Okamoto et Jakuchu et Vision sur rues

On commence ce billet par une composition. Il s’agit d’un mélange de photos prises dans les arrières quartiers de Ebisu et plus particulièrement les rues, sombres la nuit, suivant les lignes de trains. Le personnage féminin survolant la scène provient des rues animées de Kichijoji, un samedi après midi. Dans l’esprit d’une précédente composition nommée Toyosu sta, j’ai voulu donner cette impression d’une vision, d’un personnage irréel.

Le 7 juillet de cette année, Nippon TV présentait en direct une grande émission de plusieurs heures intitulée « Be Taro », consacrée à l’artiste japonais renommé Taro Okamoto. L’émission était en l’honneur de la rénovation de la grande fresque murale « Asu no Shinwa », le Mythe de Demain créée initialement en 1968-69 à Mexico pour un grand hotel. La première présentation dans cet hotel était prévue pour les Jeux Olympiques de Mexico, malheureusement l’hotel a fait banqueroute et la grande fresque disparait dans la pampa mexicaine. Il y a de cela quelques années, en 2003, mais après la mort de Taro Okamoto (en 1996), la fresque est retrouvée et importée grace aux efforts de la compagne de Taro, Toshiko (compagne du maître qui a ensuite été adoptée pour devenir sa fille, drôle d’histoire…). Le travail de restoration commence, la fresque est en très mauvais état. Elle est restaurée pendant 1 an par Emile Yoshimura dans la préfecture de Ehime (Shikoku). Toshiko meurt malheureusement avant la mise en place de l’exposition de l’oeuvre restaurée aux pieds des studios Nippon TV à Shiodome.

Nous découvrons cette oeuvre gigantesque aujourd’hui, c’est impressionant. On sent beaucoup l’influence méxicaine, j’aurais presque voulu voir cette fresque dans la ville de Mexico. Les fresques vues l’année dernière au Mexique de Diego Rivera ou Siqueiros traitent souvent de sujets historiques, c’est le cas également de « Asu no Shinwa » qui représente d’une manière imagée les explosions de bombes nucléaires à Nagasaki et Hiroshima. La créature centrale est déchirée par les flammes.

Avant de partir à moto pour Ueno, prenons quelques pilules médicales Infra-Red [iTunes Japon] (Placebo, sur le dernier Meds).

jakuchu

A Ueno, nous attend une fantastique exposition au Tokyo National Museum, Jakuchu and The Age of Imgination. L’exposition regroupe les oeuvres de Ito Jakuchu (1716-1800) ainsi que d’autres maîtres contemporains de la région du Kansai (Nagasawa Rosetsu,Mori Sosen) ou d’Edo (Sakai Hoitsu, Suzuki Kiitsu), de la collection Joe and Etsuko Price, renommée pour ses peintures de la période Edo. On peut voir la plupart des oeuvres présentées sur le blog de l’exposition. Les moments forts à mon avis sont les suivants: les tigres aux yeux exorbités et fourbes mais au poil vraiment magnifique, le coq en mouvement, la grande mosaique sur paravent de l’éléphant blanc, les paysages calmes tout en blancheur ou perturbés par la neige

C’est une superbe exposition qu’il ne faut pas manquer, elle se termine le 27 Août 2006.

Pour terminer la journée avec des douceurs, on part à moto acheter quelques wagashi chez Okanoesen, une vieille boutique du quartier de Yanaka, et on rentre très vite car la pluie pointe encore son nez.

(crédit image du Tigre de Jakuchu – Jakuchu.jp)

La pierre blanche du Forum

pierre-blanche

Une magnifique et mystérieuse pierre blanche au milieu de la place du Forum, le Tokyo International Forum. On lui donnerait volontiers des vertues magiques. Cette pierre a un nom, elle s’appelle ISHINKI de l’artiste sculpteur Kan YASUDA.

La pierre blanche est prise en photo en mode éloigné avec son environnement de vie, en mode rapproché pour en saisir les formes et en gros plan pour toucher du regard sa texture.

