once upon the street (2)

Continuons tranquillement avec le noir et blanc appliqué sur les rues de Tokyo. Je l’applique également sur le bleu et le blanc du ciel et des nuages, ainsi que sur mon iPhone transformé en iPod sur la première photographie du billet. J’amène toujours ma musique avec moi en toute circonstance, et il est extrêmement rare que je n’amène pas mon iPod dans mes déplacements. L’autocollant, acheté dans la petite boutique spécialisée B-side Label sur Cat Street à Harajuku, avec une fille jouant de la guitare accompagnée d’un petit chat noir, correspond assez bien au rock japonais que j’écoute souvent. Je n’ai pas beaucoup hésité dans le choix de cet autocollant pour couvrir le dos de mon iPod. Le béton de la deuxième photographie est celui du Collezione à Omotesando par Tadao Ando. Les bambous de la troisième photographie sont plantés le long du musée de Nezu par Kengo Kuma. Sur les affiches publicitaires des abris bus, Haruna Kawaguchi (川口 春奈) montre parfois son visage à la demande d’une marque de cosmétique dont elle doit certainement être l’ambassadrice. Je l’avais déjà prise en photo en couleur alors il fallait bien que je la prenne aussi en photo en noir et blanc, ici près de Sangubashi, sauf que la mise au point est plutôt dirigée vers les deux vieilles dames qui marchent au fond. Le mur délabré de la photographie suivante affichait autrefois une illustration géante de visages de clowns inquiétants. J’en montrais une photo dans mon premier photobook dans la série The Young Face. Il n’en reste désormais que des morceaux illisibles car le mur n’a jamais été vraiment nettoyé ou repeint. Et les nuages noirs chargés de pluie (雨雲), je les vois depuis mon balcon juste avant de prendre la route à pieds pour une autre destination urbaine.

Les magasins Disk Union passent toujours en fond sonore des albums plus ou moins récents, mais en général plutôt anciens. Je n’y prête pas souvent attention, mais ce jour là dans le magasin Disk Union de Shinjuku, le son d’une guitare menaçante accompagnée d’une voix féminine à la fois posée et puissante a tout de suite attiré mon attention. L’ambiance rock me plait beaucoup et vient soudainement interrompre mes recherches de disques dans le magasin. Je ne reconnais pas cette voix, mais j’utilise immédiatement l’application Shazam sur mon iPhone pour savoir qui chante sur ce morceau. Il en ressort le titre Nureta Yurikago (濡れた揺籠) de la compositrice et interprète Cocco (こっこ) sur un album intitulé Kamui Uta (カムイウタ) de 1998. Je connais le nom de cette artiste originaire d’Okinawa depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais prêté attention ni même écouté sa musique. Ce morceau que j’écoute avec une attention certaine au deuxième étage du Disk Union de Shinjuku ne correspond pas à l’image à priori et non renseignée que j’avais de cette artiste. Le morceau qui suit sur cet album et que le magasin passe maintenant en fond sonore est beaucoup moins tendu et m’intéresse moins musicalement. Je vois le CD de Kamui Uta dans l’étagère classée à Ko (こ), juste à côté des albums de GO!GO!7188 que j’étais venu acheter cette fois-ci. J’hésite quelques instants en me disant que je devrais écouter un peu sur YouTube avant d’acheter un album. Je n’achèterais finalement pas cet album et l’idée me sortit de tête pendant plusieurs semaines.

J’y repense soudainement car le souvenir un peu flou du morceau Nureta Yurikago refait surface, et il me prend l’envie d’en savoir un peu plus sur cette artiste. J’adore lire les fiches Wikipedia et celle de Cocco m’apprend avec beaucoup de surprise qu’elle a joué le rôle principal du film intitulé KOTOKO du réalisateur Shinya Tsukamoto (塚本晋也) sorti en 2012. J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de Shinya Tsukamoto pour certains de ses films, complètement décalés et même cinglés et dérangeants, en particulier Tetsuo: The Iron Man (鉄男), son premier film sorti en 1989 et Tokyo Fist, film de 1995. Shinya Tsukamoto est également acteur et joua un second rôle dans Ichi The Killer (殺し屋1), film de Takashi Miike (三池崇史) datant de 2001 dont j’ai déjà parlé. Tous ces films ont une violence à la limite du surréalisme. Je n’ai pourtant pas résisté à l’idée de voir KOTOKO sur Amazon Prime, et ce fut un choc (comme à chaque fois pour les films de Tsukamoto). Cocco y joue une mère célibataire atteinte d’une maladie mentale qui lui fait parfois voir les gens en double en s’imaginant qu’on lui veut du mal à elle et à son petit garçon. Ces crises de folie passagères lui font perdre le sens de la réalité et elle en vient à se mutiler pour se prouver qu’elle est bien vivante. Son instabilité mentale fait qu’on la sépare de son garçon qui sera confié à sa sœur vivant loin à Okinawa. Kotoko aime chanter, et ce sont les seuls moments de réconfort qu’elle éprouve en dehors des quelques visites qu’elle fait à Okinawa pour voir son garçon. Tanaka, un écrivain joué par Shinya Tsukamoto, entend son chant dans le bus l’amenant à l’aéroport, ce qui provoque en lui une addiction. Kotoko le repousse mais il s’acharne. Une relation destructrice en naîtra. La violence du film est dure mais n’est pas absente d’une certaine forme d’humour (il faut être réceptif quand même). Le jeu d’actrice de Cocco est fabuleux, complètement convaincante dans son rôle au point où on arrive à toucher du doigt son trouble et à comprendre son cheminement mental. Je suis resté accroché au film jusqu’à la scène finale particulièrement touchante. Voir ce film m’a fait complètement changer d’à priori sur cette compositrice et interprète, également actrice donc.

