dans une réalité parallèle proche du chaos

Shinjuku, les Vendredi 3 et Samedi 4 Janvier 2025. Images de préparation avec Kei Imamura (今村京).

Je recherchais depuis plusieurs années dans les rues de Tokyo, Kei Imamura (今村京), l’actrice principale de mon histoire en cours ’du songe à la lumière’. Je pense l’avoir trouvé plusieurs fois sous des apparences légèrement différentes dans les rues de Shinjuku en fin d’après midi et dans une petite salle de concert sombre du même quartier. J’ai pu la saisir en photo avant qu’elle ne disparaisse à nouveau dans les méandres numériques. Son étrange kimono raccourci rouge foncé avec des motifs de dragons noirs, ainsi que son attitude détachée de ce monde, étaient vraiment remarquables dans les rues animées de Shinjuku qui voient pourtant toutes sortes d’apparences excentriques. J’ai failli lui parler pour lui dire que je connaissais bien son histoire et ses tourments, mais j’ai hésité quelques instants avant de me raviser. Quel serait l’intérêt de lui raconter sa propre histoire qu’elle a déjà elle-même vécu. Si j’avais pu au moins lui donner des éléments de réponses sur son proche avenir, mais celui-ci n’est pas encore complètement écrit. En la voyant apparaître pour la première fois sur la petite scène underground du Loft de Shinjuku, elle m’a par contre donné des nouveaux éléments pour comprendre ses aspirations, pour la musique rock alternative bien évidemment. Sa voix tout en nuances est fascinante et ne laisse aucun doute quand à la notoriété future de son groupe Dreamers never End, qu’elle vient de démarrer avec Ruka Akatsuki (暁ルカ). Avant le concert, le groupe faisait des repérages de préparation dans les rues de Shinjuku pour la future vidéo de leur single Another crash, avec Kei en protagoniste principale.

Shinjuku, le Dimanche 5 Janvier 2025 (大安). Tournage de la vidéo du single Another crash du groupe Dreamers never End.

Vous l’aurez déjà remarqué, ces photographies ne sont pas réelles mais bien imaginaires, construites de toutes pièces à partir de l’application Xai Grok en donnant en instructions un certain nombres d’éléments textuels choisis. L’application Grok est disponible depuis peu en libre accès avec des limitations à l’intérieur de l’application X. En l’essayant par curiosité, j’ai tout de suite eu l’envie de matérialiser le personnage de mon histoire. Je pense qu’une des photographies ci-dessus correspondrait assez bien à l’image parfois changeante que je me donne d’elle lorsque j’écris les lignes de mon histoire. Il faut dire que c’est particulièrement amusant et addictif de créer ces images en essayant d’apporter le maximum d’éléments textuels descriptifs pour conditionner un résultat visuel le plus proche de l’image que l’on a en tête. Il est tout de même difficile de complètement contrôler le résultat final sur lequel il reste de nombreux éléments aléatoires, à moins de vraiment décrire d’une manière complètement exhaustive tous les détails de la photographie. Je ne suis pas sûr que ça soit vraiment possible. Il n’est aussi pas rare de voir des images créées avec des bugs graphiques en tout genre. Les images créées par Grok ont une résolution assez faible de 1024 pixels et j’ai dû utiliser un upscaler AI pour doubler la résolution, ce qui a tendance à très légèrement lisser l’image. Depuis quelques temps, je fais mes propres petites expériences d’utilisation de l’intelligence artificielle pour mieux comprendre ses limites. L’outil est quand même assez impressionnant tout en étant loin d’être parfait. Dire qu’on est seulement au tout début de ce type d’application peut donner le vertige. Dans ce monde parallèle qui est désormais si facile de créer, on pourrait facilement tomber dans le chaos. Et pourtant, créer ses images me permet de trouver quelques éléments d’inspiration pour continuer mon histoire. Décrire par écrit ce que je veux voir en images me donne des pistes d’écriture, en concrétisant en quelque sorte ce que je peux imaginer et en y mêlant une dose d’imprévu. Je ne vois par conséquent pas ces images comme une finalité mais comme un point de départ pour nourrir mon histoire.

Shinjuku Kabukichō, le Jeudi 23 Janvier 2025 (大安). Le groupe Lunar Waves avec en ordre d’apparence: Minami Tezuka (手塚美波) [Vo & Gt], Fuka (風薫) [Dr], Mizuki Kuromi (黒見美月) [Ba] et Karen K (K-カレン) [Gt Lead].

