SR EXPO’24

Lorsque j’ai une heure à perdre dans les quartiers d’Ebisu, Naka-Meguro ou Daikanyama, je passe souvent faire un tour à la grande librairie Tsutaya Daikanyama T-Site. L’heure ou la trentaine de minutes que j’y passe n’est jamais perdue car j’y découvre souvent des choses intéressantes et c’est justement ce qui me fait y revenir. La librairie contient deux petits espaces d’exposition dans le bâtiment central près du grand escalier, avec des expositions renouvelées très régulièrement. Je feuillette également les magazines mais il m’arrive également de seulement traverser les rayons en regardant les couvertures, du côté de l’architecture, des arts graphiques, de la photographie, entre autres. Une partie d’un des trois bâtiments a été converti à l’étage en espace partagé de travail et j’y vais donc beaucoup moins souvent. J’avais un peu plus de temps devant moi cette fois-ci et je me suis donc aventuré vers ce troisième bâtiment, si on peut qualifier d’aventure ouvrir une porte automatique d’une grande librairie.

C’était une bonne idée car j’y trouve au rez-de-chaussée la série de tous les numéros du magazine Daibenkyo (大勉強), magazine culturel semestriel consacré à la culture de la région de Hokuriku. Le magazine est publié par une boutique spécialisée nommée PHAETON, située dans la ville de Kaga dans la préfecture d’Ishikawa. Le numéro 5 sorti le 13 Février 2023 montrait Sheena Ringo en couverture. Je n’avais pas pu l’acheter à sa sortie car sa distribution devait être limitée mais je me suis rattrapé cette fois-ci en voyant ce numéro ainsi que plusieurs autres présentés sur une table dans un coin du Tsutaya. Je l’ai d’abord feuilleté pour constater que l’interview de Sheena Ringo était courte et les photos l’accompagnant assez peu nombreuses, mais j’ai été convaincu par le reste du magazine, notamment par une série de photographies prises par Rinko Kawauchi (川内倫子) et par un petit article évoquant la princesse Kukurihime. J’y ai vu un signe car j’avais écrit récemment un texte imaginaire, se déroulant dans le sanctuaire de Samukawa, évoquant cette même princesse historique. Le magazine nous parle de son histoire et accompagne l’article d’une série de photographies donnant une représentation moderne de Kukurihime sous les traits d’une jeune femme aux cheveux longs et blonds. La représentation imaginaire que j’en avais fait était un peu différente et ressemblait vaguement à l’actrice Nana Komatsu. En plus de la beauté de ses pages qui m’a finalement convaincu de l’acheter, ce magazine m’a rappelé au fait que je n’avais toujours pas fini d’écrire mon billet sur le concert de Sheena Ringo auquel j’ai assisté le 21 Novembre 2024. Au moment de commencer son écriture, j’avais fait comme un bloquage, intimidé en quelques sortes par la lourdeur de la tâche, ayant le sentiment qu’il y a tant de choses à en dire et à écrire. Mon compte rendu du concert Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) de 2023 au Tokyo International Forum m’avait pris en tout quatre billets, et j’ai eu beaucoup de mal à me faire à l’idée d’en écrire autant. J’ai donc mis cette écriture de côté pendant plusieurs mois jusqu’à maintenant, en pensant finalement que rien ne sert d’en écrire trop.

Ma place pour le concert de Sheena Ringo pour sa tournée Ringo EXPO’24 ((生)林檎博’24), sous-titrée Economic Recovery (ー景気の回復ー) était réservée depuis plusieurs mois mais les places exactes dans la grande arène du Saitama Super Arena (さいたまスーパーアリーナ) n’ont été annoncées que le jour avant la séance. J’ai assisté au concert du Jeudi 21 Novembre 2024 à 19:00. Il s’agissait de mon troisième choix. La loterie pour l’achat des places a décidé pour moi. La tournée nationale des arènes Ringo EXPO’24, accompagnant la sortie du dernier album Hōjōya (放生会), s’est déroulée en dix dates dans tout le pays, en démarrant le 5 Octobre à Aomori pour une date, continuant à Niigata le 20 Octobre et au grand hall du château d’Osaka pour deux dates les 29 et 30 Octobre. La tournée continuait le mois suivant, à Shizuoka le 7 Novembre, au Saitama Super Arena pour trois dates les 21, 23 et 24 Novembre, puis Fukui le 29 Novembre et un final le 15 Décembre 2024 au Marine Messe de Fukuoka. On aurait pu penser que cette grande tournée en solo se terminerait à Saitama, tout près de Tokyo, mais Ringo a préféré la terminer dans sa ville d’origine. C’est la première fois que j’assistais à une concert ou évènement dans la grande arène du Saitama Super Arena qui peut contenir jusqu’à 37000 personnes. Difficile à dire s’il y avait en effet ce nombre de personnes dans la salle, mais toutes les places semblaient occupées et c’était impressionnant de voir autant de monde réuni. La dernière tournée des arènes avait eu lieu en 2018 pour Ringo Expo’18.

J’avais pris une journée de congé ce jour là. Comme pour le concert Shogyōmujō, je suis d’abord parti me procurer le sceau goshuin d’un sanctuaire. C’était celui d’Atago la dernière fois et c’est celui du sanctuaire Hikawa à Shibuya cette fois-ci. Je ne sais pas trop pourquoi l’idée m’est revenu en tête de me procurer un goshuin pour marquer cette journée, mais je me suis dit que ça pourrait devenir une tradition. Je suis arrivé tôt dans l’après-midi à la station de Shintoshin où se trouve Saitama Super Arena, car je voulais passer par la boutique de la tournée imaginant que certains articles seraient rapidement en rupture de stock. Il était possible de commander en ligne à l’avance mais pour une période limitée. Tellement limitée en fait que je n’ai même pas eu la possibilité d’y commander quoique ce soit, la boutique en ligne affichant un laconique “checking stock” à chacune de mes tentatives de connexion. Ceci a nourri mon envie de venir tôt et malgré cela, certains articles étaient déjà en rupture de stock. Je me suis tout de même procuré le petit drapeau indispensable, un t-shirt à l’effigie de la tournée et un badge. J’aurais voulu me procurer un autre t-shirt montrant le fidèle guitariste Yukio Nagoshi, guitare à la main et vétu d’un yukata blanc dans une atmosphère à la fois japonisante et fantomatique, mais il n’y avait déjà plus ma taille. Je ne suis apparemment pas arrivé assez tôt. J’ai en contrepartie eu beaucoup de temps pour faire le tour de la grande arène qui a une architecture grandiose surplombée d’un immense cadre s’illuminant progressivement au fur et à mesure que la nuit avance. J’aime aussi observer les autres spectateurs, ceux faisant des efforts certains pour s’habiller à la mode de cette tournée ou en ressortant des anciens goods des tournées précédentes de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen. On y retrouve par exemple systématiquement le jogging blanc et rouge de la tournée Ultra C de Tokyo Jihen. On trouve dans le public tous les âges, certains semblant être des fans de la première heure ayant pris de l’âge en même temps que leur idole, d’autres semblant être des fans beaucoup plus récents. Je m’amuse en regardant certains petits groupes de fans, avec parfois des tenues coordonnées, se prenant en photos à tour de rôle.

Les quelques heures ont finalement passé vite, et on se dirige tranquillement vers une des grandes entrées de l’arène. Plusieurs files d’attente se créent et nous font entrer sans encombre. A l’entrée, plusieurs bouquets de fleurs nous accueillent. L’un d’entre eux est offert par le groupe Buck-Tick, ce qui me surprend un peu et me ravit en même temps. Sheena Ringo et feu Atsushi Sakurai (櫻井敦司) de Buck Tick avaient interprété ensemble le morceau Kakeochi-sha (駆け落ち者) pour l’album Sandokushi (三毒史) et Ringo avait repris le morceau Uta (唄) de Buck-Tick. A côté, un bouquet est au nom du directeur créatif Michihiko Yanai (箭内道彦). J’avais déjà parlé de son magazine musical Kaze to Rock (風とロック) créé en 2005 et qui a montré Ringo en couverture plusieurs fois. Il n’est pas étonnant de trouver un bouquet au nom du groupe SOIL& »PIMP » SESSIONS qui a déjà accompagné Ringo, mais j’ai été agréablement surpris de voir un bouquet au nom du comédien Bakarism (バカリズム). Le fait que le comédien soit originaire de Fukuoka explique peut-être le lien. Toujours est-il que j’aime beaucoup les dramas qu’il crée, comme son dernier Hot Spot qui vient de se terminer, et dont j’ai déjà parlé ici. Peut-être qu’un jour, il donnera un second rôle à Ringo. Je la verrais très bien en actrice et je pense qu’elle le sait très bien elle-même, mais elle se dévoilerait peut-être trop. Et à propos de cinéma, je ne suis pas trop surpris de voir également un bouquet au nom de l’actrice Fumi Nikaidō (二階堂ふみ). J’avance ensuite à petits pas dans les couloirs arrondis de l’arène jusqu’à la porte donnant accès à la zone où se trouve mon siège. Je ne suis pas placé trop loin de la scène, sur le côté droit et dans la première moitié en hauteur. C’est une meilleure place que lors du concert au Tokyo International Forum. On dirait que je me rapproche progressivement de la scène même si le positionnement des places doit être le fruit d’un hasard calculé. Je dis cela car j’imagine, sans en être certain, que les places réservées aux membres du fanclub dont je fais partie doivent être prioritairement situées vers l’avant. Je suis dans les premiers à m’asseoir sur ma rangée, ce qui me donne le temps de regarder la grande salle se remplir progressivement. La fosse noire n’est pas encore occupée par les 25 musiciens formant l’orchestre mené par Neko Saito (斎藤ネコ). Pendant l’attente avant le début du concert, sont diffusés exclusivement des morceaux du musicien Big Yuki qui avait participé au single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目).

Pour cette tournée, outre Neko Saito et son orchestre, Ringo s’est entourée de fidèles dont Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Ichiyō Izawa (伊澤 一葉) aux claviers, Keisuke Torigoe (鳥越 啓介) à la basse et Shun Ishiwaka (石若駿) à la batterie. Nagoshi et Torigoe sont systématiquement présents à ses tournées récentes, mais Shun Ishiwaka, ex Millennium Parade réputé comme étant un des meilleurs batteurs japonais du moment, est devenu depuis le dernier concert un nouveau fidèle. Retrouver Ichiyō Izawa sur scène était une excellente surprise et pourrait presque relancer les suppositions sur un futur hypothétique nouvel album de Tokyo Jihen. Ichiyō Izawa a en tout cas participé à plusieurs morceaux de l’album Hōjōya (放生会).

La formation complète de 30 musiciens accompagnant Ringo prend une nouvelle fois pour cette tournée le nom de « The Mighty Galactic Empire », comme pour Ringo Expo 18 et 14. Cet album comprenant beaucoup de duo avec d’autres artistes féminines, tout le suspense était de savoir qui serait présent sur scène. Je le savais un peu à l’avance, car même si les secrets étaient bien gardés, quelques informations avaient circulé sur la présence d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, DAOKO et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン) sur des dates précédant celles de Saitama. Elles étaient bien toutes les trois sur scène pour accompagner Ringo, mais je ne pensais pas qu’elles seraient autant présentes. Je ne cache pas mon bonheur de voir sur scène Ikkyu et DAOKO en duo avec Ringo, les suivant déjà depuis plusieurs années en sachant leur attirance pour la musique de Sheena Ringo. À vrai dire, ce n’est pas la première fois que DAOKO intervient sur une tournée de Sheena Ringo car elle était déjà présente sur la tournée précédente sur grand écran pour la version remixée par Shinichi Osawa du morceau Ishiki (意識). Les autres artistes ayant participé au dernier album, comme Nocchi (のっち) de Perfume, AI, Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ) et Utada Hikaru (宇多田ヒカル) n’étaient malheureusement pas présentes lors du concert. Je m’en doutais très fortement pour Utada Hikaru, mais j’aurais vraiment aimé voir soudainement Nocchi débarquer sur scène (bien que je sois très loin d’être un amateur de la musique de Perfume). Au niveau des invitées, il n’y avait en fait pas de différences entre les séances à Saitama et celles des autres viles de la tournée.

