you are flowers on the road

J’emprunte le titre de ce billet à une inscription vue à l’entrée de la live house Flowers Loft à Shimokitazawa. Cette salle ouverte en Février 2020 se trouve au sous-sol du bâtiment Shimokita Front à quelques mètres de la station. Je n’y suis jamais entré mais j’y avais vu un concert de Tricot en streaming vidéo, retransmis en direct le dimanche 10 Avril 2022 à 4h du matin. Ce concert était à une horaire très matinale parce qu’il était destiné principalement aux spectateurs européens en raison du report de la tournée européenne du groupe. La salle est petite et donc à priori plutôt destinée à des artistes ou groupes indépendants. Je serais curieux de voir un concert à cet endroit si l’occasion se présente un jour.

March comes in like a lion (3月のライオン) est un manga écrit et illustré par Chica Umino (羽海野チカ), publié chez Hakusensha depuis 2007. Il narre la vie et les évolutions de Rei Kiriyama (桐山零), un jeune joueur professionnel d’échecs japonais Shōgi. Une série d’illustrations tirées de ce manga couvre les bouches d’égout d’une rue du quartier de Sendagaya (千駄ヶ谷). Cela s’explique notamment car on y trouve le Shōgi Kaikan (将棋会館), le siège de la Japan Shōgi Association. Il n’est pas rare au Japon de voir ce genre de décoration venir agrémenter des bouches d’égout. Je me souviens d’un article publié par un journaliste étranger sur le site de la BBC critiquant entre autres l’utilisation de l’argent public japonais pour ce genre de décorations superflues sur les plaques d’égout. Mais ces plaques font partie intégrante du décor urbain et je suis donc loin de regretter leur présence à peu partout dans Tokyo, même si je n’y fais pas toujours suffisamment attention. Les amateurs de ce genre de plaques sont nombreux au Japon. On m’a d’ailleurs indiqué que l’on nomme cela l‘hyponomopomatophilie et qu’il y a bien entendu des sites internet de passionnés répertoriant les plaques d’égouts vus dans différents pays du monde.

Alors que je mentionnais le morceau Hana (花) d’ASA-CHANG & JUNRAY sur un billet précédent, on m’a fait remarquer dans les commentaires de ce billet que la fille qui y chante s’appelle Ikuko Harada (原田郁子), et qu’elle fait également partie du groupe Clammbon (クラムボン), au chant et aux claviers. Le trio Clammbon, créé à Tokyo en 1996, se compose également de Mito à la basse et Daisuke Itō à la batterie. Sans n’avoir jamais écouté leur musique, ce nom de groupe m’était familier et j’ai donc fait quelques recherches sur Wikipedia. J’apprends qu’Ikuko Harada est originaire de Fukuoka et qu’elle était camarade de classe de la guitariste de Number Girl, Hisako Tabuchi. Tout ceci m’a paru de bonne augure et j’ai donc écouté l’album Dramatic (ドラマチック) qu’on me conseillait, tout d’abord sur YouTube. J’ai tout de suite aimé ce que j’entendais et je me suis donc empressé d’aller faire un petit tour au Disk Union de Shinjuku pour voir si je pouvais trouver le CD. Je l’ai trouvé à Shinjuku mais j’ai aussi vu qu’on trouvait beaucoup plus d’albums du groupe au Disk Union d’Ikebukuro. L’album Dramatic est sorti en 2001 et, à mes souvenirs, semble bien s’inscrire dans l’ambiance musicale pop-rock de cette époque là. Les trois premiers morceaux de l’album, Romantic (ロマンチック), George (ジョージ) et Surround (サラウンド), sont tout de suite très accrocheurs et nous poussent de manière imparable à continuer notre écoute. Ce troisième morceau Surround (サラウンド) est peut-être le meilleur de l’album et me semble étrangement familier. Il s’agissait d’un des deux singles de l’album, avec le septième morceau Zansho (残暑). Je les ai peut-être entendu sur la chaîne musicale Space Shower Tv à cette époque. Le quatrième morceau Shinshō 21 (心象21) est instrumental et fait en quelque sorte coupure avec le reste de l’album. Le morceau souffre d’être un peu trop chargé musicalement alors que la partie au piano vers la fin se trouve être le meilleur moment. La voix d’Ikuko Harada est assez particulière et je passe mon temps à me demander à quelle autre voix elle me fait penser. Sur le morceau Rainbow (ラインボウ), je pense un peu à Seiko Oomori (plus jeune de 12 ans), sur d’autres, je pense un peu à la voix de YUKI (de 3 ans son aînée), mais je n’en suis pas tout à fait convaincu. J’aime beaucoup quand sa voix devient plus chuchotante comme sur le sixième morceau Koiwazurai (恋わずらい), qui est un de ceux que je préfère, peut-être aussi parce qu’il fait Intervenir une deuxième voix. Quelques morceaux comme Monochrome (モノクローム) et Binsenka (便箋歌) sont beaucoup plus apaisés, principalement axés sur le piano et la voix d’Ikuko Harada, mais ce ne sont pas les morceaux que je préfère. Je préfère par exemple la tourmente de l’avant-dernier morceau Lullaby Saraby (ララバイ サラバイ) pour la force du piano et des violons, et la voix proche de la complainte d’Ikuko Harada.

