TRAIN-TRAIN

Le titre de ce billet m’est inspiré par le titre d’un morceau du groupe rock japonais The Blue Hearts. Ce titre me vient en tête alors que j’aperçois le Tokyo Monorail passer au dessus de ma tête et que je m’empresse de le prendre en photo avant qu’il ne disparaisse derrière les buildings comme un serpent s’échapperait derrière un rocher. Je n’ai que très peu d’intérêt pour la musique de The Blue Hearts bien que j’ai souvent chanté en groupe au karaoke le morceau Linda Linda (je parle souvent de karaoke ces derniers temps alors que je n’y suis pas allé depuis une éternité). Nous sommes ici dans le quartier gagné sur la mer de Shibaura. J’étais venu jusque là pour voir une ancienne maison rénovée il y a quelques années, et que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. J’en parlerais un peu plus tard dans un prochain billet. Je suis à pieds le canal Shinshiba (je ne savais pas que les nombreux canaux de Tokyo avaient des noms) sur quelques mètres avant de bifurquer sur la route 15 après la station de Tamachi. Marcher en direction de Sengakuji m’amène jusqu’à la station de Takanawa Gateway conçue par Kengo Kuma. Le rez-de-chaussée a l’air d’être en construction, ce qui est plutôt étrange vu que la station est très récente. Tout le quartier est en fait en plein redéveloppement sous le nom de projet de Tokyo Yard. La compagnie JR East a annoncé en Avril de cette année les grandes lignes du projet. Cinq buildings dont quatre tours (comme si on en manquait) pousseront sur ces espaces. Un des buildings sera dessiné par Kengo Kuma (décidément) et sera un centre culturel sous le nom de Cultural Creation Building. Les formes de ce bâtiment en particulier semblent très intéressantes.

Le titre de ce billet me revient aussi en tête car j’ai vu dernièrement sur Netflix un film japonais intitulé Alps Stand no Hashi no Kata (アルプススタンドのはしの方) dans lequel ce morceau était joué plusieurs fois par une fanfare de supporters lors d’un match de baseball de lycéens (Koshien), pour encourager le joueur vedette d’une des équipes. Il s’agit d’un film assez court de 1h15 réalisé par Hideo Jōjō (城定秀夫) et adapté d’une pièce de théâtre primée. Le film se passe dans un lieu unique, les stands d’un stade de baseball, dans lequel des lycéens viennent encourager leur équipe, un peu obligés d’ailleurs par le personnel du lycée. C’est le cas des deux protagonistes principales Yasuda (interprétée par Rina Ono) et Tamiya (Marin Nishimoto), membres du club de théâtre et plutôt néophytes quant aux règles du baseball. Un ancien membre de l’équipe de baseball, Fujino (Amon Hirai), vient s’asseoir à côté d’elles et une discussion se met en place, révélant les rapports parfois compliqués entre les élèves. L’histoire est simple et nous ramène aux émotions de la fin de l’adolescence. Tout l’interêt du film, qu’il serait difficile de vraiment résumer, vient du talent des jeunes actrices et acteur et du fait que le film ne nous laisse pas deviner le déroulement de l’histoire. On se laisse simplement entraîner dans ces discussions, dans ces moments de malaises parfois et dans ces petites histoires d’amour qui se révèlent ou qu’on imagine se révéleront peut-être un jour. Je ne connaissais pas le réalisateur ni les jeunes acteurs et actrices de ce film sorti en 2020, mais c’est une belle découverte.

