太陽が目覚めたら、あの飛行機で行こう

Je n’étais pas revenu sur la plage artificielle du parc de Jōnanjima (城南島海浜公園) depuis Septembre 2006. Bien que située à Tokyo dans l’arrondissement d’Ōta, cette plage semble loin de tout. Elle est pourtant proche de l’aéroport de Haneda et c’est ce qui fait un de ses intérêts. On peut y observer les avions survoler toute la longueur de la plage pour aller atterrir un peu plus loin sur une des pistes de l’aéroport. L’impression ne rend pas très bien en photo, mais les avions sont relativement proches du sol lorsqu’ils survolent la plage. Des passionnés d’aviation équipés d’appareils photo avec des objectifs zoom puissants sont bien entendu présents guettant toute nouvelle arrivée d’avion. On ne soupçonne vraiment pas la présence de cette plage car elle se trouve dernière une zone industrielle sans fin, au bout de l’île occupée en partie par des containers de transport de toutes les couleurs. Des familles sont pourtant là sur la plage à se tremper les pieds dans l’eau, des groupes d’amis se réunissent pour un barbecue près de l’océan, d’autres tentent de pêcher près des rochers formant une sorte de digue. Et il y a des marcheurs comme moi. Enfin, plutôt que de marcher jusqu’à cette île, je m’y suis rendu à vélo sous une chaleur estivale qui a fini par me taper sur la tête. Je ne pensais pas que le trajet serait aussi long à vélo. Rejoindre cette plage après avoir sauter d’île en île semblait interminable, bien que l’expérience n’était pas désagréable, loin de là.

L’idée m’était soudainement venue d’aller au bord de mer après avoir écouté l’album The Power Source de Judy and Mary dont je parlais récemment dans un précédent billet. En fait, je voulais aller sur cette plage pour écouter les morceaux Kujira 12gō (くじら12号) et Classic (クラシック) de cet album, ce que j’ai fait en regardant les bateaux au loin à l’horizon et les avions au dessus de ma tête. J’adore ce morceau Kujira 12gō et je ne peux m’empêcher de l’écouter pour l’énergie insouciante que dégage le groupe. Je ne retrouve pas ce type d’énergie dans la musique rock que j’écoute ces dernières années. Je suis en fait complètement passionné par la musique de Judy and Mary ces derniers jours. Après The Power Source, quelques passages au Disk Union d’Ochanomizu et de Shinjuku m’ont fait découvrir deux autres albums du groupe: le premier album de Judy and Mary intitulé J.A.M. Sorti en Janvier 1994 et leur dernier album WARP sorti en Août 2001. L’album J.A.M. contient leur premier single Power of Love, mais je connaissais plutôt l’autre single intitulé Blue Tears. Étant leur premier album, le son est relativement brut sous influence punk (par exemple, le premier morceau Judy is a Tank Girl), mais contient déjà le sens mélodique que l’on trouvera plus tard sur The Power Source. L’album WARP de 2001 est extrêmement intéressant, car de nombreux morceaux sont assez déstructurés et à tendance expérimentale tout en restant rock. Le premier morceau Rainbow Devils Land est assez passionnant, commençant par des sonorités sourdes un peu industrielles, bifurquant soudainement vers un beat électronique et la voix claire et perçante de YUKI, pour être interrompu par une guitare désordonnée et des passages vocaux quasiment parlés assez sombres. Les morceaux Brand New Wave Upper Ground et PEACE entre autres, sont fantastiques. YUKI a vraiment une sacrée voix complètement unique. La voir dans les vidéos officielles de certains morceaux ou celles de concerts me fait dire que c’est un vrai électron libre. Un morceau comme le quatrième Chameleon Rumi (カメレオンルミィ) est un très bon exemple de la folie contagieuse qui traverse l’album. Par rapport à The Power Source, WARP demande quelques écoutes d’adaptation, mais conserve cette ambiance musicale de la fin des années 90 et du début 2000 (le morceau Lucky Pool par exemple), que je me remémore avec une nostalgie certaine. C’est dommage que Judy and Mary ait arrêté leur formation après cet album WARP, car j’aurais aimé voir vers où cette facette plus déconstruite les aurait amené musicalement. Il me reste en attendant à découvrir les autres albums, ce que je vais faire méthodiquement. J’aime beaucoup partir à la découverte de la discographie complète d’un groupe, même si ça peut prendre en certain temps étant donné que j’en ai déjà plusieurs en route (Buck-Tick, Ling Toshite Sigure, Kenichi Asai et ses groupes…). En lisant sur Wikipedia, je découvre qu’un album Tribute est sorti en 2009, avec une variété d’artistes et de groupes qui peut laisser rêveur. Midori (ミドリ), le feu groupe punk rock de Mariko Gotō (後藤まりこ), côtoie notamment la pop la plus sucrée possible d’Ai Otsuka (大塚愛) pour des reprises de deux morceaux provenant du même album Pop Life (que je ne connais pas encore). Mais, ce n’est pas complètement étonnant en fait car Judy and Mary sait faire le grand écart, et c’est ce qui rend leur musique attachante et unique. A propos de Midori d’ailleurs, la fiche Wikipedia indique qu’on les surnommait comme une version déformée d’Osaka de Judy and Mary (大阪のいびつなJUDY AND MARY). Je vois personnellement qu’assez peu de similitudes directes dans la musique des deux groupes, à part une certaine folie musicale.

