inside the doughnuts hole

J’aime beaucoup la densité urbaine qui se dégage de la première photo prise à une des extrémités d’Harajuku. La topographie et l’urbanisme non-homogène de Tokyo permettent ce type de vues. Je suis ici debout sur la passerelle piétonne traversant l’avenue Meiji avant qu’elle ne remonte en direction de Shinjuku. J’emprunte souvent cette avenue à pieds ou à vélo. Avant d’arriver à ce point là, je passe très souvent par une route longeant les anciens appartements de Kita Aoyama en attente de destruction. Les bornes jaunes usées bloquant la route aux voitures proviennent de cet endroit avant que cette route ne vienne s’enfoncer dans la suractivité piétonne d’Omotesando, et d’Harajuku ensuite. Un des stickers collé sur une des bornes me rappelle le personnage Homer Simpson, grand amateur de donuts, mais en version défigurée.

Je viens de terminer le visionnage des dix épisodes de 54 mins du drama télévisé de la chaîne TBS Quartet (カルテット). Il ne s’agit pas d’une série récente car elle a été diffusée en 2017, mais elle est apparue soudainement dans ma liste de recommandations sur Netflix et je me suis laissé tenter. J’avais tout de même un intérêt préalable car Sheena Ringo en a écrit et composé le thème musical final intitulé Otona no Okite (おとなの掟), interprété au chant dans le drama par un quartet appelé Doughnuts Hole. Pour l’interpretation musicale, on retrouve sur ce morceau des habitués comme Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機 aka HZM) au piano, et Neko Saito (斎藤ネコ) au violon et aux commandes du véritable quartet. Sheena Ringo reprendra plus tard ce morceau sur la compilation Reimport 2 avec le titre The Adult Code. J’ai compris après avoir fini la série la raison de cette mise en avant sur Netflix. Le scénario a été écrit par Yūji Sakamoto (坂元裕二) qui a été récompensé récemment au festival de Cannes pour le meilleur scénario pour le film Monster (怪物) d’Hirokazu Kore-eda (是枝 裕和). On a donc beaucoup entendu parler du film et de ce scénariste au mois de Mai 2023. Je n’ai pas encore vu le film Monster, mais j’aime beaucoup Kore-eda pour avoir voir plusieurs de ses films (Nobody Knows avait été un choc pour moi) et j’ai donc très envie de le voir. Un des grands intérêts du drama Quartet vient des actrices et acteurs qui le composent. Takako Matsu (松たか子) joue le rôle central avec Hikari Mitsushima (満島ひかり), Ryuhei Matsuda (松田龍平) et Issei Takahashi (高橋一生). A eux quatre, ils forment le quartet de musiciens, annoncé dans le titre, réunis d’une manière plus ou moins fortuite dans une maison secondaire à Karuizawa. S’éloignant d’une vie normale, ils se réunissent et vivent dans cette villa pour se consacrer ensemble à la musique, mais leurs vies passées finissent par les rattraper. Il y a beaucoup de rebondissements et d’humour discret dans cette série, mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est la subtile lenteur que confère ces lieux dans les montagnes, parfois enneigées, de Karuizawa. Ça donnerait envie d’y vivre, surtout dans une villa comme celle où le quatuor s’est installé. Chaque personnage a ses petites manies et particularités un peu décalées. Le personnage de Suzume joué par Hikari Mitsushima a par exemple une fâcheuse tendance à s’endormir dans des endroits improbables. Iemori joué par Issei Takahashi a pour défaut, ou qualité, de reprendre les gens lorsqu’ils ne font pas les choses correctement ou qu’ils ne suivent pas les bonnes manières, ce qui lance souvent des conversations particulièrement amusantes, poussant même parfois à une réflexion personnelle. Le scénario est bien monté quand on voit ce genre de scènes et anecdotes se reboucher plus tard dans la suite de l’histoire.

J’aime aussi beaucoup le personnage secondaire Alice joué par Riho Yoshioka (吉岡里帆), car elle très manipulatrice malgré son visage d’ange et finit toujours par arriver à ses fins. Une surprise est de voir le chanteur de Hip-hop Mummy-D du groupe Rhymester (ライムスター) joué un petit rôle dans la série. Mummy-D a participé à certains morceaux de Sheena Ringo notamment à la période de Sanmon Gossip. On sait également que Riho Yoshioka est fan de Sheena Ringo, ce qui m’a également interpellé. Mais ce n’est pas tout car le détail suivant est un peu plus ’maniaque’. Dans le dernier épisode du drama, le personnage de Maki joué par Takako Matsu se voit séparée du quatuor de Karuizawa suite à un des nombreux rebondissements de l’histoire. On la voit habiter seule dans une zone d’appartements de type HLM. Je reconnais tout de suite cet endroit car j’y suis allé récemment, le jour du concert de Sheena Ringo. Les scènes du drama ont été tournées dans le complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu (la page Wikipedia du drama n’a même pas cette information). Ces mêmes lieux étaient utilisés dans la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite (ここでキスして。) qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Je ne sais pas s’il s’agit d’une pure coïncidence ou si c’est volontaire, mais je serais vraiment curieux de le savoir. Il faudrait que je note toutes ces questions au cas où je croiserais par hasard Sheena Ringo au détour d’une rue de Tokyo (ce qui est certes très improbable). Ce genre de lien m’intéresse en tout cas beaucoup.