J’ai aussi beaucoup apprécié le film Kazane (累) du réalisateur Yuichi Satō (佐藤祐市), inspiré d’un manga du même nom. Ce film sorti en 2018 est centré sur deux comédiennes jouées par Tao Tsuchiya et Kyokō Yoshine dont l’agent est interprété par Tadanobu Asano. L’histoire fait intervenir du fantastique. Kazane (interprétée par Kyokō Yoshine) est une excellente actrice mais a malheureusement le visage balafré d’une horrible cicatrice, tandis que Nina Tanzawa a la beauté pour elle mais se révèle être une actrice sans grande envergure. Un étrange rouge à lèvres légué peu avant sa mort par la mère de Kazane, également actrice exceptionnelle, a le pouvoir d’interchanger les apparences lorsque les personnes s’embrassent. Commence alors un jeu de manipulation, orchestré par l’agent (Tadanobu Asano), pour faire en sorte que le talent de Kazane s’additionne à la beauté de Nina dans le but de décrocher des rôles rappelant le prestige passé de la mère de Kazane. Ce jeu fonctionne un temps mais tout se complique forcément et rien ne se déroule comme prévu. Pour apprécier le film, il faut accepter le parti pris du fantastique qui peut surprendre aux premiers abords, mais les actrices Tao Tsuchiya et Kyokō Yoshine, ainsi que Tadanobu Asano, sont très convaincants dans leurs rôles respectifs. Je ne connaissais pas du tout l’actrice Kyokō Yoshine, par contre Tao Tsuchiya est plus souvent présente dans les médias, notamment dans des publicités. Je ne soupçonnais pas qu’elle avait cette capacité de jeu. Quand à Tadanobu Asano, c’est un acteur reconnu et je me souviens très bien de son rôle de tueur dans le film complètement cinglé Koroshiya 1 (殺し屋1) de Takashi Miike (三池崇史), dont j’avais déjà parlé sur ce blog.

Le film suivant, Hoshi no Ko (星の子), était également une agréable surprise. Le film sorti en 2020 est réalisé par Tatsushi Ōmori (大森立嗣) et fait intervenir la jeune actrice Mana Ashida. Elle est célèbre au Japon depuis son plus jeune âge suite à une chanson pour enfants qui a eu beaucoup de succès et qu’elle chantait en dansant avec le petit garçon Fuku Suzuki. Elle a fait du chemin depuis et je la trouve très convaincante dans ce rôle. A vrai dire, je ne l’avais d’abord pas vraiment reconnue même si son visage m’était tout de suite familier. Elle interprète Chihiro, une collégienne un peu rêveuse prise d’un amour platonique pour son jeune professeur. Mais l’histoire ne se passe pas principalement là. Lorsqu’elle était bébé, Chihiro avait une maladie qui ressemble beaucoup à l’écran à de l’eczéma. Les parents, très inquiets et aimants, se voient conseillés par un collègue du bureau du père d’appliquer une eau aux vertus miraculeuses. Les parents se retrouvent embarqués dans une secte religieuse, fournissant cette fameuse eau qui guérit. La croyance qui leur accapare l’esprit les incitent à s’imbiber en permanence de cette eau, qu’ils pensent capable de leur éviter toutes maladies, en portant une serviette mouillée sur la tête. La soeur de Chihiro (interprétée par Aju Makita) ne supporte plus cette situation et quitte rapidement le foyer familial. Chihiro se trouve seule devant un dilemme alors qu’elle réalise petit à petit la situation de ses parents. Elle n’est pas dupe et est consciente de ce qui se passe, mais n’entend pas pour autant abandonner ses parents à leur sort, même s’ils ne semblent pas malheureux du tout. Le problème des sectes et du lavage de cerveaux qui en découle, abordé dans ce film, est bien réel au Japon et revient même sur le devant de la scène avec l’actualité récente. Cette histoire est touchante car elle ne surjoue pas le pathos. Le jeu de Mana Ashida est d’ailleurs en ce sens très subtil.

