諸行無常~其ノ壱~

Quelle drôle d’impression d’avoir enfin pu voir et écouter Sheena Ringo en concert. La place était réservée depuis plusieurs mois depuis la mise en vente des billets pour les membres du fan club Ringohan. La loterie m’avait permis d’acheter un billet pour le Mardi 9 Mai 2023, l’avant dernier jour de la tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) qu’on pourrait traduire par Sheena Ringo et l’impermanence de toutes choses. Ce titrage correspond bien au nom qu’elle avait donné à ses deux tournées précédentes en 2018 et 2015, hors tournée du type Expo. En fait, comme il s’agit de la tournée de ses 25 ans de carrière, on aurait pu s’attendre à une tournée de type Expo (comme Expo 18), mais elle a préféré des salles plus petites et une tournée nationale dans tout le Japon, plutôt que des grands rassemblements dans des lieux de type Arena. Quand je mentionne des salles plus petites, c’est une façon de parler car ce sont des salles de 5000 personnes comme au Tokyo International Forum. La tournée a démarré le Vendredi 24 Février à Kawaguchi dans la préfecture de Saitama pour se terminer les 9 et 10 Mai 2023 au Tokyo International Forum (2 dates), en passant par Fukuoka (2 dates), Sendai (2 dates), pour revenir à Tokyo au Bunkamura à Shibuya (3 dates), et répartir pour Sapporo (2 dates), Osaka (2 dates), Hiroshima (2 dates), Nagoya (2 dates), Kobe (2 dates) et Kanagawa (2 dates). La dernière journée de spectacle qu’on appelle Senshūraku (千秋楽) se déroulait donc au Tokyo International Forum le 10 Mai 2023. Il s’agissait donc d’une longue tournée de 22 dates pour 11 salles différentes aux quatre coins du pays, durant pratiquement 3 mois. Cela faisait 5 ans qu’elle n’avait pas fait de tournée en solo, après la tournée News Flash de Tokyo Jihen en 2020, en partie annulée en raison de la crise sanitaire naissante. Cette année là, j’avais malheureusement annulé ma place pour une des premières dates à Tokyo car les incertitudes de cette crise étaient particulièrement anxiogènes à cette époque. Ce concert du 9 Mai 2023 était donc la première fois pour moi (初生林檎).

Ma principale crainte était de tomber malade pendant les jours précédents le concert et de ne pas être en mesure d’y assister. Ce ne fut heureusement pas le cas. Il faut dire que j’attendais ce concert avec une impatience certaine depuis plusieurs années. J’avais d’ailleurs pris une journée de congé et, ayant un peu de temps le matin, je me suis demandé comment j’allais me préparer mentalement (façon de parler) à cet événement musical. Je me suis décidé à aller faire un tour sur le lieu du tournage de la vidéo d’un de ses premiers singles Koko de kiss shite (ここでキスして。), par lequel j’ai découvert la musique de Sheena Ringo en 1999. Il s’agit en fait du lieu du tournage de la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Sur un billet de Février 2021 où j’étais allé sur les lieux du tournage de Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王), je m’étais demandé à l’époque dans quelle banlieue de Tokyo cette vidéo alternative avait été tournée. Je n’ai trouvé ma réponse que récemment grâce à un compte Twitter que je suis depuis quelques temps. Il s’agit du complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu, et la rivière Tamagawa. On y reconnaît une grande tour servant de château d’eau près d’un parc avec des balançoires et d’autres jeux pour enfants. A quelques dizaines de mètres seulement de ce parc, se trouve un collège et son terrain de sport que Sheena Ringo longe pendant une partie de la vidéo. J’avais encore assez clairement les images de cette vidéo en tête mais je la regarde une nouvelle fois sur place, assis sur un banc du parc vide, pour essayer de faire correspondre au mieux mes photos avec les scènes de la vidéo. Je suis content de retrouver la balançoire devant un petit muret de briques qui apparaît plusieurs fois dans la vidéo. La partie principale de la vidéo Koko de kiss shite et de sa version alternative où Sheena joue avec son groupe devant une haie verte ponctuée de roses rouges n’a par contre pas été tournée à cet endroit. Il me reste encore beaucoup de lieux de tournage à découvrir autour de Tokyo, comme la forêt de bambous de la ferme de Wakayama (若竹の杜 若山農場), dans la préfecture de Tochigi, utilisée dans la vidéo de Irohanihoheto (いろはにほへと).