Dans la série, l’acteur jouant le mari de Maki (le personnage de Takako Matsu) m’était familier sans que j’arrive à lui donner un nom. Il s’agit de Kankurō Kudō (宮藤官九郎) qui, en plus d’être acteur, est scénariste et réalisateur. On lui doit notamment le film Shōnen Merikensakku (少年メリケンサック) avec Aoi Miyazaki, sur la réformation d’un groupe punk rock. J’avais vu ce film il y a quelques années en Janvier 2018. Je me rends compte maintenant que Mukai Shūtoku (向井秀徳) de Number Girl était en charge de la musique de ce film, Kankurō Kudō étant un de ses grands fans. Kankurō Kudō a écrit le scénario du film Ping Pong (ピンポン) qui est pour moi plus anecdotique mais qui avait le mérite de contenir quelques morceaux de Supercar dans sa bande originale, notamment l’excellent Strobolights. Il est également le scénariste de la série du matin (Asadora) de la NHK, Amachan (あまちゃん) qui a eu un très grand succès lors de sa diffusion en 2013. Une autre surprise de cette série Quartet est de voir la compositrice et interprète Seiko Ōmori (大森靖子) jouer un petit rôle secondaire dans le sixième épisode, devant notamment le petit cinéma Image Forum (シアター・イメージフォーラム) à Shibuya. Je me dis que c’est une bonne chose d’écrire sur ce blog à propos des films et séries que j’ai vu, car j’aurais du mal à me souvenir de tous ces détails parfois anecdotiques, mais qui sont pourtant pour moi très importants. Je me rends compte que je n’ai jamais parlé du film Drive My Car (ドライブ・マイ・カー) du réalisateur Ryūsuke Hamaguchi (濱口竜介), que j’ai vu il y a plusieurs mois déjà et que j’ai trouvé superbe. C’est peut-être parce que le film a déjà été encensé par la critique que j’éprouve moins d’intérêt d’en parler. Le film prend son temps et touche à des sentiments profonds. On ne peut que remercier un réalisateur de créer des films tels que celui-ci.

Les deux photographies ci-dessus ont été prises dans les environs de la station de Shinagawa. Le passage à niveaux sur la première photo attire les photographes car les trains le traversent lentement après une grande courbe. Un peu plus loin, des bateaux de yakatabune sont stationnés dans un canal en attendant le soir. Ils partiront avec des convives une fois la nuit tombée vers la baie de Tokyo pour remonter la rivière Sumida. Ce jour là, j’étais parti voir une exposition dans les galeries d’art présentes dans les anciens entrepôts Terrada. Le texte partiellement fictif « conteneurs » que j’ai écrit dans le billet précédent m’avait rappelé qu’une exposition intéressante était en cours en ce moment. J’en parlerais certainement avec des photos dans un prochain billet.

Miyuna (みゆな) donnait un mini-concert acoustique gratuit le Vendredi 7 Juillet 2023 à partir de 19h dans le parc Kitaya de Shibuya récemment réaménagé. Cet espace du parc est apparemment spécialement adapté pour ce genre de spectacles car le terrain est en pente et comprend des petits murets et des marches permettant aux spectateurs de s’asseoir. Le public s’assoyait en fait un peu où il voulait et j’étais personnellement resté debout appuyé à la rampe des marches. Je suis arrivé sur place alors qu’elle avait déjà commencé à chanter, mais je n’ai dû manquer que quelques minutes. C’était un moment très agréable à écouter Miyuna en plein air dans un espace entouré de verdure. Elle n’a joué que quelques morceaux demandés par le public, et seulement ceux se prêtant à l’acoustique. Elle a beaucoup parlé au public entre deux morceaux, pour notamment rappeler son prochain concert le 21 Juillet dans la salle WWWX de Shibuya. Je ne pourrais malheureusement pas la voir cette fois-ci dans cette salle, mais je le rattraperait très certainement lors de la tournée de son prochain album quand il sortira. On sent qu’elle aime et a envie de s’adresser au public et j’aime beaucoup l’écouter car elle reste très naturelle et pleine d’humour. On pouvait prendre des photos et des vidéos. J’en montre une sur mon compte Threads, mais je ne souhaitais pas passer mon temps à regarder mon smartphone. J’ai préféré apprécier le moment.

アクアマリン・コカコーラレッド

Une Dodge Challenger aquamarine au repos sans conducteur apparent derrière ses vitrages teintés, la moto futuriste de Bulma sur une collection de t-shirts de la série Dragon Ball pour la marque Graniph, des stickers à profusion envahissant des poteaux électriques à Jingūmae, cinq chanteuses et danseuses de K-Pop faisant la promotion d’une marque de jeans sur la devanture d’une boutique de Cat Street, un bonsaï de taille réelle installé à l’entrée d’un nouvel immeuble toujours en construction près de la rue Kotto, une interdiction de skater en rond dans une ville qui a pourtant vu défiler quelques champions nationaux et une révolution pacifiste en cours de décrépitude. L’arrondissement de Shibuya ne manque pas d’imageries en tout genre et c’est ce qui me fait toujours y revenir, appareil photo en mains. Outre leur attrait esthétique, ces images de rue attisent ma curiosité et je les prends souvent en photo pour qu’elles m’ouvrent plus tard des nouvelles portes vers des choses qui me sont peut-être inconnues ou peu familières. C’est une chose que de prendre des photographies et de s’en contenter, et c’en est une autre que de chercher où ces photographies peuvent nous mener. Je me demande même si pour moi prendre des photos n’est pas qu’un prétexte pour partir en recherche. Les photographies peuvent parfois être des liens directeurs vers d’autres mondes dont on ne soupçonnait pas l’intérêt qu’on pourrait éventuellement y trouver.

