the streets #6

Je continue tranquillement ma série the streets, redémarrée récemment par les épisodes #4 et #5. La plupart des photographies de ce sixième épisode ont été prises avec mon objectif 40mm pendant une même journée légèrement pluvieuse dans la rue Cat Street, avant l’ouverture de la plupart des magasins. Cette rue quasiment piétonne est coupée en deux par la grande avenue d’Omotesando qui voyait ce jour là un défilé de policières percussionnistes. À part ce défilé, je montre peu de personnes dans les rues, à part celles qui décident soudainement de se dévoiler au détour d’un immeuble et celles de moi-même quand j’autorise mon image à se refléter contre les baies vitrées (ici avec mon magnifiquement simple t-shirt de Daoko acheté lors du concert de Shibuya).

Le premier étage de la Lurf Gallery à Daikanyama est à la fois utilisé comme café et comme espace d’exposition. J’y jette régulièrement un coup d’œil pour voir si on y montre des choses intéressantes. On y exposait cette fois-ci une série de 13 illustrations de l’artiste Masanori Ushiki intitulée « Easy Telepathy II ». Je découvre cet artiste, que je ne connaissais pas. Je suis attiré par les motifs parfois étranges mélangés aux couleurs fortes des personnages qu’il dessine, qui les rendent tout à fait unique.

Cö Shu Nie vient de sortir son nouvel album intitulé 7 Deadly Guilt le 4 Septembre 2024. Je connaissais déjà deux titres sorti en avance, Artificial Vampire et Burn The Fire, dont J’avais déjà parlé dans des billets précédents. Je continue mon écoute de ce nouvel album en choisissant les morceaux qui m’intéressent le plus. J’y découvre ceux intitulés Where I Belong et I want it all. On y retrouve toute l’instabilité mélodique caractéristique de Cö Shu Nie, notamment dans le chant fantastique de Miku Nakamura (中村未来) quand il ne s’accorde pas sur des compositions classiques. Elle a une vision tout à fait unique de l’harmonie et ces deux morceaux en sont de bons exemples. La composition rock qui accompagne Miku est comme d’habitude pleine d’inattendu et souvent proche du match rock. Le compositrice et chanteuse o.j.o est pour sûr à suivre de très près. J’avais parlé et été épaté par son premier single Bah! sorti il y a quelques mois. Elle sort son deuxième single intitulé PEOPLE DEMON qui est excellent. Il faut rappeler que la jeune tokyoïte o.j.o est vraiment très jeune car elle est collégienne et n’a que 13 ans (?!). C’est tout à fait étonnant vu la qualité de ses compositions musicales, qui n’ont rien de classique comme sur son précédent single. Elle a suivi des cours de piano et de danse dès le plus jeune âge, et sa manière non-conventionnelle de danser est également un des points intéressants de la vidéo accompagnant le morceau. On peut lui prédire que des bonnes choses à l’avenir, vu qu’elle vient déjà d’être repérée par la chaîne YouTube The First Take que lui a donné l’opportunité de chanter 60 secondes de ses deux morceaux Bah! et PEOPLE DEMON. On se demande quand même pourquoi The First Take ne diffuse pas l’intégralité de sa performance.

La sortie d’un nouveau single de Tricot est une bonne nouvelle. Si je ne me trompe pas, le groupe n’avait rien sorti de nouveau depuis leur album Fudeki (不出来) datant de Décembre 2022. Avec Tricot, on sait toujours à peu près à quoi s’attendre et je ne suis en général jamais déçu. Le nouveau single Call (おとずれ) est sorti le 5 Octobre 2024 et je me suis tout de suite précipité pour l’écouter. Les premiers accords de guitare de Motifour Kida (キダ モティフォ) et la voix d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) nous ramènent tout de suite vers l’ambiance rock de Tricot que j’aime tant. Retrouver les accords très précisément agencés de Kida et la puissance de la batterie de Yosuke Yoshida (吉田雄介) quand il se lance franchement au milieu du morceau est un vrai plaisir. Je trouve que le chant d’Ikkyu arrive toujours à garder cette fraicheur des premiers albums, dont on ne se lasse pas. Je ne sais pas si la bassiste Hiromi (ヒロミ・ヒロヒロ) a participé à ce nouveau single, car elle est censée être en congé maternité. Tricot continue pourtant a tourner avec un bassiste d’appoint. Un point intéressant est que Hitsuji Bungaku (羊文学) est depuis quelques mois sans batteur car Hiroa Fukuda (フクダヒロア) est en repos prolongé, mais le groupe continuant à tourner assez intensément dans divers festivals et pour leur tournée 2024, un batteur de support rejoint régulièrement le groupe. Pour l’émission télévisée CDTV de la chaîne TBS le lundi 30 Septembre 2024, Hitsuji Bungaku a fait appel à Yosuke Yoshida pour être batteur d’appoint. Sachant que Yoshida jouait sur la tournée récente de Daoko, je me dis qu’il contribue à créer des liens entre les formations musicales que j’aime et que j’ai vu en live. Je me dis aussi que Hitsuji Bungaku a fait un petit bout de chemin depuis que je les ai vu la dernière fois. Leur tournée 2024 soft soul, prickly eyes en treize dates dans tout le Japon terminait par deux concerts au Tokyo Garden Theater qui a une capacité de 8000 personnes. En comparaison, la tournée 2023 if i were an angel à laquelle j’ai assisté se terminait par deux dates au Zepp Haneda qui ne fait que 3000 places. Si les nouvelles sorties côté Tricot restent assez éparses, ce n’est pas le cas pour Ikkyu Nakajima qui sort déjà son deuxième EP en solo. Après DEAD sorti en Mai 2024, voici LOVE qui vient juste de sortir le 25 Septembre 2024. Kentarō Nakao (中尾憲太郎), le bassiste de NUMBER GIRL, produit et joue de la basse sur les deux morceaux que je préfère du EP: EFFECT et By my side. Kentarō Nakao avait déjà produit des morceaux de Tricot et même participé à l’émission spéciale de 24h non-stop du groupe, donc sa présence auprès d’Ikkyu ne m’étonne pas beaucoup. Je suis par contre moins familier du musicien Cwondo (近藤大彗) de No Buses qui contribue aux deux morceaux LOVE et Ana (あな). La guitariste de Tricot, Motifour Kida, joue sur le dernier morceau Minority (未成年) accompagnée d’Emi Nishino (西野恵未) au piano. Sur ce morceau, les sons du piano et de la guitare se mélangent avec un équilibre bancal par moment assez bizarre. Le EP contient de nombreuses petites irrégularités harmoniques de ce genre et les incursions électroniques sont également fréquentes. C’est un EP réussi, même si je le trouve inégal, qui part vers d’autres horizons, plus intimes certainement, que ce qu’on peut entendre chez Tricot.