Et je suis donc parti ce samedi en fin de matinée au Disk Union de Shinjuku pour acheter deux de ses albums: Kamui Uta (カムイウタ) et Rapunzel (ラプンツェル), après avoir écouté quelques morceaux sur YouTube tout en marchant. Les cris soudains de Cocco au milieu de Kemono Michi (けもの道), le premier morceau de l’album Rapunzel sorti en 2000, et sur Ratai (裸体), le huitième morceau de Kamui Uta font tout d’un coup écho au premières minutes du film KOTOKO. J’ai lu que le réalisateur Shinya Tsukamoto était inspiré par les morceaux et les paroles écrites par Cocco, Satoko Makishi (真喜志智子) de son vrai nom, et qu’il avait dans l’idée de tourner un film avec elle depuis longtemps.

Les morceaux de Cocco sur ces deux albums n’ont pas pour moi de sensibilité mélancolique et j’ai bizarrement un peu de mal à les situer dans mon échelle émotionnelle d’appréciation car sa voix d’inspiration pop rock est assez différente des chanteuses que j’apprécie habituellement. Et c’est en fait cela qui m’intéresse énormément dans la musique de Cocco, car sa sensibilité reste pour moi assez mystérieuse. Il y a une densité émotionnelle forte dans ses morceaux, parfois viscérale que j’étais loin de soupçonner. Il y a un grand nombre de morceaux à l’approche rock qui ont forcément ma préférence car ils sont très bien construit musicalement et riches et guitares mais aussi des moments de pauses beaucoup plus calmes ressemblant parfois à des comptines. En fait, il y a deux types de morceaux, certains rock portant des guitares assez agressives et se terminant parfois sur une cacophonie sonore, et d’autres beaucoup plus pop qui me ramènent directement aux ambiances de la J-Pop du début des années 2000. Je ressens une certaine nostalgie en écoutant ces morceaux là en particulier. Le morceau Tsuyoku Hakanai Monotachi (強く儚い者たち) est un bon exemple de ce type de morceaux, un brin passé mais très attachant car son chant et la mélodie sont très accrocheurs. Les guitares très présentes reprenant aussitôt après, comme sur Anata he no Tsuki (あなたへの月) donnent un ensemble qui peut paraître parfois assez hétérogène. La chanson presque enfantine My Dear Pig par exemple contraste complètement avec le menaçant morceau Ratai (裸体) qui est un de mes préférés de l’album Kamui Uta avec Kemono Michi sur Rapunzel. Mais il y a de nombreux morceaux très prenants comme ces deux là. Cocco chante principalement en japonais sur ces deux albums mais il y a quelques morceaux chantés en anglais avec un accent parfait, Rose Letter par exemple. Je ne connais pas la raison pour laquelle elle parle aussi bien anglais, mais je sais au moins qu’elle est partie plus tard, après ces premiers albums, vivre en Angleterre dans la deuxième partie des années 2000. Bref, je me trouve soudainement accaparé par ces deux albums. J’aime beaucoup découvrir des nouvelles musiques dans le froid de l’hiver. Ça me réchauffe le cœur, en quelque sorte.

