Nous sommes souvent de sortie le dimanche ces derniers week-ends et nous aimons partir à la découverte d’endroits que nous ne connaissons pas. C’était la première fois que j’allais dans le grand parc Showa Kinen Park (昭和記念公園) à Tachikawa dans l’Ouest de Tokyo. C’est souvent moi qui est l’idée des visites du week-end lorsque celles-ci intègrent un élément d’architecture qui m’intéresse de voir. Cette fois-ci pourtant, le café conçu par Kuma Kengo placé au milieu du parc a d’abord été repéré par Mari au détour de pages web ou de comptes Instagram. Ce café au milieu du parc s’appelle Oka Cafe (オカカフェ). Aller y déjeuner était donc une des raisons de notre passage à Tachikawa, tout en profitant bien sûr des grands espaces du parc. Nous n’étions malheureusement pas les seuls à avoir cette même idée et il nous a fallu plus d’une heure d’attente pour un déjeuner. J’avais donc tout le temps de faire le tour du café pour le prendre en photo sous tous les angles. On reconnaît tout de suite qu’il s’agit d’un bâtiment de Kuma Kengo, car on y trouve les plaquettes de bois en pagaille qui sont si caractéristiques de son style. Le toit légèrement oblique a une forme en vague très intéressante. Une des extrémités du bâtiment vient s’enfoncer dans un petit monticule de terre recouvert de verdure, comme si l’architecture avait surgit du sol. Ce point là en particulier me rappelle un peu les créations de Terunobu Fujimori dans la manière de s’inscrire parfaitement dans l’environnement naturel. L’espace intérieur est agréable car les baies vitrées donnent entière vue sur la parc, mais on peut également s’installer sur les tables de bois à l’extérieur. J’ai pris de nombreuses photographies du parc et j’y reviendrais dans un ou deux prochains billets. En attendant, quelques autres photos du Oka Cafe sont visibles sur mon compte Instagram.
Catégorie : Architecture
Architecture en photos
駆けるインスピレーションが止められない
Les quelques photographies ci-dessus ont été prises à la fin de l’été peu de temps après notre retour de France. Elles étaient depuis longtemps en attente dans un billet en brouillon qui a changé de direction en cours de route. Ces photographies devaient initialement être regroupées avec celles du billet the day in question, avant que celui-ci prenne une tout autre direction, car je m’étais poser la question à ce moment là de savoir si je devais continuer à montrer des photos directement sorties de l’appareil photo sans ajouts personnels. Au final, je reviens finalement vers ce type de photographies mélangeant extraits de rues et éléments d’architecture. J’ai déjà montré plusieurs fois l’architecture des deux premières photos. Le premier bâtiment est la Bank Gallery (anciennement HH Style Armani Casa) conçue par Tadao Ando et le deuxième au bout de la rue est une résidence privée nommée Wood / Peel par Kengo Kuma. Je ne pense pas, par contre, avoir montré les bâtiments des deux dernières photographies car ce sont des constructions très récentes. L’avant dernière photo montre une partie du vitrage du building IDÉAL par Hiroshi Nakamura & NAP (中村拓志&NAP). La résidence de la dernière photographie a des formes superposées désaxées très intéressantes. Il s’agit Hillpeak Tokiwamatsu par Toyo Ito & Associates.
