AAAMYYY / Option C

Comme c’est le cas pour la grande majorité des concerts auxquels j’ai assisté jusqu’à maintenant, j’avais réservé ma place pour le concert d’AAAMYYY depuis plus de trois mois. Si je ne me trompe pas, elle n’avait pas fait de concert en solo, en Oneman Live comme on dit, depuis celui au Billboard de Yokohama en Juillet 2023. Le concert auquel j’ai assisté prenait le nom Option C et se déroulait dans la salle Spotify O-East à Shibuya le Jeudi 7 Mars 2024 à partir de 19h. Je connaissais cette salle située dans les dédales de Dogenzaka, près du Club Asia, mais je n’y étais jamais entré. Elle a une capacité d’environ 1300 personnes debout et devait être à peu près pleine. Il s’agissait d’une date unique à Shibuya, et pas d’une tournée accompagnant la sortie d’un nouveau disque. Comme AAAMYYY n’a pas sorti de nouvel album ou EP depuis son dernier EP ECHO CHAMBER sorti en 2022, je ne savais pas trop à quoi m’attendre au niveau de la setlist. J’aime particulièrement les jours et les heures qui précèdent un concert, mélangeant une excitation certaine avec une petite pointe d’appréhension. Je ressens toujours le besoin de me préparer en réécoutant les albums et morceaux de l’artiste ou du groupe que je vais voir, histoire de bien s’imprégner de l’atmosphère avant le concert. AAAMYYY a sorti deux albums, son premier album Body sorti en 2019 et le deuxième album Annihilation sorti en 2021, et quatre EPs, Weekend EP sorti en 2017 et Maborosi EP sorti en 2018 (regroupés ensuite sous le nom Maborosi Weekend) puis Etcetra EP en 2018 et ECHO CHAMBER en 2022. J’ai réécouté son dernier EP ECHO CHAMBER et son premier Maborosi Weekend, et quelques morceaux de l’album Annihilation pour me remettre dans le bain. C’était une bonne pioche car elle a interprété sur scène tous les morceaux d’ECHO CHAMBER et quelques morceaux seulement de Maborosi Weekend et Annihilation. J’étais en fait assez loin de me douter que plus de la moitié des morceaux de la setlist du concert n’étaient pas présents sur ses propres albums, mais provenaient d’albums d’autres artistes avec qui elle avait collaboré jusqu’à maintenant. Je savais qu’AAAMYYY avait participé à beaucoup de morceaux d’autres artistes, sans tous les connaître. Un grand nombre de ces artistes étaient invités pour ce concert. AAAMYYY nous révèle pendant le concert que le concept est d’interpréter des morceaux avec plein d’invités. L’affiche nous les annonçait et je connaissais un certain nombre de ces noms d’invités.

Comme d’habitude, j’aime arriver à l’heure exacte d’ouverture, à 18h cette fois-ci. On attend patiemment que son numéro de billet soit appelé pour monter les marches et entrer les uns après les autres dans la salle. Tout est très bien organisé et même millimétré. Après avoir été appelé, je monte les escaliers en file indienne, m’empare d’une bière à l’entrée et me place au sixième rang dans la salle tout en longueur. Je regarde distraitement les personnes autour de moi, pour voir quel est le style général du public d’AAAMYYY. Il est plutôt urbain dans l’ensemble mais assez varié. La moyenne d’âge de l’audience est sans grande surprise inférieure à la mienne, assez équilibrée entre hommes et femmes. Beaucoup de personnes semblent être venues seules et je me rends compte que c’est en fait souvent le cas. Je me sens toujours bien dans l’enceinte d’une salle de concert. Mahl m’envoie un petit message pour me souhaiter un bon concert avant qu’il ne démarre. Je ne peux m’empêcher de laisser également un message à Nicolas, et à informer ma petite sœur qui assiste également assez souvent à des concerts et le partage ses impressions. À chaque concert, je me demande toujours si la bande sonore pour nous faire attendre est sélectionnée par l’artiste ou le groupe. J’y trouve toujours un ou deux morceaux qui attirent mon attention. Cette fois-ci, c’est Boss B*tch de l’américaine Doja Cat. De retour à la maison, je me mettrais d’ailleurs à écouter quelques morceaux de son dernier album Scarlet, notamment l’excellent Agora Hills. Ce morceau de Doja Cat et les quelques autres viennent assez bien accompagnés dans la playlist de mon iPod le dernier single yes, and? d’Ariana Grande qui est tout à fait remarquable. J’ai, tout comme mon fils, un faible pour la musique d’Ariana Grande et ce dernier single aux airs assumés d’hommage au Vogue de Madonna me ramène avec beaucoup de bonheur au tout début des années 90. Mais je m’égare un peu en attendant que le concert ne démarre.

