Vous reprendrez bien un peu de citrouilles? Je ne me lasse pas de les prendre en photo. Elles me remémorent le petit musée consacré à Kusama Yayoi (草間彌生) que l’on trouve dans le quartier de Bentenchō à Shinjuku et que nous avions visité l’année dernière en Novembre. La deuxième partie des photographies de ce billet a été prise à Yanaka, que j’ai parcouru plusieurs fois cette année. La fin d’année est toujours une occasion de regarder les statistiques de ce blog. On comptant celui-ci, j’aurais publié cette année 154 billets sur ce blog, ce qui est un peu moins que l’année dernière avec 166 billets publiés et un peu plus que 2020 avec 146. Il y a eu 222 commentaires laissés sur des billets cette année, ce qui est moins que les deux années précédentes avec 262 pour 2021 et 253 pour 2020. Ceci étant dit, le nombre de commentaires sur ces trois dernières années reste beaucoup plus important que pour les dix années précédentes, bien que ces commentaires ne soient le fait que de deux personnes principalement, que je remercie vivement, et de moi même en réponse. Pour ce qui est du volume d’écriture, il était moins important cette année (environ 130,000 mots) par rapport à l’année dernière (environ 163,000 mots) mais également très similaire à l’année 2020. Les visites sont en baisse progressive continuelle, avec environ 14,000 cette année, contre 16,000 en 2021 et 17,000 en 2020. L’année prochaine, ce blog démarré en Mai 2023 aura 20 ans. Le design du blog (version 9) n’a pas évolué depuis 2017 et il est grand temps que je lui trouve une évolution. En attendant, les photographies continuent à defiler les unes après les autres sur les billets de ce blog, et ce flot semble inarrêtable.
Catégorie : Art
Art et Expositions
s’envoler comme dans un rêve
Je ne voulais pas manquer les installations artistiques de Kusama Yayoi à différents endroits de Tokyo jusqu’au 29 Décembre 2022. Ici, je passe par le parc Shiba près de la Tour de Tokyo et du temple Zozoji. Une citrouille jaune à poix, emblématique des créations de l’artiste, s’envole dans les airs depuis un bloc arrondi fait de miroirs. Juste à côté, des sphères et demi-sphères réfléchissantes sont posées sur la pelouse du parc et font réfléchir les photographes aux éventuelles prises de vue intéressantes qu’on pourrait en faire. J’en profite, chose extrêmement rare, pour faire un auto-portrait légèrement déformé. Je n’avais pas pris jusqu’à maintenant les feuilles rouges d’automne mais je me rattrape in extremis à l’entrée du parc. Les trois dernières photographies du billet sont prises à Marunouchi devant la station de Tokyo et sur la rue devenue temporairement piétonne Naka-dōri. Les lumières de fin d’année sont difficiles à saisir en photo, donc je préfère les rendre floues.
La fin d’année est aussi l’occasion de voir fleurir sur Internet des playlists des meilleurs albums et singles de l’année, et c’est souvent l’occasion de se rattraper sur des morceaux ou artistes que j’aurais pu manquer. La playlist japonaise de Ryo Miyauchi qui publie la newsletter This Side of Japan est étonnement proche de ce que j’ai pu écouter cette année, du moins les six premiers morceaux qu’il mentionne dans sa liste sont tous des morceaux que je connais et ai beaucoup aimé cette année. Ce genre de playlist est évidemment très subjective et je suis assez rarement en phase avec ce qu’il propose mais j’y ai découvert cette fois-ci beaucoup de morceaux qui me plaisent vraiment beaucoup, comme Midnight Dew de DÉ DÉ MOUSE & Punipunidenki (ぷにぷに電機). Je connais DÉ DÉ MOUSE, projet solo du musicien, producteur et DJ Daisuke Endō (遠藤大介), depuis le morceau électro entêtant Baby’s Star Jam de 2007 que j’ai vraiment beaucoup écouté, mais je n’avais jamais poursuivi la découverte de sa musique. Puniden (en version courte de Punipunidenki) est également un nom que j’ai souvent aperçu sur internet sans pour autant être parti à la découverte de ses morceaux. Midnight Dew est excellent et son ambiance nocturne se construit un peu plus après chaque écoute. J’écoute également la musique électro-jazz du musicien et producteur STUTS sur le morceau Floating in Space de son album Orbit. STUTS s’est fait connaître l’année dernière pour le morceau Presence I avec KID FRESINO et l’actrice Takako Matsu (松たか子) au chant. Je viens de me rendre compte qu’il fait aussi parti d’un collectif appelé Mirage Collective avec Yonce (de Suchmos) et Ryōsuke