mosaic house par Makoto Takei + Chie Nabeshima / TNA

Mosaic house est une de ces maisons tokyoïtes particulières que j’avais en tête d’aller voir depuis très longtemps, après l’avoir aperçu dans les pages du numéro 68 du magazine d’architecture japonais Japan Architect consacré au Yearbook de l’année 2007. Ce n’est pas simple de trouver la localisation de maisons individuelles mais quand on se met à chercher sérieusement, on finit toujours par trouver. Mosaic house se trouve dans une zone résidentielle de l’arrondissement de Meguro loin des grandes artères. Elle a été construite en Mars 2007, conçue par les architectes Makoto Takei et Chie Nabeshima de l’atelier TNA fondé quelques années avant en 2004. Sa particularité extérieure est cette forme bombée qui penche sur la rue. On a l’impression qu’elle s’incline vers la rue, comme un signe de respect vis à vis des passants qui marcheraient devant. Mais elle agit plutôt comme une fleur qui chercherait la lumière du soleil. On ne le voit malheureusement pas sur mes photographies ci-dessus mais le plafond incliné vers le Sud de cette petite maison de 4 étages est complètement couvert de vitrage formant une mosaïque, ce qui peut expliquer le nom de cette maison. Le nom Mosaic house vient peut-être plutôt de la couverture extérieure des murs faite d’une mosaïque de petits carrés de céramique.

Une des raisons pour laquelle cette forme courbée particulière a été choisie vient du fait que la zone constructible juste en face de la maison au sud autorise les constructions de 4 étages. Un immeuble de 4 étages apporterait un ombrage important sur la maison, d’autant plus qu’elle est placée dans une rue étroite, d’où cette forme inclinée pour maximiser la prise de lumière. Il y a assez peu de fenêtres sur les façades donc le plafond reste la principale source de lumière. La lumière du soleil traversant le plafond de verre incliné vient se réfléchir sur le mur intérieur opposé et courbé. Elle se distribue ainsi vers les parties basses de la maison à travers une zone ouverte entre les étages, laissant passer un escalier à colimaçon. La partie living et la salle à manger se trouvent juste en dessous de la verrière inclinée. D’après les petites photographies de l’intérieur que je montre ci-dessus, la véritable qualité de cette petite maison doit se ressentir dans cette pièce principale donnant une vue panoramique sur le ciel. On doit avoir l’impression que les limites entre l’espace intérieur et l’espace extérieur disparaissent. Par contre, même s’il y a un système de rideaux pour couvrir un soleil trop fort, j’imagine quand même que la chaleur peut devenir très vite difficile à vivre dans cet espace. La forme courbe de la maison autorise également un espace en dessous pour un parking. Comme souvent dans les espaces urbains réduits tokyoïtes, l’architecte doit jouer avec les contraintes pour maximiser l’espace utilisable.

Il s’agit d’une maison emblématique de Tokyo, comme peuvent l’être par exemple Reflection in mineral de l’atelier Tekuto, Moriyama House de Ryue Nishizawa, House in a plum grove de Kazuyo Sejima ou House NA de Sou Fujimoto. Ces maisons mettant en avant des concepts de vie différents sont souvent caractérisées par des espaces restreints et une blancheur immaculée, qui fait penser à un modèle générique demandant à être répliqué. Le blanc de mosaic house a malheureusement disparu avec les années, ce qui est un peu dommage. La météo était plutôt maussade au moment de mon passage, ce qui peut jouer sur l’impression générale sur mes photographies. Il faudrait que je repasse par ici lors d’une belle journée d’été pour voir si mon impression diffère.