Après une petite séquence vidéo où on la voit se présenter en anglais assise sur un fauteuil vintage, d’une manière très similaire au concert Annihilation Extra au Liquidroom d’Ebisu en Décembre 2021, AAAMYYY apparaît seule sur scène devant un très grand écran montrant des images pleines de formes et de couleurs. Elle est habillée d’une robe rouge au design recherché et porte des hautes bottes blanches pleines de ferrures. Elle fait clairement attention à son style et c’était la raison pour laquelle je me demandais d’abord quel pouvait être le style de l’audience qui vient la voir. Elle interprète d’abord trois morceaux du EP ECHO CHAMBER, That smile (あの笑み), Ikitemiruwa (生きてみるわ) et Ignition. J’espérais discrètement qu’Ano (あの) apparaisse de manière tout à fait inattendue sur scène mais ce n’était pas le cas. Elle n’était de toute façon pas annoncée sur l’affiche et est devenue depuis son single pour l’anime Chainsaw Man une figure très médiatisée. AAAMYYY est seule sur scène et je me rends compte après quelques minutes que ça m’est inhabituel de voir une artiste chantée sur scène sans les musiciens d’un groupe tout autour. Mais AAAMYYY utilise bien l’espace et ce relatif inconfort initial s’oublie assez vite, d’autant plus que les invités vont ensuite débarquer rapidement les uns après les autres. On s’aperçoit après quelques morceaux que le DJ et producteur Wataru MONJOE est là derrière ses platines pour assurer le set musical. Il n’est pas sur scène mais dans un petit espace ouvert placé sur la droite de la salle de concert. Je pensais d’abord qu’il s’agissait d’un espace pour VIP car il contient un large sofa, un autre fauteuil et une table avec des boissons semblant alcoolisées. Les platines se trouvent en fait à cet endroit derrière le sofa. MONJOE est bien là debout derrière les platines à mixer tout en regardant AAAMYYY chanter sur scène. Cette disposition est inhabituelle et très intéressante. Le premier morceau That smile (あの笑み) met d’entrée de jeu dans l’ambiance car il est assez agressif. AAAMYYY couvre à la fois ses propres paroles et celles d’ano, dont le « fuck » qui lui fait faire avec un sourire remarquable un double doigt d’honneur les mains levées dans les airs. Ce qui est intéressant avec AAAMYYY est qu’on la sent complètement à sa place et investie sur scène, mais elle n’est pas non plus un monstre de scène et une certaine fragilité se ressent. Je ressens en fait également ce genre de dualité dans sa musique. Elle enchaîne ensuite avec Ikitemiruwa (生きてみるわ) et Ignition qui est un des morceaux que je préfère sur ECHO CHAMBER, avec Hail (雨) qui suit juste après. Pour Hail, l’écran géant derrière elle montre des images de forêt extraites de la vidéo tournée à Hinode, dans la banlieue Ouest de Tokyo près de la ville d’Ōme. Le rappeur (sic)boy arrive sur scène en cours de morceau pour sa partie rappée. Hail est un des morceaux d’AAAMYYY que je préfère, tous albums et EPs confondus, et cette interprétation sur scène est très réussie, très fidèle à la version de l’album. J’avoue que j’avais une petite appréhension quant au rendu live du chant d’AAAMYYY mais ses interprétations étaient en tous points parfaites (presqu’un peu trop d’ailleurs). (sic)boy et AAAMYYY interprètent ensuite un duo un morceau intitulé Mizu Fūsen (水風船) qui est en fait inclus sur l’album Vanitas de (sic)boy. Comme je ne le connaissais pas, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un nouveau morceau mais il date en fait de 2021. Il s’agit du premier morceau d’une série de collaborations qui nous amènera jusqu’à la fin du concert. Comme je le mentionnais un peu plus haut, elle nous indique au milieu du concert que le concept est d’être basé sur de nombreuses collaborations sur scène, ce qu’on avait assez vite deviné. Juste après (sic)boy, le rappeur KEIJU entre sur scène pour un excellent morceau intitulé run away, présent sur son EP heartbreak, sur lequel chante bien sûr AAAMYYY. Je ne connaissais pas très bien KEIJU à part pour son intervention sur le morceau Link Up sur l’album Queendom de la rappeuse originaire d’Okinawa Awich. Il a l’air d’ailleurs assez proche d’Awich car ils ont participé ensemble à une interprétation du morceau Remember sur la chaîne YouTube The First Take. J’aime beaucoup le morceau run away dès cette première écoute lors du concert. La chant immédiatement reconnaissable d’AAAMYYY nous donne à chaque fois l’impression qu’il s’agit d’un de ses propres morceaux, plutôt que celui de l’invité. On revient ensuite sur un de ses morceaux avec Tengu (天狗), le seul de l’album Annihilation interprété pendant ce concert. Le rappeur Zo Zhit (荘子it), du groupe Dos Monos, déboule comme une bombe sur scène en court de morceau. Son rap est très puissant et il est très mobile sur scène. Son omniprésence sur scène est d’autant plus remarquable qu’il a une bonne carrure et une longue chevelure blonde bougeant allègrement avec ses mouvements brusques et ses va-et-vient sur scène. Zo Zhit n’interprète que ce morceau avec AAAMYYY mais on retient son passage.