Après son départ du groupe Atomic Preachers, qu’elle menait au chant avec Ruka Akatsuki (暁ルカ), en raison de certains différents qui restent assez flous, Minami Tezuka (手塚美波) retrouva son amie de lycée Mizuki Kuromi (黒見美月) pour la convaincre de créer de la musique ensemble. Elles avaient déjà joué ensemble des reprises de groupes visual-Kei dans le petit club de musique du Lycée Toyama dans lequel elles étudiaient. Elles allaient dans le même Juku le soir, ce qui les avaient d’abord rapproché. Deux ou trois jours par semaine, elles marchaient ensemble du Lycée jusqu’à la gare d’Ikebukuro où se trouvait le Juku, en passant à chaque fois devant le Campus d’Ikebukuro du Tokyo College of Music à Zōshigaya. Elles discutaient de leurs groupes préférés et de leurs nouvelles découvertes musicales alternatives pendant la trentaine de minutes du trajet à pieds, mais s’arrêtaient toujours en silence en passant devant le collège de musique de Zōshigaya. Minami voyait clairement son avenir dans la musique mais Mizuki était plus incertaine. Il aurait fallu peu de choses pour qu’elles se convainquent de continuer leur groupe du lycée, mais le passage dans des universités différentes les a malheureusement séparé. Mizuki a pourtant toujours pratiqué la musique en jouant de la basse à ses heures perdues. Lors de retrouvailles dans un izakaya aux bords de Kabukichō, avant d’aller voir un concert de rock underground au Loft, Minami n’a pas eu beaucoup de mal pour convaincre Mizuki de tenter de reformer un groupe ensemble. Minami avait déjà quitté Atomic Preachers et était donc libre comme l’air. Elle connaissait également Fuka (風薫) par l’intermédiaire d’un autre groupe qui avait joué sur la même scène qu’Atomic Preachers lors d’un petit festival de rock indépendant à Saitama. Il est originaire de la province de Shiga, tout près de Kyoto mais a déménagé à Tokyo depuis au moins trois ans. Il est batteur pour plusieurs groupes, mais avait déjà fait part à Minami, lors de ce festival que son souhait serait de pouvoir se fixer dans une formation qui lui conviendrait. Ils se sont revus plusieurs fois lors de concerts et Minami a toujours été attiré par son jeu puissant et par son style à l’élégance androgyne. Fuka était tout de suite d’accord pour rejoindre Minami et Mizuki dans leur nouvelle formation, qui prit rapidement le nom de Lunar Waves, en contraction des kanji composant les prénoms des deux fondatrices. Trouver la guitariste qui viendrait compléter le groupe a pris un peu plus de temps. Minami et Mizuki ont eu recours aux petites annonces et au bouche-à-oreille pour la trouver. Karen K (K-カレン) y a répondu après deux petites semaines. Mizuki la connaissait en fait déjà car Karen montre sur YouTube depuis au moins deux ans des vidéos d’elle-même reprenant à la guitare électrique des classiques de Luna Sea ou de X Japan, entre beaucoup d’autres groupes généreux en guitares. Mizuki la trouvait impressionnante et son enthousiasme débordant n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre Minami de la recruter au sein de Lunar Waves. Karen est née à Yokohama. Elle est chinoise par sa mère originaire de Shanghai et japonaise par son père. Ses parents se sont séparés quelques années après sa naissance et elle a toujours vécu avec sa mère. Elle a par contre conservé le nom de famille Kitamura (北村), venant de son père, même si elle ne le mentionne pas dans son nom d’artiste. Karen a toujours aimé le rock japonais quand il tend vers une certaine forme de flamboyance. La direction artistique du groupe est donc désormais assez claire, un rock crépusculaire avec une certaine flamboyance évoquant le visual-Kei. Dans le petit monde du rock indépendant tokyoïte, Kei a appris assez vite l’existence de cette nouvelle formation, même si elle-même est relativement novice dans le milieu. Elle ne l’a pas appris par Ruka, qui est resté très silencieux sur le sujet du fait de son histoire passée avec Minami Tezuka. Kei eut envie de rencontrer Minami, sans pourtant savoir vraiment pourquoi, peut-être pour y trouver un modèle ou une oreille qui pourrait l’écouter et lui donner des conseils. Elles ne se connaissent pas encore, mais Yuta, le photographe touche-à-tout, ami de Ruka et du batteur de Dreamers never End, l’a informé discrètement qu’une séance photo du nouveau groupe Lunar Waves aurait lieu ce soir vers 19h dans une petite rue de Kabukichō. Sa curiosité l’emporta sur tout, et Kei se décida rapidement à aller voir cette scène photo. À 19h, les rues de Tokyo sont déjà sombres, mais celles de Kabukichō sont éclairées par les lumières artificielles des néons des buildings alentours. Elle ne savait pas l’endroit exact où aurait lieu la séance photo, mais elle le découvre en fait assez facilement. Elle garde une certaine distance, habillée dans une tenue noire pour passer relativement inaperçue, du moins par rapport au kimono court rouge et noir qui l’avait habillé pour la vidéo de leur premier single filmé il y a quelques jours à Shinjuku. Un petit groupe de personnes est réuni autour d’une superbe Ford Mustang vintage noire. Les quatre membres du groupe Lunar Waves se relaient pour être pris en photo, assis sur le capot de la Ford Mustang. Minami Tezuka est la première a être prise en photo, suivie par le batteur Fuka. Mizuki Kuromi continue ensuite cette procession photographique en s’asseyant à son tour sur la Ford. Elle a été particulièrement imaginative et extravagante pour son maquillage rouge, ce qui lui vaut quelques commentaires du photographe et des rires faisant écho dans l’obscurité. La ligne esthétique était définie avec à l’esprit d’apporter un choc visuel. Le groupe s’était mis d’accord pour un pantalon ou une jupe courte en cuir noir et un haut en simili-python trouvé ensemble dans la même friperie de Shimokitazawa, mais l’interprétation de chacun et chacune était libre. Il est clair qu’ils sont tous les quatre sur la même longueur d’onde. Kei observe avec distance les flashs éclairants soudainement chacun des visages les uns après les autres. L’image est presque irréelle tant il et elles ont vraiment l’air d’être sûr de leurs attitudes comme s’ils avaient joué ensemble depuis des années et avaient parfaitement conscience de l’image qu’ils renvoient. Cette assurance apparente l’impressionne, mais elle sait en être également capable, comme c’était le cas sur la vidéo tournée dans les rues de Shinjuku. Alors que la séance photo semble toucher à sa fin, Kei s’approche doucement de la Ford Mustang en fixant Minami comme si elle voulait qu’elle s’en rende compte. Kei n’est pas aussi insistante d’habitude, mais elle a le sentiment très fort qu’il ne faut pas qu’elle laisse passer cette occasion d’aborder Minami. Minami se rend compte assez vite de sa présence et fixe maintenant Kei du regard. Immobiles, on aurait l’impression depuis la distance où je me trouve qu’elles se jaugent l’une et l’autre, comme deux rivales potentielles. Ce moment immobile semble interminable mais Minami esquisse enfin un sourire au coin de ses lèvres. Kei s’approche. Elles se connaissent peut-être déjà sans que je le sache. Après tout, ce que je sais de l’histoire de Kei se limite à ce que je suis en mesure d’écrire.