Sheena Ringo a interprété en tout 27 morceaux incluant deux dans les rappels. Il y avait bien sûr un grand nombre de morceaux tirés du dernier album Hōjōya (放生会), dix morceaux en tout, tandis que le reste était tiré des albums précédents avec une majorité de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処) qui reste l’album préféré des fans. Le concert ouvrait sur un morceau de l’album Sandokushi (三毒史), Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚), et c’est un des seuls tirés de cet album, avec le magnifique TOKYO qu’elle jouera à mi-concert. Par rapport au concert précédent au Tokyo International Forum, les effets sur scène étaient beaucoup plus impressionnants avec plusieurs écrans géants. Certaines cinématiques montrant des moines boudhistes apparaitre pour lancer de leurs mains d’immenses lasers traversant la salle étaient impressionnantes. L’avantage de ces écrans est qu’ils donnent par moments une vue plus précise de ce qui se passe sur scène, car même si je n’étais pas très loin de la scène, on ne distingue pas toujours exactement tout ce qui s’y passe. Ce genre de salle permet également des effets d’entrée en scène, Ringo descendant sur scène par une petite nacelle au début du concert. Si mes souvenirs sont bons, cette nacelle descendait d’une sorte d’ovni, Ringo devenant donc un personnage sidéral. Ce genre d’effets visuels n’est pas vraiment indispensable mais produit tout de même son effet sur le public, qui est comme hypnotisé de la voir arriver du haut de l’arène dans une longue robe rouge, avec des cheveux blonds et portant un rouge à lèvres rouge vif (le Shiseido modèle 417 bien sûr). Elle a bien sûr changé de très nombreuses fois de tenues pendant le concert, mais j’ai préféré les tenues plus originales et décalées de sa tournée précédente. Il n’y avait rien de vraiment marquant cette fois-ci et le passage où elle était habillée en sirène dans sa coquille était un peu trop kitsch pour moi. C’était le moment que j’ai le moins apprécié. Voir Ringo en kimono noir interpréter le morceau Closed Truth (茫然も自失) était par contre un moment mémorable, tout en étant assez classique de ce qu’on peut attendre d’elle. Ce passage m’a fait apprécier ce morceau comme étant l’un de mes préférés du dernier album. Surtout que juste après, Ikkyu vient rejoindre Ringo sur scène pour interpréter Offering sake (ちりぬるを), habillée d’un même kimono noir et d’une coupe de cheveux très similaire. Le mimétisme est assez impressionnant même si Ikkyu est un peu plus grande que Ringo. C’est la première apparition d’Ikkyu sur scène lors de ce concert mais ce n’est pas la dernière car elle reviendra ensuite pour interpréter un morceau plus ancien, Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処). On pouvait voir clairement la jubilation d’Ikkyu d’interpréter ce morceau devant un public de 37,000 personnes. J’ai eu par moment un peu de mal à distinguer Ringo d’Ikkyu, et c’était même un peu perturbant. Mais quel plaisir de les voir ensemble sur scène, surtout que leur joie était visible sur scène.

Il y avait un clin d’oeil amusant, si on peut dire, pour le morceau Yokushitsu (浴室) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ), car Ringo tenait à la main un couteau comme lors du concert Ringo Expo’08. Elle a interprété plusieurs morceaux de Tokyo Jihen, ce qui était une bonne surprise. Il n’est pas rare qu’un ou deux morceaux de Tokyo Jihen se glissent dans ses concerts, mais il y en avait trois cette fois-ci: Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) du mini-album News, Himitsu (秘密) de l’album Adult (大人) et le plus récent Inochi no Tobari (命の帳) de l’album Music (音楽). Le concert comprenait quelques reprises comme TOUCH (タッチ) de Yoshimi Iwasaki (岩崎良美). Le surprise était de voir DAOKO entrer sur scène pour chanter ce morceau. Elle reviendra ensuite pour le duo du morceau A triumphant return (余裕の凱旋), qui est un des morceaux de l’album Hōjoya que j’aime beaucoup réécouter. Ringo et DAOKO sont habillées d’une manière charmante, de la même tenue que lors de leur passage télévisé. Parmi les reprises, il y avait également celle d’un morceau du groupe APPA (あっぱ), intitulé Gipsy (ジプシー). APPA est le groupe d’Ichiyō Izawa, qui était donc sur scène au côté de Ringo pour l’interpréter. Pendant le passage instrumental Bōenkyō no Soto no Keshiki (望遠鏡の外の景色), tous les membres du groupe et de l’orchestre de Neko Saito formant « The Mighty Galactic Empire » sont présentés dans une vidéo les montrant dans les coulisses. Il s’agit également d’un clin d’oeil à un des précédents concerts, car ce type de présentation très cinématographique avait déjà été utilisé. L’autre très grande surprise pour moi était la reprise du morceau MOON du groupe REBECCA (レベッカ) sur leur album Poison. Je parle assez souvent de ce morceau sur ce blog car je l’écoutais avant de venir vivre au Japon. Ringo avait en fait déjà mentionné dans une émission télévisée qu’elle appréciait ce morceau donc cette reprise est finalement assez logique. Il n’empêche que ça fait plaisir d’entendre Ringo chanter ce classique, même si rien ni personne ne peut remplacer la voix si particulière de Nokko. Au début du concert, Ringo a chanté un morceau que je ne connaissais pas, Uchu no Kioku (宇宙の記憶), qu’elle a écrit et composé pour Maaya Sakamoto (坂本真綾). C’est un très beau morceau à l’ambiance jazz qui possède l’indéniable marque de fabrique de Sheena Ringo, surtout que SOIL&“PIMP”SESSIONS fait l’interprétation musicale. Je persiste à penser qu’elle devrait sortir un album purement jazz, avec une instrumentation minimale, genre un quartet. Lors des concerts de Sheena Ringo, il a toujours un manque. Elle ne parle en effet que trop peu au public, et cette fois-ci, elle a fait parler sa fille par un message audio, tout comme pour le concert Tōtaikai (党大会).

Momo de Charan Po Rantan est la troisième invitée du concert et elle apparaît sur scène vers la fin pour son duo festif sur Cheers beer (ほぼ水の泡). Le moment particulièrement exaltant du concert est de voir ensuite Momo, Ikkyu Nakajima, DAOKO accompagner Ringo sur le morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目). Elles tournent toutes les quatre sur scène, accompagnées des deux danseuses SIS qui étaient également présentes sur la tournée précédente. Là encore, leur joie d’être sur scène est très communicatif, matérialisant cette deuxième partie de concert plus festive, principalement centrée sur les morceaux de l’album Hōjōya. Le concert se termine finalement sur les rappels avec 1RKO (初KO勝ち), qui est un des succès commerciaux de cet album, puis le morceau Chichinpuipui (ちちんぷいぷい), de l’album Hi Izuru Tokoro, que j’imagine toujours comme un hymne à Ringo. J’imagine tout à fait ce morceau avoir été conçu pour les concerts. Au final, je n’avais plus l’effet de surprise sur ce concert par rapport au précédent, même si assister à un tel spectacle dans une salle aussi énorme est une surprise en soi. Difficile de dire si j’ai préféré ce concert là au précédent. Celui-ci était certes plus grandiose mais je pense avoir préféré l’ambiance générale de Shogyōmujō, peut-être parce qu’il se passait dans une salle plus petite. Ceci étant dit, les images que l’on pouvait voir sur les écrans géants étaient souvent impressionnantes, et le final montrant Sheena Ringo comme une androïde désossée dans un paysage urbain apocalyptique était tout à fait étonnant. Il y a un thème de science fiction en fil rouge de ce concert car, comme je le mentionnais au dessus, les premières images montraient une sorte d’ovni dont descendait Ringo en chantant sa chanson pour Maaya Sakamoto sur la Mémoire de l’Univers (宇宙の記憶), et un chat noir robotisé géant accompagnait également certains des derniers morceaux. Ce genre d’effets rend particulièrement bien dans une grande salle. Pour ceux intéressés, des rapports de ce concert ont été écrits sur certains sites musicaux et on peut trouver les liens sur une page dédiée sur le site Kronekodow.

Pour référence, je note ci-dessous la setlist du concert du Jeudi 21 Novembre 2024 de la tournée Ringo EXPO’24 ((生)林檎博’24) – Economic Recovery (ー景気の回復ー) de Sheena Ringo, au Saitama Super Arena:
1. Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚) de l’album Sandokushi (三毒史)
2. Uchu no Kioku (宇宙の記憶), écrit et composé par Sheena Ringo pour Maaya Sakamoto (坂本真綾)
3. Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) du mini-album News de Tokyo Jihen
4. Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
5. Himitsu (秘密) de l’album Adult (大人) de Tokyo Jihen
6. Yokushitsu (浴室) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
7. Inochi no Tobari (命の帳) de l’album Music (音楽) de Tokyo Jihen
8. TOKYO de l’album Sandokushi (三毒史)
9. Bye Purity (さらば純情) de l’album Hōjōya (放生会)
10. Adult Code (おとなの掟), de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
11. MOON, de l’album Poison, reprise du groupe REBECCA (レベッカ)
12. Arikitarina Onna (ありきたりな女) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
13. A procession of the living (生者の行進), de l’album Hōjōya (放生会)
14. Gipsy (ジプシー), reprise du groupe APPA (あっぱ)
15. As a Human (人間として), de l’album Hōjōya (放生会)
16. Bōenkyō no Soto no Keshiki (望遠鏡の外の景色) de la compilation Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
Présentation des membres du groupe (メンバー紹介)
17. Closed Truth (茫然も自失), de l’album Hōjōya (放生会)
18. Offering sake (ちりぬるを) avec Ikkyu Nakajima, de l’album Hōjōya (放生会)
19. FRDP (ドラ1独走), de l’album Hōjōya (放生会)
20. TOUCH (タッチ) avec DAOKO, reprise du morceau de Yoshimi Iwasaki (岩崎良美)
21. Seishun no Mabataki (青春の瞬き), de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
22. Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) avec Ikkyu Nakajima, de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
23. A triumphant return (余裕の凱旋) avec DAOKO, de l’album Hōjōya (放生会)
24. Cheers beer (ほぼ水の泡) avec Momo, de l’album Hōjōya (放生会)
25. Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) avec Momo, Ikkyu Nakajima, DAOKO, de l’album Hōjōya (放生会) 
Rappels (アンコール)
26. 1RKO (初KO勝ち), de l’album Hōjōya (放生会)
27. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)

4444年の4s4ki

Contrairement à mon habitude, je m’y suis pris un peu tard pour réserver ma place pour le concert de la tournée Oneman Live Tour 2025 « 4444年 »;C4 de l’artiste 4s4ki. Sa tournée se composait de six dates au Japon démarrant le 16 Février 2025 à Sapporo, en passant ensuite à Nagoya, puis Fukuoka, Sendai, Osaka pour terminer avec un final à Tokyo le 11 Mars 2025. Le concert de Tokyo auquel j’ai assisté se déroulait dans la salle ZEPP Shinjuku, se trouvant au quatrième sous-sol de la grande tour Kabukicho Tokyu Tower. La tour est située, comme son nom le suggère, dans le quartier de Kabukichō. J’ai découvert la musique d’4s4ki avec son premier album Your Dreamland (おまえのドリームランド). Il a pour moi une signification assez particulière car je l’avais découvert en Avril 2020 pendant le premier état d’urgence de la crise sanitaire à Tokyo. Cet album m’avait apporté un réconfort certain alors qu’on était coincé chez soi en se demandant bien ce que cette crise pouvait nous réserver. Avec cet album, j’avais également découvert un style musical, qu’on surnomme hyper-pop, qui était pour moi nouveau et qui m’avait fait connaître des compositeurs et producteurs de cette mouvance d’avant-garde à cette époque là. J’ai toujours considéré qu’4s4ki était en avance de phase et elle est pour moi une sorte de mètre-étalon du genre. 4s4ki a depuis inspiré d’autres artistes et a collaboré avec de nombreux musiciens ayant une même approche sonore disruptive. Je ne dirais pas que j’ai suivi la musique d’4s4ki à chaque sortie de nouveaux singles ou de EPs mais j’ai toujours gardé une oreille attentive aux directions qu’elle prenait. J’ai toujours su que je pourrais revenir vers sa discographie pour piocher quelques morceaux qui m’intéresseraient. J’ai beaucoup de respect pour cette artiste car je lui trouve une grande authenticité artistique et on ressent qu’elle vit complètement sa musique sans faire semblant. J’ai ressenti cela très franchement pendant le concert.

