Juste à côté du stade olympique de Kengo Kuma, il ne faut pas oublier d’aller voir le plus ancien gymnase conçu par Fumihiko Maki. Le Tokyo Metropolitan Gymnasium est plus massif avec le béton et l’acier apparents. Ses courbes sont superbes et je m’amuse même à les comparer avec celles du stade olympique en plaçant les photos les unes après les autres. Je remarque maintenant que les plaquettes d’acier sur le gymnase entrent en résonance avec celles de bois du stade olympique. Le gymnase de Maki date de 1990 mais n’a rien perdu de son élégance et de sa force visuelle. Il faut aussi aller voir de plus près la tuyauterie parallèle à l’arrière du gymnase. Un large pont piéton connecte le gymnase avec la grande place autour du stade et nous invite forcément à prendre quelques minutes pour aller voir ses courbes. Ce n’est bien sûr pas la première fois que je prends ce gymnase en photo. Je me souviens de quelques photographies en Août 2018 alors que le stade olympique était encore en construction et une autre photo montrée sur un billet de Juillet 2011. Cette dernière photo était en fait une superposition avec une photo d’eau bouillante. Je n’ai plus beaucoup d’inspiration pour ce type d’experimentations visuelles, ce qui est bien dommage. Il faudrait d’abord que je prenne en photo des nouveaux ‘matériaux’ (surfaces de béton, nuages, pierres, eau de pluie…) qui me serviront de base pour de futures expérimentations.
Mois : octobre 2021
tokyo stack overflow
Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais au moment même où je passe devant la maison en cours de destruction sur la dernière photographie du billet, le morceau Nostalgia de Kumi Takahara (sur le label Flau) démarre ses premières notes de piano. Le morceau est vraiment très beau mais j’ai du mal à encaisser cette tristesse là. Elle tend trop vers l’introspection. Je n’ai pas pu m’empêcher de rester immobile devant cette maison quasi détruite. Il était trop tard pour essayer d’imaginer la vie de ses habitants. Je reste donc la tête vide devant cette démonstration du renouvellement urbain. Le bâtiment de l’avant-dernière photographie a lui aussi disparu. Je ne l’avais pas remarqué auparavant et je ne sais donc pas si les dessins de sa façade étaient présents à l’origine ou s’ils ont été dessinés après la décision de détruire le bâtiment. On voit de temps en temps ce genre de grands graphs éphémères dessinés sur des immeubles voués à disparaître. Un des meilleurs exemples que je connaisse était l’ancienne Ambassade de France à Tokyo, prise d’assaut volontaire par un groupe d’artistes. Ça avait donné une exposition intitulée No Man’s Land en Février 2010.
après les jeux (1)
Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo paraissent déjà bien loin et on commence déjà à évoquer les prochains à Paris dans 1000 jours et ceux d’hiver à Pékin qui vont démarrer dans quelques mois seulement l’année prochaine. On ne pouvait pas jusqu’à maintenant approcher d’aussi près le grand stade olympique de Kengo Kuma. On peut désormais en faire le tour, ce que j’ai fait tranquillement il y a quelques semaines. On ne peut bien sûr pas entrer à l’intérieur ou monter aux étages. Je ne suis même pas sûr qu’il soit utilisé pour l’instant pour des compétitions sportives ou des évènements. J’aimerais bien que ce type d’endroits soient rendus plus accessibles. Avec toutes les barrières et protections autour du stade pendant la période olympique, je n’avais pas remarqué la végétation plantée à certains endroits. Il y a même un petit ruisseau artificiel. Il est quand même très élégant ce stade, notamment dans l’agencement successif de couches de bois et de plantes.
this is not the end of a new beginning
Ces quelques photographies sont prises dans un espace relativement restreint de Jingumae, dans un bloc délimité par l’avenue Meiji, l’avenue Omotesando et l’avenue Aoyama un peu plus haut. Il y a une densité certaine dans ce bloc mélangeant résidences et commerces, parfois reminiscente d’un village. La rue piétonne très étroite et pleine de végétation sur la troisième photographie en est un bon exemple. Elle débouche pourtant sur la longue avenue Meiji après s’être faufilée entre deux hauts immeubles. Ces immeubles forment en quelque sorte une muraille protégeant un village. On dit que Tokyo est composé d’une multitude de villages et c’est tout à fait vrai sauf que cette impression s’estompe de plus en plus avec les années qui passent, au fur et à mesure que la standardisation urbaine prend le dessus. Il y a beaucoup de clichés sur la ville de Tokyo et ils sont pour la plupart vrais. Le souci est d’éviter de généraliser et de créer une nouvelle vérité globalisante à partir de quelques exemples. Je ne suis pas contre montrer des clichés en photos sur ce blog dans la mesure où je m’efforce à montrer autre chose. Mais loin de moi l’idée de vouloir montrer à tout prix un Tokyo différent que les autres ne montreraient pas. De toute façon, tout a déjà été montré en long et en large sur Tokyo. J’ai pourtant été intéressé par l’approche du numéro sur Tokyo du livre-magazine Gokan, créé par une équipe française vivant au Japon menée par David Michaud (que je ne connais qu’à travers son blog Lejapon.fr). Le livre est très bien documenté et fait intervenir plusieurs plumes. J’y ai appris certaines choses notamment historiques. Les photographies sont très belles sans pourtant essayer d’en mettre plein les yeux. Il y a une grande honnêteté dans l’approche qui m’a bien plu. Le livre n’a rien d’un guide mais partage de nombreux lieux plus ou moins populaires. Je suis en tout cas content que Zōshigaya (雑司ヶ谷) soit évoqué car j’en retiens une ambiance particulière que j’avais apprécié lors de mes quelques passages. J’ai trouvé ce numéro de Gokan sur Tokyo à la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi, il y a déjà plusieurs semaines. Je ne suis pas certain qu’il en reste encore.