En continuant à lire sa page Wikipedia, je découvre que le réalisateur Hirokazu Kore-Eda a réalisé un documentaire à son sujet en 2008 intitulé Daijōbu de Aru Yōni: Cocco Owaranai Tabi (大丈夫であるように – Cocco 終らない) que je ne trouve malheureusement pas sur Netflix ou Amazon Prime. Et cinq ans après KOTOKO, Cocco a joué dans un autre film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) réalisé en 2016 par un certain Shunji Iwai (岩井俊二) dont j’ai déjà parlé très récemment pour son film de 2001 All About Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて). En fait, en voyant les scènes de KOTOKO tournées à Okinawa, je me suis dis que je regardais beaucoup de films avec des scènes tournées là bas en ce moment (une partie clé de Lily Chiu-Chou est tourné à Okinawa). Je regarde maintenant sur Netflix ce film de 2016 de Shunji Iwai dans lequel Cocco joue un rôle secondaire important pour le déroulement de l’intrigue. Pendant presque trois heures, le film A Bride for Rip Van Winkle nous fait suivre la vie de Nanami Minagawa (interprétée par Haru Kuroki), jeune femme apathique, professeur d’école à mi-temps et adepte d’un réseau social qui lui fait rencontrer son futur mari. Elle a peu d’ami et pour son mariage, elle demande les services d’un personnage mystérieux également rencontré sur le même réseau social pour organiser la location d’invités qui joueront le rôle d’amis pour combler le déséquilibre avec le nombre d’invités de son futur mari. Cet homme mystérieux appelé Yukimasu Amuro (interprété par Go Ayano) est plein de resource et est toujours prêt à venir en aide à Nanami mais ses intentions sont troubles et on ne sait jamais s’il est bienveillant ou manipulateur. Le mariage de Nanami ne se passe malheureusement pas comme elle le voudrait. Elle se trouve ensuite embarquée à jouer elle même le rôle d’invités factices dans un mariage. Elle y rencontre le personnage fantasque Mashiro Satonaka (interprétée par Cocco), une actrice qui va changer sa vie. Le film se divise assez clairement en deux parties et Cocco n’intervient que dans la deuxième partie. Le film est assez long mais on se laisse entraîner dans cette histoire sans savoir où elle va nous amener. Le jeu de Go Ayano, d’Haru Kuroki et de Cocco est remarquable. J’aime particulièrement le personnage d’Amuro joué par Go Ayano, car il est maître de toutes situations et j’adore sa manière complètement convaincante de parler. Un petit détail que j’ai beaucoup aimé est la rencontre de Nanami et de Mashiro dans un bar karaoke de Kabukichō (ou quelque part ailleurs à Shinjuku). Le morceau que Nanami chante dans ce karaoke est Bokutachi no Shippai (ぼくたちの失敗) de Morita Dōji (森田童子) sur son deuxième album Mother Sky (マザー・スカイ) sorti en 1976. J’avais déjà parlé ici de Morita Dōji sur ce blog pour un album ultérieur intitulé Boy, mais j’ai aussi Mother Sky dans la discothèque personnelle de mon petit iPhone transformé en iPod.

dans les herbes folles

Ce petit bloc de maisons noires aux fenêtres triangulaires est sorti de terre récemment. Je n’en connais pas l’architecte mais je n’ai pas beaucoup cherché. Elles sont situées dans une zone à proximité du cimetière d’Aoyama, en contrebas d’un pont routier entrant dans le cimetière. On y trouvait jusqu’à récemment des anciennes maisons qui ne semblaient plus occupées. Des herbes folles occupent toujours certains espaces près des maisons noires aux fenêtres triangulaires. Cet autocollant montrant une image du film d’animation Paprika de Satoshi Kon, vu sur un poteau électrique, est intriguant. D’après le lettrage, je me demande si l’image fait référence à la marque de vêtements AFFA (エーエフエフエー, Anarchy Forever Forever Anarchy) créée en 1994 par Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ) et Jun Takahashi (高橋盾) d’Undercover, auquel je trouve d’ailleurs un goût douteux. Ce n’est peut-être pas le cas car je ne trouve pas sur internet, mais ça n’a de toute façon que peu d’importance.

Après avoir vu le film All about Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) sorti en salles au Japon en 2001, on peut lire l’excellent article sur le site Sabukaru.online donnant beaucoup de clés pour le déchiffrer. Et on doit continuer l’expérience en écoutant les musiques du film réunies sur un album intitulé Breathe (呼吸) sous le nom d’artiste Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュ). Lily Chou-Chou est en fait le nom d’un groupe créé par Shunji Iwai et Takeshi Kobayashi pour le besoin du film. Salyu chante dans ce groupe et commencera ensuite une carrière solo. Lily Chou-Chou n’a sorti que cet album suite au film, mais s’est réuni une fois dix ans plus tard sans Shunji Iwai mais avec Yukio Nagoshi (que je mentionne régulièrement sur ces pages) à la guitare. De tous les morceaux de l’album Breathe (呼吸), le premier intitulé Arabesque, qui ouvre également le film dans un champ vert dégagé d’Ashikaga, est de loin le plus marquant, même si le reste de l’album est excellent. Arabesque donne le sentiment d’une nostalgie de moments heureux qu’on ne retrouvera jamais car quelque chose d’irrémédiable nous empêche de les revivre. Une innocence perdue peut-être. Le morceau est chanté par Salyu en dialecte d’Okinawa, ce qui renforce cette impression d’insaisissable d’une émotion que l’on peut ressentir au fond de soi mais qu’on ne peut exprimer avec des mots d’une manière intelligible.

