenues et l’image sont très colorées et saturées. Les mouvements de caméra sont tellement rapides que la vidéo donne le tournis. Je pense que c’est la première fois que je la vois, en entier du moins, et je me demande pourquoi le morceau n’était pas annoncé sur la pochette du DVD. A noter également que Sheena y joue du koto. Je parlerais certainement des autres DVDs de vidéos de cette série Seiteki Healing dans des billets suivants, car ils ont tous ce genre de petites particularités qui me donnent à chaque fois l’envie de m’étendre en écriture.

Pour revenir à Kabukichō no Joō, la formation musicale qui interprète ce morceau se nomme Zetsurin Hectopascal (絶倫ヘクトパスカル) et se compose de Sheena au chant et à la batterie, Susumu Nishikawa à la guitare électrique et Seiji Kameda à la guitare basse. Le fait que Sheena joue de la batterie sur ce morceau m’a étonné. J’aime beaucoup les surnoms donnés dans les crédits du morceau sur la pochette du single. Sheena se fait appeler Shiina “Sadist” Ringo Hime (椎名 »サディスト »林檎姫), c’est à dire la princesse sadique, qui j’imagine fait référence directe aux paroles de Kabukichō no Joō où elle prend le rôle de la fille de la reine de Kabukichō, qu’elle deviendra elle-même ensuite. Kameda se fait appeler Kameda “Man Shintan” Seiji Shishō (亀田 »マン・シンタン »誠治師匠). Je ne connais pas le sens de Man Shintan, par contre Shishō veut dire maître. Sur la pochette du single, cette appellation est également sous-titrée en Sensei en hiragana qui signifie professeur. C’est le rôle qu’il joue auprès de Sheena depuis ses débuts. Au hasard de mes recherches Internet, je tombe sur une interview de kameda assez récente datant d’avril 2019 pour une rubrique du journal Asahi en version digitale intitulée Otonatte, Omoshiroi (オトナって、おもしろい). Ce titre signifie en quelque sorte que les adultes qui ont un peu de bouteille et d’expérience des choses de la vie ont des choses intéressantes à nous raconter. Kameda revient 20 ans en arrière à l’époque de ses débuts avec Sheena en tant qu’arrangeur de ses premiers morceaux. L’interview est intéressante car elle donne une bonne idée de la relation entre Sheena et Kameda, le fait qu’elle était vue comme une personne de talent mais aussi comme une pile électrique incontrôlable par la maison de disques (Toshiba EMI). Kameda, qui se fait appelé Kame-chan par la maison de disques, était apparemment la seule personne en mesure de la faire s’épanouir musicalement, tout en jouant les remparts vis-à vis des opinions standardisées de la maison de disques afin de protéger sa vision artistique. Sheena avait 19 ans à cette époque et Kameda, de 14 ans son aîné, devait avoir une plus grande expérience et maturité dans le monde ‘impitoyable’ de la production musicale. Le fait que Sheena se surnomme elle-même comme une ‘princesse sadique’ donne l’idée qu’elle a une grande conscience d’elle-même et reconnaît être difficile à gérer et à priori sans compromis. Kameda a certainement joué le rôle de canalisateur de cette énergie mais également celui de souffre-douleur en allant sur le front face à la maison de disques. Le sadisme est peut être bien là.

林檎さんの件で最初に僕が連絡を受けたのは、1997年の春か夏だったと思います。彼女が所属するレコード会社のディレクターから、「新しい女性アーティストをデビューさせることになったんだけれど、今までになかったような歌詞、今までになかったような曲、そして本人も奇想天外なアイデアを持っていて、我々では手に負えない。でも亀ちゃんだったら彼女のいいところ、僕らがどうしていいかわからないところを引き出してくれるんじゃないか」という相談を受けたんです。
そういう僕の仕事を見ていた方々が、「亀ちゃんだったらこの子と向き合えるだろう」と思ってくれたみたいです。

Je pense que la première fois que j’ai été contacté au sujet de Ringo-san était au printemps ou à l’été 1997. Le directeur de la maison de disques à laquelle elle appartient (Toshiba EMI) m’a consulté à son sujet: « Je suis censé faire les débuts d’une nouvelle artiste féminine, mais elle écrit des paroles comme j’en ai jamais vu auparavant, des chansons comme j’en ai jamais entendu avant, et la personne en elle-même a en plus des idées des plus étranges. Nous n’allons pas parvenir à la gérer nous-même. Mais si c’était toi qui t’occupait d’elle, tu pourrais faire ressortir d’elle ses bons points que nous sommes bien incapables de comprendre pour les faire émerger. » … Les gens qui suivaient mon travail semblaient penser que je serais en mesure de faire face à cette jeune fille.