J’avais pris une journée de congé, ce qui m’a permis d’arriver à Kabukichō deux heures en avance, pour pouvoir faire un petit tour à la boutique du concert ouverte depuis 16h30. J’étais venu acheter un t-shirt, qui vient remplir ma petite collection de t-shirts de concert, que je porte d’ailleurs régulièrement (ils ne restent pas dans la penderie ou dans un placard). A mon arrivée, il y avait déjà une petite file d’attente dans un couloir du premier sous-sol. Sur une des façades de la Kabukicho Tokyu Tower, un écran géant digital montre par intermittence l’affiche du concert « 4444年 »;C4. C’est un nom bizarre que je ne chercherais pas à comprendre, mais je sais seulement que sa tournée nationale de 2014 avait un nom similaire avec un C3 à la place du C4 (« 4444年 »;C3). Après avoir acheté mon t-shirt, j’ai pratiquement une heure à perdre dans Shinjuku avant l’ouverture des portes. Je repars vers le Tower Records situé près de la station de Shinjuku. Je fais le tour d’un air distrait car j’ai déjà la tête dans le concert qui va bientôt commencer. Tout en errant dans les rues encombrées de Shinjuku sous un temps pluvieux, je réécoute les derniers EPs d’4s4ki à savoir 44th Dimension sorti en Janvier 2025 composé en collaboration avec le musicien électronique américain Yultron, Jiai equal Jiai (慈愛equal自愛) sorti en Décembre 2024 et Collective Obsession (集合体大好病) sorti en Octobre 2024.

Le temps passe finalement très vite et il est déjà l’heure de retourner vers la salle du ZEPP Shinjuku pour l’appel très organisé des numéros de places. La salle a une capacité de 1500 personnes et ma place est dans les 900 (vu que j’ai acheté ma place un peu tard quelques semaines avant le concert). Malgré cela, j’ai pu très facilement me placer dans la première partie de la salle. Le public autour de moi est plutôt jeune et d’une mode vestimentaire excentrique qui change un peu du public rock dont j’ai l’habitude. On peut pas dire que le public imite la mode parfois très colorée d’4s4ki mais on retrouve tout de même les boots surélevées et un style oscillant entre le punk et le gothique. Être installé debout dans la salle avec une bière à la main est l’occasion de regarder autour de moi la faune qui m’entoure. Je suis toujours très attentif à la musique d’attente, normalement sélectionnée par l’artiste. Je remarque l’excellent Drums of Death de FKA Twigs sur son non-moins excellent dernier album Eusexua, puis un peu après je suis surpris d’entendre un morceau d’Autechre. Je suis d’autant plus surpris qu’il s’agit de Dropp extrait du EP7 sorti en 1999, un de mes morceaux préférés de la très longue discographie du duo électronique d’avant-garde. Je trouve dans ce morceau d’Autechre une immense détresse, comme des tirs incessants de missiles sur une terre désolée. Le groupe se défend bien entendu de tout sens ou signification de ce morceau. La salle du ZEPP Shinjuku est récente et cela se note immédiatement, notamment par la présence de bandeaux d’écrans digitaux placés en hauteur faisant le tour de la salle. Sur la scène, un immense écran géant nous montre le nom d’4s4ki en écriture stylisée. Quand j’étais adolescent, j’aimais imaginer et dessiner ce genre d’écriture au design compliqué et parfois difficilement lisible. J’ai peut-être même imaginé des formes de lettres similaires à celles que je vois devant moi sur cet écran géant.

Le concert démarre à 19h pile. 4s4ki entre rapidement sur scène habillée d’une très jolie robe courte noire avec des froufrous roses et d’autres motifs roses. Les manches courtes laissent apparaître ses nombreux tatouages et des bracelets de cuir noir cloutés (pour le côté punk certainement). Elle n’est pas très grande (1m53) mais porte des bottes noires surélevées. Sur la scène est posée une petite estrade sur laquelle elle monte ou s’assoit. Derrière elle, un large pupitre doit cacher toute la machinerie électronique qui diffuse les sons du concert accompagnés de la voix d’4s4ki et de ses invités. Le concert durera exactement deux heures bien remplies par une setlist de 29 morceaux et quelques messages adressés au public. Elle est très à l’aise avec son public et n’hésite pas à répondre à ceux, au fond de la salle, qui l’interpellent d’une voix forte. J’aime beaucoup ce genre d’interactions qui étaient particulièrement présentes lors de ce concert. Après les premiers morceaux, elle avoue tout de même avoir le tract, ce qui ne se voit carrément pas sur scène. Le concert se déroule en deux parties clairement distinctes. La première voit 4s4ki interpréter principalement des morceaux de ses trois EPs les plus récents, mentionnés ci-dessus. Je les connais assez bien ce qui est agréable à l’écoute. Son interprétation est plutôt fidèle aux versions des EPs sauf qu’on ne ressent pas l’effet auto-tune qu’elle utilise régulièrement mais de manière toujours légère. Parmi les huit premiers morceaux de son concert, il y en a plusieurs qui comptent dans mes préférés dans sa discographie comme Hymn to the Ego (自我讃歌) du EP Jiai equal Jiai (慈愛equal自愛) avec ses nombreux décrochages électroniques qui rendent si bien dans une grande salle de concert. J’aime aussi beaucoup Cranky Eyes sur son dernier EP 44th Dimension et Ganbariyasan dakara ai shite (頑張り屋さんだから愛して) sur son EP Collective Obsession (集合体大好病). Ce dernier morceau est un duo avec Rinahamu (苺りなはむ) que j’aurais bien voulu voir sur scène aux cotés d’4s4ki pour chanter ce morceau. Elle n’était malheureusement pas présente, ce qui n’est pas étonnant car elle se trouve en ce moment aux États Unis pour l’édition 2025 du festival SXSW avec la formation Tokyo Den-Nou (東京電脳).

4s4ki enchaîne ensuite avec quelques morceaux précédents ces trois derniers EPs, notamment le morceau paranoia, tiré de l’album Killer in Neverland, qui est également un des morceaux que je préfère. Suit ensuite une courte période où elle s’installe devant un clavier pour interpréter seule deux morceaux dont le très poignant Gokuaku Hito (極悪人) de son EP Jiai equal Jiai (慈愛equal自愛). Son interprétation quasiment à capella révèle toute la puissance de sa voix, loin de toutes les distorsions électroniques qui l’entourent normalement. A travers ce morceau, on découvre une autre facette qu’elle développe plus souvent ces derniers temps, avec par exemple, un autre de ses morceaux récents Nee Kiite (ねえ聞いて) qui conclura plus tard le concert. 4s4ki entrecoupe son set de plusieurs messages au public, et revient sur la tournée de 2024 sur laquelle elle avait dû annuler certaines dates à la dernière minute, dont le final à Tokyo, pour un problème de santé qui lui avait fait passer un séjour à l’hôpital. Ce retour vers cet événement donne une force émotionnelle toute particulière à cette petite partie au clavier qui se poursuit et se conclut avec le morceau Chronicle (クロニクル).

La deuxième partie commence ensuite. 4s4ki nous annonce que ses musiciens amis vont l’accompagner pour chacun des morceaux qu’elle va interpréter. Ce n’est pas une surprise car les noms des invités étaient indiqués sur l’affiche du concert, et ils sont particulièrement nombreux, au nombre de 14 parmi lesquels des rappeurs, DJs et compositeurs électroniques. On retrouve donc sur scène Aviel Kaei de CVLTE, Akira Ishige (石毛輝) de the telephones, Itsuka (いつか) de Charisma.com, OHTORA, Gigandect, gu^2, KOTONOHOUSE, Gokou Kuyt, DÉ DÉ MOUSE, Minami Nakamura (なかむらみなみ), NUU$HI, Hanagata, maeshima soshi et Masayoshi Iimori. En plus de voir 4s4ki sur scène, c’était un vrai plaisir de voir tous ces autres artistes que je connais pour la plupart par leur musique respective et pour leurs collaborations avec d’autres artistes de la même mouvance musicale qu’4s4ki. CVLTE partage par exemple le très beau morceau tears in rain ;( avec Minami Hoshikuma (星熊南巫) et elle-même est apparemment une bonne amie d’4s4ki, à en croire certaines photographies sur Instagram. Aviel Kaei de CVLTE était particulièrement mystérieux sur scène, caché par une cagoule à grandes oreilles, apparaissant soudainement au milieu du morceau Liar accompagnant 4s4ki de son rap très puissant pour repartir aussitôt à la fin de sa représentation tel un ninja. 4s4ki nous commente ensuite qu’il est toujours comme ça, apparaissant et disparaissant sans crier gare. Chacun des artistes profitent de leur passage sur scène pour souhaiter un bon anniversaire à 4s4ki. Certains prennent même un malin plaisir à prononcer son prénom avec un fort accent américain comme si on l’annonçait comme compétitrice dans un match de boxe. 4s4ki présente à chaque fois les musiciens qui l’accompagnent en faisant part des liens qu’elle a avec eux. On sent très clairement qu’elle est heureuse de leurs présences successives autour d’elle et les invités lui rendent bien l’appareil en poussant l’ambiance. Sur le morceau Pink Gang, Akira Ishige (石毛輝) du groupe the telephones ne tient pas en place et engage le public. Il faut dire que le morceau qu’il interprète avec 4s4ki est très upbeat et déclenche tout de suite une énergie déferlante. Je connais l’artiste DÉ DÉ MOUSE depuis longtemps, depuis son morceau Baby’s Star Jam de 2007 en fait, et j’étais très curieux de le voir sur scène. À son arrivée derrière les platines, 4s4ki le présente comme un oncle qui aime les BPM (BPM好きなおじさん). Le morceau interprété, Esupā Shōgakusei (エスパー小学生) du EP Collective Obsession (集合体大好病), joue clairement dans la catégorie des beats BPM agressifs. J’avais d’abord été un peu décontenancé à la première écoute du morceau, mais ce genre de son en salle de concert avec un public acquis à quelque chose d’assez jouissif. DÉ DÉ MOUSE, qui semblait d’abord un peu réservé à son arrivée sur scène, se laisse facilement emporter par le rythme, monte sur le pupitre pour sauter ensuite en avant sur la scène aux côtés d’4s4ki. Il y avait quelques morceaux que j’attendais avec impatience comme Hyper Angry Cat (超怒猫仔) tiré de l’album du même nom. Mega Shinnosuke qui rappe sur ce morceau n’est malheureusement pas présent mais Minami Nakamura (なかむらみなみ) utilise bien son espace, extrêmement à l’aise sur scène et extravertie dans son short court et sa doudoune argentée. On entend quelques gros sons électroniques sur certains morceaux comme Punish avec Gu^2 (prononcé Gu Gu) ou pure boi avec Masayoshi Iimori. Lui aussi monte sur le pupitre pour accompagner la puissance des sons avec des mouvements de bras. J’étais également très curieux de voir ce dernier sur scène car j’ai écouté un certain nombre de morceaux qu’il a composé pour divers artistes, et je le compte parmi les compositeurs et producteurs électroniques qui comptent, tout comme Yohji Igarashi et, certains diront aussi, Sasuke Haraguchi (原口沙輔). Voir Itsuka (いつか) du duo hip-hop Charisma.com était également une bonne surprise car je connais ce groupe depuis plus de dix ans et j’avais beaucoup aimé son interprétation sur le morceau AI no Tohiko (AIの逃避行) de Kirinji. Elle rappait avec 4s4ki sur le morceau Maboroshi (幻), sorti sur un des premiers EPs d’4s4ki intitulé Nemnem. Le morceau ReEnd (再終焉) avec NUU$HI sur le EP Collective Obsession (集合体大好病) est un de mes préférés de sa discographie. Le morceau est particulièrement dense et brillant, et j’étais très satisfait d’entendre 4s4ki dire qu’il s’agit d’un des morceaux sur lesquels elle a le plus travaillé et qu’elle préfère. Elle évoque le long travail de composition avec NUU$HI qui semble acquiescer. On imagine que le morceau a été difficile à concevoir mais a au final apporté beaucoup de satisfaction. On pouvait également entendre quelques morceaux de son premier album Your Dreamland comme I picked up a prostitute’s iPhone (風俗嬢のiPhone拾った) avec maeshima soshi et Gokou Kuyt et Your Dreamland (おまえのドリームランド) avec KOTONOHOUSE. maeshima soshi et KOTONOHOUSE sont des présences importantes dans la discographie d’4s4ki et ces deux morceaux sont remarquables. La setlist est longue mais passe très vite car tout s’enchaîne très vite jusqu’aux rappels. Les « Encore » sont criés dans la salle et 4s4ki ne prend pas trop de temps pour revenir sur scène parmi nous. Je me disais qu’il manquait dans la setlist le single 35.5, qu’elle interprète finalement en tendant le micro vers le public.