Suite à la découverte de quelques très bons morceaux de Kirinji sur son dernier album mentionnés dans mon précédent billet, je suis parti à la découverte des précédents albums pour voir s’il y avait quelques bons morceaux que j’aurais peut-être manqué. Sur l’album Cherish sorti en 2019, je découvre le sublime morceau Almond Eyes avec un featuring du rapper Chinza DOPENESS (鎮座DOPENESS). J’adore quand Kirinji mélange son univers musical avec le hip-hop. L’atmosphère du morceau est assez fantastique, notamment dans le mélange et le contraste des voix et dans la qualité de la composition musicale. J’aime beaucoup cet électro que j’imagine plein de néons. Il me semblait connaître, au moins de nom, Chinza DOPENESS et ma curiosité m’a poussé à rechercher d’autres morceaux où il intervenait. Il participe à un morceau intitulé Energy Furo (エナジー風呂) qui m’intrigue tout de suite par son titre car il s’agit d’un jeu de mot le faisant ressembler au titre emblématique Energy Flow composé et joué par Ryuichi Sakamoto (坂本龍一). Le « Flow » du morceau original est remplacé par le « Furo », signifiant le bain. Ryuichi Sakamoto participe en fait à ce morceau reprenant le thème principal d’Energy Flow. U-zhaan (de son vrai nom Hironori Yuzawa) interprète ce thème en utilisant un tabla, un instrument de percussions originaire de l’Inde du Nord, dont il est spécialiste. Ryuchi Sakamoto y apporte le piano et toutes sortes d’experimentations sonores bizarres. Au dessus de cette ambiance musicale atypique, les rappers Tamaki ROY (環ROY) et Chinza DOPENESS viennent ajouter leur flot verbal avec des paroles en lien avec le flot du bain chaud. J’aime beaucoup l’humour de leur dialogue, comme les moments où ils se répondent tous les deux avec les mots Tabun (たぶん) et Zabun (ザブン) qui se ressemblent phonétiquement et qu’ils répètent rapidement à la suite. « Zabun » correspond au son que fait une éclaboussure dans l’eau, et le répéter donne l’image qu’ils sont tous les deux dans un bain public Sentō à faire des vagues comme des enfants indisciplinés. Ce n’est pas la seule fois où Tamaki ROY et Chinza DOPENESS se retrouvent ensemble à rapper car ils se sont également réunis sous le nom de groupe KAKATO. Chinza DOPENESS a apparement participé à de nombreuses autres collaborations, notamment sur plusieurs morceaux du groupe HIFANA. Je retrouve ce nom de groupe avec une certaine nostalgie car j’avais beaucoup apprécié, il y presque 20 ans maintenant, leur morceau WAMONO aux sonorités rappelant Okinawa. Quand au musicien U-zhaan (ユザーン), sa fiche Wikipedia me fait réaliser qu’il faisait partie de ASA-CHANG&JUNRAY (ASA-CHANG&巡礼) dont j’ai déjà parlé pour le sublime morceau Hana (花). J’y vois d’autres noms connus, comme une collaboration avec Miki Furukawa (フルカワミキ) de feu SUPERCAR et avec le musicien électronique Rei Harakami que j’ai d’ailleurs découvert à peu près en même temps que HIFANA avec quelques superbes morceaux comme Owari no Kisetsu (終わりの季節). Je me rends aussi compte qu’U-zhaan jouait du tabla sur le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) de Sheena Ringo. Il apparait d’ailleurs dans la vidéo au côté d’Ukigumo. Il y est même crédité comme membre du groupe MANGARAMA créé pour l’occasion, mais il n’apparaitra pourtant pas lors des concerts faisant participé ce même groupe.
Une autre très bonne surprise dans la discographie de Kirinji est le morceau AI no Tohiko (AIの逃避行) sur lequel participe la rappeuse Itsuka (いつか) du duo hip-hop Charisma.com. Je n’ai pas entendu ce nom de groupe depuis longtemps, mais elles sont toujours actives avec un nouvel EP intitulé Mobstrong sorti en Juillet 2023 qu’il faudra que j’écoute. Du groupe, je ne connais en fait que deux morceaux Hate sur l’album I I Syndrome (アイ アイ シンドロム) sorti en 2013 et Iinadukeblue (イイナヅケブルー) sur DIStopping sorti en 2014. J’avais beaucoup écouté ces deux morceaux à leurs sorties mais je n’en avais pourtant pas parlé sur le blog, ce qui me surprend un peu. Je me souciais beaucoup moins de partager mes découvertes musicales à cette époque là. AI