TRAIN-TRAIN

Le titre de ce billet m’est inspiré par le titre d’un morceau du groupe rock japonais The Blue Hearts. Ce titre me vient en tête alors que j’aperçois le Tokyo Monorail passer au dessus de ma tête et que je m’empresse de le prendre en photo avant qu’il ne disparaisse derrière les buildings comme un serpent s’échapperait derrière un rocher. Je n’ai que très peu d’intérêt pour la musique de The Blue Hearts bien que j’ai souvent chanté en groupe au karaoke le morceau Linda Linda (je parle souvent de karaoke ces derniers temps alors que je n’y suis pas allé depuis une éternité). Nous sommes ici dans le quartier gagné sur la mer de Shibaura. J’étais venu jusque là pour voir une ancienne maison rénovée il y a quelques années, et que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. J’en parlerais un peu plus tard dans un prochain billet. Je suis à pieds le canal Shinshiba (je ne savais pas que les nombreux canaux de Tokyo avaient des noms) sur quelques mètres avant de bifurquer sur la route 15 après la station de Tamachi. Marcher en direction de Sengakuji m’amène jusqu’à la station de Takanawa Gateway conçue par Kengo Kuma. Le rez-de-chaussée a l’air d’être en construction, ce qui est plutôt étrange vu que la station est très récente. Tout le quartier est en fait en plein redéveloppement sous le nom de projet de Tokyo Yard. La compagnie JR East a annoncé en Avril de cette année les grandes lignes du projet. Cinq buildings dont quatre tours (comme si on en manquait) pousseront sur ces espaces. Un des buildings sera dessiné par Kengo Kuma (décidément) et sera un centre culturel sous le nom de Cultural Creation Building. Les formes de ce bâtiment en particulier semblent très intéressantes.

Le titre de ce billet me revient aussi en tête car j’ai vu dernièrement sur Netflix un film japonais intitulé Alps Stand no Hashi no Kata (アルプススタンドのはしの方) dans lequel ce morceau était joué plusieurs fois par une fanfare de supporters lors d’un match de baseball de lycéens (Koshien), pour encourager le joueur vedette d’une des équipes. Il s’agit d’un film assez court de 1h15 réalisé par Hideo Jōjō (城定秀夫) et adapté d’une pièce de théâtre primée. Le film se passe dans un lieu unique, les stands d’un stade de baseball, dans lequel des lycéens viennent encourager leur équipe, un peu obligés d’ailleurs par le personnel du lycée. C’est le cas des deux protagonistes principales Yasuda (interprétée par Rina Ono) et Tamiya (Marin Nishimoto), membres du club de théâtre et plutôt néophytes quant aux règles du baseball. Un ancien membre de l’équipe de baseball, Fujino (Amon Hirai), vient s’asseoir à côté d’elles et une discussion se met en place, révélant les rapports parfois compliqués entre les élèves. L’histoire est simple et nous ramène aux émotions de la fin de l’adolescence. Tout l’interêt du film, qu’il serait difficile de vraiment résumer, vient du talent des jeunes actrices et acteur et du fait que le film ne nous laisse pas deviner le déroulement de l’histoire. On se laisse simplement entraîner dans ces discussions, dans ces moments de malaises parfois et dans ces petites histoires d’amour qui se révèlent ou qu’on imagine se révéleront peut-être un jour. Je ne connaissais pas le réalisateur ni les jeunes acteurs et actrices de ce film sorti en 2020, mais c’est une belle découverte.

J’ai aussi beaucoup apprécié le film Kazane (累) du réalisateur Yuichi Satō (佐藤祐市), inspiré d’un manga du même nom. Ce film sorti en 2018 est centré sur deux comédiennes jouées par Tao Tsuchiya et Kyokō Yoshine dont l’agent est interprété par Tadanobu Asano. L’histoire fait intervenir du fantastique. Kazane (interprétée par Kyokō Yoshine) est une excellente actrice mais a malheureusement le visage balafré d’une horrible cicatrice, tandis que Nina Tanzawa a la beauté pour elle mais se révèle être une actrice sans grande envergure. Un étrange rouge à lèvres légué peu avant sa mort par la mère de Kazane, également actrice exceptionnelle, a le pouvoir d’interchanger les apparences lorsque les personnes s’embrassent. Commence alors un jeu de manipulation, orchestré par l’agent (Tadanobu Asano), pour faire en sorte que le talent de Kazane s’additionne à la beauté de Nina dans le but de décrocher des rôles rappelant le prestige passé de la mère de Kazane. Ce jeu fonctionne un temps mais tout se complique forcément et rien ne se déroule comme prévu. Pour apprécier le film, il faut accepter le parti pris du fantastique qui peut surprendre aux premiers abords, mais les actrices Tao Tsuchiya et Kyokō Yoshine, ainsi que Tadanobu Asano, sont très convaincants dans leurs rôles respectifs. Je ne connaissais pas du tout l’actrice Kyokō Yoshine, par contre Tao Tsuchiya est plus souvent présente dans les médias, notamment dans des publicités. Je ne soupçonnais pas qu’elle avait cette capacité de jeu. Quand à Tadanobu Asano, c’est un acteur reconnu et je me souviens très bien de son rôle de tueur dans le film complètement cinglé Koroshiya 1 (殺し屋1) de Takashi Miike (三池崇史), dont j’avais déjà parlé sur ce blog.