L’illustration de la couverture de l’album de Clammbon est intéressante car ce sont les katakana du nom du groupe qui forme le cercle de la tête et ceux des yeux de ce personnage qui penche légèrement la tête. Il y a beaucoup d’images de cercle sur ce billet. Celui gris bleuté futuriste de l’avant-dernière photographie est signé par l’artiste Tadaomi Shibuya (渋谷忠臣) dans le cadre du Mural art project Ningyocho (人形町ミューラルアートイベント), Ningyōchō donc.

ginza nexus state survivor

Juste après la fin du mini-live du groupe de rock indé For Tracy Hyde, je quitte le magasin Tower Records de Shibuya pour attraper la ligne de métro Ginza, direction le centre de Ginza. Dans mes petites notes, j’avais listé depuis plusieurs semaines une visite de l’exposition de la photographe Anju (安珠) se déroulant dans le Nexus Hall du bâtiment Chanel du 18 Janvier au 12 Février 2023. Anju était modèle haute couture dans une vie précédente, ce qui explique certainement qu’elle expose dans ce bâtiment Chanel. L’entrée du hall se trouve sur le côté du building et on la remarque à peine. Un portier est posté derrière la porte vitrée et devant les ascenseurs. Il nous fait un peu hésiter à entrer mais le visiteur est bien entendu le bienvenu. Il ne faut pas de réservation pour visiter cette galerie d’art.

L’intérieur de la galerie est volontairement sombre et les photographies d’Anju y sont éclairées individuellement. Un mot de Richard Collasse, dirigeant de Chanel Japon et japanophile confirmé, nous accueille et on se laisse ensuite entrainer dans le monde de fantaisie créé par Anju pour cette exposition intitulée A girl philosophy (ある少女の哲学). On reconnaît dans ces séries de photographies des personnages de contes, connus comme Alice au pays des merveilles ou le petit chaperon rouge, dans des versions réinterprétées par la photographe. L’exposition prend les rêves d’une jeune fille comme thème principal. C’est un fils conducteur qui lie les différentes séries de photographies. Un petit film montré dans un coin de l’exposition regroupe certaines des photographies en images fixes accompagnées de petites séquences filmées mettant en scène ces rêves. Haruomi Hosono signe la musique de ce petit film. Cette musique est abstraite mais vient inconsciemment s’imprégner dans mon cerveau au point où j’ai eu envie de l’enregistrer sur mon iPhone. J’ai beaucoup aimé les mises en scène des photographies qui nous font entrer dans un monde irréel. Les couleurs très marquées et les zones de noirceurs au contraste renforcé par les lumières donnent beaucoup d’impact à ces photographies. Anju était apparemment l’invitée d’un talk-show le Samedi 28 Janvier dans le restaurant plein de livres Megutama du photographe Kotaro Iizawa (飯沢耕太郎). J’ai loupé cette occasion ce qui est bien dommage car j’aime beaucoup cet endroit, dont j’ai déjà parlé quelques fois.

J’ai déjà parlé d’Anju plusieurs fois sur ces pages. Je suis sur Instagram ses photographies depuis que j’ai découvert l’album The Invitation of the Dead de Tomo Akikawabaya. Elle posait sur une photographie prise en 1983 utilisée pour cet album et j’avais trouvé que la musique sombre et pleine de mystères de Tomo Akikawabaya pouvait difficilement se dissocier de cette photographie d’Anju, comme un ange au visage sombre qui nous accompagne pendant l’écoute. J’avais fait part de cette remarque au photographe Alao Yokogi lorsqu’il avait montré sur son compte Instagram une photographie de cette série. Le photographe Alao Yokogi a pris de nombreuses fois Anju en photo à cette époque, notamment avec le Yellow Magic Orchestra (イエローマジックオーケストラ. YMO) car Anju était une des actrices jouant dans leur film Propaganda, qui marquait d’ailleurs la fin des activités du YMO. Les trois photographies ci-dessus ont été prises en 1983 par Alao Yokogi pour un nouveau magazine féminin nommé FREE de la société d’édition Heibonsha (平凡社): à gauche avec Haruomi Hosono (細野晴臣), au centre avec le regretté Yukihiro Takahashi (高橋幸宏) et à droite avec Ryuichi Sakamoto (坂本龍一). Anju rendait bien entendu hommage à Yukihiro Takahashi, décédé récemment le 11 Janvier 2023, en montrant une photo sur Instagram tirée du film Propaganda. Les articles a son sujet étaient nombreux ces derniers jours.

Je suis très loin de bien connaître la musique du YMO mais depuis l’annonce du décès de Yukihiro Takahashi, je me suis remis à écouter leur album Solid State Survivor sorti en 1979. Nous avons une version de 1992 du CD de cet album à la maison. En feuilletant une nouvelle fois le livret accompagnant le CD, je me rends d’ailleurs compte que les photographies de l’album ont été prises par Masayoshi Sukita. Il est notamment reconnu pour ses photographies de David Bowie dont celle de l’album Heroes que j’évoquais dans un billet précédent (qui montrait également une photo de Megutama d’ailleurs). De cet album, le morceau RYDEEN écrit par Yukihiro Takahashi est tellement connu qu’il fait quasiment partie du patrimoine immatériel japonais. Il m’est difficile d’écouter ce morceau avec une oreille nouvelle tout comme il m’est difficile de donner un avis sur un album et un groupe qui sont devenus des monuments, inspirant la musique électronique qui suivra. Mais je ne parle de toute façon ici que des choses qui me plaisent et m’émeuvent. Le morceau que je préfère de l’album est très certainement le cinquième Behind the mask, accompagné du précédent Castalia et les deux derniers Insomnia et le morceau titre de l’album Solid State Survivor. Le premier morceau Technopolis puis RYDEEN sont bien entendus très marquants et difficiles à oublier. Je reste tout de même assez interrogatif sur la reprise des Beatles avec le morceau Day Tripper et le deuxième morceau Absolute Ego Dance a tendance à m’agacer un peu. Il n’empêche que j’écoute beaucoup cet album, pris par l’envie d’écouter les morceaux qui me plaisent le plus.