椎名さんのお耳に届くなら一層頑張りたい

Dans une interview sur le site web musical Mikiki de Tower Records au sujet de son nouvel EP LOVE, Ikkyu nous fait part du fait que sa collaboration avec Sheena Ringo sur le morceau Chirinuru wo (ちりぬるを) de son dernier album Hōjōya (放生会) avait en quelque sorte eu une influence sur son nouvel EP. Sheena Ringo lui avait dit qu’elle avait écouté et apprécié son EP précédent DEAD. Ikkyu a donc créé son nouvel EP en imaginant que Ringo l’écouterait peut-être et elle nous dit que ça l’a en quelque sorte poussé à s’appliquer. Je retranscris ci-dessous la partie de l’interview provenant du site Mikiki évoquant ce point en particulier. Cela me donne l’occasion d’utiliser l’open AI ChatGpt pour voir comment l’outil a évolué au niveau de la traduction de textes. Je pense qu’il se débrouille plutôt bien même s’il faut toujours lire le résultat avec attention (par exemple, ChatGpt traduit « 放生会 » en « Hōjōkai » plutôt que le correct « Hōjōya »).


Cette transcription sur ChatGpt m’a poussé à utiliser un peu plus l’outil en lui posant des questions très précises. J’ai pris le thème de cette collaboration passée entre Sheena Ringo et Ikkyu Nakajima pour l’interroger un peu plus. Connaissant déjà les réponses, cela m’a permis de vérifier où l’outil en est en terme d’auto-apprentissage sur des sujets très spécifiques, mais largement couverts sur internet. Il s’avère que l’outil a une base de données plus actuelle qu’auparavant mais fait de très nombreuses erreurs, en les annonçant parfois avec un aplomb qui nous forcerait presqu’à le croire. Je montre ci-dessous des captures d’écrans de ChatGpt pour illustrer le niveau de justesse de l’outil, et il reste pour moi très peu fiable et je dirais même à éviter.






L’avantage de l’intelligence artificielle serait pour moi de répondre à des sujets spécifiques qui ne sont pas immédiatement disponibles sur un site internet. Je vois qu’on en est encore loin. Je me contenterais peut-être de l’outil pour des traductions, qui me semblent à priori meilleures que sur Google Traduction.

8 commentaires

  1. Salut Frédéric,
    C’est super intéressant ton expérimentation. Malheureusement le résultat fait peur et je n’imagine même pas les implications d’un tel usage sans recul.
    Tiens ça me fait penser, j’ai reçu « The third atlas » hier. Je te ferai par de mon expérience dans le billet du 05/08 quand je l’aurai « lu ».

  2. Salut Nicolas, oui, c’était très intéressant cette petite expérimentation. Malheureusement, j’ai l’impression qu’il faut déjà avoir les réponses sur ce que l’on recherche pour être sûr que l’IA nous réponde quelque chose de correct. Je pense que ça peut être assez dangereux à utiliser. Après, je pose des questions très spécifiques et j’imagine que des sujets plus généraux sont beaucoup mieux documentés. Mais dans ces cas là, je préfère de toute façon aller sur Wikipedia que je considère comme fiable, même si certains disent qu’il peut également comprendre quelques erreurs.

