Je poursuis ma marche dans les quartiers d’Ariake gagnés sur la mer en direction des installations olympiques utilisées pendant les Jeux cet été. Il ne reste plus grand chose de la piste à bosses utilisée pour les compétitions de BMX. Il en reste tout de même une, de bosse, recouverte d’un revêtement vert avec le logo de la compétition. On aperçoit cette bosse depuis la rue car elle dépasse des palissades temporaires posées le temps de la démolition. En montant sur la plateforme surélevée de la ligne de train Yurikamome, on peut voir cette ancienne piste de plus près. Pendant les compétitions fermées au public, ce point de vue était prisé mais vite condamné pour éviter les concentrations de personnes pendant le pic de cas Covid durant cette période estivale. De l’autre côté, on aperçoit le centre gymnastique The Ariake Gymnastics Centre conçu par Nikken Sekkei et construit par Shimizu Corporation. Ce bâtiment partiellement composé de bois a une apparence très fine et élégante. Il aura une deuxième vie après les Jeux Olympiques, car les gradins seront enlevés et le bâtiment deviendra un hall d’exhibition. Cette forme courbée aux charpentes de bois est réminiscente des anciens navires naviguant dans la baie de Tokyo. J’avais dans l’espoir de m’en approcher, mais il est malheureusement toujours interdit au public. D’autres palissades blanches nous empêchent d’approcher la base de ce centre sportif. C’est bien dommage, mais on peut tout de même apprécier ses lignes depuis l’extérieur. Un autre centre sportif, conçu cette fois-ci par Kume Sekkei, se trouve à proximité. Il s’agit de l’Ariake Arena. Cette grande salle de couleur blanchâtre à la toiture courbée était utilisée pour les compétitions de volley-ball et de wheelchair basketball. Elle est également fermée au public et son ouverture semble prévue pour l’été 2022. L’objective de ma marche d’approcher ces centres olympiques n’est donc que partiellement rempli. Mais je continue ensuite à marcher sans faiblir. Toyosu est désormais proche, il suffit de traverser un autre canal.
Catégorie : Architecture
Architecture en photos
INIAD HUB-1 et WELLB HUB-2
Il y a plusieurs semaines, je découvrais par hasard des immeubles étranges près de la station d’Akabane dans l’arrondissement de Itabashi. Il s’agit de deux bâtiments du campus de Akabanedai de l’Université Toyo, nommés INIAD HUB-1 et WELLB HUB-2, tous les deux conçus par Kengo Kuma. Leurs compositions inhabituelles interpellent bien qu’elles ne soient pas particulièrement élégantes. Seules les petites plaques de couleur bois disposées sur le premier bâtiment INIAD HUB-1 (sur les photos 1, 3 et 4) construit en 2017 nous font penser au style de Kengo Kuma. Le nom de ce département de l’école signifie Information Networking for Innovation and Design, et est dédié à l’informatique ubiquitaire (ubiquitous computing), celle que l’on trouve embarquée dans les petits appareils recevant des données par internet (l’IoT ou Internet of Things) comme les smartphones. L’agencement de la façade d’apparence désordonnée veut représenter le sentiment de liberté que l’on trouve de l’architecture ouverte de l’internet des objets. Les plaques disposées aléatoirement ne sont pas faites de bois mais d’aluminium recouvert d’une impression de motif bois. Ces plaques servent à contrôler la lumière du soleil et à cacher les ventilations. L’autre immeuble en escalier inversé est plus récent et date de 2021. Il constitue la deuxième phase du projet de Kengo Kuma pour ce campus de l’Université Toyo.
M-Building in Kanda par Toyo Ito
Une des raisons de mon passage dans le quartier de Kanda était de partir à la recherche du bâtiment M-Building par l’architecte Toyo Ito. Ce building de béton est ancien car il a été construit en 1987. Cet aspect massif et le design des ouvertures en triangle alternant le verre et les plaques d’acier sont visuellement très intéressants. J’essaie de trouver des symétries dans l’agencement des ouvertures mais je n’en trouve finalement pas. Le building est placé juste derrière l’ancienne pâtisserie japonaise Takemura, que je mentionnais dans mon billet évoquant les vieux bâtiments de l’époque Showa dans les années 1930, et devant un restaurant de soba réputé Kanda Yabusoba.