Cette configuration de concerts en deux parties distinctes est intéressante. La deuxième partie avec tous les invités m’a rappelé le concert Option C d’AAAMYYY l’année dernière, sauf que le rythme avec 4s4ki est assez différent. Je pense que j’ai pu écouté pendant ce concert tous les morceaux que je voulais absolument entendre. J’en ai découvert quelques autres que je ne connaissais pas comme OBON ou STAR PLAYER, tous les deux présents sur l’album Castle In Madness. KOTONOHOUSE compose également ce dernier morceau. On le sent très proche d’4s4ki et c’est lui qui amènera le gâteau d’anniversaire surprise qui l’attendait à la toute fin du concert. Elle a 27 ans, ce 11 Mars 2025. Elle est très surprise et c’est touchant de la voir si heureuse sur scène entourée de tous ses amis musiciens réunis sur scène pour les derniers morceaux des rappels. Son équipe lui envoie également un message d’anniversaire sur les écrans entourant la salle. Elle est tellement surprise qu’elle tombe en larmes en lisant les messages (que je montre en photo ci-dessus). Une photographie de famille avec le public est également prise pour conclure le concert. On peut d’ailleurs m’apercevoir sur la gauche. Les lumières s’allument finalement après des derniers au revoir. C’est toujours un moment difficile de quitter la salle. Je n’avais pas été à un concert depuis environ cinq mois et ça avait fini par me manquer franchement. Dehors, dans les rues de Kabukichō, il y a foule dans les rues pour un jour de semaine. Il me reste des images et des sons en tête. 4s4ki partage peu de temps après le concert la setlist. Je la reconstruis sur mon iPod et ne me lasse pas de réécouter la suite de morceaux. Les photographies ci-dessus sont un mélange de celles montrées par le staff d’4s4ki sur X Twitter et mes propres photos. J’en montre également quelques autres sur mon compte Instagram.

Pour référence, je note ci-dessous la setlist du concert au ZEPP Shinjuku de la tournée Oneman Live Tour 2025 « 4444年 »;C4 d’4s4ki:

1. 失楽園仮説 (Lost Paradise Hypothesis), sur le EP 慈愛equal自愛 (Jiai equal Jiai)
2. trance train, sur le EP 44th Dimension avec Yultron
3. Cranky eye, sur le EP 44th Dimension avec Yultron
4. 自我讃歌 (Hymn to the Ego), sur le EP 慈愛equal自愛 (Jiai equal Jiai)
5. rEINsTaLL avec maeshima soshi, sur le EP 集合体大好病 (Collective Obsession)
6. you are gone but…, sur le EP 44th Dimension avec Yultron
7. Mona Lisa, sur le EP 慈愛equal自愛 (Jiai equal Jiai)
8. 頑張り屋さんだから愛して (Ganbariyasan dakara ai shite), sur le EP 集合体大好病 (Collective Obsession)
9. gemstone feat. Pupet, sur l’album Castle In Madness
10. paranoia, sur l’album Killer in Neverland
11. 極悪人 (Gokuaku Hito), sur le EP 慈愛equal自愛 (Jiai equal Jiai)
12. クロニクル (Chronicle), sur le double album 超怒猫仔 (Hyper Angry Cat)
13. 風俗嬢のiPhone拾った (I picked up a prostitute’s iPhone) avec maeshima soshi et Gokou Kuyt, sur l’album Your Dreamland
14. Don’t Look Back (feat. 4s4ki, maeshima soshi, RhymeTube, OHTORA & Hanagata)
15. 再終焉 (ReEnd) avec NUU$HI, sur le EP 集合体大好病 (Collective Obsession)
16. 天界徘徊 feat. 釈迦坊主 (Prowling in celestial world feat. Shaka bose), sur l’album Castle In Madness
17. Maboroshi (幻) avec Itsuka (いつか) de Charisma.com, sur le EP Nemnem
18. Punish avec Gu^2, sur le EP Here or Hell
19. Liar avec CVLTE, sur le double album 超怒猫仔 (Hyper Angry Cat)
20. pure boi avec Masayoshi Iimori
21. Pink Gang avec Akira Ishige (石毛輝) de the telephones
22. 超怒猫仔 (Hyper Angry Cat) avec Mega Shinnosuke et Minami Nakamura, sur le double album 超怒猫仔 (Hyper Angry Cat)
23. OBON avec Gigandect, sur l’album Castle In Madness
24. エスパー小学生 (Esupā Shōgakusei) avec DÉ DÉ MOUSE, sur le EP 集合体大好病 (Collective Obsession)
25. Your Dreamland (おまえのドリームランド) avec KOTONOHOUSE, sur l’album Your Dreamland
26. STAR PLAYER avec KOTONOHOUSE, sur l’album Castle In Madness
Rappels
27. 35.5 avec Masayoshi Iimori, sur le double album 超怒猫仔 (Hyper Angry Cat)
28. Shirley, sur l’album CODE GE4SS
29. ねえ聞いて (Nee Kiite)

Eternally Returning・Paradigm Shift

Une fois n’est pas coutume, je me suis décidé un peu au dernier moment à aller voir Haru Nemuri (春ねむ) en concert. Il restait des places pour la date de Tokyo de sa tournée 2024 Flee from the Sanctuary (サンクチュアリを飛び出して), qui est d’abord passée par Nagoya puis Osaka. Le concert de Tokyo avait lieu dans la salle de Shibuya WWW X le Vendredi 6 Septembre 2024. Son album Haru to Shura (春と修羅) sorti en 2018, le EP Kick in the World sorti la même année et les morceaux sortis avant cela dont le sublime Tokyo (Ewig Wiederkehren), m’avaient tellement marqué, que j’avais trouvé le EP Lovetheism suivant moins inspiré, à part le très beau Fanfarre. Je n’avais du coup pas écouté avec attention son album suivant Shunka Ryougen (春火燎原) sorti en 2022 et j’avais été assez partagé sur le EP INSAINT qui suivait en 2023. Depuis quelques temps, je suis la progression de la jeune compositrice et interprète rock Minori Nagashima (長嶋水徳), qui a participé en première partie à la date d’Osaka de la tournée d’Haru Nemuri. Cela m’a en quelque sorte rappelé à mes premiers souvenirs du choc qu’avait provoqué en moi la musique d’Haru Nemuri, mélangeant poésie rappée et rock parfois des plus virulents. Acheter un billet pour son concert a en quelque sorte attisé une flamme qui n’était pas éteinte, et je me suis ensuite mis à écouter son album Shunka Ryougen pour me préparer au concert, tout en me disant que j’avais eu tord de ne pas m’y être plongé plus tôt tant il regorge de morceaux puissants. Son style sur cet album est immédiatement reconnaissable, mais est en fait assez différent de Haru to Shura car plus varié dans son approche. Je me souviens avoir été un peu dérangé par les cris de type « death voice » qu’elle pratique sur quelques morceaux de INSAINT, mais ceux-ci interpellent sur les morceaux de Shunka Ryougen, notamment sur Never Let You Go (あなたを離さないで) et Shunka Ryougen (春火燎原), au point où cette rage qu’elle transmet dans sa voix me donne des frissons à chaque écoute. C’est un détail, mais le fait qu’elle utilise en interlude musical sur Shunka Ryougen une version, certes modifiée, du morceau Arabesque de Claude Debussy a fini par me convaincre que j’avais été très mal inspiré de ne pas avoir écouté cet album jusqu’à maintenant. Le morceau Never Let You Go (あなたを離さないで), ainsi que plusieurs autres, compte même parmi les morceaux que je préfère d’Haru Nemuri.

La prestation d’Haru Nemuri sur la scène de la salle WWW X de Shibuya, que je finis par bien connaître, était précédée de deux groupes. La première partie était assurée par un jeune artiste de 18 ans nommé Yatsui Ichijiku (奴居イチヂク) accompagné pour ce concert par le groupe EiQkessha (永Q結社). Suivait ensuite le groupe rock alternatif Mass of the Fermenting Dregs (en diminutif MOTFD ou Masudore), que je connais mieux même si je ne m’étais pas encore penché sur leur dernier album Awakening:Sleeping sorti en Août 2022. Le fait que Masudore joue en première partie d’Haru Nemuri m’a aussi convaincu que ce concert était une occasion à ne pas laisser passer. En fait, j’étais aussi très curieux de voir Haru Nemuri, car j’avais l’image d’une présence extrêmement dynamique et physique sur scène, du moins lors de ses tournées à l’étranger, où elle pouvait se jeter dans la foule. Je me suis demandé si elle pouvait être aussi proche du public sur une scène japonaise à priori plus réservée. Il s’avère qu’Haru a un talent certain pour animer la foule. Le concert démarrait à 19h pour une demi-heure en compagnie de Yatsui Ichijiku et de son groupe, suivi de Mass of the Fermenting Dregs à partir de 19:40 pour environ une heure de set et finalement Haru Nemuri à partir de 21:00 pour plus d’une heure.

Je suis arrivé quelques minutes avant 18h qui était l’heure annoncée d’ouverture de la salle WWW X. L’appel des numéros avait commencé avant l’heure et il n’y avait que peu de personnes regroupées devant la salle à ce moment là. Ça n’a pas empêché le staff de la salle de procéder à l’appel méthodique des numéros de places, et rapidement arriver jusqu’au numéro 300 vers lequel je me situais. Avec un tel numéro de place, j’aurais dû être placé dans la deuxième partie de la salle depuis la scène, mais le fait d’arriver tôt m’a permis de rentrer en avance et me placer proche de la scène au deuxième rang. Je ne souhaitais pas vraiment être trop près de la scène, sachant qu’Haru Nemuri fait parfois des sauts en diving dans la foule et qu’il faudrait éviter de se prendre une pointure de ses chaussures renforcées en pleine figure. J’entre au final dans la salle une heure en avance ce qui me laisse un peu de temps pour envoyer les messages traditionnels à Nicolas, et mahl également cette fois-ci, pour leur faire part de mon enthousiasme avant le début du concert. La salle se remplit petit à petit derrière moi. La proportion d’étrangers est plus importante que pour les concerts auxquels j’ai pu assister jusqu’à maintenant. Il faut dire qu’Haru Nemuri et Masudore font régulièrement des tournées à l’étranger, et ils entameront même très prochainement une tournée américaine. Je pense même qu’Haru Memuri et Masudore sont plus reconnus à l’étranger qu’au Japon. Pendant ce moment d’attente avant le début du concert, je reste attentif à la musique de fond qui nous fait patienter. Je me suis toujours demandé si ces morceaux d’attente étaient décidés par le management de salle ou par les artistes. Il semblerait que les choix de morceaux soient plutôt fait par l’artiste car Haru Nemuri partageait après le concert la playlist sur Twitter.

Pour la première partie, Yatsui Ichijiku et EiQkessha ont interprété 6 morceaux avec une énergie et une assurance assez bluffante. Le premier morceau était en fait joué par d’autres musiciens que ceux de EiQkessha puis un changement s’est opéré à partir du deuxième morceau. Les morceaux que j’ai pu écouter sur le premier et unique EP Temee no Sōmatō de mata Aou (テメェの走馬灯でまた会おう。) de Yatsui Ichijiku se base principalement sur une instrumentalisation électronique tandis que la formation lors du concert était plutôt orientée rock avec guitares et batterie. Le beat électronique était bien entendu présent et même particulièrement puissant sur certains morceaux. Yatsui Ichijuku maîtrisait très bien son set mais on sentait qu’il n’était pas complètement à l’aise lorsqu’il s’adressait à la foule pendant les quelques passages de MC. Leur set a passé assez vite car les morceaux se sont enchaînés avec beaucoup d’énergie.

