Le nouveau Nezu

L’institut Nezu que nous avions visité en mars 2006 avait fermé ses portes deux mois après en mai pour cause de rénovation ou plutôt de reconstruction. Le bâtiment fut détruit et l’on peut voir maintenant le remplaçant en construction. Nezu rouvrira ses portes en automne 2009.

La première fois que je suis passé devant ce travail en construction, en apercevant le long toit en plaque de fine épaisseur, la série de fines plaquettes de bois entrecoupées d’interstices couvrant la façade donnant sur la rue, j’ai tout de suite pensé à Kengo Kuma. J’étais assez content, en faisant quelques recherche une fois rentré à la maison, d’apprendre que j’avais raison. En fait, bien que fait de matériaux différents, ce nouveau musée Nezu me rappelle un autre musée d’art japonais conçu par Kuma, le Nakagawa-machi Bato Hiroshige Museum of Art (que je n’ai vu qu’en photo dans un vieux numéro de Japan Architect).

Petits moments d’architecture (8)

Il y a parfois à Tokyo des objets architecturaux à la fois étonnant et intimidant, comme ces colonnes de béton dressées comme un orgue dans une rue tout près de Shibuya. L’apparence extérieure de ce bâtiment mystérieux renfermé sur lui-même ne laisse aucun indice quant à son utilisation. Il y a quand même un petit panneau à l’entrée qui nous dirige. Il s’agit d’une école de bijouterie, la Hiko Mizuno College of Jewelry. Le bâtiment date de 1992 et est de l’architecte Mitsuru Kiryu. On imagine que les secrets divulgués pendant les cours et travaux pratiques de cette école sont bien gardés.

J’avais déjà pris cette architecture post-moderne en photo il y a deux ans. Je ne passe pas très souvent dans ce quartier, mais l’idée m’est venu de revoir ce bâtiment depuis que par hasard nous avons vu exposés les travaux des étudiants de dernière année de cette école au rez-de-chaussée de l’immeuble Spiral samedi dernier. Les travaux exposés n’étaient pas des bijoux mais des chaussures originales, une autre activité de cette école. Dimanche dernier donc, je profite d’une course vers Harajuku (aller acheter le déjeuner, des sushis à la mode de Osaka au restaurant Hachiku) pour repartir à la recherche de ce bâtiment.

Mon parcours me fait notamment passer, volontairement, devant la tour blanche clinique de Jun Aoki, le SIA Aoyama Building. La tour blanche se mélange avec le ciel blanc de cette matinée légèrement pluvieuse.

Un peu plus loin et juste à côté des sobres bureaux de Toyo Ito, on trouve un autre bloc étrange hermétique, surmonté d’une étrange paroi de boules blanches. Il s’agit du KOUGAI BROTHERS’ HALL. Je ne trouve strictement aucune information sur internet au sujet de ce bâtiment et l’extérieur ne révèle vraiment pas grand chose.

En continuant ma marche vers la rue Meiji pour rejoindre le croisement de Harajuku, je coupe la rue Cat Street. Dans un coin de rue, Mr Hearts Freaks Store est un petit magasin de quatre étages, composé de 3 blocs légèrement décalés. La surface réagit aux quelques rayons de soleil qui veulent bien s’infiltrer à travers le nuages de cette journée bien grise.

Après avoir acheté mes sushis à Harajuku, je remonte l’avenue d’Omotesando, passe devant l’immeuble Prada et La Collezione de Tadao Ando pour découvrir un peu plus loin un étrange bâtiment noir et aiguisé. Une nouvelle création de Kengo Kuma que je montrerais un peu plus tard.

Rues de Sakuragaoka

Je continue ma marche de samedi commencé par le billet d’hier. Après les fleurs sur le béton, je descends un peu plus la rue jusqu’au croisement de Hachiyamacho Kouban mae. A quelques centaines de mètres de là se trouve le bâtiment futuriste Aoyama Technical College de Makoto Sei Watanabe. C’est un bâtiment que j’ai très souvent pris en photo et montré sur le blog à différentes occasion. J’ai toujours envie de passer le voir quand je passe dans le coin. Les petites rues de ce quartier sont agréables et j’aime m’y promener le matin (quand je vais acheter le déjeuner avec Zoa). Après être passé devant l’entrée principale si particulière, je décide, une fois n’est pas coutume, d’aller voir la façade arrière. Elle est beaucoup moins impressionnante et même assez kitsch avec ses bandeaux obliques de couleurs jaune et bleu. Au dessus du bâtiment, on aperçoit les antennes rouges de l’immeuble-robot.