Les cinq filles qui posent sur l’affiche de la devanture du magasin de jeans Levi’s s’appellent Minji, Hanni, Danielle, Haerin et Hyein. Elles composent le groupe de K-Pop mondialement connu NewJeans qui n’a fait ses débuts que très récemment en Juillet 2022. Elles ont déjà un très grand succès en n’ayant sorti que quelques singles, un EP mais pas encore d’album complet. Leur succès tient peut être au fait qu’elles représentent une nouvelle génération dans la musique pop coréenne, passant après des dizaines de groupes répétant les mêmes recettes musicales et se transformant rapidement en purs produits commerciaux. Côté relations commerciales, Newjeans se surpassent déjà car, malgré leur jeune existence, le groupe représente de nombreuses marques, comme Levi’s, Coca Cola ou la marque d’électronique sud-coréenne LG. Mais ça n’est pas tout car chaque membre de Newjeans est également ambassadrice de marques de luxe. Hanni représente Gucci et Armani Beauty, Danielle s’affiche pour les marques Burberry et YSL Beauty, Hyein pour Louis Vuitton, Minji pour Chanel Corée et Haerin pour Dior. Il est difficile de faire mieux comme couverture commerciale, mais on sait aussi que ces marques de luxe se copient beaucoup entre elles. Newjeans passe même une étape supplémentaire en sortant un nouveau single intitulé Zero entièrement publicitaire pour la boisson sans sucre de Coca Cola. En plus de voir des cannettes de Coca Cola Zero dans la vidéo du morceau, le refrain utilise clairement le nom de la marque. Ce qui est particulièrement agaçant pour moi, c’est que malgré tous ces artifices commerciaux qui nous bouchent la vue, le morceau à tendance dubstep qui en résulte est excellent, assez loin de l’excès musical qui caractérise la plupart du temps la K-Pop. Et comme je me trouve à beaucoup aimer ce morceau Zero après l’avoir entendu une première fois à la radio, je lâche progressivement les préjugés qui m’empêchaient volontairement d’écouter les autres singles du groupe comme OMG et Ditto. Newjeans rentre ainsi, au côté de 2NE1, dans le cercle très sélectif des groupes de K-Pop dont j’aime beaucoup quelques morceaux.

J’arrive progressivement à un point d’entente avec Zoa sur les anime que l’on regarde. Je ne regarde pas beaucoup d’anime mais il est vrai que ces derniers mois, j’en ai regardé plus qu’à l’accoutumée. Chainsaw Main d’abord, puis Spy x Family et maintenant Oshi no Ko (推しの子) qui a un grand succès actuellement. Je ne suis pas assez informé sur les manga et anime pour confirmer s’il y a une amélioration de la qualité ces derniers temps, mais c’est du moins l’impression que ça me laisse. Ils sont tous disponibles sur NetFlix ce qui facilite beaucoup le visionage. Le premier épisode d’Oshi no Ko faisant plus d’une heure était d’abord sorti au cinéma et le fait que Yoasobi en compose et chante le thème musical avait été apparemment gardé secret. Dans cet anime, on y parle du monde des idoles. Et comme pour Bocchi The Rock, que je regarde aussi en ce moment, traitant du monde du rock indé à Shimo-Kitazawa, Oshi no Ko donne de nombreux indices et explications sur la manière dont fonctionne le monde très codifié des idoles, sans hésiter à en montrer le pire. Je ne raconterais pas l’histoire d’Oshi no Ko car elle démarre par une situation des plus improbables, qui fait à mon avis toute la beauté disruptive des manga. J’aime aussi beaucoup les thèmes d’ouverture et de fermeture de chaque épisode de l’anime. J’ai déjà mentionné Yoasobi avec un morceau composé par Ayase intitulé tout simplement Idol (アイドル). Le morceau est hyper dynamique et assez typique de l’empreinte musicale du groupe. Pourtant, la manière de chanter d’Ikura est changeante comme un caméléon avec des parties presque parlées hip-hop ressemblant à de la K-Pop et d’autres plus proches de l’image qu’on peut avoir de la musique d’idoles. J’aime aussi beaucoup le thème de fin intitulé Mephisto (メフィスト) par un groupe nommé Queen Bee (女王蜂). Queen Bee est un groupe japonais rock originaire de Kobe fondé en 2009 que je connaissais par la présence d’Avu-chan (アヴちゃん) au chant. A ma grande surprise, je me rends compte maintenant qu’Avu-chan a également créé un autre groupe nommé Gokumontō Ikka (獄門島一家) pendant une période de hiatus de Queen Bee. Et dans ce super-groupe Gokumontō Ikka, j’y retrouve quelques noms de musiciens qui me sont très familiers comme un certain Ryosuke Nagaoka (長岡亮介 aka Ukigumo) de Tokyo Jihen et de Petrolz, ou encore le batteur Tatsuya Nakamura (中村達也) de feu Blankey Jet City. En attendant de partir à la découverte de Gokumontō Ikka, j’apprécie Mephisto et les envolées de voix d’Avu-Chan.