Sans vraiment de temps morts, le rappeur Ryohu entre sur scène pour un morceau intitulé The Moment sur son premier album Debut sorti en 2021. Je connais d’abord Ryohu pour son duo remarquable sur le morceau BLUEV du EP Maborosi Weekend d’AAAMYYY, mais j’aime aussi beaucoup son duo avec YONCE de Suchmos sur le single One Way dont j’avais déjà parlé sur ce blog. Ryohu a une vois très particulière et marquée, qui s’accorde bien avec celle d’AAAMYYY car elles sont très différentes et en quelque sorte complémentaires. Le morceau qui suit s’intitule Magic Miror sur l’album Circus (2022) de Ryohu. Ce morceau est également un des très beaux moments du concert car TENDRE se joint au groupe pour les chœurs. Ryohu, AAAMYYY et TENDRE se partagent à trois l’espace de la scène pour un climax qui aurait pu conclure la première partie du concert. Mais un duo avec TENDRE suit ensuite pour le morceau OXY de son album PRISMATICS (2022). On sent à chaque fois une grande proximité entre AAAMYYY et ses invités, mais c’est d’autant plus notable avec TENDRE. Il faut dire qu’il joue souvent dans son groupe et AAAMYYY participe également régulièrement aux concerts de TENDRE. On a l’impression de voir sur scène les membres d’une grande famille de musiciens, et elle transmet assez clairement ce sentiment au public. Je pense que ça tient du fait qu’elle est très naturelle. Elle est également tout à fait imprévisible, aux dires de TENDRE et ça ne m’étonne pas beaucoup.

Après le morceau OXY, AAAMYYY nous indique qu’elle va partir se changer pendant quelques minutes et qu’elle nous laisse donc seuls avec TENDRE. Il se déplace vers la petite zone VIP avec sofa ouverte sur la salle, en nous disant qu’AAAMYYY lui a demandé au dernier moment de faire le MC pendant qu’elle se change, ne lui laissant donc que très peu de temps pour se préparer. Mais TENDRE ne se démonte pas et assure la discussion avec Wataru MONJOE qui se trouvait déjà dans cette petite salle, puis avec Zo Zhit et le chanteur Sho Okamoto (オカモトショウ) du groupe OKAMOTO’S qui chantera plus tard pendant le set. Une des premières réactions de TENDRE au public est de nous demander si on est surpris qu’il n’y ait pas de groupe sur scène. Cette question m’amuse car c’était également ma première réaction. TENDRE est aussi sympathique qu’il a une belle voix en chantant, et je dirais même que ça se lit sur son visage. Le public s’amuse quand il nous dit que c’est très difficile de prévoir ce qui se passe dans le cerveau d’AAAMYYY, notamment ce côté imprévisible et en dehors des sentiers battus. La discussion tourne autour de la première fois où chaque invité a rencontré et joué avec AAAMYYY. Au cours de la discussion, Zo Zhit nous fait part du fait que sa petite fille est née récemment et fait même dire au public qu’elle est mignonne pour faire plaisir à sa mère qui est quelque part dans la salle. Il y a une ambiance bon-enfant qui règne et les invités assis sur le sofa se demandent même s’ils peuvent prendre un verre de whisky sur la table alors que le concert n’est pas encore terminé. Sho Okamoto s’abstient car il n’a pas encore chanté. Cette salle VIP prendra une certaine importance pendant la suite du concert, car certains des invités vont y rester assis pour suivre comme le reste du public la suite du concert.