その後は約1年間、一緒にデモテープを作り続けました。レコード会社からは「もっとこういうふうにして」とか「こうしないと売れないよ」とか、いろんなことを言われましたね。会議にも何度も呼び出されました。
でも僕は「今までにないものだからやるんだ、待っている人がいるから」と言って、一切の雑音をはねのけました。ある意味、林檎さんの盾になった。当時32、3歳の僕がレコード会社を相手にそれをやったわけですから、自分で言うのも変ですが、よく頑張って守ったと思います。林檎さんも、そんな僕を「師匠」と呼んで信頼してくれるようになりました。

Après cela, nous avons continué à faire des cassettes de démo ensemble pendant environ un an. La maison de disques disait diverses choses, telles que «faites plus comme ci ou plus comme ça, sinon ça ne se vendra pas». J’ai été convoqué plusieurs fois en réunion.
Mais j’ai maintenu: «Je vais le faire à sa manière car c’est quelque chose qui ne s’est jamais fait auparavant, et parce qu’elle m’attend au tournant », et j’ai rejeté tout ce bruit autour de moi. En un sens, je suis devenu un bouclier pour Ringo-san. A l’époque, j’avais 32 ou 33 ans, je l’ai fait pour une maison de disques, donc c’est bizarre pour moi de le dire, mais je pense que j’ai fait de mon mieux pour la protéger. Ringo-san m’appelait « maître » ce qui voulait dire qu’elle me faisait confiance.

L’interview nous explique aussi que le courant (électrique) a tout de suite bien passé entre eux car ils ont tous les deux des gouts très éclectiques en musique, comme on peut s’en rendre compte pour Sheena sur son album de reprises Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~). En regardant les concerts de Tokyo Jihen, j’ai toujours eu cette image de Kameda comme étant une figure rassurante, un pilier qui maintient solidement le groupe. Ce sont d’ailleurs des sujets dont on parlait intensément et passionnément avec mahl et Nicolas dans les commentaires du long billet “se perdre dans un vert profond”. Dans l’interview, Kameda revient également sur sa coupe de cheveux en iroquois qu’on peut voir sur les premiers concerts jusqu’à Electric Mole, en expliquant que Sheena lui avait demandé, et que ça avait même changé en positif la perspective qu’il a de lui même.

「師匠、もしかしたら……モヒカンとかお似合いかも」

«Maître, peut-être… peut-être que ça t’irait bien si tu te coiffais en iroquois ou quelque chose dans le genre. »

Ceci me laisse penser qu’ils travaillent bien ensemble et pendant aussi longtemps car ils ont des influences et une culture similaires mais aussi des approches complémentaires, notamment dans leurs manières d’être. On ressent à travers les propos de Kameda dans cet interview une grande inspiration mutuelle.

Et en parlant de Kameda, je viens de me rendre compte récemment à travers un message qu’il a publié sur Twitter qu’il est l’arrangeur de tous les morceaux de AiNA The End sur son premier album The End sorti le 3 Février. C’est amusant car, comme je le mentionnais déjà, j’avais indiqué le nom d’AiNA à la question de l’enquête du fan club Ringohan nous demandant de donner des idées d’artistes pour lesquels Sheena pourrait écrire des chansons. Je ne savais pas à ce moment là que Kameda était autant impliqué dans la production de l’album d’AiNA. Ça augmente tout d’un coup la probabilité que mon pronostic se réalise un jour. C’est un sujet à suivre. Sur son compte Twitter, Kameda fait un retweet d’une petite vidéo montrant AiNA devant un mur d’écrans géants affichant des extraits de ses vidéos récentes. La scène se passe dans la gare de Shibuya et je n’ai pas pu m’empêcher d’aller voir par moi-même le soir même et de prendre quelques photos. Je commence juste à écouter son album, morceau par morceau, mais pas encore en totalité. J’aime beaucoup pour l’instant les morceaux que j’ai pu écouter mais on n’atteint pas cependant l’intensité émotionnelle et visuelle du morceau Niji dont je parlais auparavant. J’aime beaucoup un morceau comme NaNa dont la musique me fait d’ailleurs un peu penser à l’ambiance musicale de Sheena Ringo. Ça doit être la touche Kameda. La voix voilée (Husky voice, comme on dit) d’AiNA The End est pourtant très différente et n’atteint pas les sommets de ce qu’on peut entendre chez Sheena. Mais j’ai le sentiment qu’AiNA admire Sheena et voudrait marcher sur ses traces. L’album est très orienté balades et certains morceaux sont un peu trop calmes et doux à mon goût, mais il faut lui reconnaître un très bon sens de la mélodie et une voix très attachante. J’y vois aussi un côté reposant qui me plait bien finalement. Il faut savoir qu’elle a écrit les paroles et la musique de tous les morceaux et que certains datent d’il y a plusieurs années. Je me demande comment les amateurs de BiSH réagissent à cet album solo d’AiNA. Je trouve personnellement que les ambiances sont très différentes et que l’album The End est plus posé que ceux qu’on connaît de BiSH qui peut partir parfois dans les extrêmes. Il est forcément plus personnel et cette ambiance me plait beaucoup.

