Teien

Nous sommes à Teiein et ces photos ont été prises il y a déjà quelques semaines. Pendant que Mari voit l’exposition du moment, je m’amuse avec Zoa dans le parc et en profite pour prendre quelques photos. J’aime beaucoup cette résidence du Prince Asaka. Elle date de 1933. L’intérieur de style Art Deco, dessiné en grande partie par le français Henri Rapin, est en général plus intéressant à voir que les expositions que l’on y montre. Enfin, je base mon avis sur ma seule et unique visite de l’intérieur en 2005, et sur celle de Mari cette fois-ci.

Dans le parc, il a quelques sculptures parsemées par-ci par-là. Cette girafe de Walter Rotan (1939) est particulièrement élégante.

urbano-végétal (24) et extensions sur la baie

Je passe assez régulièrement devant cette vieille maison en bois prête à s’écrouler sur la rue Meiji entre Shibuyabashi et Tengenjibashi, au niveau de Hiroo. Elle est bancale mais habitée comme atteste le linge aux fenêtres. je suis souvent passé devant mais je n’ai jamais réussi à la prendre comme il faut, dans son intégralité. Le seul moyen d’en avoir une bonne vue est peut être le dessin, comme croqué par Pierre Alex sur son blog Tokyobsession. Je décide plutôt de la faire voler à travers une composition urbano-végétale pour l’image de libération. Elle était prédisposée car déjà entourée de pots de fleurs et plantes sur le pavé tout autour de la façade. Je ne sais pas combien de temps encore cette maison restera en vie, mais j’ai toujours un peu peur en passant devant, surtout qu’elle est adossée à une station service.

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Au hasard d’une promenade en famille à Aoyama, nous tombons sur une exposition de photos de Daido Moriyama intitulée Hokkaido dans la petite galerie Rat Hole, en sous-sol d’un bâtiment commercial de béton. Cette série de photos date de l’été 1978. Moriyama resta 3 mois à Sapporo pour y photographier la ville et les paysages d’Hokkaido. On reconnaît tout de suite le style Moriyama dans les angles et le grain du noir et blanc. A l’occasion de cette exposition, un gros bouquin de 660 pages est tiré en version limité. Mais les photos de Moriyama s’apprécient imprimées en grand format sur les murs d’une exposition plutôt que sur le papier trop glacé à mon goût du bouquin.

Motif de fleurs se répétant sur un 3/4 de cylindre carrelé devant l’immeuble Shibuya CC Lemon Hall.

C’est intéressant de constater que l’idée de construire sur la baie de Tokyo est une vision récurrente. La baie de Tokyo est comme un espace vide qu’il faudrait absolument remplir. En 1960, Kenzo Tange présentait sa vision d’une extension de Tokyo en pleine croissance démographique sur la baie, le groupe Métabolistes présentait également des structures à croissance organiques sur la baie (cf billet sur les Métabolistes). Plus récemment dans les années 90, les grandes sociétés de construction japonaises reprennent cette idée avec des propositions urbaines gigantesques et là encore utopiques sur la baie: que ça soit des pyramides de 4000m posées sur la baie, des tours verticales en forme de cône à 2 kms de la côte ou autres structures futuristes aux hauteurs démesurées (cf billet sur les Visions d’un Tokyo vertical). Pour revenir au réel, 250 km² ont été gagnés sur les eaux de la baie pour y développer plusieurs îles artificielles avec notamment Odaiba, Ariake et une petite île que Tadao Ando voudrait transformer en forêt sur la mer (Umi No Mori), un espace non utilisé de 88 hectares sur un polder de la baie de Tokyo (cf billet Urbano-végétal (16 et 17), forêt sur la mer et villes imaginaires).

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Imaginer des structures sur la baie est presqu’un genre à lui tout seul et Paul Maymont (1926-2007), architecte et urbaniste visionnaire français, propose également des plans d’urbanisme flottant pour la baie de Tokyo. Il consacre une grande partie de sa carrière à l’étude des villes du futur et découvre lors d’un séjour au Japon dans les années 1950 les possibilités de construire sur la mer. L’image ci-dessus est son projet de ville flottante sur la baie de Tokyo. La ville se compose de caissons qui forment des îlots faits de parcs suspendus coupés de canaux et de places d’eau. En dessous de la zone de flottaison, on y trouve usines, ateliers et autres centrales, tandis qu’au dessus se positionnent les habitations, immeubles, bureaux et services.

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Pour revenir à des visions plus récentes et encore plus virtuelles provenant de la culture pop japonaise, je découvre grâce à un article de TokyoArtBeat une autre proposition urbaine sur la baie, Area 0 Tokyo, ou encore Tokyo Zero-ku. Tout comme Akira (cf billet Depuis l’immeuble tubulaire de Tange avec représentation de la baie habité), cette proposition de ville vient de la culture manga.