A mon retour de Kokuryō, il ne me reste que peu de temps pour me mettre en route vers le Tokyo International Forum. Je me suis décidé d’y aller en vélo. Mari me demande de passer par le sanctuaire d’Atago qui est sur le chemin, pour y récupérer le sceau goshuin, car cette journée là du 9 Mai est une journée faste. Je ne pose pas beaucoup de questions car ça me paraît de toute façon de bonne augure d’avoir un goshuin correspondant au jour du concert. Rappelons que dans les goods de certaines tournées de Sheena Ringo, on trouve des carnets goshuinchō vierges, et c’est notamment le cas de cette tournée. C’est une idée très particulière et assez unique, je pense. J’imagine bien qu’elle doit elle-même collectionner les sceaux des sanctuaires et temples. Dans ma précipitation, je ne retrouve plus le grand escalier du sanctuaire d’Atago, car je l’imaginais entre les deux tours du complexe Mori composé d’une tour de bureaux et d’une tour d’habitation, modèle en quelque sorte précurseur d’autres complexes comme celui de Roppongi Hills. L’escalier se trouve en fait à quelques mètres à côté du complexe. Le sanctuaire d’Atago est vraiment agréable, car il est perché en haut d’une colline boisée avec un petit étang. Il ne faudra que quelques minutes pour qu’on me prépare le goshuin. Il s’agit peut-être du plus simple visuellement que j’ai dans mes carnets. J’ai d’abord l’impression que la date du jour n’est pas indiquée mais le mois de Mai est en fait mentionné avec le kanji Satsuki (皐月) qui est le nom employé dans le calendrier lunaire. Une des théories sur l’emploi de ce nom pour le mois de Mai est qu’il a été abrégé de ’Sanaetsuki’ (早苗月) qui correspond au mois de la plantation du riz.

Je ne m’attarde pas beaucoup plus car il faut maintenant rejoindre le Tokyo International Forum (東京国際フォーラム) après avoir stationné le vélo près de la gare de Yurakuchō. Je suis loin d’être en retard car j’arrive sur les lieux vers 16h soit deux heures avant l’ouverture des portes. Le concert démarre lui à 19h. Je voulais arriver tôt pour voir à quoi ressemblait les fans. Plus j’approche de l’entrée du Hall A où se déroulera le concert, plus je vois de personnes portant des t-shirts, et autres vêtements ou casquettes estampillées des logos de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. De très nombreux goods ont été créés et mis en vente au fur et à mesure des tournées des 25 années de carrière de Sheena Ringo. Certaines et certains ont un talent véritable pour s’habiller de manière remarquable aux couleurs de l’artiste et du groupe. Je me doutais bien que je verrais de nombreux fans particulièrement inspirés, comme une certaine Hitomi que je suis sur Twitter depuis quelques temps et qu’on remarque tout de suite dans le Hall A. Elle n’est pas la seule en kimono ou yutaka, mais je remarque qu’elle est particulièrement inventive dans son style vestimentaire en partie fait maison, jusqu’au bout des ongles (elle est apparemment nailiste à Utsunomiya, ceci expliquant cela). C’est un vrai plaisir de voir tous ces fans et ça nous met en condition avant le début du concert. Je suis personnellement resté sobre, avec seulement mon pins Ringhan de troisième année épinglé au col, mais je suis heureusement loin d’être le seul. Les petits drapeaux avec le logo de la tournée sont aussi de sortie. J’ai acheté le mien sur internet il y a quelques semaines mais je me rends compte seulement maintenant que je viens de l’oublier à la maison. Je râle souvent sur mon fiston de ses oublis nombreux mais je sais très bien de qui il tient. Le drapeau est un accessoire indispensable pour le concert, peut-être pourrais-je en acheter un autre avant le début du concert. Les portes de la boutique de goods sont bien ouvertes mais on me dit que c’est réservé aux personnes qui ont commandé à l’avance par internet. Cette boutique sera ouverte à tous à partir de 18h. Attendons encore un peu et ouvrons grands les yeux en attendant (A suivre).