à la recherche de buildings d’avant-guerre à Kanda
Je me suis soudainement rendu compte que je ne connaissais pas très bien le quartier de Kanda et qu’il méritait d’être un peu plus exploré. J’ai profité de quelques heures de libre un samedi matin pour aller faire un petit tour du quartier. J’avais en fait comme idée initiale d’aller marcher dans le quartier d’Akihabara car j’y suis passé trop vite un soir récemment. Mais je me suis décidé au dernier moment à descendre à la station de Kanda juste avant celle d’Akihabara, en me rappelant soudainement d’un building de béton quelque part à Kanda que je souhaitais voir depuis très longtemps. Depuis la station de Kanda, je pars d’abord au hasard des rues, puis corrige ensuite ma trajectoire pour me diriger vers le quartier de Sudachō. Le paysage urbain à Kanda se compose principalement de buildings d’après-guerre de 4-5 étages ou plus, mais on y trouve de temps en temps des petits trésors d’avant-guerre, comme ces maisons partiellement couvertes de cuivre sur les première, deuxième et septième photographies du billet. Sur la première photographie, j’aime beaucoup le contraste entre ce vieux bâtiment et la grosse Mercedes qui ne tient pas dans le garage et dépasse sur la rue. Ce building, qui a survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale, est celui d’un petit restaurant de ramen appelé Sakaeya Milk Hall (栄屋ミルクホール). Après 76 ans d’existence, il a malheureusement fermé ses portes très récemment, le 8 Octobre 2021, pour être démoli en vue d’un projet de redevelopment urbain. Ces buildings de l’époque Showa (1926 – 1989) d’avant-guerre disparaissent petit à petit du quartier. A côté du building couvert de cuivre de la deuxième photographie, il y avait apparemment également une autre maison similaire mais maintenant détruite. Le petit bâtiment nommé Anandakobo sur la septième photographie du billet attire tout de suite l’oeil pour ses décorations élaborées et ce dessin d’arbre sur la devanture fermée dont les branches se mélangent avec une végétation véritable. Il s’agit d’un atelier et d’une boutique vendant des vêtements confectionnés en Inde. Le bâtiment date de 1927 et les décorations murales ont été importées d’Inde par les propriétaires.
Plusieurs anciens restaurants sont situés entre les quartiers de Sudachō et Awajichō à Kanda. Le bâtiment de trois étages à la structure en bois sur la quatrième photographie est une pâtisserie japonaise appelée Takemura et établie dans le quartier en 1930. Sur la photographie suivante, le bâtiment au fond est celui d’un restaurant nommé Botan spécialisé dans les sukiyaki de poulet. Le restaurant fut établi en 1897 mais le bâtiment en lui-même même date de 1929. Sur la sixième photographie qui suit, il s’agit également d’un restaurant japonais. Isegen est apparemment le seul restaurant à Tokyo spécialisé dans la cuisine de la lotte de mer (Ankō). Il a ouvert ses portes en 1830, mais le restaurant fut détruit par le grand tremblement de terre du Kanto en 1923. Le bâtiment actuel date de 1930 et se compose également d’une structure en bois sur trois étages. Isegen fait directement face à la pâtisserie Takemura et se trouve à quelques mètres seulement du restaurant Botan. Il y a également des restaurants spécialisés en soba dans le quartier. Ces bâtiments du début de l’ère Showa construits avant la seconde guerre mondiale sont sélectionnés comme bâtiments historiques par le gouvernement métropolitain de Tokyo. On peut donc espérer qu’ils seront conservés à l’identique pendant longtemps. Il y d’autres vieux buildings intéressants dans le quartier qui m’intéresseraient de découvrir. Il faudra que je revienne rapidement par ici pour compléter ma visite. Le compte Instagram de Japan Property Central, que je suis très attentivement, montre souvent ce genre de vieux buildings du début de l’ère Showa. C’est une architecture que j’ai envie de découvrir un peu plus, avant qu’il ne soit trop tard. À quelques mètres des vieux restaurants, je finis par trouver l’immeuble de béton que j’étais venu voir. J’en parlerais certainement dans un autre billet.
Rurikōin Byakurengedō par Kiyoshi-Sei Takeyama
Un des objectifs de mon passage récent dans le quartier de Nishi-Shinjuku était d’abord de passer une nouvelle fois devant le hall bouddhiste futuriste près de la sortie Sud de la gare de Shinjuku. Il s’agit du Rurikōin Byakurengendō (新宿瑠璃光院白蓮華堂) conçu en 2014 par Kiyoshi-Sei Takeyama (Amorphe). Ce building de couleur blanche craie est un hall bouddhiste comprenant un cimetière intérieur où sont déposées les cendres des défunts et où ont lieu des cérémonies. Il s’agit d’un établissement de la branche bouddhiste Jōdō Shinshū. Le temple Komyoji (光明寺) se trouvant à Kyoto est le temple principal gérant le Rurikōin Byakurengendō. Sa forme très particulière évoque une fleur de lotus blanc sur le point d’éclore. Une autre particularité est la présence aléatoire d’ouverture sur les façades courbes laissant traverser la lumière à certains endroits. Le bâtiment de béton blanc mélange une image de délicatesse et de solidité. La structure anti-sismique assure qu’il peut résister à un tremblement de terre important d’une intensité sismique de 7 ou plus, et que la durée de vie du bâtiment est estimée à plus de 300 ans. C’est ce qu’indique du moins le site web du temple, mais on peut bien comprendre que pour un cimetière, la longévité est un point primordial.
J’avais déjà montré ce bâtiment dans un billet d’Avril 2018, mais je voulais y revenir pour essayer de mieux le saisir en photo. Le problème est que l’allée pavée qui le dessert est plutôt étroite et on n’a pas beaucoup de recul pour pouvoir le saisir dans sa totalité d’une manière correcte. Ce grand hall futuriste est vraiment encastré dans le milieu urbain et, en y repensant maintenant, les ouvertures des façades ressemblent à des meurtrières de forteresse, comme s’il fallait absolument protéger les cendres des défunts d’un environnement extérieur hostile. C’est la remarque que Wakametamago m’avait fait sur la photo que je montrais sur mon compte Instagram qui m’a donné cette image.