Vêtue d’une robe blanche volumineuse par endroits, AAAMYYY vient rejoindre le petit groupe dans la salle VIP pour sonner la fin de la récréation. Elle interprète ensuite deux morceaux avec Sho Okamoto, LOOP et GLASS, présents sur l’album CULTICA (2020) de ce dernier. Sho Okamoto joue de la guitare acoustique sur scène et l’ambiance est très différente du début du concert. D’une atmosphère hip-hop au début, on passe sur la quasi totalité de la deuxième partie à une ambiance beaucoup plus rock. Je découvre ces deux morceaux de Sho Okamoto avec AAAMYYY, et j’aime particulièrement celui intitulé LOOP. Je ne le fais pas systématiquement après chaque concert, mais j’ai senti le besoin de créer cette fois-ci une playlist de tous les morceaux de la setlist du concert pour découvrir un peu plus tous les morceaux que je ne connaissais pas. Je connaissais par contre bien les deux morceaux qu’AAAMYYY chante ensuite avec Shin Sakiura (シン サキウラ) à savoir Kono mama Yume de (このまま夢で) de son album Note et le single NIGHT RUNNING. Ce sont deux excellents morceaux de Shin Sakiura qui semblent avoir été complètement conçus pour AAAMYYY, ce qui n’est pas étonnant car elle est la seule à chanter. Shin Sakiura joue de la guitare électrique sur scène, et le solo sur NIGHT RUNNING, qui n’existe pas sur la version studio, est tout à remarquable. Shin Sakiura est pour moi une de ces figures notables de la scène musicale japonaise car il compose beaucoup pour les autres, notamment pour AiNA The End et Miyuna. J’en avais déjà parlé dans un billet précédent. Le morceau qui suit, DAYZ est une collaboration avec Wataru MONJOE qui chante en plus de composer et jouer le morceau. J’adore la manière de chanter légèrement hors-ton d’AAAMYYY sur ce morceau en particulier. Cette interprétation est très chouette car elle interagit beaucoup avec MONJOE situé dans la salle VIP, toujours accompagné sur le sofa devant lui de TENDRE, Zo Zhit, Sho Okamoto et de Shin Sakiura qui vient juste de les rejoindre. Cela donne une ambiance très détendue et proche du public. C’est la première fois que j’assiste à un concert qui ressemble en à une réunion d’amis musiciens, tout en restant tout à fait professionnel sur scène. Enfin, sur DAYZ, l’alcool fait apparemment faire à MONJOE des loops supplémentaires de sampling qui n’étaient à priori par prévues et qui font réagir le public. Toujours composé par MONJOE, elle chante ensuite son dernier single Savior (救世主) dont j’ai parlé très récemment. J’aime beaucoup la dynamique de ce morceau. Je m’attendais à ce que MONJOE fasse également des loops et de décrochages sur Savior pour gentiment décontenancer AAAMYYY dans une forme d’itazura, mais il reste sage.

