Hoki Museum

Nous profitons d’une belle journée du mois de Septembre pour aller visiter un musée que j’avais depuis longtemps sur ma liste de lieux à voir absolument, tout autant pour l’art qu’il contient à l’intérieur que pour l’expression artistique de son extérieur. Le Musée Hoki (ホキ美術館) est consacré à la peinture réaliste et compte une collection de 450 œuvres d’environ 50 artistes principalement japonais. Il est situé dans la zone résidentielle d’Asumigaoka (あすみが丘), à la limite du grand parc Showa no Mori (昭和の森), dans l’arrondissement de Midori de la ville de Chiba (千葉市緑区), dans la préfecture de Chiba. Le musée composé de béton et de matériaux métalliques a été construit par Nikken Sekkei et a ouvert ses portes le 3 Novembre 2010. Il a été fondé par Masao Hoki, président de Hogy Medical, qui est un grand fournisseur de produits médicaux, chirurgicaux et de stérilisation, pour y montrer sa collection privée de peintures réalistes. Le Musée Hoki est actuellement dirigé par sa fille Hiroko Hoki. Le bâtiment de sept mètres de haut se compose de trois étages, dont deux en sous-sol, formant de longues galeries en forme de couloirs courbés placées les unes au dessus des autres. La partie la plus impressionnante du musée est la longue zone cantilevée du bâtiment qui semble flotter dans les airs. Dès notre arrivée au musée après une heure et demi de voiture depuis le centre de Tokyo, on se dirige tout de suite vers l’arrière du building pour apprécier sa partie flottant dans les airs. Les parois du building sont fines et élancées. Un étroit chemin entouré de béton nous amène jusqu’à l’entrée du musée, mais on peut continuer ce chemin pour descendre vers l’arrière. Le bloc qui s’élance sur trente mètres dans le vide en défiant la gravité se révèle doucement alors qu’on descend la pente. J’avais bien sûr vu de nombreuses photographies de ce building et de ce tube cantilevé en particulier, mais la réalité est plus impressionnante que ce que j’ai pu voir en photo. On constatera plus tard dans le musée que la galerie à l’intérieur s’avance pratiquement jusqu’à l’extrémité de ce bloc poussé dans le vide. La surface du tube est fine, ce qui donne une légèreté et une grande élégance à l’ensemble qui n’en reste pas moins imposant vu de l’extérieur. C’est une architecture vraiment remarquable, qui me rappelle un peu la résidence privée White Base par l’architecte Akira Yoneda (Architecton) pour sa structure montant dans les airs.

Vue d’ensemble du musée et vues de l’intérieur de plusieurs galeries.

Nous revenons ensuite vers l’entrée du musée pour commencer notre visite, qui démarre par l’étage supérieur et nous fera ensuite descendre méthodiquement et progressivement vers les sous-sols. On ne peut malheureusement pas prendre de photos à l’intérieur, et celles ci-dessus proviennent de différents sites internet traitant d’architecture. La disposition des œuvres dans les galeries est également remarquable. Dans les longues galeries en forme de couloirs pouvant faire jusqu’à 100 mètres, on peut voir les peintures d’une manière séquentielle sans éléments venant perturber notre vision des œuvres. La forme courbée des murs donne en fait une vue d’ensemble des œuvres montrées dans l’espace d’exposition. On avance doucement, comme si on suivait un chemin, attiré par la lumière naturelle au fond du couloir correspondant à la partie surélevée du musée. La lumière varie alors que l’on descend progressivement vers les bas étages du musée. J’ai été plusieurs fois surpris par le volume des espaces qui sont par moment beaucoup plus importants que ce qu’on peut imaginer par rapport à la taille relativement limitée du musée vu de l’extérieur. Le musée fait en tout 3700 m2 de surface et les zones d’exposition couvrent environ 1800 m2 sur neuf galeries.

Sur la partie gauche: le Flyer de l’exposition The Artist’s Gaze. Past, Present, and Then … (作家口視線。 過去亡現在、そして•••) comportant les peintures et installations “Injection Devices” (2023) et “Idle Slumber” (1993-2012) par Kenichiro Ishiguro (石黒賢一郎). Sur la partie droite: de haut en bas et de gauche à droite, “Purple Tears” (2022) et “Praying Beneath a Tree” (2021) par Lo Chan Peng, “Still Life with Lemon” par Fumihiko Gomi (五味文彦), un portrait nu par Nobuyuki Shimamura (島村信之), Shaft Tower par Kenichiro Ishiguro, “The Sacred – Ⅳ” par Hiroshi Noda (野田弘志) et un portrait par Kenichiro Ishiguro.

