色々ウォーク❶❶

Nos soirées dans la semaine et journées du week-end sont rythmées par les Jeux Paralympiques. Ils ne sont pratiquement diffusés que sur la NHK. Heureusement qu’il y a deux chaînes sur la NHK et les chaînes BS et BS4K qui sont agréablement laissées en libre accès. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi les autres chaînes japonaises ne diffusent aucunes épreuves. Comme je le mentionnais auparavant, nous regardons un peu de tous les sports, mais en particulier le wheelchair rugby et le wheelchair basketball, que nous suivons avec beaucoup de passion. L’équipe japonaise est impressionnante de persévérance et s’achemine désormais vers la finale, ce qui est entièrement mérité vu le jeu d’équipe qu’ils nous montrent et l’aisance avec laquelle ils se déplacent sur le terrain. C’est du patinage artistique avec un ballon en mains. L’équipe est désormais assurée d’avoir une médaille mais on ne sait pas encore laquelle. Voir toutes ces épreuves des Jeux Para, les joies intenses que se manifestent lors des réussites ou les déceptions malgré les efforts, me donnent souvent les larmes aux yeux.

Les quelques photographies ci-dessus sont prises à Roppongi Hills et autour du parc de Yoyogi. Les personnages à tête de fleur entièrement dorés sont bien évidemment signés par Takashi Murakami. J’étais autrefois allergique à l’art enfantin de Takashi Murakami mais j’ai changé d’avis il y a quelques années après avoir vu la grande exposition intitulée The 500 Arhats qu’il nous proposait dans le musée de ce même Roppongi Hills. Cette statue est bien sûr excessive mais elle interpelle par sa taille et par l’apparente richesse du matériau. Ces photographies sont prises un jour de pluie alors que j’allais voir au cinéma le film d’animation de Mamoru Hosoda, Ryū to Sobakasu no Hime (竜とそばかすの姫) dont je parlais auparavant. Les photographies autour du parc de Yoyogi sont également prises un jour de pluie mais on la distingue à peine sur les photos. Je découvre au hasard des rues les nouvelles toilettes publiques dessinées par Toyo Ito et nommées Three Mushrooms pour la ressemblance avec des champignons poussant aux bords d’une forêt. Elles se trouvent à proximité du sanctuaire Yoyogi Hachiman. Ces toilettes font partie du même projet Tokyo Toilet qui voit des architectes et des artistes concevoir des toilettes publiques à différents endroits de l’arrondissement de Shibuya. La dernière photographie montre une maison individuelle intéressante par l’utilisation de cette couleur orange vive et par la petite ouverture de verre dans un des coins supérieurs lui donnant des airs futuristes. Et on peut apercevoir furtivement le photographe à vélo en reflet sur le miroir devant cette maison. On m’aperçoit en fait à peine sur ce miroir. Je me suis souvent posé la question de me montrer ou pas sur ce blog ou sur l’icône des réseaux sociaux mais j’ai toujours conclu qu’il était préférable de ne pas trop se montrer sur internet.

Avec Spool et Yonige, je suis également avec une attention certaine la musique rock indé de Hitsuji Bungaku (羊文学). Je me suis fait une petite playlist de morceaux de ces trois groupes et je l’écoute souvent. Chacun des trois groupes a ses propres spécificités mais je trouve qu’ils vont assez bien ensemble et représentent bien une ligne musicale rock alliant une certaine mélancolie et une énergie rock qui n’a pas peur de faire intervenir les guitares. C’est ce que j’aime beaucoup sur le morceau Sabaku no Kimi he (砂漠のきみへ) de Hitsuji Bunkaku. Le final laisse place à un solo de guitare au son cristallin montant en puissance jusqu’à la saturation. Ce son là de guitare nous traverse le cerveau jusqu’aux omoplates. La voix de Moeka Shiotsuka (également appelée Heidi) a un petit quelque chose de spécial, un accent peut-être, qui la rend particulièrement intéressante à écouter. Ce morceau est le huitième du deuxième album du trio, intitulé POWERS et sorti en Décembre 2020. Hitsuji Bungaku évolue souvent vers la pop rock, sur des morceaux comme Aimai de ii yo (あいまいでいいよ) qui s’écoule dans une fluidité parfaite. Mais, j’aime aussi les morceaux un peu plus lents et sombres comme le dernier morceau de l’album POWERS, Ghost ou le premier intitulé mother. L’intensité rock y est omniprésente et parfois brute mais adoucie par le chant de Moeka et les chœurs combinés de la bassiste Yurika Kasai et du batteur Fukuda Hiroa. Ce mélange de force émotionnelle et d’intensité sonore me rappelle le groupe Kinoko Teikoku, mené par Chiaki Sato. Les deux groupes sont en fait suivis par le même management. Hitsuji Bungaku a sorti plus récemment un EP intitulé you love sur lequel je n’ai pour l’instant écouté que le premier morceau et single Mayoiga (マヨイガ) utilisé comme thème d’un film d’animation intitulé Misaki no Mayoiga (岬のマヨイガ) réalisé par Shinya Kawatsura à partir d’un roman de Sachiko Kashiwaba. J’avais déjà parlé plusieurs fois de Hitsuji Bungaku dans des billets précédents, et je me rends compte que j’avais déjà évoqué cette ressemblance avec Kinoko Teikoku. J’ai le sentiment que le groupe gagne petit à petit en notoriété car il était sur l’affiche principale du festival Fuji Rock cet été (avec Yonige d’ailleurs). Et à ce propos, Fuji Rock avait également sur son affiche, dans la section Rookie a Go-Go, le jeune groupe Ms.Machine dont j’ai également plusieurs fois parlé ici. Ça fait plaisir de voir des groupes qu’on aime accéder à une certaine reconnaissance.

