we make noise

Aoyama Omotesando, le 28 Décembre 2024.

We make noise not clothes est le slogan de la marque UNDERCOVER (アンダーカバー) fondée par Jun Takahashi (高橋盾) en 1989 et qui est devenue une des marques représentatives de la scène underground de Harajuku à Tokyo (裏原宿系ブランド) dans les années 1990. We make noise not photos, Aurais-je envie de lui répondre, tant j’ai parfois du mal à me convaincre moi-même que mes photographies en sont vraiment. Elles participent certainement au bruit ambiant mais je ne pense pas qu’elles permettent d’atteindre un état de plénitude lorsqu’on les regarde. Il me reste un état permanent d’insatisfaction car il y manque souvent quelque chose pour pouvoir les qualifier de photographie dans le sens étymologique d’écriture avec la lumière. L’histoire qu’on aurait envie d’écrire en regardant ces photographies manque souvent. Voici donc une série de photographies certainement inutiles prises à Aoyama juste avant la fin de l’année dernière, venant participer au bruit numérique stocké sur des serveurs installés à l’autre bout du monde. Je me pose souvent la question de ne montrer qu’une seule photographie par billet. J’ai à chaque fois beaucoup de mal à m’y résoudre et je ne sais quelle partie de mon cerveau en est responsable, la partie droite créative ou la partie gauche logique. Le relatif bon équilibre entre ces deux parties de mon cerveau m’empêche peut-être de partir vers des envolées créatrices disruptives. Le déséquilibre crée cet environnement créatif. Peut-être que la musique que j’écoute pourrait agir sur la partie gauche de mon cerveau pour me pousser vers ces idées créatives inattendues. C’est une bonne raison pour écouter des choses diverses et variées, sans à priori, lorsqu’elles ont une originalité évidente, et je dirais même, divergente. A ce propos, je parle ici d’absolument tout ce que j’écoute, sauf oubli involontaire, car il n’y a rien pour moi d’inavouable. Et quand je regarde parfois ma playlist, je m’étonnerais presque moi-même des grands écarts que je peux parfois faire entre les genres. Peut être s’agit il là du principal intérêt de Made in Tokyo.

J’avais déjà parlé dans un billet récent du single TOKYO神VIRTUAL de Minami Hoshikuma (星熊南巫), qui me fascine complètement à force de l’écouter. J’ai ensuite écouté en entier le EP du même nom qui s’avère excellent au point où j’ai du mal à m’en passer. L’ambiance créée sur la plupart des morceaux, entre bruits numériques et accroches pop, est vraiment intéressante. Le morceau tears in rain ;( avec CVLTE mélange une certaine mélancolie entourant le phrasé rap de CVLTE et de Minami Hoshikuma, et une envolée pop imparable dans le refrain. C’est un excellent morceau tout comme celui qui suit, ERA, et celui qui le précède, DIVE, qui ont une logique de composition un peu similaire. Minami Hoshikuma chante en anglais avec un brin d’auto-tune venant lisser un peu sa voix. Je ne suis pas certain de savoir si l’auto-tune est vraiment nécessaire mais il participe en tout cas assez bien à l’ambiance futuro-underground (pour ne pas dire cyberpunk) qui entoure sa musique et qu’elle suggère sur l’image numérique façon cyborg servant de couverture au EP. L’ambiance générale reste assez sombre mais l’incursion soudaine de cris de chats sur le morceau ERA m’amuse beaucoup et nous rappelle le nom de son autre projet D̴E̷A̷T̴H̴N̷Y̵A̶N̴N̷. Je ressens une passion certaine dans son chant qui est captivante sur chacun des morceaux, même ceux comme NEJEM qui demandent quelques écoutes pour en apprécier toute la teneur. Le EP dans son ensemble est dense musicalement et en fait assez différent du minimalisme rythmique du morceau titre. Je ne peux que le conseiller à ceux qui se laissent influencer par mes recommandations musicales. Pour ne rien vous cacher, je sais que la majorité des visiteurs s’intéressent avant tout aux photographies de Tokyo que je montre sur mes billets, mais personnellement, c’est la musique dont je parle qui m’intéresse la plus sur mes propres billets. Ce n’est pas complètement illogique, car après avoir vu et revu mes photographies sur ordinateur, elles ne m’intéressent déjà plus beaucoup lorsque je les publie dans un nouveau billet.

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