De Yukihiro Takahashi, j’écoute aussi beaucoup le fabuleux Drip Dry Eyes de l’album Neuromantic sorti en 1981, que j’ai du mal à m’empêcher d’écouter encore et encore. Outre le YMO, je pense que j’avais surtout découvert Yukihiro Takahashi par ses collaborations nombreuses avec Towa Tei. Je me souviens d’une période, il y a 6 ans, où j’écoutais beaucoup Towa Tei et j’avais écouté par extension quelques morceaux du super-groupe Metafive, notamment celui intitulé Don’t move. Metafive a été fondé par Yukihiro Takahashi et de compose de Towa Tei, Keigo Oyamada (aka Cornelius), Yoshinori Sunahara, ancien membre de Denki Groove et remixeur récidiviste de Sheena Ringo, entre autres. Dans un billet, en prenant pour point de départ l’art de Yayoi Kusama, je m’étais même intéressé à imaginer un lien artistique entre Sheena Ringo et Yukihiro Takahashi, mais il est désormais trop tard malheureusement. J’aime aussi revoir cette vidéo datant du 4 Juillet 1985 de l’émission Waratte iitomo! Telephone Shocking (笑っていいとも! テレフォンショッキング) de Tamori où Jun Togawa était l’invitée. Le principe de l’émission est que l’invité du jour appelle au téléphone l’invité du jour suivant. C’était Yukihiro Takahashi qui était invité par Tamori le 3 Juillet et il a donc appelé Jun Togawa pour l’émission du lendemain. Ce passage de l’émission est très drôle car Jun Togawa est complètement endormie et Yukihiro Takahashi essaie très aimablement de lui remémorer le fait qu’il lui avait dit à l’avance qu’il l’appellerait ce jour lå pour l’émission. J’en avais déjà parlé mais j’adore revoir cette émission sur YouTube.

BETWEENFRAMES

Je place cette petite série photographique entre deux cadres, celui de l’immeuble blanc de la marque de vêtements Hakka sur l’avenue de Roppongi menant à Shibuya, et celui d’un Love Hotel laissé à l’abandon sur les hauteurs de Dogenzaka. Les amateurs de ruines Haikyo (廃墟) ont certainement déjà investi les lieux car je remarque des ouvertures dans les barricades blanches entourant le site. Avec le retour des touristes étrangers, on voit de plus en plus de personnes se faire prendre en photo au milieu du grand carrefour de Shibuya, parfois dans des tenues étonnantes comme sur la troisième photographie du billet. Je ne prends en général pas en photo des personnes qui posent pour un ou une autre photographe que moi mais je fais une exception dans le cas de ce mystérieux personnage masqué qui m’a intrigué sur le moment.

Je mentionnais très brièvement dans un précédent billet être allé à l’exposition de l’illustratrice Nakaki Pantz. Nicolas, qui commente très régulièrement par ici, m’a fait connaître cette artiste à partir d’une illustration non officielle qu’elle a fait de Sheena Ringo dans le style vestimentaire du concert Hyakki Yagyō (百鬼夜行) de 2015 et qu’elle montrait sur son compte Instagram. J’ai commencé de ce fait à suivre Nakakisan sur Instagram et je découvre assez vite qu’elle expose quelques unes de ses œuvres dans une galerie de la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi. L’exposition s’appelait Cherish et se déroulait du 11 au 17 Janvier 2023. La bonne nouvelle est qu’elle annonçait sa présence à l’avance et il m’a donc fallu venir au bon moment, qui se trouvait être un samedi après-midi vers 15h. On m’avait commandé son book que j’étais bien content d’aller lui faire signer. J’aime beaucoup ses illustrations, représentant la plupart du temps des personnages féminins. J’apprécie en particulier la personnalité qui s’en dégage, une certaine indépendance peut-être, une force de caractère certainement. Après avoir fait le tour de la salle d’exposition, je pars acheter le book pour ensuite revenir dans la salle d’exposition pour le faire signer. Nakakisan est assisse à une petite table et une file d’attente s’est formée pour la voir les uns après les autres. Elle est très sympathique avec tout le monde ce qui est très agréable. Lorsque vient mon tour et alors qu’elle signe l’exemplaire de son book que je lui ai tendu, j’en profite pour échanger quelques mots mais ça ne va pas beaucoup plus loin que lui dire que je la suis sur Instagram et que j’apprécie ses illustrations qui sont cools et fortes (kakkoii). Elle me remercie et me répond en s’excusant presque de ne dessiner pratiquement que des personnages féminins. Elle est consciente du public international qui la suit, ce qui n’a rien de vraiment étonnant car elle compte plus de 130,000 abonnés sur Instagram. Je lui demande également si elle est d’accord pour une photo et elle accepte gentiment. Tout le monde ne demande pas systématiquement de photos, mais en voyant les deux personnes devant moi dans la file d’attente lui demander, je n’ai pas résisté à faire la même chose. Je n’aime pas trop me montrer sur ce blog mais je ferais une nouvelle fois exception sur ce billet. Me voilà bien content d’avoir pu voir cette exposition et d’avoir échangé quelques mots avec l’illustratrice. Le book signé que je ramène à la maison n’est pas pour moi mais je vais le garder au chaud pendant quelques mois avant d’avoir l’occasion de le transmettre.