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Il s’agit d’un projet d’urbanisme virtuel, similaire à Meet-Me (que je ne connaissais pas) ou aux mondes virtuels de SecondLife, créé par le Studio 4°C de Koji Morimoto et initié par la société SBI Robo Corporation. Area Zero Tokyo est donc une ville virtuelle répartie en plusieurs zones, chacune des zones étant confiée à un artiste différent. Le site montre assez peu de choses pour l’instant de cet urbanisme virtuel mais je suis assez curieux de voir ce que cela peut donner, d’autant plus que j’aime beaucoup le style du studio sur TekkonKinkreet (béton armé). Je regarderais bien d’ailleurs ce film d’animation pour en observer les décors aperçus sur quelques images glanées sur Internet.

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Les yeux de Shinjuku

En photo ci-dessus, 新宿の目, L’oeil de Shinjuku, une oeuvre conçue en 1969 par Yoshiko Miyashita. C’est une sculpture sur verre assez connue que l’on peut voir à la sortie Ouest de la gare de Shinjuku à l’entrée du tunnel qui mène vers la mairie, au niveau de l’immeuble Subaru. La partie centrale de l’oeil de Shinjuku est en rotation derrière la paroi de verre ondulé. L’oeil observe les passants pressés qui n’y portent plus attention.

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Left Eye of Shinjuku (新宿の左目) par Take Junichirō, Yoshizaki Takeo, Yamane Yasuhiro
Photo: xcp – streetnotes

En faisant quelques recherches sur Internet, je découvre l’histoire de l’oeil gauche de Shinjuku. En 1995, pendant plusieurs mois, un groupe de jeunes artistes décidèrent spontanément de peindre des fresques sur des maisons de sans-abris, notamment des victimes de l’éclatement de la bulle économique au début des années 90. Ces maisons de carton forment un village installé dans le passage sous-terrain reliant la sortie ouest de la gare de Shinjuku jusqu’à la toute nouvelle mairie datant de 1991. Yamane Yasuhiro raconte l’histoire de ces peintures lorsqu’il rejoint les deux initiateurs du Shinjuku Cardboard Art Project: Take Junichirō, Yoshizaki Takeo. Pendant plusieurs mois d’hiver, ces trois artistes accompagnés de quelques autres vont peindre sans relâche ces maisons avec à l’esprit qu’elles peuvent disparaitre à tout moment. L’oeil est une dominante sur beaucoup des peintures sur carton, comme pour retourner le regard des passants. Une des peintures clé est celle de l’oeil gauche de Shinjuku, en réponse à l’oeil « droit » de Shinjuku de Miyashita Yoshiko. Cette peinture était placée sur une maison de carton à l’opposé de l’oeil de Miyashita dans le tunnel de Nishi-Shinjuku. Comme toutes les autres peintures, celle-ci sera démolit par les forces de l’ordre fin janvier 1996. Il ne reste rien de ces peintures sauf une série de photos réunis dans un bouquin et le site internet d’un des artistes.

Self portrait with the tigers

Des têtes de tigres et de loups imaginaires croisées avec des pattes de grenouilles ou d’ours polaire, ça fait peur pour rire et on peut voir ce spectacle inhabituel dans une devanture de magasin de l’immeuble Marunouchi. La devanture, c’est celle de HP France et les créations (à vendre pour certaines) sont de Kayo Sato. Kayo Sato doit d’ailleurs être très fortement inspirée par l’art d’Annette Messager, dont on a été justement voir l’exposition « The Messengers » le jour d’avant, samedi dernier, au Mori Art Museum. Très belle exposition pleine de surprises sur ce thème du mélange de figures liées à l’imaginaire de l’enfance mais triturées, mélangées pour créer des créatures mutantes extraordinaires. Tous ces objets bizarres sont accrochés au plafond, aux murs et sont parfois en mouvement grâce à des mécanismes aléatoires et maladroits. Zoa était fou de joie en voyant ça, c’était sa première exposition d’art. C’est quand même dommage que l’on ne puisse pas prendre de photos dans les salles de musée au Japon, car les installations d’Annette Messager sont toujours très surprenantes d’imagination mise en valeur par des jeux de lumières tamisées.

Save.Our.Souls. Artbook

Save.Our.Souls.

Je suis content et même assez fier d’avoir participer, pour la première fois, à un fanzine. C’est un monde étrange que je ne connais pas très bien, mais c’était un plaisir de répondre à la demande de l’organisatrice t3 [aka Spirit Of Shampoo], qui vient régulièrement visiter ce blog. Ce fanzine se nomme Save Our Souls et se définit comme un artbook autopublié de 44 pages couleurs, hétéroclite composé de BD, illustrations et photographies par un collectif de 13 artistes. Même si je ne suis pas « artiste », j’ai contribué 2/3 compositions pour le recueil. J’ai assez hâte de recevoir ma copie du artbook pour voir le résultat final qui ne pourra être que réussi et superbe vu la séléction des contributeurs.

Cette publication “indie” (j’aime bien ce statut de publication) sera disponible à la vente au Festival de BD Delcourt à Paris Bercy Village le 13-14 septembre 2008. Il faut se rendre au stand SPIRIT OF SHAMPOO AND FRIENDS. Allez-y si vous êtes sur Paris. Moi, environ 10,000 kms m’empécheront malheureusement d’y arriver à temps…

Bon courage en tout cas à t3 et aux autres membres de la crew SOS qui dédicaceront les Artbooks.