L’exposition du moment s’intitule The Artist’s Gaze. Past, Present, and Then … (作家口視線。 過去亡現在、そして•••) et se déroule du 23 Mai au 11 Novembre 2024, mais elle se mélange avec la collection permanente. Pour les nouveaux venus dont nous faisons partie, cette distinction entre collection permanente et temporaire n’est en fait pas très importante car on découvre toutes ces œuvres comme un tout. Je suis relativement peu familier des œuvres ultra réalistes des artistes présentés dont les noms m’étaient inconnus jusqu’à maintenant: Kenichiro Ishiguro (石黒賢一郎), Nobuyuki Shimamura (島村信之), Fumihiko Gomi (五味文彦), Hiroshi Noda (野田弘志), entre beaucoup d’autres. J’ai tout de suite été impressionné par la qualité visuelle méticuleuse des natures mortes de Fumihiko Gomi qui touche à un réalisme photographique. Il en est de même des nombreux portraits. Ce qui est intéressant sur les portraits est que l’artiste n’essaie pas de gommer les imperfections comme ça pourrait être le cas en photographie, ce qui fait que ces portraits s’éloignent d’une beauté universelle pour s’approcher de notre réalité. Ces portraits ultra-réalistes en deviennent parfois plus réels que des photographies. Ces peintures prennent des mois à être réalisées, ce qui laisse beaucoup de temps à l’artiste devant sa toile pour non seulement travailler chaque détails mais également pour mûrir sa vision et sa conception des choses. On imagine ce travail et ce temps long passé seul devant une œuvre, mais on a un peu de mal à l’appréhender dans notre époque de l’immédiateté où n’importe quelle intelligence artificielle permet de créer des nouveaux portraits réalistes en quelques secondes. En regardant les œuvres exposées au musée Hoki, on apprécie à la fois la beauté et l’émotion de ce que l’on voit et la dedication sans limites de l’artiste à son œuvre. Cette beauté là n’a pas de prix et est très précieuse à notre époque.

Après notre longue visite du musée, serpentant de galeries en galeries, nous remontons finalement vers l’extérieur pour faire un dernier tour complet du bâtiment avant de reprendre la route. On peut constater que les surfaces arrondies de béton sans ouverture font face aux résidences du quartier pour éviter les vis-à-vis, tandis que les vitrages sont orientés vers la forêt toute proche. Cette forêt est immense et c’est le plus grand parc de la préfecture de Chiba. Nous tentons bien de la traverser en voiture mais nous sommes contraint d’abandonner en cours de route car il nous faut bientôt rentrer.

sur les hauteurs du temple Kasamori Kannon

En regardant les quelques photographies prises lors de notre visite du temple Kasamori-ji (笠森寺), je me rends compte que celles-ci datent d’il y a plus de deux mois. Les mois passent sans que je le réalise et le mois d’Août paraît déjà bien loin. Le temple bouddhiste Kasamori-ji (ou Kasamori Kannon) est situé sur une colline au milieu d’un large espace de verdure près de la petite ville de Chōnan (長南町) dans la préfecture de Chiba. Il est dédié à la déesse Kannon. On dit que le temple a été fondé en l’an 784 par le moine Saichō (最澄), fondateur de la branche Tendai du bouddhisme japonais, qui y sculpta une statue de Kannon aux onze visages. Kasamori-ji fait partie des sites de pèlerinage du Bandō Sanjūsankasho (坂東三十三箇所), c’est à dire des 33 temples bouddhistes du Kanto dédiés à la déesse Kannon (Bandō étant l’actuel Kanto).