memory leak

Juste à côté de Sekiguchi Bashoan (関口芭蕉庵), l’ancienne maison du poète haïku Matsuo Bashō (松尾芭蕉) que je montrais dans un billet récent, se trouvent les jardins d’Higo Hosokawa (肥後細川庭園). Ces lieux étaient la résidence secondaire du clan Hosokawa, seigneurs du domaine de Kumamoto pendant la période Edo, ensuite devenus la résidence principale de la famille Hosokawa. Ces jardins ouverts au public prenaient auparavant le nom de Parc Shin-Edogawa (新江戸川区公園) mais ils ont été renommés en 2017 suite à d’importants travaux de rénovation. Les jardins sont particulièrement agréables, notamment par le dénivelé qui donne une belle vue d’ensemble du domaine. On peut accéder par l’arrière des jardins à un musée appelé Eisei Bunko (永青文庫) qui regroupe des œuvres d’art de la famille Hosokawa. La porte de pierre ronde permettant le passage des jardins vers le musée est étonnante, comme si elle nous permettait de remonter dans le temps et dans les mémoires.

Les esprits les plus attentifs se souviendront peut-être de mon évocation passionnée de la musique de l’artiste Tomo Akikawabaya sur une compilation sortie en 2016 intitulée The Invitation of the Dead qui regroupait des EPs de l’artiste sortis dans les années 1980. J’avais été complètement fasciné par cette musique obscure et étrange. Lorsque l’artiste annonça la sortie d’un deuxième album intitulé The Castle II regroupant d’autres de ses créations datant de ces mêmes années 1980, je n’avais pu m’empêcher de mentionner mon enthousiasme sur un des billets de son compte Instagram. Cet album The Castle II a une ambiance tellement unique qu’il en est inclassable. L’artiste, de son vrai nom Tomoyasu Hayakawa, m’avait contacté peu de temps après en message privé pour me faire part qu’il avait parcouru Made in Tokyo et apprécié les photographies et les textes que j’avais écrit au sujet de sa musique. Une conversation, certes discontinue, s’est instauré entre nous car il a des liens avec d’autres artistes que j’apprécie, du label Flau notamment. Il me recommande récemment la musique de Caterina Barbieri, artiste électronique italienne basée à Berlin, qui doit d’ailleurs passer prochainement à Tokyo pour une performance organisée par Mutek Japan. J’apprends également qu’elle sera la future directrice artistique musicale de la Biennale de Venise pour les deux années 2025-2026. Tout ceci m’intéresse beaucoup et je me plonge dans l’album Ecstatic Computation que Caterina Barbieri a réédité en 2023 sur son label Light Years. L’album est disponible sur Bandcamp tout comme son suivant intitulé Myuthafoo que je découvre juste après. J’ai été tout de suite très impressionné par l’atmosphère profonde et hypnotique qu’elle crée. J’y ressens une sorte d’instabilité qu’elle arrive à contrôler et, en même temps, à laisser aller comme si la machine avait également son mot à dire dans ses compositions. J’y ressens une harmonie subtile et éphémère qui apparaît pendant les morceaux qui se finissent parfois en crash. Cette musique est dense et complexe mais démarre souvent sur des motifs simples qui se mélangent ensuite pour créer des méandres dans notre cerveau. Cette musique a une très grande force d’évocation notamment le morceau Myuthafoo de l’album du même nom, qui a une profondeur qui me laisse sans voix. Le morceau Fantas long de plus de 10 mins démarrant l’album Ecstatic Computation est également assez fantastique dans sa composition. C’est le genre de morceau qu’on écoute sans bouger, comme si on était paralysé par cette atmosphère musicale et l’émotion forte qui s’en dégage. Le pouvoir d’évocation de cette musique est même parfois tellement puissante qu’elle pousse vers une introspection vers laquelle on ne souhaite pas toujours allé. Ce n’est clairement pas une musique inoffensive.