雷くらいは残しておこう

Il y a un petit tonnerre qui se cache dans l’Alpine A110 que je montre sur la première photographie. On en voit de plus en plus à Tokyo, mais pas autant que d’autres voitures de sport. J’aime beaucoup cette petite française qui semble remporter un certain succès. La première fois que je l’avais vu était à l’intérieur de la cour de l’Ambassade de France à Tokyo il y a déjà plusieurs années. En cette journée de fin du mois de Février, je me décide à prendre le vélo pour aller au plus près de la baie de Tokyo, dans le quartier d’Harumi, en sautant avec dextérité d’île artificielle en île artificielle. Avant cela, je passe par le quartier de Shiba dans l’arrondissement de Minato, notamment devant un très bel immeuble de béton d’inspiration brutaliste appelé Cornes House. Il est conçu par Takenaka Corporation et ouvrira ses portes cette année pour un vendeur de voitures de luxe. J’aime beaucoup ses formes angulaires et son aspect massif lisse. La NEC Super Tower sur la cinquième photographie est beaucoup plus massive et est un landmark du quartier. Il s’agit de la maison mère de NEC conçue par Nikken Sekkei. J’ai toujours admirer l’aspect futuriste de cette tour qui me fait penser à un vaisseau spatial posé en attente d’un décollage imminent. On la surnomme également « rocket building » en raison de sa forme unique. La grande ouverture de 45m de large et 15m de hauteur, placée au centre du building, est destinée à donner un accès au vent et contribue à ces considérations futuristes. Cette tour de 43 étages a maintenant plus de trente ans, sa construction s’étant terminée en Janvier 1990. La voie temporaire de la dernière photographie entoure d’un côté une partie du canal bordant le parc Hamarikyu, et de l’autre, l’ancien marché aux poissons de Tsukiji. Cette voie piétonne et cycliste est particulièrement agréable à emprunter à vélo. De là, on traverse ensuite un canal qui nous amène à Kachidoki puis à Harumi. J’y reviendrais très bientôt avec une autre série de photographies.

Dans les plaisirs musicaux de ces derniers jours, je suis très content de retrouver le shoegazing toujours très inspiré du groupe japonais Yuragi (揺らぎ) sur un nouveau morceau intitulé Here I Stand. Leur deuxième album qui sortira le 5 Avril 2023 prendra le même titre que ce single. Ce morceau Here I Stand ne révolutionnera pas le genre, comme c’est d’ailleurs souvent le cas pour ce groupe, mais n’en reste pas moins brillant. Il est très attirant pour l’amateur de shoegazing que je suis, rempli de guitares bruyantes et de voix éthérées. La voix de miraco s’étend comme une nappe et se dissout dans les flots de guitares. J’aime beaucoup ce mélange de délicatesse et de fragilité vocale avec l’aspect brutaliste des dons de guitares. C’est tout l’esprit du shoegazing et c’est toujours très bien exécuté chez Yuragi. La photo de couverture du single m’a intrigué. L’image de Yoko et John m’est tout de suite venu à l’esprit et j’étais amusé de voir que je n’étais pas le seul à le penser en lisant les commentaires sur Twitter suite à l’annonce du single. Il s’avère bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une photographie d’archive d’un des membres des Beatles et de son épouse. Le photographe est français et se nomme Valentin Duciel. En regardant son portfolio, il nous montre beaucoup de photos de personnages dans ce type d’accoutrement très décontracté. Enfin, plus que les fessiers, c’est surtout la forme du rocher qui m’intrigue sur cette photographie. Content également de retrouver la compositrice et interprète Samayuzame avec un nouveau morceau intitulé Amaki shinjū ha Poolside de (甘き心中はプールサイドで). Il s’agit en fait d’un de ses morceaux plus anciens réorchestrés. La composition musicale est de grande qualité, pleine de détails et de délicatesse, toujours dans l’esprit de ses créations précédentes. Samayuzame y ajoute sa voix, toujours à la limite entre le parlé et chanté. On y retrouve toujours une noirceur certaine. En écoutant sa musique, j’ai à chaque fois l’impression d’être dans un jardin botanique grouillant de plantes bizarres. J’ai vu récemment sur NetFlix l’excellente série Wednesday de Tim Burton, basée sur le personnage de Mercredi de la famille Adams, et cette ambiance gothique doit déteindre sur mes impressions.