no Tohiko est le deuxième morceau de l’album Aiwo Arudake, Subete (愛をあるだけ、すべて) sorti en 2018. Je suis également épaté par la trame musicale de ce morceau faisant intervenir plusieurs voix, celle bien sûr de Takaki Horigome (堀込高樹), celles de Kotoringo (コトリンゴ) et d’Erino Yumiki (弓木英梨乃) qui faisaient partie du groupe Kirinji à cette époque, en plus des parties rappées d’Itsuka. L’ambiance musicale a un côté rétro avec certaines réminiscences du YMO qui me plait vraiment beaucoup, car c’est très dense, évolué et terriblement accrocheur. Bref, c’est un autre excellent morceau de presque six minutes de Kirinji. En remontant un peu dans le temps, je découvre également un autre morceau basé sur du hip-hop, mais il s’agit cette fois-ci de Rhymester. Il s’intitule The Great Journey sur l’album Neo de 2016. Ça me plait tout de suite beaucoup car la voix tout à fait remarquable de Rhymester m’est tout de suite familière. Ce morceau a également un flot à la fois fluide et inarrêtable. Certaines sonorités musicales me ramènent un peu vers l’univers musical de Towa Tei. J’adore particulièrement la longue outro du morceau se déroulant sur plus d’une minute. La voix d’Horigome y est très belle et les notes frénétiques du piano synthétique donnent une belle tension finale. Et je n’oublie pas le très beau morceau Saikai (再会) de l’album Crepuscular de 2021. Sur cet album, je connaissais déjà Hazeru Shinzō (爆ぜる心臓) avec la rappeuse d’Okinawa Awich et Hakumei (薄明) avec la musicienne et chanteuse France-japonaise Maika Loubté, deux morceaux absolument remarquables de Kirinji dont j’ai déjà parlé sur ces pages. Et en parlant de Maika Loubté, elle vient justement de sortir un tout nouveau morceau intitulé Melody of Your Heart qui est tout simplement beau.
Toranomon Hills Station Tower par OMA
La nouvelle grande tour Toranomon Hills Station Tower vient d’ouvrir ses portes à Toranomon le 6 Octobre 2023. Elle a été conçue par OMA (Office for Metropolitan Architecture), l’agence internationale d’architecture fondée entre autres par Rem Koolhaas en 1975. Station Tower vient s’inscrire dans le re-développement du quartier de Toranomon par Mori Building qui avait commencé par la Toranomon Hills Mori Tower (ouverte en Mai 2014), suivie par la Business Tower (Janvier 2020) et la Residential Tower (Janvier 2022). Ce nouvel ensemble Toranomon Hills reste fidèle au modèle de mini-villes intégrées initié avec Ark Hills à Tameike-Sanno et Roppongi Hills. L’ensemble est un projet d’urbanisme extensif incluant des interconnections entre les buildings et une nouvelle avenue, la Shin-Tora, qui avait été créée au moment de la construction de la tour Initiale Mori Tower et qui vient compléter la route circulaire numéro 2 (Ring Road No.2, 環状二号線). Une station de bus a également été créée, ainsi qu’une nouvelle station de métro sur la ligne Hibiya. Toranomon Hills a même une mascotte appelée tout simplement Toranomon (トラのもん) ressemblant à un Doraemon peint en blanc, représentant un robot businessman en forme de chat (猫型ビジネスロボット). La tour Mori Tower et la nouvelle Station Tower sont reliées pour un pont piéton large de 20m nommé T-deck passant au dessus de l’avenue Sakurada-dori et traversant le Glass Rock, un petit building de verre et d’acier aux formes asymétriques. Le Glass Rock donne un accès à la station de métro de la ligne Hibiya mais n’est pas encore ouvert dans sa totalité. Un long tunnel souterrain que je montre sur la dernière photographie du billet connecté la station Toranomon Hills de la ligne Hibiya à la station Toranomon de la ligne Ginza. La Station Tower n’est pas non plus entièrement ouverte. Il y a encore des travaux en cours à l’extérieur et à l’intérieur. Certains étages sont toujours fermés. J’étais pourtant assez impatient de voir cette nouvelle tour de près et je me suis créé une occasion de la visiter en allant chez le coiffeur situé au septième étage de la tour. Je n’avais jamais été me faire couper les cheveux en ayant une telle vue sur la ville, celle que je montre sur la deuxième photo du billet.