Shibuya za rock

Les deuxième et troisième photographies de ce billet sont prises depuis un des derniers étages du Department Store PARCO de Shibuya. La troisième photographie montre une vue en contre-plongée de l’ancien Cinéma Rise reconverti en salles de concert WWW et WWWX. J’ai toujours aimé ce petit bâtiment atypique conçu par l’architecte Atsushi Kitagawara et je suis particulièrement satisfait de voir qu’il a pu trouver une seconde vie après la fermeture du cinéma. Tokyo est en général sans pitié pour les vieux buildings qui faiblissent même s’ils ont été créés par des architectes reconnus. Je suis en fait venu au PARCO pour voir une petite exposition consacrée au magazine mensuel gratuit Kaze to Rock (風とロック). L’exposition intitulée Kaze to Rock to PARCO: Minna Waratteru (風とロックとPARCO:みんな笑ってる) se déroulait du 28 Avril au 8 Mai 2023 au PARCO Museum Tokyo situé au quatrième étage de PARCO. Je pensais d’abord que cette galerie se trouvait au dernier étage d’où le petit détour qui m’a permis de prendre les photographies ci-dessus. La galerie est en fait perdue au milieu des boutiques du grand magasin. J’avais déjà très brièvement évoqué le magazine Kaze to Rock après avoir acheté le livres de photographies de Mika Ninagawa car on y montrait une photographie de Sheena Ringo accompagnée des acteurs Shun Oguri, Lily Franky et Kenichi Matsuyama. Cette photographie était en fait tirée d’une édition spéciale du magazine Kaze to Rock sortie en Novembre 2006 et intitulée Kaze to Rock to United Arrows (風とロックとユナイテッドアローズ).

Le magazine Kaze to Rock a été créé en 2005 par le directeur créatif Michihiko Yanai (箭内道彦). Michihiko Yanai est originaire de Koriyama dans la prefecture de Fukushima. Après des études de design à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il travaille d’abord pour la grande agence publicitaire Hakuhodo et devient ensuite indépendant en 2003, créant sa propre agence Kaze to Rock Co. Limited qui est toujours active. Ce nom n’est pas choisi par hasard car en plus d’être professeur à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il est également guitariste dans un groupe de rock, animateur d’émissions radio, organisateur d’évènements musicaux, entre autres. On lui doit notamment la fameuse campagne publicitaire au long court « No Music No Life » pour Tower Records. Il n’y a pas de doutes que Michihiko Yanai vit et respire pour cette musique rock, et c’est dans ce contexte là qu’il a créé le magazine mensuel Kaze to Rock en 2005, sans but lucratif et même à perte car il s’agit d’un magazine gratuit. A vrai dire, je ne sais pas où il est distribué car je ne l’ai jamais vu disponible, au Tower Records par exemple, mais il y a en tout 100 numéros publiés. Vu le nombre de numéros, la publication n’est certainement pas régulière. En tant que rédacteur en chef du magazine, Michihiko Yanai semble choisir sans contrainte les artistes et groupes dont il veut parler sur ses pages. On reconnaît tout de suite cette liberté créative dans le format du magazine donnant une grande place aux photographies. L’exposition permet de feuilleter un grand nombre de numéros du magazine et je remarque que les pages de photos consacrés au groupe ou à l’artiste en couverture sont très importantes, de quarante a cinquante pages environ suivant le numéro. Cela fait ressembler ce magazine à un véritable livre d’art plutôt qu’à un magazine classique que l’on trouverait en librairie. Outre la possibilité de feuilleter ces magazines, l’exposition montre de nombreuses photographies sur écrans géants dans plusieurs pièces avec des éléments d’explication et de chronologie.

