Apartment I

Cet immeuble d’apartements de 5 étages apparait dans le dernier numéro de The Japan Architect (numéro 68, hiver). On doit ce bloc de verre à la jeune architecte Kumiko Inui, apprentie de Jun Aoki, reconnue notamment pour ses designs de facades dont celle perforée de l’immeuble Dior à Ginza. Apartment I se trouve à Shibuya, près du quartier de Nishi Azabu dans une petite rue tranquille. L’élément intéressant de cet immeuble est bien entendu la facade rendue transparente par de larges baies vitrées offrant un panorama sur la rue et une intégration directe de l’habitation avec l’environnement urbain. J’y vois une analogie avec la maison ouverte sur la rue de Ryue Nishizawa, Moriyama House. Ce concept vient en contraste avec les maisons individuelles renfermées sur elles-même, protégées de l’environnement extérieur par des murs avec un minimum de fenêtres, tout en conservant une ouverture vers l’extérieur par un patio intérieur. Concrêtement, ce style d’habitation ouverte sur l’extérieur me semble plus adaptée pour une petite agence ou entreprise, mais beaucoup moins pour l’habitat, à moins de n’avoir rien à cacher de son intimité. Les habitants de l’immeuble ont d’ailleurs les stores fermés à chaque fois que j’y suis passé (à peu près tous les jours).

ja68

Comme tous les ans pour leur numéro d’hiver, Japan Architect dresse le bilan architectural japonais pour l’année passée avec une retrospective allant de la maison individuelle au grand complexe urbain. On y trouve quelques grands noms de renommée internationnale comme Toyo Ito pour Tama Art University Library (1), Kisho Kurokawa (disparu cette année) avec le musée The Tokyo National Art Center (2), déjà montrée auparavant, Shigeru Ban pour l’immeuble Nicolas G. Hayek Center (3) à Ginza, qu’il faut que j’aille voir un jour ou l’autre, ou encore le Seijo Townhouse, Garden Court Seijo United Cubes (4) par Kazuyo Sejima, une évolution de Moriyama House que je mentionnais plus haut. Parmi les habitations présentées, j’aime particulièrement House O (5) de Sou Fujimoto, une résidence plein pied composée d’une seule pièce à la forme complexe dont chacune des ouvertures donne sur le bord de mer de Chiba. Reflection of Mineral (6) par Yasuhiro Yamashita / Atelier Tekuto est un petit objet alien posé sur une surface minimum dans une zone résidentielle de Nakano (comme mentionné auparavant, j’aimerais bien trouver cette maison bizarre). Mosaic House (7) par Makoto Takei et Chie Nabashima / TNA a aussi une forme intéressante avec un pan de mur courbé vers l’extérieur. Parmi les grands ensembles, on peut voir dans JA, le Tokyo Mid Town (8) par Nikken Sekkei (Skidmore, Owings & Merrill LLP) et GYRE (9) par MVRDV, mentionné auparavant.

(les photographies de la mosaique proviennent du site de Japan Architect)

GYRE

n. GYRE

  1. A circular or spiral form; a vortex: “rain swirling the night into tunnels and gyres” (Anthony Hyde).
  2. A circular or spiral motion, especially a circular ocean current.

intr.v., gyred, gyr·ing, gyres.

[Latin g[ymacr]rus, from Greek gūros.]

… mais c’est aussi le nom d’un nouveau building sur l’avenue d’Omotesando qui se tranforme de plus en plus en une Avenue des Architectes vu les grands noms de l’architecture contemporaine japonaise qui s’y affiche indirectement: Tadao Ando pour Omotesando Hills, Jun Aoki pour Vuitton, SANAA pour Dior, Kengo Kuma pour Omotesando One, Kisho Kurokawa pointe aussi son nez à côté d’immeuble de Kenzo Tange et de l’immeuble TOD’s par Toyo ITO. le groupe MVRDV n’est pas japonais mais néerlandais, et contribue à l’ambiance architecturale de cette avenue avec le Gyre Omotesando. Le batiment est complexe, entouré d’un escalier en spiral. Nous visitons brièvement l’intérieur, observons les croisements d’escalators qui mènent des magasins de luxe vers des restaurants et boutiques. Je repère quelques écrans affichant des messages répétitifs, un peu dans le même esprit que l’ambiance froide et technologique du site Internet de Gyre, une spirale de mots et de paroles se mèlant jusqu’à la confusion (C’est joli avec le son, on dirait un appel dans l’espace).

Une fois n’est pas coutume, un auto-portrait, dans un écran noir.

La Collezione en ombres et lumières

Je n’avais pas pris de photos d’architecture depuis quelques semaines. Ce ne sont pas les objets architecturaux qui manquent à Tokyo mais plutôt le temps qui me manquait énormément ces derniers week-ends pour partir à leur recherche. Près du carrefour de Omotesando, tout le monde passe devant l’immeuble La Collezione sans soupçonner la complexité qui se cache à l’intérieur. C’était mon cas également, et je découvre l’intérieur arrondi de ce batiment en béton de Tadao Ando pour la première fois. Les façades rectilignes cachent un cylindre entouré d’escaliers qui montent et descendent, on passe d’espaces très sombres à la lumière se frayant un chemin à travers les réseaux de piliers croisés.

Rythms of Vision

Ce bâtiment fait figure d’anomalie dans le paysage tokyoïte, ici près de Waseda à quelques pas seulement du temple Kannonji. Je découvre cet immeuble un peu par hazard en me trompant légèrement sur le chemin du retour. Rythms of Vision, Waseda El Dorado (1983), est un objet architectural hors-temps de Von Jour Caux, architecte … japonais. Dernière ce nom se cache un certain Toshiro Tanaka,né en 1934, dont on découvre assez peu de chose sur Internet. Von Jour Caux se définit comme le seul maître architecte anti-moderniste actif, travaillant avec des artistes et artisans unifiant tradition et culture, rêves et arts.

L’immeuble est très chargé en décoration, à tendance Art Nouveau. pour les formes rondes. Les façades principales supportent des lignes d’écailles colorées de petits éléments de carrelage, les ouvertures très rondes et imagées, couvertes de détails fantaisies et notamment de plaques de métal noir contrastant avec la couleur crême des murs. L’aspect général du bâtiment est très hétérogène, on prend un certain plaisir à découvrir les motifs cachés dans tous les recoins, des bustes féminins, des masques, des plaques de céramique avec poissons et pois couvrant une espèce de champignon tout droit sortie d’un dessin animé. L’intérieur est encore plus particulier. En suivant un couloir courbe, en marchant sur un sol de carrelage avec tête de chat imprimé, en franchissant les portes noires arrondies, on arrive sur un espace fermé contenant une énorme main symbolique accroché au plafond. On atteint des sommets d’étrangeté. Les multiples lumières de toutes les couleurs suspendues au plafond ajoute à cette ambiance grotesque et complètement intriguante.

Von Jour Caux est l’auteur de quelques batiments tout aussi décalés dans Tokyo. Continuez la visite avec un petit immeuble d’apartments à Minami Otcuka, Toshima-Ku.