Codan block 1

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Ci-dessus, une promenade que j’ai fait relativement souvent à moto lors de belles journées (le filet rouge) au départ de Hamamatsucho, en passant par le pont Rainbow, et en sautant d’île artificielle et île artificielle pour rejoindre la gare de Tokyo ou Ginza. En chemin, près de Toyosu (pas encore construit sur la carte google), Je jette toujours un oeil sur un ensemble d’immeubles quadrillés aux couleurs attirantes. Aujourd’hui (enfin la semaine dernière après avoir vu le K-Museum, Big Sight et avant Tsukishima et l’oeuf de Toyo Ito), je m’y suis arrêté pour découvrir cet ensemble d’un peu plus près à pied.

Codan Shinonome est un complexe d’habitations urbaines accomodant près de 2000 familles. La supervision de cet énorme complexe fut assuré par Riken Yamamoto et la constrction s’étala de 2003 à 2005. Codan se compose de 6 blocs entourant une rue en courbe centrale et une place suspendue au premier étage. Riken Yamamoto assura le design du premier bloc, le Codan Block 1, caractérisé par ses couleurs zébrées multicolores sur certaines surfaces des balcons et entrées au rez de chaussée.

Riken Yamamoto s’est entouré de quelques autres grands architectes japonais pour assurer le design des autres blocs, conservant la ligne directrice du premier. Cet article en amène deux autres sur les blocs 2 et 3.

Météorite sur Jimbocho

Une météorite est tombée dans le voisinage de Jimbocho, le quartier des bouquins. Alerté par les news le jour d’avant et profitant d’un passage dans le coin à moto (des courses alimentaires entre Ningyocho et Asakusa), je viens vérifier par moi-même l’étendue des dégats. Je me renseigne sur sa provenance en inspectant des yeux les surfaces triangulaires inclinées et désordonnées de cet étrange batiment. A l’entrée, un panneau nous indique que ce lieu s’appelera désormais Jimbocho Kagetsu et Jimbocho Theater. Une affichette a proximité nous fait comprendre que ce petit complexe composé d’une salle de cinéma (sous-sol), de salles de spectacles (2-3F) et d’une école de comédie (4-6F) appartient à l’influente agence de comédiens humoristes (de style owarai) Yoshimoto Kogyo venant d’Osaka. Les comédiens de Yoshimoto sont presque omniprésents à la télévision, des vétérans sur-actifs Hamada et Matsumoto de Downtown aux plus récents mais tout aussi actifs Taka and Toshi

L’ancienne agence Yoshimoto, fondée en 1912, opérait avant la seconde guerre mondiale une salle de spectacle à Asakusa, quartier d’amusement populaire inévitable à l’époque. Takeshi Kitano et Kiyoshi Atsumi de la série à rallonge Tora San (Otoko wa tsurai yo, que j’adore d’ailleurs) sortent de ce quartier. Après s’être éloigné d’Asakusa, Yoshimoto y est depuis revenu avec des séries de spectacles le week end au Kaminari 5656 Kaikan (j’y ai vu des geisha récemment). Yoshimoto entend renforcer sa présence dans les quartiers à proximité d’Akasaka avec cette salle à Jimbocho. Les salles de ce complexe ouvriront bientôt à partir du 7 juillet 2007, et privilégierons les jeunes comédiens de l’agence.

Le design architectural par Nikken Sekkei (construction assurée par Kajima) est des plus surprenants pour une salle de spectacle comique. Les arêtes aiguisées et compliquées, la couleur sobre du bâtiment ne laissent pas penser à un endroit où l’on va s’amuser, ou alors pour un humour pince-sans-rire. Cette couleur grise-noire me rappelle un peu le magasin Casa Armani de Tadao Ando à Omotesando. Le bâtiment vient bouleverser l’éco-système urbain préservé de cette petite rue de Jimbocho, il est magnifique mais on aurait plutôt imaginé cet édifice à Aoyama comme magasin étendard d’une grande marque étrangère. L’adresse est la suivante: Chiyoda-Ku, Jimbocho 1-23.

L’oeuf et le vent

Cette forme ovale insolite, coincée entre des grands blocs d’immeubles d’habitation, se nomme Egg of Winds, l’Oeuf des Vents. C’est une création architecturale de Toyo Ito. On se demande ce que cache ce volume elliptique de 16 mètres de long et 8 mètres de diamètre, suspendu par six pieds asymétriques et placé au dessus de l’entrée de parking du complexe de résidences Okawabata Rivercity 21 à Tsukuda. L’oeuf est recouvert de 248 panneaux d’aluminium perforés, lui donnant une apparence unie grise comme un objet en 3D dans un jeu video. La nuit, l’objet se transforme. Il laisse apparaître des images vidéo projetées sur 5 écrans à cristaux liquides placés à l’intérieur de l’oeuf, faisant oublier les parois arrondies. Ces images vidéo sont enregistrées en direct ou pré-enregistrées pour donner un apercu de l’environnement. L’environnement physique enregistré est transformé en information vidéo projetée sur dans l’oeuf. Cette transformation nocturne de l’oeuf n’est malheureusement plus active aujourd’hui, je n’ai pas pu constater le va-et-vient au gré du vent des images et informations numériques. Les projections vidéo ne fonctionnent plus, c’est bien dommage.