Les interludes entre les groupes étaient heureusement assez courts. Pour la préparation du set de Masudore, j’étais assez surpris de voir les membres du groupe faire leurs ajustements d’instruments eux-mêmes. Il faut dire que Mass of The Fermenting Dregs est complètement indépendant, même dans la production de leurs albums, ce qui suppose qu’ils faut qu’ils fassent tout par eux-mêmes. Quelques membres du Staff étaient tout de même présents, dont une personne portant un t-shirt du feu groupe Ms.Machine, ce qui m’a bien étonné mais fait sourire. J’écoute Masudore depuis de nombreuses années et j’étais content de voir monter sur scène Natsuko Miyamoto (宮本菜津子) qui assure le chant et la guitare basse, Naoya Ogura (小倉直也) à la guitare et au chant, et Isao Yoshino (吉野功) à la batterie. Leur set est un mélange de leur dernier album Awakening:Sleeping et de quelques morceaux plus anciens. Je les connaissais tous à part un inédit qui n’est pas encore sorti en single. J’ai découvert leur dernier album Awakening:Sleeping récemment et je l’ai beaucoup aimé, notamment le long morceau quasiment instrumental intitulé 1960 qui était au centre de leur setlist de concert. Quelle puissance de guitares et de batterie! Nos oreilles n’en sortent pas tout à fait intactes, mais c’est un véritable bonheur. J’adore le jeu de guitare de Naoya Ogura, et le fait de le voir jouer sur scène, le visage caché dans ses cheveux noirs. C’est pour sûr un esthète car on a le sentiment que sa manière de se positionner sur scène est réfléchie, notamment par rapport à Natsuko Miyamoto qui se laisse entraîner par le flot des guitares et par les sensations qu’elles procurent. Il y a une certaine complémentarité dans leur manière d’être sur scène. Le batteur à l’arrière est forcément plus discret mais ça ne l’empêche pas de taper très fort. Pendant les moments de MC, Natsuko nous a rappelé la premiere rencontre de Masudore avec Haru Nemuri. C’était il y a sept ans et Haru démarrait sa carrière. Elle avait apparemment fait la première partie de Masudore et le concert d’aujourd’hui était en quelque sorte un retour d’ascenseur. Là encore, les morceaux se sont enchaînés sans temps mort avec toujours la même puissance. C’est assez agréable de reconnaître certains morceaux des premiers EPs, comme l’excellent Delusionalism par lequel j’avais découvert le groupe et que je n’avais pas écouté depuis longtemps.

À la fin du set de Masudore, la scène prend une toute autre forme. La batterie est poussée à droite et des équipements électroniques sont mis en place. Après le DJ et le batteur, Haru Nemuri entre ensuite en scène sur le morceau Destruction Sisters du dernier EP INSAINT puis enchaîne rapidement sur deux morceaux de son premier album Haru to Shura, Narashite (鳴らして) puis Sekai wo Torikaeshite Okure (せかいをとりかえしておくれ), ce qui met tout de suite la foule dans de bonnes conditions. Haru bouge beaucoup sur scène, danse en se laissant entraîner par le flot et le rythme de ses morceaux. Elle encourage d’entrée de jeu le public à montrer sa présence et à faire corps avec elle. Elle arrive très bien à engager le public, d’une manière que je n’avais pas constater sur les concerts que j’ai pu voir ces dernières années à Tokyo. Je pense que son expérience des concerts à l’étranger se ressent sur scène au Japon. Et une fois que le public est chaud, la tension ne redescend pas de si tôt et l’accompagne jusqu’au bout. Haru dépense beaucoup d’énergie sur scène, ça se voit et elle est même obligée de prendre quelques moments de pause entre deux morceaux pour souffler. Elle en profite pour s’addresser au public. On ressent qu’elle s’investit pleinement dans sa musique, ce qui me rappelle que les émotions qu’elle transmet sont tout à fait authentiques et même touchantes. Je me souviens avoir été parfois un peu agacé par ses coups de gueule nombreux sur les réseaux sociaux, mais on ressent à travers ses mots qu’il s’agit d’angoisses véritables qui la prennent au cœur et qu’elle a besoin de transmettre. Elle nous en parle un peu pendant ses passages adressés au public. Alors qu’elle semble épuisée après un morceau au milieu du set, une personne dans la foule lui demande si elle va bien: « Daijōbu ? ». Elle répond par la négative en rigolant: « Daijōbu ja nai! ». Et elle nous indique que cette question est en fait fort à propos car son prochain single prendra justement ce titre et ses paroles. Elle nous annonce qu’il s’agit d’une collaboration sur un EP avec le groupe américain Frost Children composé de deux sœurs. Le morceau Daijoubu Desu est disponible au moment où j’écris ces lignes, mais ne l’était pas au moment du concert.

Le set d’Haru Nemuri se compose de 14 morceaux sans rappels. Il faut dire que, dans sa totalité, ce concert dépasse déjà les 2h et demi. J’adore quand Haru se rapproche au plus près du public. On sent qu’elle en a besoin. Il y a une balustrade entre la scène et le public et elle n’hésite pas à monter dessus en s’aidant des mains du public pour se placer au dessus de l’audience. Elle a même fait un saut dans la foule à la fin du morceau Sekai wo Torikaeshite Okure. Comme j’étais au deuxième rang, il est arrivé plusieurs fois qu’elle se tienne debout juste devant moi. Je n’aime pas beaucoup me distraire du concert en prenant des photos ou des bouts de films mais je n’ai pas pu m’empêcher à ces moments là. Pour le dernier morceau intitulé Ikiru (生きる), elle se tenait également juste devant moi. L’émotion était très grande à ce moment là car elle retenait ses larmes à la toute fin du concert. C’est un moment très particulier que j’ai pu filmer et que je regarde encore maintenant, un peu plus d’une semaine après le concert. Encore une fois, on se dit qu’elle ne triche pas et que son attitude correspond souvent à un excès émotionnel. Le morceau Shunka Ryougen (春火燎原) qui précédait Ikiru était particulièrement prenant car elle a fondu en larmes en plein milieu. J’ai pensé à ce moment là qu’elle avait craqué, mais en fait non, elle reprend le dessus et continue à chanter. Je ressens cette dualité entre fragilité et force dans son chant, et cela a toujours été un aspect que j’ai aimé dans la musique d’Haru Nemuri. Ce concert me rappelle à tout cela, ponctué de messages existentiels entre la vie et la mort. Sa voix peut être puissante et dure sur des morceaux comme I refuse (わたしは拒絶する) et Never Let You Go (あなたを離さないで). En live, cette voix ressemblant à un cri est réminiscente du death metal. Elle donne froid dans le dos lorsqu’on l’écoute.

Une des surprises du concert était de voir le rappeur GOMESS soudainement débouler sur scène sur le morceau Rock’n’roll never dies (ロックンロールは死なない). Les deux avaient déjà chanté en duo sur le morceau sore eyes sorti en 2016. GOMESS assurait également la première partie de cette tournée d’Haru Nemuri à Nagoya et Osaka. Je connaissais son nom depuis longtemps pour des morceaux de Yackle (烏の餌 et Judge) avec la compositrice et interprète Utae dont j’ai souvent parlé sur ce blog. Pendant toute une partie de ce morceau, Haru se trouvait une nouvelle fois debout en hauteur portée par la main d’une spectatrice, tandis que GOMESS faisait des aller-retours sur scène. Il avait l’air d’être impressionné par l’ambiance qui régnait dans la salle. Sa voix puissante contribuait à mon avis très bien à faire monter la température. Je trouve que le costume de scène d’Haru et sa coiffure étaient très travaillés et vraiment magnifiques. Le costume un brin futuriste a été conçu par Lisa Tsuchiya. Alors que le concert s’achève déjà, Haru Nemuri accompagnée de son groupe descendent de la scène pour une photographie avec le public. On peut d’ailleurs me voir sur la gauche de la photo. Tout le concert a été filmé par un amateur de Glasgow qui lui avait demandé la permission préalable et qui avait déjà filmé son concert à Glasgow. J’espère que cette vidéo sera présente sur YouTube prochainement. Les photographies du billet sont prises par moi-même, par le photographe attitré Ed Sōta et par un membre du public nommé Yuasa qui a fait un travail intéressant sur le rendu de ses photos ressemblant à un traitement HDR. Je me permets de mélanger ces photos avec les miennes pour illustrer convenablement ce rapport de concert. Il est 22:30 et c’est le moment de sortir de la salle. En entrant, je n’avais pas vu un beau bouquet de fleurs au nom de NHK Venue 101. Je ne pense pas qu’Haru Nemuri soit déjà passée dans cette émission musicale de la NHK. Elle passera peut-être dans un avenir proche, ce qui serait une bonne nouvelle pour Haru en terme de visibilité locale. Sur les tables près de la sortie, des flyers annoncent déjà le prochain concert d’Haru Nemuri qui se déroulera dans cette même salle WWW X de Shibuya. Il s’agira d’un concert à deux artistes car Haru partagera l’affiche avec les rappeurs expérimentaux japonais Dos Monos, pour un concert le 11 Novembre 2024. Je ne connais pas la musique de Dos Monos, mais je connais par contre Zo Zhit, un des trois rappeurs du groupe, pour un duo avec AAAMYYY sur le morceau Tengu de son album Annihilation. Zo Zhit était également présent lors du concert Option C d’AAAMYYY. Sa voix puissante m’intéresse depuis un moment, et il faut que je jette prochainement une oreille attentive à la musique de Dos Monos.

Pour reference ultérieure, je note ci-dessous les set lists des trois groupes et artistes participant à la tournée Haru Nemuri Tour 2024 | Flee from the Sanctuary (サンクチュアリを飛び出して) le 6 Septembre 2024 dans la salle WWW X de Shibuya. Pour Yatsui Ichijuku, je lui ai en fait demandé directement et il m’a gentiment et très rapidement donné sa playlist sur Twitter.

Yatsui Ichijiku (奴居イチヂク) with EiQkessha (永Q結社):

1. テメェの走馬灯でまた会おう。
2. 首都圏絆創膏
3. TECHNICS
4. 愛いびぃ愛らゔゆぅ
5. ヨミへ…。
6. 魂のlv./永Q結社

Mass of the Fermenting Dregs (マスドレ – MOTFD):

1. Dramatic, de l’album Awakening:Sleeping
2. Sugar, de l’album No New World
3. New Order, de l’album No New World
4. Aoi, Koi, Daidaiiro no Hi (青い、濃い、橙色の日), du EP World is Yours
5. 1960 de l’album Awakening:Sleeping
6. New song
7. Delusionalism, du EP Mass of the Fermenting Dregs
8. Slow-motion Replay (スローモーションリプレイ), de l’album No New World
9. ASAHINAGU (あさひなぐ), de l’album No New World
10. World is Yours (ワールドイズユアーズ), du EP World is Yours

Haru Nemuri (春ねむり):

1. Destruction Sisters (ディストラクション・シスターズ), du EP INSAINT
2. Narashite (鳴らして), de l’album 春と修羅 (Haru to Shura)
3. Sekai wo Torikaeshite Okure (せかいをとりかえしておくれ), de l’album 春と修羅 (Haru to Shura)
4. I refuse (わたしは拒絶する), du EP INSAINT
5. Never Let You Go (あなたを離さないで), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
6. Souzou suru (そうぞうする), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
7. Who the fuck is burning the trees (森が燃えているのは), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
8. Pandora (パンドーラー), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
9. Flee from the Sanctuary (サンクチュアリを飛び出して), du EP INSAINT
10. Kick in the World (déconstructed), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
11. Rock’n’roll never dies (ロックンロールは死なない) feat.GOMESS, de l’album 春と修羅 (Haru to Shura)
12. Inferno (インフェルノ), du EP INSAINT
13. Shunka Ryougen (春火燎原), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)
14. Ikiru (生きる), de l’album Shunka Ryougen (春火燎原)

Et quelques videos pour conclure:
En complément du billet, je montre ci-dessous trois vidéos que j’ai pris pendant le concert et que j’ai publié sur Twitter, dont je donne déjà les liens dans le billet ci-dessus.