Une des raisons pour laquelle j’ai fait le déplacement était de voir deux numéros du magazine consacrés à Sheena Ringo et à Tokyo Jihen, car je savais qu’ils étaient visibles parmi les magazines présentés à l’exposition. J’ai pris mon temps pour les feuilleter pendant l’exposition. On ne pouvait malheureusement (ou heureusement) pas les prendre en photo. J’ai tout de suite été interpellé par la qualité des photographies qu’on y montrait. Beaucoup de photos se ressemblent, comme des versions différentes d’une même situation, mais sont prises sous des angles différents et avec des expressions du visage semblant être prises sur le vif. Certaines photographies font des plans resserrés sur des objets ou des parties du corps. Ce ne sont clairement pas des photos qu’on trouverait dans un magazine musical traditionnel. J’ai eu forcément très envie de me procurer ces numéros que j’ai trouvé assez facilement sur Mercari pour pas très chers. La plupart des photographies des deux magazines m’étaient inconnues et je les feuillette tranquillement et avec beaucoup d’attention comme des petits trésors. Le numéro avec Tokyo Jihen est celui du 1er Septembre 2007, ce qui correspond à la sortie de l’album Variety (娯楽). Les photographies sont prises par Kazunari Tajima (田島一成) qui a déjà capturer le groupe pour le numéro de Mars 2010 du magazine Switch. Kazunari Tajima a également photographié Sheena Ringo pour le numéro de Février 2003 de Rockin On Japan à l’occasion de la sortie de son troisième album KSK. C’est également un magazine que j’ai dans ma petite collection. Le numéro de Kaze to Rock consacré à Sheena Ringo est celui du 1er Juin 2009. Ce numéro correspond à la période où elle revenait vers sa carrière solo en sortant l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Les photographies sont également superbes, notamment celles en plan serré dont une est utilisée en couverture du magazine. Elles sont du photographe Jin Ohashi (大橋仁), qui a également pris en photo Sheena Ringo pour le magazine Switch du mois d’Avril 2000 sur une série intitulée In the Room. Sur ces deux magazines, j’aime aussi beaucoup le titrage avec une police de caractère très stylisée. L’organisation même du magazine me fait penser à un fanzine et je pense que c’est le souhait de son créateur car il a fait le choix de ne parler que des artistes qu’il aime. Feuilleter ces magazines me relance dans l’idée de faire ce genre de fanzine, si j’en avais le temps, le courage et surtout l’inspiration.

Continuons encore un petit peu en musique avec un autre album de Blankey Jet City que j’écoute beaucoup en ce moment, Love Flash Fever sorti en 1997. J’ai acheté cet album au Disk Union de Shimo-Kitazawa en même que l’album solo de Kenichi Asai, Red Snake Shock Service, dont je parlais récemment. Vous l’aurez peu être compris, je suis actuellement dans une période rock très pointue allant de Kenichi Asai et ses groupes jusqu’à Buck-Tick que je continue à beaucoup écouter depuis quelques mois. Cette profusion de guitares explique mon besoin de me dégourdir de temps en temps les oreilles avec une musique plus pop, comme celle mentionnée dans le billet précédent. De cet album Love Flash Fever, je connaissais déjà plusieurs morceaux déjà présents sur la compilation Blankey Jet City 1997-2000, à savoir Gazoline no Yurekata (ガソリンの揺れかた), Planetarium (プラネタリウム), Spaghetti Hair et Dennis Hopper (デニスホッパー). Ces morceaux comptent dans les meilleurs de l’album mais celui que je préfère est le deuxième intitulé Pudding. Il n’est étonnement pas présent sur la composition mentionnée ci-dessus. Il s’agit d’un morceau plein de la furie typique du groupe. Il y a une urgence et une frénésie assez géniale, accompagnée par des riffs de guitares particulièrement incisifs et Kenichi Asai accélérant démesurément son phrasé. J’aime aussi beaucoup le quatrième morceau Minagoroshi no Trumpet (皆殺しのトランペット) car il a une composition singulière démarrant par un monologue de Kenichi Asai accompagné par un son de trompette et une basse, pour se transformer dans une deuxième partie vers une composition plus classique. J’aime beaucoup l’atmosphère sombre de ce morceau ponctuée par des cris d’Asai. L’ambiance est très différente du morceau que je mentionnais précédemment, et ils forment à eux deux les pics de cet album. Enfin, il y a beaucoup d’autres très bons morceaux sur cet album, comme le cinquième intitulé Kanjō (感情) toujours avec cette rage naturelle et ses émotions fortes, qui se sont ensuite un peu apaisées plus tard sur ses albums solo. Et il y a ce morceau intitulé Dennis Hopper où le chant de Kenichi Asai n’est pas des plus faciles à apprécier aux premiers abords. Mais la deuxième partie du morceau est assez fantastique et me donne à chaque fois des frissons.