Je suis allé voir au cinéma Toho de Shibuya le film Everything Everywhere All at Once des réalisateurs Daniel Kwan et Daniel Scheiner (les Daniels comme on les appelle), vu les très bonnes critiques que j’ai pu lire et entendre. C’était une vraie déception comme il est rare pour moi d’en avoir. Le film est un grand n’importe quoi, qui veut faire croire qu’il est innovant et bourré d’idées mais qui est au final fatiguant, boursouflé et vain. Le message du film sur les difficultés familiales est finalement très convenu et on se demande pourquoi on doit passer par tant de scènes d’actions absurdes et sans finalités pour en arriver là. Le film est très long (2h20) et son histoire fait du surplace malgré les gesticulations incessantes de ses protagonistes. Il y a bien une ou deux trouvailles intéressantes et on ne peut ignorer la qualité du jeu de l’actrice principale Michelle Yeoh. Les débuts sous des airs de comédie sociale indépendante démarrait pourtant assez bien, mais l’arrivée de la science fiction et le non-sens des mondes parallèles, comme une représentation du metaverse, est épuisant et ne m’a pas du tout accroché. L’hyper-activité du film dessert d’autant l’émotion du rapprochement mère fille que le film essaie d’insuffler à la fin. Je ne comprends pas beaucoup le succès du film (la salle du cinéma de Shibuya était pleine). Je suis au moins d’accord avec l’avis du Guardian sous-titrant le film « Nothing Nowhere Over a long period of time ». En fait, je me souviens il y a quelques années avoir eu un sentiment similaire de grande déception à la sortie de Kill Bill de Quentin Tarantino. Je me suis décidé à le revoir cette semaine et les caricatures que J’avais tellement détesté à l’époque ma paraissent maintenant humoristiques. Peut-être changerais-je d’avis sur Everything Everywhere All at Once dans quelques années en le revoyant en streaming. En parlant de Kill Bill, un des interêts renouvelés était de redécouvrir la bande originale. Le morceau Wounds that heal de Lily Chou-chou est par exemple utilisé pendant le film, ce que je n’avais pas réalisé en écoutant l’album. Le morceau final par l’actrice et chanteuse Meiko Kaji (梶芽衣子), Urami Bushi (怨み節), est assez emblématique et son utilisation aurait même relancé sa carrière. J’avais en fait déjà cette impression que cette chanteuse avait une certaine popularité auprès d’un public étranger et je comprends maintenant mieux pourquoi. Sans connaître ce morceau, je me suis tout de suite dit en l’écoutant pendant le film qu’il s’agissait certainement de Meiko Kaji.

J’étais assez curieux de voir le film d’épouvante Karada Sagashi (カラダ探し) du réalisateur Eiichirō Hasumi (羽住英一郎) diffusé récemment sur NetFlix. Je ne m’attendais pas à un chef-d’œuvre et le film est en effet assez moyen, divertissant mais ne révolutionnant pas le genre et n’apportant rien de nouveau. On suit le personnage joué par Kanna Hashimoto (橋本環奈) et d’autres étudiants, piégés dans une malédiction les faisant revivre la même journée jusqu’à ce qu’ils parviennent à trouver dans leur école et pendant la nuit les parties du corps d’une petite fille morte en ses lieux il y a très longtemps. L’épouvante n’a rien de vraiment éprouvant pour le spectateur. On se laisse volontiers porter par l’histoire sans en garder ensuite de souvenirs mémorables. J’avais dans l’idée de voir ce film car on peut y entendre deux morceaux d’Ado dont celui écrit et composé par Sheena Ringo, Missing (行方知れず), qui n’est malheureusement qu’au générique de fin. Je dis à chaque fois que je n’ai pas d’attirance pour les films d’épouvante mais je suis régulièrement amené à en regarder. Il ne s’agit cependant pas de mon genre de prédilection.

Par contre (Platon), j’ai beaucoup aimé le documentaire NHK disponible sur NetFlix intitulé Daiki Tsuneta Tokyo Chaotic qui suit dans son processus créatif le musicien Daiki Tsuneta (常田大希), fondateur de King Gnu, de Millenium Parade et du regroupement de créatifs Perimetron. Le documentaire prend son temps pour nous montrer Tsuneta au travail. On se rend vite compte que c’est un bourreau de travail, perfectionniste et minutieux dans son approche du son, allant par exemple jusqu’à 150 pistes différentes pour un seul morceau. Le reportage a été filmé à la fin de l’année 2020, alors que la crise sanitaire commençait à avoir des conséquences sérieuses sur les tournées nationales qui ont dû être partiellement ou complètement annulées. Nonchalant dans sa manière de parler, Tsuneta nous explique tranquillement le concept qui lui est cher du Tokyo Chaotic qui entend détruire pour reconstruire. On y retrouve son sens de la distorsion sonore qui me plait beaucoup. On voit également Tsuneta, multi-instrumentistes, joué de plusieurs instruments, la guitare et le piano évidemment mais également le violoncelle. Étudiant des Beaux Arts de Tokyo en section musicale, il a dû y acquérir toutes les connaissances académiques nécessaires, mais ses parents possédaient également de nombreux instruments dans la maison familiale de Nagano. Une partie du reportage le fait d’ailleurs revenir à Nagano dans la maison de sa grand-mère. C’est particulièrement intéressant de le voir au travail avec son mixeur et ses musiciens, dont certains de King Gnu. Ils travaillent jusqu’à pas d’heures à la composition de certains morceaux de Millenium Parade, comme 2992 avec Ermhoi au chant, ou Sanmon Shosetsu (三文小説) de King Gnu. C’est le point central du documentaire. J’étais surpris de remarquer que ces enregistrements ont été fait au Studio Tanta près du parc de Yoyogi, que je mentionnais justement dans un billet récent. Cette coïncidence est intéressante et je verrais ce studio sous un jour un peu différent maintenant. Le nom du studio n’est pas donné dans le documentaire mais j’ai rapidement reconnu l’entrée. Une bonne partie du reportage est par contre filmé dans le studio personnel un peu foutraque de Daiki Tsuneta, à Setagaya je pense. Et à la fin, la représentation live de 2992 avec un grand ensemble symphonique vaut à elle seule le détour. C’est un documentaire très instructif pour les amateurs du travail musical de Daiki Tsuneta et je suis content d’avoir eu la présence d’esprit de le regarder avant la sortie du single collaboratif de Millenium Parade et de Sheena Ringo.