Nagaoka (長岡 亮介, alias Ukigimo) entre autres. Je n’aime par contre pas beaucoup le morceau qui passe en ce moment avec l’actrice Masami Nagasawa (長澤まさみ) au chant. Autre découverte de la playlist ci-dessus, le morceau électronique agité comme du math rock, SOS de Midnight Grand Orchestra, qui semble être un collectif autour de la virtual YouTuber Hoshimachi Suisei (星街すいせい). Je ne pensais être amené à écouter de la musique de virtual YouTuber mais il y a un début à tout, quand le talent est là. Après tout, Ado apparaît dans toutes les émissions télévisées de fin d’année sous les traits virtuels du personnage d’Uta (ウタ) pour interpréter son single à succès, tout à fait mérité, Shinjidai (新時代). Ce n’est pas dans la liste ci-dessus, mais j’écoute aussi ces derniers jours le nouveau morceau quasi-instrumental de D.A.N. intitulé Afterglows, le morceau Deep Down d’Aimer que je mentionnais précédemment car il est utilisé comme musique de fin de l’épisode 9 de l’anime Chainsaw Man et Life with Love, nouveau single très pop de RöE que j’écoute presque uniquement pour sa voix si particulière.
時が過ぎて行くのが早すぎるから
Revenons maintenant à la couleur pour ce nouveau billet. On peut voir en ce moment à différents endroits de Tokyo des œuvres de l’artiste Kusama Yayoi, associées à la marque Louis Vuitton. La première photographie de ce billet est plutôt une composition photographique détournée montrant son visage, mais je montrerais un peu plus tard quelques installations artistiques à Marunouchi et dans le parc Shiba près de la Tour de Tokyo. Les photographies de ce billet ont été principalement prises dans le centre de Shibuya, à Udagawachō, et le long de la rue Meiji à Jingumae. Je ne devrais même plus le préciser tant ces lieux ont constitué mon « terrain de jeu » préféré cette année. Cette année 2022 a passé très vite mais le mois de Décembre, avant que mes vacances de fin d’année ne démarrent, m’a semblé se dérouler au ralenti. J’espère que les cinq prochains mois vont passer vite car j’ai hâte d’aller enfin voir Sheena Ringo en concert au Tokyo International Forum début Mai 2023. J’espère que rien ne pourra m’empêcher d’y aller comme ça avait été le cas en 2020 pour Tokyo Jihen alors que la crise sanitaire était pleine d’incertitudes.
Je ne résiste pas à l’envie de montrer ci-dessus plusieurs extraits de la vidéo de Zutto, le nouveau et certainement dernier single de BiSH avant leur séparation à la fin de cette année. J’adore quand des parallèles se créent entre l’architecture et la musique que j’aime, ce qui est relativement rare, il faut bien l’avouer. J’étais en tout cas très satisfait de voir le groupe évoluer à l’intérieur du KAIT Plaza de Junya Ishigami, que j’ai découvert et montré sur ce blog le mois dernier (il faudra un jour que je fasse un mind-mapping de ce blog). Je peux très bien comprendre que ce lieu a inspiré le réalisateur de cette vidéo, Masaki Ohkita, qui a également réalisé plusieurs autres vidéos pour le groupe. Le morceau en lui-même a une composition très classique et fidèle à l’image que peut avoir quelqu’un ayant suivit BiSH depuis plusieurs années, ce qui est mon cas. Sans être pourtant fanatique du groupe, je dois quand même avoir tous les albums et une grande partie des singles sur mon iPod. Et j’en parle assez souvent sur ce blog, l’air de rien. Ce morceau Zutto est le douzième d’un éventuel dernier album qui pourrait s’appeler BiSH is Over. Je n’arrive pas à bien comprendre si un album regroupera les douze morceaux sortis en single pendant cette année ou si BiSH arrêtera réellement ses activités à la fin de cette année, car Wack, l’agence du groupe, vient d’annoncer un dernier concert le 29 Juin 2023 au Tokyo Dome. Je ne suis en général pas convaincu par les qualités vocales du groupe en live ou lors d’émissions télévisées, mais l’ambiance dans un espace aussi vaste que le Tokyo Dome doit être très particulière. Je garde toujours en tête cette vidéo du morceau GiANT KiLLERS en concert à Makuhari Messe. Ce nouveau single Zutto me plaît beaucoup, mais je me rends également compte avec cette dernière vidéo que la représentation visuelle du groupe a toujours été particulièrement réussie. Je pense au morceau Stereo Future dans les mines d’Oya, que l’on a également visité récemment, ou au cimetière d’avions américain pour la vidéo de My Landscape. Ces deux vidéos ont d’ailleurs été également réalisées par le même Masaki Ohkita.