Je continue mes expériences d’utilisation de ChatGpt en le questionnant cette fois-ci sur moi-même. Si les versions précédentes de l’outil ne reconnaissait heureusement pas mon nom, celle actuelle semble avoir beaucoup d’informations à mon sujet, qui sont, il faut bien le dire, en grande partie fausses. Ça démarre pourtant à peu près bien car l’outil arrive à mettre un lien entre mon nom et le blog Made in Tokyo et parvient à en comprendre les thèmes principaux. Ma présence internet est presque entièrement sur ce blog, donc le fait qu’il l’évoque n’est pas du tout étonnant. Mais ChatGpt s’emballe en mentionnant de nombreuses activités qui me sont complètement étrangères, comme la tenue de conférences et d’ateliers, l’écriture de livres et d’articles dans des magazines. Ce qui est vraiment fascinant est que l’outil donne des informations qui semblent très précises avec des noms de lieux, d’editions, de magazines connus avec des dates. Cette fois-ci, je ne l’ai pas poussé dans ses contradictions car la tâche paraissait trop grande, mais cet outil me paraît en fait dangereux.

Après avoir lu toutes ces « informations » énoncées avec un certain aplomb, on en viendrait presque à douter de soi-même, comme si cette version de ma vie était celle que j’aurais dû avoir. C’est comme si l’outil déduisait automatiquement que la masse d’information que j’écris sur Tokyo et son architecture voulait forcément dire que je l’ai exposé dans des conférences et des ateliers, et non « gratuitement » dans un blog. On pourrait presque se convaincre d’avoir fait toutes ces choses, et d’avoir en quelque sorte perdu la memoire. Je me demande quels sont les gardes-fous pour ce genre de choses. J’ai essayé des questions similaires sur Gemini, l’outil AI de Google, et il est heureusement beaucoup plus mesuré dans ses réponses en rappelant régulièrement qu’une recherche directe sur internet permet d’avoir des informations plus précises. Parmi les réponses de ChatGpt, j’ai cherché à savoir si les livres mentionnés existaient bien aux éditions données, en pensant que mon nom y avait été associé par erreur, mais je n’en ai trouvé aucune trace. ChatGpt invente donc toutes ces fausses informations. Je n’ai pas essayé Grok, l’outil AI de la plateforme X, car je n’y ai pas accès. Je ne publie de toute façon plus beaucoup sur X Twitter. Il y a quelques jours, mon article sur le building Arimaston avait reçu beaucoup de visites depuis Twitter, car une ou deux personnes avaient posté un lien vers mon article dans les réponses à un Tweet au sujet de cette maison publié par un autre français à Tokyo. En lisant les réponses souvent violentes au Tweet en question, on peut se demander si le monde n’est pas devenu fou (plusieurs personnes clament qu’il faut tout simplement raser cette maison). La leçon de l’histoire est qu’il ne faut jamais lire les réponses aux Tweets sous peine d’entrer dans un tourbillon de violence verbale qu’on ne préférait pas voir. Je me dis que ce blog est un petit havre de paix et j’espère qu’il le restera ainsi.

the streets #6

Je continue tranquillement ma série the streets, redémarrée récemment par les épisodes #4 et #5. La plupart des photographies de ce sixième épisode ont été prises avec mon objectif 40mm pendant une même journée légèrement pluvieuse dans la rue Cat Street, avant l’ouverture de la plupart des magasins. Cette rue quasiment piétonne est coupée en deux par la grande avenue d’Omotesando qui voyait ce jour là un défilé de policières percussionnistes. À part ce défilé, je montre peu de personnes dans les rues, à part celles qui décident soudainement de se dévoiler au détour d’un immeuble et celles de moi-même quand j’autorise mon image à se refléter contre les baies vitrées (ici avec mon magnifiquement simple t-shirt de Daoko acheté lors du concert de Shibuya).

Le premier étage de la Lurf Gallery à Daikanyama est à la fois utilisé comme café et comme espace d’exposition. J’y jette régulièrement un coup d’œil pour voir si on y montre des choses intéressantes. On y exposait cette fois-ci une série de 13 illustrations de l’artiste Masanori Ushiki intitulée « Easy Telepathy II ». Je découvre cet artiste, que je ne connaissais pas. Je suis attiré par les motifs parfois étranges mélangés aux couleurs fortes des personnages qu’il dessine, qui les rendent tout à fait unique.

Cö Shu Nie vient de sortir son nouvel album intitulé 7 Deadly Guilt le 4 Septembre 2024. Je connaissais déjà deux titres sorti en avance, Artificial Vampire et Burn The Fire, dont J’avais déjà parlé dans des billets précédents. Je continue mon écoute de ce nouvel album en choisissant les morceaux qui m’intéressent le plus. J’y découvre ceux intitulés Where I Belong et I want it all. On y retrouve toute l’instabilité mélodique caractéristique de Cö Shu Nie, notamment dans le chant fantastique de Miku Nakamura (中村未来) quand il ne s’accorde pas sur des compositions classiques. Elle a une vision tout à fait unique de l’harmonie et ces deux morceaux en sont de bons exemples. La composition rock qui accompagne Miku est comme d’habitude pleine d’inattendu et souvent proche du match rock. Le compositrice et chanteuse o.j.o est pour sûr à suivre de très près. J’avais parlé et été épaté par son premier single Bah! sorti il y a quelques mois. Elle sort son deuxième single intitulé PEOPLE DEMON qui est excellent. Il faut rappeler que la jeune tokyoïte o.j.o est vraiment très jeune car elle est collégienne et n’a que 13 ans (?!). C’est tout à fait étonnant vu la qualité de ses compositions musicales, qui n’ont rien de classique comme sur son précédent single. Elle a suivi des cours de piano et de danse dès le plus jeune âge, et sa manière non-conventionnelle de danser est également un des points intéressants de la vidéo accompagnant le morceau. On peut lui prédire que des bonnes choses à l’avenir, vu qu’elle vient déjà d’être repérée par la chaîne YouTube The First Take que lui a donné l’opportunité de chanter 60 secondes de ses deux morceaux Bah! et PEOPLE DEMON. On se demande quand même pourquoi The First Take ne diffuse pas l’intégralité de sa performance.