13 commentaires

  1. Bonjour à toi. C’est toujours un plaisir de lire tes articles sur Sheena Ringo, avec une nouvelle fois, un gros travail de recherche. Je regarde très peu les clips vidéo, hormis le choc et l’impact visuel provoqué par ‘Honno’ je ne connais guère que celui de Kabukichō no Joō pour l’avoir une ou deux fois massacré au karaoké. L’idée de partir à la recherche des lieux du clip est très intéressante. Mon imagination fait que je ne peux m’empêcher de penser que le chat qui apparaît mystérieusement ( et qui quand on y regarde de plus près, a les yeux rouges ) n’est pas un chat quelconque.

    La partie sur Kameda est très intéressante, elle m’a immédiatement fait penser à ce petit anime vu l’année dernière qui retrace son parcours. Le fait que Kameda soit le bassiste du groupe y est un peu trop mis en parenthèses à mon goût, mais il donne une idée assez proche du ‘maître’ qu’il est pour Sheena.

  2. Salut mahl, merci! Oui, j’ai vu dans l’arrivée de ce chat comme un signe :-) surtout qu’il n’était pas apeuré et venait plutôt vers moi. Ceci étant dit, il n’était pas le seul chat que j’ai croisé dans cet ensemble de temples assez vaste. En tout cas, J’adore ce genre de coïncidences et de liens ‘invisibles’ et je les guette toujours un peu. Pour les clips vidéos, ils sont de qualité variable, les singles ont en général une réalisation haut de gamme, mais certaines autres vidéos peuvent être plus anecdotiques. C’est plutôt ce côté anecdotique qui m’intéressent maintenant (ou depuis un petit moment). C’est marrant car Kabukichō no Joō est également un des seuls morceaux que j’ai essayé de chanter au karaoke, mais sans grand succès. Le morceau doit donner l’impression qu’on peut arriver à le chanter mais le résultat devenait un massacre dans mon cas également. Enfin, c’était il y a longtemps et je ne tenterais plus le coup maintenant. Le lien que tu as mis vers la vidéo animée sur Kameda ne fonctionne pas, pourrais-tu le reposter ? Ça m’a l’air très intéressant, Merci!

  3. Re-salut, merci beaucoup pour le lien vers l’anime qui est très bien fait et super concis! C’est excellent car l’anime reprend exactement certains textes que je mettais dans mon billet ci-dessus, extraits de l’article original de la rubrique « Otonatte, Omoshiroi » que je mettais en lien ci-dessus. En fait, je pense que l’anime est complètement basé sur cet article car on y retrouve exactement plusieurs moments et anecdotes que Kameda explique dans cet article (avec exactement les mêmes phrases). C’est amusant de voir ces passages en images!

  4. Bonjour !
    Merci à tous les deux pour ce billet et les infos sur Kameda. J’attends mon retour à la maison avec impatience pour regarder l’anime en compagnie de la traductrice qui partage ma vie…
    Et sacré travail d’enquête pour retrouver les lieux du cri…clip ! Bravo !

  5. Bonjour Nicolas, l’anime n’est pas très long donc le travail de traduction ne sera pas très intensif :-) Certains des textes sont identiques à ce que j’ai traduit dans mon billet ci-dessus. L’anime est très intéressant en tout cas, car ça continue en quelques sortes la discussion qu’on avait eu au sujet de Kameda sur un billet précédent.

  6. Bon, ce soir là la « traductrice » était un peu fatiguée, j’ai dû m’appuyer sur mes notions de japonais et ce que je me rappelais de ta traduction…

  7. Deux ans plus tard, je découvre le lieu où a été tournée la vidéo alternative de Koko de Kiss shite. Il s’agit de Hamune Danchi (はむね団地) à Tamagawa (多摩川). On trouve la petite tour au milieu du parc des grenouilles (カエル公園) dans le lotissement de HLM. Un lien vers l’emplacement ici.

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