se perdre dans nos écouteurs

Cette année 2022 a été particulièrement riche en découvertes musicales, avec des groupes et artistes qui comptent maintenant parmi mes préférés comme Tricot, AAAMYYY et Miyuna (みゆな). J’ai écouté toutes leurs discographies sans être déçu un seul instant et cette musique a bien rempli mon paysage musical cette année. Ce qui me plait beaucoup, c’est que ce sont des artistes qu’on m’a fait connaître ou que j’ai fait connaître. J’aime beaucoup cet aspect de transmission et c’est d’ailleurs la contribution que j’essaie de faire à travers ce blog à qui aurait la curiosité nécessaire d’y jeter une oreille ou deux. Ce n’est pas forcément facile de se plonger dans la musique d’un ou d’une artiste ou groupe que l’on ne connaît pas, mais j’ai toujours l’espoir qu’un texte et quelques liens pourront susciter un intérêt. En écrivant ce billet, j’écoute une musique bien différente, celle du piano de Ryuichi Sakamoto pour Krug qu’il a composé en 2008 et qui est disponible à l’écoute sur YouTube depuis Septembre 2022. Cette suite durant une trentaine de minutes est très belle et me semble idéale pour terminer tranquillement cette fin d’année. On y ressent une mélancolie certaine de scènes de film qui n’existent pas. La force d’évocation de la musique de Ryuichi Sakamoto peut être bouleversante.

Pendant cette dernière selaine de l’année, comme je manque d’inspiration et de motivation pour écrire, j’ai regardé beaucoup de séries et de films, en particulier les 8 épisodes de la deuxième saison de la série Alice in Borderland (今際の国のアリス) sur Netflix toujours réalisée par Shinsuke Sato. La série est toujours aussi captivante et est même meilleure que la première saison, notamment car on arrive finalement à obtenir une explication sur la transformation de Tokyo en un monde parallèle. Et voir Shibuya en ruine envahi par la végétation vaut le coup d’oeil. Dans un style complètement différent, j’ai aussi regardé les neuf épisodes de la série First Love (初恋) toujours sur Netflix réalisée par Yuri Kanchiku et vaguement inspirée des morceaux First Love (1999) et Hatsukoi (2018) d’Utada Hikaru. Hikari Mitsushima et Takeru Satoh jouent les rôles principaux de cette histoire où l’on suit leur premier amour contrarié à plusieurs étapes de leurs vies. Dans cette série, j’étais assez surpris de voir jouer Aoi Yamada dans un second rôle car je suis ses danses bizarres (celle des légumes notamment) depuis un bon petit moment sur Instagram. Je comprends aussi mieux pourquoi Aoi Yamada et Hikari Mitsushima étaient réunies pour le court film publicitaire intitulé Kaguya, très bien réalisé pour la marque Gucci. J’ai également été voir au cinéma le plus proche le film d’animation Suzume no Tojimari (すずめの戸締まり) réalisé par Makoto Shinkai. Je ne l’ai pas trouvé aussi captivant que Your Name (君の名は) ou Tenki no ko (天気の子) qui avaient mis la barre très haut, mais on reste dans un même niveau de qualité et d’intérêt. Cette histoire nous amène aux limites du réel et de l’imaginaire, comme toujours chez Makoto Shinkai et ça me plait beaucoup. L’intrigue me semble être inspirée de la légende du poisson-chat turbulent Namazu (鯰) déclenchant les tremblements de terre au Japon. Nous avions été voir l’année dernière l’endroit où il est maintenu sous terre, sous une pierre de voûte nommée kaname ishi (要石), dans la forêt sacrée du sanctuaire Kashima Jingū à Chiba. A noter le superbe morceau intitulé Suzume (すずめ) accompagnant le film, composé par RADWIMPS (comme d’habitude) mais chanté par Toaka (十明).

once upon the street (2)

Continuons tranquillement avec le noir et blanc appliqué sur les rues de Tokyo. Je l’applique également sur le bleu et le blanc du ciel et des nuages, ainsi que sur mon iPhone transformé en iPod sur la première photographie du billet. J’amène toujours ma musique avec moi en toute circonstance, et il est extrêmement rare que je n’amène pas mon iPod dans mes déplacements. L’autocollant, acheté dans la petite boutique spécialisée B-side Label sur Cat Street à Harajuku, avec une fille jouant de la guitare accompagnée d’un petit chat noir, correspond assez bien au rock japonais que j’écoute souvent. Je n’ai pas beaucoup hésité dans le choix de cet autocollant pour couvrir le dos de mon iPod. Le béton de la deuxième photographie est celui du Collezione à Omotesando par Tadao Ando. Les bambous de la troisième photographie sont plantés le long du musée de Nezu par Kengo Kuma. Sur les affiches publicitaires des abris bus, Haruna Kawaguchi (川口 春奈) montre parfois son visage à la demande d’une marque de cosmétique dont elle doit certainement être l’ambassadrice. Je l’avais déjà prise en photo en couleur alors il fallait bien que je la prenne aussi en photo en noir et blanc, ici près de Sangubashi, sauf que la mise au point est plutôt dirigée vers les deux vieilles dames qui marchent au fond. Le mur délabré de la photographie suivante affichait autrefois une illustration géante de visages de clowns inquiétants. J’en montrais une photo dans mon premier photobook dans la série The Young Face. Il n’en reste désormais que des morceaux illisibles car le mur n’a jamais été vraiment nettoyé ou repeint. Et les nuages noirs chargés de pluie (雨雲), je les vois depuis mon balcon juste avant de prendre la route à pieds pour une autre destination urbaine.