Les premiers étages de la tour Station Tower sont des espaces ouverts reliés par des escalators, formant un atrium de 2,000m². On est tout de suite impressionné par la richesse des lieux, pas spécialement une richesse des matériaux mais une richesse visuelle certaine. Cet espace est dense et visuellement intéressant. Les murs et les plafonds sont par exemple pour la plupart recouverts de matériaux de formes géométriques angulaires donnant un aspect futuriste à l’ensemble. Les escalators orientés dans différentes directions ont des parois de protection composées de verres colorés remarquables. La tour fait 266 mètres de haut pour 49 étages et 4 sous-sols. En plus des classiques espaces de bureaux, espaces commerciaux et l’hôtellerie, elle intègre également un espace dit de communication interactive appelé TOKYO NODE, situé en haut de la tour mais accessible à partir du huitième étage. TOKYO NODE contient des halls d’exposition, des galeries, une piscine, des restaurants, entre autres. Cet espace est particulièrement intéressant car il laisse penser que de nouveaux types de spectacle pourront y être montrés. Depuis l’ouverture, on peut voir jusqu’au 12 Novembre 2023 un spectacle intitulé Syn: Unfolded Horizon of Bodily Senses (身体感覚の新たな地平) faisant collaborer Rhizomatiks avec ELEVENPLAY sous la direction artistique de la chorégraphe MIKIKO. ELEVENPLAY est un groupe de danseuses dirigées par MIKIKO dont j’ai déjà souvent parlé ici car elles ont souvent participé aux tournées de Sheena Ringo. Saya Shinohara (篠原さや), membre du groupe, a également joué dans plusieurs vidéos de Sheena Ringo, comme celle de la nouvelle version remixée de JL005 bin de (JL005便で ~Flight JL005~), ou celles de Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et Kamisama, Hotokesama (神様、仏様). Le collectif créatif Rhizomatiks, créé par l’artiste et DJ Daito Manabe (真鍋大度), est spécialisé dans les effets spéciaux numériques. Rhizomatiks s’est fait connaître pour les effets visuels des performances du groupe Perfume (notamment Reframe en 2019, Time Warp en 2020 ou encore Polygon wave à la PIA Arena de Yokohama…) qui sont chorégraphiées par MIKIKO. En feuilletant un peu le site web de Rhizomatiks montrant leurs créations passées, je vois qu’il y a eu beaucoup de performances en collaboration avec ELEVENPLAY, mais j’y vois aussi quelques noms de musiciens étrangers comme Squarepusher pour les visuels de sa tournée japonaise de 2022 et UNDERWORLD avec SAKANACTION pour un live en Octobre 2022. Le prix d’entrée au spectacle du moment est certes un peu cher à 8,000 Yens par personne. On ne peut en voir qu’une courte vidéo, ce qui rend le tout très intriguant.
Je suis venu plusieurs fois voir cette tour grandir car sa construction a laissé rapidement apparaître des formes externes atypiques et une structure intérieure complexe, qui m’ont beaucoup intrigué. Je n’ai pas pris de photos à chacun de mes passages, mais j’ai au moins trouvé dans mes archives les deux ci-dessus prises de nuit le 25 Février 2022. Il y a quelque chose d’assez fantastique dans les constructions vues de nuit. Tout y est calme et seulement quelques lumières éclairent les enchevêtrements de poutres métalliques qui peuvent facilement devenir mystérieuses voire inquiétantes. Il faudrait que j’explore un peu plus ce type de photographies. Pour revenir au building dans sa forme actuelle, j’en montre quelques autres photos sur mon compte Instagram.