Le film suivant, Hoshi no Ko (星の子), était également une agréable surprise. Le film sorti en 2020 est réalisé par Tatsushi Ōmori (大森立嗣) et fait intervenir la jeune actrice Mana Ashida. Elle est célèbre au Japon depuis son plus jeune âge suite à une chanson pour enfants qui a eu beaucoup de succès et qu’elle chantait en dansant avec le petit garçon Fuku Suzuki. Elle a fait du chemin depuis et je la trouve très convaincante dans ce rôle. A vrai dire, je ne l’avais d’abord pas vraiment reconnue même si son visage m’était tout de suite familier. Elle interprète Chihiro, une collégienne un peu rêveuse prise d’un amour platonique pour son jeune professeur. Mais l’histoire ne se passe pas principalement là. Lorsqu’elle était bébé, Chihiro avait une maladie qui ressemble beaucoup à l’écran à de l’eczéma. Les parents, très inquiets et aimants, se voient conseillés par un collègue du bureau du père d’appliquer une eau aux vertus miraculeuses. Les parents se retrouvent embarqués dans une secte religieuse, fournissant cette fameuse eau qui guérit. La croyance qui leur accapare l’esprit les incitent à s’imbiber en permanence de cette eau, qu’ils pensent capable de leur éviter toutes maladies, en portant une serviette mouillée sur la tête. La soeur de Chihiro (interprétée par Aju Makita) ne supporte plus cette situation et quitte rapidement le foyer familial. Chihiro se trouve seule devant un dilemme alors qu’elle réalise petit à petit la situation de ses parents. Elle n’est pas dupe et est consciente de ce qui se passe, mais n’entend pas pour autant abandonner ses parents à leur sort, même s’ils ne semblent pas malheureux du tout. Le problème des sectes et du lavage de cerveaux qui en découle, abordé dans ce film, est bien réel au Japon et revient même sur le devant de la scène avec l’actualité récente. Cette histoire est touchante car elle ne surjoue pas le pathos. Le jeu de Mana Ashida est d’ailleurs en ce sens très subtil.

Le dernier film japonais que j’ai vu dernièrement ne joue pas, par contre, dans la finesse. Il s’agit du film Real Onigokko (リアル鬼ごっこ) du réalisateur Shion Sono (園子温). Je ne sais pas vraiment pour quelle raison je reviens sans cesse vers les films de ce réalisateur. J’avais en fait beaucoup aimé le film Himizu (ヒミズ) avec Fumi Nikaido, et je ne désespère pas de trouver un autre film avec des émotions aussi fortes que je pourrais également apprécier. Le problème de Shion Sono est qu’il tombe rapidement dans l’excès malgré des idées de départ intéressantes. C’était le cas du film Love Exposure, et c’est aussi le cas de ce film là sorti en 2015. Il est par contre relativement court (1h25), par rapport à des films comme Love Exposure, ce qui est de meilleure augure. J’étais en fait intrigué de voir l’actrice Reina Torindoru joué le rôle principal de cette histoire car son image de talento à la télévision japonaise ne correspond pas du tout à celle des films de Shion Sono. Comme le titre nous l’apprend, l’histoire du film prend la forme d’une course effrénée contre des démons qui viennent poursuivre inlassablement trois lycéennes: Mitsuko (interprétée par Reina Torindoru), Keiko (Mariko Shinoda) et Izumi (Erina Mano). Pour donner une idée de l’ambiance du film, la première scène prend place dans un bus scolaire amenant les lycéennes pour ce qu’on imagine être un voyage scolaire. Un des démons du titre prend la forme d’un vent soudain et puissant qui vient découper en deux le bus et par conséquent toutes les personnes qui y étaient assises, sauf Mitsuko qui a eu le bonheur de se pencher à ce moment précis pour ramasser son stylo. Effrayée par cette scène dans laquelle toutes ses amies sont découpées en deux, elle s’enfuit continuellement, poursuivie par ce vent mystérieux. Elle finit par rejoindre son école où se trouvent toutes ses amies, comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve. La course poursuite continue ensuite et n’hésite pas à faire intervenir le mauvais goût que l’on trouve régulièrement chez ce réalisateur. On reste cependant intrigué par cette histoire des plus étranges. J’ai failli arrêter en route mais ma curiosité a été plus forte. Ce n’est pas une film que je conseillerais aux âmes sensibles. Il y a des idées intéressantes, comme souvent chez Sono, si seulement il arrivait à mieux les canaliser pour éviter de tomber dans l’excès. Le film n’a cependant rien d’irregardable, malgré la scène du bus mentionnée au début car on se trouve d’entrée de jeu dans le domaine du fantastique.