DAOKOWWWX

Le souci avec les concerts, c’est qu’on les attend pendant longtemps et les deux heures de live passent ensuite beaucoup trop vite. J’avais acheté mon billet pour le concert de DAOKO il y a environ deux mois, en me demandant à quoi pouvait bien ressembler ses concerts et quel pouvait bien être le spectateur type. Je me suis vite rendu compte qu’il n’y a pas de spectateur type, tout comme pour tous les autres concerts auxquels j’ai déjà assisté, car le public est divers et varié avec des tranches d’âges très différentes. J’ai toujours une petite crainte que le public soit beaucoup plus jeune que moi, mais je réalise à chaque fois que ce sont des inquiétudes infondées, même si l’âge moyen doit resté bien inférieur au mien. DAOKO ayant 27 ans, j’imagine que la moyenne d’âge des spectateurs du concert devait se trouver dans cet ordre d’idée. Il semblait y avoir des habitués qui l’interpellaient pendant les passages de MC devant le public. C’est d’ailleurs un aspect que je n’avais pas trop rencontré lors de précédents concerts, où personne ne se lançait vraiment à énoncer à haute voix ses pensées devant tout le reste de la salle vers l’artiste sur scène. J’ai aussi compris que la personnalité de DAOKO donnait envie au public de lui parler. Elle s’est exprimée plusieurs fois pendant le concert en prétendant ne pas être douée pour ces passages MC, mais il n’en est rien. Des concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, DAOKO est très certainement la plus bavarde. Elle nous dit d’ailleurs qu’on lui avait fait la remarque lors du concert d’Osaka, une semaine avant celui de Tokyo, qu’elle s’était beaucoup exprimée devant la foule et qu’elle ressentait comme une pression à s’exprimer autant pendant ce concert à Shibuya. DAOKO exprime ses pensées assez directement, elle aime plaisanter, l’autodérision et ça la rend extrêmement sympathique. Je pense que c’est la raison pour laquelle certaines personnes du public l’interpelle avec parfois un petit air taquin. Ce qui est amusant c’est qu’elle ne voulait pourtant pas trop parler pour qu’on ne dise pas ensuite sur les réseaux sociaux qu’elle parle trop plutôt qu’elle ne chante. Mais personnellement, j’adore ces moments avec le public, surtout qu’on la sentait particulièrement heureuse sur scène devant ses fans venus la voir.

J’ai donc assisté au concert qui se déroulait le Vendredi 14 Juin 2024 dans la salle WWW X de Shibuya en face du Department Store PARCO. Je connais bien la Live House WWW / WWW X car j’ai déjà assisté à deux autres concerts dans le passé dans ces salles: ceux de For Tracy Hyde dans la salle WWW X et de a子 dans la salle WWW. Ce concert à Shibuya était un des deux concerts de la petite tournée « Daoko “Slash-&-Burn” Tour 2024« . La première date était à Osaka le 9 Juin 2024 dans une salle nommée Anima (comme le titre d’un de ses albums). Le concert démarrait à 19h avec une ouverture des portes, comme toujours très organisée, un peu avant 18:15. La salle fait environ 600 places débouts et mon billet était dans le premier tiers. Il n’a pas fallu trop de temps pour entrer, prendre une bière au comptoir et trouver une place dans la salle. C’est devenu comme une routine même si l’excitation avant concert est toujours intacte. Pour cette tournée, Daoko est accompagnée d’un groupe de trois musiciens: Shunsuke Ochi (越智俊介) à la guitare basse, Yusuke Yoshida (吉田雄介) à la batterie et Masayuki Yoshii (吉井雅之) en manipulateur, c’est à dire assurant toute l’instrumentation électronique et les effets de voix, notamment. Au moment de la présentation des membres du groupe au début du concert, Daoko a même pris quelques dizaines de secondes pour expliquer le rôle précis du ’manipulateur’ situé juste derrière elle sur la scène.

DAOKO a interprété avec son groupe 23 morceaux pendant ce concert, dont, sans surprise, la totalité des douze morceaux du nouvel album Slash & Burn. Les morceaux du dernier album étaient entrecoupés par ceux d’albums et EPs plus anciens allant jusqu’à sa période indépendante avec le morceau Fog de son tout premier album HYPER GIRL (向こう側の女の子) et en passant bien sûr par son titre à grand succès Uchiage Hanabi (打ち上げ花火), dans sa version solo sans Yonezu Kenshi, de l’album Shiteki Ryokō (私的旅行). Elle démarre le set par le morceau SLUMP du dernier album et donne d’entrée de jeu le ton du concert. Par rapport à l’album, je trouve la voix de DAOKO beaucoup plus marquée et puissante, avec des parties rappées plus agressives qui entraînent très rapidement le public. Je m’étais donné une petite liste de morceau que je voulais qu’elle interprète pendant ce concert et SLUMP en faisait partie, tout comme Otogi no Machi (御伽の町) de l’album Anima. Ce morceau déchaîne même le public tant elle donne de la passion dans sa voix. La particularité du chant de DAOKO est qu’elle marque distinctement la dernière syllabe des mots qu’elle prononce dans son flot rappé, ce qui joue beaucoup sur le rythme et l’énergie qu’elle transmet à la salle. Cette énergie se transmet bien entendu en écoutant les albums mais est beaucoup plus palpable et même décuplée en live. Les spectateurs sont du coup assez vocaux à la fin de chaque morceau. Les paroles des morceaux de DAOKO sont denses, en raison de la composante rap quasiment omniprésente sur tous ses morceaux. J’ai cru voir un petit iPad posé en bas du micro et je pense qu’elle le regardait discrètement de temps en temps pour ne pas perdre le fil sur ses morceaux les plus récents.

Sur scène DAOKO bouge beaucoup, fait beaucoup de mouvements de bras parfois à destination du public, et les spectateurs font de même en réponse. Elle est vêtue d’une robe noire un brin gothique, assez ample avec un papillon (てふてふ – 蝶々) dans le dos en guise de noeud Obi (帯留め). Le début du concert continue sur un flot dense avec deux morceaux du EP MAD composé par Yohji Igarashi, à savoir MAD et spoopy, qui poussent la foule à bouger sur place et à la suivre dans ses mouvements. Le morceau Abon (あぼーん) du dernier album continue dans cette lancée très dynamique et contagieuse jusqu’au plus calmes Nanchatte (なんちゃって) et BLUE GLOW de l’album Slash & Burn et Ututu du EP du même nom. Je ne connaissais pas ce morceau Ututu aux airs jazz qui me plaisent beaucoup. Sur la totalité du set, il n’y avait que trois morceaux que je ne connaissais pas ou peu dont le très pop fighting pose du EP the light of other days, Fog dont je parlais plus haut et Ututu. Au milieu du concert, écouter le morceau Suisei (水星) a provoqué en moi une certaine émotion car il s’agit, avec ShibuyaK, de mon point d’entrée vers le monde musical de DAOKO. J’aurais aimé qu’elle interprète ShibuyaK car nous étions à Shibuya, mais ça n’a pas été le cas. Sans forcément passer tous les morceaux en revue, il y avait pour moi de nombreux points forts venant du dernier album, le mystérieux Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2) puis le turbulent GAMEOVER, le profond et hypnotique Akame no Biru (赤目のビル) que j’écoute religieusement comme tout le monde dans la salle, et un de ses meilleurs morceaux Tenshi ga ita yo (天使がいたよ) juste avant les rappels. C’est clair qu’on ne s’ennuie pas pendant son set, car son approche du chant est sans cesse mouvante, entre l’agressivité du hip-hop, ses transitions soudaines vers une voix de type idole, les effets sonores apportés sur sa voix par le manipulateur électronique…

Pendant un des passages adressés au public, elle se pose la question du surnom qu’elle pourrait donner à ses fans (un peu comme Sheena Ringo avec les OTK). Au début de sa carrière, elle se rappelle que la couleur bleue était prépondérante auprès des fans car elle portait elle-même beaucoup de bleu, notamment au moment de l’album Thank You Blue qui l’a fait connaître du grand public. Mais elle porte beaucoup moins de vêtements de couleur bleue et prend le soin de nous préciser qu’elle n’a jamais fait de fixation sur cette couleur. Elle nous fait part que ce surnom qu’elle imagine pour ses fans devait être en anglais, car elle a aussi un nombre de fans assez important à l’étranger, et propose finalement le nom « D(Daoko)-Lovers ». J’avais en fait déjà connaissance de cette appellation car elle l’a évoqué pour la première fois lors du concert d’Osaka la semaine d’avant, et je l’avais lu sur les réseaux sociaux. Je ne suis à vrai dire pas totalement convaincu par cette appellation mais on verra bien si elle restera dans les mémoires. Le passage qui suit devient un peu plus émotionnel car elle nous partage sa joie d’être sur scène avec son public et qu’elle aimerait qu’on la suive jusqu’à ses derniers jours (qu’on souhaite le plus tard possible). Elle demande ensuite ou public de lever la main si c’est la première qu’on assiste à un de ses concerts. Nous ne sommes pas en majorité mais les nouveaux venus comme moi sont assez nombreux ce qui semble lui faire plaisir. Après ses débuts indépendants il y a plus de 10 ans, elle est ensuite passée sur un label majeur en connaissant un succès certain et des collaborations notables, avec Yonezu Kenshi (comme mentionné plus haut), mais aussi Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) pour le single Step-up Love (ステップアップ), un duo avec Beck, un passage à Kōhaku sur NHK, mais a ensuite fait le choix de revenir vers une voie plus alternative et loin du mainstream avec l’album Anima. Je pense qu’elle a fait le choix d’être proche de ce qu’elle recherche sans subir l’influence des labels. Ça doit être une raison pour laquelle son dernier album est auto-produit sur son label Tefu Tefu (てふてふ) comme le papillon de son logo, et plus sur la Major Toy’s Factory. Ce genre de transitions doit être source de nombreux doutes et questionnements et je comprends la joie, qu’elle nous transmet sur scène, d’être parmi des habitués qui la suivent tout au long de son parcours et parmi de nouveaux ’adhérents’ qui viennent de la découvrir par son nouvel album.

Le concert se termine avec les rappels composés de deux morceaux. Il aura fallu l’applaudir longtemps avant qu’elle revienne sur scène, car elle nous explique que la salle de repos et de préparation des artistes est située a l’étage et qu’elle s’est fait mal au dos il y a quelques jours ralentissant ses mouvements dans les escaliers. Je ne sais pas la véracité de cette excuse car elle n’avait pas du tout l’air d’avoir des douleurs au dos sur scène. Elle commence par le morceau BANG! de l’album Thank You Blue puis au final, NovemberWeddingDay de Slash & Burn. Elle nous explique qu’elle a écrit ce morceau pour sa grande sœur qui s’est mariée, mais qu’elle avait du mal adhérer vraiment à son propre morceau car elle est elle-même célibataire à 27 ans. Elle conclut finalement que ce morceau n’est pas vraiment une chanson de mariage mais un cri d’amour envers ses fans. Pour une raison technique assez floue, ou une erreur qu’elle aurait commis dans le texte, elle décide de chanter ce morceau une deuxième fois, et ça conclura ce superbe set. Et quand il est finalement l’heure de partir car les lumières se sont rallumées, je ne peux m’empêcher de passer par la boutique pour acheter un t-shirt reprenant le nom stylisé DAOKO à l’avant et le logo de papillon à l’arrière. Le nom stylisé de DAOKO n’utilise que des forme de triangles et des ronds pleins, ce qui correspond très bien avec les néons intérieurs de la salle WWW X, que je montre en photo ci-dessus pour me rappeler de cette correspondance involontaire. J’achète en fait assez souvent un t-shirt avant ou après un concert que je vais voir et, cette fois-ci, je le porte dès le lendemain pour regarder DAOKO à la télévision.

