un automne à Nagano (6)

La longue allée naturelle entourée de grands cèdres centenaires menant au sanctuaire Togakushi Okusha était jusqu’à maintenant droite et sans dénivelé. J’imaginais qu’elle allait rester ainsi jusqu’au sanctuaire, d’une manière similaire à la grande allée forestière du sanctuaire Kashima Jingū à Ibaraki, mais elle prend une légère pente alors que nous approchons maintenant du sanctuaire. Cette pente s’accentue fortement ensuite et une série d’escaliers de pierre irréguliers nous font progresser jusqu’au sanctuaire. Cette marche est en fait plus fatiguante que je l’imaginais, mais n’est en rien insurmontable. L’approche du sanctuaire perdu dans une forêt de montagne me rappelle notre visite récente et inoubliable du sanctuaire Tamaki sur la péninsule de Kii. J’y retrouve la même magie un peu mystique des lieux uniques comme celui-ci. On aperçoit finalement le sanctuaire au bout d’un dernier escalier, avec au loin les sommets du Mont Togakushi (戸隠山) déjà légèrement enneigés. Le contraste entre la neige au fond et les feuilles colorées de l’automne est magnifique. Le sanctuaire Okusha a été construit lors de la cinquième année de l’empereur Kōgen (孝元天皇), soit en l’an 210 BC, mais la tradition bouddhiste indique une pratique du Shugendō (修験道) à partir de l’an 849 AD, avant que le temple redevienne sanctuaire beaucoup plus tard pendant la restauration Meiji séparant Bouddhisme et Shintoïsme. Les textes anciens du Nihon Shoki (日本書紀) indique qu’un bâtiment était déjà installé à cet endroit autour de l’année 684. Le site a donc une très longue histoire que l’on devine en partie en observant les lieux, bien que le petit hall principal du Okusha ne soit pas très ancien. Nous y collecterons bien sûr le sceau goshuin, qui prouve, d’une certaine manière, que nous sommes bien venus jusqu’ici. L’atmosphère des lieux, où circule même un petit ruisseau, est tellement agréable qu’on ne voit pas le temps passer. Il faut pourtant penser au retour avant que la nuit ne tombe vers les 16h45. La descente est beaucoup plus aisée et on apprécie une nouvelle fois le long chemin rectiligne entre les grands cèdres. En chemin, on voit plusieurs panneaux nous rappelant de faire attention aux ours, mais nous n’en avons heureusement vu aucun. Il faut qu’on pense quand même de se munir d’une petite clochette pour notre prochaine marche en forêt. Nous avions par contre vu plusieurs daims à Tateshina sur une toute petite route de montagne nous amenant hier soir vers notre hôtel. Les daims n’avaient pas peur de notre voiture et semblaient relativement habitués à la présence humaine. La nuit tombe alors que nous regagnons une portion d’autoroute pour rejoindre notre dernière étape à Karuizawa.

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