« Dis moi, tu connais Blockbusters? »
« Non, c’est quoi au juste? »
« C’est une émission de radio sur France Inter. Regardes, je te montre sur mon iPhone, il y a une appli qui permet d’y accéder facilement. Ça parle de culture pop des années 80 et 90. »
« Ah ouais, génial mais c’est en français, j’y comprends rien, laisses béton ».
J’écoute en ce moment assidûment le podcast Blockbusters de France Inter animé par Frédéric Sigrist, consacré à la culture pop de divers horizons. Cette émission me parle beaucoup car l’animateur a le même âge que moi et les thèmes qu’il sélectionne sont par conséquent très proches de ma propre culture pop. J’ai commencé à enchaîner les épisodes quand je me suis rendu compte en fouillant dans les archives qu’on y parlait du film Les Goonies (1985) réalisé par Richard Donner d’après une histoire écrite par Steven Spielberg. En écoutant cette émission, je me suis remémoré la première fois où j’ai vu le film, et ce souvenir reste encore très clair dans a mémoire. C’était une diffusion un vendredi soir sur Canal+ alors qu’un ami de la famille nous avait prêté son décodeur pendant ses vacances. Ma sœur et moi avions tellement aimé le film qu’on l’avait regardé dès le jour suivant pour une rediffusion. Une autre émission du podcast couvre la série Twin Peaks (1990-91). Je l’ai découvert bien après sa sortie alors que je vivais déjà à Tokyo. J’étais déjà amateur du cinéma de David Lynch après avoir été choqué par Lost Highway (1997) au cinéma, mais je n’ai acheté les DVDs des deux saisons de Twin Peaks que bien plus tard. Je me souviens avoir dévoré cette série avec Mari. On était tous les deux accrochés à l’ambiance si particulière de cette petite ville fictive de l’Etat de Washington. La troisième saison sortie beaucoup plus tard en 2017 était un autre choc. Cette émission Blockbusters m’a ensuite donné envie de revoir Lost Highway que j’ai en DVD à la maison. Une autre émission parle de la série culte Seinfeld (1989-1998), que l’on a découvert en France sur la chaîne Canal Jimmy disponible à l’époque par abonnement satellite. Canal Jimmy nous avait fait découvrir un grand nombre de séries américaines, car Friends (1994-2004) y passait également. Je me souviens également de la série Spin City (1997-2003) avec l’acteur Michael J.Fox en chef de cabinet du maire de New York. Mais Seinfeld avait vraiment un humour particulier où un épisode pouvait se construire sur un rien, comme par exemple un homme portant une cape en pleine rue. Blockbusters parle bien évidemment de manga et de films d’animation avec l’incontournable Neon Genesis Evangelion dont j’avais vu les épisodes lors de leur première diffusion en France sur Canal+ en 1998. Les manga et anime n’avaient pas encore la popularité actuelle. Dans Blockbusters, on nous parle également du manga sombre Gunnm de Yukito Kishiro que j’avais suivi dès le premier tome sorti chez Glenat en 1995. Je garde cette série de manga précieusement. C’est amusant de voir abordé dans ce podcast une bonne partie des films et séries qui ont marqué pour moi la deuxième partie des années 1980 et les années 1990. On y parle par exemple d’Arnold Schwarzenegger. J’ai eu ma période de films d’action basiques pendant mon adolescence que j’avais démarré avec Commando (1985), puis Predator (1987) bien avant Terminator 2 (1991), Total Recall (1990) et True Lies (1994). L’Arme Fatale (1987), bien entendu couvert dans ce podcast, avait également été marquant. J’avais commencé la série par le deuxième épisode (1989) vu sur Canal+, en adorant tout de suite l’ambiance mélangeant une noirceur