C’est assez surprenant de voir à la télévision un ou une artiste qu’on a vu le jour d’avant en concert. Elle était en fait invitée par Sheena Ringo pour interpréter en duo le morceau 余裕の凱旋 (a triumphant return) de son album Hōjōya (放生会), lors de l’émission With Music sur la chaîne Nippon Television (日テレ). Sheena Ringo et DAOKO étaient toutes les deux habillées de la même robe blanche avec inscriptions rouges en français, de boots surélevées et d’un chapeau de fanfare. Elles se ressemblaient même beaucoup sur scène avec une chevelure blonde similaire. Je suis comme fasciné par les photos de DAOKO dans cette tenue, car je trouve que ça lui va très bien même si ce n’est pas une tenue qui est en adéquation avec son style de musique, ni un style vestimentaire facilement portable dans la vie de tous les jours. Je ne sais pas si Ringo a fait le choix de cette tenue, mais je lui trouve un petit brin de magie. Ce n’est pas désagréable de voir Ringo et DAOKO chanter ensemble à la télévision, d’autant plus qu’il s’agit d’un des morceaux que je préfère de l’album, même si j’ai beaucoup de morceaux préférés sur l’album Hōjōya. Ringo avait écrit un message officiel pour donner ses impressions sur l’album Slash & Burn, sur DAOKO avait relayé sur Twitter avec une joie et une émotion non dissimulée. Je me demande quelle peut être pour DAOKO l’influence de ce duo avec Ringo sur les ventes de son album Slash & Burn. J’imagine qu’elle doit être très bénéfique. Ringo mentionnait sur son message qu’elle aimerait voir DAOKO en live, mais j’imagine bien qu’elle n’était pas présente dans la salle du WWW X, sinon on l’aurait très certainement remarquée. Je n’étais en tout cas pas mécontent de voir le batteur Yusuke Yoshida, échappé temporairement de Tricot, sur scène avec DAOKO. Je l’avais bien sûr entendu jouer lors du concert de Tricot le mois dernier, et c’était intéressant de le retrouver une nouvelle fois sur scène dans un configuration très différente. Sans surprise, il s’en est sorti merveilleusement bien. Il a l’air d’être doué en toute circonstance, en plus d’être sympathique bien qu’assez discret. Sur le morceau Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2), j’étais d’ailleurs assez surpris de l’entendre jouer du djembe, car je ne l’ai jamais vu jouer de ce genre de percussions africaines lors de concerts de Tricot.

La plupart des photographies ci-dessus ont été prises pendant le concert par le photographe Sei Shimura, qui était pas loin derrière moi car je me reconnais de dos à droite sur la première photographie du billet. DAOKO les a publié sur ses comptes Twitter et Instagram. Certaines de photos sont les miennes, nais il était interdit de photographier et de filmer pendant la durée du concert, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Ça devrait être même systématique, mais ça reste encore très largement la règle implicite au Japon.

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Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la playlist du concert Slash & Burn tour 2024 de DAOKO au WWW X de Shibuya le 14 Juin 2024:

1. SLUMP de l’album Slash & Burn
2. Otogi no Machi (御伽の町) de l’album Anima
3. FTS de l’album Slash & Burn
4. MAD du EP MAD avec Yohji Igarashi
5. spoopy du EP MAD avec Yohji Igarashi
6. Abon (あぼーん) de l’album Slash & Burn
7. Nanchatte (なんちゃって) de l’album Slash & Burn
8. Ututu du EP UTUTU
9. BLUE GLOW de l’album Slash & Burn
10. Cinderella step de l’album Thank You Blue
11. Suisei (水星) de l’album Daoko
12. ONNA de l’album Slash & Burn
13. Kō×2 + Uso×2 (好×2 + 嘘×2) de l’album Slash & Burn
14. Fog de l’album HYPER GIRL (向こう側の女の子)
15. GAMEOVER de l’album Slash & Burn
16. Ai no Loss (愛のロス) de l’album Anima
17. fighting pose du EP the light of other days
18. Akame no Biru (赤目のビル) de l’album Slash & Burn
19. Sute chatte ne (捨てちゃってね) de l’album Slash & Burn
20. Uchiage Hanabi (打ち上げ花火) (DAOKO SOLO ver.) de l’album Shiteki Ryokō (私的旅行)
21. Tenshi ga ita yo (天使がいたよ) de l’album Slash & Burn
22. BANG! de l’album Thank You Blue
23. NovemberWeddingDay de l’album Slash & Burn

Right Brain / Left Brain

Une fois n’est pas coutume, la salle de concert où je vais ce soir n’est pas située à Shibuya mais dans le quartier de Negishi près d’Ueno. Il s’agit d’une salle nommée Tokyo Kinema Club (東京キネマ倶楽部). La station la plus proche est celle d’Uguisudani sur la ligne Yamanote mais je préfère descendre à la station précédente, celle d’Ueno, pour profiter d’une petite promenade dans le calme du parc avant les effluves de guitares qui vont assaillir mes oreilles. Le concert que je vais voir ce soir, le Vendredi 10 Mai 2024, est celui du groupe rock Tricot mené par Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) au chant et à la guitare, avec Motifour Kida (キダ モティフォ) à la guitare et aux chœurs, Hiromi Hirohiro (ヒロミ・ヒロヒロ) à la basse et aux chœurs et Yusuke Yoshida (吉田雄介) à la batterie. Le nom donné à ce concert est Unō Sanō (右脳左脳), Right Brain Left Brain, qui est également le titre d’un des morceaux du groupe sur l’album Makkuro (真っ黒), un de leurs meilleurs albums bien que les albums de Tricot soient difficiles à départager. C’est en fait la troisième fois que je vais voir Tricot en concert. Il faut dire que le groupe se produit assez souvent, même lorsqu’il n’y a aucune sortie d’album ou de single prévue, ce qui était le cas cette fois-ci. Les deux fois précédentes, la première à Toyosu et la deuxième au Liquidroom d’Ebisu, étaient des concerts liés directement à la sortie d’un nouvel album de groupe. J’ai presque inconsciemment pris le rythme de voir sur scène Tricot une fois par an, ce qui me convient très bien tant j’aime la musique du groupe et leur énergie contagieuse lors des concerts. J’ai par contre eu un peu de mal à avoir une place cette fois-ci, n’étant pas membre du fan club. J’en n’ai pas pu avoir de place à la première loterie mais j’ai heureusement été plus chanceux à la deuxième loterie. Ma place était par conséquent plutôt en fond de salle, mais la configuration de celle-ci en largeur et le fait qu’on n’était pas serré comme des sardines malgré que le concert affichait complet, me donnait tout de même une bonne vue sur la scène. Il y a toujours un peu de stratégie à avoir au moment d’entrer en salle, car il faut trouver une position avec devant soi des têtes plus basses que la sienne et un emplacement plutôt vers la droite pour se trouver du côté d’Ikkyu. Une des raisons de la difficulté relative d’avoir des billets était la présence d’une première partie. La mini-tournée Unō Sanō se déroule en fait en deux dates, une ce soir à Tokyo avec le groupe PEDRO en première partie, et une autre date à Osaka avec les rappeuses de Chelmico. J’aime assez le hip-hop cool de Chelmico, mais je ne suis pas mécontent de voir PEDRO à Tokyo et c’est en fait l’annonce de cette première partie qui m’a donné envie de voir les deux groupes PEDRO + Tricot en concert. Vu le nombre important de personnes portant un t-shirt de PEDRO dans le public, on peut comprendre assez rapidement pourquoi les places sont vite parties. Je pense que le rock de Tricot et celui de PEDRO sont un bon match, donc le public a dû s’y retrouver. C’était mon cas. J’ai déjà parlé plusieurs fois du groupe PEDRO sur ce blog. Il s’agit d’un groupe japonais, malgré ce que le nom pourrait laisser penser, composé d’Ayuni D (アユニ・D) au chant et à la basse, d’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) à la guitare et de Yumao (ゆーまお) à la batterie. PEDRO est officiellement le projet solo d’Ayuni qui évoluait dans le groupe d’idoles alternatives BiSH jusqu’à leur dissolution en 2023. Je parle aussi très souvent de la guitariste Hisako Tabuchi sur ce blog. Elle était bien sûr guitariste du groupe Number Girl (ナンバーガール) mené par Shutoku Mukai (向井秀徳), mais faisait également partie d’autres groupes comme bloodthirsty butchers (ブラッドサースティ・ブッチャーズ). Elle joue encore maintenant dans le groupe Toddle (トドル) que je ne connais que de nom. Hisako Tabuchi a aussi joué occasionnellement avec Sheena Ringo, que ça soit au tout début de sa carrière sur Σ en 2000 ou beaucoup plus récemment sur le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) de 2023. Elle a également joué dans des groupes éphémères de Sheena Ringo, notamment Hatsuiku Status (発育ステータス) pour la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) en Juin et Juillet 2000, et le groupe Elopers qui accompagnait Sheena Ringo et Atsushi Sakurai (櫻井敦司) de Buck-Tick sur le morceau Kakeochisha (駆け落ち者) de l’album Sandokushi (三毒史) sorti en 2019. Mentionner ici le concert Gokiritsu Japon me ramène quelques années en arrière alors que je m’étais donné comme mission d’écrire un rapport sur ce blog de tous les concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Cette mission est achevée et on reconnaîtra peut-être un jour la qualité de ce travail! Tout ceci pour dire que c’est avec une certaine émotion que je vois et écoute Hisako sur scène ce soir, d’autant plus que son jeu de guitare est irréprochable. J’étais également impatient de voir sur scène Ayuni D, de son vrai nom Ayuko Itō (伊藤亜佑子), car je la suis dans le groupe BiSH depuis ses débuts (elle est arrivée en cours de route en 2016) et sur son projet PEDRO depuis le premier album. Je n’ai certes pas suivi très assidûment tous les albums de PEDRO, au mieux quelques singles de chaque album, et je m’attendais donc à faire des découvertes. La composition du groupe est intéressante car Ayuni est encore jeune à 24, tandis qu’Hisako a le double de son âge (48 ans) et est une vétérante reconnue de la scène rock japonaise. C’était d’ailleurs amusant de voir la guitariste Motifour Kida de Tricot, qui pourrait très bien elle-même devenir une grande figure dans le petit monde des guitaristes japonais, vouer une admiration pour Hisako Tabuchi. Motifour portait même pendant le concert de Tricot, le T-shirt de PEDRO qu’Hisako portait également pendant leur prestation sur scène. Une photo sur Twitter immortalise cette rencontre de guitaristes de haut vol. Bref, tout ceci m’enthousiasme énormément. Un autre petit détail amusant est que le batteur de Tricot, Yusuke Yoshida, est apparemment fan de BiSH et d’Ayuni D comme le révèle Ikkyu lors d’un passage de MC du concert. Ikkyu mentionne également qu’elle ne s’attendait pas à une réponse positive lorsque son groupe a proposé à PEDRO de faire leur première partie à Tokyo. Ikkyu mentionne également avoir été agréablement surprise de recevoir un petit message (en DM sur un réseau social non nommé) d’Ayuni le jour d’avant le concert pour souhaiter que tout se passe bien. La formation d’idole, même alternative, doit certainement former à ce genre de choses entre les personnes. Ikkyu n’avait apparemment pas l’habitude de recevoir ce genre de petit message plein de bonnes intentions, car le monde du rock est forcément impitoyable. Elle a en tout cas beaucoup apprécié car c’est devenu un sujet récurrent des passages MC du concert.