CAPSULE A906 et l’image d’un futur lointain
Je suis allé plusieurs fois voir de près la tour Nakagin Capsule Tower (中銀カプセルタワービル) de l’architecte Kisho Kurokawa (黒川紀章), œuvre architecturale emblématique du mouvement métaboliste japonais, avant sa destruction malheureuse. Je n’étais par contre jamais entré à l’intérieur d’une capsule. Pendant les dernières années avant sa destruction, certains tours opérateurs indépendants proposaient des visites de la tour Nakagin et d’une ou de plusieurs capsules in-situ, mais le timing ne m’avait jamais permis d’y aller. Je le regrette un peu maintenant, mais je me rattrape en quelque sorte cette fois-ci en visitant deux des capsules de la tour présentes dans la galerie SHUTL à Tsukiji, près d’Higashi-Ginza. Au moment de la destruction de la tour Nakagin, on sait que certaines capsules ont été extraites en vue d’une utilisation ultérieure. La finalité de la mise en place de deux capsules dans cette galerie n’est pas très claire. L’espace était ouvert aux visiteurs pendant seulement deux jours, le Samedi 7 et Dimanche 8 Octobre 2023. Je comprends que cette galerie deviendra ensuite un espace créatif, conservant les deux capsules en son enceinte. Il sera en fait possible de louer cet espace, comme une galerie d’art, pour des expositions, des lectures ou projections de films, des interviews, entre autres. La première exposition démarrant le 13 Octobre serait en lien avec les idées du mouvement des Métabolistes. J’ai eu vent de cette ouverture temporaire de deux jours grâce au compte Instagram de l’amatrice d’architecture et guide tokyoïte Haruka Soga, qui en parlait donc sur son compte. Vu l’importance de Nakagin pour l’histoire de l’architecture japonaise et l’espace que j’imaginais à raison très réduit des capsules et de la galerie, je me suis dis qu’il fallait mieux y aller en avance. L’espace ouvrant à 13h, je m’y suis donc rendu une heure avant, vers midi. Une vingtaine de personnes étaient déjà sur place à attendre à l’entrée de la galerie, mais les membres du staff ont rapidement décidé de donner des tickets d’entrée par heure pour éviter une longue file d’attente dans la rue de la galerie. Mon petit ticket en poche, j’en ai profité pour faire un tour du quartier en passant visiter une nouvelle fois l’intérieur du grand temple Tsukiji Honganji puis en passant devant le théâtre Kabukiza avant de m’enfoncer dans les rues d’Higashi-Ginza. L’heure a passé assez vite et me revoilà devant la galerie dix minutes avant l’ouverture.
Deux capsules étaient accessibles à la visite, une capsule originale appelée CAPSULE A – A906 et une autre nommée CAPSULE B – A1006 qui n’était en fait qu’un squelette de la capsule montrant sa structure métallique. La capsule originale est bien entendu la plus intéressante car elle a été restaurée comme à l’origine avec son large lit prenant pratiquement tout l’espace des 8.5 m2 habitables de la capsule. On retrouve donc devant le lit, l’emblématique large hublot avec son rideau à ouverture circulaire et l’équipement audio-vidéo d’un autre temps: le lecteur à bandes, la petite télévision cathodique et le vieux téléphone. La sobriété de l’espace de couleur blanchâtre et le design général évoque l’image d’un futur imaginée à une époque désormais bien lointaine. L’espace est tellement exiguë qu’on a un peu de mal à y tenir à deux personnes. Les toilettes et la salle de bain en un bloc sont plus communes, car on en trouve encore maintenant dans certains hôtels bon-marchés. J’imagine assez bien cet espace être utilisé pour des interviews d’artistes ou de personnalités. Le squelette de la capsule B est moins intéressant à la visite. On imagine qu’il va être utilisé pour y afficher des œuvres artistiques lors de futures expositions. J’aurais voulu passer un peu plus de temps à l’intérieur de la capsule originale, mais les visites sont chronométrées. Je me doute bien que visiter une capsule dans la tour Nakagin d’origine devait être beaucoup plus intéressant. Il s’agit en tout cas d’une petite consolation que j’ai tout de même beaucoup apprécié. Je montre quelques photos supplémentaires de cette visite sur mon compte Instagram.
Il y a quelques semaines, je suis allé voir l’exposition de l’artiste Minoru Nomata (野又穫) à la galerie d’art de Tokyo Opera City, près de Shinjuku. Cette exposition solo de Minoru Nomata s’intitulait Continuum et se déroulait du 6 Juillet au 24 Septembre 2023. J’en suis ressorti enchanté. Ces peintures montrent des structures architecturales mystérieuses, que l’on aurait du mal à dater comme si elles provenaient d’un futur déjà passé. Regarder ces peintures est ludique car on peut du regard marcher à l’intérieur, en emprunter les marches des escaliers et des échelles. On devine certaines propriétés aéronautiques à ces structures mais leurs fonctions et leur significations laissent interrogatifs. Quel est le sens de ces grandes voiles de bateaux posées sur un bâtiment accroché fermement au sol, ou ces ballons qui ne demanderaient qu’à s’envoler mais qui restent prisonniers attachés à un socle sur la terre ferme? Nomata nous montre également d’étranges sphères de taille gigantesque abritant dans leur centre un microcosme végétal, comme si elles voulaient protéger cette végétation d’un milieu extérieur hostile. Mais les peintures de Nomata mettent pourtant en scène des créations humaines dans leur contexte naturel dans une cohabitation paisible. Les structures délicates ne semblent pas êtres ébranlées par les éléments. La peinture intitulée Babel est l’une des plus impressionnantes par sa taille et son souci du détail. A quoi peut ressembler la vie dans une structure écrasante telle que celle-ci? Cette structure est pourtant très lumineuse. Il serait peut être même très agréable de marcher sur ces longs escaliers en hauteur rafraichit par un vent qui ne peut venir que de la mer. Des images nous viennent forcément en tête en regardant ces structures, et j’en viens même à souhaiter qu’un illustrateur de manga réutilise cet univers pour un film d’animation. Je pense rapidement à Tsutomu Nihei (弐瓶 勉) bien que son oeuvre soit beaucoup plus sombre.
