Ces quelques photographies sont prises dans un espace relativement restreint de Jingumae, dans un bloc délimité par l’avenue Meiji, l’avenue Omotesando et l’avenue Aoyama un peu plus haut. Il y a une densité certaine dans ce bloc mélangeant résidences et commerces, parfois reminiscente d’un village. La rue piétonne très étroite et pleine de végétation sur la troisième photographie en est un bon exemple. Elle débouche pourtant sur la longue avenue Meiji après s’être faufilée entre deux hauts immeubles. Ces immeubles forment en quelque sorte une muraille protégeant un village. On dit que Tokyo est composé d’une multitude de villages et c’est tout à fait vrai sauf que cette impression s’estompe de plus en plus avec les années qui passent, au fur et à mesure que la standardisation urbaine prend le dessus. Il y a beaucoup de clichés sur la ville de Tokyo et ils sont pour la plupart vrais. Le souci est d’éviter de généraliser et de créer une nouvelle vérité globalisante à partir de quelques exemples. Je ne suis pas contre montrer des clichés en photos sur ce blog dans la mesure où je m’efforce à montrer autre chose. Mais loin de moi l’idée de vouloir montrer à tout prix un Tokyo différent que les autres ne montreraient pas. De toute façon, tout a déjà été montré en long et en large sur Tokyo. J’ai pourtant été intéressé par l’approche du numéro sur Tokyo du livre-magazine Gokan, créé par une équipe française vivant au Japon menée par David Michaud (que je ne connais qu’à travers son blog Lejapon.fr). Le livre est très bien documenté et fait intervenir plusieurs plumes. J’y ai appris certaines choses notamment historiques. Les photographies sont très belles sans pourtant essayer d’en mettre plein les yeux. Il y a une grande honnêteté dans l’approche qui m’a bien plu. Le livre n’a rien d’un guide mais partage de nombreux lieux plus ou moins populaires. Je suis en tout cas content que Zōshigaya (雑司ヶ谷) soit évoqué car j’en retiens une ambiance particulière que j’avais apprécié lors de mes quelques passages. J’ai trouvé ce numéro de Gokan sur Tokyo à la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi, il y a déjà plusieurs semaines. Je ne suis pas certain qu’il en reste encore.
Utaha (詩羽) est le nouveau visage et la nouvelle voix de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ, Wednesday Campanella) après le départ de KOM_I annoncé officiellement en Septembre 2021. Ce départ était apparemment un choix personnel et elle ne part pas en mauvais terme. Elle souhaitait plutôt poursuivre un nouveau chemin et elle a même passé le flambeau à Utaha lors d’une conversation retransmise sur Instagram. C’est bien dommage de voir KOM_I se séparer du groupe, mais je suis déjà convaincu par la prise de relais de la remplaçante Utaha. Un premier EP vient d’ailleurs juste de sortir le 27 Octobre. Il contient deux morceaux intitulés Alice (アリス) et Buckingham (バッキンガム). Buckingham ne nous dépayse pas beaucoup du style de Wednesday Campanella. Il n’y a pas de révolution dans l’air, mais plutôt le début d’un nouveau commencement qui j’espère ne se terminera pas rapidement. La ressemblance avec la manière de chanter de KOM_I semble tout d’abord un peu trop prononcée, mais on se laisse très vite embarquer par le phrasé de Utaha, qui n’a en fait pas grand chose à envier à celui de KOM_I. J’ai l’impression que ce morceau a été écrit exprès pour assurer la transition en douceur entre les deux chanteuses. C’est en tout cas un vrai plaisir de retrouver ce type de morceaux, dont l’esprit était tellement novateur à l’époque. Alice est un peu différent et m’a tout de suite accroché. Utaha a une voix plus juste et prononcée que Kom_I. On y perd peut-être un peu en originalité mais elle a une très belle voix qui annonce beaucoup de belles choses à venir. La composition musicale électronique de Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) reste très fidèle au style du groupe. Ces sons électro donnent un ensemble qui n’est pas forcément très délicat, mais qui se révèle très efficace et généreux. Ils sont peut être parfois un peu trop fournis, mais accrochent en même temps l’attention à tous moments. La voix franche de Utaha ne s’efface pas, ce qui fait que l’ensemble fonctionne bien. Ayant écouté et aimé tous les albums de Suiyoubi no Campanella sans exceptions, je suis content de retrouver cette formation en version Phase 2. Je reviens d’ailleurs régulièrement sur la musique du groupe et étonnamment souvent sur le dernier album Galapagos (ガラパゴス) de 2018. Il y a quelques morceaux que j’adore comme Melos (メロス), Kaguya Hime (かぐや姫) et l’avant-dernier morceau The Sand Castle (愛しいものたちへ) qui est très différent du reste des morceaux de la discographie du groupe. J’aurais d’ailleurs bien voulu que KOM_I poursuive la direction lancée sur ce dernier morceau. Peut-être continuera t’elle à chanter en solo?
Re-salut Frédéric,
La lecture de ton billet tombe au bon moment : j’ai précisément commencé à regarder « Followers » hier ! Je trouve que le jeu d’actrice de KOM_I est plutôt convainquant. Est-ce que son « nouveau chemin » serait finalement la télévision ? Sais-tu si ce qu’elle prévoit ?
Je partage également tes sentiments au niveau de la nouvelle chanteuse. C’est délicat de remplacer le chant mais ils ont réussi deux belles propositions qui méritent toute notre attention. Malgré tout, la personnalité vocale de KOM_I me manquera forcément, mais rien n’empêche de revenir sur les anciens albums heureusement !