    J’attends tes impressions sur The Third Atlas! Je ne suis pas non plus hermétique aux créations assistées par l’IA. Je découvre par exemple récemment les créations architecturales, parfois un peu utopiques, de Synthetic Architecture (Orzan Ertug & Pinar Ongun) sur Instagram. Ce compte montre des créations très originales et qui semblent tout à fait imaginables en réalité. Elles sont très sophistiquées et on ressent le temps passer à imaginer ses formes. Je pense que j’accroche car ils conçoivent et montrent l’extérieur et l’intérieur de ces bâtiments et que ceux-ci ont beaucoup de cohérence. Je me dis alors qu’il n’agit pas seulement d’une création ‘heureuse’ de l’IA, mais d’un réel travail de conception avant l’intervention de l’IA. Je pense que j’apprécie l’IA quand j’arrive à déceler une implication humaine forte de l’artiste. Tout ceci reste encore flou pour moi, mais je pense qu’à mesure que l’IA se développera, on arrivera à faire la différence entre une bonne création assistée par IA et une mauvaise. La frontière entre les deux restera peut-être assez subtile. Mais le véritable danger est celui des fausses images se prétendant être authentiques. On en finirait, par défaut, par ne plus croire ce que l’on voit.

  3. Salut Frédéric,
    Je trouve ça quand même super dérangeant que l’IA prenne le même travers que les hommes politiques. Plutôt que de dire qu’elle ne sait pas, elle affirme avec beaucoup trop d’aplomb des inexactitudes. Peut être faudrait-il qu’un indice de confiance soit développée pour permettre à l’utilisateur d’évaluer la pertinence de la réponse et le risque pris par l’utilisateur à accorder sa confiance dans l’outil.

    Je n’accorde pas beaucoup de temps à la lecture récemment mais je projette de feuilleter The Third Atlas un soir prochain en écoutant du Radiohead. Ces derniers temps je ne compte plus le nombre de fois où je vérifie si telle ou telle illustration/photo provient d’un réel travail humain ou réalisée par l’IA. J’ai toujours un sentiment partagé d’apprécier une illustration et constater a posteriori que c’est le fruit d’une IA. Un peu comme Will Smith qui apprécie la tarte cuisinée par le robot domestique alors qu’il pensait qu’elle avait été cuisinée par sa mère…Je n’ai tout simplement pas envie de réaliser que le Rubicon est franchi et que l’IA rivalise avec les hommes dans le domaine des arts graphiques (on pourrait parler de domination mais restons optimiste).

  4. Salut Nicolas, oui exactement et c’est peut être ce qui m’agace le plus dans les réponses que l’IA donne. On a l’impression que l’IA fait même un peu de zèle dans son exactitude pour nous laisser croire qu’elle connaît très bien son sujet. Le fait que tu mentionnes que tu vas écouter Radiohead en feuilletant le livre m’intrigue forcément Ahahah. S’agit il d’une sorte de rituel de découvrir des nouveaux ouvrages en écoutant Radiohead? Ou il y aurait il un nouvel album sans que je ne m’en aperçoive… Ceci étant dit, je n’ai pas encore écouté le nouvel album du groupe The Smile de Thom Yorke et Jonny Greenwood…

  5. Salut Frédéric,
    Radiohead a souvent accompagné mes lectures de récits post apocalyptiques ou futuristes malaisants tels que Blame! et plus récemment Fool Night. The Third Atlas est également pile dans le thème, ce qui m’offre une bonne raison de brasser une nouvelle fois leur discographie sur la période années 2000-2016. The Smile devrait m’apporter la même satisfaction mais je ne leur ai pas encore accordé autant de place lors de mes lectures. Quant au nouvel album, il me reste à le découvrir.
    Pour mon avis (court) sur The Third Atlas, je te propose de retourner sur le billet du 5 août !

  6. Salut Nicolas, je n’ai personnellement pas beaucoup l’habitude de découvrir des livres en écoutant de la musique, certainement parce que j’écoute plutôt aux écouteurs et que j’aurais un peu de mal à me concentrer suffisamment sur ce que je vois et lis. Ceci étant dit, j’imagine tout à fait l’ambiance que ça apporte en connaissant le graphisme accompagnant les albums de Radiohead, qui sont de véritable book. Lorsque j’avais redécouvert Radiohead il y a plusieurs années en achetant chaque CD, la découverte des livrets faisaient partie entière de d’expérience d’écoute. Dommage qu’il n’y ait pas plus de groupes ou artistes apportant autant de soins et de recherches à leur univers musical à travers la photographie et le graphisme.

  7. Re-salut,
    C’est vrai que Stanley Donwood pourrait être considéré comme le 7ème membre de Radiohead tant son apport est conséquent et indissociable désormais de l’univers radioheadien. (En supposant que Nigel Godrich…tu m’as compris…).
    A part Gorillaz et Stupeflip dans un tout autre genre, je n’ai effectivement pas beaucoup de référence d’un graphisme fort et indissociable de la musique.

  8. Salut Nicolas, cette suite de commentaires m’a fait relire un billet où je montrais deux pages du livret de The King of Limbs, qui reste pour moi assez emblématique de l’art accompagnant les albums de Radiohead.

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