Hironaka House par Ken Yokogawa

Je découvre tout à fait par hasard la maison Hironaka House (弘中邸) dans un des quartiers résidentiels de l’arrondissement de Shibuya. Cette maison a été conçue en 2011 par l’architecte Ken Yokogawa. J’avais déjà vu cette résidence privée dans des magazines ou livres d’architecture, mais je n’avais aucune idée d’où elle se trouvait. Lors de mes promenades urbaines, appareil photo en mains, il m’arrive régulièrement de découvrir des maisons que je connais pour les avoir vu en photo. Elles se trouvent parfois cachées dans des quartiers que je connais pourtant assez bien, au détour d’une ruelle que je n’avais jamais emprunté jusque là. Une pointe d’excitation monte dès que je découvre au loin ce genre d’architecture et que je m’en approche doucement, comme un trésor qu’on n’espérait plus trouver. Il a quelques autres maisons comme celle-ci que je recherche désespérément et que je découvrirais peut être un jour au hasard d’une rue, comme la maison On the Cherry Blossom par l’architecte Junichi Sampei (A.L.X.). Comme la petite maison Delta à Meguro, Hironaka House ressemble à un objet volant non identifié qui aurait atterri par erreur de le jardin d’une propriété privée. L’extérieur de la maison lorsqu’on la voit depuis la rue ne révèle que peu de choses sur son organisation interne. Il faut explorer le site web de l’architecte pour comprendre un peu mieux l’agencement de Hironaka House. Les quelques photos ci-dessous sont d’ailleurs tirées des pages de ce site web.

Des formes en polyèdres composent cette maison et lui donnent cet aspect futuriste immédiatement remarquable. Elle se trouve sur un terrain en forme de triangle d’une superficie de 295㎡. C’est une maison compacte occupant une surface au sol de 125㎡ pour une surface totale de 169㎡. Une des arêtes du triangle donne sur la rue que je montre en photos ci-dessus. Le terrain est surélevé à cet endroit là et est bordé par un mur de deux mètres de haut donnant sur la rue. Les formes géométriques grises argentées de Hironaka House sont posées sur ce terrain formant un petit plateau à la hauteur du mur, correspondant à l’étage de la maison. Le living et les chambres sont situées au rez-de-chaussée. Les grandes baies vitrées du living donnent sur l’espace de jardin de taille réduite derrière le mur donnant sur la rue. La structure de base de la maison incluant les sous-sols est faite en béton armé, tandis que les polyèdres formant le toit angulaire aux multiples facettes sont composés d’ossatures en bois couvertes de panneaux d’aluminium imperméables.