本当の世界に連れてて
Les feuilles mortes se ramassent déjà à la pelle et nous n’avons pas encore eu l’occasion d’aller voir les feuilles rouges et jaunes de l’automne, que ça soit dans Tokyo ou autour. Je pense qu’on va une nouvelle fois cette année passer notre tour. Ça fera d’autant moins de photos à montrer sur ce blog. J’en prends d’ailleurs beaucoup moins en ce moment. Je continue à marcher en amenant avec moi mon appareil photo mais je prends très peu de photos. Le cœur ou plutôt l’inspiration, n’y est plus trop en ce moment. Il me reste seulement des photographies déjà prises pour les deux ou trois prochains billets, et c’est en fait assez rafraîchissant. Ça m’arrangerait de faire une trêve ou de réduire le rythme. Ça peut paraître bizarre de le dire mais je ne sais pas si j’en serais capable. Ce n’est pas pourtant comme si j’avais une pression sur les épaules pour écrire des billets et montrer des photos sur ce blog. Je souhaiterais parfois que ce blog soit à la demande, que ça me donne l’impression de répondre à un besoin tout en satisfaisant mon plaisir d’écrire, de montrer des photographies et de parler des musiques que j’aime. Ce système d’appel et de réponse n’existe malheureusement pas sur un blog, et je risque de toute façon d’attendre longtemps.
Dans une vitrine d’un magasin de vêtements près d’Harajuku, j’aperçois un hoodie avec une illustration du personnage démoniaque appelé Power. Je regarde depuis quelques jours la série animée Chainsaw Man (チェンソーマン) sur Netflix et je suis déjà conquis. Je ne regarde plus beaucoup d’anime mais cette série est aussi bonne qu’elle a beaucoup de succès. Je me dis en la regardant que le Japon est encore loin de perdre la main en matière d’animation. Bon, la série est certes d’une violence affirmée car le héros de l’histoire, Denji, ayant pactisé avec un gentil démon, se voit affublé de tronçonneuses sur les bras et le visage lorsqu’il déclenche ce pouvoir démoniaque. On est bien loin du monde de Ghibli, que j’aime aussi beaucoup comme tout le monde, allais-je dire. Un passage le week-end dernier à la librairie du grand magasin Seibu de Shibuya m’a d’ailleurs rappelé que le magazine orienté architecture Casa Brutus avait sorti un nouveau numéro avec la chanteuse Aimyon. Après le numéro partant à la découverte de l’univers singulier de Taro Okamoto, Aimyon est cette fois-ci prise en photo dans le tout nouveau parc Ghibli près de Nagoya. Je ne pense pas qu’on puisse y aller un jour donc j’ai acheté ce magasin pour faire, en quelque sorte, une visite virtuelle du parc. A part quelques morceaux, je ne suis pas spécialement amateur de la musique d’Aimyon, mais j’aime vraiment beaucoup ces séries où elle pose au milieu d’une architecture fantaisiste. Il y a quelque chose de non conventionnel chez Aimyon que je n’arrive pas à bien appréhender.