アクアマリン・コカコーラレッド

Une Dodge Challenger aquamarine au repos sans conducteur apparent derrière ses vitrages teintés, la moto futuriste de Bulma sur une collection de t-shirts de la série Dragon Ball pour la marque Graniph, des stickers à profusion envahissant des poteaux électriques à Jingūmae, cinq chanteuses et danseuses de K-Pop faisant la promotion d’une marque de jeans sur la devanture d’une boutique de Cat Street, un bonsaï de taille réelle installé à l’entrée d’un nouvel immeuble toujours en construction près de la rue Kotto, une interdiction de skater en rond dans une ville qui a pourtant vu défiler quelques champions nationaux et une révolution pacifiste en cours de décrépitude. L’arrondissement de Shibuya ne manque pas d’imageries en tout genre et c’est ce qui me fait toujours y revenir, appareil photo en mains. Outre leur attrait esthétique, ces images de rue attisent ma curiosité et je les prends souvent en photo pour qu’elles m’ouvrent plus tard des nouvelles portes vers des choses qui me sont peut-être inconnues ou peu familières. C’est une chose que de prendre des photographies et de s’en contenter, et c’en est une autre que de chercher où ces photographies peuvent nous mener. Je me demande même si pour moi prendre des photos n’est pas qu’un prétexte pour partir en recherche. Les photographies peuvent parfois être des liens directeurs vers d’autres mondes dont on ne soupçonnait pas l’intérêt qu’on pourrait éventuellement y trouver.

Les cinq filles qui posent sur l’affiche de la devanture du magasin de jeans Levi’s s’appellent Minji, Hanni, Danielle, Haerin et Hyein. Elles composent le groupe de K-Pop mondialement connu NewJeans qui n’a fait ses débuts que très récemment en Juillet 2022. Elles ont déjà un très grand succès en n’ayant sorti que quelques singles, un EP mais pas encore d’album complet. Leur succès tient peut être au fait qu’elles représentent une nouvelle génération dans la musique pop coréenne, passant après des dizaines de groupes répétant les mêmes recettes musicales et se transformant rapidement en purs produits commerciaux. Côté relations commerciales, Newjeans se surpassent déjà car, malgré leur jeune existence, le groupe représente de nombreuses marques, comme Levi’s, Coca Cola ou la marque d’électronique sud-coréenne LG. Mais ça n’est pas tout car chaque membre de Newjeans est également ambassadrice de marques de luxe. Hanni représente Gucci et Armani Beauty, Danielle s’affiche pour les marques Burberry et YSL Beauty, Hyein pour Louis Vuitton, Minji pour Chanel Corée et Haerin pour Dior. Il est difficile de faire mieux comme couverture commerciale, mais on sait aussi que ces marques de luxe se copient beaucoup entre elles. Newjeans passe même une étape supplémentaire en sortant un nouveau single intitulé Zero entièrement publicitaire pour la boisson sans sucre de Coca Cola. En plus de voir des cannettes de Coca Cola Zero dans la vidéo du morceau, le refrain utilise clairement le nom de la marque. Ce qui est particulièrement agaçant pour moi, c’est que malgré tous ces artifices commerciaux qui nous bouchent la vue, le morceau à tendance dubstep qui en résulte est excellent, assez loin de l’excès musical qui caractérise la plupart du temps la K-Pop. Et comme je me trouve à beaucoup aimer ce morceau Zero après l’avoir entendu une première fois à la radio, je lâche progressivement les préjugés qui m’empêchaient volontairement d’écouter les autres singles du groupe comme OMG et Ditto. Newjeans rentre ainsi, au côté de 2NE1, dans le cercle très sélectif des groupes de K-Pop dont j’aime beaucoup quelques morceaux.