La particularité du temple Kasamori-ji est l’architecture de son hall principal appelé Kannon-dō (観音堂) construit en 1028 sur ordre de l’empereur Go-Ichijō. Il s’agit de l’unique exemple de temple construit dans le style architectural shihōkakezukuri (四方懸造). Le hall repose sur 61 grands pilotis de bois posé sur un immense rocher sur les quatre côtés de la structure. Le temple possédait autrefois d’autres dépendances qui ont été emportées par des incendies, mais le Kannon-dō a résisté et n’aurait subit que quelques réparations entre les années 1573 et 1596. Il est désigné comme bien culturel important du Japon et a été dessiné sur une estampe ukiyo-e par Hiroshige Utagawa (歌川広重) autour des années 1850. Le poète Matsuo Bashō (松尾芭蕉), qui vécu de 1644 à 1694, y séjourna et dédia au temple un de ses poèmes Haïku. Cet haïku pensé par Bashō est inscrit sur une pierre servant de monument en face de la porte du temple (五月雨にこの笠森をさしもぐさ).

La première remarque que nous avons eu en approchant et en gravissant les premières marches du hall de bois Kannon-dō est que cet édifice nous rappelle beaucoup le Aizu Sazaedō (会津さざえ堂) que nous avons visité en Avril 2023. On y retrouve cette même singularité architecturale sur un bâtiment bouddhiste historique en bois. Depuis les hauteurs du temple, la vue sur les montagnes boisées est dégagée. Le hall Kannon-dō est placé à 16 mètres de hauteur et son toit atteint 31 mètres. l’estampe Ukiyo-e d’Hiroshige donne l’impression que le hall est placé à des hauteurs extrêmes, voire irréelles, mais j’imagine qu’il a voulu représenter une impression de détachement du sol lorsqu’on est en haut de cette structure. L’atmosphère y est particulière, voire mystique, car on est comme perdu sans traces d’habitations tout autour, au milieu de l’immense forêt du parc naturel préfectoral, lui-même désigné comme monument naturel national depuis 1970. On peut entrer à l’intérieur du hall et en faire le tour par l’extérieur, mais il n’y a par contre pas de deuxième étage. A l’entrée du temple, sur la route piétonne en pente assez sombre car creusée dans le sol, on trouve en chemin un arbre étrange avec une ouverture dans son tronc. Si on se place correctement, on peut voir apparaître une statue de Kannon placée juste derrière l’arbre et éclairée de dos par des rayons de lumière traversant les branchages de la forêt.

Avant de prendre la route du retour, nous bifurquons vers un autre temple à proximité. Le temple Chōfukujuji (長福寿寺) a également été fondé par le moine Saichō quelques années plus tard en 798. Il a la particularité d’avoir deux éléphants en statue devant le hall principal du temple, et de porter chance aux jeux de hasard comme le Takarakuji. Nous sommes malheureusement arrivés quelques dizaines de minutes après sa fermeture et nous n’avons pu voir les fameux éléphants que de loin. Il y a tout de même une grande statue d’éléphant entièrement dorée à l’entrée. Je ne suis pas sûr que cette statue dorée un peu kitsch nous apportera une quelconque prospérité future, mais on lui touche quand même la trompe et les défenses au cas où.

depuis la route sinueuse menant à Naritasan (2)

Je ne pensais pas que l’enceinte du temple Naritasan Shinshōji (成田山新勝寺) était aussi vaste. Elle contient même un large parc abondamment boisé. De Naritasan, j’avais seulement l’image de la grande pagode de la paix (平和大塔) datant de 1984, que je montre sur la cinquième photographie du billet, et j’imaginais donc un ensemble de constructions récentes. En réalité, les époques se mélangent. La grande porte d’entrée Sōmon (総門) que je montre une nouvelle fois sur la dernière photo du billet date de 2008. Le grand hall principal de la première photo date lui de 1968, mais la pagode de trois étages (三重塔) placée juste devant ce hall est beaucoup plus ancienne car elle date de 1712. Parmi les bâtiments les anciens, on compte également le hall Kōmyō-dō (光明堂) de 1701 sur la quatrième photo et le Gaku-dō (額堂) de 1861 sur l’avant-dernière photographie. On navigue donc entre les époques en empruntant les larges allées quasiment désertes. Nous allons souvent à Chiba ces derniers temps, en général le dimanche. Le grand ne nous suit plus depuis longtemps et nous demande à chaque fois pourquoi nous allons si souvent à Chiba. C’est une préfecture que je pense assez peu connaître même si nous y sommes déjà allés de nombreuses fois. J’ai l’impression qu’il nous reste encore beaucoup de choses à y découvrir, notamment les bords de l’océan pacifique.

