Nous voilà de retour dans la forêt du grand sanctuaire Kashima Jingū (鹿島神宮) situé dans la préfecture d’Ibaraki. Notre première visite datait de Novembre 2021. J’ai l’impression que nous y sommes allés beaucoup plus récemment tant je garde un souvenir marquant de la longue allée de terre entourée d’arbres gigantesques. Elle relie le sanctuaire principal vers l’Oku no Miya (奥宮), un petit sanctuaire situé au fond de la forêt. Il était en phase de rénovation lors de notre première visite, mais on a pu l’apprécier dans son intégralité cette fois-ci. La grande porte Rōmon (楼門) était par contre en rénovation à notre passage. Depuis le sanctuaire Oku no Miya, on redescend une nouvelle fois vers le petit étang à l’eau claire Mitarashi (御手洗池). Au centre de cet étang alimenté par une petite source, un torii de pierre semble retenir une immense branche d’arbre. On peut s’asseoir à proximité sur quelques bancs posés devant une petite boutique de bois, tout en buvant de l’amazake et en mangeant des dango.
Mois : juin 2024
don’t let go, do not let go, of the subtle fire that burns within you, your life
Quand je passe par le quartier de Jinbocho, je ne manque pas l’occasion de passer devant le fascinant Jimbocho Theater conçu par Nikken Sekkei. Il me donne à chaque fois l’impression d’avoir été déposé par erreur au milieu du quartier, d’autant plus qu’il est encastré entre des immeubles beaucoup plus anciens et dépareille complètement. Je n’étais pas venu à Jimbocho pour partir en exploration des nombreuses librairies à la recherche de vieux bouquins que j’aurais eu de toute façon un peu de mal à ranger à la maison. Tout comme pour mes CDs dans les tiroirs, les étagères dédiées aux livres sont déjà pleines à raz-bord. Je suis en fait venu jusqu’à Jimbocho pour voir une petite exposition dédiée au dernier album du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学), dans une galerie située au rez-de-chaussée d’un immeuble récent à proximité du centre de Jimbocho.
L’exposition intitulée Secret Garden (ひみつの庭) qui se déroulait du 30 Mai au 23 Juin 2024 dans la petite galerie New Gallery à Jimbocho prenait pour thème l’album 12 hugs (like butterflies) d’Hitsuji Bungaku sorti l’année dernière. L’artiste haru.(HUG) qui a conçu cette exposition est en fait la directrice artistique habituelle des albums d’Hitsuji Bungaku. Elle a créé pour cette exposition différentes œuvres artistiques directement inspirées des douze morceaux de l’album, accompagnées par plusieurs photographies de Nico Perez. Nico Perez signe de nombreuses photographies récentes du groupe, dont celles du dernier album, et elles sont superbes, notamment celle en noir et blanc à la verticale utilisée comme affiche de la tournée de 2023 « if I were an angel » à laquelle j’avais assisté. J’avais du coup acheté un t-shirt avec cette photographie affichée en grand dans le dos. J’aime aussi beaucoup une photographie en triple exposition où les visages et silhouettes de chaque membre du groupe se superposent. On passe un bon moment dans l’espace assez compact de la galerie, reconstituant une cabane de bois. À l’intérieur, des feuilles de partitions, des morceaux de paroles, photographies, éléments de costumes et autres objets sont exposés. L’extérieur de la cabane donne sur un jardin reconstitué. Dans un coin de la galerie, une bande sonore diffuse une discussion entre Moeka Shiotsuka et Yurika Kasai. On a l’impression pendant quelques instants de rentrer dans leur univers.