Cette même semaine pendant laquelle j’ai été voir l’exposition, une grande fresque dessinée par Nakakisan était affichée au dessus de l’entrée principale, côté Hachiko, de la gare de Shibuya. L’illustration représente une ré-interprétation du personnage de Ramu-chan de la série animée Urusei Yatsura (うる星やつら), basée sur le manga de Rumiko Takahashi (高橋留美子). J’ai bien entendu des souvenirs de cette série qui passait à la television française (sur TF1) à la fin des années 80 (à partir de 1988) et que je regardais à l’époque avec d’autres séries de Rumiko Takahashi comme Maison Ikkoku (Juliette, je t’aime) et Ranma 1/2. Il se trouve que l’extra-terrestre Ramu-chan a repris du service dans une nouvelle version d’Urusei Yatsura diffusée sur Fuji Tv et également disponible sur Netflix. En regardant le premier épisode par curiosité, ça reste tout à fait loufoque comme dans mes souvenirs, et comme peut l’être aussi Ranma 1/2. La version de Ramu-chan dessinée par Nakakisan est plus adulte et sert de pochette pour les singles du collectif MAISONdes (メゾン・デ) qui compose les thèmes de début et de fin de la nouvelle série animée. On retrouve donc le style de Nakaki Pantz adapté à l’univers d’Urusei Yatsura. Je connais assez peu MAISONdes, mais je remarque que ce groupe est évolutif, invitant pour chaque morceau des interprètes différentes, parfois connues comme Aimer ou yama. Le principe est que chaque morceau se trouve dans une salle et les vidéos des morceaux montrent à chaque fois une porte numérotée s’ouvrant sur cette salle nous permettant d’écouter le morceau. Le thème d’ouverture (OP) de la première partie de la première saison de 14 épisodes d’Urusei Yatsura est intitulé Aiue (アイウエ) avec Minami (美波) et SAKURAmoti. Le thème de fin (ED) intitulé Tokyo Shandy Rendez-vous (トウキョウ・シャンディ・ランデヴ) fait participer KAF (花譜) et Tsumiki (ツミキ). Je ne connais pas tous ces noms. Le style est clairement post-vocaloid et la dynamique frénétique des morceaux me rappelle le groupe Zuttomayo. Le style musical est assez similaire et les morceaux peuvent devenir rapidement addictif si on y prête bien l’oreille. On se laisse facilement accrocher par la mélodie et ces voix qui nous entrainent, notamment celles du morceau Tokyo Shandy Rendez-vous que j’aime beaucoup. MAISONdes (メゾン・デ) compose également les thèmes de la deuxième partie de la première saison d’Urusei Yatsura avec d’autres morceaux comme Love Trap Muchu (アイワナムチュー) avec asmi et Three (すりぃ), puis Ai Tarinai (アイタリナイ) avec yama et Nito (ニト。). Nakaki Pantz est à chaque fois en charge des illustrations des pochettes des morceaux et des vidéos animées les accompagnant.

Pour rester encore un peu en musique, Utada Hikaru fêtait Jeudi 19 Janvier ses 40 ans avec une émission spéciale intitulée 40dai Iro Iro (40代はいろいろ, qu’on pourrait traduire par « il s’en passe des choses pendant nos quarante ans ») visible sur la plateforme de streaming Stagecrowd de Sony Music. Il fallait s’inscrire à l’avance mais le visionnage était gratuit. L’émission se composait de deux parties: une partie talk-shown avec des invités et un mini-concert de trois morceaux seulement. Utada Hikaru étant installée à Londres, les invités intervenaient par vidéo sur Zoom. La vidéo montrant Utada Hikaru était de très bonne qualité au point où on avait l’impression qu’elle était assise avec nous dans le salon. Mais les problèmes techniques en cours de route étaient nombreux, en particulier une coupure soudaine de son et une vidéo instable sur Zoom avec une des deux invités. Les invités étaient Yuriko Yoshitaka (吉高由里子) et Takeru Satō (佐藤健), respectivement actrice dans le drama Saiai (最愛) et acteur dans le drama First Love (初恋), tous les deux utilisant un morceau d’Utada Hikaru comme thème musical. La connection vidéo avec Yuriko Yoshitaka étant de mauvaise qualité, elle a été assez rapidement interrompue après quelques minutes de confusion. Ce sont les aléas du direct. J’ai bien aimé voir Takeru Satō discuter avec Utada Hikaru comme des amis de longue date. Cette discussion là m’intéressait plus parce que j’ai regardé le drama First Love. J’aurais aimé que Hikari Mitsushima passe dire bonsoir également mais ce n’était malheureusement pas le cas. La discussion n’allait pas très loin ceci étant dit, même si Utada Hikaru semblait avoir préparé avec des notes sur son iPhone. Elle répondait ensuite à quelques questions posées par avance par le public (80,000 personnes regardaient le live), dont une en anglais lui demandant ce qu’elle pensait des « nepo baby », les enfants de stars qui bénéficient de raccourcis dans leur propre carrière artistique. La question était bien entendu orientée car Utada Hikaru est la fille d’un producteur de musique et d’une chanteuse célèbres. Elle s’en sort plutôt bien en disant qu’une porte ouverte ne nous amène pas bien loin. Elle n’a clairement plus grand chose à prouver, mais peut-être que certains ne s’en sont pas encore rendu compte. Dans ce talk-show assez décousu, elle donne une citation d’un auteur appelé Adam Phillips et qui nous dit « Nothing will fit if we assume a place for it ». A méditer. Le mini-live portait bien son nom car elle ne chantait que trois morceaux en lien avec les invités: tout d’abord First love réutilisé pour le drama du même nom, puis Kimi ni Muchū (君に夢中) utilisé pour le drama Saiai mais dans une version spéciale appelée Rule. Le dernier morceau était une reprise en espagnol de Bad Bunny, un rappeur et chanteur portoricain. Je pensais qu’elle interprèterait un nouveau morceau mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Au final, l’émission n’avait rien d’indispensable mais on peut apprécier l’effort de faire ce genre de live.

street remixed

#11: mika scape. Shibuya.