Le dernier film japonais que j’ai vu dernièrement ne joue pas, par contre, dans la finesse. Il s’agit du film Real Onigokko (リアル鬼ごっこ) du réalisateur Shion Sono (園子温). Je ne sais pas vraiment pour quelle raison je reviens sans cesse vers les films de ce réalisateur. J’avais en fait beaucoup aimé le film Himizu (ヒミズ) avec Fumi Nikaido, et je ne désespère pas de trouver un autre film avec des émotions aussi fortes que je pourrais également apprécier. Le problème de Shion Sono est qu’il tombe rapidement dans l’excès malgré des idées de départ intéressantes. C’était le cas du film Love Exposure, et c’est aussi le cas de ce film là sorti en 2015. Il est par contre relativement court (1h25), par rapport à des films comme Love Exposure, ce qui est de meilleure augure. J’étais en fait intrigué de voir l’actrice Reina Torindoru joué le rôle principal de cette histoire car son image de talento à la télévision japonaise ne correspond pas du tout à celle des films de Shion Sono. Comme le titre nous l’apprend, l’histoire du film prend la forme d’une course effrénée contre des démons qui viennent poursuivre inlassablement trois lycéennes: Mitsuko (interprétée par Reina Torindoru), Keiko (Mariko Shinoda) et Izumi (Erina Mano). Pour donner une idée de l’ambiance du film, la première scène prend place dans un bus scolaire amenant les lycéennes pour ce qu’on imagine être un voyage scolaire. Un des démons du titre prend la forme d’un vent soudain et puissant qui vient découper en deux le bus et par conséquent toutes les personnes qui y étaient assises, sauf Mitsuko qui a eu le bonheur de se pencher à ce moment précis pour ramasser son stylo. Effrayée par cette scène dans laquelle toutes ses amies sont découpées en deux, elle s’enfuit continuellement, poursuivie par ce vent mystérieux. Elle finit par rejoindre son école où se trouvent toutes ses amies, comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve. La course poursuite continue ensuite et n’hésite pas à faire intervenir le mauvais goût que l’on trouve régulièrement chez ce réalisateur. On reste cependant intrigué par cette histoire des plus étranges. J’ai failli arrêter en route mais ma curiosité a été plus forte. Ce n’est pas une film que je conseillerais aux âmes sensibles. Il y a des idées intéressantes, comme souvent chez Sono, si seulement il arrivait à mieux les canaliser pour éviter de tomber dans l’excès. Le film n’a cependant rien d’irregardable, malgré la scène du bus mentionnée au début car on se trouve d’entrée de jeu dans le domaine du fantastique.

quelques journées d’été (2)

La visite du château d’Inuyama était une idée du fiston, tout comme Hikone l’année dernière. Dans la série des châteaux classés trésors nationaux, nous aurions également voulu visiter le château d’Himeji mais ça faisait un peu loin en voiture. Je ne suis pas contre les longs trajets en voiture, surtout sur la Shin-Tomei où on peut rouler à 120km/h, mais pour Himeji, le trajet aurait été fatiguant pour tout le monde à faire en une seule journée. Pour ces longs trajets, je construis à chaque fois une playlist musicale qui me permet de rester concentrer (tout en fredonnant). Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes morceaux qui se répètent de voyage en voyage. Ma playlist faisait en tout 4h14mins et nous avons stationné sur le parking du château d’Inuyama exactement à la fin du dernier morceau de ma playlist. J’en viens à me demander si je n’ai pas réglé ma vitesse sur la durée de ma playlist.

Après la visite du château d’Inuyama, nous passons à travers les deux sanctuaires situés à son entrée, celui d’Haritsuna et celui de Sarutahiko, dont le nom nous est familier car il y en a plusieurs au Japon, même à Tokyo. Le petit pont de Torii rouges du sanctuaire Sarutahiko attirent tout de suite mon regard, d’autant plus que deux jeunes filles en yukata ont la bonne idée d’être là au bon moment. En prenant cette photo, je me souviens avoir déjà vu ce passage et ces petites plaquettes de bois Ema (絵馬) en forme de cœur sur le blog de mahl. Avant de reprendre la route pour une plus courte durée cette fois-ci, nous faisons une courte pause dans un petit café nommé Cocotomo, qui semble récent malgré ce que laisse présager la grande porte à l’entrée. Nous bifurquons ensuite volontairement en voiture pour traverser l’ancienne rue Honmachi dirigée vers le château. Nous passerons la nuit dans la ville proche de Gifu au bord du fleuve Nagara, qui se déverse dans la baie d’Ise comme le fleuve Kiso.