yoyogi & nakano

Il devait y avoir un événement particulier dans le gymnase national de Yoyogi car une foule s’y était regroupée. Une petite voiture décorée par un otaku m’indique qu’il s’agissait d’un événement lié au groupe Sakurazaka46 (桜坂46), un concert peut-être. Je n’ai pas d’intérêt ou de connaissance particulière sur cette formation à part de savoir qu’elle remplace celle appelée Keyakizaka46, qui devait être une version plus passionnée de Nogizaka46. Mais comme pour la plupart des billets sur ce blog, je ne peux m’empêcher de faire des recherches. Je cherche donc ici à savoir le nom des deux membres de Sakurazaka46, dessinées sur la voiture. Il s’agit donc de Rina Inoue (井上梨名) et de Rei Ozono (大園玲). Me voilà bien avancé. Au delà de montrer des photos et écrire des textes, je me demande si le but premier de ce blog n’est pas de faire des recherches sur diverses choses, avec comme objectif de voir comment ces diverses choses se lient entre elles. En pensant à Sakurazaka46, vient tout de suite à mon esprit Asuka Saito de Nogizaka46 qui chantait deux très beaux morceaux sur deux albums du projet Mondo Grosso de Shinichi Osawa. En me promenant hier près de la station de Yoyogi-Hachiman, j’ai d’ailleurs aperçu Shinichi Osawa debout près d’une Porsche Targa noire avant qu’il ne monte à l’intérieur et reparte en direction du parc de Yoyogi. Il a dû remarquer que le fixais pendant une trop longue demi-seconde. Et un peu plus tard pendant cette même journée, j’aperçois la Rolls-Royce Phantom Oribe de Yusaku Maezawa stationnée au bord de la route. Sa couleur verte et ses bandes basses beiges sont immédiatement reconnaissables. Voilà quelqu’un qui ne veut pas passer inaperçu. Mais revenons à Yoyogi. Je recherchais un nouveau bâtiment de l’architecte Ken Yokogawa que je ne trouverais que quelques semaines plus tard, comme je le montre sur mon compte Instagram. Cette même journée mais dans la soirée, je pars pour Nakano Broadway, situé à la sortie Nord de la gare de Nakano, car je n’y suis pas allé depuis longtemps. Je n’ai pas de but particulier mais aller dans ce temple de la culture Otaku est intéressant et intriguant. On y croise toutes sortes de personnes, certaines émerveillées par les jouets robots vintage entassés derrière les vitrines. On y voit des Ultraman, des Godzilla et pleins d’autres monstres que je ne reconnais pas. La café décoré par Takashi Murakami a apparemment fermé ces portes, tout comme de nombreux autres magasins. Je pense que beaucoup n’ont pas réussi à traverser la crise sanitaire et se sont fait avaler par Mandarake que j’ai trouvé omniprésent sur les quelques étages de Nakano Broadway. C’était peut-être déjà la cas auparavant mais ça m’a particulièrement frappé cette fois-ci. Il existe également un magasin Mandarake dans le centre de Shibuya. Il faudrait que j’aille y faire un tour par curiosité.

Voir des Ultraman dans les vitrines de Nakano Broadway m’a donné envie d’aller voir au cinéma le film Shin Ultraman (シン・ウルトラマン). Comme déjà évoqué sur ce blog, je garde un bon souvenir du film Shin Godzilla (シン・ゴジラ) et ce Shin Ultraman est du même réalisateur Shinji Higuchi. Pour être précis, Shin Godzilla a été réalisé à deux mains par Shinji Higuchi et Hideaki Anno (le créateur de Neon Genesis Evangelion, qu’on ne présente plus), qui en était également le scénariste, tandis que Shin Ultraman a été réalisé par Shinji Higuchi mais toujours avec Hideaki Anno au scénario et, cette fois-ci, à la production. J’avais apprécié Shin Godzilla sans avoir vu les nombreux films qui le précédaient, et je pensais que l’effet serait le même pour Shin Ultraman. J’ai été malheureusement déçu. Visuellement, c’est très beau mais pas assez pour intéresser le néophyte que je suis. Mari a tout de suite compris pourquoi je n’ai pas aimé. Ce film s’adresse avant tout aux fans, dont je ne fais pas partie. Pour les autres, le ridicule de certaines situations finit par l’emporter. Voir l’actrice Masami Nagasawa en version géante dans les rues de Tokyo peut certes paraître amusant, mais on se demande aussi à ce moment là vers où se dirige le film. Certains parlent de l’originalité, emprunté à Hideaki Anno, des cadrages caméra mais le réalisateur en abuse tellement que ça en devient grossier. En fait, j’avais aimé dans Shin Godzilla la précision des lieux que l’on reconnaissait très bien à l’écran. Voir des monstres Kaiju évoluer avec leurs grosses pattes dans des lieux connus avait quelque chose de très ‘réjouissant’. Les deux premiers Kaiju dans Shin Ultraman sont intéressants à voir, mais mon attention a ensuite décroché assez vite. Les scènes bavardes se déroulant dans un même bureau gris de Kasumigaseki étant nombreuses, ça ne m’a pas beaucoup aidé à rester concentré sur le fil de l’histoire. La question se pose maintenant si j’irais voir le prochain film de la série des « Shin », à savoir Shin Kamen Rider (シン・仮面ライダー), qui sortira l’année prochaine en Mars 2023. Peut-être me laisserais-je convaincre par Minami Hamabe qui joue un des rôles principaux. Mais comme pour Shin Godzilla et Shin Ultraman, je ne sais absolument rien de Kamen Rider.