Utaha (詩羽) est le nouveau visage et la nouvelle voix de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ, Wednesday Campanella) après le départ de KOM_I annoncé officiellement en Septembre 2021. Ce départ était apparemment un choix personnel et elle ne part pas en mauvais terme. Elle souhaitait plutôt poursuivre un nouveau chemin et elle a même passé le flambeau à Utaha lors d’une conversation retransmise sur Instagram. C’est bien dommage de voir KOM_I se séparer du groupe, mais je suis déjà convaincu par la prise de relais de la remplaçante Utaha. Un premier EP vient d’ailleurs juste de sortir le 27 Octobre. Il contient deux morceaux intitulés Alice (アリス) et Buckingham (バッキンガム). Buckingham ne nous dépayse pas beaucoup du style de Wednesday Campanella. Il n’y a pas de révolution dans l’air, mais plutôt le début d’un nouveau commencement qui j’espère ne se terminera pas rapidement. La ressemblance avec la manière de chanter de KOM_I semble tout d’abord un peu trop prononcée, mais on se laisse très vite embarquer par le phrasé de Utaha, qui n’a en fait pas grand chose à envier à celui de KOM_I. J’ai l’impression que ce morceau a été écrit exprès pour assurer la transition en douceur entre les deux chanteuses. C’est en tout cas un vrai plaisir de retrouver ce type de morceaux, dont l’esprit était tellement novateur à l’époque. Alice est un peu différent et m’a tout de suite accroché. Utaha a une voix plus juste et prononcée que Kom_I. On y perd peut-être un peu en originalité mais elle a une très belle voix qui annonce beaucoup de belles choses à venir. La composition musicale électronique de Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) reste très fidèle au style du groupe. Ces sons électro donnent un ensemble qui n’est pas forcément très délicat, mais qui se révèle très efficace et généreux. Ils sont peut être parfois un peu trop fournis, mais accrochent en même temps l’attention à tous moments. La voix franche de Utaha ne s’efface pas, ce qui fait que l’ensemble fonctionne bien. Ayant écouté et aimé tous les albums de Suiyoubi no Campanella sans exceptions, je suis content de retrouver cette formation en version Phase 2. Je reviens d’ailleurs régulièrement sur la musique du groupe et étonnamment souvent sur le dernier album Galapagos (ガラパゴス) de 2018. Il y a quelques morceaux que j’adore comme Melos (メロス), Kaguya Hime (かぐや姫) et l’avant-dernier morceau The Sand Castle (愛しいものたちへ) qui est très différent du reste des morceaux de la discographie du groupe. J’aurais d’ailleurs bien voulu que KOM_I poursuive la direction lancée sur ce dernier morceau. Peut-être continuera t’elle à chanter en solo?
from a strange house to flowers in the sky
Nous sommes toujours à la périphérie du parc Inokashira, dans une zone résidentielle à une des extrémités du parc. Une autre maison étrange attire notre attention. Elle est envahie par une nature grimpante mais ne semble pas abandonnée. Nous avons quand même quelques doutes. Sur les photos de fleurs, je tente une vue en contre-plongée avec mon appareil photo reflex. Ce genre de prise de vue est plus aisée avec un smartphone. Je tente la mise au point au hasard avec le reflex en essayant de pointer sur l’arrière d’une des nombreuses fleurs orangées poussant en bouquet au bord de la route près d’un terrain vague. J’aime assez l’effet légèrement flou qui en résulte, surtout sur la dernière photographie du billet car sa dynamique nous pousse en direction du ciel. Je devrais introduire un peu plus d’éléments bucoliques dans mes billets car Tokyo n’en manque pas même en plein centre-ville. On produit bien du miel d’abeilles sur les toits d’immeubles à Ginza. La deuxième photo du billet joue les intruses car elle n’a pas été prise à Inokashira mais dans un quartier tout autre de Tokyo. Ce petit mur de pierre était étonnamment agrémenté de plantes aux feuilles violettes et de décorations qu’on croirait empruntées à un bâtiment historique. Ce muret ne s’accordait pas avec le reste du décor résidentiel de ce quartier du Nord de Tokyo. La photographie que j’en ai prise ne s’accordait pas non avec d’autres billets que celui-ci. Lorsque je trie mes photographies pour sélectionner celles qui seront regroupées dans des billets, il arrive très régulièrement qu’une ou deux photographies ne trouvent pas leur place. Ce ne sont pas forcément des photographies ratées mais elles ont la particularité de ne s’accorder avec rien d’autre. Je les mets alors de côté et finis parfois par les oublier dans mes innombrables répertoires de photos classés par mois.