La sortie d’un nouveau single de Tricot est une bonne nouvelle. Si je ne me trompe pas, le groupe n’avait rien sorti de nouveau depuis leur album Fudeki (不出来) datant de Décembre 2022. Avec Tricot, on sait toujours à peu près à quoi s’attendre et je ne suis en général jamais déçu. Le nouveau single Call (おとずれ) est sorti le 5 Octobre 2024 et je me suis tout de suite précipité pour l’écouter. Les premiers accords de guitare de Motifour Kida (キダ モティフォ) et la voix d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) nous ramènent tout de suite vers l’ambiance rock de Tricot que j’aime tant. Retrouver les accords très précisément agencés de Kida et la puissance de la batterie de Yosuke Yoshida (吉田雄介) quand il se lance franchement au milieu du morceau est un vrai plaisir. Je trouve que le chant d’Ikkyu arrive toujours à garder cette fraicheur des premiers albums, dont on ne se lasse pas. Je ne sais pas si la bassiste Hiromi (ヒロミ・ヒロヒロ) a participé à ce nouveau single, car elle est censée être en congé maternité. Tricot continue pourtant a tourner avec un bassiste d’appoint. Un point intéressant est que Hitsuji Bungaku (羊文学) est depuis quelques mois sans batteur car Hiroa Fukuda (フクダヒロア) est en repos prolongé, mais le groupe continuant à tourner assez intensément dans divers festivals et pour leur tournée 2024, un batteur de support rejoint régulièrement le groupe. Pour l’émission télévisée CDTV de la chaîne TBS le lundi 30 Septembre 2024, Hitsuji Bungaku a fait appel à Yosuke Yoshida pour être batteur d’appoint. Sachant que Yoshida jouait sur la tournée récente de Daoko, je me dis qu’il contribue à créer des liens entre les formations musicales que j’aime et que j’ai vu en live. Je me dis aussi que Hitsuji Bungaku a fait un petit bout de chemin depuis que je les ai vu la dernière fois. Leur tournée 2024 soft soul, prickly eyes en treize dates dans tout le Japon terminait par deux concerts au Tokyo Garden Theater qui a une capacité de 8000 personnes. En comparaison, la tournée 2023 if i were an angel à laquelle j’ai assisté se terminait par deux dates au Zepp Haneda qui ne fait que 3000 places. Si les nouvelles sorties côté Tricot restent assez éparses, ce n’est pas le cas pour Ikkyu Nakajima qui sort déjà son deuxième EP en solo. Après DEAD sorti en Mai 2024, voici LOVE qui vient juste de sortir le 25 Septembre 2024. Kentarō Nakao (中尾憲太郎), le bassiste de NUMBER GIRL, produit et joue de la basse sur les deux morceaux que je préfère du EP: EFFECT et By my side. Kentarō Nakao avait déjà produit des morceaux de Tricot et même participé à l’émission spéciale de 24h non-stop du groupe, donc sa présence auprès d’Ikkyu ne m’étonne pas beaucoup. Je suis par contre moins familier du musicien Cwondo (近藤大彗) de No Buses qui contribue aux deux morceaux LOVE et Ana (あな). La guitariste de Tricot, Motifour Kida, joue sur le dernier morceau Minority (未成年) accompagnée d’Emi Nishino (西野恵未) au piano. Sur ce morceau, les sons du piano et de la guitare se mélangent avec un équilibre bancal par moment assez bizarre. Le EP contient de nombreuses petites irrégularités harmoniques de ce genre et les incursions électroniques sont également fréquentes. C’est un EP réussi, même si je le trouve inégal, qui part vers d’autres horizons, plus intimes certainement, que ce qu’on peut entendre chez Tricot.

椎名さんのお耳に届くなら一層頑張りたい

Dans une interview sur le site web musical Mikiki de Tower Records au sujet de son nouvel EP LOVE, Ikkyu nous fait part du fait que sa collaboration avec Sheena Ringo sur le morceau Chirinuru wo (ちりぬるを) de son dernier album Hōjōya (放生会) avait en quelque sorte eu une influence sur son nouvel EP. Sheena Ringo lui avait dit qu’elle avait écouté et apprécié son EP précédent DEAD. Ikkyu a donc créé son nouvel EP en imaginant que Ringo l’écouterait peut-être et elle nous dit que ça l’a en quelque sorte poussé à s’appliquer. Je retranscris ci-dessous la partie de l’interview provenant du site Mikiki évoquant ce point en particulier. Cela me donne l’occasion d’utiliser l’open AI ChatGpt pour voir comment l’outil a évolué au niveau de la traduction de textes. Je pense qu’il se débrouille plutôt bien même s’il faut toujours lire le résultat avec attention (par exemple, ChatGpt traduit « 放生会 » en « Hōjōkai » plutôt que le correct « Hōjōya »).