GTW (Green Train to Wakabayashi)

Ma destination était la station de Wakabayashi (若林) dans l’arrondissement de Setagaya, mais je m’arrête à la station suivante Shōin-Jinjamae (松陰神社前) pour profiter pendant quelques minutes supplémentaires du petit train de la ligne Tōkyū Setagaya (東急世田谷線) reliant Sangenjaya (三軒茶屋) à Shimo-Takaido (下高井戸). Je voulais également passer voir le sanctuaire Shōin car il avait l’air d’avoir une taille assez importante sur Google Map. Je me rends compte beaucoup plus tard en écrivant ce billet que j’y suis déjà passé il y a longtemps avec Mari. On avait encore vingt ans lors de cette visite des quartiers au delà de Sangenjaya. Je ne me souvenais plus d’abord visité ce sanctuaire, mais je garde tout de même un souvenir précieux de cet après-midi et début de soirée. J’avais pris quelques photographies analogiques en noir et blanc que j’avais montré dans un billet de Novembre 2004.

Je suis venu pour redécouvrir ce quartier et l’ancienne petite ligne ferroviaire datant de 1969, mais également pour partir à la recherche d’une maison brute de béton que Joël m’avait, une fois encore, indiqué par e-mail en m’envoyant une photo. Je ne connaissais ni le nom ni l’architecte de cette maison, mais montrer les quelques photos que j’avais pris ce jour-là sur mon compte Instagram m’a permis de le découvrir. Un de mes Followers sur Instagram, JapanPropertyCentral, connaissait sans surprise le nom de l’architecte de cette maison et a eu la gentillesse de me l’indiquer en commentaire. Cette maison particulière de béton s’appelle donc WKB et a été conçue par Niizeki Studio (Kenichiro Niizeki 新関謙一郎). Ces formes en blocs de béton sont posées les unes au dessus des autres sans qu’on arrive à bien comprendre l’organisation et le nombre d’étages de cette maison. Un site d’architecture m’apprend qu’il y a 4 étages et montre quelques photos de l’intérieur. WKB date de 2014 mais paraît plus ancienne car le béton semble déjà imprimé par le temps, ce qui renforce l’effet brutaliste de l’ensemble. Ce que j’aime aussi beaucoup dans cette maison, c’est le mélange du béton avec la végétation qui envahit les murs. Je pense que cette nature qui déborde sur l’architecture, comme on le commentait sur cette photo sur Instagram, fait partie du concept initial de fondre la maison dans son environnement, car elle est située au bord d’une rue piétonne bordée d’arbres. De Niizeki Studio, je connaissais en fait déjà une maison aperçue il y a plusieurs années à Yoyogi-Uehara. Cette maison nommée House in Yoyogi-Uehara est également très particulière car on n’en aperçoit de l’extérieur qu’un immense mur de béton bordant une grande porte noire.

En continuant ma marche dans Setagaya en direction de Shimo-Kitazawa, je passe près de la station de Setagaya-Daita et découvre aux hasards des coins de rues une petite maison entourée d’arbres digne de l’univers de Hayao Miyazaki. Une pâtisserie se trouve au rez-de-chaussée et est spécialisée dans les choux à la crème à l’effigie de Totoro. A l’intérieur de la pâtisserie, on trouve de nombreux posters et objets Ghibli. Cette pâtisserie s’appelle Shiro-Hige Cream Puff Factory (白髭のシュークリーム工房). Je ne résiste pas à l’envie de ramener quelques Totoro avec moi. Ils m’accompagneront sur le chemin et seront délicieux.

Le troisième vaccin m’a mis par terre pendant tout le week-end, mais ça m’a donné le temps et l’occasion de regarder des films sur Netflix. Je me décide sans raison très particulière à regarder un film datant de 2021 du réalisateur Rikiya Imaizumi (今泉力哉) intitulé Over The Town (街の上で). En fait, je ne voulais pas m’embarquer dans un film à l’action débordante ou au suspense haletant qui me fatiguerait plus que nécessaire. Je me suis donc dirigé vers ce film qui me semblait être une histoire de romance entre jeunes gens. Je ne pensais pas aimer autant ce film. Il s’agit en effet d’une histoire d’amour qui ne se passe pas comme le protagoniste principal le voudrait, mais l’important et l’intéressant dans le film ne vient pas de l’histoire principale mais plutôt des multiples petites histoires et apartés qui viennent perturber sa vie. Le protagoniste du film est un jeune homme de 27 ans appelé Ao Arakawa (Ryuya Wakaba) prenant la vie comme elle vient, travaillant dans une petite boutique de fringues d’occasion à Shimokitazawa. Sa petite amie Yuki Kawase (Moeka Hoshi) le quitte pour un autre mais il ne perd pas vraiment espoir et s’accroche à son souvenir. Il vit sa vie tranquillement en lisant des livres achetés dans la petite librairie d’à côté tenue par une jeune vendeuse appelée Fuyuko Tanabe (Kotone Furukawa) qui semble également l’attirer (sans que ça soit vraiment très clair), en attendant les clients dans sa petite boutique. Il va le soir au comptoir du même bar tenu par un ami et au même café le midi. Sa vie change un peu d’horizon lorsqu’une étudiante en cinéma, Machiko Takahashi (Minori Hagiwara) lui demande de jouer un personnage secondaire dans le film qu’elle prépare. Ao y rencontrera la costumière du film Iha Jojo (Seina Nakata) avec qui il devient ami. L’interêt du film vient dans les dialogues. Ao a un don pour poser les mauvaises questions au mauvais moment et le film joue beaucoup sur ces situations de gêne et d’incompréhension. Ça en devient particulièrement intéressant car la direction des conversations reste imprévisible. Le film n’hésite pas à introduire des personnages bizarres ou étonnants, comme un policier arrêtant Ao et Yuki à des moments différents du film pour leur raconter la même histoire improbable de son amour secret inavouable. Les personnages se croisent et leurs histoires se rejoignent, comme si ils évoluaient tous dans un petit microcosme, celui de ce quartier de Shimokitazawa. J’aime aussi beaucoup ce film car je connais bien le quartier. J’ai par exemple été plusieurs fois dans la petite librairie, située juste à côté du Disk Union, où Ao va acheter ses livres. Les quatre personnages féminins mènent les histoires du film et Ao, n’ayant pas de but très précis dans sa vie, se laisse emmener par les histoires qui se créent devant lui. Mais comme c’est un personnage sympathique, il devient attachant. Il me rappelle un peu les personnages d’Haruki Murakami qui passent leur temps à lire, vivant dans leur monde en n’ayant besoin de personne, et qui n’agissent que passivement quand la situation le demande. Le monde bouge autour de lui et il s’adapte en fonction. Le film tourne beaucoup autour de l’amour non dit ou qui prend du temps à se déclarer. Voir ce film m’a aussitôt donner envie d’en voir d’autre du même réalisateur.