certaine avec l’humour du buddy movie, le tout accompagné par un saxophone particulièrement marquant. On y parle beaucoup d’anime avec le monde de Rumiko Takahashi (Ranma 1/2, Ramu, entre autres) et bien sûr celui d’Hayao Miyazaki pour lequel une émission de 5h est consacrée ainsi qu’une autre sur les deux chefs d’oeuvres que sont Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro. Bon, il y a bien des sujets d’émissions plus récents qui ne me parlent pas du tout comme Taylor Swift, Aya Nakamura ou Orelsan, mais dans l’ensemble j’y trouve une correspondance assez bluffante avec ma propre culture pop. Le podcast évoque aussi souvent les jeux vidéos, mais c’est un domaine que je connais moins à part quand il s’agit de franchises historiques comme celles des jeux de combat Street Fighter ou Tekken, ou le fabuleux Prince of Persia qui avait été pour moi une révélation sur sa version Super Famicom (j’y jouais en version import japonais). Les musiques de ce jeu me restent encore maintenant gravées en tête tant j’y pu y jouer en répétant des dizaines et des dizaines de fois les mêmes mouvements. Le jeu était difficile mais extrêmement immersif. Je ne joue plus beaucoup aux jeux vidéos à part ceux emblématiques sur la Nintendo Switch (les derniers Zelda, Super Mario et Mario Kart), mais j’ai toujours regretté d’avoir loupé le coche de Nier Automata. Ce podcast me permet également de remplir quelques lacunes culturelles. Mais ce que j’apprécie particulièrement sur ce podcast est le ton de Frédéric Sigrist et de ses invités qui ne se veulent pas savants et démontrent une véritable passion pour leurs sujets. On n’essaie pas non plus de nous faire croire que la culture pop était mieux avant. La qualité de séries actuelles comme The Gentlemen de Guy Ritchie que je regarde en ce moment sur Netflix me fait dire que des nouvelles oeuvres cultes sont en train d’être diffusées en ce moment.
Outre le podcast ci-dessus, Nicolas me conseille également l’écoute du dernier single Bite you du jeune groupe muque, dont j’avais déjà parlé du single 456 sorti en Octobre 2023. Je n’avais pas vraiment poursuivi la découverte de la musique du groupe mais ce dernier morceau sorti le 26 Mars 2024 sur le label A.S.A.B. m’y ramène gentiment. Dès les premières cordes, on se laisse accrocher par le rythme du morceau, oscillant toujours entre l’approche rock et un beat pop très prononcé. Le groupe a cette capacité à créer des morceaux à la qualité pop immédiate, qui devraient les amener sur les ondes du mainstream un jour ou l’autre. D’autant plus que la voix d’Asakura est très affirmée et versatile, notamment dans un petit passage parlé au milieu du morceau qui fonctionne très bien.
Je ne sais plus par quel détour j’ai découvert l’excellent morceau Luv Myself de Kvi Baba avec AKLO & KEIJU, oscillant brillamment entre le hip-hop et la pop. En fait, depuis que j’ai écouté le morceau run away qu’AAAMYYY a chanté avec KEIJU lors de son concert Option C du 7 Mars 2024, j’ai l’envie de découvrir d’autres musiques sur lesquelles KEIJU intervient car j’aime beaucoup sa voix. Je ne connaissais pas le jeune rappeur et compositeur Kvi Baba originaire d’Osaka, qui mène ce morceau avec les deux autres rappeurs AKLO et KEIJU. Je ne connaissais AKLO qu’à travers le morceau RGTO, sur son album The Arrival de 2014, sur lequel il fait intervenir d’autres rappeurs: SALU, H.TEFLON et K DUB SHINE. La vidéo de ce morceau mentionne dans les remerciements T-Pablow et BAD HOP, et là s’ouvre une nouvelle porte vers un hip-hop japonais beaucoup plus badass (si vous me permettez l’expression).