Après un suspense intense, j’ai finalement reçu confirmation qu’une place pour le prochain concert de Sheena Ringo, Ringo Expo’24 (林檎博’24―景気の回復―), m’était gracieusement accordée. A travers le fan club Ringohan, j’avais tenté d’avoir une place pour chacune des trois dates au Saitama Super Arena (さいたまスーパーアリーナ) et le hasard de la loterie ne m’a finalement accordé qu’une seule place, le Jeudi 21 Novembre 2024. Il s’agissait en fait de mon troisième choix, comme quoi les places sont difficiles à obtenir même à travers le fan club. Maintenant, il faut attendre patiemment cinq mois avant le concert. J’ai également eu un peu de chance à la loterie pour obtenir des places pour une des deux dates de Tokyo de la tournée mondiale de Millennium Parade intitulée Who And How. Je ne pensais pas du tout pouvoir obtenir des places mais j’avais tenté le coup au cas où pour trois places pour y aller en famille, une fois n’est pas coutume. On a finalement eu des places pour le final au Tokyo Garden Theater le 20 Décembre 2024. Il me faudra dans ce cas là attendre six mois. Tous ces événements me paraissent bien lointains. Peut-être assisterais je à un autre concert entre temps. Ce sont dans les deux cas des grandes salles: 37,000 personnes pour Saitama Super Arena et 8,000 pour Tokyo Garden Theater. Vu le monde qu’il avait pour seulement suivre la voiture Plankton dans les rues de Tokyo, je pense qu’une salle de 8,000 personnes est un peu étroite pour Millennium Parade, d’autant plus que King Gnu remplit des domes. Je me pose pas mal de questions sur ces deux tournées. Je me demande si les invitées du dernier albums de Sheena Ringo seront également présentes lors de la série de concerts. Ça me parait plutôt difficile sur la totalité de la tournée et pour la totalité des artistes invitées, mais les concerts de type Expo accueillent en général des invités. Pour Millennium Parade, je me demande quels vont être les morceaux interprétés car la formation de Daiki Tsuneta n’a pas sorti d’album depuis un bon moment à part quelques singles comme Work avec Sheena Ringo. Le 20 Décembre, elle aura déjà terminé sa tournée nationale et ça me parait plutôt probable que Millennium Parade interprète le morceau Work qui a eu beaucoup de succès. Je doute tout de même qu’ils l’interprètent une nouvelle fois ensemble (après la version lors du concert de King Gnu au Tokyo Dome). En attendant, Millennium Parade fait du teasing en commençant à nous montrer des photographies des membres du groupe dans des accoutrements des plus étranges et en présentant des personnages qui seront peut-être en lien avec l’univers visuel de la formation.
Sur mon billet précédent montrant des photos du Flagship Store Fender d’Harajuku, certains visiteurs auront peut être été interpellés par cette fille portant deux guitares jaunes. C’était mon cas en tout cas. Il s’agit de la guitariste et chanteuse Rei, qui est désormais une des ambassadrices de la marque Fender au Japon. J’ai fait le curieux en recherchant dans sa discographie des morceaux qui me plairaient et je découvre celui intitulé Lazy Loser que j’aime beaucoup pour sa dynamique imparable. Son style pop rock est assez différent de ce que j’écoute d’habitude en rock japonais, mais ce morceau en particulier est particulièrement addictif, d’autant plus que son jeu de guitare est excellent. Dans les autres excellents guitaristes, je suis très impressionné par le morceau intitulé Burning de Corey Wong avec le Metropole Orkest. Corey Wong est un guitariste américain et le Metropole Orkest est un orchestre jazz et pop des Pays Bas. Je connais Corey Wong car il jouait brillamment sur l’excellent morceau Todome no Ichigeki (トドメの一撃) de Vaundy. J’ai d’abord découvert le morceau Burning car il passait récemment à la radio sur J-Wave suite à une courte interview de Corey Wong. J’adore l’intensité crescendo de l’orchestre et surtout le final, qui m’avait tout de suite interpellé lors de ma première écoute à la radio. Rei et Corey Wong ont également joué ensemble sur un morceau intitulé BPM, qui est agréable mais m’intéresse moins en comparaison des deux morceaux ci-dessus.
take the fender to the red car and hit the road to nowhereland
Le coupé rouge que je pense être une Nissan Skyline est garé au bout de la rue, dans son alignement de sorte qu’on l’aperçoit depuis la sortie de la gare. On m’avait dit d’amener la Fender jusqu’à cette voiture rouge que je ne pouvais pas manquer. Je pense que c’est la première fois que je vois cette voiture à cet endroit là. Je connais assez bien le quartier et je l’aurais déjà remarqué. La rue étroite qui pointe vers elle nous laisse le temps de l’approcher. La clef est dans ma poche et la guitare Fender Stratocaster Vintera bleue turquoise dans sa housse noire sur mon dos. Il n’y a personne autour de la voiture, seulement quelques passants qui ne détournent pas le regard, perdus dans leurs pensées. Le modèle doit dater des années 70 mais elle est très bien entretenue. La couleur rouge est tellement vive que la peinture ne doit pas être d’origine. Elle a certainement être repeinte. L’intérieur de cuir noir que j’aperçois à travers la portière avant est également impeccable. J’enfonce sans plus attendre la clef marquée d’un ’R’ rouge dans la serrure de la portière et celle-ci s’ouvre immédiatement sans résistance. Je place d’abord la housse de guitare sur les places arrières