Je continue à marcher le soir dans les quartiers de Shibuya sans direction ni objectif très précis. Je me laisse mener par les lumières lorsqu’elles se font attirantes. Ce sont ces lumières que j’essaie de capturer du mieux que je le peux lorsqu’elles s’aventurent devant mon appareil photo. Avec un peu de chance, j’arrive à saisir quelques échantillons de ces lumières dansantes avant qu’elles ne s’échappent et s’évaporent dans la chaleur de la nuit. En musique, j’écoute en ce moment l’album To Lie Latent de la compositrice et interprète Smany, que je connaissais déjà pour son album suivant Illuminate sorti en 2020. Elle a sorti quelques singles en 2023 dont j’ai également parlé sur ce blog, mais pas de nouvel album depuis 4 ans. L’album To Lie Latent date de 2019 et se trouve être un regroupement de versions de morceaux sortis en indépendant sur ses trois albums précédents de 2013, 2014 et 2017 qu’on ne trouve d’ailleurs pas sur iTunes. To Lie Latent est donc en quelque sorte le véritable premier album de Smany et il annonce déjà le style teinté de mélancolie qu’on a le plaisir de trouver sur Illuminate et ses singles suivants. Je suis à chaque fois marqué par l’émotion qui se dégage de la musique et du chant de Smany et je me demande bien pourquoi je n’avais pas encore écouté cet album en entier. De cet album, j’ai d’abord écouté le morceau 2113 car l’artiste en a posté un extrait en version live sur un des réseaux sociaux et ce morceau m’a tout de suite beaucoup attiré. 2113 raconte une histoire fantastique où on lui annonce un matin par courier divin apporté par un messager que la terre va disparaître le jour même et qu’elle et son compagnon sont les seuls élus destinés à quitter la planète sur une arche de Noé en direction de la planète Mars (地球は終わりです、火星へもう逃げなさい), mais elle se pose des questions si elle pourra bien passer le reste de sa vie sur Mars avec son compagnon actuel. Cette réflexion qui prend le dessus sur la panique que devrait engendrer l’annonce de ce genre d’événements tragiques est inattendue et rend tout à fait surprenante cette petite histoire fantastique. La voix de Smany raconte cette histoire sur des nappes magnifiquement mystérieuses, et cette mise en scène me rappelle un peu le long morceau Hitotsuan d’Etsuko Yakushimaru (やくしまるえつこ). L’ambiance du morceau est très belle et c’est une constante de cet album. Avec le morceau Maboroshi, celui intitulé A quiet storm is passing by (静かな嵐は過ぎ去って) compte parmi les plus beaux de l’album. L’album démarrait par l’instrumental The Cycles Of Life qui est indiqué comme étant reminiscent de la musique de Sigur Rós et je trouve cette atmosphère un peu mystique présente sur d’autres morceaux comme A quiet storm is passing by. Et on a également le plaisir de retrouver le tabla d’U-Zhaan sur le morceau intitulé ・A・ .