#12: kusama dots. Harajuku.

#13: driving riding. Jingumae.

#14: bonjour girl. Jingumae.

#15: passing drawings. Omotesando.

Les marques vestimentaires de luxe redoublent d’astuces pour essayer d’attirer le passant étourdi dans ses filets profitant de quelques secondes d’inattention de sa part. Je remarque qu’un magasin temporaire Louis Vuitton s’est installé discrètement (ou à peine) près de la gare de Harajuku avec toujours les motifs en forme de poids colorés de Kusama Yayoi. Je devine à l’intérieur une statue de l’artiste en très grand format et je ne peux résister à l’idée d’entrer à l’intérieur pour la voir de plus près. Un peu plus loin à Omotesando et sur la dernière photographie de ce billet, les personnages de l’illustrateur Yoshitomo Nara viennent agrémenter les créations vestimentaires de Stella McCartney. On dirait que chaque marque essaie de s’attirer son artiste attitré. Loewe s’était emparé pendant quelques temps de certains personnages du monde de Ghibli, en premier lieu Totoro que la marque de luxe avait réussi à sortir de son sommeil. Sur la deuxième photographie du billet, un personnage haut en couleurs par l’illustratrice Mika Pikazo est affiché sur une grande baie vitrée d’un immeuble d’Udagawachō. Ce n’est pas la première fois que je fais le tour d’une exposition de cette illustratrice à Shibuya. La fois précédente devait être en Septembre 2019 dans un espace ouvert sur la rue près de l’ancien cinéma Rise, désormais reconverti en une live house nommée WWW WWWX. Je ne suis jamais entré à l’intérieur mais il faudrait que je trouve une occasion pour admirer l’architecture d’Atsushi Kitagawara tout en y appréciant un concert, par exemple. Je passe très souvent près de la galerie d’art Design Festa pour vérifier si les illustrations sur les murs ont été modifiées. Je ne pense pas avoir déjà vu ce petit personnage coloré uniformément de rose. Il y a certains endroits à Tokyo, comme ici ou sur les murs extérieurs d’un magasin de disques hip-hop à Udagawachō, où les fresques sont très souvent mises à jour. Ce genre de remix urbain satisfait forcément beaucoup le photographe amateur que je suis.

Je viens d’acheter au Tower Records de Shibuya l’album remix de morceaux de Sheena Ringo intitulé Hyakuyakunochō (百薬の長) sorti le 11 Janvier 2023. Il est sous-titré en allemand « das Allheilmittel für alle Übel », ce qui voudrait dire « le remède à tous les maux ». Il s’agit à mon avis d’une correspondance avec le EP Ze-Chyō Syū (絶頂集, SR/ZCS) sorti en Septembre 2000 qui reprenait également l’imagerie de la boîte de médicaments. La version initiale de la pochette de Hyakuyakunochō avait même un logo « Sheener » ressemblant à celui de Pfizer mais il n’a (heureusement) pas été conservé. Je me suis procuré la version standard sans les objets additionnels (les goods) fournis avec la version deluxe, car le problème d’utilisation du logo de La Croix Rouge m’a fait comprendre que Sheena Ringo n’avait en fait aucune implication dans le choix de leur design. Les albums de remix sont en général le fait des maisons de disques sans forcément un apport de l’auteur initial de la musique remixée. C’est du moins ce que la maison de disques Sony Universal Japan a annoncé suite au problème reporté dans les médias, très certainement pour protéger l’artiste. Une chose est sûre, je remarque maintenant les ‘Help Mark‘ (ヘルプマーク) marquées sur fond rouge du cœur blanc et du logo de La Croix Rouge, et j’en vois beaucoup dans les rues ou dans les couloirs du métro alors que je les voyais à peine avant. Merci donc Sheena Ringo de m’avoir sensibilisé sur ce sujet. Mais le véritable problème de ce genre de goods est qu’on a tendance à ne volontairement pas les utiliser pour ne pas les abîmer et ils finissent oubliés au fond d’un tiroir.

L’exercice du remix est assez compliqué et même périlleux. On a souvent plusieurs cas de figures. Le remixeur ne prend parfois pas de risques et n’ajoutent que des petites touches musicales sans modifier la trame initiale du morceau. On peut aller vers des propositions à l’opposé où l’empreinte du remixeur est tellement forte qu’on peine à reconnaître le morceau original sur lequel il est basé. C’est un parti pris d’essayer de conserver l’atmosphère originale d’un morceau pour ne pas choquer les fans ou de partir vers des pistes complètement différentes. Il est à mon avis très difficile pour un remix d’égaler un morceau original car ça demande à l’auditeur d’oublier en quelque sorte ce qu’il connaît d’une musique mainte fois écoutée et d’accepter quelque chose de nouveau. Il est assez rare qu’un morceau remixé vienne dépasser et transcender sa version originale. Il y a pourtant des remixes qui amènent des morceaux vers d’autres rythmes et d’autres ambiances, qui ajoutent une épice qui ne manquait pas forcément à l’original mais qui devient indispensable une fois qu’on l’a ajouté. Certains remixes arrivent à sublimer un morceau tandis que d’autres ne font que l’alourdir et le déséquilibrer. C’est une chimie compliquée qui peut très bien fonctionner ou échouer lamentablement. Il y a un peu de tout cela dans ce premier album remix de Sheena Ringo.