Les magasins Disk Union passent toujours en fond sonore des albums plus ou moins récents, mais en général plutôt anciens. Je n’y prête pas souvent attention, mais ce jour là dans le magasin Disk Union de Shinjuku, le son d’une guitare menaçante accompagnée d’une voix féminine à la fois posée et puissante a tout de suite attiré mon attention. L’ambiance rock me plait beaucoup et vient soudainement interrompre mes recherches de disques dans le magasin. Je ne reconnais pas cette voix, mais j’utilise immédiatement l’application Shazam sur mon iPhone pour savoir qui chante sur ce morceau. Il en ressort le titre Nureta Yurikago (濡れた揺籠) de la compositrice et interprète Cocco (こっこ) sur un album intitulé Kamui Uta (カムイウタ) de 1998. Je connais le nom de cette artiste originaire d’Okinawa depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais prêté attention ni même écouté sa musique. Ce morceau que j’écoute avec une attention certaine au deuxième étage du Disk Union de Shinjuku ne correspond pas à l’image à priori et non renseignée que j’avais de cette artiste. Le morceau qui suit sur cet album et que le magasin passe maintenant en fond sonore est beaucoup moins tendu et m’intéresse moins musicalement. Je vois le CD de Kamui Uta dans l’étagère classée à Ko (こ), juste à côté des albums de GO!GO!7188 que j’étais venu acheter cette fois-ci. J’hésite quelques instants en me disant que je devrais écouter un peu sur YouTube avant d’acheter un album. Je n’achèterais finalement pas cet album et l’idée me sortit de tête pendant plusieurs semaines.

J’y repense soudainement car le souvenir un peu flou du morceau Nureta Yurikago refait surface, et il me prend l’envie d’en savoir un peu plus sur cette artiste. J’adore lire les fiches Wikipedia et celle de Cocco m’apprend avec beaucoup de surprise qu’elle a joué le rôle principal du film intitulé KOTOKO du réalisateur Shinya Tsukamoto (塚本晋也) sorti en 2012. J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de Shinya Tsukamoto pour certains de ses films, complètement décalés et même cinglés et dérangeants, en particulier Tetsuo: The Iron Man (鉄男), son premier film sorti en 1989 et Tokyo Fist, film de 1995. Shinya Tsukamoto est également acteur et joua un second rôle dans Ichi The Killer (殺し屋1), film de Takashi Miike (三池崇史) datant de 2001 dont j’ai déjà parlé. Tous ces films ont une violence à la limite du surréalisme. Je n’ai pourtant pas résisté à l’idée de voir KOTOKO sur Amazon Prime, et ce fut un choc (comme à chaque fois pour les films de Tsukamoto). Cocco y joue une mère célibataire atteinte d’une maladie mentale qui lui fait parfois voir les gens en double en s’imaginant qu’on lui veut du mal à elle et à son petit garçon. Ces crises de folie passagères lui font perdre le sens de la réalité et elle en vient à se mutiler pour se prouver qu’elle est bien vivante. Son instabilité mentale fait qu’on la sépare de son garçon qui sera confié à sa sœur vivant loin à Okinawa. Kotoko aime chanter, et ce sont les seuls moments de réconfort qu’elle éprouve en dehors des quelques visites qu’elle fait à Okinawa pour voir son garçon. Tanaka, un écrivain joué par Shinya Tsukamoto, entend son chant dans le bus l’amenant à l’aéroport, ce qui provoque en lui une addiction. Kotoko le repousse mais il s’acharne. Une relation destructrice en naîtra. La violence du film est dure mais n’est pas absente d’une certaine forme d’humour (il faut être réceptif quand même). Le jeu d’actrice de Cocco est fabuleux, complètement convaincante dans son rôle au point où on arrive à toucher du doigt son trouble et à comprendre son cheminement mental. Je suis resté accroché au film jusqu’à la scène finale particulièrement touchante. Voir ce film m’a fait complètement changer d’à priori sur cette compositrice et interprète, également actrice donc.

Et je suis donc parti ce samedi en fin de matinée au Disk Union de Shinjuku pour acheter deux de ses albums: Kamui Uta (カムイウタ) et Rapunzel (ラプンツェル), après avoir écouté quelques morceaux sur YouTube tout en marchant. Les cris soudains de Cocco au milieu de Kemono Michi (けもの道), le premier morceau de l’album Rapunzel sorti en 2000, et sur Ratai (裸体), le huitième morceau de Kamui Uta font tout d’un coup écho au premières minutes du film KOTOKO. J’ai lu que le réalisateur Shinya Tsukamoto était inspiré par les morceaux et les paroles écrites par Cocco, Satoko Makishi (真喜志智子) de son vrai nom, et qu’il avait dans l’idée de tourner un film avec elle depuis longtemps.