Dans la même rue, un peu plus loin, un nouvel immeuble se termine. La façade blanche et symétrique est intéressante pour ses balcons creusés dans la façade comme des fenêtres sans verre. Cet immeuble s’appelle Modmarche Shibuya Sakuragaoka et je sais à vrai dire très peu de chose dessus.

Les fleurs et le béton

Je passe souvent devant cette petite tour de la marque française A.P.C. à Daikanyama. J’aime bien son look sombre et industriel et ses vitres semi-transparentes. Cette tour de béton du francais Paul Chemetov va à vrai dire assez bien avec le ciel gris de ce samedi. Je me promène avec Zoa dans les rues parfois étroites de Daikanyama, celles piétonnes qui zigzaguent entre les maisons individuelles dont le jardin minuscule est souvent envahit par la verdure. Les plantes dépassent sur la voie piétonne déjà bien étroite. Lorsque l’on descend ensuite de Daikanyama vers Hachiyamacho, on rencontre ces fleurs jaunes sur le béton d’une maison protégée comme une place forte.

Sarugaku

Sarugaku est une série de six petits immeubles commerciaux à Daikanyama. A mi-chemin entre le quartier et l’immeuble, Sarugaku reprend le modèle de l’îlot ouvert de Portzamparc. La parcelle de terrain desservie par un petite rue et entourée d’immeubles ou de maisons individuelles, se compose de blocs blancs de toute forme. Chaque bloc contient des magasins sur 3 niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée et étage) desservis par des escaliers extérieurs de métal. Les blocs sont organisés le long d’une allée principale et l’image que l’architecte, Akihisa HIRATA, souhaitait véhiculer est celle d’un paysage de petites montagnes plantées aux bords d’une vallée. J’avoue qu’il faut pousser l’imagination assez loin pour arriver à cette image et côté « petite montagne », celle de Starck à Shirogane me convient mieux.

sarugaku

Le point le plus intéressant de ce complexe est la disposition des ouvertures. Comme le montre le schéma de droite, l’emplacement des ouvertures sur un bloc et sur les blocs alentours est habilement pensé pour laisser la lumière pénétrer. Cela explique les nombreuses baies vitrées de taille apparemment aléatoires. Ce n’était malheureusement pas une journée ensoleillée et je serais curieux de voir l’effet avec une belle lumière. Sarugaku apparaît dans le numéro 72 de The Japan Architect dans la sélection des architectures remarquables de l’année 2008. Dans ce numéro et du même architecte, on peut également découvrir la maison biscornue IENOIE.

Ces quelques photos sont prises avec un Canon 50D qui vient remplacer mon Canon 10D vieux de 6 ans. J’avais envie de le remplacer depuis quelques temps, pour mes dix ans de Japon. Il était grandement amorti et sa lenteur commençait à me frustrer un peu. La décision s’est précipitée quand j’ai eu le geste malheureux de le faire tomber alors que d’une main je retenais Zoa qui voulait courir dans les prés de Tokyo Mid-Town et de l’autre j’essayais de mettre ma veste. Ca sentait un peu l’acte prémédité mais il n’en était rien. J’ai eu quand même peur pour mon objectif 20mm, qui est sorti sauf de cette histoire (j’ai quand même recollé un pas de vis). J’ai maintenant hâte de pouvoir profiter d’une belle lumière. Avec 15Megapixels, mon Mac commence par contre à ramer un peu. Ca sent l’autre renouvellement à planifier. Mon Ipod Mini acheté à Chicago (c’est pratiquement un modèle vintage maintenant) commence aussi à battre de l’aile. Mais cela ne m’empêche pas pour le moment de découvrir, un peu sur le tard, l’instrumental Fields Storelines and Hunters de M83 sur Before the Dawn Heals Us, un objet musical non identifié comme une plaque de métal fondant dans l’atmosphère. Remarquez que comme Hirata, j’ai l’imagination bien aiguisée.