Les zones de la maison à l’étage sous la toiture de polyèdres contiennent un atelier de dessin et une pièce traditionnelle en tatami utilisé comme salon pour le thé. Cette pièce sert également d’espace pour les invités. D’après les photos présentes sur le site de l’architecte, l’entrée se trouve à l’étage. Pour y accéder, on doit d’abord traverser le jardin au rez-de-chaussée devant les baies vitrées du living pour ensuite monter un escalier donnant accès à cette entrée de forme biseautée. Elle est intéressante car elle mélange les formes ultra modernes de la structure avec des éléments japonais beaucoup plus traditionnels comme un petit bassin pour se laver les mains. Une pierre plate blanche sert de marche pour accéder au salon de thé par une porte volontairement très étroite, appelée nijiriguchi, qui demande de se pencher. Cette ouverture minimale crée en quelque sorte une coupure avec le monde extérieur. L’espace isolé et sombre à l’intérieur du salon de thé se veut propice à la médiation, loin des tourments qui bousculent la vie quotidienne.

Je suis passé devant cette maison alors qu’une pluie fine n’en finissait pas de tomber. Il faudrait que je revienne bientôt lorsque la météo est plus clémente, ce qui j’espère donnera des photographies plus réussies.

dans l’atelier de Tarō Okamoto

Je suis passé très souvent devant le musée de Tarō Okamoto à Aoyama et j’ai très souvent eu l’idée d’y entrer mais l’opportunité ne s’est concrétisée que maintenant. Le Tarō Okamoto Memorial Museum était en fait la demeure de l’artiste. Tarō Okamoto (岡本 太郎) y a vécu de 1954 jusqu’à sa mort en 1996 à 84 ans, soit un peu plus de quarante ans. Il a développé ici les idées de toutes les œuvres qui ont fait sa renommée comme l’imposante Tour du Soleil (太陽の塔, Tower of the Sun) de l’exposition universelle d’Osaka en 1970. Cette maison faite de blocs de béton a été conçue par l’architecte Junzo Sakakura, connu pour être un des disciplines japonais de Le Corbusier. Le design du toit en formes convexes comme une lentille optique est très intéressant. En passant devant le bâtiment, j’ai toujours pensé y voir une aile d’avion découpée, qui me rappelle un peu le design de Paul Andreu pour les toitures des terminaux A et B de l’aéroport Charles de Gaulle. A l’intérieur, on peut visiter plusieurs pièces remplies des œuvres immédiatement reconnaissables de Tarō Okamoto. Certaines sont des modèles de sculptures que l’on retrouve à Tokyo, comme celle appelée L’Arbre des Enfants (こどもの樹) devant le hall Kokomo no Shiro (こどもの城), ou un peu partout dans le Japon. Au rez-de-chaussée, après une pièce ressemblant à un salon avec accès sur le jardin, on peut entrer dans une partie de l’atelier. L’espace semble être resté en l’état comme si Tarō Okamoto venait de quitter la pièce après avoir terminé une peinture. J’aime beaucoup voir ces espaces de travail et de création. Enfin, j’imagine que les structures colorées en forme de créatures fantastiques au milieu de la pièce ont été ajoutées et n’étaient pas à cet endroit au moment où il créait. Le musée est assez petit, sur deux étages mais les œuvres sont nombreuses et débordent même sur le jardin. Le jardin ressemble à une petite jungle impénétrable avec des plantes exotiques. Des statues sortent leur tête tout d’un coup à travers les feuillages. Et lorsqu’on lève les yeux pour admirer la structure de sa maison, une autre créature ressemblant à la tour du soleil nous observe gentiment les mains sur la balustrade.

J’ai un attachement plus particulier pour sa grande fresque murale intitulée Le Mythe de demain (明日の神話) que l’on trouve maintenant dans la gare de Shibuya, car nous l’avions vu exposée avant son déménagement dans la gare. Mais à part les sculptures et peintures vues dans Tokyo, je n’ai pas une vaste connaissance de son œuvre. En fait, le numéro de Juin 2021 du magazine Casa Brutus m’a donné l’idée d’aller voir sa maison à Aoyama. Le numéro s’intitule Taro & Aimyon (岡本太郎とあいみょん). La compositrice et interprète Aimyon nous montre à travers les pages du magazine un nombre important d’oeuvres de Tarō Okamoto à Osaka à l’intérieur de la Tour du Soleil qui fourmillent de créatures, dans la maison d’Aoyama que je viens de visiter et au musée de Kawasaki qui sera certainement ma prochaine visite. On peut y voir des photos de pièces de la maison à Aoyama, notamment le Living room, qui ne sont pas accessibles à la visite. Aimyon pose presque chaque fois sur les photos mais comme elle n’est pas modèle, je trouve que ça sonne particulièrement juste. Ces photographies prises par Takemi Yabuki sont, je trouve, très réussies car on y trouve un soupçon de fantaisie dans les postures d’Aimyon qui convient bien, sans en faire trop car il n’est de toute façon pas imaginable d’égaler la folie créative de Tarō Okamoto. Du coup, je me suis mis à écouter la musique d’Aimyon, le morceau Ai o shiru made ha (愛を知るまでは) en particulier. Sans forcément plonger plus en avant dans sa discographie pour l’instant, j’aime beaucoup la dynamique de son chant. Il y a quelque chose de particulier, d’atypique.