Re-salut Nicolas,
J’ai vu aussi cette série Followers de Mika Ninagawa et c’est vrai que Kom_I a un petit rôle dedans, d’artiste aux cheveux blonds si ma mémoire est bonne. J’aimais bien son jeu d’actrice, à mon souvenir certes un peu lointain, et je me souviens avoir regardé toute la série avec un mélange d’interêt et de léger agacement. Sur son Instagram, Kom_I disait qu’elle avait collaboré et s’était produite avec divers groupes et que son intérêt se tournait vers des choses plus expérimentales, comme par exemple Yakushima Treasure Another Live qui est plutôt particulier et complètement différent de ce que faisait Wednesday Campanella. J’ai l’impression qu’elle a pas mal voyagé, en Asie notamment, et qu’elle s’oriente vers des sujets écologiques. En même temps, son Instagram montre souvent des photos qui sembleraient être destinées à des magazines. Je pense qu’elle touche un peu à tout.
C’est vrai en tout cas que sa personnalité vocale est difficile à remplacer mais je n’ai pas trop de difficulté à considérer le groupe avec Utaha comme différent. Ils auraient peut-être dû changer de nom mais au final, ce n’est pas bien grave. Je pense que Utaha apporte quelque chose de différent et son approche est honnête. Dans l’interview que je mentionnais ci-dessus entre Kom_I et Utaha, Kom_I souhaitait que Utaha continue à chanter les anciens morceaux de Wednesday Campanella en plus des nouvelles créations. Je préférerais que le groupe ne se concentre que sur des nouveaux morceaux, sinon on va finir par comparer et préférer forcément les versions originales avec Kom_I. Du coup, je me suis mis à pas mal réécouter les anciens albums de Wednesday Campanella ces derniers temps comme le tout premier que je connaissais moins, Crawl to Sakaagari.
Re-salut Frédéric,
Merci pour toutes les infos sur KOM_I. J’essaierai de garder un lien avec cette artiste (peut être à travers tes billets d’ailleurs). Et un petit tour sur discogs m’apprend que Suiyoubi no campanella a une discographie assez conséquente en moins d’une dizaine d’année, et je n’en ai pas encore fait le tour donc ce groupe restera à mes côtés encore quelques temps, quelque soit la direction de Suiyoubi phase 2.
Re-salut Nicolas, oui la discographie de Suiyoubi no Campanella est en effet assez longue. J’ai découvert le groupe en 2017 et mon approche à l’époque était de partir à la recherche des morceaux que j’aime sur YouTube, car c’était assez difficile de décider par quel album démarrer. Je les ai tous maintenant car ils valent tous le détour. Il y a beaucoup de vidéos disponibles sur leur page YouTube et c’est un bon point de départ. J’avais écrit un billet à l’époque avec quelques morceaux que j’aimais beaucoup. Je me rend compte d’ailleurs que je n’avais pas mentionné Shakushain qui est aussi un morceau excellent.
Salut Frédéric, les vidéos youtube ont aussi été mon point de départ à la faveur d’un invité dans notre coloc qui s’était improvisé DJ (j’ai vécu au Japon en 2016). J’avais été scotché par l’esthétique des vidéos et quelques jours après j’achetais les 4-5 disques sortis à l’époque. C’était très différent de tout ce que je connaissais de la musique japonaise à l’époque et je me réjouissais de cette nouvelle exploration musicale. Depuis cette époque je me suis procuré l’excellent UMA et Superman (que j’ai beaucoup moins écouté à cause de ce faux disque équipé d’une clé usb…) mais rien de plus récent et rien concernant les mini albums et EP qui gravitent autour des albums principaux.
Merci pour ta sélection de morceaux, je vais allez écouter ça !
Salut Nicolas, tu connais donc le principal et le meilleur sans doute. J’avais vu l’histoire de la clé USB pour Superman. J’avais trouvé ça plutôt surprenant. Après Superman, il y a Galapagos qui est assez différent et que j’aime beaucoup à part 1 ou 2 morceaux. Je ne connais que les albums, les 8 sortis, mais je ne connais par contre pas les EPs. Il doit y en avoir plusieurs en effet. Bonne continuation d’exploration en tout cas ! Et en parlant de KOM_I, elle a l’air en effet tournée vers les sujets écologiques car elle était en Live sur Instagram il y a deux ou trois heures environ et elle parlait de recyclage. Je n’ai pas pu tout suivre faute de temps.
Salut Frédéric,
Ok je jetterai une oreille attentive à Galapagos. De ton côté tu peux écouter l’EP « UMA » qui n’a rien à envier aux albums !
Salut Nicolas, oui, je connais bien UMA, mais je le classais dans les albums, par erreur apparemment. Je n’avais pas réalisé qu’il s’agissait d’un EP. La page Wikipedia du groupe ne considère que Zipangu et Superman comme album et le reste serait des EPs, même le dernier Galapagos (que je voyais plutôt comme un album). J’aime beaucoup UMA car il est un peu différent et même plutôt expérimental sur la fin. Les morceaux que je préfère sont d’ailleurs les trois derniers : Phœnix, Bagu et Krakken. La vidéo de Bagu est très belle, pleine de couleurs et en même temps assez mystérieuse. Difficile de remplacer KOM_I sur des morceaux comme ceux là. Du coup, j’ai réécouté UMA juste après avoir lu ton commentaire, en rentrant chez moi. Sur Galapagos, j’adore le septième morceau The Sand Castle qui est très différent de tous les autres morceaux du groupe, et l’ambiance est vraiment particulière très axée sur la voix de KOM_I avec une sorte de mélancolie indéfinissable. Je n’aime par contre pas du tout le cinquième morceau Matryoshka. Je trouve que l’album est plus inégal mais des morceaux comme Melos et Kaguya Hime sont vraiment excellents.