plutôt étroites, puis m’assois derrière le volant. Il est plus petit qu’à ma première impression et l’assise est basse. Le siège avant est moins ferme que je ne l’imaginais pour un coupé. Le cuir est abîmé par l’usure à différents endroits. Devant le pommeau de vitesse, un lecteur de cassettes est enclenché. Il n’en sort cependant aucun son. La boîte de la cassette est posée en vrac sur le siège passager avec d’autres papiers, des morceaux de partitions brouillonnées et des feuilles de textes incomplets et raturés à plusieurs endroits. Sur cette boîte de cassette, la photographie d’un visage de femme en faïence en grande partie cassé et fissuré m’interpelle. A l’arrière, Il n’y a rien à part la Fender que je viens de déposer. J’ai envie de la sortir de sa housse pour la laisser respirer et prendre part entière de l’habitacle de la Skyline. Il est 14h30. Il fait une vingtaine de degrés dehors et le soleil est seulement gêné par quelques nuages. Je fais deux ou trois tours de manivelle pour ouvrir la vitre et laisser un fin courant d’air entrer à l’intérieur. Le réservoir est plein. Le moteur est plus bruyant que je l’imaginais ce qui me pousse à augmenter de deux crans le son du lecteur de cassettes laissant s’échapper les premières notes de guitares. Je m’engage sur la rue principale puis sur la grande avenue qui me fait monter sur l’autoroute après une petite dizaine de minutes. La puissance de la machine rend la conduite aisée. L’autoroute est quasiment déserte ce qui m’étonne d’abord beaucoup. L’autoroute est à moi, le temps est à moi, direction le Nord. Le rock alternatif qui se diffuse dans l’habitacle m’est inconnu mais m’attire beaucoup. Il m’accompagnera pendant quelques temps dans la solitude de l’habitacle. L’air est clair et la lumière hivernale forte. La sortie de chaque tunnel éblouit au point où on a l’impression de perdre tout contact avec le réel pendant quelques secondes, le temps que notre œil et nos sens se réhabituent à la lumière solaire qui nous frappe. Ces quelques secondes d’évanouissement sensoriel donnent à l’atmosphère vaporeuse de la musique que j’écoute une présence toute particulière. Il me semble même que les accords de guitare que j’écoute proviennent de la Stratocaster posée sur les sièges arrières. Les sons circulent dans l’habitacle et se mélangent dans une harmonie qui est difficile à décrire. J’aimerais que l’éblouissement à la fin des tunnels soit plus long et intense. À l’entrée du 19ème tunnel de l’autoroute, le déclic sec du lecteur de cassette sonne la fin du onzième et dernier morceau de l’album. J’étais tellement envoûté par les sons de guitares que je n’avais pas remarqué la trame musicale qui évoluait derrière et qui prend maintenant de l’importance. Cette trame lente, répétitive et floue me saisit tout d’un coup par son omniprésence et accapare toute mon attention. Les nappes instrumentales qui la composent sont pleines de mystères, communiquant des images d’un monde cosmique qui nous enveloppe mais dont on a du mal à en saisir la substance. On se croirait dans un rêve éveillé. La consistance des choses me paraît moins certaine alors que l’éblouissement de la fin du 19ème tunnel accentue cette perte sensorielle. Il n’y a plus de boîte de cassette de femme au visage de faïence cassée sur le siège passager, la guitare Fender à l’arrière s’est évaporée. Les contours de l’habitacle du coupé rouge se confondent maintenant avec les traînées de lumière au fur et à mesure qu’on approche de la sortie du tunnel. Le crescendo de la trame instrumentale sourde et le flux de lumière émettent désormais une puissance supérieure à mes capacités sensorielles. Je ne me sens plus en mesure d’atteindre mon but. Mais quel était il? Je viens peut-être de l’atteindre en cet instant.
Les hasards ont fait que j’ai pris cette photographie du visage inquiétant de Richard D. James sur deux de ses albums de la deuxième partie des années 1990 peu de temps avant l’annonce de la réédition de l’album Selected Ambient Works, Vol. 2 de Aphex Twin. Cet album déjà énorme car durant 2h32m ressort en version augmentée. Je ne suis pas sûr de m’y replonger, mais je découvre en tout cas le nouveau single intitulé #19 sorti dans la foulée. Il ne s’agit en fait pas tout à fait d’un nouveau morceau car il était apparemment déjà présent sur la version vinyle du dit album. Il y avait bien déjà un morceau #19 sur Selected Ambient Works, Vol. 2 mais cette autre version est complètement différente. Soit Aphex Twin brouille volontairement les pistes, soit c’est moi qui me mélange les pinceaux. Le ’nouveau’ #19 se compose d’une longue plage de 10 minutes, répétitive et mouvante jusqu’à réussir à nous hypnotiser si on veut bien lâcher prise. Les nappes électroniques lentes sont floues, sombres mais teintées par moments de halos lumineux. J’ai toujours pensé que la musique d’Aphex Twin, qu’elle soit ambient comme ici ou plus expérimentale, était conditionnée par les expressions de son visage sur les albums… I care because you do (1995) et Richard D. James (1997) mentionnés un peu plus haut. On ne sait jamais vraiment si on a affaire à un génie créatif ou à un artiste qui se moque un peu de nous. La vérité se trouve peut-être un peu entre les deux, mais j’y pense particulièrement en écoutant ce morceau #19. Écrire cela ne m’empêche pas de l’écouter à répétition car cette ambiance m’inspire.