Les journées pluvieuses nous poussent à rester à l’intérieur. On dirait que nous sommes entrés dans une deuxième saison des pluies. Tokyo est ceci dit relativement épargné par rapport aux zones Ouest du Japon. J’étais de toute façon cloué au lit pendant une journée entière avec 38.5 de fièvre, suite à la deuxième piqûre du vaccin Moderna. C’était un mauvais moment à passer mais une bonne chose de faite. La fièvre m’a fatigué mais ne m’a pas empêché de regarder des films sur Netflix. Je me suis remis en tête de regarder des films japonais et j’en parlerais certainement dans un prochain numéro. Mais la pluie a quand même l’avantage de m’accorder un peu plus de temps que d’habitude pour écrire. Mais écrire pour qui, pour quoi? La question est peut-être écrire pour quand.

銀座ウォーク❽

Je continue cette série estivale « walk » (ウォーク) qui se promène dans plusieurs quartiers de Tokyo. Les photographies datent un peu car elles sont prises en même temps que ma visite du parc Hama-Rikyu et mon passage devant la tour Nakagin. Je profite de ce passage rapide dans Ginza pour aller devant au grand carrefour au pied de la tour Ginza Place dessinée par Klein Dyhtham. Un groupe de deux saltimbanques en tenues de couleurs unies fluorescentes se produisait à ce carrefour. Ils s’appelaient Just-In. Je ne les connais pas et je ne pense pas qu’ils soient connus mais j’ai quand même retenu leur nom pour la ressemblance avec le prénom d’un chanteur américain connu. Je pense que c’est volontaire et ça marche apparemment plutôt bien car je me souviens moi-même de leur nom même après plusieurs semaines, sans pour autant avoir vu leur représentation de rue car ils terminaient juste à mon arrivée. Mon détour dans les rues de Ginza m’amène par hasard devant l’hôtel Aloft. Les plus attentifs d’entre nous saurons certainement que c’est dans le lounge de cet hôtel de Ginza que s’est déroulée l’emission spéciale de Tokyo Jihen sur YouTube, Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) , qui faisait office de présentation du nouvel album Music (音楽). En regardant à travers les grandes baies vitrées, je reconnais l’intérieur avec le billard au fond et le fauteuil haut sur lequel Ukigumo était assis. Dommage que cette émission ne soit plus disponible officiellement sur YouTube car elle était particulièrement intéressante, enfin on peut bien la trouver ailleurs si on cherche bien.

En parlant de Sheena Ringo, je reviens sur les interrogations que j’avais à propos d’une photo d’archive de la fin des années 90, vue sur un mur d’Harajuku. Je me posais la question dans un autre billet de qui accompagnait Sheena Ringo lors de son voyage en Décembre 1998 à Londres et à Paris pour un magazine de mode. Le bouquin Ringo Allergie (林檎アレルギー) que je viens de recevoir me confirme que le magazine en question se nomme Zipper et que le séjour à Paris et Londres avait lieu du 11 au 18 Décembre 1998. Il s’avère que le modèle masculin qui accompagnait Sheena pendant ce séjour s’appelle Gaku (学). Ce n’est donc pas la personne de l’affiche sur la palissade d’Harajuku, malgré une certaine ressemblance. La personne sur l’affiche d’Harajuku se nomme apparemment Hide et est étudiant en université. Mon intuition n’était donc pas la bonne. Cette recherche poussée a quand même eu l’intérêt de me faire découvrir ce livre Ringo Allergie et de me rappeler à récupérer en format mp3 les épisodes de l’émission radio de Cross FM Fukuoka Etsuraku Patrol pour pouvoir les écouter facilement une nouvelle fois sur mon iPod. La première émission disponible, celle du 21 Décembre 1998, parle d’ailleurs de ce séjour à Londres et Paris. J’ai toujours dans l’idée de faire un résumé des 16 émissions disponibles mais il me faudrait beaucoup de courage et d’obstination. Il y a en fait des retranscriptions de certaines émissions dans le fanzine gratuit RAT dont toutes les éditions de 1999 à 2003 sont regroupées dans la boîte verte fluorescente SheenaRingoBoX sorti en 2008 pour ses dix années de carrière. Le contenu de cette boîte est un petit trésor qui me prendra du temps à explorer. Les photographies prises pendant le séjour à Paris et Londres ont été montrées dans plusieurs numéros du magazine Zipper, notamment ceux de Mars, Avril et Juin 1999 (entre autres). Les quelques photos ci-dessus prises à Paris proviennent du numéro d’Avril 1999 de Zipper avec Chara en couverture.