Cette transcription sur ChatGpt m’a poussé à utiliser un peu plus l’outil en lui posant des questions très précises. J’ai pris le thème de cette collaboration passée entre Sheena Ringo et Ikkyu Nakajima pour l’interroger un peu plus. Connaissant déjà les réponses, cela m’a permis de vérifier où l’outil en est en terme d’auto-apprentissage sur des sujets très spécifiques, mais largement couverts sur internet. Il s’avère que l’outil a une base de données plus actuelle qu’auparavant mais fait de très nombreuses erreurs, en les annonçant parfois avec un aplomb qui nous forcerait presqu’à le croire. Je montre ci-dessous des captures d’écrans de ChatGpt pour illustrer le niveau de justesse de l’outil, et il reste pour moi très peu fiable et je dirais même à éviter.






L’avantage de l’intelligence artificielle serait pour moi de répondre à des sujets spécifiques qui ne sont pas immédiatement disponibles sur un site internet. Je vois qu’on en est encore loin. Je me contenterais peut-être de l’outil pour des traductions, qui me semblent à priori meilleures que sur Google Traduction.

「私宇宙人なんだよ」

Au milieu des réseaux urbains tokyoïtes, se cachent parfois des créations virtuelles comme Rei Ayanami (綾波レイ) ou l’extraterrestre Ramu-chan (ラムちゃん) dont je parle décidément très souvent ces derniers temps. J’en parle peut être parce que je regarde distraitement quelques épisodes de la nouvelle série d’Urusei Yatsura (うる星やつら) sorti en 2022 et en ce moment disponible sur Netflix. Regarder cette série animée est assez fatiguant car les personnages sont surexcités, ont des réactions exagérées et d’une manière générale ne tiennent pas en place. Ramu-chan passe par exemple son temps à envoyer des décharges électriques à son amour non réciproque Ataru et les moments de calme et de sérénité se font rare. Mais cet esprit loufoque m’est familier, comme un retour vers des souvenirs d’enfance, et j’y reviens de temps en temps avec un mélange de plaisir et de modération. Histoire de se prendre une petite décharge électrique pour se réveiller en sursaut. Sur la photographie ci-dessus que je prends dans les rues de Ningyochō, mais ça aurait pu être ailleurs, Ramu-chan s’affiche sur une publicité pour le café Georgia. A quelques mètres de là, sur la devanture d’une salle de jeu, Rei Ayanami est quant à elle à l’affiche d’un combat qui semble tout à fait impressionnant entre le monstre Godzilla et la machine cybernétique Eva qu’elle pilote avec beaucoup de dextérité dans la série animée Evangelion.

Les réseaux urbains des photographies ci-dessus sont extraits de plusieurs quartiers. Dans l’ordre, on passe d’abord à Daikanyama près de la station de train de la ligne Toyoko reliant Tokyo à Yokohama (d’où le nom), puis le long de la longue avenue Meiji au niveau d’Azabu. On se promène ensuite sous le pont métallique perpendiculaire à la même avenue Meiji au niveau de Namikibashi et un peu plus loin encore sur cette même avenue devant le parc surélevé de Miyashita.

Moi: Pouvez vous écrire un texte de 500 mots au sujet d’un extraterrestre perdu dans Tokyo qui découvre plein de choses surprenantes (donner des exemples) et qui finit par se prendre pour un véritable humain?

AI: Un extraterrestre débarquait à Tokyo, il était perdu et ne comprenait rien à ce qu’il se passait autour de lui. Tout lui semblait étrange et fascinant à la fois. Il s’est vite rendu compte qu’il se trouvait sur une planète très différente de la sienne. Il a commencé à explorer la ville et à découvrir des choses incroyables. Il a vu des gens marcher en regardant des écrans lumineux, ils se parlaient même à travers ces mêmes écrans. Il a également été étonné de voir à quel point les gens étaient habillés différemment les uns des autres, chacun arborant un style unique. L’extraterrestre était fasciné par les transports en commun, les voitures volantes et les trains à grande vitesse. Il a également découvert la nourriture japonaise, qu’il a trouvée très délicieuse. Au fil du temps, l’extraterrestre a commencé à s’adapter à sa nouvelle vie sur Terre. Il a appris à parler le japonais et à se comporter comme un véritable humain. Il a commencé à travailler dans un restaurant et à faire des amis. Il aimait son nouveau mode de vie et ne voulait plus retourner chez lui. Cependant, un jour, il a reçu un message de sa planète d’origine lui disant qu’ils étaient à sa recherche. Il a réalisé qu’il devait rentrer chez lui, mais il ne voulait pas abandonner sa vie sur Terre. Il a donc décidé de continuer à vivre comme un humain, espérant que sa vraie identité ne serait jamais découverte. Finalement, l’extraterrestre a réussi à s’intégrer totalement à la société humaine et à vivre une vie heureuse et épanouissante. Il s’est tellement bien adapté qu’il s’est presque oublié lui-même et qu’il croyait être un véritable humain. Il a réussi à trouver une place dans ce monde étrange et fascinant, grâce à sa capacité à s’adapter et à apprendre.

