sakura dans les parcs de Chiba [3]

En continuant à montrer les cerisiers en fleurs pendant une si longue période, j’ai l’impression à ma manière de les rendre un peu moins éphémères. Après notre visite du parc de Shimizu à Noda, nous nous déplaçons en voiture vers la ville de Kashiwa, toujours dans la préfecture de Chiba. Dans sa périphérie, on trouve un autre joli parc appelé Akebonoyama Agricultural Park. L’endroit est très vallonné et la petite montagne appelée Akebono est recouverte de cerisiers. On y accède par un chemin donnant également accès à un terrain couvert de fleurs, notamment de tulipes, sur lequel se dresse un moulin nous rappelant la Hollande. Je ne suis pas particulièrement amateur de ce genre de parterres floraux extrêmement organisés, mais on se sent quand même attiré par ce genre de composition surtout quand les couleurs sont vives et se mélangent. Le chemin montant la petite montagne Akebono donne d’abord accès à un espace ouvert sur lequel les enfants viennent jouer. On s’enfonce ensuite avec délice dans la forêt de cerisiers qui attendaient qu’on vienne les admirer de plus près. Depuis cette colline aux cerisiers, on peut apercevoir le grand temple Kōryūzan Tōkai-ji placé sur une autre colline à proximité. Entre les deux collines, un jardin japonais joliment agencé nous attend. Depuis ce jardin, on aperçoit les cerisiers perchés sur la colline d’un côté et on devine le temple Tōkai-ji de l’autre côté. Nous sommes ici en pleine campagne même si la ville est toute proche.

sakura dans les parcs de Chiba [2]

Nous sommes toujours la tête dans les cerisiers en fleurs et toujours dans le grand parc de Shimizu à Chiba. J’aime beaucoup cet endroit en particulier dans le parc, car il ne ressemble plus à un parc mais plutôt à un grand jardin d’une propriété privée, autrefois très bien entretenue mais laissée un peu à l’abandon. Je ne sais pas trop pourquoi cette idée en particulier me vient en tête mais j’y pense en particulier en voyant des enfants avec leurs parents partir à la chasse aux papillons devant une vieille maison traditionnelle en bois. Cette scène me fait penser à un été bucolique en vacances (à vrai, j’ai aussi aperçu un Totoro dans un des fourrés). Dans ce parc, j’aime aussi beaucoup la manière à laquelle les couleurs roses et blanches des fleurs de cerisiers viennent se mélanger. Il y a aussi un grand et vieux shidare sakura qui nécessite des supports pour tenir debout. En le regardant, on devinerait presque une sagesse poussant au respect.

sakura dans les parcs de Chiba [1]

Les cerisiers en fleurs ne sont déjà plus de saison mais ça ne m’empêche pas de montrer les photographies qu’il me reste sur le sujet sur encore deux ou trois billets. Après notre visite du sanctuaire Sakuragi dans la petite ville de Noda dans la préfecture de Chiba, nous nous dirigeons vers un parc assez proche de là. Le parc de Shimizu est vaste. Une de ses particularités est d’avoir un parcours athlétique en plein milieu. Il a l’air assez exigeant car placé au dessus d’un étang. J’imagine que l’eau ne doit pas être profonde. De nombreux enfants s’y amusent, donc il ne doit être si compliqué que ça à parcourir dans sa totalité. Nous ne sommes pas venus ici pour ce parcours, bien qu’il avait l’air assez tentant. Nous recherchons les cerisiers que nous avons d’abord un peu de mal à trouver car nous étions stationnés à l’opposé. Une grande allée piétonne bordée de sakura nous amène jusqu’à la porte principale d’un temple bouddhiste nommé Konjoin. L’endroit est extrêmement agréable. Des familles sont assises dans une partie du parc pour faire Hanami. Ce type de regroupement n’est en général pas autorisé en cette période de crise sanitaire, mais j’ai l’impression que se mettre dans des tentes doit être une condition permettant de faire Hanami dans ce parc. L’absurde de la situation est qu’on ne voit plus les cerisiers une fois que l’on est enfermé sous la tente. En ce qui nous concerne, nous avons toujours préféré marcher dans les parcs plutôt que s’asseoir au même endroit pendant des heures. La crise sanitaire ne change donc pas beaucoup nos habitudes.