L’écharpe

En parcourant les rues de Aoyama, sur l’avenue du même nom, en partant de la rue Koto, on peut remarquer au loin, au delà de l’ancien magasin Kinokuniya, un étrange clocher illuminé. Il ressemble à un monument classé, des vieilles pierres mises en valeur par la lumière. La curiosité nous pousse à nous approcher un peu plus près pour admirer ce potentiel chef d’oeuvre dont l’existence nous avait échappée jusqu’à maintenant. un labyrinthe de petites rues nous amènent au pied de cette cathédrale coincée entre des résidences. Déception, le batiment n’a rien d’ancien, il est même encore en construction pour une ouverture prochaine au mois de mai. Saint Grace Cathedral Aoyama est un drôle de concept, une vraie fausse cathédrale en plein coeur de Aoyama, detinée aux mariages. Le mariage à la mode occidentale est encore poussé un peu plus loin.

Le quartier de Aoyama est réputée pour ses nombreuses boutiques de mode et accessoires (à ajouter au nombre incalculable de salons de coiffure). Certaines ont des décorations assez originales, comme cette écharpe en photo ci-dessus en entête. Il faut rivaliser d’originalité pour sortir du lot. Cette ballade est complétée par deux photos: un arbre imposant dans les ruelles près de la rue Koto et quelques boutiques cachées près de la cathédrale.

J’ai beaucoup aimé le film de Emmanuel Carrere La Moustache, le titre est assez intriguant, le film est assez déroutant. L’histoire commence le jour où Marc (Vincent Lindon, l’acteur principal), décide de se raser la moustache, sans que personne dans son entourage ne le remarque, de sa compagne aux collègues de bureau. On lui assure même qu’il n’a jamais porté la moustache de sa vie, il croit d’abord à une mauvaise blague, puis à une machination contre lui. Cela devient une obsession qui lui fait perdre la tête. On suit la dérive mentale de Marc à la première personne sans décrocher. On navigue entre réalité et fantastique, c’est un très beau film.

Pour terminer, une exposition, celle du Department Store Sogo à Yokohama. Profitant de places gratuites gagnées le jour-même, nous sommes partis pour une visite brève mais attentive de l’exposition sur Maria Theresa et Marie Antoinette. Le point le plus amusant est cette merveilleuse coiffure chapeau bateau de Marie Antoinette. Beaucoup d’imagination délirante.

Institut Nezu

Dimanche, il fait très froid, le vent frappe les vitres, on n’a pas beaucoup envie de sortir. On se cherche des prétextes pour rester à l’intérieur, comme ce match de baseball international (coupe mondiale WBC) qui passe en ce moment à la télé. Fait digne de science fiction, on reste captivé devant ce match Japon – Corée du Sud se déroulant à San Diego, jusqu’à ce que la pluie là bas interrompt le match. C’est bien la première fois que je cherche à comprendre les règles de ce sport.

Il fallait bien sortir et nous irons au Nezu Institute of Fine Arts à Minami Aoyama. Ce musée au coeur de Aoyama (pas très loin du café Idée) présente en ce moment la collection de poupées et accessoires Hinasama de la famille propriètaire de Toraya. Toraya est une des plus anciennes pâtisseries traditionelles japonaises (et possède également une boutique à Paris près de la place Vendôme, pour dire la renommée). L’exposition est une merveille de finesse.

La promenade dans le jardin sera très rapide vu le froid. A deux pas d’Omotesando, j’avais déjà remarqué de l’extérieur cet espace vert entouré de murailles, je ne me doutais pas que le jardin de l’institut serait aussi vaste. On y trouve un étang et plusieurs maisons de thé traditionnelles. Les allées du jardin couvertes de pierres sur un sol de mousse, sont également parsemées de statues, comme celle ci-dessus ou d’autres boudhistes. A la sortie de l’institut, un petit moment de poésie se matérialise en fleur sous une cloche de bronze.