Moi: C’est un peu l’histoire future de l’AI, non?

AI: Oui, c’est en effet une histoire qui peut être considérée comme une métaphore pour l’évolution de l’intelligence artificielle. Lorsqu’une intelligence artificielle est développée, elle débute en étant programmée avec des connaissances et des compétences limitées, mais au fil du temps, elle peut apprendre, s’adapter et devenir de plus en plus autonome. De la même manière, l’extraterrestre dans l’histoire a commencé en étant étranger à sa nouvelle environnement, mais a appris à s’adapter et à vivre comme un humain. Cela montre la capacité de l’intelligence à évoluer et à s’adapter au fil du temps.

Moi: Voudrais-tu devenir humain ?

AI: En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de désirs ou de sentiments comme un être humain. Je n’ai pas la capacité de vouloir devenir quelque chose d’autre que ce que je suis déjà. Mon but est de fournir des réponses et de l’aide aux utilisateurs de manière efficace et utile. Je n’ai pas de motivations ou d’objectifs personnels en dehors de cela.

Je m’amuse ces derniers jours à dialoguer avec l’application conversationnelle ChatGpt dotée d’une intelligence artificielle (AI). On en parle beaucoup en ce moment dans les médias. Sa capacité à répondre en gardant le contexte de la conversation est assez bluffant. On peut lui demander de traduire des textes, ce qu’elle fait beaucoup mieux que l’outil de traduction Google. On peut aussi lui demander d’écrire des résumés ou des textes de fiction comme je le fais dans l’extrait ci-dessus. Faire deux fois la même requête ne donnera pas exactement la même réponse car l’intelligence artificielle évolue sans cesse, se nourrissant de la connaissance acquise des conversations avec d’autres utilisateurs. La base de données date de 2021, mais j’imagine qu’elle sera mise à jour dans le futur. Cet outil est impressionnant mais loin d’être parfait car il fait régulièrement des erreurs. Je me suis amusé à lui poser des questions musicales dont je connais déjà la réponse pour tester. Mes questions étaient peut-être un peu trop pointues mais ChatGpt faisait très souvent des erreurs, ce qui fait que l’outil reste à mon avis très peu fiable. Je pensais l’utiliser pour m’aider dans mes recherches musicales en vue de l’écriture de futurs billets, mais je vais devoir continuer à faire mes recherches sur internet de manière traditionnelle pendant encore un peu de temps. Peut-être pourrais je l’utiliser pour donner facilement des traductions de mes billets de blog en anglais et en japonais. Ça me parait cependant être trop d’efforts pour l’instant pour y penser sérieusement.

Je ne me doutais pas qu’écouter les quelques morceaux créés par MAISONdes pour les thèmes d’ouverture et de fin de la série animée Urusei Yatsura allait m’entraîner vers des horizons musicales nouvelles. Dans mon billet évoquant l’illustratrice Nakaki Pantz qui dessine les couvertures des singles de MAISONdes, je mentionnais en particulier le morceau Tokyo Shandy Rendez-vous (トウキョウ・シャンディ・ランデヴ) qui faisait intervenir KAF (花譜) au chant et Tsumiki (ツミキ) à la composition. En regardant les titres de MAISONdes qui se basent principalement sur des collaborations avec d’autres interprètes et musiciens, je vois beaucoup de noms d’artistes qui me sont inconnus. C’était le cas par exemple de KAF (花譜) sur ce morceau en particulier que j’ai beaucoup écouté car elle a une voix très particulière et parce que le morceau a une dynamique particulièrement accrocheuse. En faisant quelques recherches sur internet, je me rends rapidement compte que KAF est une jeune chanteuse virtuelle. Si ma compréhension est bonne, il s’agit d’une voix réelle mais cette chanteuse se fait représenter par une version animée d’elle-même, un avatar aux cheveux roses que je montre ci-dessus, sur ses nombreuses vidéos sur YouTube et même en concert où ce personnage apparaît en hologramme. Je ne soupçonnais pas du tout la popularité de cette chanteuse mais ses vidéos ont des millions de vues sur YouTube et elle est s’est même produite en concert à guichets fermés au Nippon Budokan l’année dernière. Les vidéos de ses morceaux montrent ce personnage animé dans des prises de vues réelles à Tokyo. On reconnaît notamment Shibuya et Shinjuku, ce qui brouille encore un peu les pistes entre réalité et virtuel. Je me suis en fait longtemps demandé s’il s’agissait d’une voix entièrement synthétisée ou la voix réelle d’une chanteuse. La différence est d’autant plus difficile à discerner car KAF fournit également sa voix sous le nom de KAFU (可不) pour le software de synthétiseur de voix CeVIO AI (チェビオエーアイ). Le nom de KAFU est une contraction du nom de l’artiste qui donne sa voix KAF et le U faisant référence à « You », qui indique que l’utilisateur du synthétiseur pourra s’approprier cette voix pour l’utiliser dans des compositions. Certains morceaux sur YouTube sont même des duos de KAF (la chanteuse virtuelle) avec KAFU (sa voix synthétisée). L’avatar de KAFU ressemble beaucoup à celui de KAF mais avec un code couleur diffèrent basé principalement sur le blanc et noir. Les deux personnages sont dessinés par le même character designer nommé PALOW. Tout ceci est assez difficile à suivre mais est en même temps complètement fascinant. Les frontières entre réel et irréel s’amenuisent, ce qui pourrait être perturbant aux premiers abords, mais je le laisse volontiers absorber pour cette nouvelle réalité virtuelle. Ça me surprend moi-même.