J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de la musique de Samayuzame mais je ne peux m’empêcher d’en parler encore car elle vient de sortir son deuxième album intitulé Plantoid le 28 Juillet. L’album contient les trois morceaux dont j’ai déjà parlé auparavant, à savoir Boku no Wakusei (僕の惑星), Rui Rui (累累) et Lotus Farm. Le morceau que je préfère sur les sept de l’album, est le sixième intitulé Naraku no Mokushiroku (奈落の黙示録), qui est d’une beauté sombre et inquiétante. Les trois images ci-dessus sont tirées de la vidéo visible sur YouTube. On retrouve cette ambiance sur la majorité des morceaux de l’album mais la voix délicate de Samayuzame apporte une lumière qui contrebalance bien l’ensemble. L’univers musical de Samayuzame évoque un monde sombre et onirique. Les sonorités principalement électroniques nous enveloppent et on se laisse emporter par cette atmosphère rêveuse remplie de mystère. La qualité de composition est magnifique, particulièrement riche, foisonnante de toute sorte de sonorités parfois volontairement dissonantes. Certaines sonorités me font d’ailleurs penser à l’ambiance de KSK de Sheena Ringo. En fait, il y a un son final au violon sur le morceau Lotus Farm qui m’a fait penser dès la première écoute au violon de Neko Saito. J’étais d’ailleurs très surpris de voir après coup que Neko Saito donnait un commentaire sur l’album. Son commentaire est très élogieux et indique d’ailleurs que Samayuzame et Neko se connaissent depuis trois ans et qu’il l’a vu évoluer pendant ces quelques années. Ce commentaire est présenté dans un tweet avec une photo de Neko Saito en blouse blanche qui, si je ne trompe pas, est tirée du concert Ringo Expo 18 de Sheena Ringo. A ce propos, le morceau titre de l’album, Plantoid, m’interpelle à chaque fois que je l’écoute. La manière de chanter de Samayuzame sur les premières paroles de ce morceau me rappelle à chaque fois le morceau Hatsukoi Shōjo (ハツコイ娼女) sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗). Les morceaux ne se ressemblent pourtant pas mais j’y entends une manière similaire de faire flotter les fin de phrases. Il y a beaucoup de talent et d’inspiration dans cet album et ce foisonnement de sonorités s’accordent entre elles dans la plus grande limpidité. L’album est juste un peu court en version digitale (celle sur j’ai acheté sur iTunes) mais la version sur CD contient deux morceaux supplémentaires qui sont des reprises de deux morceaux plus anciens. J’ai déjà écouté cet album de nombreuses fois mais je ne m’en lasse pas, certainement car j’y trouve quelque chose d’apaisant. J’aime aussi beaucoup son logo en forme de papillon qui reprend son nom. On l’aperçoit à la fin de la vidéo de Naraku no Mokushiroku.

日本橋ウォーク❼

Notre recherche des signes de l’olympisme dans Tokyo nous amène jusqu’à Nihonbashi où se déroule pendant la période des Jeux une exposition prenant le nom d’Olympic Agora. Nous avions l’intention d’aller voir les installations d’art contemporain inspirées par Tokyo 2020 des artistes Xavier Veilhan, Makoto Tojiki et de la photographe Rinko Kawauchi, mais le temps nous a malheureusement manqué. Nous y retournerons un autre jour peut-être. Nous n’avons vu que l’énorme médaille d’or, reprenant le design de Junichi Kawanishi, à l’intérieur de l’atrium de l’immeuble Mitsui de Nihonbashi, les anneaux olympiques disposés près du grand pont de Nihonbashi et quelques affiches historiques des Jeux précédents sur les façades des buildings de l’avenue Chuo. Je n’étais pas passé à pied depuis très longtemps sur le pont de pierre de Nihonbashi, conçu en 1911 par l’architecte Tsumaki Yorinaka (妻木 頼黄). Le paysage et le ciel est obstrué par les immenses voies de l’autoroute intra-muros qui laissent à peine assez de place pour les statues Kirin placées au centre du pont. Cette portion d’autoroute est censée disparaître sous terre pour redonner à Nihonbashi son apparence initiale. Cette autoroute a été construite avant les Jeux Olympiques de 1964 et les travaux pour déplacer cette portion à Nihonbashi sont censés démarrer après les Jeux de Tokyo 2020, c’est à dire à partir de maintenant. Je n’ose pas imaginer le nombre d’années nécessaires pour réaliser des travaux d’une telle envergure.