Sky Trace par Kiyoshi Sei Takeyama

Je passe parfois des heures sur internet à rechercher, à l’aide de Google Maps, où se trouve une maison individuelle vue dans un magazine d’architecture, et mes efforts ne sont pas récompensés la plupart du temps. Il y a parfois des maisons qui se laissent découvrir d’elle-même au hasard d’une promenade urbaine. La maison blanche difforme Sky Trace de Kiyoshi Sei Takeyama (Amorphe) fait partie de cette deuxième catégorie et je la découvre dans un quartier résidentiel labyrinthique de Kugahara. Lorsque je l’aperçois au détour d’une rue, je pense d’abord qu’il s’agit d’une maison en cours de construction. Cette impression doit venir du fait qu’une des ouvertures principales à l’étage n’est pas fermée par un vitrage et que la peinture blanche couvrant tous les murs s’arrêtent à la surface extérieure. L’épaisseur du mur et l’intérieur de la maison sont volontairement laissés en béton brut. Je reconnais ces formes simples et brutes, mais l’architecte ne me revient pas en tête au moment de cette découverte. De retour à la maison, en fouillant dans mes vieux magazines d’architecture, je la retrouve dans un numéro du magazine bimensuel néerlandais MARK. Le numéro 7 des mois d’Avril et Mai 2007 montrait une petite série intitulée Five Japanese House et Sky Trace était la quatrième maison présentée. Les formes asymétriques de ce bâtiment ne sont pas arbitraires malgré la première impression que l’on peut avoir, mais résultent d’une maximisation du volume habitable dans les limites des régulations liées aux constructions résidentielles. Le plan oblique de la façade principale avance sur la rue pour gagner en espace, mais en contrepartie les étages sont percés par un patio, afin de contenir la surface habitable dans les proportions autorisées, par rapport à la taille (restreinte) du site. Le patio que l’on aperçoit sur la première photographie ci-dessus apporte une source de lumière pour l’intérieur. On n’aperçoit par contre pas la terrasse aux murets irréguliers sur le toit. Cette couleur blanche immaculée, bien conservée d’ailleurs pour un bâtiment construit en 2006, est un clin d’oeil aux volumes blancs purs de l’architecture moderniste, sauf qu’ici, sur Sky Trace, la couleur s’arrête aux surfaces extérieures et les volumes sont asymétriques. Cette maison essaie donc plutôt de casser des codes préétablis. Il se dégage de cette maison à la fois un aspect brut comme un modèle inachevé et une élégance certaine dans l’asymétrie comme une pièce rocheuse ressemblant à un diamant.

Les trois photographies ci-dessus de Sky Trace, extraites du site de Amorphe, montrent la terrasse sur le toit et le patio traversant le bâtiment. L’ouverture sur la troisième photographie donne sur la rue depuis laquelle j’ai pris les trois photographies du billet.

Du même architecte Kiyoshi Sei Takeyama et du groupe Amorphe, je connaissais déjà deux autres bâtiments absolument remarquables que j’ai déjà montré sur Made in Tokyo, à savoir le temple futuriste en forme de tulipe (ou de lotus) Shinjuku Rurikoin Byakurengedo 新宿瑠璃光院白蓮華堂 (2014) et la brutalité du massif TERRAZZA (1991) sur la pente descendante de Killer Street. L’architecture d’Amorphe nous invite à l’imagination et j’aime beaucoup cela.

aoyama orange

Le bloc orange qui se distingue sur la première photographie est un élément architectural de l’école maternelle Harajuku Kindergarten conçue par l’atelier d’architecture Franco-japonais Ciel Rouge Création (Henri Gueydan et Fumiko Kaneko). Cette école se trouve juste à côté de l’église protestante Harajuku Church sur la troisième photographie, par le même groupe d’architectes. Nous sommes ici à proximité de la rue Killer Street juste devant le musée d’art contemporain Watari-um, par l’architecte suisse Mario Botta, sur la deuxième photographie. La petite maison de style brutaliste Tower House de l’architecte Takamitsu Azuma se trouve aussi pas loin de là. Elle est tellement emblématique qu’il y a même une petite plaque indiquant son nom et l’architecte sur une des façades de béton brut. Je montre une vue de l’arrière de la maison sur la dernière photographie ci-dessus. Le parking de taille très réduite donne à la fois sur Killer Street et sur la petite rue arrière où je me trouve. Tower House fut construite en 1966 sur un petit espace triangulaire de 20.5m2 pour une surface habitable totale de 65m2. Cette maison est tout aussi radicale maintenant qu’elle l’était à l’époque de sa construction, où elle se distinguait pour sa hauteur par rapport aux habitations ‘traditionnelles’ qui composaient le quartier au milieu des années 1960. Elle ressemble maintenant beaucoup plus à une maison miniature dans un quartier qui a bien changé ces soixante dernières années. L’intérieur de la maison se compose principalement d’un espace vertical continu et ouvert où les pièces sans portes sont posées comme des strates sur 6 niveaux. L’escalier est omniprésent et se compose de plaques de béton ancrées directement sur les murs. Cette maison, désormais habitée par la fille de l’architecte, a une apparence intérieure des plus austères, mais donnait à l’époque une image symbolisant la vie tokyoïte moderne. Malgré sa petite taille, elle reste une des pièces architecturales les plus intéressantes du paysage tokyoïte, pour les amateurs d’architecture de béton sans compromis.