Je ne suis pas sûr que le modèle Stratocaster Vintera II en version bleue turquoise était vendu au magasin Fender Flagship Tokyo d’Harajuku, mais j’ai regardé avec une grande attention la variété de modèles présentés, notamment la série Stratocaster. Je n’étais jusqu’à maintenant jamais entré à l’intérieur, même si ça me démangeait depuis longtemps. Je pense que j’avais un peu peur qu’on arrive trop facilement à me convaincre de ré-acheter une guitare. Le design intérieur a été conçu par Klein Dytham Architecture. Tout y est très clair et spacieux, assez loin du bazar visuel des magasins d’instruments de musique d’Ochanomizu. Le magasin couvre plusieurs étages et l’escalier vaut à lui seul le détour car ses murs sont couverts de photographies de musiciens japonais ou étrangers portant bien sûr une ou plusieurs guitares de la marque. Je reconnais quelques têtes comme celles du groupe Number Girl avec Shutoku Mukai (向井秀徳), Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) et Kentarō Nakao (中尾憲太郎). Je n’y ai par contre pas trouvé Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ), Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ), a子 ou Chiaki Satō (佐藤千亜妃) malgré les très belles séries de photographies prises pour la marque par Hirohisa Nakano (中野敬久). Le dernier étage du magasin ressemble à un musée exposant une longue série de guitares vintage avec le nom du musicien ou de la musicienne à qui la guitare appartenait. On croit deviner à cet étage un petit salon donnant sur une grande baie vitrée, mais l’accès est fermé au public. J’imagine que des interviews doivent se dérouler à cet endroit.
Après avoir maintes fois écouter le single Angel, dont j’avais parlé dans un billet précédent, je reviens vers le rock du goupe irlandais NewDad en écoutant l’album Madra dans sa totalité. L’album de 11 morceaux est excellent de bout en bout, et c’est un vrai bonheur de l’écouter dans son intégralité. Il ne s’agit que de leur premier album mais on sent déjà une grande maturité. De nombreuses émotions nous traversent en écoutant cet album, à l’image de la mystérieuse photographie de couverture montrant un visage de femme en faïence en grande partie cassé et fissuré. L’album possède une certaine immédiateté car on se laisse très facilement accrocher par les mélodies de guitare et les refrains chantés par Julie Dawson, mais la beauté mélancolique et vaporeuse de l’ensemble se révèle un peu plus après chaque écoutes. Cette musique rock alternative m’a inspiré en partie le texte du début de ce billet.
DAOKOWWWX
Le souci avec les concerts, c’est qu’on les attend pendant longtemps et les deux heures de live passent ensuite beaucoup trop vite. J’avais acheté mon billet pour le concert de DAOKO il y a environ deux mois, en me demandant à quoi pouvait bien ressembler ses concerts et quel pouvait bien être le spectateur type. Je me suis vite rendu compte qu’il n’y a pas de spectateur type, tout comme pour tous les autres concerts auxquels j’ai déjà assisté, car le public est divers et varié avec des tranches d’âges très différentes. J’ai toujours une petite crainte que le public soit beaucoup plus jeune que moi, mais je réalise à chaque fois que ce sont des inquiétudes infondées, même si l’âge moyen doit resté bien inférieur au mien. DAOKO ayant 27 ans, j’imagine que la moyenne d’âge des spectateurs du concert devait se trouver dans cet ordre d’idée. Il semblait y avoir des habitués qui l’interpellaient pendant les passages de MC devant le public. C’est d’ailleurs un aspect que je n’avais pas trop rencontré lors de précédents concerts, où personne ne se lançait vraiment à énoncer à haute voix ses pensées devant tout le reste de la salle vers l’artiste sur scène. J’ai aussi compris que la personnalité de DAOKO donnait envie au public de lui parler. Elle s’est exprimée plusieurs fois pendant le concert en prétendant ne pas être douée pour ces passages MC, mais il n’en est rien. Des concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, DAOKO est très certainement la plus bavarde. Elle nous dit d’ailleurs qu’on lui avait fait la remarque lors du concert d’Osaka, une semaine avant celui de Tokyo, qu’elle s’était beaucoup exprimée devant la foule et qu’elle ressentait comme une pression à s’exprimer autant pendant ce concert à Shibuya. DAOKO exprime ses pensées assez directement, elle aime plaisanter, l’autodérision et ça la rend extrêmement sympathique. Je pense que c’est la raison pour laquelle certaines personnes du public l’interpelle avec parfois un petit air taquin. Ce qui est amusant c’est qu’elle ne voulait pourtant pas trop parler pour qu’on ne dise pas ensuite sur les réseaux sociaux qu’elle parle trop plutôt qu’elle ne chante. Mais personnellement, j’adore ces moments avec le public, surtout qu’on la sentait particulièrement heureuse sur scène devant ses fans venus la voir.