le goshuin du sanctuaire Sakuragi

Le jour où la floraison des cerisiers est à son paroxysme, nous préférons sortir de Tokyo pour aller voir ce que donnent les sakura dans la préfecture voisine de Chiba. Notre destination est le sanctuaire Sakuragi dans la petite ville de Noda, non seulement car son nom a l’air d’indiquer la présence de cerisiers mais également parce que j’avais remarqué que le sceau goshuin du sanctuaire était particulièrement joli et élaboré. Je l’avais aperçu par hasard sur Instagram dans un flux d’images sous le tag « Sheena Ringo ». Je m’étais d’abord demandé s’il y avait un lien entre le sanctuaire Sakuragi et Sheena Ringo, mais en fait non. La personne dont j’avais vu le goshuin sur Instagram l’avait en fait ajouté dans un carnet goshuinchō acheté pendant la tournée Hyakkiyakō 2015 (百鬼夜行2015) de Sheena Ringo. En fait, je n’avais pas remarqué que ce genre de goshuinchō était vendu sur la boutique en ligne de Kronekodow. Le goshuinchō de cette tournée porte le nom de Hyakki Yakonika (百鬼夜行 百鬼ヤコニカ御朱印帖). Un autre modèle appelé Vēda no Shinrin (ヴェーダの森林) avec des motifs différents était également vendu sur la boutique en ligne. Ces deux modèles étaient apparemment assez populaires et sont malheureusement épuisés. J’espère qu’un nouveau modèle sortira prochainement car je vais bientôt terminer le mien et ça me plairait bien de continuer ma quête des goshuin en utilisant un goshuinchō de Sheena Ringo. Toujours est-il que le goshuin du sanctuaire de Sakuragi m’est resté en tête au point d’avoir envie de me le procurer pour l’ajouter à ma collection.

Le sanctuaire de Sakuragi se trouve à une petite heure en voiture du centre de Tokyo. Nous sommes partis assez tôt le samedi matin de peur que le goshuin soit en rupture de stock pour la journée si on arrivait trop tard. Il n’y avait pas autant de monde que je le pensais, même si nous y sommes allés en pleine période de Hanami. Ce sanctuaire est vraiment charmant, voire même élégant et mignon avec ces motifs de pétale de sakura inscrits un peu partout. Il y a en fait assez peu de cerisiers à l’intérieur de l’enceinte du sanctuaire, mais on en trouve beaucoup vers l’entrée au niveau d’une immense porte torii en métal. Le goshuin dont je parlais est particulier car il se déploie sur 4 pages. Un goshuin standard occupe une seule page, et on en trouve régulièrement sur deux pages en fonction des sanctuaires et temples. Celui de Sakuragi se compose en fait de deux goshuin de deux pages mais symétriques représentant dans sa totalité un cerisier en fleurs. Je montre le mien ci-dessus. Je montrerais peut être un jour chaque page de mon goshuinchō. J’aurais peut être dû montrer le goshuin correspondant à chaque fois que je parle et montre des photographies de sanctuaires sur ce blog. En même temps, ce n’est pas vraiment mon intention de faire de ce blog un guide des sanctuaires de Tokyo et des préfectures alentours. Après notre visite du sanctuaire Sakuragi, nous partons vers le grand parc de Shimizu assez proche, où les cerisiers sont à priori beaucoup plus nombreux.

le bleu des vagues qui nous attire

Nous sommes attirés par la nature de Chiba pour nos sorties récentes en dehors de Tokyo. Nous allons cette fois-ci dans la ville de Minamibōsō près de Tateyama, se trouvant dans la pointe de la préfecture de Chiba. Minamibōsō a le statut de ville mais la nature est beaucoup plus présente que ce à quoi on peut s’entendre pour une ville. C’est moi qui construisait le programme de cette sortie en totalité, jusqu’au choix du restaurant le midi ce qui est une chose plutôt rare. Le but de notre excursion était d’aller jusqu’au temple Daifuku-ji installé au flanc d’une basse montagne. Cette disposition est assez rare et intéressante. On y monte par un escalier depuis le bâtiment principal. On en profite bien sûr pour récupérer le goshuin du lieu. On ne l’aurait manqué pour rien au monde dans un endroit aussi particulier que celui-ci. Il y a plusieurs années, nous avions visité la montagne Nokogiri où on y extrayait autrefois de la pierre. La montagne de Nokogiri possédait également un temple placé dans un lieu très inhabituel. Le temple Daifuku-ji se trouve au delà de Nokogiriyama, en direction de Tateyama. Nous sommes près de l’Océan Pacifique et la vue est belle et dégagée depuis la dépendance perchée du temple consacrée à la déesse Kannon.

