L’objectif de mon passage à Ikebukuro était de voir l’hotel Siro conçu par Mount Fuji Architects Studio. Je l’ai déjà montré il y a quelques semaines sur mon compte Instagram et ça doit être la photo la plus aimée jusqu’à maintenant (on reste ceci étant dit dans des proportions tout à fait modestes). La particularité de cet étroit building tout en longueur encastré dans le centre d’Ikebukuro est bien entendu ses escaliers extérieurs prenant différentes formes. L’effet visuel est assez étonnant. Il s’agit d’un petit hôtel avec des intérieurs au design sobre et épuré, qui viennent contraster avec le fouillis visuel du quartier. Je ne viens pas assez souvent à Ikebukuro mais je me rattrape ces derniers temps, depuis que j’ai visité plusieurs fois le quartier limitrophe de Zoshigaya. Je me décide ensuite à marcher depuis Ikebukuro jusqu’au centre de Shinjuku en suivant l’avenue Meiji, mais je bifurque rapidement car je me laisse souvent distraire en route par d’autres rues. Au Sud de la gare, on peut difficilement manquer le building DaiyaGate Ikebukuro (ダイヤゲート池袋) couvert d’un réseau de barres métalliques obliques. Les énormes piliers de béton le soutenant sont également obliques. Il est posé sur une immense plateforme ouverte surplombant une partie du quartier. Une place que l’on peut traverser se forme sous le building. Depuis cette plateforme, on doit pouvoir apercevoir l’ancienne école Jiyū Gakuen, conçue en 1954 par Frank Lloyd Wright, qui se trouve également dans ce quartier, mais je ne l’avais pas encore réalisé au moment de ma visite. Un peu plus loin dans l’arrondissement de Toshima, on remarque aussi forcément l’élégant découpage des vitrages d’un immeuble au béton superbe. Il s’agit d’un bâtiment conçu par Tadao Ando. En parcourant les rues jusqu’à Shinjuku en ce tout début de printemps, je suis absorbé par la mélancolie de Morita Dōji 「春は幻」.
Les hasards des liens internet me font découvrir le blog de Stéphane du Mesnildot, écrivain et journaliste (entre autres) couvrant, depuis 7 ans sur son blog intitulé Jours étranges à Tokyo, le cinéma japonais principalement et la musique japonaise entre autres sujets. Son blog est toujours très actif et extrêmement bien documenté. Je pressens donc que je vais venir le consulter régulièrement pour y trouver un peu d’inspiration. C’est en quelque sorte rassurant de voir des blogs encore actifs car on les voit plutôt disparaître petit à petit ou bloqués sur un dernier billet datant d’il y a deux ou trois ans. Une fois qu’on a fait naître un blog, on ne devrait pas le laisser mourir. Parmi les billets de Jours étranges à Tokyo, je découvre celui sur la mystérieuse chanteuse Morita Dōji (森田童子), que l’on voit toujours le visage à moitié caché derrière une longue chevelure bouclée et des lunettes noires. Ce billet me pousse à écouter l’album A boy (ボーイ) composé de neuf morceaux à la mélancolie saisissante et à la beauté romantique sombre, parfois interrompue par la pluie. Cet album est régulièrement cité dans les listes très subjectives évoquant le meilleur de la musique japonaise, et j’avais déjà tenté d’entrer dans cet univers musical il y a quelques années. Mais ce n’était pas, à cette époque là, le bon moment. La voix fragile, presque nue, de Morita Dōji m’apporte maintenant un certain apaisement après des semaines difficiles. On peut écouter cet album sur YouTube mais on le trouve également sur iTunes (du moins le japonais). J’aimerais trouver cet album en CD mais, datant de 1977, je pense qu’il ne doit exister qu’en vinyl et je l’imagine bien introuvable. Le site web de Disk Union le liste en fait quand même bien en CD mais il n’y a aucun exemplaire en vente.
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