J’ai donc assisté au concert qui se déroulait le Vendredi 14 Juin 2024 dans la salle WWW X de Shibuya en face du Department Store PARCO. Je connais bien la Live House WWW / WWW X car j’ai déjà assisté à deux autres concerts dans le passé dans ces salles: ceux de For Tracy Hyde dans la salle WWW X et de a子 dans la salle WWW. Ce concert à Shibuya était un des deux concerts de la petite tournée « Daoko “Slash-&-Burn” Tour 2024« . La première date était à Osaka le 9 Juin 2024 dans une salle nommée Anima (comme le titre d’un de ses albums). Le concert démarrait à 19h avec une ouverture des portes, comme toujours très organisée, un peu avant 18:15. La salle fait environ 600 places débouts et mon billet était dans le premier tiers. Il n’a pas fallu trop de temps pour entrer, prendre une bière au comptoir et trouver une place dans la salle. C’est devenu comme une routine même si l’excitation avant concert est toujours intacte. Pour cette tournée, Daoko est accompagnée d’un groupe de trois musiciens: Shunsuke Ochi (越智俊介) à la guitare basse, Yusuke Yoshida (吉田雄介) à la batterie et Masayuki Yoshii (吉井雅之) en manipulateur, c’est à dire assurant toute l’instrumentation électronique et les effets de voix, notamment. Au moment de la présentation des membres du groupe au début du concert, Daoko a même pris quelques dizaines de secondes pour expliquer le rôle précis du ’manipulateur’ situé juste derrière elle sur la scène.
DAOKO a interprété avec son groupe 23 morceaux pendant ce concert, dont, sans surprise, la totalité des douze morceaux du nouvel album Slash & Burn. Les morceaux du dernier album étaient entrecoupés par ceux d’albums et EPs plus anciens allant jusqu’à sa période indépendante avec le morceau Fog de son tout premier album HYPER GIRL (向こう側の女の子) et en passant bien sûr par son titre à grand succès Uchiage Hanabi (打ち上げ花火), dans sa version solo sans Yonezu Kenshi, de l’album Shiteki Ryokō (私的旅行). Elle démarre le set par le morceau SLUMP du dernier album et donne d’entrée de jeu le ton du concert. Par rapport à l’album, je trouve la voix de DAOKO beaucoup plus marquée et puissante, avec des parties rappées plus agressives qui entraînent très rapidement le public. Je m’étais donné une petite liste de morceau que je voulais qu’elle interprète pendant ce concert et SLUMP en faisait partie, tout comme Otogi no Machi (御伽の町) de l’album Anima. Ce morceau déchaîne même le public tant elle donne de la passion dans sa voix. La particularité du chant de DAOKO est qu’elle marque distinctement la dernière syllabe des mots qu’elle prononce dans son flot rappé, ce qui joue beaucoup sur le rythme et l’énergie qu’elle transmet à la salle. Cette énergie se transmet bien entendu en écoutant les albums mais est beaucoup plus palpable et même décuplée en live. Les spectateurs sont du coup assez vocaux à la fin de chaque morceau. Les paroles des morceaux de DAOKO sont denses, en raison de la composante rap quasiment omniprésente sur tous ses morceaux. J’ai cru voir un petit iPad posé en bas du micro et je pense qu’elle le regardait discrètement de temps en temps pour ne pas perdre le fil sur ses morceaux les plus récents.