BAD HOP est un collectif originaire du quartier d’Ikegami à Kawasaki et se compose de huit rappeurs: T-Pablow, YZERR, Tiji Jojo, Benjazzy, Yellow Pato, Bark, G-K.I.D et Vingo. J’écoute leur dernier album éponyme sorti en Février 2024 que je trouve excellent, notamment les deux morceaux Ikegami Boyz et Final Round. Je suis très loin d’être spécialiste du monde du hip-hop, mais je trouve que l’ambiance est proche du gangsta américain dans son approche musicale et dans les thèmes abordés. Le flot vocal et l’alternance des voix des rappeurs sont remarquables, par exemple, la manière mécanique par laquelle YZERR prononce les paroles « Knock out, Knock out, Knock out, Knock out床にKnock out » qui sonnent comme une série de coups de poing qui mettent à terre. Tous les morceaux ne sont pourtant pas tous sombres, comme Last Party Never End où Supercar2 mettant en avant la voix plus haut perchée de Toji Jojo qui apporte une alternative intéressante aux voix de tonalité plus grave de la plupart des autres membres du collectif. Du quartier industriel d’Ikegami à Kawasaki, la crew BAD HOP a gravi les échelons jusqu’au Tokyo Dome pour un concert le 19 Février 2024, qui est représenté par le premier morceau de l’album Tokyo Dome Cypher. BAD HOP a déjà sorti au moins cinq albums depuis 2014 et ce ne sont donc pas des nouveaux arrivants. Leur ascension jusqu’au Tokyo Dome démontre une popularité certaine auprès des amateurs de Hip-hop. A parmi les nombreuses collaborations de BAD HOP, j’y retrouve le nom de KEIJU sur certains morceaux. Une porte ouvre, je vais y entrer tranquillement sans faire de bruit.
Salut Frédéric,
un petit clin d’œil en passant (qui trahit également le retard de lecture que j’ai actuellement). Encore 1 mois et France Inter sera sur la rampe de lancement de la saison estival. J’espère que Blockbuster sera de retour sur les ondes !
Oui, je vois le retard de presque deux mois dans la lecture des billets et il y a des très très beaux billets qui attendent d’être lus et regardés. Ahahah! Bon, je te pardonnes car tu as une très bonne raison ! Pour Blockbuster, j’écoute les émissions dans les archives les unes après les autres depuis deux mois et je dois avoir déjà écouté les deux tiers des émissions. J’aime beaucoup le ton, l’humour et la passion communicative que dégage chaque podcast. J’avais l’habitude d’écouter un podcast de News françaises sur RTL Soir le matin en me levant, mais j’ai remplacé par Blockbuster ces deux derniers mois. Ça fait plaisir d’écouter du « positif » ! Je m’amuse à compter parfois sur le site du Monde.fr les titres de News traitant de sujets positifs mais c’est de plus en plus rare. Je me dis toujours que les News françaises devraient être plus équilibrées entre évoquer tous les malheurs du monde et des sujets positifs montrant des choses motivantes et encourageantes dans ce monde.
Je te rejoins sur l’équilibre des sujets positifs/négatifs mais c’est une constante naturelle chez l’homme. Les news, les ragots, les fictions présentent souvent ce qui ne va pas. A croire que les sujets positifs n’intéressent pas alors qu’on en a besoin compte tenu des news de ce monde qui part en cacahuète. Et blockbuster est un bon antidote !! Personnellement j’ai suivi ça au fil de l’eau et me suis aventuré aussi sur des sujets qui ne me parlaient pas (certains chanteuses américaines, certaines séries…) mais Frédéric et ses invités arrivent toujours à nous intéresser malgré tout, c’est un vrai tour de force. Par contre c’est dangereux pour le portefeuille ou le temps libre. ça m’a couté la série de comics Walking Dead, la série Lost, le jeu vidéo The Last of Us…
Oui, c’est la même chose, j’écoute également les émissions sur des sujets qui m’intéressent à priori moins, pour apprécier la manière dont ils vont en parler. Mais il faut dire que la grande majorité des sujets m’intéressent. J’avais beaucoup aimé l’émission spéciale sur Game of Thrones, car l’ambiance un peu foutraque était très drôle par moments. L’émission m’a fait revoir certains des films que j’avais depuis longtemps en DVD ou sur Streaming, mais je ne suis pas allé jusqu’à faire de nouveaux achats. Et quand ça parle de séries, ce sont souvent des séries au très long court. Imaginer le temps nécessaire pour tout regarder me ramène au raisonable.
C’est sûr, c’est impossible de suivre tous ses conseils, et parmi les choix les plus simples, c’est de ne pas regarder les séries car c’est très chronophage. Battlestar Galactica fait partie de ces séries qu’il a chaudement recommandées mais que je ne verrai pas.
