Au bord de la rivière Meguro, un centre d’entrainement au golf (assez fréquent en ville au Japon) vient se coller aux bureaux d’une société de taxi avec un parking en dessous du terrain. Espérons que les balles de golf ne traversent pas les mailles du filet au dessus des taxis stationnés.
Le rez de chaussée de cette barre d’immeuble près de Ebisu est occupée par un parking et un centre de maintenance pour une compagnie de bus. Un immeuble multi-fonction pouvant présenter quelques désagréments pour les résidents: le bruit du va-et-vient des bus et les odeurs d’échappement.
Made In Tokyo est un guide assez particulier sur Tokyo. Il regroupe des immeubles et infrastructures présentant des déviations de leurs fonctions premières: un immeuble d’apartements servant également de parking pour bus, ou une compagnie de taxi supportant un terrain de golf, comme apercus sur les deux photos ci-dessus.
Dans les immeubles de Made In Tokyo, aucun espace n’est perdu, chaque espace est utilisé pour des fonctions souvent inattendues: les espaces vides sous les autoroutes suspendues du centre ville sont transformées en grands magasins à Yurakucho, le toit d’un hangar géant d’une manufacture de papier à Iidabashi supporte les terrains de tennis d’une école, une autre école de conduite automobile possède un circuit d’entrainement sur les toits d’un grand supermarché Ito Yokado. Les immeubles de Made In Tokyo ne sont pas remarquables par leur architecture innovante, leur esthétique ou par l’avancement technologique des matériaux utilisés, mais par un savant mélange de fonctions utilitaires du génie civil que l’on n’imaginerait à priori pas cohabitées. Ces fonctions sont souvent additionnées à la verticale sur les immeubles pour répondre aux soucis de place: une station service occupe le rez de chaussée et le premier étage d’une tour de bureaux, le premier étage est au niveau d’une autoroute suspendue et y est relié.
Made In Tokyo présente une vue très souvent surprenante de la ville bien que le tokyoite initié ne soit plus tellement surpris par les tours de karaoke, par les établissements de patchinko entourés de prêteurs d’argent ou par les immeubles décorés d’enseignes publicitaires géantes. Les exemples intéressants ne manquent pourtant pas, comme les deux pris en photo ci-dessus, deux endroits que j’ai eu la suprise de voir apparaître dans le livre. Made In Tokyo classe toutes ces architectures fonctionnelles par thême et chaque exemple est expliqué: pourquoi tel batiment à l’apparence à priori anodine a été choisi. Un dessin sur chaque exemple exlique les différentes fonctions, chaque immeuble se voit donné un surnom faisant allusion aux fonctions implémentées.
Ca fait un petit moment que je connais ce petit livre de Junzo Kuroda, Momoyo Kaijima et Yoshiharu Tsukamoto de l’atelier d’architecture Bow Wow. Je l’ai souvent feuilleté et l’ai finalement acheté dernièrement, un peu à la suite d’un des commentaires de ce blog à ce sujet.
Il y a t’il un lien entre le nom de ce blog et le bouquin de Bow Wow? Non, j’avais choisi ce titre de site internet sans connaître le bouquin et je n’avais pas encore à l’époque l’intérêt que j’ai maintenant pour l’architecture de Tokyo. La photographie m’a en fait mené à l’architecture. Mon intérêt pour l’architecture a peut être également grandi de manière inconsciente en prenant connaissance de l’existence de ce bouquin, mais l’architecture qu’il présente (la « da-me » archiecture, architecture affectivement qualifiée de « mauvaise ») et celle que j’affectionne sont assez différentes.