Le musée Watari-um est également placé sur un espace triangulaire réduit faisant un angle droit sur 160m2. La façade principale est un écran carré divisé en deux parties symétriques et l’escalier extérieur est placé à côté dans un espace arrondi. Cette façade donnant sur Killer Street est également iconique, mais elle apparaît un peu sale sur cette photographie prise au Février cette année. Ce sont les restes d’une immense affiche avec de multiples visages d’enfants et d’adultes qui avait été posée en 2013. Le musée a laissé volontairement cette affiche se dégrader avec les années et il n’en reste presque plus rien maintenant. La première photographie est prise depuis une allée fermée aux visiteurs longeant l’église protestante. Elle donne accès à l’ecole maternelle. J’aime beaucoup faire ce genre de compositions montrant la densité urbaine. On y voit une série de plans aux orientations variées se terminant sur la surface immense d’un immeuble bouchant la vue sur le ciel. L’urbanisme hétéroclite de Tokyo permet ce genre de compositions.


Je n’écoute que maintenant Blackstar ★ le dernier album de David Bowie, alors qu’il est sorti il y a un peu plus de quatre ans, deux jours après sa mort. Je suis persuadé depuis un petit moment déjà que je dois aimer la musique de David Bowie, mais je l’approche doucement. Mon premier contact volontaire (je veux dire en dehors des fois où j’aurais entendu des morceaux à la radio) était le morceau I’m deranged dans le film Lost Highway (dont je parle assez souvent ici, sans avoir revu le film depuis des années). Ce morceau me donne à chaque fois des frissons dans le dos, car je revois en même temps les images du film et sa composition est très particulière comme un épilogue qui se prolonge. Je garde aussi toujours en tête la photographie ci-dessus prise au moment de son concert d’anniversaire pour ses 50 ans au Madison Square Garden de New York en 1997. Parmi les invités au concert, je vois les visages de la plupart des groupes que j’appréciais pendant les années 90 et après: Franck Black de Pixies, Sonic Youth, Brian Molko et Placebo, Dave Grohl et Pat Smear de ex-Nirvana et Foo Fighters, Robert Smith de The Cure, Billy Corgan de Smashing Pumpkins. Il doit forcément y avoir des influences mutuelles entre ces groupes et Bowie, me persuadant un peu plus du fait qu’il faut que j’explore son immense discographie. La difficulté est de savoir par où commencer. J’ai d’abord découvert, il y a plusieurs années de cela, l’album de 1980, Scary Monsters (and Super Creeps), acheté un peu par hasard au Disk Union de Ochanomizu ou de Shimokitazawa. Mon attirance inconsciente tenait peut être au fait que le premier morceau de l’album It’s No Game (No 1) contient des mots japonais (parlés par Michi Hirota) qui m’ont intrigués. Je n’apprécie pas forcément tous les morceaux mais j’y reconnais la grande inventivité d’un précurseur. Plus tard, j’écouterais Low (1977) de sa trilogie créée à Berlin avec Brian Eno à la production, attiré par la couverture de l’album et sa réputation. On y trouve de très beaux morceaux, hantés, comme Warszawa. En fait, je suis beaucoup plus sensible à la dernière partie de l’album, à partir de Warszawa, où les morceaux quasi-instrumentaux se succèdent jusqu’au sublime dernier morceau Subterraneans. Les morceaux rock de la première partie de l’album m’attirent par contre moins et me rappelle que j’ai toujours un peu de mal à m’approprier la musique qui n’est pas de ma génération. Le fait de ne pas avoir vécu cette musique à l’époque où elle a été créée me donne le sentiment que je ne peux pas l’apprécier à sa juste valeur et qu’il me manque un contexte.