J’arrive progressivement à un point d’entente avec Zoa sur les anime que l’on regarde. Je ne regarde pas beaucoup d’anime mais il est vrai que ces derniers mois, j’en ai regardé plus qu’à l’accoutumée. Chainsaw Main d’abord, puis Spy x Family et maintenant Oshi no Ko (推しの子) qui a un grand succès actuellement. Je ne suis pas assez informé sur les manga et anime pour confirmer s’il y a une amélioration de la qualité ces derniers temps, mais c’est du moins l’impression que ça me laisse. Ils sont tous disponibles sur NetFlix ce qui facilite beaucoup le visionage. Le premier épisode d’Oshi no Ko faisant plus d’une heure était d’abord sorti au cinéma et le fait que Yoasobi en compose et chante le thème musical avait été apparemment gardé secret. Dans cet anime, on y parle du monde des idoles. Et comme pour Bocchi The Rock, que je regarde aussi en ce moment, traitant du monde du rock indé à Shimo-Kitazawa, Oshi no Ko donne de nombreux indices et explications sur la manière dont fonctionne le monde très codifié des idoles, sans hésiter à en montrer le pire. Je ne raconterais pas l’histoire d’Oshi no Ko car elle démarre par une situation des plus improbables, qui fait à mon avis toute la beauté disruptive des manga. J’aime aussi beaucoup les thèmes d’ouverture et de fermeture de chaque épisode de l’anime. J’ai déjà mentionné Yoasobi avec un morceau composé par Ayase intitulé tout simplement Idol (アイドル). Le morceau est hyper dynamique et assez typique de l’empreinte musicale du groupe. Pourtant, la manière de chanter d’Ikura est changeante comme un caméléon avec des parties presque parlées hip-hop ressemblant à de la K-Pop et d’autres plus proches de l’image qu’on peut avoir de la musique d’idoles. J’aime aussi beaucoup le thème de fin intitulé Mephisto (メフィスト) par un groupe nommé Queen Bee (女王蜂). Queen Bee est un groupe japonais rock originaire de Kobe fondé en 2009 que je connaissais par la présence d’Avu-chan (アヴちゃん) au chant. A ma grande surprise, je me rends compte maintenant qu’Avu-chan a également créé un autre groupe nommé Gokumontō Ikka (獄門島一家) pendant une période de hiatus de Queen Bee. Et dans ce super-groupe Gokumontō Ikka, j’y retrouve quelques noms de musiciens qui me sont très familiers comme un certain Ryosuke Nagaoka (長岡亮介 aka Ukigumo) de Tokyo Jihen et de Petrolz, ou encore le batteur Tatsuya Nakamura (中村達也) de feu Blankey Jet City. En attendant de partir à la découverte de Gokumontō Ikka, j’apprécie Mephisto et les envolées de voix d’Avu-Chan.

Underground discharge channel (2)

Continuons avec quelques autres photographies du gigantesque réservoir d’eau de Kasukabe constituant la pièce centrale du Metropolitan Outer Area Underground Discharge Channel. Cet ensemble utilisant des technologies d’ingénierie civile de premier plan a vu sa construction démarrer en 1993. Il aura fallu 13 années pour construire cet ensemble de sécurité destiné à atténuer les risques d’inondations dans le bassin des rivières Nakagawa et Ayase. Comme je l’indiquais dans le billet précédent, je ne me lasse pas de prendre l’intérieur du réservoir en photo. Je montre cette fois-ci quelques photos avec d’autres visiteurs pour donner un meilleur ordre d’idée de la taille de l’ensemble. Je montre également quelques autres photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. L’iPhone se débrouille un peu mieux que mon appareil reflex (sans pied) pour prendre des photos en basse lumière. La cinquième photo du billet montre au loin le bâtiment principal où se trouvent les turbines de pompage. Le réservoir se trouve dessous le vaste espace vert devant ce bâtiment.