Les Jeux de Tokyo se terminent déjà. J’ai l’impression que ces deux semaines ont passé très vite car on a été émergé dans les épreuves retransmises à la télévision. Il y a eu beaucoup de beaux moments. La cérémonie de clôture n’avait malheureusement rien d’exceptionnel, sauf les quelques passages en projection mapping et la vidéo faisant le relais avec Paris en ville hôte des Jeux de 2024. Je dirais même que la qualité de la vidéo française est venue éclipser les séquences de la cérémonie de clôture japonaise. Ce sont du moins les réactions qu’on entend autour de nous. On était par contre très agréablement surpris de voir la performance du sopraniste Tomotaka Okamoto (岡本知高) que nous avions été voir récemment en concert en Mars de cette année à Yatsugatake. Surpris également de voir Tokyo Ska Paradise sur scène au milieu du stade olympique, bien que je ne sois pas particulièrement amateur de cette formation qui me semble toujours surjouer leur enthousiasme (mais c’est plutôt le ska de manière générale auquel je n’accroche pas beaucoup). Milet était également sur scène ce qui m’a également surpris car c’est une figure relativement jeune de la scène musicale japonaise, mais elle a une très belle voix d’autant plus qu’elle chantait en français. Même si je n’accroche pas beaucoup à sa musique, elle a beaucoup de talent et il faudra certainement que je change d’avis un jour ou l’autre. Au final, j’ai tout de même trouvé cette cérémonie de clôture en deçà des Jeux en même. Pour revenir à la cérémonie d’ouverture, le magazine Bunshun revient une nouvelle fois sur le plan initial en dévoilant en presque totalité le storyboard de MIKIKO. Essayons de ne pas trop imaginer ce que ça aurait donné pour ne pas se faire trop de mal.

Côté musique, je suis tombé par hasard sur le morceau Always With You de Aseul alors que j’étais emmené par erreur sur Spotify. Je n’ai pas de compte Spotify mais on peut quand même y écouter des morceaux au hasard sur une playlist. Ce morceau m’a tout de suite intrigué. J’ai immédiatement aimé cette ambiance dream pop qui sonne comme des lumières de néons s’échappant d’une brume urbaine. Aseul (아슬) est une compositrice et interprète coréenne indie et elle chante principalement en coréen. Trois morceaux accrochent tout de suite, le premier Fill Me Up (구멍), le troisième Sandcastles (모래성) et le septième et dernier morceau Always With You. L’album prend un titre japonais, s’appelant Asobi. La vidéo de Sandcastles semble d’ailleurs avoir été filmée à Okinawa. Asobi est sorti en Juillet 2018. L’album faisant 27 mins, il est malheureusement assez court et on aimerait que cette musique continue un peu plus longtemps. Il y a une certaine intimité qui se dégage de sa voix qui ne force pas le trait mais nous laisse nous y installer tranquillement. Les autres morceaux sont aussi très bons. Aseul a un sens mélodique certain et ces airs électroniques nous restent en tête et nous donnent envie d’y revenir. Il se dégage un certain apaisement même si les morceaux peuvent être assez rythmés. Je n’ai pas trop l’habitude d’écouter des morceaux en coréen, la dernière fois c’était la musique électronique de syndasizung, mais ces tons de voix me plaisent beaucoup. On est ici très loin de la K-POP pré-programmée et la musique d’Aseul prend une direction toute différente qui nous donne le sentiment d’une grande liberté. Les curieux démarreront la découverte de cet album disponible sur Bandcamp avec le morceau Always With You qui est vraiment excellent, ceci étant une impression qui se renforce petit à petit au fur et à mesure des écoutes.