Je n’ai pas ce sentiment de distance temporelle avec l’album Blackstar ★ mais j’ai par contre beaucoup de difficulté à en exprimer une critique. Le morceau titre de presque 10 minutes est beau, saisissant et chargé en émotions surtout quand le saxophone commence son intervention. Et j’aime ces percussions qui partent librement dans des rythmes compliqués aux apparences incontrôlables, comme également sur le dernier morceau I can’t give everything away mais avec des accents plus électroniques. Il s’agit d’un morceau aux multiples facettes, polymorphe et l’émotion qui s’en dégage en l’écoutant me reste difficile à exprimer. Lazarus, aux paroles prémonitoires, est l’autre très beau morceau de ce court album de 7 titres, mais apparaît comme beaucoup plus classique par rapport au morceau titre de Blackstar. J’adore le cinquième morceau Girl Loves Me pour la voix et manière de chanter particulière de Bowie. Cet album de sortie est peut être pour moi le meilleur album d’entrée dans l’univers de Bowie. L’écouter me donne une autre perspective sur les deux autres albums que j’ai écouté auparavant. Le saxophone de Blackstar semble maintenant rentrer en dialogue avec celui de Subterraneans sur Low.

ユー‐エフ‐オーではないか

J’ai déjà montré les deux photographies d’architecture du billet (la première et la troisième) sur mon compte Instagram il y a plus d’un mois et j’y lançais un appel pour identifier les architectes de ces deux bâtiments de béton. Malheureusement, personne ne m’y a apporté l’information que je recherchais. J’ai donc continué un peu mes recherches pour identifier les concepteurs du bâtiment de béton de la première photographie. Il s’agit des architectes du groupe Mikan (comme mandarine) dont l’architecte français Manuel Tardis est co-fondateur. Le bâtiment appelé House in Jingumae ressemble à un ovni par ses formes en demi-sphère et l’impression qu’il s’élève légèrement de sa base. Le bâtiment de la troisième photographie reste très mystérieux mais j’ai finalement découvert qu’il s’appelle Experience in Material 45, House in Jingumae par Ryoji Suzuki (2003). Le bâtiment a également une forme étrange. Un grand bloc monolithique de béton est entouré d’un très large escalier en deux parties montant jusqu’à son toit couvert de verdure. Je me demande bien qu’elle peut être la fonctionnalité de ces escaliers, qui ne sont peut être que décoratifs, à part le fait qu’ils donnent un accès au toit. Ce qui est plus étonnant peut être, c’est que je n’ai aperçu aucune fenêtre sur les façades lisses bétonnées. Je me demande bien à quoi peut ressembler l’intérieur de cette grande maison très particulière. Sur l’avant dernière photographie, on construit ce qui ressemble à une n-ième nouvelle résidence auquel je ne prêtais guère attention jusqu’à ce qu’on commence à y poser un étrange maillage métallique. Les tiges métalliques, tout d’abord de couleur blanche, sont peintes en marron foncée pour donner une apparence de bois. Je ne connais pas encore la forme finale que la façade va prendre mais ça serait intéressant si on introduisait une couche de verdure sur ce maillage de branches.

J’écoute beaucoup en ce moment le dernier album Womb de Purity Ring, sorti au tout début du mois. Ce nouvel album s’inscrit dans la continuité des deux premiers albums du groupe, sans apporter de changement radical et en gardant la même ambiance electro-pop (je dirais même dark pop) délicate portée par la voix typée de Megan James. C’est un très bel album, honnête dans le sens où le groupe reste fidèle à leur style sans dévier et sans en faire trop. Womb demande quelques écoutes pour l’apprécier pleinement. A la première écoute, je m’étais d’abord dit que ce nouvel album était moins bon que les deux précédents, Shrines et Another Eternity. Les morceaux de Womb demandent plusieurs écoutes pour prendre substance mais s’enchaînent comme un ensemble avec de nombreuses pépites, comme Pink Lightning, I like the devil, Peacefall ou le plus sombre et mystérieux Vehemence. Et il y a le morceau final, Stardew, qui comme je le mentionnais dans un billet précédent est un des plus beaux morceaux de l’année pour l’instant à mon humble avis. Au final, je trouve Womb magnifique et je pense même que c’est l’album que je préfère du groupe. Cette musique et cette ambiance me parle beaucoup.