Dans les émissions, j’aime bien aussi le teaser de l’émission suivante (quand il en fait). Il y a 2-3 ans je crois, c’était des petits sketch avec des effets sonores dignes des teasers hollywoodiens. Il y a notamment le teasing de l’émission qui précède Monkey Island qui était collector.
Ahah, Battlestar Galactica est une des séries que j’ai regardé il y a plus de dix ans suite aux conseils d’un collègue et cet épisode de Blockbuster m’a beaucoup parlé du coup. J’ai également écouté l’épisode sur Monkey Island, mais pas encore celui d’avant je pense (j’écoute sans désordre). Je n’y ai jamais joué mais ce jeu me rappelle l’époque (en 1990) où je lisais passionnément les magazines de jeux vidéos, qui traitaient à l’époque des jeux sur consoles, PC, Amiga et Atari ST dans un même magazine (c’était Joystick, Tilt, …). J’étais plus intéressé par les consoles, mais je lisais absolument tout, et on y parlait de toutes les qualités de Monkey Island. Je pense quand même y avoir joué quelques minutes chez des amis qui avaient un Amiga ou chez mes cousins qui avaient un Atari ST. Je ne souviens plus si mon souvenir du jeu vient des photos de magazine ou du véritable jeu chez les cousins /amis. Et en parlant de Joystick, le numéro 11 a une qualité toute particulière pour moi pour son reportage en direct du Japon (pages 106 à 115). Je ne sais pas le nombre de fois où j’ai pu lire ce long article signé par un des journalistes du magazine au nom improbable de J’m Destroy.
Ah, quelle nostalgie. J’ai eu la même expérience. J’ai eu moi aussi entre les mains nombre de magazines de jeux vidéos que me donnait un oncle alors même que je n’avais pas de consoles. Mais ça me faisait une culture vidéoludique et je pouvais à peu près échanger avec mes amis qui avaient les jeux et les consoles en question. C’est l’époque pré-internet pleine de souvenirs d’après midi de lecture. Scroler un écran sur jeuxvideo.com ne crée sans doute pas les mêmes souvenirs (mince je suis devenu un vieux c**)
Oui, difficile de savoir si l’internet procurera autant de souvenirs que le papier des magazines. J’imagine que oui pour la génération actuelle. Heureusement en tout cas qu’on peut trouver des versions digitales de tous ces vieux magazines car je n’arrive plus à retrouver chez moi en France tous mes magazines de jeux vidéo et de musique. Ils sont certainement quelque part dans des cartons. J’aimerais d’ailleurs qu’on puisse trouver des vieux magazines musicaux en archives sur internet, un peu comme abandonware pour les jeux vidéo. J’adorerais relire les articles passionnés des magazines à l’époque du rock américain alternatif et grunge des années 90, sur des groupes comme Nirvana et Pearl Jam.
Je ne savais pas qu’il y avait un accès à ces vieux magazines en version digitales. Je viens de faire un saut sur Abandonware mais je n’ai pas trouvé la possibilité de télécharger les magazines. Faut-il s’inscrire ?
Côté musique, je n’ai fait que survoler de loin. Je lisais Guitar Part mais sans y être abonné. J’étais de la team « science & vie junior » !
Salut Nicolas, je ne suis pas sûr qu’on puisse télécharger un magazine d’un coup, mais on peut lire les pages sur le site sans inscription particulière et sauvez les pages en jpg (une à une, ce qui n’est pas vraiment faisable). Je reviens de temps en temps quand la nostalgie me prend.
Ok ! Merci Frédéric !
Merci Nicolas, je viens de remarquer que ton commentaire juste au dessus est le 6000ième sur Made in Tokyo ! Bon il y avait quand même des chances que ça tombe sur un de tes commentaires !
haha ! Quelque chose comme une chance sur 3 !
Salut Nicolas, tu es en effet le commentateur le plus fréquent de ce blog, après moi car mes réponses (environ 1500 en tout) sont comptabilisées dans les 6000 commentaires. Tu as dû écrire environ 275 commentaires sur Made in Tokyo ! et je t’en remercie grandement une fois de plus!!