J’avais d’abord hésité à me lancer dans le visionnage de Chainsaw Man, ne sachant que peu de choses sur la trame de l’histoire, mais l’épisode 27 du podcast Pure TokyoScope m’a rapidement convaincu. J’écoute ce podcast des deux américains Otaku irrécupérables Matt Alt et Patrick Macias depuis ses débuts et j’y apprends beaucoup de choses inutiles mais forcément passionnantes. Pour dire que cette série a atteint une popularité certaine, j’ai même eu l’occasion d’en discuter avec mon coiffeur qui est un peu plus avancé que moi dans les épisodes. De fils en aiguilles, on en vient à parler d’Evangelion. Je le sens comme rassuré d’apprendre que je regardais Neon Genesis Evangelion quand j’étais plus jeune (et encore en France). Comme si on venait de réaliser qu’on venait du même monde. On parle souvent de cinéma de science-fiction avec mon coiffeur, mais plus rarement d’anime.
Peut-être devrais-je faire BiSH qui a décidé de cesser ses activités de manière programmée à une date précise définie dans la futur (la fin de cette année en l’occurence). C’est en fait assez dommage car je trouve certains de leurs derniers morceaux très bons comme ceux intitulés Up to Me et Kanashimi yo Tomare (悲しみよ止まれ). Je pense qu’elles arrivent au bout d’un cycle et leur style n’évolue plus beaucoup (comme pour moi sur ce blog). On aura peut-être la surprise de les voir disparaître pour réapparaître immédiatement avec la même configuration mais sous un autre nom de groupe, comme l’a fait récemment EMPiRE par un étrange tour de passe-passe en changeant de maison de disques par la même occasion. Je doute que ça soit le cas pour BiSH vu les carrières séparées déjà bien avancées pour AiNA et AYUNi (avec Pedro). J’apprécie en tout cas toute l’urgence du morceau Up to Me, où les six voix prennent relais pour le chant sans points morts. Elles n’hésitent pas, chacune d’entre elles à leur manière, à exagérer leur agressivité et particularité vocale. La voix d’AiNA est toujours au dessus des autres mais j’apprécie toujours quand les pointes aiguës d’AYUNi viennent se distinguer.
Je suis allé voir l’exposition intitulée Meirei Toshi (命令都市) de l’artiste digital wataboku qui se déroulait à la galerie Anicoremix à Harajuku du 12 Novembre au 23 Novembre 2022. Je suis cet artiste sur Instagram depuis plusieurs années et j’avais très envie d’aller voir à quoi pouvait ressembler ses œuvres graphiques en grand format. Le personnage féminin récurrent de son œuvre s’appelle SAI. On la voit souvent entourée ou marquée de signes directeurs provenant de la circulation routière, qui viennent indiquer les nombreuses règles et interdictions présentes dans la société japonaise. J’aime beaucoup les expressions de ce personnage. Son visage est à chaque fois très expressif. Je me souviens d’une version animée de ce personnage que wataboku montrait sur Instagram. L’animation un peu saccadée avait pour moi un effet de fascination et je me souviens avoir laissé cette vidéo tournée pendant de longues minutes devant moi, ne serait ce que pour regarder SAI froncer des yeux. Je pense que la fascination pour ce personnage à commencer à ce moment là. L’artiste était présent dans la galerie à mon passage, ce qui a été l’occasion de lui parler pendant quelques instants, et de faire signer une des trois cartes postales que j’avais acheté sur place. Il me dit qu’il a vendu beaucoup de ces œuvres et qu’il a donc de moins en moins de choses à exposer (sachant qu’elles sont à 600,000 ou 800,000 Yens pièce). A défaut d’une de ses œuvres, j’ai beaucoup hésité à acheter son livre d’illustrations. J’aurais dû en fait, mais on le trouve de toute façon en librairie.
des images et des voix ancestrales
Je ne suis pas allé à la galerie d’art de Tokyo Opera City à Shinjuku depuis de très nombreuses années. Je ne sais pour quelle raison exacte j’avais envie d’y retourner mais j’attendais une exposition qui m’intéresserait et c’était celle de Rinko Kawauchi (川内倫子). Je connais les photographies de Rinko Kawauchi depuis plusieurs années, au moins depuis 2006, car je parlais rapidement de cette photographe dans un billet de Décembre cette année là. La première fois que nous sommes allés dans cette galerie était pour une exposition sur Jean Nouvel en Janvier 2004, qui a d’ailleurs peut-être déclenché mon intérêt progressif pour l’architecture. Avoir ces notes mémoires inscrites sur le blog est bien pratique. Pourvu que ça dure.