Notre étape suivante était d’aller manger une glace au miel non loin de là, puis d’aller manger du poisson près du port de pêche de Minamibōsō. On commence par le dessert avant le déjeuner, mais ce n’est pas un fait rare chez nous, bien que peu fréquent. J’avais identifié un restaurant de sashimi à une des deux extrémités de la zone portuaire. Nous arrivons sur le grand parking de graviers pour apercevoir rapidement avec une certaine stupeur que derrière les rangées de voitures étaient stationnés une trentaine de motos trafiquées de bosozoku. On ne rebrousse pas chemin car on a faim, et ils ne vont pas nous attaquer de toute manière. Ils sont assis à l’intérieur à côté d’une clientèle plus standard mais semblent avoir terminé leur repas. On les voit sortir les uns après les autres pendant que nous attendons dans l’entrée qu’une table se libère. Ils sont dans l’ensemble jeune, pour la plupart moins de 20 ans, mais il y a quelques personnes plus âgées dans le groupe. Les motos customisées avec des pots d’échappement modifiés, et des sièges arrières à rallonge sont tout à fait dans le style du genre. Ils sont pour la plupart habillés d’une combinaison ouverte sur le torse avec des messages écrits en kanji et éventuellement un médaillon du sigle impérial, et des bottes de cuir semi ouvertes. Quelques unes des motos sont densément décorées, certainement celles des plus anciens du gang, tandis que d’autres semblent n’être qu’au début de leur transformation. Pendant que nous attendons notre place dans le restaurant de poisson, je ne peux m’empêcher de les observer discrètement, l’air de rien (en sifflant presque). J’ai pensé un instant leur demander si je pouvais prendre leurs motos en photo, mais je me suis ravisé en apercevant que certains des membres du groupe avaient des tatouages jusqu’aux avant-bras, ce qui me laissait présager d’un tatouage intégral. Je me suis dis que ce n’était peut être pas une bonne idée de les déranger alors qu’ils étaient déjà bien occupés à faire rugir leurs moteurs. Comme les pots l’échappement sont illégalement modifiés, le bruit est infernal surtout quand ils démarrent tous en groupe. En fait, on était trois personnes à les regarder démarrer depuis la porte ouverte du restaurant. Se voyant observer, j’ai l’impression qu’ils exagéraient même le bruit des moteurs. Faire un boucan infernal fait de tout façon partie de leur rituel de départ. Ils partent de manière ordonnée, en laissant d’abord la place aux quelques motos les plus décorées, ce qui laisse entrevoir une hiérarchie dans le groupe. On les entend pendant longtemps après leur départ. J’ai déjà vu plusieurs fois ce genre de groupe de motards sur le bord de mer du Shonan. On les entendait régulièrement dans la nuit lorsque nous dormions à Ofuna dans la préfecture de Kanagawa, et il m’est déjà arrivé d’en croiser sur une voie rapide. Je ne les jamais vu gêner ou ralentir la circulation, mais je me souviens en avoir vu faire des zigzags sur la route. D’après un de mes anciens billets, ils avaient l’air d’être beaucoup plus présents à Enoshima par exemple il y a quinzaine d’années. Leur nombre dans l’ensemble du pays n’a cessé de diminuer au fur et à mesure des années, d’où ma surprise de les voir aussi nombreux à Chiba. Je me souviens par contre avoir pris ce genre de motos en photo il y a plusieurs années près du lac Kawaguchi, à proximité du Mont Fuji. Elles étaient par contre beaucoup moins nombreuses et leurs conducteurs n’étaient pas dans les environs immédiates. J’avais donc pris quelques photos discrètement, que je montre une nouvelle fois ci-dessous pour illustrer mon propos.

La dernière étape de notre mini périple d’une journée nous amène de l’autre côté du port, où se trouve deux énormes rochers jaillissant de l’océan. La route qui nous y amène est très étroite et on s’est demandé si la voiture pouvait passer entre les rangées de maisons du port. J’ai toujours une crainte de rester coincé dans une rue étroite. Les rues très étroites n’ont rien de bien spécifique à ce quartier et j’ai une certaine habitude de les emprunter à Tokyo. Je sais également à peu près bien dans quelles rues il est préférable de ne pas s’engouffrer. On arrive près du rocher par un petit morceau de route longeant l’océan et on peut se stationner dans l’herbe à proximité. Il n’est que 4h de d’après-midi mais la lumière est déjà basse. On voit quelques maisons couvertes de bâches bleues avec des pierres posées dessus pour empêcher qu’elles s’envolent. Une autre maison tout près des deux rochers à une partie du toit arrachée. Ce sont certainement les dégâts laissés par les deux grands typhons de l’année dernière ayant particulièrement touchés Chiba. Certaines personnalités comme Yoshiki ont fait des donations pour aider les habitants de Chiba. Un peu plus tôt dans le café où nous avons dégusté nos glaces au miel avant le déjeuner, des photos de Yoshiki étaient d’ailleurs disposées sur le comptoir accompagnées de petites poupées Kitty Chan en version rock X Japan. Pour revenir à nos deux rochers sur le rivage, ce sont ceux de Hokkezaki. Un passage est aménagé le long des falaises recouvertes de grillages. On voit que des pierres sont tombées à plusieurs endroits. Par un temps calme comme aujourd’hui, les vagues sont assez fortes et nous éclaboussent presque. J’imagine la rudesse de l’océan lorsqu’un grand typhon approche.

Il est maintenant temps de rentrer et c’est le moment que je maudis à chaque fois. Le retour vers Tokyo le dimanche soir est synonyme de bouchons interminables. Nous regagnons Tokyo par la ligne Aqualine qui passe sous la baie en plongeant dans un tunnel au niveau de Umihotaru. Je savais très bien qu’il ne fallait pas passer par là et plutôt faire le tour de la baie, mais le système de navigation était beaucoup plus optimiste que moi en annonçant un retour en 1h30. Nous avons finalement mis presque 4h en roulant très doucement à certains endroits. Pour nous consoler, alors que nous étions encore sur Chiba et que la nuit tombait, le Mont Fuji nous a fait le plaisir de se dévoiler au dernier moment. Il s’était caché derrière des nuages toute la journée mais s’est finalement montré au dernier moment sous un coucher de soleil. Il m’était malheureusement difficile de prendre des photos en roulant. Cette vue inattendue, que j’imagine inchangée depuis des siècles, nous a donné un peu de courage pour la suite.