depuis la route sinueuse menant à Naritasan (1)

Ces photographies datent du tout début du mois d’Août. Je pense que tous les ans en été, je prends beaucoup de retard pour montrer sur Made in Tokyo toutes les photos que j’ai pris, au point où j’en oublierais presque de les montrer. J’ai tout de même la discipline personnelle de travailler et de sélectionner mes photographies peu de temps après les avoir prises, ce qui me permet de tout de même de garder le fil. Nous sommes ici au grand ensemble de temples Naritasan Shinshōji (成田山新勝寺) dans la préfecture de Chiba. Naritasan est situé à une vingtaine de kilomètres de l’aéroport international de Narita. Nous avons souvent parlé d’aller voir ce temple, qui compte parmi les plus important de la région du Kanto, mais c’était en fait la première que nous nous y rendions. Je ne pensais pas trouver près du temple une rue en partie préservée. Naritasan est un temple bouddhiste de la branche Shingon, fondé en l’an 940. Le restaurant d’anguille grillée (うなぎ) nommé Kawatoyo (川豊) dans lequel nous avons déjeuné n’est pas aussi ancien que le temple de Narita, mais a tout de même plus de 100 ans, puisqu’il a ouvert ses portes en 1910. Il s’agit du plus d’ancien restaurant d’unagi de la ville. Les anguilles qui sont une spécialité de Narita sont attrapées dans le lac Inbanuma et dans les rivières proches de Tone et Naganuma. On s’assoit au deuxième étage du restaurant sur le tatami sur lequel est posé des tables basses. Les clients sont nombreux mais le service est bien huilé. Les touristes y affluent. L’endroit doit être noté dans les guides. Nous serons un peu plus tranquille à l’étage, d’autant plus qu’on y a une vue sur la rue zigzaguante menant à la grande porte d’entrée de Naritasan. Assis sur le tatami, nous sommes à l’abri de la lumière forte du plein été. Lorsque j’habitais en France, Unagi (うなぎ) était pour moi avant tout un film de Shōhei Imamura (今村昌平) primé de la palme d’or ex-æquo au Festival de Cannes de 1997. Je n’ai pas vu le film mais il m’a pourtant beaucoup marqué. Comment est ce possible? Certains films laissent des traces dans notre imaginaire avant même qu’on les voit et on a même peur de les voir par crainte de ne pas y trouver ce qu’on y recherche. Il faudra quand même que je rattrape le coup très vite en le regardant. Unagi est maintenant ce repas délicieux dont on raffole mais qu’on ne se permet que de temps en temps. C’est également le plat qui a certainement le plus mauvais rapport prix et durée de dégustation, car il nous faut seulement quelques minutes pour terminer notre bento que nous avons pourtant attendu pendant plus dizaines de minutes. Le ventre plein, on pourrait très facilement s’endormir sur les petits coussins posés sur le tatami, mais il ne faut pas qu’on oublie la raison pour laquelle nous sommes venu jusqu’ici. Une fois franchi la grande porte de Naritasan, nous progressons doucement en recherchant les points d’ombre.

tunnels et cascades de la vallée de Yōrō

Avec tous ces cerisiers en fleurs qui ont accaparé toute mon attention pour un certain nombre de mes précédents billets, j’allais presque oublier que nous avons également fait quelques semaines auparavant une visite de la vallée de Yōrō (養老渓谷) à Ōtaki (大多喜町) dans la préfecture de Chiba. Cette vallée se trouve quelque part perdue au centre de la péninsule de Bōsō (房総半島). On y trouve de nombreuses cascades dont celle d’Awamata (粟又の滝) qui est la plus réputée des lieux et qui était un des objectifs de notre visite. Cette cascade d’une hauteur et largeur d’environ 30m pour une longueur de 100m se trouve sur le cours principal de la rivière Yōrō (養老川), qui forme la vallée du même nom. On peut descendre au pied de la cascade donnant sur un petit bassin, puis ensuite grimper le long de la rivière pour la remonter. Le découpage des roches est remarquable à cet endroit. On serait tenté de se lancer depuis le haut de la cascade pour glisser comme sur un toboggan jusqu’en bas dans le bassin. Malgré l’angle de pente relativement faible de la cascade, le courant a l’air tout de même très fort et je me ravise donc très rapidement de cette idée saugrenue.