Je continue donc avec un film sorti l’année d’avant en 2020 intitulé Mellow. Le personnage principal, Seiichi Natsume (Kei Tanaka), est floriste dans une petite boutique dont il est propriétaire. Il est célibataire et voit régulièrement la visite de la fille de sa sœur Saho (Tamaki Shiratori) quand celle-ci fait des siennes et ne veut pas aller à l’école. Natsume est une personne sensible qui ne laisse pas indifférent les gens qui l’entourent. Sa vie est paisible et sans encombre. Il semble lui aussi la prendre comme elle vient, sans forcer les choses. Il se rend tous le jours dans le même restaurant de ramen tenu par une jeune femme, Kiho Furukawa (Sae Okazaki). Le restaurant était tenu par le père de Kiho mais elle a été contrainte à prendre la suite après sa mort, laissant de côté temporairement ses rêves. On devine une proximité se créer entre Natsume et Kiho mais elle prend du temps à se déclarer. Le film nous amène plutôt vers des histoires secondaires qu’on prend plaisir à suivre. Dans ce film aussi, les personnages féminins sont nombreux autour du protagoniste principal et mènent à chaque fois l’intrigue. Et encore une fois, ce sont les situations et l’atmosphère générale du film qui m’intéressent beaucoup. Une des séquences particulièrement réussies fait intervenir le personnage de Mariko Aoki, interprété par Rie Tomosaka. Pour les références, je ne peux m’empêcher de noter que Sheena Ringo est une grande copine de Rie Tomosaka depuis ses débuts, et qu’elle a écrit pour elle quelques morceaux comme Shojō Robot et Cappucino (fin de la parenthèse). Natsume vient régulièrement décorer l’entrée de la maison des Aoki et Mariko apprécie tellement sa venue à chaque fois qu’elle finit par éprouver des sentiments pour lui. La situation pourrait être relativement classique mais Mariko préfère avouer ce sentiment franchement à son mari. Parce qu’il veut avant tout le bonheur de sa femme, le mari insiste pour que les trois personnes se rencontrent pour clarifier les sentiments de chacun. Cette situation est particulièrement gênante et inhabituelle, et en même temps savoureuse à l’écran. On imagine bien le malaise et l’envie de s’enfuir que doit procurer ce genre de situation improbable. Le film évoque beaucoup le thème de la confession d’un amour et la temporalité nécessaire pour franchir le pas. Observer les réactions des personnages face à ces confessions est particulièrement intéressant, comme si on était amené à analyser un comportement humain. Ces amours sont parfois, et même souvent, platoniques, mais la beauté du film vient du fait qu’il se concentre sur ces moments là, plein de délicatesse. Il n’y a rien de vraiment original dans ces histoires, mais c’est l’atmosphère et les interactions des personnages qui me plaisent beaucoup.

Et du même réalisateur, je regarde maintenant un autre film de 2018 intitulé Just Only Love (愛がなんだ?), se déroulant dans certains quartiers de Setagaya-Daita dont je parlais un peu plus haut. En parlant de ces deux films, je ne pense pas dévoiler beaucoup de l’intrigue, mais je suis en même temps persuadé que peu suivront mes conseils cinématographiques et s’aventureront vers ces films. Bon, ils ne sont pas forcément faciles d’accès car seulement en japonais et sur Netflix. Mais, en ce qui le concerne, ces deux ou trois films ont sauvé mon week-end.