A ce moment du concert, la fin approche et AAAMYYY présente les deux groupes créatifs Classic 6 et Santa Naruse qui assurent les installations vidéos accompagnant le concert. Elles sont très belles, en général assez graphiques et abstraites mais quelques fois assez étranges. Une partie des vidéos montrent notamment un sofa avec un écran vidéo placé en son centre. On se demande la signification de ce sofa omniprésent, mais peut-être s’agit il seulement d’une invitation à prendre son temps pour apprécier la musique qu’on écoute. AAAMYYY fait ensuite une transition avec le morceau suivant BLUEV qu’elle annonce en Blue Valentine, avec Ryohu de retour sur scène. Elle indique qu’une des personnes d’un des deux groupes créatifs a participé à la vidéo de BLUEV, et c’est la raison pour laquelle ce morceau de son premier EP Maborosi Weekend est interprété ce soir. Je n’ai par contre pas bien compris de qui il s’agissait car le réalisateur de la vidéo, Sōchi Nakamura (中村壮志), n’est à priori pas membre d’un des deux groupes. Le groupe Zatta composé de deux musiciens (Keach Arimoto et Taishi Sato) ayant déjà accompagnés AAAMYYY lors de concerts entrent sur scène avec leurs guitares pour un morceau inédit dont on ne connaît pas le titre. Le morceau Come and Go de ECHO CHAMBER conclut finalement le set. AAAMYYY nous annonce qu’il n’y aura pas possibilité d’avoir des rappels car le management de la salle lui a indiqué que le temps imparti a déjà été utilisé pour la longue séquence pendant laquelle elle se changeait et on écoutait TENDRE et ses compères discuter. Tous les invités, et il sont nombreux, montent sur scène pour l’accompagner sur ce morceau Come and Go. Ryohu est accompagné par sa fille, qui était déjà sur scène avec lui sur BLUEV. Je n’ai pas pris de photos pendant le concert, et bien heureusement ça reste la norme au Japon bien que ça ne soit pas interdit, sauf pour cette partie finale où tous les invités étaient présents sur scène. Sur la dernière photo du billet, on peut voir de gauche à droite: KEIJU, (sic)boy, Ryohu et sa fille, un des deux musiciens de Zatta, Zo Zhit (荘子it), AAAMYYY, TENDRE, Sho Okamoto (オカモトショウ), l’autre musicien de Zatta, Shin Sakiura (シン サキウラ) et MONJOE. Les invités ont l’air d’être également assez proches entre eux et on note des collaborations comme celle de Ryohu avec Sho Okamoto sur un morceau intitulé Hanabi sur son album Circus. Après cette réunion finale qui a pris son temps, notamment pour faire une photographie d’ensemble avec toute la salle en arrière plan, il n’y avait en effet pas de rappels. Le total de 19 morceaux interprétés nous a amené à environ deux heures de concert. Ces deux heures ont passé bien vite et on peine à sortir de la salle car les images et les sons nous restent en tête. Le moment où on sort de la salle pour rejoindre la rue est toujours particulier, car on se dit que toute la foule anonyme marchant dans la rue a manqué quelque chose. Mais ce sentiment disparaît très vite lors qu’on revient à la réalité. On prend une petite photo de l’affiche du concert à l’entrée de la salle et on repart comme si de rien n’était dans les rues à la fois sombres et lumineuses de Shibuya, jusqu’au prochain concert. Ce prochain concert sera normalement Right Brain Left Brain (右脳左脳) de Tricot (pour la troisième fois) au mois de Mai. Le groupe sera accompagné de PEDRO en première partie (le groupe d’Ayuni D et d’Hisako Tabuchi). On y réfléchissant, je me dis qu’Ikkyu Nakajima de Tricot devrait bien s’entendre avec AAAMYYY. Elles se suivent au moins mutuellement sur Instagram. On rêverait à une collaboration, mais j’ai tout de même un peu de mal à imaginer ce que ça pourrait donner.

Je note ci-dessous pour référence ultérieure la setlist du concert Option C de AAAMYYY au Spotify O-East de Shibuya le 7 Mars 2024:

1. That smile feat. ano (あの笑み feat. あの), du EP ECHO CHAMBER
2. Ikitemiruwa (生きてみるわ), du EP ECHO CHAMBER
3. Ignition, du EP ECHO CHAMBER
4. Hail feat. (sic)boy (雨 feat. (sic)boy), du EP ECHO CHAMBER
5. Mizu Fūsen feat. AAAMYYY&KM (水風船 feat. AAAMYYY&KM), de l’album Vanitas de (sic)boy
6. run away, de KEIJU en duo avec AAAMYYY sur son EP Heartbreak
7. Tengu feat. Zo Zhit (天狗 feat. 荘子it), de l’album Annihilation
8. The Moment, de Ryohu en duo avec AAAMYYY sur son album Debut
9. Magic Mirror feat. AAAMYYY TENDRE, de l’album Circus de Ryohu
10. OXY feat. AAAMYYY, de l’album PRISMATICS de TENDRE
Passage MC MONJOE BAR 🎤
11. LOOP feat. AAAMYYY, de l’album CULTICA de Sho Okamoto (オカモトショウ)
12. GLASS feat. AAAMYYY, de l’album CULTICA de Sho Okamoto (オカモトショウ)
13. Kono mama Yume de feat. AAAMYYY (このまま夢で feat. AAAMYYY), de l’album Note de Shin Sakiura (シン サキウラ)
14. NIGHT RUNNING feat. AAAMYYY, single de Shin Sakiura (シン サキウラ)
15. DAYZ AAAMYYYxMONJOE, single de MONJOE et AAAMYYY
16. Savior (救世主), single le plus récent
17. BLUEV feat. Ryohu, sur le EP MABOROSI WEEKEND
18. Morceau inédit avec Zatta
19. Come and Go feat. Gliiico, du EP ECHO CHAMBER