Avant de reprendre la route vers Tokyo, nous nous arrêtons à la gare routière Michi-no-Eki Showa pour déjeuner, puis nous ferons ensuite un petit détour vers Watarase Yusuichi (渡良瀬遊水地) aux limites des préfectures de Saitama (埼玉県), de Gunma (群馬県) et de Tochigi (栃木県). On y trouve un autre bassin de création humaine destiné à accueillir le surplus d’eau, d’une manière un peu similaire au complexe de Kasukabe mais de façon plus traditionnelle et certainement beaucoup moins efficace, car il s’agit seulement de lacs artificiels accompagnés de barrages. Nous n’aurons malheureusement pas assez de temps pour voir ce grand lac artificiel, car notre objectif était avant tout de voir le point où se découpent les trois préfectures mentionnées ci-dessus. Zoa voulait absolument voir cet endroit et on a donc profité de notre déplacement à Kasukabe pour filer un peu plus loin jusqu’à Watarase Yusuichi. Moi qui pensait être un peu trop spécifique et ’maniaque’ dans les choix de destinations du week-end, je me rends compte que mon fils me dépasse largement. Ce qui était étonnant, c’est que nous n’étions pas les seuls à venir voir ce point de jonction entre trois préfectures. Une dizaine de personnes incluant des enfants étaient là en même temps que nous. Il faut dire que l’endroit, entouré de rizières, est particulièrement agréable pour se promener. Il s’agit d’un des seuls points de jonction de trois préfectures facilement accessible car ceux-ci se trouvent en général plutôt à la pointe de certaines montagnes, et sont donc plus difficiles d’accès. Il nous fallait revenir à Tokyo avant 17h et le temps nous pressait donc un peu. Il nous faudra venir visiter cet endroit prochainement.

Underground discharge channel (1)

Je voulais visité le grand réservoir à eau près de la ville de Kasukabe dans la préfecture de Saitama depuis un moment mais cette visite demande un petit peu de préparation car il faut réserver sa place quelques semaines à l’avance. J’ai assez facilement convaincu la petite famille de venir car ça fait un moment que j’en parlais. Il faut environ une heure d’autoroute depuis le centre de Tokyo pour s’y rendre. Je commence à bien connaître l’autoroute du Tōhoku qui est en train de devenir progressivement une de mes préférées, tout simplement parce que je n’y ai pas vu d’embouteillages jusqu’à présent. Nous arrivons environ une demi-heure avant le début de la visite ce qui nous laisse un peu de temps pour faire un tour du musée. Le grand réservoir à eau qui se trouve sous-terre et qui est surnommé sanctuaire souterrain est le point central de notre visite et l’élément clé du système de décharge d’eau. Le bassin formé par les rivières Nakagawa et Ayase dans cette zone de Saitama près de Kasukabe a souffert d’inondations répétées dans le passé, car il s’agit d’une zone basse formant un bol entouré de rivières importantes comme celles de Tone, d’Edogawa ou d’Arakawa. La configuration du terrain fait que l’eau s’y accumule facilement. Le système souterrain de décharge en eau (underground discharge channel) a été créé pour atténuer ce risque d’inondation. Il ne se compose pas seulement d’un grand réservoir, celui que l’on peut visité, mais de plusieurs gigantesques puits creusés aux bords de plusieurs rivières du bassin. Il y a en tout quatre puits de béton de 15 à 30 mètres de diamètres pour 60 à 70 mètres de profondeur installés au bord des rivières Ōotoshifurutone, Kōmatsu, Kurumatsu, Nakagawa entre autres. Ces puits viennent récupérer le surplus d’eau provenant des rivières lors de grandes pluies ou de typhons. Chaque puit est relié à un tunnel souterrain d’une longueur totale de 6.3kms par lequel l’eau circule jusqu’au réservoir de décharge. Le tunnel placé à 50m sous le sol fait environ 10m de diamètre et il est relié à son extrémité à un cinquième puit de 71m de profondeur relié au réservoir de décharge (Pressure-adjusting Water Tank). Le surplus d’eau vient ainsi s’accumuler dans le gigantesque réservoir de béton, un des plus grands au monde, pour être ensuite libéré progressivement grâce à un système de pompes dans la grande rivière d’Edogawa qui coule juste à côté. En résumé, le système de drainage vient pomper l’eau des rivières situées dans des zones susceptibles d’être inondées pour la déverser dans une autre rivière se trouvant en dehors des zones de terres basses à plusieurs kilomètres de là.