Le concert se déroule au Tokyo Kinema Club, qui est un endroit assez particulier. Il s’agissait initialement d’un grand cabaret construit il y a plus de 40 ans. C’est un endroit où les clients pouvaient discuter avec des hôtesses tout en buvant de l’alcool et payant au final une addition rondelette. Après avoir fermé ses portes, la salle du cabaret est restée non utilisée pendant plusieurs années pour ensuite devenir une salle de spectacle. Elle a conservé son décor de style Showa, avec réception luxueuse d’une autre époque, et son velours sur les meubles. La salle se trouve au cinquième étage du bâtiment et est surmontée de balcons circulaires qui n’étaient pas accessibles. Il était interdit de prendre des photos à l’intérieur mais je me suis, comme d’autres, quand même permis d’en prendre une de la scène. Pour l’appel des numéros de billets avant l’entrée méthodique dans la salle, on nous avait fait attendre dans une pièce au rez-de-chaussée ressemblant à un garage en construction. Les fils électriques dépassaient des murs de béton et le sol carrelé était en grande partie défoncé. Bref, cet endroit fait pleinement partie de l’expérience particulière du concert. L’acoustique dans la salle était heureusement très bonne. La première partie du concert commence sans délai à 19h. Je suis surpris de la ponctualité. PEDRO entre sur scène sous la musique du morceau Kaeru (還る) de leur album récent Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに). Une grande majorité des morceaux interprétés ce soir proviennent de cet album et je ne reconnais que deux morceaux dans le set: Shunkashūtō (春夏秋冬) dont j’avais déjà parlé dans un précédent billet et Roman (浪漫) d’un album du même nom sorti en 2020. J’aime beaucoup l’énergie que dégage le groupe sur scène. Les riffs de guitares d’Hisako sont impeccables et accrocheurs. Ayuni se laisse emporter par le flot musical et on la voit souvent pencher la tête en arrière comme si elle se noyait dans sa musique. Je le mentionnais régulièrement lorsque j’évoquais la musique de PEDRO et même de BiSH, la voix particulière d’Ayuni, assez aiguë et imparfaite par moment, peut surprendre, mais c’est cette particularité qui fait un des intérêts et charme de ce groupe surtout quand cette voix se mélange à des mouvements de guitare parfaitement exécutés. Je trouve le public très présent lors de la représentation de PEDRO. Il y a très certainement des fans acharnés. C’est à mon avis un signe que les restes de la crise sanitaire ont complètement disparus. La plupart des morceaux du set me plaisent dès la première écoute live, ce qui me décidera donc à écouter un peu plus tard ce dernier album en entier. Le riff de guitare sur le morceau Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) est par exemple un véritable bonheur en live. La voix d’Ayuni sur Omomuku mama ni (赴くままに) est superbe d’intensité. Le morceau Senshin (洗心) qui se trouve au centre du set de 11 morceaux est peut-être le morceau que je préfère, car je trouve les paroles assez touchantes. Ayuni est toujours très humble dans son approche de la musique, indiquant vouloir faire de son mieux mais admettant qu’elle doit toujours s’améliorer. C’est d’ailleurs assez amusant de la voir sur scène, un peu maladroite hors des morceaux mais complètement imprégnée dès que la musique démarre. Il n’y a qu’un seul passage de MC adressé au public et Ayuni est la seule à parler. Elle sent le besoin de se présenter et d’indiquer qu’elle chantait auparavant dans le groupe BiSH, ce que tout le monde dans la salle doit déjà savoir. C’est dommage qu’Hisako Tabuchi ne prenne pas la parole, mais ceci s’explique sans doute du fait que PEDRO est avant tout un projet solo d’Ayuni D. Ça peut paraître étrange vue la carrière extensive d’Hisako, mais on ressent aucun déséquilibre dans la formation qui a tout de même déjà sorti cinq albums et deux EPs. Je n’imaginais pas à l’écoute du premier album THUMB SUCKER (サム・サッカー) de 2019 que ce projet durerait aussi longtemps et arriverait à trouver aussi bien ses marques. Avec BiSH, Ayuni D a quand même passé de nombreuses fois à la télévision, incluant Kōhaku sur NHK (la 72ème édition), ce qui me fait penser qu’elle doit être la personnalité présente à ce concert la plus connue du grand public. Vers la fin du set, PEDRO revient vers des morceaux de l’album précédent Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました), à savoir Mahō (魔法) et Sutte , Haite (吸って、吐いて). Je ne connaissais même pas l’existence de cet album, il faudra le découvrir. Le set de PEDRO est assez long mais passe très vite. Une pause d’une vingtaine de minutes permet de changer les instruments pour le set suivant de Tricot.

Ce temps de préparation semble assez long car le public avait été réchauffé par la prestation de PEDRO et la tension tombe un peu. La chaleur est par contre bien présente et une personne aura même un malaise au début du set de Tricot. Le groupe joue 13 morceaux incluant un rappel. Il n’y a malheureusement aucun nouveau morceau, mais une sélection provenant des albums existants avec une plus grande proportion venant de l’album Makkuro (真っ黒). Par rapport à PEDRO, je suis en terrain connu avec Tricot car j’ai tous les albums et déjà entendus certains morceaux plusieurs fois en live. C’est par exemple le cas du morceau Himitsu (秘密) de l’album Makkuro, qui est un grand classique des concerts de Tricot et un des morceaux les plus remarquables du groupe. La playlist du concert a cette fois-ci été entièrement pensée par la bassiste Hiromi. C’est un privilège qui lui est donné cette fois-ci, car elle va bientôt faire une pause en attente d’un heureux événement. Elle l’avait en fait déjà annoncé sur les réseaux sociaux quelques jours auparavant et il n’y avait pas de grande surprise dans le public. Ça a été l’occasion de la féliciter en direct. Pendant tout le set, je n’ai pu m’empêcher d’être un peu perturbé par la question de savoir si c’est bien bon pour son futur bébé d’entendre des sons aussi forts, car les sets des deux groupes sont particulièrement riches en guitares et les batteurs nous font ressentir leurs percussions jusqu’à notre colonne vertébrale. Ikkyu pose finalement la question à Hiromi qui n’a pas l’air de trop s’inquiéter car elle part en pause assez tôt. Son dernier concert sera celui d’Osaka pour cette tournée. Tricot ne s’arrêtera pas pour autant, et Hiromi indiquait devant les questions insistantes d’Ikkyu qu’elle reviendra après son congé maternité. Ikkyu nous fait ensuite part de son idée saugrenue d’engager Ayuni D comme bassiste pour Tricot pendant la période d’absence d’Hiromi. Les membres de Tricot semblent tout à fait satisfait de ce remplacement à l’amiable, et déclarent que c’est un marché conclu, sans en avoir parlé au préalable avec l’intéressée. Ce petit passage fait bien rire le public, car Ikkyu imagine déjà tout haut le mécontentement possible d’Ayuni face à cette décision prise à son insu. Tout ceci n’est bien sûr qu’une plaisanterie. Les échanges de musiciens dans le petit monde du rock sont relativement fréquents et je viens d’apprendre juste après le concert que Yusuke Yoshida de Tricot sera derrière la batterie du prochain concert de DAOKO au mois de Juin 2024. Ça sera normalement le prochain concert que j’irais voir et ça sera amusant de voir Yoshida kun accompagné DAOKO plutôt qu’Ikkyu. J’imagine que cette « infidélité » était d’un commun accord entre les deux, qui sont à priori des bonnes amies si on en croit les réseaux sociaux. Le set commence par le morceau Noradrenaline de l’album A N D, qui se trouve être le premier morceau du premier album de Tricot que j’ai écouté. De l’album Makkuro, Tricot interprète forcément le morceau Unō Sanō (右脳左脳), car c’est le titre du concert. J’aime beaucoup ce morceau notamment pour l’ambiance de sa vidéo que se déroule en partie sur une passerelle pour piétons à Ebisu que je connais très bien pour l’avoir souvent prise en photo. L’ambiance est fidèle aux précédents concerts du groupe auxquels j’ai pu assister. Je trouve qu’elles se sont un peu plus amusées dans les introductions et certains morceaux étaient l’occasion de partir vers des étendues bruitistes, qui sont restées tout de même assez bien maîtrisées. La guitariste Motifour Kida aime toujours se déplacer au moins une fois du côté d’Ikkyu pour essayer de l’embêter et lui piquer la vedette. Mais la véritable vedette de ce concert est Hiromi, qui parle même pendant un des passages de MC. Ikkyu s’étonne de cette intervention et nous fait part du fait que c’est chose rare qu’Hiromi s’adresse au public. C’est peut-être même la première fois. C’est vrai que je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu parler en concert. Tout comme Yusuke Yoshida, elle est relativement discrète, surtout par rapport à Ikkyu et Kida qui mènent souvent la discussion. Le groupe couvre étonnamment assez peu de morceaux des derniers albums car un seul est tiré du dernier Fudeki (不出来), le morceau titre justement, et aucun de l’album d’avant Jōdeki (上出来). J’étais surpris de ne pas voir Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) de l’album THE dans la setlist car c’est aussi un grand classique qui permet au groupe de s’amuser en le triturant à l’excès. L’excellent WARP de l’album 10 faisait par contre partie du concert, tout comme Naka (なか) de l’album Makkuro. Ces morceaux ont la particularité d’avoir des passages rappés par Ikkyu, ce qui me fait d’ailleurs penser que la combinaison avec Chelmico pour la date d’Osaka n’est pas du tout incongrue. Il y a parfois cet esprit hip-hop dans les morceaux de Tricot, ce qui sort clairement le groupe de son étiquette de groupe de math rock. Je sentais Tricot jouer sans pression, même si on ne voit jamais aucune pression transparaître d’Ikkyu qui a l’air toujours très cool en toute occasion. C’est peut-être une impression que j’ai en raison de sa manière de parler un peu nonchalante. Je ne serais pas loin de croire qu’elle est originaire de Nagano, mais en fait non, elle est originaire de la préfecture de Shiga. Comme pour PEDRO, le public est très engagé et il me semble un peu plus vocal que d’habitude. Ça fait plaisir de ressentir cette ambiance. Je pense que Tricot aime d’ailleurs partager l’affiche de cette manière. Ça sera également le cas pour leur prochain concert au Liquidroom qui aura lieu en Septembre 2024, à priori sans Hiromi.

Pour le morceau de rappel, Hiromi donne au public un choix de trois morceaux qu’on choisira grâce au volume sonore des applaudissements. Plusieurs crient bien sûr qu’ils veulent écouter les trois morceaux à la suite. Ce sera finalement le morceau Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3 qui conclura le set de Tricot. Une petite photo de famille sera ensuite prise avec Tricot et Ayuni D de PEDRO. Au final, le concert s’achève vers 9:30, ce qui fait un peu plus de deux heures de live, en comptant l’entracte, pour un total de 24 morceaux joués. Pour un peu plus de 5000 Yens la place, c’est quand même assez avantageux. Tous les concerts auxquels j’assiste sont dans ces prix à part celui de Sheena Ringo qui était au double. Les lumières se rallument après les remerciements et on nous demande gentiment de ne pas prendre de photos de la scène, ce qui est plutôt étonnant. J’ai toujours un peu de mal à vouloir sortir. Une fois dehors, les oreilles sonnent. Plus de deux heures de guitares et de batterie virulentes laissent un petit souvenir qu’on gardera en tête pendant plusieurs heures. Je ne commence pas l’écriture de ce billet dans la foulée, mais je me surprends moi-même d’avoir autant le courage d’écrire sur les concerts que je vais voir. C’est en quelque sorte mon message de remerciements aux groupes.

A part les photos du début du billet, les autres sont glanées sur les compte Twitter de PEDRO et de Tricot. Ci-dessous les setlists de deux groupes pour référence ultérieures:

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – PEDRO Setlist:

1. (intro) Kaeru (還る) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
2. Shunkashūtō (春夏秋冬) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
3. Green Heights (グリーンハイツ) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
4. Music (音楽) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
5. Roman (浪漫) de l’album Roman (浪漫)
6. Senshin (洗心) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
7. Omomuku mama ni (赴くままに) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
8. Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
9. Mahō (魔法) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
10. Sutte , Haite (吸って、吐いて) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
11. Yosei (余生) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – Tricot Setlist:

1. Noradrenaline de l’album A N D
2. Omotenashi (おもてなし) de l’album T H E
3. Himitsu (秘密) de l’album Makkuro (真っ黒)
4. Anamein (アナメイン) du mini-album Bakuretsu Toriko-san (爆裂トリコさん)
5. Echo (エコー) de l’album 3
6. WARP de l’album 10
7. E de l’album A N D
8. Unō Sanō (右脳左脳) de l’album Makkuro (真っ黒)
9. Naka (なか) de l’album Makkuro (真っ黒)
10. Boom ni Notte (ブームに乗って) de l’album Makkuro (真っ黒)
11. Shokutaku (食卓) de l’album A N D
12. Fudeki (不出来) de l’album Fudeki (不出来)
13. (Rappels) Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3