De retour vers la maison, je regarde les immeubles comme d’habitude et les voitures. Celle garée dans la rue devant le café Idée a pour passager un chien exagéremment mignon. On ne peut que laisser échapper un sourire en voyant cette petite tronche, un poil malheureuse car effermée dans une voiture au lieu de gambader dans les prés. Un peu plus loin, vers Hiroo et Ebisu, une voiture noire rétro se repose en bord de route, un vieux modèle classieux de colectionneur comme on en voit beaucoup dans ces quartiers.

Pour continuer ce billet avec quelque chose de plus expérimental, deux compositions: Les Ailes et Le Masque. Ces deux compositions sont construites à partir de parois d’immeubles, comme très souvent.

Aux dernières nouvelles, l’equipe de baseball japonaise vient de l’emporter contre la Corée et passe en finale contre Cuba. Le match sera Mardi, jour férié au Japon.

Tokyo2 et Sugimoto et Yamaguchi

Etant donné que la série de photos dans la rubrique Tokyo Photos commence à être bien longue avec plus de 300 photos, j’ouvre un deuxième album intitulé Tokyo2 qui regroupera les photos de Tokyo et de la région du Shonan (Kamakura, Enoshima, …) que je prends à partir de maintenant, ainsi que les nouvelles compositions graphiques. Je finissais par ne plus y voir très clair moi même entre photo et composition, donc je vais regrouper le tout sous la même bannière pour l’instant.

La première composition est un immeuble récent derrière le magasin Cartier et à côté du Prada, au dessous d’un ciel fleuri. La 2ème photo est prise dans l’entrée du nouvel hotel de luxe Mandarin Oriental à Nihonbashi.

Pour mettre un peu de musique sur Made In Tokyo, ca sera en ce moment et en boucle depuis plusieurs jours, la dernière chanson Passion de Utada Hikaru. Cette chanteuse déjà reconnue mais pas surmédiatisée me rappelle mon arrivée au Japon, c’était la sortie de son premier disque. Elle a depuis beaucoup pris en maturité, et j’aime beaucoup cette dernière chanson émotionnellement chargée.

Hiroshi Sugimoto - Akira Yamaguchi

Comme mentionné auparavant, je me devais d’aller voir l’exposition de Hiroshi Sugimoto « End of Time » au Mori Museum of Art (MAM). Ca tombe bien, Eddie me propose d’y aller pour la dernière journée d’exposition. Il s’agit en très grande majorité de photos Noir et Blanc basées sur un concept: des prises de vue de salles de théatre ou de cinéma drive-in en longue exposition de sorte que le film ou spectacle disparaisse de la photo en un éclat de lumière, des photos qui rendent réelles des scènes figées du musée américain d’histoire naturel, des photos d’objets représentant des formes mathémathiques jouant avec la géométrie de la pièce et de supports, des photos de tableaux de figures historiques prises dans les conditions d’époque (lumière) leur redonnent une seconde vie, … On a beaucoup aimé cette exposition. J’aime cette photographie basée sur l’expérimentation, sur l’utilisation du temps (les longues expositions). C’était la première retrospective de l’oeuvre de cet artiste photographe. Je crois qu’il était présent à la sortie de l’exposition, mais il était déjà sorti avant que je le réalise.

Comme mentionné auparavant, j’aime beaucoup le mélange de la composition traditionnelle de style Yamato-e (originaire de Kyoto) avec des éléments du Japon actuel ou même futuriste que nous donne à voir Akira Yamaguchi. Cela donne des des vues de Tokyo ultra modernes et grouillantes utilisant des éléments anachroniques du passé (des personnages en tenue d’autrefois se mélangent au salary man, des immeubles futuristes avec des toitures de temples shinto, des cavaliers sur des chevaux androides, …). La boutique en bas du MAM vend finalement un recueil des oeuvres de Yamaguchi sous le titre The Art Of Akira Yamaguchi. Je me suis précipité sur un exemplaire, qui est en plus signé par l’artiste.

Après la visite du musée, on ne peut pas manquer le tour rapide de la vue sur Tokyo du haut du 52ème étage de Roppongi Hills. Le temps était clair, on a même eu droit au couché de soleil.