Je ne sais pas si Sheena est à l’origine de la sélection des musiciens en charge des remixes mais je dirais que probablement non, vu qu’il s’agit d’une initiative de la maison de disques. Il y a beaucoup de noms réputés japonais mais aussi quelques étrangers. Certains noms me sont cependant complètement inconnus. Comme je le mentionnais auparavant, la coréenne Miso prend en charge le morceau Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), ce qui n’est pas une mince affaire vu que c’est son morceau le plus populaire. Elle s’en sort très bien et laisse même clairement son empreinte en ajoutant sa voix sur la fin du morceau pour le compléter. Cet apport de voix est très bien vu, et Miso n’est pas la seule à le faire sur cette compilation de remixes. Le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) remixé par Shinichi Osawa, dont je parle régulièrement ici pour son projet MONDO GROSSO, est particulièrement réussi et cerise sur le gateau, DAOKO vient ajouter sa voix rappée sur la fin du morceau. J’adore le ton de voix immédiatement reconnaissable de DAOKO et sa manière d’accentuer certaines syllabes pour donner de la force à son phrasé. La version par moment forte en basse de Shinichi Osawa donne un souffle complètement différent à ce morceau. Le remix de Yokushitsu (浴室 ~la salle de bain~) par une des figures importantes de la musique électronique japonaise, Takkyu Ishino (石野卓球), est tout à fait enthousiasmant. Il conserve toute la force de la voix de Sheena Ringo et arrive à faire décoller le morceau, notamment dans sa deuxième partie. Yokushitsu, Marunouchi Sadistic et Ishiki sont des morceaux qui ont déjà eu des versions alternatives (notamment en anglais) sur des albums ou live de Sheena Ringo. On est donc d’une certaine manière habitué à ce que ces morceaux ne soient pas figés dans leurs formes originales, mais les versions qui nous sont proposés ici ont tout de même un style bien différent et très marqué électro.

Le morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) est remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) qui était intervenu sur deux morceaux de Tokyo Jihen enregistrés sur une cassette accompagnant la version spéciale du best album Sōgō (総合) sorti en Décembre 2021. J’avais beaucoup aimé les deux morceaux qu’il avait remixé: Karada (体) et Zettaizetsumei (絶体絶命). Je ne suis pas déçu par cette nouvelle version de JL005 Bin de qui démarre sur des prises de sons d’aéroport. Il y a une élégance typique des remixes de Yoshinori Sunahara, enfin de ceux que je connais jusqu’à présent. On retrouve cette même élégance dans la vidéo tournée pour ce morceau par Yuichi Kodama (évidemment). SAYA, de la formation Elevenplay que l’on retrouve régulièrement dans les concerts de Sheena Ringo, joue le rôle principal en hôtesse de l’air. J’aime beaucoup ces images et notamment le petit nuage qui vient s’incruster dans le paysage urbain (j’utilise régulièrement les interventions nuageuses dans mes compositions photographiques). Et on découvrira dans la vidéo qu’un jeu de morpion tourne en rond sur le tableau de bord et les écrans de contrôle de l’avion certainement pendant le pilotage automatique (mais y-a t’il un pilote dans l’avion? de demanderait Leslie Nielsen). Je laisserais les spécialistes en aéronautique préciser la réalité de ce genre de situation. Le sous-titre de ce morceau est B747-246, un avion Boeing donc de la compagnie JAL effectuant le vol de l’aéroport JFK à New York jusqu’à Tokyo Haneda (le vol JL005).

Les morceaux Anoyo no Mon (あの世の門 ~Gate of Hades~) et Chichinpuipui (ちちんぷいぷい ~Manipulate the time~) remixés respectivement par Telefon Tel Aviv et Gilles Peterson sont d’excellentes surprises, car ils s’écartent complètement de la version originale au point où on la reconnaît à peine. Remplacer l’ambiance euphorique de Chichinpuipui par une atmosphère Dark Jazz est assez singulière. On a l’impression d’entendre des nouveaux morceaux où la voix de Sheena est défigurée. Le morceau Adult Code (おとなの掟) remixé par object blue est par contre assez déplaisante. Le morceau d’origine est loin d’être le meilleur de Sheena Ringo et le remix crachotant semble être en permanence décorrélé des paroles. L’écoute en est assez désagréable malheureusement. Les remixes de Nagaku Migikai Matsuri (長く短い祭 ~In Summer, Night~) par Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) et de Carnation (カーネーション ~L’œillet~) par Ovall sont agréables sans forcément apporter des propositions nouvelles ou prendre de risques. Ils n’en deviennent donc pas indispensables, même si ces versions restent belles. Je suis un peu dessus de la version par STUTS de Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも ~Fly Me To Heaven~). Là encore, le remix n’est pas désagréable mais n’apporte pas grand chose de plus à l’original. On peut même se demander s’il y a une différence. L’excellente surprise est de trouver KID FRESINO sur l’avant dernier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚 ~Gate of Living~) car il y apporte sa voix hip-hop ce qui change complètement la dynamique du morceau. C’est une belle réussite même si le morceau reste trop court (c’était le cas de l’original). Je trouve une satisfaction certaine d’entendre la voix rap si particulière de KID FRESINO interagir avec l’univers de Sheena Ringo. Le dernier titre, une reprise du morceau le plus récent de Sheena Ringo, Ito wo Kashi (いとをかし ~toogood~) par Ajino Namero (鯵野滑郎) est une curiosité. Il s’agit d’une version en sons 8bits sortis tout droit d’une Famicom (qui serait quand même poussée dans ses derniers retranchements). Les sons primaires prennent étonnement de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau se déroule, lui donnant même une dimension épique. J’ai grandi avec ses sons 8bits donc j’adore forcément ce morceau de conclusion, laissé instrumental. Au final, j’adore le début (trois premiers morceaux) et la deuxième partie (des morceaux 8 à 12) mais je trouve qu’il y a un passage à vide au milieu de la compilation (les morceaux 4, 5, 6 et 7). Je trouve le résultat final inégal mais n’en vaut pas moins le détour et j’y reviens très souvent ces derniers jours. Et je me dis qu’il faut absolument que Shinichi Osawa compose un morceau pour DAOKO.