Les photographies de ce billet proviennent du compte Instagram d’AAAMYYY et ont été prises par le photographe Takao Iwasawa (岩澤高雄), à part la première et les deux dernières photographies prises par moi-même.

15 commentaires

  1. YESSS ! Merci mille fois pour ce ‘report’ que j’attendais avec impatience ! Je regrette tellement de ne pas avoir pu assister au concert … Je suis très étonné par le soin apporté à la mise en scène, le décor et les tenues sont superbes. J’espère que c’est dans l’éventualité d’une sortie en dvd … rien n’a été mentionné sur scène ? ; ) AAAMYYY m’a l’air d’être beaucoup espiègle et encore plus perfectionniste qu’il n’y parait, un peu comme ‘tu-sais-qui’ …

    Très belle sélection de morceaux également, la setlist va me permettre de découvrir de nouveau titres. Je suis surpris qu’il n’y ait pas plus de titres d’Annihilation, je ne me lasse pas du sublime ‘After Life’. BLUEV est un titre que j’aime beaucoup dans sa version album, mais encore plus dans le live au ANNIHILATION EXTRA au Liquidroom. Pour la dédicace, c’est assez curieux en effet … je me demande si elle ne va pas à Ryo Konishi (⼩⻄遼), leader du groupe CRCK/LCKS (dont l’EP ‘総総’, et notamment le titre ‘Stay’ est très bon) et du collectif orchestral 象眠舎, qui accompagnait notamment AAAMYYY lors du concert ANNIHILATION EXTRA. Il faudra bel et bien une sortie physique du concert pour vérifier la chose ! Encore merci, vivement un concert à Nagoya !

  2. Salut,
    Merci, oui, c’est dommage que tu n’aies pas pu venir jusqu’à Tokyo. J’espère qu’elle aura la bonne idée de passer par Nagoya la prochaine fois. Le très grand écran et les images vidéo accompagnaient très bien AAAMYYY et les invités sur scène. Je ne sais pas s’il y aura une vidéo mais il y avait au moins un cameraman qui filmait à peu près tout le temps. Mais il n’avait qu’une petite caméra digitale. Pas sûr que ça soit suffisamment ‘pro‘ pour une sortie DVD/Blu-ray mais bon, je ne suis pas en mesure de savoir quelle qualité vidéo il peut avoir avec ce genre de caméra. C’est peut-être suffisant pour une sortie vidéo. Il prenait également la foule à l’entrée avant que les portes s’ouvrent, ce qui m’a fait penser que ça sera bien qu’une vidéo sorte avec les coulisses du concert. Si ça pouvait au moins sortir sur YouTube, ça serait bien, comme pour ce concert Annihilation Extra au Liquiroom que tu mentionnes. J’avais d’ailleurs cette représentation en tête avant d’aller voir ce concert. Je me souviens bien d’After Life. Ce concert là était en fait très différent, par rapport à l’organisation plus « classique » d’Annihilation Extra. Je vois bien ce côté espiègle de AAAMYYY en effet. Elle m’a paru bien savoir ce qu’elle voulait même si c’est inhabituel et ça dérange les règles d’usage. C’était amusant de la voir pousser gentiment MONJOE à chanter sur son propre morceau DAYZ alors qu’il semblait vouloir se contenter des platines. Les commentaires de TENDRE à son propos montraient qu’ils se connaissent bien et qu’il y a un respect mutuel. On avait vraiment l’impression de proximité et de naturel entre elle et ses invités. Ça faisait plaisir à voir et se transmettait au public.

