Une Dodge Challenger aquamarine au repos sans conducteur apparent derrière ses vitrages teintés, la moto futuriste de Bulma sur une collection de t-shirts de la série Dragon Ball pour la marque Graniph, des stickers à profusion envahissant des poteaux électriques à Jingūmae, cinq chanteuses et danseuses de K-Pop faisant la promotion d’une marque de jeans sur la devanture d’une boutique de Cat Street, un bonsaï de taille réelle installé à l’entrée d’un nouvel immeuble toujours en construction près de la rue Kotto, une interdiction de skater en rond dans une ville qui a pourtant vu défiler quelques champions nationaux et une révolution pacifiste en cours de décrépitude. L’arrondissement de Shibuya ne manque pas d’imageries en tout genre et c’est ce qui me fait toujours y revenir, appareil photo en mains. Outre leur attrait esthétique, ces images de rue attisent ma curiosité et je les prends souvent en photo pour qu’elles m’ouvrent plus tard des nouvelles portes vers des choses qui me sont peut-être inconnues ou peu familières. C’est une chose que de prendre des photographies et de s’en contenter, et c’en est une autre que de chercher où ces photographies peuvent nous mener. Je me demande même si pour moi prendre des photos n’est pas qu’un prétexte pour partir en recherche. Les photographies peuvent parfois être des liens directeurs vers d’autres mondes dont on ne soupçonnait pas l’intérêt qu’on pourrait éventuellement y trouver.
Les cinq filles qui posent sur l’affiche de la devanture du magasin de jeans Levi’s s’appellent Minji, Hanni, Danielle, Haerin et Hyein. Elles composent le groupe de K-Pop mondialement connu NewJeans qui n’a fait ses débuts que très récemment en Juillet 2022. Elles ont déjà un très grand succès en n’ayant sorti que quelques singles, un EP mais pas encore d’album complet. Leur succès tient peut être au fait qu’elles représentent une nouvelle génération dans la musique pop coréenne, passant après des dizaines de groupes répétant les mêmes recettes musicales et se transformant rapidement en purs produits commerciaux. Côté relations commerciales, Newjeans se surpassent déjà car, malgré leur jeune existence, le groupe représente de nombreuses marques, comme Levi’s, Coca Cola ou la marque d’électronique sud-coréenne LG. Mais ça n’est pas tout car chaque membre de Newjeans est également ambassadrice de marques de luxe. Hanni représente Gucci et Armani Beauty, Danielle s’affiche pour les marques Burberry et YSL Beauty, Hyein pour Louis Vuitton, Minji pour Chanel Corée et Haerin pour Dior. Il est difficile de faire mieux comme couverture commerciale, mais on sait aussi que ces marques de luxe se copient beaucoup entre elles. Newjeans passe même une étape supplémentaire en sortant un nouveau single intitulé Zero entièrement publicitaire pour la boisson sans sucre de Coca Cola. En plus de voir des cannettes de Coca Cola Zero dans la vidéo du morceau, le refrain utilise clairement le nom de la marque. Ce qui est particulièrement agaçant pour moi, c’est que malgré tous ces artifices commerciaux qui nous bouchent la vue, le morceau à tendance dubstep qui en résulte est excellent, assez loin de l’excès musical qui caractérise la plupart du temps la K-Pop. Et comme je me trouve à beaucoup aimer ce morceau Zero après l’avoir entendu une première fois à la radio, je lâche progressivement les préjugés qui m’empêchaient volontairement d’écouter les autres singles du groupe comme OMG et Ditto. Newjeans rentre ainsi, au côté de 2NE1, dans le cercle très sélectif des groupes de K-Pop dont j’aime beaucoup quelques morceaux.
J’arrive progressivement à un point d’entente avec Zoa sur les anime que l’on regarde. Je ne regarde pas beaucoup d’anime mais il est vrai que ces derniers mois, j’en ai regardé plus qu’à l’accoutumée. Chainsaw Main d’abord, puis Spy x Family et maintenant Oshi no Ko (推しの子) qui a un grand succès actuellement. Je ne suis pas assez informé sur les manga et anime pour confirmer s’il y a une amélioration de la qualité ces derniers temps, mais c’est du moins l’impression que ça me laisse. Ils sont tous disponibles sur NetFlix ce qui facilite beaucoup le visionage. Le premier épisode d’Oshi no Ko faisant plus d’une heure était d’abord sorti au cinéma et le fait que Yoasobi en compose et chante le thème musical avait été apparemment gardé secret. Dans cet anime, on y parle du monde des idoles. Et comme pour Bocchi The Rock, que je regarde aussi en ce moment, traitant du monde du rock indé à Shimo-Kitazawa, Oshi no Ko donne de nombreux indices et explications sur la manière dont fonctionne le monde très codifié des idoles, sans hésiter à en montrer le pire. Je ne raconterais pas l’histoire d’Oshi no Ko car elle démarre par une situation des plus improbables, qui fait à mon avis toute la beauté disruptive des manga. J’aime aussi beaucoup les thèmes d’ouverture et de fermeture de chaque épisode de l’anime. J’ai déjà mentionné Yoasobi avec un morceau composé par Ayase intitulé tout simplement Idol (アイドル). Le morceau est hyper dynamique et assez typique de l’empreinte musicale du groupe. Pourtant, la manière de chanter d’Ikura est changeante comme un caméléon avec des parties presque parlées hip-hop ressemblant à de la K-Pop et d’autres plus proches de l’image qu’on peut avoir de la musique d’idoles. J’aime aussi beaucoup le thème de fin intitulé Mephisto (メフィスト) par un groupe nommé Queen Bee (女王蜂). Queen Bee est un groupe japonais rock originaire de Kobe fondé en 2009 que je connaissais par la présence d’Avu-chan (アヴちゃん) au chant. A ma grande surprise, je me rends compte maintenant qu’Avu-chan a également créé un autre groupe nommé Gokumontō Ikka (獄門島一家) pendant une période de hiatus de Queen Bee. Et dans ce super-groupe Gokumontō Ikka, j’y retrouve quelques noms de musiciens qui me sont très familiers comme un certain Ryosuke Nagaoka (長岡亮介 aka Ukigumo) de Tokyo Jihen et de Petrolz, ou encore le batteur Tatsuya Nakamura (中村達也) de feu Blankey Jet City. En attendant de partir à la découverte de Gokumontō Ikka, j’apprécie Mephisto et les envolées de voix d’Avu-Chan.
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