La deuxième étape de notre visite de la vallée de Yōrō est très particulière car il s’agit d’un double tunnel tout à fait étonnant. Le tunnel Mukaiyama a d’abord été creusé dans les années 1940, puis un deuxième tunnel plus récent nommé Kyōei a ensuite été creusé en dessous dans les années 1970. On aperçoit la sortie de l’ancien tunnel Mukaiyama au dessus du nouveau tunnel Kyōei, ce qui donne cette impression unique en son genre de double tunnel. On ne peut bien sûr plus accéder à l’ancien tunnel mais on peut par contre traverser le tunnel récent qui s’ouvre ensuite sur un pont du même nom, le pont Kyōei (共栄橋). Juste avant se pont, on trouve un hôtel nommé Kawanoya (川の家) perché en hauteur par rapport à la rivière Yōrō. Il semble être en service. On peut légitimement se poser la question car ce lieu qui n’est pourtant pas très reculé, est tout de même assez éloigné des circuits touristiques classiques. Nombreux sont les commerces qui ont dû connaître leurs heures de gloire il y plusieurs dizaines d’années, et qui sont désormais fermés et laissés à l’abandon. C’est malheureusement une des facettes du Japon des campagnes. En traversant le pont Kyōei, on aurait voulu longer un peu la rivière Yōrō car les rives sont très boisées. Le chemin est malheureusement fermé. On se dit qu’on peut quand même marcher quelques mètres pour voir jusqu’où on peut aller. Des branchages coupent parfois le chemin, certainement suite à une tempête récente, mais rien ne nous empêche vraiment d’avancer. Des blocs de ciment nous permettent ensuite de traverser la rivière. En remontant ensuite le talus, nous nous trouvons en face d’une très belle vue d’un croisement de rivières. Il aurait vraiment été dommage de ne pas voir ce paysage que je montre sur la septième photographie du billet. Je lirais ensuite que cet endroit s’appelle Kōbundō-ato (弘文洞跡). Il s’agit en fait de vestiges d’un ancien tunnel qui a été construit au début de la période Meiji pour détourner la rivière Yuki, un affluent de la rivière Yōrō. Ce tunnel a été construit comme un court-circuit dans un des coudes de la rivière, dans le but de développer des terres arables. Le 24 mai 1979 au petit matin, la partie supérieure du tunnel s’est soudainement effondrée, ce qui a créé le paysage actuel que nous avons devant les yeux. Cette découverte hasardeuse était bienvenue. Il est ensuite difficile de continuer notre chemin et nous décidons finalement de faire demi-tour. Le nom particulier de cet endroit appelé Kōbundō-ato vient du fait que ce tunnel a été creusé entre deux sanctuaires qui sont tous les deux liés à l’empereur Kobun.

Nous avions récupéré une carte de la vallée dans le centre d’information au centre de la vallée. La carte nous indique un autre lieu que j’étais très curieux de voir, la cascade de Nōmizo (濃溝の滝) et la grotte de Kameiwa (亀岩の洞窟). La carte n’étant bizarrement pas à l’échelle, on nous laisse croire qu’il faut seulement cinq minutes en voiture pour s’y rendre, mais il nous a fallu plus d’une demi-heure. Cette cascade se trouve dans le parc naturel de Shimizu à Kimitsu. Cet endroit que je montre sur l’avant-dernière photographie est devenu soudainement célèbre en raison de l’influence de quelques Instagrammeurs ayant pris cet endroit en photographie au bon moment sous la lumière du matin. La folie Instagram qui s’est apparemment déclenchée à cet endroit depuis 2015 est visiblement un peu tombé car on n’y trouvait heureusement pas une foule de photographes. Cet endroit n’est en fait pas complètement naturel car il s’agit également d’un tunnel creusé dans les années 1960 pour détourner une rivière faisant des lacets afin d’irriguer des rizières. L’endroit n’en demeure pas moins magnifique et a un petit côté magique que certains rapprochent du monde de Ghibli. Beaucoup de lieux peuvent nous ramener vers cet univers là qu’on souhaite inconsciemment toucher du doigt. Si on regarde bien la photographie de la grotte et de la cascade, on aperçoit dans le fond derrière les branches une oreille de Totoro. Il nous observait pendant tout ce temps à peine caché derrière les branchages, mais nous ne l’avons pas remarqué.