  3. Salut Frédéric,
    A mon tour de te remercier pour ce billet bien complet et très immersif. Quelle chance d’assister à un concert dans de si bonnes conditions (ça me fait oublier celui de Masudore) ! Il ne me reste plus qu’à trouver le temps de créer la playlist du concert et je reprendrai le fil du billet en l’écoutant.

  4. Salut Nicolas, j’ai toujours le courage d’écrire des longs billets d’après concert alors je continue encore un peu. J’aime de toute façon essayer de retranscrire les impressions que j’ai ressenti pendant un concert. Je ne l’avais pas noté dans ce billet mais j’ai regroupé tous ces rapports dans une catégorie spécifique Live Report. Je te conseille la playlist du concert qui est assez axée hip-hop, sans être hardcore loin de là. Du coup, ça m’a relancé sur une vague hip-hop japonais que je connais encore assez mal.

  5. Bonjour Frédéric,
    Bonne idée cette catégorie « Live Report » !
    Il y a un artiste que j’ai découvert il n’y a pas très longtemps : Daichi YAMAMOTO. Quelques titres qui m’ont plus : Cage Birds, West Side, Testin’, Let it Be. Je n’ai pas beaucoup écouté le reste, je prends mon temps.
    Sinon, je t’avais parlé de la conférence à laquelle j’ai assisté. Elle est visionnable ici :
    https://www.mcjp.fr/fr/la-mcjp/actualites/l-histoire-et-l-evolution-du-hip-hop-au-japon-le-rap-japonais-en-perspective
    J’ai apprécié que le hip hop japonais face l’objet d’une conférence ici en France, mais malheureusement j’ai trouvé que la représentation du hip hop contemporain était très américanisée. Je ne m’y suis pas vraiment retrouvé, mais c’est intéressant car ça m’a aidé à prendre conscience que je vivais replié dans une bulle parmi d’autres.

  6. Salut Nicolas, merci pour la recommandation musicale, je ne connais pas Daichi Yamamoto mais je vois que le morceau Let it be, que tu mentionnes, est un duo avec le rappeur Kid Fresino dont j’ai déjà parlé ici pour un de ses albums. Merci aussi pour le lien vers la conférence que j’ai regardé et écouté avec beaucoup d’interêt. Très intéressant et bien documenté surtout sur les débuts du hip-hop japonais dans les années 80. J’ai appris des choses sur le rôle d’Hiroshi Fujiwara sur les débuts de cette scène, que je savais être plutôt universitaire et assez loin de la scène actuelle. Il est clair que le hip-hop japonais a fait du chemin jusqu’à ce qu’on connaît maintenant. J’étais assez satisfait de voir pas mal de noms que je connaissais déjà sur la scène actuelle: Awich, le collectif Kandytown dont font partie KEIJU et Ryohu mentionnés ci-dessus, Bad Hop. Je parle d’ailleurs du dernier album de Bad Hop sur un de mes derniers billets, dans un style très gangsta américain mais avec toutes les spécificités du japonais. J’aime beaucoup leur album éponyme mais je ne connais pas bien cette scène de bad boy durs à cuire originaire de la banlieue de Kawasaki. Dommage que le conférencier passe un peu vite sur les années 2000. La vidéo ne contient pas les extraits vidéo des morceaux qu’il passe, pour des raisons de droits très certainement. C’est assez dommage aussi, car on a pas toutes les illustrations sonores venant appuyer son propos. Sympa quand même d’avoir ce genre de conférences pointues à Paris. Mon fils écoute beaucoup en ce moment sur YouTube les battles de hip-hop dont le conférencier parle également et dont sont issus certains rappeurs actuels. C’est un petit monde à part qu’il est intéressant de découvrir. C’est plutôt bien de se dire qu’il y a beaucoup d’autres choses à découvrir en dehors de sa propre bulle.