La visite guidée du réservoir souterrain se fait par groupe de cinquante personnes maximum. On y accède de l’extérieur depuis une ouverture en béton comme celle que je montre sur la première photographie du billet. Un escalier de plus de cent marches nous amène assez rapidement jusqu’au sanctuaire souterrain. On est tout de suite saisi par la fraîcheur des lieux, mais surtout par le gigantisme des lieux. Le réservoir fait 177m de longueur, 78m de largeur et 18m de haut. J’admire ces piliers massifs de béton. On est ici en pleine architecture brutaliste et j’ai une fois de plus tendance à penser que les plus belles architectures sont celles de l’ingénierie civile. Il s’agit en l’occurence ici d’un véritable chef-d’oeuvre. La sensation d’espace est saisissante mais je n’ai pas essayé d’y crier (« ya-hooo ») pour voir s’il y avait de l’écho. Le réservoir est bien entendu vide, à part quelques petites flaques d’eau résiduelles. Il serait bien entendu fermé en cas de typhon ou de pluies importantes qui pourraient amener son utilisation. On reverrait de voir ce dispositif en pleine utilisation, de témoigner des mouvements d’eau, mais ça voudrait dire que des inondations sont en cours dans le bassin. On souhaite donc plutôt que ce genre de dispositif de sécurité soit le moins utilisé possible.

Ces gigantesques piliers de béton m’impressionnent vraiment. On pense tout de suite à un temple de l’antiquité gréco-romaine où le gigantisme était la norme. On ne peut malheureusement pas marcher à sa guise dans l’ensemble de l’espace, car la zone visitable est limitée par une petite corde au sol. Je ne l’avais d’abord pas vu et je me suis aventuré quelques mètres en zone interdite avant de me faire gentiment rappeler à l’ordre par une dame de la sécurité accourant vers moi. Je comprends tout à fait l’aspect sécurité mais on aurait aimé pouvoir marcher un peu plus au fond du réservoir. Je ne pense qu’on puisse se perdre à l’intérieur du réservoir. On peut également apercevoir le grand puit (shaft n.1) de 31m de diamètre pour 71m de profondeur qui relie le tunnel au grand réservoir. C’est par ce puit que remontent les eaux provenant des autres rivières du bassin. Je me suis rendu compte qu’un autre tour permettait de marcher autour de ce grand puit par groupe de 20 personnes (pour un prix de 3000 yens par personne). Notre visite se limitait en fait au réservoir, soit 1000 yens pour 1h de visite en tout. Si c’était à refaire, on tenterait également la visite du puit bien que les réservations semblent un peu plus compliquées à obtenir. En 1h, on a largement le temps de profiter de l’intérieur du sanctuaire souterrain et j’en profite pour prendre beaucoup de photos qui finissent d’ailleurs par toutes se ressembler. Mais je ne me lasse pas de prendre ce béton en photo sous tous les angles possibles. Je continuerai avec d’autres photographies dans un prochain billet. Comme je le mentionnais au début du billet, on peut également visiter un petit musée qui a le mérite de montrer visuellement l’agencement des puits, tunnel et réservoir sur une carte de la zone. On peut également voir le centre de contrôle du drainage par pompes (sur la deuxième photographie du billet). Elle contrôle les quatre gigantesques pompes en mesure de drainer 50m3 d’eau par seconde, soit l’équivalent d’une piscine de 25m de longueur remplie d’eau (200m3 donc). Ces pompes utilisant des turbines à gaz sont les plus grandes du Japon. Là encore, un autre tour permet la visite de cette machinerie. Cette salle de contrôle a été utilisée plusieurs fois pour des drama télévisés, comme récemment Captured Hospital (大病院占拠) avec Sho Sakurai (櫻井翔) et Fuma Kikuchi (菊池風磨), My Family (マイファミリー) avec Kazunari Ninomiya (二宮和也) et Mikako Tabe (多部未華子), mais également pour un des films de la série Ultraman. On imagine assez bien, comme pour les carrières souterraines de pierre d’Oya, le potentiel cinématographique de ce genre d’endroits. Et sur la photo du centre de contrôle, on ne manquera pas de remarquer la présence de Kobaton, la mascotte en forme de pigeon de la préfecture de Saitama.