Sur scène DAOKO bouge beaucoup, fait beaucoup de mouvements de bras parfois à destination du public, et les spectateurs font de même en réponse. Elle est vêtue d’une robe noire un brin gothique, assez ample avec un papillon (てふてふ – 蝶々) dans le dos en guise de noeud Obi (帯留め). Le début du concert continue sur un flot dense avec deux morceaux du EP MAD composé par Yohji Igarashi, à savoir MAD et spoopy, qui poussent la foule à bouger sur place et à la suivre dans ses mouvements. Le morceau Abon (あぼーん) du dernier album continue dans cette lancée très dynamique et contagieuse jusqu’au plus calmes Nanchatte (なんちゃって) et BLUE GLOW de l’album Slash & Burn et Ututu du EP du même nom. Je ne connaissais pas ce morceau Ututu aux airs jazz qui me plaisent beaucoup. Sur la totalité du set, il n’y avait que trois morceaux que je ne connaissais pas ou peu dont le très pop fighting pose du EP the light of other days, Fog dont je parlais plus haut et Ututu. Au milieu du concert, écouter le morceau Suisei (水星) a provoqué en moi une certaine émotion car il s’agit, avec ShibuyaK, de mon point d’entrée vers le monde musical de DAOKO. J’aurais aimé qu’elle interprète ShibuyaK car nous étions à Shibuya, mais ça n’a pas été le cas. Sans forcément passer tous les morceaux en revue, il y avait pour moi de nombreux points forts venant du dernier album, le mystérieux Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2) puis le turbulent GAMEOVER, le profond et hypnotique Akame no Biru (赤目のビル) que j’écoute religieusement comme tout le monde dans la salle, et un de ses meilleurs morceaux Tenshi ga ita yo (天使がいたよ) juste avant les rappels. C’est clair qu’on ne s’ennuie pas pendant son set, car son approche du chant est sans cesse mouvante, entre l’agressivité du hip-hop, ses transitions soudaines vers une voix de type idole, les effets sonores apportés sur sa voix par le manipulateur électronique…
Pendant un des passages adressés au public, elle se pose la question du surnom qu’elle pourrait donner à ses fans (un peu comme Sheena Ringo avec les OTK). Au début de sa carrière, elle se rappelle que la couleur bleue était prépondérante auprès des fans car elle portait elle-même beaucoup de bleu, notamment au moment de l’album Thank You Blue qui l’a fait connaître du grand public. Mais elle porte beaucoup moins de vêtements de couleur bleue et prend le soin de nous préciser qu’elle n’a jamais fait de fixation sur cette couleur. Elle nous fait part que ce surnom qu’elle imagine pour ses fans devait être en anglais, car elle a aussi un nombre de fans assez important à l’étranger, et propose finalement le nom « D(Daoko)-Lovers ». J’avais en fait déjà connaissance de cette appellation car elle l’a évoqué pour la première fois lors du concert d’Osaka la semaine d’avant, et je l’avais lu sur les réseaux sociaux. Je ne suis à vrai dire pas totalement convaincu par cette appellation mais on verra bien si elle restera dans les mémoires. Le passage qui suit devient un peu plus émotionnel car elle nous partage sa joie d’être sur scène avec son public et qu’elle aimerait qu’on la suive jusqu’à ses derniers jours (qu’on souhaite le plus tard possible). Elle demande ensuite ou public de lever la main si c’est la première qu’on assiste à un de ses concerts. Nous ne sommes pas en majorité mais les nouveaux venus comme moi sont assez nombreux ce qui semble lui faire plaisir. Après ses débuts indépendants il y a plus de 10 ans, elle est ensuite passée sur un label majeur en connaissant un succès certain et des collaborations notables, avec Yonezu Kenshi (comme mentionné plus haut), mais aussi Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) pour le single Step-up Love (ステップアップ), un duo avec Beck, un passage à Kōhaku sur NHK, mais a ensuite fait le choix de revenir vers une voie plus alternative et loin du mainstream avec l’album Anima. Je pense qu’elle a fait le choix d’être proche de ce qu’elle recherche sans subir l’influence des labels. Ça doit être une raison pour laquelle son dernier album est auto-produit sur son label Tefu Tefu (てふてふ) comme le papillon de son logo, et plus sur la Major Toy’s Factory. Ce genre de transitions doit être source de nombreux doutes et questionnements et je comprends la joie, qu’elle nous transmet sur scène, d’être parmi des habitués qui la suivent tout au long de son parcours et parmi de nouveaux ’adhérents’ qui viennent de la découvrir par son nouvel album.
Le concert se termine avec les rappels composés de deux morceaux. Il aura fallu l’applaudir longtemps avant qu’elle revienne sur scène, car elle nous explique que la salle de repos et de préparation des artistes est située a l’étage et qu’elle s’est fait mal au dos il y a quelques jours ralentissant ses mouvements dans les escaliers. Je ne sais pas la véracité de cette excuse car elle n’avait pas du tout l’air d’avoir des douleurs au dos sur scène. Elle commence par le morceau BANG! de l’album Thank You Blue puis au final, NovemberWeddingDay de Slash & Burn. Elle nous explique qu’elle a écrit ce morceau pour sa grande sœur qui s’est mariée, mais qu’elle avait du mal adhérer vraiment à son propre morceau car elle est elle-même célibataire à 27 ans. Elle conclut finalement que ce morceau n’est pas vraiment une chanson de mariage mais un cri d’amour envers ses fans. Pour une raison technique assez floue, ou une erreur qu’elle aurait commis dans le texte, elle décide de chanter ce morceau une deuxième fois, et ça conclura ce superbe set. Et quand il est finalement l’heure de partir car les lumières se sont rallumées, je ne peux m’empêcher de passer par la boutique pour acheter un t-shirt reprenant le nom stylisé DAOKO à l’avant et le logo de papillon à l’arrière. Le nom stylisé de DAOKO n’utilise que des forme de triangles et des ronds pleins, ce qui correspond très bien avec les néons intérieurs de la salle WWW X, que je montre en photo ci-dessus pour me rappeler de cette correspondance involontaire. J’achète en fait assez souvent un t-shirt avant ou après un concert que je vais voir et, cette fois-ci, je le porte dès le lendemain pour regarder DAOKO à la télévision.