  7. Salut Frédéric,
    C’est chouette que tu aies pu voir cette conférence, malgré l’absence des illustrations sonores que je n’avais pas anticipées en te proposant cette vidéo. En repensant à cette conférence, je souris à la petite mise au point (voire impertinence) qui avait été tentée par l’animatrice sur la distinction rap et hip hop et sur la pertinence du nom de la conférence. Pour ma part, je ne connaissais qu’Awich et Chanmina mais rien de la scène rap actuelle ou passée qui m’avait été présentée. Nous étions cependant plusieurs à regretter l’absence de Nujabes (si tu as suivi les questions/réponses…), ce qui aurait permis de parler notamment de Shing02 le rappeur avec lequel il a souvent collaboré.
    Je n’ai pas encore lu le billet qui parle de Bad Hop. Suspense…

  8. Salut Nicolas, oui, j’ai vu les commentaires sur l’absence de Nujabes, et j’avoue qu’il s’agit d’une de mes lacunes musicales, qui est depuis longtemps sur ma petite liste imaginaire d’artistes à découvrir mais je ne m’y suis pas encore mis. Je prends volontiers tes conseils pour démarrer! J’ai noté le point hip-hop vs rap avec l’inclusion du monde DJ dans l’historique du conférencier. J’avoue au début, que je m’étais un peu posé la question sur le fait de mentionner DJ Krush, mais il rentre bien dans l’univers du hip-hop. Depuis le concert d’AAAMYYY qui avait une approche très hip-hop du coup, sans qu’elle fasse vraiment partie de ce style artistique je pense, je me suis mis à écouter plusieurs artistes ou groupes aux influences hip-hop. Je dis influences car je trouve qu’elles sont très présentes dans la J-Pop actuelle (mais c’est planétaire de toute façon) – cf le single Idol de Yoasobi avec une belle incursion rap. En parlant de YOASOBI, ils sont en ce moment à Coachella. Ceci étant dit, le rock indé reste très présent avec beaucoup de nouveaux groupes qui débutent juste.

  9. Salut Frédéric,
    Je ne me rappelle plus si DJ Krush avait été évoqué, mais il a bien sa place dans le hip hop. Notre échange m’a donné envie de réécouter son album Zen qui est toujours aussi bon. Nujabes a été ma porte d’entrée dans le hip hop japonais grâce à l’excellente BO de l’anime Samurai Champloo. Il faut que tu aies vu Samurai Champloo si tu ne l’as pas déjà vu (c’est le réalisateur de Cowboy Bebop, comme carte de visite, on fait difficilement mieux je trouve). Je t’avouerai que je suis assez perdu dans la discographie de Nujabes qui comporte un grand nombre de compilations, 3 albums et 2 albums BO (d’après wiki france). Je dois en avoir entre 5 et 10 à la maison mais pourtant je suis incapable de t’en conseiller un en particulier. Il y a une bonne raison à cela : sa production est vraiment homogène dans le style et la qualité. Faute d’une autre raison, je privilégierai les albums dans l’ordre chronologique. Ou tu sautes sur le premier album d’occasion trouvé.

  10. Salut Nicolas, DJ Krush était mentionné dans sa présentation. Tu vas aussi me donner envie de réécouter Zen mais j’arrive plus à retrouver le CD et je ne le trouve mystérieusement pas sur mon iPod. Je te conseille très vivement Code 4109 (2000) si tu ne connais pas encore (j’en avais parlé ici). C’est une longue piste de 1hr8 qui s’enchaîne parfaitement avec beaucoup d’invités et même des chants bulgares (ma partie préférée). Alors sinon, j’ai commencé à écouter Nujabes (mieux vaut tard que jamais) avec le deuxième album Modal Soul (2005) et le quatrième morceau Luv(Sic.) Part 3 a tout de suite tilté dans ma tête et je me suis du coup redirigé vers l’album semi-posthume Luv(Sic.) Hexalogy qui est fabuleux de bout en bout. Je pense bien écouter les autres albums (et reprendre Modal Soul).

  11. Salut Frédéric,
    Merci pour ces très bons conseils. De DJ Krush, il me reste beaucoup à explorer car je ne connais que Zen et Jaku. Et concernant ton deuxième conseil, je vais le suivre sérieusement car il manque à ma discographie !
    En tout cas tu me vois content de te savoir en pleine exploration de la discographie de Nujabes.

  12. Salut Nicolas, il y a aussi le tout dernier de DJ Krush qui est vraiment excellent. Il s’intitule 再生 -Saisei-. Je l’écoute en ce moment suite aux conseils de mahl. J’avais un peu délaissé son hip-hop aussi, ces dernières années. De Nujabes, je n’ai pleinement écouté que Luv(Sic.) Hexalogy qui est excellent. J’en parle dans un billet plus récent, il me reste les autres, mais je temporise un peu. J’y reviendrais pour sûr.

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