le camphrier veille sur Ueno

Outre un passage rapide dans les rues d’Ameyoko, l’autre objectif de ma visite à Ueno était d’aller voir d’un peu plus près le sanctuaire Tōshōgū et notamment un espace de méditation conçu récemment par l’architecte Hiroshi Nakamura & NAP, que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. Cet espace simple appelé Ueno Tōshōgū Seishinso (上野東照宮清心所) a été construit principalement en bois de ginkgo et est placé à l’entrée du sanctuaire. Il est placé devant un arbre gigantesque, un grand camphrier âgé de 600 ans, que l’on dit être à l’origine du parc d’Ueno. Cet arbre sacré était déjà là avant la construction du sanctuaire Tōshōgū, d’abord établi en 1627 puis rénové en 1651 pour devenir un sanctuaire consacré à Tokugawa Iieyasu. Le pavillon Seishinso nous permet de nous asseoir quelques instants (ou des heures si on veut) pour admirer cet arbre qui veille sur Ueno depuis tant d’années. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’on ne le voit pas dans sa totalité depuis l’espace assis du pavillon, car seule une partie du tronc est visible. Un chemin pavé fait le tour de l’arbre et de ses racines pour nous amener ensuite vers le bâtiment principal du sanctuaire Tōshōgū (le Honden). En voyant soudainement la richesse des feuilles d’or se réfléchissant au soleil, je me demande pourquoi je ne suis pas venu ici avant. Il y a très peu de visiteurs lors de mon passage. L’emplacement du sanctuaire dans un coin du parc d’Ueno joue peut-être sur le fait qu’il soit assez peu visité. L’endroit est en tout cas particulièrement paisible en cette fin de matinée de dimanche.

quelques journées d’été (1)

Nos petites vacances d’été viennent de se terminer. Comme à notre habitude, elles étaient courtes mais denses, enfin peut-être un peu moins occupées que celles de l’année dernière dans la préfecture de Shiga. Nous sommes partis trois jours pour deux nuits à la recherche des châteaux japonais. Notre objectif était de retourner à Aichi pour aller d’abord visiter le château d’Inuyama que nous n’avions pas pu voir l’année dernière, faute de temps. Tout comme le château d’Hikone que nous avons visité l’année dernière et celui de Matsumoto que nous sommes allés voir en début d’année, le château d’Inuyama est un château historique classé comme trésor national. Il a heureusement été préservé des destructions de signes de guerre pendant la restauration Meiji, ce qui n’a pas été le cas de nombreux château japonais. Les premières constructions du château datent de 1440 mais le bâtiment actuel date de 1537, construit sous la supervision du seigneur Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de guerre Oda Nobunaga, un des unificateurs du Japon pendant la période Sengoku (1477 – 1573). À partir de 1617, le château devient la propriété du clan Naruse, vassaux du clan Matsudaira dont fait partie Tokugawa Iieyasu. Il restera sous le giron des Naruse pendant presque 400 ans, jusqu’à 2004. Ça me surprend d’ailleurs qu’un château pareil reste une propriété privée pendant aussi longtemps. Le domaine d’Inuyama se trouve dans l’ancienne province d’Owari, au bord du fleuve Kiso qui sert de frontière entre les actuels préfectures d’Aichi et de Gifu.

Après quatre heures et demi d’un long trajet en voiture sur l’autoroute Shin-Tomei, nous ne sommes pas mécontents d’arriver enfin à notre destination. Alors qu’on approche de la ville d’Inuyama, nous recherchons du regard un château perché dans les montagnes, mais il nous faut vraiment approcher de notre destination pour finalement l’apercevoir, majestueux en haut d’une colline surplombant le fleuve. De premier abord, sa taille me fait penser à celle du château d’Hikone. Il n’est pas aussi grandiose et élégant que le château de Matsumoto mais son emplacement lui donne une beauté toute particulière. Il faisait environ 38 degrés dehors lors de notre visite et nous n’avons pas trouvé la fraîcheur à l’intérieur de la forteresse, malgré les gros ventilateurs placés à certains endroits. On grimpe les escaliers très inclinés du donjon (Tenshu) jusqu’au dernier étage. Le parquet grince sous nos pas, ce qui inquiète Zoa, ou le surprend plutôt. Ce qui m’inquiète personnellement est de faire le tour du dernier étage du donjon sur le balcon de bois dont la balustrade est particulièrement basse. Je succombe toujours au vertige et je n’ai donc pas pu en faire le tour. Les photographies de la vue magnifique sur le fleuve et sur la ville sont donc prises à une certaine distance du bord du balcon. Le bâtiment étant historique, il n’y a bien entendu aucune barrière de protection additionnelle. Ce petit contretemps ne m’empêche pas de profiter du reste du château, qui se visite assez rapidement tout de même, et de tenter différentes prises photographiques depuis l’approche du château à travers les branchages. Cet espace devant le château est particulièrement agréable et nous ferait presqu’oublier la chaleur ambiante.