C’est assez surprenant de voir à la télévision un ou une artiste qu’on a vu le jour d’avant en concert. Elle était en fait invitée par Sheena Ringo pour interpréter en duo le morceau 余裕の凱旋 (a triumphant return) de son album Hōjōya (放生会), lors de l’émission With Music sur la chaîne Nippon Television (日テレ). Sheena Ringo et DAOKO étaient toutes les deux habillées de la même robe blanche avec inscriptions rouges en français, de boots surélevées et d’un chapeau de fanfare. Elles se ressemblaient même beaucoup sur scène avec une chevelure blonde similaire. Je suis comme fasciné par les photos de DAOKO dans cette tenue, car je trouve que ça lui va très bien même si ce n’est pas une tenue qui est en adéquation avec son style de musique, ni un style vestimentaire facilement portable dans la vie de tous les jours. Je ne sais pas si Ringo a fait le choix de cette tenue, mais je lui trouve un petit brin de magie. Ce n’est pas désagréable de voir Ringo et DAOKO chanter ensemble à la télévision, d’autant plus qu’il s’agit d’un des morceaux que je préfère de l’album, même si j’ai beaucoup de morceaux préférés sur l’album Hōjōya. Ringo avait écrit un message officiel pour donner ses impressions sur l’album Slash & Burn, sur DAOKO avait relayé sur Twitter avec une joie et une émotion non dissimulée. Je me demande quelle peut être pour DAOKO l’influence de ce duo avec Ringo sur les ventes de son album Slash & Burn. J’imagine qu’elle doit être très bénéfique. Ringo mentionnait sur son message qu’elle aimerait voir DAOKO en live, mais j’imagine bien qu’elle n’était pas présente dans la salle du WWW X, sinon on l’aurait très certainement remarquée. Je n’étais en tout cas pas mécontent de voir le batteur Yusuke Yoshida, échappé temporairement de Tricot, sur scène avec DAOKO. Je l’avais bien sûr entendu jouer lors du concert de Tricot le mois dernier, et c’était intéressant de le retrouver une nouvelle fois sur scène dans un configuration très différente. Sans surprise, il s’en est sorti merveilleusement bien. Il a l’air d’être doué en toute circonstance, en plus d’être sympathique bien qu’assez discret. Sur le morceau Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2), j’étais d’ailleurs assez surpris de l’entendre jouer du djembe, car je ne l’ai jamais vu jouer de ce genre de percussions africaines lors de concerts de Tricot.
La plupart des photographies ci-dessus ont été prises pendant le concert par le photographe Sei Shimura, qui était pas loin derrière moi car je me reconnais de dos à droite sur la première photographie du billet. DAOKO les a publié sur ses comptes Twitter et Instagram. Certaines de photos sont les miennes, nais il était interdit de photographier et de filmer pendant la durée du concert, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Ça devrait être même systématique, mais ça reste encore très largement la règle implicite au Japon.
Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la playlist du concert Slash & Burn tour 2024 de DAOKO au WWW X de Shibuya le 14 Juin 2024:
1. SLUMP de l’album Slash & Burn
2. Otogi no Machi (御伽の町) de l’album Anima
3. FTS de l’album Slash & Burn
4. MAD du EP MAD avec Yohji Igarashi
5. spoopy du EP MAD avec Yohji Igarashi
6. Abon (あぼーん) de l’album Slash & Burn
7. Nanchatte (なんちゃって) de l’album Slash & Burn
8. Ututu du EP UTUTU
9. BLUE GLOW de l’album Slash & Burn
10. Cinderella step de l’album Thank You Blue
11. Suisei (水星) de l’album Daoko
12. ONNA de l’album Slash & Burn
13. Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2) de l’album Slash & Burn
14. Fog de l’album HYPER GIRL (向こう側の女の子)
15. GAMEOVER de l’album Slash & Burn
16. Ai no Loss (愛のロス) de l’album Anima
17. fighting pose du EP the light of other days
18. Akame no Biru (赤目のビル) de l’album Slash & Burn
19. Sute chatte ne (捨てちゃってね) de l’album Slash & Burn
20. Uchiage Hanabi (打ち上げ花火) (DAOKO SOLO ver.) de l’album Shiteki Ryokō (私的旅行)
21. Tenshi ga ita yo (天使がいたよ) de l’album Slash & Burn
22. BANG! de l’album Thank You Blue
23. NovemberWeddingDay de l’album Slash & Burn
the whole is greater than the sum of its parts
Je fais le tour des photographies datant d’il y a un ou deux mois que je n’ai pas encore montrées sur ce blog et je tombe sur les trois premières prises dans le quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. J’aime beaucoup ce quartier autour de l’immense temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) posé sur une colline boisée et entouré en grande partie par des cimetières. Comme j’aime bien me le rappeler, les japonais naissent shintoïstes et meurent bouddhistes. Au pied de cette colline, on trouve une longue série de temples bordant une rue étroite. Celui de la deuxième photographie, par exemple, se nomme Kakugen-in (池上覚源院). Il s’agit d’un temple du courant Nichiren, tout comme Ikegami Honmonji, fondé en 1393 puis déplacé à son emplacement actuel en 1690 après plusieurs incendies. Un peu plus loin, on entre à l’intérieur d’un complexe lié au temple Daibō Hongyōji (池上大坊本行寺). J’aime beaucoup la pagode avec son toit angulaire inhabituel, situé à côté de la tombe du réalisateur de films Kenji Mizoguchi (溝口健二). Ça m’avait amusé quand le compte Instagram spécialisé en architecture de l’Autrichien Ken Ulrich, que je suis depuis longtemps sur Instagram sans l’avoir rencontré, montrait une photo de cette pagode sans aucunes indications de lieu. Je l’avais tout de suite reconnu et mentionné en commentaire à sa grande surprise. J’avais également reconnu une autre maison aux airs quelconques mais couvertes de verdure qu’il montrait sur un autre de ses comptes Instagram. Plus récemment, il montrait une autre maison étrange que j’avais également pris en photo il y a trois ans près du parc Inokashira. Je me suis retenu à lui laisser un commentaire indiquant je reconnaissais également cette maison, car j’ai eu peur de passer pour un maniaque de l’architecture qui reconnaît tous les endroits à chaque fois. Mais en écrivant ce texte maintenant, je me suis finalement convaincu à commenter sur sa photo. Je n’oublie pas la première photographie du billet. Je me suis demandé en prenant la photo si les gentils minions étaient seulement concentrés près de la fenêtre de ce petit immeuble d’appartements. Réflexion faite, je pense plutôt que l’appartement lui-même est rempli à raz-bord de minions, auquel cas il faudra éviter d’ouvrir la porte ou les fenêtres. Le spectacle imaginaire d’une effusion de minions m’a fait sourire quelques instants.
Je reviens ensuite vers le petit temple Saihōji (西方寺) que l’on trouve à Kōhoku (港北) dans la banlieue de Yokohama, celui où poussait un gigantesque arbre à mimosa. L’entrée principale du temple se compose d’une petite allée piétonne bordée d’un côté par des cerisiers. Nous sommes ce jour là bien avant le pic de floraison du début du mois d’Avril. L’ambiance de fin de journée et la tranquillité des lieux donnent l’impression, en regardant ces photographies maintenant, d’un petit monde à part. Le calme ambiant me donne l’impression que le temps s’est soudainement arrêté ici, dès qu’on a franchi la grande porte du temple. Nous ne sommes pas restés assez longtemps pour constater une courbure de la ligne de temps, mais je suis persuadé que si je m’étais assis sur le petit banc placé devant la grande porte, à regarder longuement les courbures de la toiture de chaume, le temps se serait ralenti mécaniquement. L’ennui est la seule manière de faire ralentir le temps qui passe. Je ne m’ennuie malheureusement jamais, car j’ai toujours des choses à faire ou à découvrir et le temps passe donc beaucoup trop vite pour moi. Je souhaiterais parfois que le temps s’arrête complètement pendant une journée entière pour me laisser assez de temps pour écrire, dessiner ou reprendre mes petits morceaux électroniques.
Côté musique, je reviens avec un grand plaisir vers la pop électronique hyper dynamique de KAF (花譜) avec un nouveau single intitulé Gestalt (ゲシュタルト) tiré du EP de trois titres GSA, pour Gestalt Swimmer From Apocalypse, sorti le 22 Mai 2024. Ce dynamisme est à chaque fois contagieux, car la voix de KAF arrive toujours à nous interpeller. En écoutant ce morceau, et en me rappelant que KAF avait chanté le générique de fin de la nouvelle série animée Ramu, je me dis que KAF pourrait très bien être le pendant artistique de Ramu, tant on reconnaît cette même tension électrique qui joue au chaud et au froid entre ‘kawaiisme’ et agressivité exacerbée. Ce survoltage vocal et musical est cependant tout à fait contrôlé car le chant de KAF défile au millimètre accompagné d’une composition musicale électro particulièrement aiguisée et efficace.