la fille de l’as de pique

#6: card fight. Shibuya.

#7: color dots. Yanaka & Hiroo.

#8: music life. Shibuya Tower Records.

#9: no way. Shibuya.

#10: window walls. Nihonbashi & Aoyama.

Quelques unes des photographies de ce billet sont clairement inspirées par les séries que j’ai pu voir récemment sur NetFlix et dont je parlais déjà dans un billet précédent, à savoir la deuxième saison d’Alice in Borderland (今際の国のアリス) et First Love (初恋). Le magasin de disques Tower Records de Shibuya fait directement la correspondance entre ce drama First Love et le premier album d’Utaka Hikaru en montrant une photo d’elle prise à cette époque là. Cet album sorti le 28 Avril 1999 est un des premiers albums que j’ai pu acheté au Japon après mon arrivée à Tokyo en Février 1999. Le morceau Automatic passait beaucoup dans les clubs et boîtes de nuit tokyoïtes où on allait pratiquement tous les week-ends jusqu’à très tôt le matin. Cette époque me parait bien lointaine (et bien heureusement dirais-je).

On trouve des stickers comme celui de la première photo du dyptique #9, avec une écolière faisant un signe du doigt en disant « Dame yo, Zettai » (ダメよ。ゼッタイ。) un peu partout dans les rues. L’auteur est le mystérieux Tokyo Fūki Committee (東京風紀委員会), le comité de morale publique de Tokyo (j’aime bien ce nom car il me rappelle celui que je donne pour mes histoires de Tokyo parallèle). Enfin, l’auteur ne doit pas être aussi mystérieux que cela car il donnait sa première exposition solo dans la galerie d’art Night Out Gallery à Jingumae du 16 au 25 Décembre 2022. J’aurais voulu voir cette exposition intitulée Activity Report, car je rencontre souvent ses autocollants dans les rues de Shibuya venant à chaque fois ponctuer mon parcours. Je m’y suis malheureusement pris trop tard. Depuis que j’ai vu celle de Wataboku, j’ai de plus en plus envie d’aller voir ce genre d’exposition d’illustrateurs ou illustratrices. Les galeries sont nombreuses à Tokyo et je m’y arrête assez régulièrement sans forcément prendre de photos et les montrer à chaque fois sur ce blog. La prochaine exposition était celle de Nakaki Pantz et j’y reviendrais prochainement. J’ai toujours aimé prendre en photo les stickers aperçus dans les rues, et je me dis que ce domaine de l’art graphique urbain pourrait être une direction que je privilégie sur ce blog.

La photo ci-dessus montre les cadeaux de Noël que je me suis fait à moi-même: le dernier album de Tricot intitulé Fudeki sorti en Décembre 2022 et l’album de Miyuna (みゆな), Guidance, dont j’ai déjà beaucoup parlé. J’avais en fait déjà acheté les morceaux de cet album en digital lorsque j’avais découvert l’album. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’acheter la musique en double mais j’ai fait une exception pour Guidance car il s’agit pour moi d’un album important et emblématique. Il y a le fait que j’ai été la voir en concert, mais j’ai également acheté le format physique de l’album car une version contient un Blu-ray d’un concert qu’elle a donné sans public, crise sanitaire oblige. Ce concert en studio intitulé Delete -> Saikai (Delete -> 再開, Effacer puis Reprendre) du 24 Novembre 2021 se compose de 10 morceaux et de quelques passages où Miyuna prend la parole. On y trouve quelques morceaux de l’album Guidance, comme Kijitsu (奇術) disponible en vidéo sur YouTube, et d’autres de ses précédents EPs. La formation qui l’accompagne est la même que celle du concert au Shibuya Club Quattro que j’ai été voir, avec donc une approche rock de live house. Ça reste tout de même beaucoup plus sage que le concert de Shibuya. Miyuna ne s’écroule pas au sol sur scène sur un morceau, et il n’y a pas de solo extensif de guitare, mais il n’y a rien de très étonnant à cela vu que ce live se déroulait en studio. La performance n’en est pas moins excellente et le live vaut le détour ne serait ce que pour pouvoir écouter ces morceaux dans des versions légèrement différentes. La petite surprise de ce live pour moi était de voir Miyuna jouer de la guitare électrique, car on a plutôt l’habitude de la voir jouer de la guitare acoustique. Elle jouait également de la guitare acoustique lors de ce concert, mais elle avait en mains une guitare électrique Gibson SG rouge sur deux morceaux. Sa guitare acoustique est également une Gibson. Ce choix de guitare électrique me parle beaucoup car j’avais autrefois exactement la même Gibson SG mais de couleur noire. J’aimais beaucoup cette guitare qui a malheureusement subi un choc fatal et que j’ai dû revendre avec l’ampli Marshall qui va avec. Mais je ne jouais aucun air connu comme j’aimais à le dire pour exprimer le fait que je ne savais pas en jouer. J’appréciais seulement expérimenter des sons, ce qui m’apportait déjà une certaine satisfaction.