快感

Cette série de photographies a été prise dans la continuité des billets précédents. Je pense même qu’elles ont été prises pendant la même journée ensoleillée de la fin du mois de Février. Je pensais que le fait de moins sortir le week-end allait me laisser plus de temps pour écrire mais l’inspiration n’est malheureusement pas aussi présente que les week-ends où je parcours les rues tokyoïtes. Sur la première photographie, la porte peinte en rouge vif est celle du temple Ryusenji donnant sur la rue Gaien Nishi. Le temple en lui même est particulier car il semble intégré à un immeuble. J’aurais dû d’ailleurs le prendre en photo. Je continue au hasard d’une petite rue parallèle à la grande avenue d’Aoyama pour tomber sur une petite moto rouge qui m’a l’air familière. Après quelques réflexions, je me dis qu’il s’agit d’une copie de la moto de Kaneda dans Akira. Ou peut être pas, je ne sais plus, je crois qu’il manque les autocollants pour que cette copie soit réaliste. La maison 395 par l’architecte Atsushi Kitagawara sur la deuxième photographie ressemble à une composition de nature morte. Les blocs de formes diverses me font penser à des objets posés sur une table comme sur une peinture. La qualité artistique de l’architecture de Kitagawara est indéniable. Cette maison se trouve le long d’une petite rue de Aoyama mais je ne me souviens jamais de son emplacement exact, ce qui fait que c’est à chaque fois un plaisir (快感) de la redécouvrir au hasard des rues.

Les deux affiches alternatives ci-dessus sont celle du film Sailor suit and machine gun (セーラー服と機関銃 Sērā-fuku to kikanjū) du réalisateur Shinji Sōmai avec Hiroko Yakushimaru comme actrice principale. Il s’agit d’un film de Yakuza, avec un soupçon de comédie, datant de 1981 et racontant l’histoire d’une écolière appelée Izumi Hoshi héritant malgré elle d’un clan de Yakuza, celui des Medaka. Une histoire de drogue dérobée amène les clans à s’affronter jusqu’à la scène finale iconique où l’écolière en uniforme Izumi dégomme à la mitraillette les membres d’un clan adverse, ne pouvant dissimuler un sentiment de plaisir qu’elle exprime juste après les faits avec un sourire et en prononçant le mot « 快感 » (Kaikan). Le film en lui-même n’est pas un chef-d’œuvre ni une œuvre novatrice dans le genre du film de Yakuza, mais le contremploi d’une écolière dans un monde de violence et la manière dont elle va s’adapter et même s’approprier les codes du milieu rendent le film intéressant et intriguant. Voir des images de Tokyo au début des années 1980 est un également un plaisir (快感) visuel. Je ne reconnais pas les quartiers qui y sont montrés à part l’immeuble aux façades en pente de Nishi Shinjuku conçu par Yoshikazu Uchida et une grande statue du temple Taisōji 太宗寺 près de Shinjuku Gyoen. Le film a eu un certain succès au Japon à sa sortie, je pense notamment pour cette scène iconique à la mitraillette qui est utilisée dans le titre du film et pour les affiches. Cette image est restée dans l’inconscient collectif et je ne connaissais moi-même de ce film que cette image. Mais, je réalise également que le morceau du générique de fin, chanté par l’actrice du film, est également très connu. L’actrice Hiroko Yakushimaru est en fait une idole et une chanteuse pop, en plus d’être actrice. Après avoir vu les dernières images du film, je garde ce morceau en tête au point de l’acheter ensuite sur iTunes et de l’écouter ensuite assez régulièrement. Il arrive de temps en temps que je succombe au charme d’un morceau pop des années 80. J’y trouve une certaine nostalgie qui n’est pourtant pas la mienne. C’est un sentiment assez étrange d’y trouver une certaine attache émotionnelle sans pourtant avoir d’attache mémorielle, car j’étais bien loin à l’époque de la sortie du film.

L’envie de regarder le film Sailor suit and machine gun m’est venu après avoir vu et écouté le morceau Shinemagic du groupe d’idoles alternatives ZOC (Zone Out of Control) mené par Seiko Ōmori. Le seul point commun entre ce morceau et le film est l’imagerie de la jeune fille avec une mitraillette, et un certain côté rebel bien représenté par une des membres du groupe Katy Kashii (香椎かてぃ). Le style musical ultra pop est assez loin de ce que j’écoute normalement, mais je m’autorise quelques écarts de temps en temps, quand la musique est suffisamment intéressante à l’écoute et accrocheuse à l’oreille. Le morceau est tout aussi accrocheur que la K-POP de 2NE1 sur le morceau I am the best 내가 제일 잘 나가 (un autre écart musical) où les mitraillettes sont également de sortie à la fin du morceau, en version coréenne par contre mais avec le même plaisir (快感) exprimé.