Les morceaux de Cocco sur ces deux albums n’ont pas pour moi de sensibilité mélancolique et j’ai bizarrement un peu de mal à les situer dans mon échelle émotionnelle d’appréciation car sa voix d’inspiration pop rock est assez différente des chanteuses que j’apprécie habituellement. Et c’est en fait cela qui m’intéresse énormément dans la musique de Cocco, car sa sensibilité reste pour moi assez mystérieuse. Il y a une densité émotionnelle forte dans ses morceaux, parfois viscérale que j’étais loin de soupçonner. Il y a un grand nombre de morceaux à l’approche rock qui ont forcément ma préférence car ils sont très bien construit musicalement et riches et guitares mais aussi des moments de pauses beaucoup plus calmes ressemblant parfois à des comptines. En fait, il y a deux types de morceaux, certains rock portant des guitares assez agressives et se terminant parfois sur une cacophonie sonore, et d’autres beaucoup plus pop qui me ramènent directement aux ambiances de la J-Pop du début des années 2000. Je ressens une certaine nostalgie en écoutant ces morceaux là en particulier. Le morceau Tsuyoku Hakanai Monotachi (強く儚い者たち) est un bon exemple de ce type de morceaux, un brin passé mais très attachant car son chant et la mélodie sont très accrocheurs. Les guitares très présentes reprenant aussitôt après, comme sur Anata he no Tsuki (あなたへの月) donnent un ensemble qui peut paraître parfois assez hétérogène. La chanson presque enfantine My Dear Pig par exemple contraste complètement avec le menaçant morceau Ratai (裸体) qui est un de mes préférés de l’album Kamui Uta avec Kemono Michi sur Rapunzel. Mais il y a de nombreux morceaux très prenants comme ces deux là. Cocco chante principalement en japonais sur ces deux albums mais il y a quelques morceaux chantés en anglais avec un accent parfait, Rose Letter par exemple. Je ne connais pas la raison pour laquelle elle parle aussi bien anglais, mais je sais au moins qu’elle est partie plus tard, après ces premiers albums, vivre en Angleterre dans la deuxième partie des années 2000. Bref, je me trouve soudainement accaparé par ces deux albums. J’aime beaucoup découvrir des nouvelles musiques dans le froid de l’hiver. Ça me réchauffe le cœur, en quelque sorte.

En continuant à lire sa page Wikipedia, je découvre que le réalisateur Hirokazu Kore-Eda a réalisé un documentaire à son sujet en 2008 intitulé Daijōbu de Aru Yōni: Cocco Owaranai Tabi (大丈夫であるように – Cocco 終らない) que je ne trouve malheureusement pas sur Netflix ou Amazon Prime. Et cinq ans après KOTOKO, Cocco a joué dans un autre film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) réalisé en 2016 par un certain Shunji Iwai (岩井俊二) dont j’ai déjà parlé très récemment pour son film de 2001 All About Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて). En fait, en voyant les scènes de KOTOKO tournées à Okinawa, je me suis dis que je regardais beaucoup de films avec des scènes tournées là bas en ce moment (une partie clé de Lily Chiu-Chou est tourné à Okinawa). Je regarde maintenant sur Netflix ce film de 2016 de Shunji Iwai dans lequel Cocco joue un rôle secondaire important pour le déroulement de l’intrigue. Pendant presque trois heures, le film A Bride for Rip Van Winkle nous fait suivre la vie de Nanami Minagawa (interprétée par Haru Kuroki), jeune femme apathique, professeur d’école à mi-temps et adepte d’un réseau social qui lui fait rencontrer son futur mari. Elle a peu d’ami et pour son mariage, elle demande les services d’un personnage mystérieux également rencontré sur le même réseau social pour organiser la location d’invités qui joueront le rôle d’amis pour combler le déséquilibre avec le nombre d’invités de son futur mari. Cet homme mystérieux appelé Yukimasu Amuro (interprété par Go Ayano) est plein de resource et est toujours prêt à venir en aide à Nanami mais ses intentions sont troubles et on ne sait jamais s’il est bienveillant ou manipulateur. Le mariage de Nanami ne se passe malheureusement pas comme elle le voudrait. Elle se trouve ensuite embarquée à jouer elle même le rôle d’invités factices dans un mariage. Elle y rencontre le personnage fantasque Mashiro Satonaka (interprétée par Cocco), une actrice qui va changer sa vie. Le film se divise assez clairement en deux parties et Cocco n’intervient que dans la deuxième partie. Le film est assez long mais on se laisse entraîner dans cette histoire sans savoir où elle va nous amener. Le jeu de Go Ayano, d’Haru Kuroki et de Cocco est remarquable. J’aime particulièrement le personnage d’Amuro joué par Go Ayano, car il est maître de toutes situations et j’adore sa manière complètement convaincante de parler. Un petit détail que j’ai beaucoup aimé est la rencontre de Nanami et de Mashiro dans un bar karaoke de Kabukichō (ou quelque part ailleurs à Shinjuku). Le morceau que Nanami chante dans ce karaoke est Bokutachi no Shippai (ぼくたちの失敗) de Morita Dōji (森田童子) sur son deuxième album Mother Sky (マザー・スカイ) sorti en 1976. J’avais déjà parlé ici de Morita Dōji sur ce blog pour un album ultérieur intitulé Boy, mais j’ai aussi Mother Sky dans la discothèque personnelle de mon petit iPhone transformé en iPod.