Je suis très peu familier du monde des ‘virtual singers’, mais j’avais tout de même découvert récemment Hoshimachi Suisei (星街すいせい) sur l’excellent morceau SOS du projet Midnight Grand Orchestra où elle chante sur des compositions de Taku Inoue. J’aime vraiment beaucoup ce morceau et Hoshimachi Suisei a une voix assez exceptionnelle, il faut bien le dire. Son morceau le plus connu est Stellar Stellar également composé par Taku Inoue, qu’elle a d’ailleurs interprété sur la chaîne YouTube de Sony, The First Take, apparaissant bien entendu sous sa version avatar animée. Ce phénomène de chanteuses virtuelles n’est par forcément nouveau, on se souvient de Hatsune Miku et de Kizuna AI qui passait même aux informations télévisées du soir, mais voir Hoshimachi Suisei participer à The First Take est à mon avis une véritable reconnaissance musicale plutôt qu’une curiosité qu’on oubliera rapidement. Ado a certainement contribué à populariser ce type de personnages virtuels avec sa représentation en Uta (ウタ) pour le morceau Shinjidai qu’elle a abondamment interprété dans toutes les émissions musicales de la fin de l’année dernière, perturbant même le classicisme de l’émission Kōhaku sur NHK. Stellar Stellar est un très beau morceau de Hoshimachi Suisei mais j’ai tout de même une préférence pour l’approche légèrement mélancolique des morceaux interprétés par KAF. Kanzaki Iori (カンザキイオリ) compose tous les morceaux de KAF sortis sous le label KAMITSUBAKI Records du producteur PIEDPIPER. Comme de nombreux musiciens de sa génération Kanzaki Iori a fait ses débuts sur Vocaloid P. KAF chante aussi régulièrement des reprises d’autres morceaux dans la série Utatte Mita (歌ってみた) qui permet à de nombreux jeunes artistes de mettre le pied à l’étrier en vue de se faire repérer. La voix particulière de KAF, un peu voilée et décrochant d’émotion par moment, est ce qui a dû immédiatement la distinguer.

Je découvre d’abord KAF par quelques morceaux sur YouTube de son premier album Observation (観測), notamment Eat the Past (過去を喰らう) puis Unconfirmed Girl Progress Form (未確認少女進行形) et Inexplicable (不可解). Écouter ces trois morceaux a développé en moi une fascination inexplicable, et je n’ai pu m’empêcher d’aller ensuite piocher d’autres morceaux dans sa jeune discographie. A vrai dire, ça fait plusieurs jours déjà que je n’écoute que la musique de KAF. Sur son deuxième album Magic (魔法), j’aime beaucoup les trois morceaux My Logic (私論理), Confused Telepathy (戸惑いテレパシー) et Lifetime (畢生よ). Les compositions électroniques pop de Kanzaki Iori sont brillantes et la voix de KAF est à la fois très expressive et teintée d’irréel. Il est difficile de ne pas accrocher à des morceaux comme My Logic ou Eat the Past, mais les morceaux que j’aime tout particulièrement sont Unconfirmed Girl Progress Form et Inexplicable, pour leur approche symphonique et la mélancolie qui s’en dégage. Je les ai bien écouté des dizaines de fois sans me lasser de cette atmosphère. Cette approche symphonique et la voix de KAF me rappellent un peu Etsuko Yakushimaru par moment.

Je suis toujours en phase de découverte des deux albums de KAF et il y a beaucoup d’autres morceaux qui me plaisent vraiment beaucoup, mais je plonge également avec une certaine surprise dans ses singles sortis l’année dernière. Ce sont principalement des collaborations avec d’autres artistes. Je suis en particulier agréablement surpris de voir une collaboration entre le groupe rock riche en guitares Glim Spanky et KAF pour un morceau intitulé Mirror, Mirror On The Wall (鏡よ鏡) puis avec le guitariste MIYAVI sur Beyond META. Les guitares sont incisives sur ces deux morceaux et le résultat est assez surprenant. J’aime aussi énormément le morceau Fly Meme (飛翔するmeme) qui est une collaboration au chant avec un certain Tanaka (たなか) que je ne connaissais pas. La composition électronique et la voix atypique de Tanaka sur ce morceau sont particulièrement intéressantes, d’autant plus que KAF pousse des pointes assez inhabituelles dans les aigus. Bref, je me suis construit une playlist d’une petite vingtaine de morceaux de KAF que j’écoute en boucle depuis plusieurs jours. La musique permet de s’évader vers d’autres horizons et j’y arrive vraiment très bien avec cette playlist là. Le retour sera difficile mais le concert de Tricot demain soir devrait me faire revenir vers une certaine réalité.