ゴールのないウサギとカメみたい

La période estivale, surtout celle du mois d’Août, voit en général une baisse des visites de ce blog et mon envie d’écrire diminue également malgré un nombre important de photographies que je souhaite montrer. Il ne s’agit pourtant pas de lassitude. Ce n’est pas le cas pour ce billet, mais mes articles sur ce blog peuvent apparaître ces derniers temps comme des extensions des photos que je montre sur Instagram. Je marche le week-end avec en général pour objectif d’aller voir un bâtiment en particulier et j’en profite toujours pour prendre également l’environnement en photo. J’ai tendance à montrer d’abord, quasiment dans l’immédiat, la photo du dit bâtiment sur ma page Instagram, tandis que le billet sur le blog sera écrit beaucoup plus tard, parfois de longues semaines après. Depuis quelques semaines, je publie une Story de trois photos pour chaque nouveau billet publié sur ce blog. Instagram étant un environnement relativement fermé, il n’autorise pas les liens pointant vers l’extérieur à part dans les Story. Je faisais auparavant ce genre de liens sur Twitter, mais j’ai quand même plus de visiteurs et followers sur Instagram que sur Twitter. Ceci étant dit, la plupart des visiteurs qui me suivent sur Instagram ne sont pas francophones et ils auront vite compris que ça ne sert pas à grand chose de cliquer sur le lien menant à un article entièrement écrit en français. Instagram a beaucoup de défauts, comme cette désagréable sensation d’avoir à rechercher les photos de personnes que l’on suit parmi un flot de publicités et de suggestions. Mais, Instagram a tout de même quelques avantages comme celui de créer des communautés d’intérêts communs, l’architecture en ce qui me concerne. Communauté est, ceci étant dit, un bien grand mot, car il s’agit plutôt d’un groupe aux contours flous de personnes ayant ce même attrait pour l’architecture et s’inspirant mutuellement en montrant des lieux intéressants à aller explorer. Le problème inhérent à cela est qu’on se retrouve à aller dans des endroits déjà vus récemment par d’autres. C’est en fait mon cas car je suis souvent inspiré par les autres, mais je n’aurais pas autant d’idées de visites si je ne suivais pas ces autres instagramers architecturaux tokyoïtes. J’espère également en inspirer d’autres. Outre l’architecture, je trouve parfois des choses très intéressantes sur Instagram, comme par exemple le compte Void Tokyo montrant de la Street Photography. Je découvre récemment par ce compte et par une interview du site Tokion la photographe Kisara Okada qui prend des scènes de rue particulièrement intéressantes. Les scènes peuvent être parfois si saugrenues qu’on se demanderait s’il s’agit de mises en scènes. Ce n’est apparemment pas le cas bien sûr, sinon l’intérêt serait bien moindre. Je n’ai personnellement pas du tout cet œil photographique tourné vers les gens et c’est donc un style qui est très éloigné de ce que je serais en mesure de faire. Ces photos saisissent des scènes en mouvement et on essaie forcément d’imaginer ce qu’il va se passer ensuite. Cette histoire qu’on essaie d’imaginer donne tout l’interêt à ces photographies, plutôt qu’une quelconque qualité technique. Il manque ce genre d’histoires dans mes photos car je les prends principalement pour une qualité visuelle, qui est souvent liée à la densité urbaine ou végétale des coins de rue que je découvre. Elles prendraient certainement une autre dimension si une histoire venait s’ajouter à cette qualité visuelle. Jérémie Souteyrat le faisait très bien sûr sa série Tokyo no ie publiée en livre aux éditions du Lézard Noir. A force de prendre toutes ces photos, j’ai parfois l’impression de faire une course contre moi-même sans objectif très précis et ainsi répéter à l’infini ma démarche sans y voir de finalité. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans le quartier résidentiel de Shirogane pour les trois premières, puis entre les stations d’Ebisu et de Shibuya sur un pont pour piétons que j’aime beaucoup et dont j’ai déjà parlé (celui sous lequel se cache Ikkyu), et finalement de Ginza jusqu’à la tour de Tokyo où le soleil se couche.