7 commentaires

  1. Bonjour Frédéric,
    l’exploration des iles artificielles de Tokyo pourrait être une sacrée épopée ! Je parcours la baie de Tokyo via google map et découvre des zones étonnamment vides telle qu’Uninomori Park ou juste au sud de ce parc de très grandes friches. Je me demande ce qui explique ces espaces qui semblent abandonnés alors qu’on imagine qu’ils ont pu être difficilement gagnés sur la mer.
    Lors de mon séjour j’avais tenté un saut d’île en île mais ma tentative a avorté dès le second saut (le passage d’Odaiba à l’île situé au sud) car c’est un tunnel qui faisait la liaison et on ne pouvait pas l’emprunter en skate.

  2. Salut Nicolas, oui, la découverte des îles artificielles est assez intéressante. A l’époque, je le faisais à moto, avec Mari à l’arrière parfois. Cette époque me paraît bien lointaine et je me demande si l’appel de la moto va se faire ressentir un jour ou l’autre. C’est en tout cas plus facilement faisable en moto qu’en skate. Mais j’approuve tout à fait la découverte de Tokyo en skateboard. Personnellement, je ne sais pas du tout en faire, mais on avait bien acheté un skate à mon fils quand il était plus jeune et on lui avait fait prendre quelques cours dans un Skate Park à Kita-Senju, mais il n’a malheureusement pas persévéré. Pour Uminomori, tu me fais rechercher dans les archives du blog! Il s’agit en fait d’un parc créé sous l’impulsion de Tadao Ando qui voulait préserver un courant végétal sur la baie de Tokyo. Il me semble qu’il était prévu que cette île soit utilisée pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Je pense pour des épreuves d’aviron. Je ne pensais qu’on pouvait y aller en voiture. Tu me donnes envie d’aller y faire un tour pour voir.

  3. Salut Frédéric,
    merci d’avoir levé une partie du voile sur le mystère de cette île. Il en demeure pas moins que le cœur de l’ile semble infranchissable (à tout le moins j’ai observé une clôture depuis les quelques points d’observation découvert sur google street map).
    Cela permet à l’imagination d’y vagabonder. Et si c’était une île en attente d’accueillir le mausolée de la famille impériale comme ceux que l’on trouve à Osaka ? Ou un centre souterrain dédié à la construction d’un Néotokyo…
    Pour en revenir au skate, je serai bien incapable de descendre une rampe ou de faire une figure. Je l’utilise que pour me déplacer uniquement (mais déjà à Tokyo ça suffit à donner un gout d’interdit quand on croise les panneaux indiquant no skateboarding !)

  4. Salut Nicolas, j’ai aussi fait un petit tour de l’île sur Google Map et j’ai en effet l’impression que la forêt intérieure est clôturée et n’est donc pas accessible, ce qui est bien dommage. J’essaierais d’y faire un tour un jour pour vérifier. C’est vrai qu’on pourrait se demander les raisons, secrètes certainement, de la fermeture au public de l’endroit. Ou peut-être est il en éternelle construction. A Ariake même, il y a eu des zones en friches pendant très longtemps avant que des budgets se débloquent pour y construire des centres commerciaux, des stadiums olympiques ou des hôtels. Pour le Neo-Tokyo, j’imagine bien une entrée oblique en béton comme celle du réservoir de Kasukabe, mais cachée au milieu des arbres de la forêt.

    Pour le skateboard à Tokyo, c’est une nouvelle fois un paradoxe, vu le nombre de champions de skate (notamment olympiques) qu’il y a au Japon et l’interdiction systématique de skater dans les rues, qui est très souvent rappelée par des panneaux. Depuis la réussite du Japon dans ce sport lors des Jeux de Tokyo, je pensais que cette interdiction s’assouplirait, mais les panneaux sont toujours là. Peut-être que la police n’est pas très regardante finalement.

  5. Salut Frédéric,
    affaire à suivre donc. En attendant que tu te lances dans une entreprise risquée d’urbex, nous pouvons continuer à rêver d’un Néo-Tokyo (avec une entrée oblique comme tu le conseilles ! Et aussi une énorme plateforme élévatrice à la Akira/Neon Genesis Evangelion pour descendre en oblique).

    A la réflexion les skateurs se satisfont peut être de cette interdiction. Cela en fait des marginaux un peu bosozoku sur les bords : rouler en faisant fi de l’interdiction et du bruit désagréable des roues sur le pavé qui dérange la quiétude des piétons. Sais-tu si les médaillés japonais se sont exprimés à ce sujet ?

  6. Salut Nicolas, oui rêvons du Neo-Tokyo! Peut-être le trouverais je un jour lors de mes récits poussant vers l’imaginaire. Je chercherais en tout cas quelques indices sur Umi no Mori un jour ou l’autre. Au sujet du skate, je n’ai pas le souvenir que les champions olympiques se soient exprimés sur les interdictions à Tokyo. Je vois en tout cas plus de skaters qu’avant, il me semble. L’interdit faisant en effet partie entière de la culture, je pense en effet que tu as raison et que cette interdiction les satisfait en fait certainement.

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