MONOSPINAL par Makoto Yamaguchi
Je n’étais pas parti à la recherche de nouvelle architecture intéressante depuis quelques mois. La plupart des billets de Made in Tokyo montre de l’architecture, mais ça fait quelques temps que je ne m’étais pas donné comme objectif d’aller voir un immeuble particulier déjà vu dans un magazine ou sur internet, en l’occurence sur plusieurs comptes Instagram dédiés à l’architecture tokyoïte dans le cas présent. Mon objectif, cette fois-ci, était d’aller voir d’un peu plus près une étrange tour faite de strates obliques grisâtres sans fenêtres apparentes, nommée Monospinal par l’architecte Makoto Yamaguchi. On imagine que ce nom vient de la forme du building ressemblant à une épine dorsale composée de neuf éléments formant chacun des étages de l’édifice. Monospinal accueille une compagnie de production de jeux vidéo, mais je ne connais pas son nom. Cet immeuble est placé au pied de la station Asakusabashi (浅草橋駅) desservie par la ligne de train Sobu. Je ne suis en fait pas allé jusqu’à Asakusabashi en train, j’ai préféré prendre la ligne Yamanote jusqu’à la station Okachimachi (御徒町駅) puis marcher jusqu’à Asakusabashi, tout en achetant au passage du pain chez Pelican. Quand j’ai un peu de temps devant moi, je préfère descendre à une station différente (ou à une ou deux stations avant) de ma destination pour pouvoir explorer à pieds des quartiers que je connais moins. Ça m’a permis de découvrir cette étrange tour émerger depuis le bout de la rue. J’aime par dessus tout voir comment ce genre d’architecture atypique vient s’inscrire dans son environnement. Les parois obliques couvertes d’aluminium nous font plutôt penser que cette tour essaie de s’extraire de l’environnement alentour en créant une séparation très nette. Chaque étage est entourée d’un bacon délimité par ce mur latéral en pente apportant lumière et ventilation tout en protégeant du bruit extérieur pour créer un environnement intérieur restant suffisamment lumineux et favorisant la concentration. Seul le rez-de-chaussée avec ses baies vitrées est ouvert de manière visible sur l’extérieur. Vu que cette tour est située le long de la ligne de trains extérieure Sobu, on imagine très bien le souci de vouloir se couper des nuisances sonores et visuelles. On peut voir sur internet des rendus de l’intérieur au design sobre et élégant. Seul le chandelier visible depuis le rez-de-chaussée contraste avec l’image générale intérieure plutôt épurée. On peut aussi se poser la question de la présence d’un jacuzzi au dernier étage formant une terrasse extérieure. Le terrain de pierre entourant la tour est étroit et simple d’apparence. Sur ce terrain aride, on appréciera les élégantes pointes de végétation formées par une rangée de bambous et un petit pin placé devant l’entrée. J’aime aussi beaucoup le petit muret de pierre reminiscent des châteaux forts japonais, renforçant cette idée de tour imprenable. La tour est difficile à prendre en photo en entier depuis la rue mais je me suis tout de même amusé à faire coïncider ses formes avec les fils électriques et la voie de chemin de fer surélevée. En regardant cette tour une nouvelle fois de loin depuis la rue, je me dis que cette apparence futuriste est également organique comme une plante ayant poussée progressivement dans le quartier. Je montre quelques autres photos de Monospinal sur mon compte Instagram.