Dans un concept similaire de landmark interactif, Toyo Ito avait concu 5 années plus tôt en 1986 la Tour des Vents, Tower of Winds. Il s’agit d’une tour de ventilation pour un centre commercial sous-terrain à Yokohama. Comme pour l’oeuf, la surface est grise et unie le jour, mais devient changeante la nuit. La nuit venue, apparaissent des lumières intérieures dont les formes et la couleur changent en fonction des conditions extérieures: la force du vent ou du bruit. Toyo Ito veut ici transformer les flux d’air et de bruit en informations visuelles par l’intermédiaire de ces signaux de lumière. Là encore, le dispositif n’est plus pleinement opérationnel aujourd’hui, la tour ne diffusant apparemement qu’une couleur statique bleuâtre. Je n’ai cependant pas vérifié de mes yeux.

Comme on peut le voir avec ces deux créations innovantes tranformant l’environnement physique en informations, Toyo Ito montre un intérêt pour les nouvelles technologies et pour le potentiel multimédia. Cette direction prendra son apogée avec la Médiathèque de Sendai.

Adresse: Egg of Winds (1991), 2-2 Tsukuda, Chuo-ku

Pyramides inversées

A la vue des détails de surface de titane et de verre, on reconnait tout de suite le Tokyo International Exhibition Center, plus communément appellé Tokyo Big Sight. Big Sight comprend principalement des espaces de conférence et d’exposition pour des évenements réguliers tels que le Tokyo Motor Show. C’est la première fois que je viens pour l’immeuble, sans assister à aucune exposition.

En s’écartant un peu, on peut admirer les quatre pyramides inversées posées sur quatres énormes piliers. L’édifice est massif mais semble pesé comme une plume, posé sur ses quatre pieds de verre. Cette tour en apesanteur, comme peut l’être celle de Kiyonori Kikutake pour le musée Edo-Tokyo, contient des étages de conférence. On y accède par un long escalator donnant le vertige. L’intérieur de la tour est sobre comme une salle de conférence et la vue est assez limitée.

La Conférence Tower date de 1996 et on l’a doit à AXS Satow (Takeo Satow). J’ai le plaisir de retrouver en images, sur le site de l’architecte, le Musée d’Art Moderne de Hayama que j’avais pu prendre en photo assez récemment.

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Au bord de la rivière Meguro, un centre d’entrainement au golf (assez fréquent en ville au Japon) vient se coller aux bureaux d’une société de taxi avec un parking en dessous du terrain. Espérons que les balles de golf ne traversent pas les mailles du filet au dessus des taxis stationnés.

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Le rez de chaussée de cette barre d’immeuble près de Ebisu est occupée par un parking et un centre de maintenance pour une compagnie de bus. Un immeuble multi-fonction pouvant présenter quelques désagréments pour les résidents: le bruit du va-et-vient des bus et les odeurs d’échappement.

mitMade In Tokyo est un guide assez particulier sur Tokyo. Il regroupe des immeubles et infrastructures présentant des déviations de leurs fonctions premières: un immeuble d’apartements servant également de parking pour bus, ou une compagnie de taxi supportant un terrain de golf, comme apercus sur les deux photos ci-dessus.

Dans les immeubles de Made In Tokyo, aucun espace n’est perdu, chaque espace est utilisé pour des fonctions souvent inattendues: les espaces vides sous les autoroutes suspendues du centre ville sont transformées en grands magasins à Yurakucho, le toit d’un hangar géant d’une manufacture de papier à Iidabashi supporte les terrains de tennis d’une école, une autre école de conduite automobile possède un circuit d’entrainement sur les toits d’un grand supermarché Ito Yokado. Les immeubles de Made In Tokyo ne sont pas remarquables par leur architecture innovante, leur esthétique ou par l’avancement technologique des matériaux utilisés, mais par un savant mélange de fonctions utilitaires du génie civil que l’on n’imaginerait à priori pas cohabitées. Ces fonctions sont souvent additionnées à la verticale sur les immeubles pour répondre aux soucis de place: une station service occupe le rez de chaussée et le premier étage d’une tour de bureaux, le premier étage est au niveau d’une autoroute suspendue et y est relié.

Made In Tokyo présente une vue très souvent surprenante de la ville bien que le tokyoite initié ne soit plus tellement surpris par les tours de karaoke, par les établissements de patchinko entourés de prêteurs d’argent ou par les immeubles décorés d’enseignes publicitaires géantes. Les exemples intéressants ne manquent pourtant pas, comme les deux pris en photo ci-dessus, deux endroits que j’ai eu la suprise de voir apparaître dans le livre. Made In Tokyo classe toutes ces architectures fonctionnelles par thême et chaque exemple est expliqué: pourquoi tel batiment à l’apparence à priori anodine a été choisi. Un dessin sur chaque exemple exlique les différentes fonctions, chaque immeuble se voit donné un surnom faisant allusion aux fonctions implémentées.

Ca fait un petit moment que je connais ce petit livre de Junzo Kuroda, Momoyo Kaijima et Yoshiharu Tsukamoto de l’atelier d’architecture Bow Wow. Je l’ai souvent feuilleté et l’ai finalement acheté dernièrement, un peu à la suite d’un des commentaires de ce blog à ce sujet.

Il y a t’il un lien entre le nom de ce blog et le bouquin de Bow Wow? Non, j’avais choisi ce titre de site internet sans connaître le bouquin et je n’avais pas encore à l’époque l’intérêt que j’ai maintenant pour l’architecture de Tokyo. La photographie m’a en fait mené à l’architecture. Mon intérêt pour l’architecture a peut être également grandi de manière inconsciente en prenant connaissance de l’existence de ce bouquin, mais l’architecture qu’il présente (la « da-me » archiecture, architecture affectivement qualifiée de « mauvaise ») et celle que j’affectionne sont assez différentes.