Je suis content d’entendre Miyuna à la radio ces derniers temps, en particulier sur J-Wave. Je pense qu’il doit avoir un lien avec sa participation au festival Tokyo Guitar Jamboree 2023, qui aura lieu en Mars 2023 au Ryōgoku Kokugikan (両国国技館), car il est organisé par J-Wave. Dans la liste des musiciens invités au festival, il y en a plusieurs qui sont très reconnus, comme par exemple Tortoise Matsumoto (トータス松本). C’est une très bonne chose car ça peut lui permettre de gagner en reconnaissance. Comme Miyuna a 20 ans (depuis Juin l’année dernière), elle était invitée à une émission spéciale animée par Shishido Kavka (シシド・カフカ) et sponsorisée par Sapporo Beer sur le passage à l’âge adulte. Cette émission intitulée At age 20, the beginning se composait notamment d’une partie où trois compositeurs, interprètes et rappeur de 20 ans se retrouvaient ensemble à l’antenne pour parler de leur inspiration et de comment ils et elle voient leurs futurs. Au côté de Miyuna, il y avait le compositeur et interprète Sōshi Sakiyama (崎山蒼志) et le rappeur Sanari (さなり). Je ne les connaissais pas mais ils étaient plutôt réservés à l’antenne par rapport à Miyuna qui était plutôt à l’aise pour assurer la conversation, bien qu’elle n’était pas animatrice attitrée de cette section. Je me suis tout de suite dit en écoutant cette émission que J-Wave devrait lui donner un segment radio hebdomadaire même temporaire (comme une de ses ainées sur une autre radio il y a 25 ans). Ça me plairait bien de l’écouter régulièrement. Elle avait aussi été invitée sur J-Wave dans une autre émission de Décembre l’année dernière pour parler cinéma (et pas de musique bizarrement). L’émission abordait le film Avatar: the way of water, å l’occasion d’une journée spéciale sur J-Wave. J’avais bien l’intention de voir ce film, ce que j’ai fait pendant mes congés de la première semaine de Janvier. Bien que l’histoire ne soit pas particulièrement intelligente, le monde que l’on a devant les yeux pendant un peu plus de 3 heures est vraiment merveilleux. Je suis allé le voir tôt le matin dans une salle de cinéma de Shibuya et sortir de la salle à la fin du film pour retrouver l’ambiance urbaine de Shibuya m’a fait un drôle d’effet. C’est comme si j’avais également voyager dans les forêts et les mers de Pandora pendant plusieurs jours voire semaines. Miyuna comparait ce film à ses propres concerts où la rémanence (余韻) des images et des impressions reste forte même après plusieurs jours. Elle le disait de son concert à Shibuya et j’ai l’impression qu’elle accorde beaucoup d’importance à cette sensation de rémanence. J’aime beaucoup cette idée là, surtout à notre époque où tout doit passer vite sans trop réfléchir. Cette idée de rémanence m’est également venu en tête lors de notre séjour récent près du Mont Fuji. J’ai regardé pendant longtemps le Mont Fuji au levé du soleil en pensant au fait que ces images pourrait persister avec moi dans mon inconscient.

Le deuxième cadeau de Noël que je me suis fait était le dernier album de Tricot intitulé Fudeki (不出来) qui veut dire le contraire de Jōdeki (上出来) signifiant “excellent”. Jōdeki était leur album précédent sorti en 2021. J’avais en fait quelques interrogations sur ce nouvel album avant de l’écouter vu le nom choisi. J’avais aussi quelques craintes sur la direction que prendrait ce nouvel album car Tricot est maintenant sous la grande agence Horipro (après avoir reçu un gros chèque) alors que le groupe était indépendant jusqu’à maintenant. Mais mes craintes se sont vite estompées dès la première écoute car Tricot a conservé cet aspect rock indépendant qui est sa marque de fabrique et qui est même renforcé sur ce dernier album par rapport au précédent. Les singles sortis avant l’album, #Achoi (#アチョイ), End roll ni Maniau youni (エンドロールに間に合うように) et Aquarium (アクアリウム) ne sont pas spécialement les morceaux que je préfère de l’album. J’aime en fait beaucoup les morceaux qui se trouvent entre ces singles comme Android (アンドロイド), Kujira (鯨), OOOL, Jōdan kentei (冗談検定) et Crumb. Ces morceaux ne cherchent pas à être des singles et on pourrait même dire qu’ils ont le calibre de B-side, mais ils ressemblent à ces B-side qui sont meilleurs que les singles qu’ils accompagnent. C’est peut être là le sens de Fudeki, quelque chose d’imparfait mais qui a une grande force d’attraction. Et personnellement, je tombe dedans les deux pieds joints. Il y a toujours cette pointe d’originalité et d’humour dans le chant d’Ikkyu qui m’attire beaucoup, et la partiction musicale est toujours irréprochable. Du coup, j’ai très hâte de les voir pour la deuxième fois pour leur tournée 2023 appelée Zang-Neng (qui je pense est dérivée du mot zannen qui veut dire “dommage”). Pour Tokyo, ça se passera au LIQUIDROOM à Ebisu, une salle que je ne connais bien que je suis passé des centaines de fois devant. J’imagine que cette tournée privilégiera ces nouveaux morceaux, et par rapport au premier concert auquel j’ai assisté de Tricot, j’aurais cette fois-ci l’avantage de bien connaître toute leur discographie.