L’exposition s’intitule “M/E On this sphere Endlessly interlinking”, sachant que le M/E correspond à la fois au mot “Mother Earth” et “Me”. Elle se déroule du 8 Octobre au 18 Décembre 2022. C’est la première exposition en solo de Rinko Kawauchi depuis six ans. Il s’agit en fait de sa plus grande exposition dans un musée japonais. Cette exposition couvre dix années sur six séries photographiques, dont celle intitulée M/E commencée en 2019 et dont les photographies ont été prises à Hokkaido. Cette série occupe la partie centrale de la galerie dans un grand espace conçu par l’architecte Hideyuki Nakayama. Il crée au centre de cette pièce un passage ressemblant à une tente couverte de tissus légers quasiment transparents. Cette délicatesse correspond très bien aux photographies de Rinko Kawauchi, car ses photographies mélangent force et fragilité. J’ai toujours en tête, en pensant à ses photos, les rayons de lumière se diffusant dans le cadre jusqu’à brouiller notre vision. Dans ces séries, Rinko Kawauchi explore les relations entre l’humain et la terre. On retrouve également des photographies un peu plus anciennes comme celles de la série Ametsuchi capturant la tradition ancienne de brûler de manière contrôlée les terres à Aso dans la préfecture de Kumamoto. L’exposition inclut également quelques installations vidéo, dont une assez impressionnante et immersive avec deux projections sur des pans entiers de murs. Je m’imaginerais bien écouter à cet endroit la musique de la chanteuse originaire d’Hokkaido actuellement basée à Londres, Hatis Noit.
Je ne sais quel superlatif utilisé pour évoquer l’album Aura de Hatis Hoit (ハチスノイト), sorti en peu plus tôt cette année en Juin 2022. Il s’agit de son premier album mais j’ai déjà évoqué ici Hatis Noit car elle chantait sur le fabuleux album Il y a (イリヤ) de Mutyumu (夢中夢). Cet album Aura est très différent car il est purement basé sur sa voix. Il n’y a aucun instrument utilisé sur cet album mais la profondeur y est pourtant immense. Seul un morceau intitulé Inori (pour prière) utilise des prises de sons de l’océan dans la préfecture de Fukushima. La voix d’Hatis Noit est multiple et fait penser à des chants ancestraux, parfois inspirés par les voix bulgares jouant sur une certaine dissonance. Elle y mélange aussi sa voix tout en vibrato d’opéra qu’on lui connaissait déjà sur Mutyumu. Elle avait déjà une voix superbe sur l’album Il y a (イリヤ) mais c’est incomparable de profondeur sur ce nouvel album solo. Hatis Noit est originaire de Shiretoko à Hokkaido et on ressent sur cet album un lien fort avec la nature, sans forcément pouvoir le toucher vraiment du doigt. Son nom signifie, en langage Ainu peut-être, la tige de la fleur de lotus, faisant le lien entre la fleur représentant le monde des vivants et les racines du monde invisible des esprits. On trouve un côté mystique du monde de l’au-delà sur ces morceaux comme des incantations ou des chants religieux. Et ces morceaux sont étonnamment très mélodiques et on s’y accroche assez facilement dès la première écoute. Tous les morceaux sont fantastiques, mais le cinquième intitulé Jomon me donne à chaque fois des frissons dans le dos. En écoutant cette voix, on a soudainement besoin de grands espaces, et ça conditionne même mes trajets à pieds car j’ai envie d’écouter cette musique dans des espaces ouverts, plutôt que dans des petites rues étroites, à défaut de pouvoir l’écouter dans les fastes plaines ou les forêts montagneuses d’Hokkaido. Et je m’imagine tout d’un coup les pieds dans les herbes mi-hautes entouré d’un brouillard légèrement humide à écouter cette voix sortant de nul part. Alors oui, comme superlatifs, on peut dire que c’est superbe et fabuleux car la force de cette voix ne peut pas laisser indifférent. On peut trouver l’album sur Bandcamp où je l’ai acheté et une émission de France Musique, La chronique d’Aliette de Laleu, présente brièvement cet album.